Hier, les Espagnols ont décidé de congédier le PSOE pour confier le pouvoir au Parti Populaire de Mariano Rajoy, pour qui la troisième candidature aura été la bonne. L’orthodoxie européenne signe une troisième victoire après celles déjà gagnées en Grèce et en Italie.
Relecture de l’histoire économique espagnole récente
Si le parti de Zapatero, qui avait renoncé à se représenter, a été balayé, c’est à cause de la très grave crise économique que traverse le pays. Le taux de chômage dépasse 22% et pire, les 40% pour les jeunes. Après des années de croissance et de rattrapage, l’Espagne va mal, même si elle n’est pas dans la situation de la Grèce. Mais cette campagne a malheureusement été extrêmement mal couverte en France, où les responsabilités de la crise sont très mal établies.
Une partie des médias attribue la crise espagnole à des dépenses inconsidérées de l’Etat et des collectivités locales. Bien sûr, on constate aujourd’hui que cela est en partie vrai : il suffit de prendre l’exemple d’aéroports ou de gares de TGV désertes. Mais cette interprétation est partielle et partiale. On oublie un peu vite que l’Espagne avait un excédent budgétaire solide avant la crise (pendant trois années consécutives) et la dette la plus faible de la zone euro (moins de 40% du PIB).
Bref, il est totalement abusif de dire que c’est l’excès de dépenses publiques qui a plongé l’Espagne dans la crise. La bulle ibérique ne vient pas de l’Etat mais beaucoup plus de l’euro, qui a imposé des taux d’intérêt beaucoup trop bas pour l’économie espagnole, ce qui a permis de financer des projets qui n’auraient du être rentables. Si l’Espagne avait conservé une politique monétaire nationale indépendante, alors, elle aurait pu monter ses taux d’intérêt et éviter le désastre actuel.
Une défaite du PSOE plus qu’une victoire du PP
La victoire de la droite espagnole ne doit pas faire illusion. Il ne s’agit que d’un mouvement de balancier classique où le parti au pouvoir en est éjecté du fait de la crise économique. Mariano Rajoy a été extrêmement peu disert pendant la campagne, n’ayant pas besoin de révéler les détails de son programme pour gagner. Malheureusement, la vraie responsabilité de la crise (le passage à la monnaie unique) a été totalement absente des débats en Espagne.
Malgré tout, cela est assez logique : pour l’Espagne, tout ce qui vient d’Europe est forcément bon. L’adhésion à la CEE a suivi de près le processus de démocratisation. Et pendant vingt ans, les subsides européennes ont permis à l’économie ibérique de rattraper une partie de son retard et de se développer à marche forcée. L’accession à la monnaie unique a également une dimension statutaire, à savoir que les absents font un peu partie d’une seconde division européenne.
Bref, il est malheureusement logique que la remise en cause de la monnaie unique n’existe pratiquement pas en Espagne. Même en Grèce, une grande partie des élites et de la population ne veulent pas encore sacrifier ce symbole qui leur fait pourtant tant de mal. Pourtant, il est assez paradoxal que le pays qui a lancé le mouvement des indignés finisse par élire une majorité de droite au pouvoir, qui ne va pas vraiment répondre au malaise de la jeunesse espagnole…
Les espagnols n’avaient pas forcément envie de remettre la droite au pouvoir, mais ils ont surtout sanctionné la gauche qui les a menés vers une crise terrible. Cela ne changera pas grand chose pour eux et l’Europe car Rajoy devrait suivre une ligne économique proche de Zapatero.
Mariano Rajoy ira même beaucoup plus loin que Zapatero : ce dernier a pris des mesures libérales à contre-cœur alors que ce sont là les convictions de Rajoy.
RépondreSupprimerC'est aussi un signe d'échec des indignés : même s'ils ont sans doute réussi, avec l'effondrement du PSOE, à propulser nombre de partis minoritaires au parlement (douze partis représentés pour cette législature), la sympathie que le pays avait pour eux n'a jamais dépassé les sondages d'opinion.
