mercredi 16 mai 2012

En Grèce, le démontage de l’euro a commencé


Après d’innombrables péripéties, les élections en Grèce ont débouché sur une impasse. Il a été impossible de nommer un gouvernement, malgré les initiatives répétées du président de la République. Cet échec représente l’acte de décès de la monnaie unique, comme l’a écrit Paul Krugman.

Le scénario à venir

Les évènements à venir semblent déjà écrits. Le nouveau vote devrait donner le pouvoir à SYRIZA, le parti de la gauche radicale, équivalent du Front de Gauche. Si ce parti, qui avait créé la surprise le 6 mai en arrachant la seconde place au PASOK, arrive en première position, alors une grosse majorité du parlement sera alors hostile aux plans européens, ouvrant la voie à une majorité alternative, et non à une mise entre parenthèses de la démocratie, comme l’évoque Georges Ugeux.

Alexis Tsipras devrait alors former un gouvernement avec le DIMAR. Il pourrait avoir besoin du KKE communiste (ce que ce dernier exclut pour l’instant) soit de l’ANEL, le parti de droite issu de Nouvelle Démocratie, mais hostile aux saignées de la troïka. Des négociations très tendues commenceront alors avec le FMI, la Commission et la BCE puisque le SYRIZA refuse de baisser les salaires des fonctionnaires et propose même d’en recruter cent mille de plus !

Il est totalement illusoire d’imaginer que les négociations pourront aboutir. Du coup, la troïka devrait refuser de verser les nouvelles tranches d’aide au pays, mettant la Grèce en défaut. Et malgré sa volonté de rester dans la monnaie unique, le nouveau gouvernement devra instaurer un contrôle des changes strict (s’il ne l’a pas fait avant), revenir à la drachme et prendre le contrôle de sa banque centrale pour trouver le moyen de financer son économie. Une forte dévaluation suivra.

Le premier domino tombe

La sortie de la Grèce de l’euro ne signifie pas forcément que la monnaie unique sera démontée rapidement. Les dirigeants européens diront sans doute que le pays n’aurait pas dû rentrer et que sa sortie permettra au contraire d’avoir une zone plus homogène qui pourra mieux fonctionner. De manière significative, les ministres européens préparent le terrain en évoquant la sortie, que ce soit en Allemagne ou en France, signe qu’ils s’y sont sans doute résolus.

Mais il est illusoire de croire que cette sortie règlera tous les problèmes. Par-delà la perte financière, chiffrée à 50 milliards d’euros par François Baroin, que NDA annonçait en 2010 à l’Assemblée, le scénario en place ressemble à la crise monétaire de 1992-1993, où le SME avait explosé sous la pression de la spéculation. Il est bien évident que le Portugal, l’Espagne et l’Italie continueront à être sous pression, sur les taux, la fuite des capitaux et les déséquilibres budgétaires.

C’est la pente suivie par la péninsule ibérique, qui vient de replonger dans une violente récession. On peut imaginer que les élections législatives de 2015 en Espagne ne produiront pas une majorité très favorable à l’austérité, surtout que la Grèce aura démontré entre temps les bienfaits d’un retour aux monnaies nationales. Ce serait alors la fin de l’euro, encore que la France pourrait toujours faire le choix suicidaire de conserver la même monnaie que l’Allemagne…

Les nouvelles élections législatives grecques seront l’acte de décès de la monnaie unique, en cas de victoire de SYRIZA. Certes, son agonie sera peut-être lente car les dirigeants en place ont trop investi de capital politique pour se dédire, mais la seule question est de savoir quand l’euro sera démonté.

40 commentaires:

  1. Cher Laurent Pinsolle,

    Je redoute moi aussi que la France ne reste stupidement arrimée à l'Allemagne. Comme c'est la pire option, je suppose que c'est celle qui prévaudra. Nous perdrons encore un temps précieux et ce sera fatal à notre économie.

