mercredi 4 janvier 2012

Primaires républicaines : Romney dans un mouchoir


Finalement, Mitt Romney a remporté la primaire de l’Iowa pour seulement huit voix. Après une campagne électorale extrêmement serrée où Ron Paul et Newt Gingrich ont également mené les sondages. Mitt Romney devance à peine Rick Santorum, la dernière surprise de l’élection.

Des primaires très ouvertes

Les primaires républicaines resteront dans les annales tant il y a eu des favoris successifs. Sarah Palin, la colistière de John McCain en 2008, a longtemps semblé pouvoir être l’élue des militants républicains. Elle plait aux militants des Tea Party et a vendu des millions de livres depuis 2008. Une autre femme, Michele Bachmann, a semblé la remplacer à la fin du printemps 2011, avant de retomber dans les sondages, du fait d’une certaine légèreté.

Puis, c’est le gouverneur du Texas, Rick Perry, qui a pris la tête des sondages pendant l’été. Il semblait le candidat idéal pour la base conservatrice du parti avec des positions assez radicales sur les questions de fiscalité et un conservatisme apparemment sans faille sur les questions de société. Mais des hésitations dans les débats et le fait d’avoir financer l’éducation d’enfants d’immigrés illégaux au Texas semble l’avoir éliminé de la course définitivement.

Puis, la base républicaine s’est tournée vers Herman Cain, un entrepreneur très conservateur, mais un certain manque de sérieux et des scandales l’ont carrément poussé à se retirer de la course. Enfin, l’électoral conservateur s’est tourné vers Newt Gingrich, l’architecte de la victoire républicaine aux élections de 1994, mais sa candidature souffre de nombreux angles morts, tant d’un point de vue privé que professionnel (comme lobbyste pour Fannie Mae et Freddie Mac).

Mitt Romney par défaut

Tous les observateurs s’accordent à dire que la base républicaine n’aime pas vraiment Mitt Romney. Cependant, il est un candidat beaucoup plus solide face à Barack Obama (il était donné perdant de seulement deux points contre près de dix pour ses deux principaux concurrents, Newt Gingrich ou Ron Paul). D’ailleurs, il devance de seulement 8 voix Rick Santorum, qui est devenu son nouvel opposant dans la toute dernière ligne droite.

Mais cette victoire pourrait simplifier sa tâche, d’autant plus qu’il semble bien parti pour l’emporter au New Hampshire. Ainsi, il va disposer d’une dynamique extrêmement positive et son professionnalisme fait qu’il est peu probable qu’il fasse un impair qui pourrait d’affaiblir sa campagne. A moins que Rick Santorum ne parvienne à unir la base conservatrice (ce qui est possible), Mitt Romney a toutes les chances de pouvoir affronter Barack Obama en novembre.

Il faut dire que ses principaux concurrents ont de grandes faiblesses. Ron Paul présente un programme économique très radical, avec la suppression de la Fed, une baisse drastique de l’imposition via une flat tax qui aurait un effet profondément injuste. S’il est une surprise de la campagne, il ne semble pas capable de réunir une majorité des électeurs républicains. Newt Gingrich ne semblait pas vraiment de taille face au président sortant, et sa 4ème place devrait l’éliminer.

Bien sûr, la faiblesse de son score fait que la course reste encore ouverte, mais cette victoire clarifie la course pour l’investiture républicaine. Mitt Romney semble bien placé désormais pour affronter Barack Obama en novembre. Seul Rick Santorum semble encore en mesure de l’arrêter.

3 commentaires:

  1. Juste pour Ron Paul :
    Il est vrai que son programme économique a des côtés injustes et que je ne défends pas son libertarisme. Tout comme vous, je ne suis pas de ceux qui bénissent chaque jour le sacro-saint marché-qui-ne-se-trompe-jamais.
    Cependant, une vision globale du programme politique de Ron Paul est plus intéressante : rappelons qu'il défend l'isolationnisme. Quand on connaît les méfaits de l'interventionnisme américain et le prix que les américains ont dû payer pour toutes les guerres successives, cela peut avoir des conséquences économiques intéressantes qui permettraient de réduire la rente du complexe militaro-industriel et mieux répartir les revenus. Sans compter l'amélioration de l'image du pays.

    Et puis, personnellement, j'ai plus de respect pour un libéral authentique, "classique", qui a une certaine cohérence d'esprit, que des libéraux-gestionnaires absolument opportuniste, à la Romney.

    RépondreSupprimer
  2. @ Anonyme
    "Mieux répartir les revenus" avec le libertarien Ron Paul, vous rêvez! Ce n'est pas un libéral "classique" et ce mot a un sens très différent aux US qu'en France et eu Europe.

    RépondreSupprimer
  3. @ Anonyme

    C'est vrai qu'au moins, Ron Paul n'est pas un faucon interventionniste, mais pour la meilleure répartition des revenus, ce ne serait pas trop le cas avec une flat tax, qui accentuerait les inégalités.

    En outre, c'est un libertarien (cf le cannabis) parfois teinté de fort conservatisme (sur l'avortement)

    RépondreSupprimer