jeudi 8 décembre 2011

AAA, ou quand la politique se fait à la corbeille


Il était un temps où le président de la République pouvait dire que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille ». Aujourd’hui, comme le démontre cet interminable feuilleton qui va nous mener à la perte de notre AAA, c’est bien la corbeille qui dirige notre pays.

Des agences inhumaines, stupides et auto réalisatrices

Il est franchement désolant de voir un premier ministre qui se dit gaulliste se prosterner devant les agences de notation et promettre de « faire tout pour garder son AAA ». Car ces agences sont inhumaines. Leur jugement a des conséquences bien concrètes pour la vie des peuples. Une baisse de la note d’un pays peut se traduire par des baisses de salaires ou des coupes dans les budgets sociaux dont les conséquences sociales peuvent être dramatiques. Une responsabilité grave.

Mais non seulement ces agences ont une influence importante, mais comme l’a bien démontré la crise de 2008 analysée par Frédéric Lordon, leur jugement est hautement questionnable. Non seulement elles avaient accordé le fameux AAA à des obligations pourries, notamment sur le marché immobilier étasunien, mais ce sont aussi elles qui ont permis à certains Etats de s’endetter dans de trop bonnes conditions. En outre, en quoi la situation des pays change aussi vite que leur note ?

C’est que le problème de ces agences, c’est qu’elles ne sont pas qu’un thermomètre, contrairement à ce qu’affirme la doxa néolibérale. Elles sont un thermomètre qui donne la fièvre. L’abaissement d’une note a tendance à dégrader la situation des pays visés, renchérissant leur dette et donc imposant plus d’austérité et cassant la croissance, justifiant a posteriori le premier abaissement et potentiellement en en préparant un second. C’est le miracle auto réalisateur du marché !

Que faut-il faire ?

Ce constat sévère contre les agences de notation pourrait pousser à demander leur interdiction. Mais s’il faut mieux veiller au conflit d’intérêt et encadrer cette profession, il ne faut pas forcément opter pour des solutions trop radicales. En effet, malgré tout, ce ne sont pas les agences qui sont au cœur du problème. A la racine de tout cela vient, comme le répète des personnes comme André-Jacques Holbecq, l’interdiction du financement de l’Etat par la banque centrale.

En effet, les Etats-Unis n’en ont rien eu à faire de voir leur note dégradée. La Fed peut racheter autant de bons du trésor qu’elle le souhaite (et dans le climat actuel, ce n’est même pas inflationniste). Idem, la Grande-Bretagne et le Japon bénéficient de taux extrêmement faibles, malgré une situation financière pas meilleure que dans la zone euro… En effet, ce sont les Etats européens qui se sont rendus complètement dépendants du jugement des marchés et des agences.

Ce sont nos dirigeants qui se sont livrés pieds et poings liés aux marchés tout puissants et qui doivent donc suivre leur agenda à la lettre. Le Général de Gaulle pouvait envoyer promener les spéculateurs car la création monétaire était encore du ressort de l’Etat et pouvait être mise au service de la collectivité, contre les marchés. Aujourd’hui, les Etats de la zone euro se battent à mains nues. Pas étonnant qu’ils soient devenus des pantins des marchés, cherchant à tout faire pour leur plaire.

Les Etats européens pourraient du jour au lendemain briser les chaines qui les lient au marché financier, réquisitionner leurs banques centrales, pour reprendre le mot de Sapir, et monétiser. Ainsi, ils pourraient, comme le Général de Gaulle, traiter avec dédain le clapotis des marchés.

7 commentaires:

  1. La place de Premier ministre doit être bonne ce type vit courbé y compris devant l'islam qui n'est jamais modéré comme dit si bien Jeanette Bougrab celle ci connait bien le problème , nous pouvons nous poser la question de savoir si l'europe n'est pas atteinte du virus de la dinguerie sur tous les sujet . Sur les agence de notation pourquoi ne pas créer une agence de notation notant les agences de notations ? Juste pour voir

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  2. Conclusion sensée sur la sortie de crise.