    L. Laffargue (DLR40)

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  2. Bonjour
    je ne comprends pas cette fixette contre l'euro concernant notre pays. cette monnaie commune a forcement des avantages sinon elle n'aurait pas été créée.
    le pbm de fond c l'incapacité à emprunter directement à la banque centrale, ce qui amène les financiers à acheter des tonnes d'oblig d'état au lieu de financer les agents économiques.
    sauf qu'ils en sont totalement satisfait car c à leur avantage exclusif. il est insensé que nos gouvernements restent dans cette situation, livrant le pays à l'oligarchie bancaire.
    et après ça certains de ces fumiers de financiers viennent demander à l'état d'investir à la place des entreprises, augmentant le surendettement ! ils n'ont peur de rien !
    combien de temps ce cirque va-t-il durer ?

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  3. Dans un premier temps, il est probable que ce soit celle choisie par nos dirigeants mais, comme en Grèce aujourd'hui et en Espagne demain, cela poussera nos compatriotes à se révolter et cela permettra enfin une véritable alternance politique.

    Nous pourrons alors entamer le processus de reconstruction de notre économie, qui est toujours possible.

    Salutations républicaines.

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  4. De toutes manières il est plus que temps que le peuple Grec fasse un choix. Celui qu'il voudra, mais un choix.
    Ces "réunions de la dernière chance" à répétition ( à la fin, deux ou trois par jour ! ) qui se succédaient depuis des mois devenaient littéralement indignes.
    Sancelrien

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  5. Je recommande à tous les lecteurs de ce blog de revisionner l'émission de Taddéi hier soir : le deuxième thème concernait ce que Laurent aborde aujourd'hui.
    On y constatait avec effroi les ravages intellectuels voire psychologiques que l'européisme béat engendre chez des économistes comme C. Saint-Etienne et surtout chez des journalistes comme J. Quatremer de Libération.
    Temps 1 : la Grèce doit évidemment rester dans l'eurozone (probablement parce qu'en dehors de ce paradis monétaire il n'y a que l'enfer des monnaies de singe en dévaluation permanente), et cette dernière doit être gérée par une structure fédérale qu'on crée par un claquement de doigts que les peuples absents applaudiront sûrement.
    Temps 2, devant J. Sapir qui expose ses thèses habituelles : la Grèce devra sortir de l'eurozone, reprendre le contrôle de sa banque centrale laquelle monétisera une partie de la dette, ceci ne posant aucune difficulté technique, même si tous les problèmes ne seront pas résolus tout de suite par ce moyen; cela permettra au moins d'envisager que le pays retrouve son ancienne base productive et ses échanges avec ses voisins immédiats comme la Bulgarie et la Roumanie (ce que Saint-Etienne ignorait totalement car pour lui les pays réels avec leur environnement concret, ça n'existe pas vraiment). Et là éructation de Quatremer sur le pessimisme radical habituel de Sapir.
    Le fou qui se moque du réaliste.
    Ces types n'ont plus aucune idée de ce qu'est (et peut redevenir) un Etat souverain, et les attributs classiques et traditionnels de la souveraineté, ça ne peut venir à l'idée que des cerveaux malades.
    Il y a du boulot sur la planche de ceux qui ne raisonnent qu'en fonction des intérêts fondamentaux d'un pays (le nôtre en l'occurrence...)et du respect de la souveraineté populaire.
    Francis Commarrieu.

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  6. La France est persuadée d'être quasiment comme l'Allemagne (ou de pouvoir l'être). Même s'il y avait un démontage de l'euro, je pense qu'elle ferait encore le plus mauvais des choix possibles. Cela fait bien longtemps que nous ne défendons plus nos intérêts nationaux.

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  7. Zone Euro: Zone zéro.

    Article de mars 2012 sur la désindustrialisation de la zone euro :

    http://www.coe-rexecode.fr/public/Analyses-et-previsions/Presidentielle-2012-Faits-Chiffres/Faiblesses-et-atouts-de-la-France-dans-la-zone-euro-le-defi-de-la-reconvergence/La-desindustrialisation-a-ete-particulierement-rapide-en-France

    Extraits :

    « La part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB a diminué dans l’ensemble des pays de la zone euro, mais plus encore en France où elle a chuté de plus de 5 points en dix ans. Une évolution sans précédent qui constitue un handicap pour l’ensemble de l’économie. »

    « Entre 2000 et 2010, dans la zone euro, le poids de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière dans le PIB est passé de 19,2 % à 15,5 % (soit un recul de 3,7 points de PIB). Il a diminué dans l’ensemble des pays de la zone euro.
    En France, ce recul est beaucoup plus marqué : la part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB a perdu 5,2 points (plus de 100 milliards d’euros).