Sinon, petite précision : aujourd'hui, l'Espagne est contributeur net de l'UE (elle donne plus d'argent à Bruxelles qu'elle n'en reçoit) et la démocratisation espagnole s'est faite avant 1986 (date d'adhésion à l'UE). Qu'on le veuille ou non, aujourd'hui, l'Espagne a autant besoin de l'UE que l'UE a besoin d'elle, quelle que soit la forme qu'on donne à cette union.
RépondreSupprimerVous écrivez : "l’euro, qui a imposé des taux d’intérêt beaucoup trop bas pour l’économie espagnole, ce qui a permis de financer des projets qui n’auraient du être rentables."
RépondreSupprimerJe suis un peu surpris de cet argument alors que par ailleurs vous demandez que l'Etat puisse emprunter directement à la banque centrale à taux zéro. C'est contradictoire. Ce n'est pas parce qu'on bénéficie de taux bas que ça justifie ou excuse le gaspillage, après tout l'Allemagne emprunte à taux très bas et elle est néanmoins plus rigoureuse.
L'Allemagne a une dette publique qui dépasse les 80% de son PIB et qui devrait encore augmenter à l'avenir. Plus rigoureuse, vous dites ?
RépondreSupprimerBen oui, elle ne l'a peut-être pas été toujours dans le passé, mais aujourd'hui elle est plus rigoureuse que l'Espagne puisqu'elle a un déficit bien moins important. Et surtout, elle n'a pas utilisé la possibilité d'emprunter à bas taux pour se lancer dans des bulles immobilières...
RépondreSupprimerMais c'est surtout l'immobilier qui tirait la croissance espagnole (de façon spéculative et certes à cause des taux d'emprunts anormalement bas dus à l'euro). Aussi, la sortie de l'euro serait-elle un si grand avantage pour elle, sachant que l'immobilier n'est pas une activité exportable?
RépondreSupprimerOui, y'a pas de quoi se réjouir car c'est un effet de balancier induit par l'exaspération et l'exclusion des peuples qui ne résoud rien puisque les politiques alternances ne proposent dans la ligne de mire, que l'austérité.
RépondreSupprimerC'est catastrophique pour les jeunes européens comme perspectives d'avenir, d'autant plus que le piège du nomadisme se referme sir l'impossibilité, pour eux, sans espoir d'amélioration dans l'euro-zone,, la croissance atone devient pathologique.
Qu'en est t'il exactement du taux de participation, hier soir annoncée faible dans le journal France2, aujourd'hui, dans le même journal, elle est portée au pinacle ?
Vous avez des éléments Laurent ?
GAIA
Anonyme de 13h07 : vous ne m'avez visiblement pas compris, je ne parlais pas du passé mais bien de la dette allemande actuelle, qui est supérieure à celle de l'Espagne. Quant au fameux déficit, que l'on utilise en occultant tout le reste dès que cela nous arrange (n'est-ce pas monsieur Sarkozy ?), vous n'êtes pas sans savoir qu'une fois l'année courante passée, il est additionné à la dette... et que les dernières projections du FMI, qui incluent le déficit espagnol à sa dette, montrent que sa dette sera TOUJOURS inférieure à celle de l'Allemagne, tant en chiffres absolus que relatifs. La rigueur allemande n'y est donc dans rien pour cela, même si c'est un cliché largement véhiculé par la presse française, qui ne connaît ou feint de ne connaître à peu près rien à l'Espagne (le sujet de la bulle immobilière est très complexe et mériterait plus de nuances que cela, notamment car les Allemands font partie du flot des Européens de l'Ouest qui se ruent en Espagne pour y finir leurs jours...).