    Les agences de notations peuvent ppatiquet le délit d'initiés en toute impunité, mieux, le créer. Tels des chevaliers d'Eon, elles peuvent oeuvrer secrètement pour un état, remplissant une mission pour destabiliser des économies-cibles.
    N'importe qui peut s'ériger en juge et partie et émettre des avis sur n'importe quoi, la Bourse ou la vie.
    C'est vraiment affligeant de voir nos "maîtres" de papier ramper devant ces nouveaux maîtres de papier. Le politique a capitulé devant la corbeille, c'est bien le drame.
    L'agence de notation c'est l'arme de destruction massive de nos économies qui laissent augurer des combats mondiaux titanesques, bien plus dangereuse que les centrales ou la bombe atomique dont les gouvernants portent et porteront ka lourde responsabilité du qui ne pipe pas mot,consent.

    Il ne faut pas les interdire ce qui leur octroierait une reconnaissance, une légitimité.
    Il faut les ignorer en s'extrayant purement et simplement du système.
    La baudruche se dégonflera d'elle même.
    GAIA

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  3. @Patrice Lamy :

    Personnellement j'appelle le Premier Ministre "le cloporte". Ce type vit caché sous une pierre plate et n'en sort qu'à l'appel de son maître. Ce sera d'ailleurs de plus en plus souvent, dans les mois qui viennent.

    @LP :

    Pardon pour le totalement incorrect. A part cela, tout à fait d'accord avec vous.

    Sancelrien

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  4. Je m'aperçois encore que j'ai un problème avec les S .Peut être parce qu’ils sont deux fois courbes ?

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  5. Crise : Draghi douche les espoirs d'une intervention massive de la BCE.

    Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a douché jeudi les espoirs d'une intervention massive de son institution face à la crise, appelant plutôt les gouvernements à "faire le maximum".

    A l'adresse des dirigeants européens réunis à partir de la soirée à Bruxelles, il a appelé de ses voeux un nouveau "pacte budgétaire" en zone euro, pour enrayer l'envol de la dette des Etats.

    "La responsabilité ultime d'enrayer la crise appartient aux responsables politiques", a-t-il répété.

    M. Draghi a estimé que si ce pacte budgétaire devait être doté d'un "cadre légal crédible", il était "tout aussi important qu'il soit mis en place rapidement", une manière de s'opposer à des procédures trop longues de ratification en cas de modification des traités européens.

    Le président de la BCE s'est par ailleurs dit "surpris de l'interprétation de ses propos" après un discours devant le Parlement européen la semaine dernière.

    Certains médias et économistes avaient alors affirmé que M. Draghi serait disposé à intervenir massivement en soutien des Etats, une fois mises en place les réformes institutionnelles.

    Loin de nourrir ces espoirs, le président de la BCE a dit qu'en matière de soutien aux pays en détresse, sa "préférence allait au FESF et au MES", soit au mécanisme déjà mis en place et à celui qui doit le relayer. M. Draghi les a jugés "parfaitement équipés" pour faire face à la crise de la dette.

    Le président de la BCE a aussi exclu la possibilité d'intervenir davantage sur le marché de la dette publique comme le réclament certains Etats, notamment la France, soulignant une nouvelle fois que les achats d'obligations publiques qu'effectue déjà la BCE sont "limités" et "temporaires".

    "Les traités interdisent un financement monétaire des Etats", a dit M. Draghi.

    Il a aussi balayé la possibilité d'un financement des Etats par la BCE, mais via le Fonds monétaire international : "c'est incompatible avec les traités".

    http://www.boursorama.com/actualites/crise-draghi-douche-les-espoirs-d-une-intervention-massive-de-la-bce-986ab51fdd7e167f8ec16caab6c4c10f

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  6. Par rapport au titre voila une petite video de 30 sec pour rappel.

    http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-economique/video/I00013080/charles-de-gaulle-la-politique-de-la-france-ne-se-fait-pas-a-la-corbeille.fr.html

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  7. Desolé j'ai posté trop vite je n'ai lu que le titre avant de mettre mon commentaire et le lien que LP a deja mis dans l'article... .

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