RépondreSupprimerLL : l'Espagne a beaucoup de produits exportables et réduit depuis plusieurs trimestres le déficit de sa balance commerciale avec des exportations en hausse. J'en ai déjà beaucoup parlé ici, j'en repalerai à l'occasion. La sortie de l'euro, bien préparée et accompagnée d'autres réformes salutaires, lui ferait donc beaucoup de bien.
quel est le taux de participation a cette élection ? aucun média n'en parle .
RépondreSupprimerTout à fait hors sujet mais intéressante analyse de natixis : Comment fonctionnerait la « zone euro allemande » ?
RépondreSupprimerhttp://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=61030
AJH
(comment on fait pour créer un lien sur une adresse http ?)
Christian : 71,69 % de participation (en baisse par rapport à 2008).
RépondreSupprimerComme dit GAIA c'est l'effet balancier que nous connaissons en France avec l'umps ( cela dit sans etre FN ) quel est le premier pays qui va basculer dans l ' extrémisme ?
RépondreSupprimerBonjour Anonyme de 13h40, je suis l’anonyme de 13h07 : )
RépondreSupprimerJ’avais bien compris votre propos, mais je ne suis pas d’accord avec vous.
D’abord la dette représente bien le passé puisque c’est un cumul des déficits passés.
Ce qui est intéressant, c’est de regarder les perspectives de croissance et l’évolution des déficits pour apprécier la situation. Et de ce point de vue, la situation de l’Allemagne est bien meilleure que celle de l’Espagne. Il est vrai que celle-ci (l’Espagne) est partie d’un endettement public faible, mais en revanche elle a un endettement privé très important. Il faut donc regarder l’endettement global (public et privé).
Lundi 21 novembre 2011 :
RépondreSupprimerAllemagne : la Bourse de Francfort finit en baisse de 3,35 %.
L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a fini lundi en baisse de 3,35 %, après des déclarations venues d'Allemagne montrant que Berlin reste sur une ligne dure face à la crise de la dette.
Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel a ainsi balayé lundi les propositions sur un rôle accru de la BCE, ou sur l'émission d'euro-obligations, en estimant qu'il ne s'agissait pas d'un remède miracle.
France : la Bourse de Paris s'enfonce de 3,41 %.
La Bourse de Paris a terminé lundi sur un recul de 3,41 %, passant sous la barre des 2.900 points, dans un marché en totale perte de confiance, paniqué par les risques de contagion de la crise de la dette.
Espagne : la Bourse de Madrid chute de 3,48 % à la clôture.
La Bourse de Madrid a clôturé lundi en chute de 3,48 % à 8.021 points, au lendemain d'élections législatives qui ont porté la droite au pouvoir, dans un climat général de panique sur les places européennes face à la crise de la dette.
Les valeurs bancaires ont notamment été pénalisées : Santander, numéro un en zone euro par la capitalisation boursière, a perdu 3,45 % à 5,38 euros, BBVA a baissé de 3,48 % à 5,716 euros, et CaixaBank a glissé de 4,47 % à 3,63 euros.
Italie : la Bourse de Milan clôture sur une chute de 4,74 %.
La Bourse de Milan a clôturé lundi sur une chute de 4,74 % à 14.510 points, paniquée comme les autres places financières par les problèmes de dette publique dans la zone euro.
Anonyme de 18h26 : toute l'Europe a vu ses prévisions de croissance largement sabrées par le FMI. La croissance allemande de 2012, selon ces prévisions qui pourraient être revues à la baisse en cas de nouvelle dégradation générale du marché (probable), sera inférieure à 1%.
RépondreSupprimerEt si l'on prend en compte la dette privée, alors les États-Unis devraient déjà être en note D... ce qui n'est pas le cas (sans doute parce que les trois grandes agences de notations sont américaines...).
@ Un des anonymes
RépondreSupprimerCe que je veux dire, c'est que si l'Espagne avait pu mener une politique monétaire indépendante, elle aurait sans doute monté les taux dans les années 2000, ce qui lui aurait permis d'éviter l'incroyable bulle financière et immobilière à l'origine de la crise qu'elle traverse. Des taux trop bas contribuent à créer des bulles immobilières. Le problème est qu'en fixant un seul taux pour une zone hétérogène économique, l'euro est le premier responsable de la crise espagnole.
L'Allemagne a un déficit moins élevé (mais une dette plus élevée) parce que l'Espagne souffre de l'éclatement de sa bulle immobilière.
@ Gaia
Je partage votre point, sur la jeunesse, qui est absolument désolant.
Je ne vois pas ce qu'il y a de contradictoire. La bulle espagnole est essentiellement une bulle privée. Cela n'enlève rien à l'intérêt de permettre à l'Etat d'emprunter directement à sa banque centrale.
Ya esta ! Les espagnols ont élu ce week-end leur Sarkozy, nous aurons bientôt, en mai 2012, notre Zapatero ou plutôt notre Zapatolande. Ainsi dans 5 ans, tous ceux qui s'accrochent encore à l'espoir que l'alternance droite-gauche peut résoudre nos problèmes économiques pourront abandonner leurs dernières illusions et en tirer les enseignements pour la présidentielle suivante, celle de 2017. Je crois donc que 2012 sera un "coup pour rien".
RépondreSupprimerSinon, quelques conseils de prononciation :-)
- Rajoy = Lrrrraroÿ avec un "r" roulé comme celui des paysans du sud-ouest avé l'accent puis la jota espagnole qui se prononce comme notre "r" français.
- Zapatero = Sapate-lrrro avec "s" au début (non pas un "z" français) et ensuite un "r" roulé.
2012 peut ne pas être encore un coup pour rien si nous avons une dégradation de la note avant ou une disparition de l'euro finalement cela évolue très vite ; en espérant que NDA puisse se faire étendre car en 2017 sur cette ligne la situation sera telle que ce sera plutôt MLP ou équivalant ! !
RépondreSupprimer@LP
RépondreSupprimerJ'ai oublié de dire que j'approuve cet article en particulier les taux d'intérêts historiquement bas imposés par la BCE pendant une très longue période sont en cause (Cf bulle immobilière) mais il ne faut pas oublier la "loi du sol" inaugurée sous l'ère Aznar*. En fait plusieurs causes sont à l'origine du désastre économique dont les espagnols n'ont encore rien vu hélas (le -5% sur le salaire des fonctionnaires est une aimable plaisanterie à coté de ce qui va arriver !).
(*) A voir ou revoir "bienvenue en Espanistan" sous-titré :
http://www.youtube.com/watch?v=ayk_-fzcbEg&feature=results_video&playnext=1&list=PLD21F18E58EA7ECC6
socialistes ou droite européiste il n'y a pas d'issue ,ils continuent a nous chanter les louanges de la modialisation avec des échanges comme ils disent "libres et non faussés" mais il semble bien que le piège se referme ! en allemagne qui est le dernier pays a résister quelques voyants se mettent a l'orange ,et ainsi l'europe première puissance économique et premier consommateur n'a plus de fric et la boucle est bouclée .
RépondreSupprimeril faut ètre particulièrement bourique pour persister dans cette mondialisation qui après une trentaine d'années nous démontre toute sa peversité .
@ pascal lamy
RépondreSupprimerEtendre ou entendre ? Lapsus révélateur ou erreur de clavier ? ...
NDA, Président de la République 2012.
GAIA
@Patrice Lamy,
RépondreSupprimerElle est à ce jour la seule solution. Il n'y a qu'un candidat national républicain à 20% à 6 mois de l'élection.
a GAIA entendre bien sur c'est comme Pascal !
RépondreSupprimer@ patrice lamy
RépondreSupprimerExact, guide de montagne de la vallée de la Vanoise qui avait des yeux de chamois. Chassez le naturel (lol) ....
GAIA