    Cette diminution ne résulte pas d’une croissance exceptionnelle des secteurs non industriels mais du recul de la part industrielle du PIB d’environ un tiers. C’est une évolution sans précédent qui constitue un handicap pour l’ensemble de l’économie. Environ 85 % de l’effort de R&D est en effet réalisé dans l’industrie. »

    A quoi a servit la création de zone euro, si ce n'est à favoriser le déclin de la plupart de ses pays membres ?

    Saul

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  8. Laurent,

    Je suis surpris que tu connaisse à l'avance les résultats des nouvelles élections. Il se pourrait que les votants prennent peur qu'une partie de ceux qui ont laissé tomber les deux grands partis reviennent au bercail... Avec le système de prime au vainqueur, tout peut se passer: ce que tu anticipe comme une courte majorité des partis traditionnels (qui n'étaient pas loin cette fois).

    Antoine

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  9. Je pense comme vous que la fin de l'euro finira par arriver. Et les événements actuels prouvent que NDA a eu raison avant tout le monde. Mais j'ai peur que le supplice ne soit beaucoup plus long que vous ne l'imaginez, et ce pour deux raisons au moins:
    1) l'attitude de l'Allemagne: compte tenu de son passé, je vois mal Merkel, et encore moins son probable successeur du SPD, accepter de passer pour celui qui enterrera ce projet (qui est encore, pour nos élites, synonyme de paix retrouvée). Je pense donc que, au moins dans un premier temps, l'Allemagne finira par accepter le principe d'une union de transferts, qui l'obligera à reverser chaque année une large part de son PIB pour les pays du sud que l'euro a ruinés. Au reste, en citant le billet de Krugman, vous semblez oublier qu'il ne dit pas que l'euro va obligatoirement mourir. Il suggère deux possibilités: soit l'Allemagne paie, soit c'est la fin de l'euro. Et il y a fort à parier, selon moi, que l'Allemagne paiera.
    2) l'attitude de la France: depuis 80 ans à peu près (avant même Pétain et Schumann il y avait Briand) les élites françaises sont obsédées par l'idée qu'il faut s'arrimer à l'Allemagne, quel qu'en soit le prix. Le choix comme premier ministre d'Ayrault, social-démocrate germanolâtre, est de ce point de vue très éclairant. Et, à part NDA, personne à droite n'émet un avis divergent, au contraire.
    Bref, la fin de l'euro prendra beaucoup, beaucoup de temps. Et j'espère que nous n'attendrons pas que l'extrême droite soit partout au pouvoir en Europe pour entériner l'échec de la monnaie unique.

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  10. Je me permets de vous poser une question, car j'ai un doute.

    Selon moi (hum) l'euro est une monnaie commune qui appartient à chaque membre de la communauté, elle n'est pas une monnaie étrangère. En conséquence, si un membre quitte l'euro, l'ensemble de sa dette doit ipso facto être libellée dans la nouvelle monnaie qu'il choisit, comme cela serait le cas pour toute dévaluation libellée dans sa propre monnaie.
    Cela signifierait que si la Grèce quitte l'euro, toute sa dette serait en drachme et l'euro restant (sic) ne serait plus le même.
    Plusieurs articles disent le contraire (ou restent évasifs sur cette question). Ai-je raison ou ai-je tort ? Et si j'ai tort, pouvez-vous m'expliquer pourquoi. Je vous en remercie

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  11. SYRIZA ne veut pas sortir de l’euro, et la majorité des Grecs non plus. Par ailleurs l’UE ne peut pas contraindre un pays à sortir de l’euro car rien n’est prévu dans les traités. Ce qui semble sûr, c’est que la Grèce n’honorera pas ses engagements et qu’elle sera en défaut de paiement. Mais ça n’implique pas forcément la sortie de l’euro comme le fait remarquer Jean Quatremer.

    http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2012/05/et-si-la-grèce-décidait-de-faire-faillite-en-restant-dans-leuro.html


    Albert

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  12. Bonjour Laurent,

    La situation est la suivante:

    - Si les élections du 17 juin conduisent aux pouvoir un gouvernement SYRIZA (avec des alliés), la question des versements européens se posera immédiatement. Ce gouvernement peut (et semble-t-il le fera...) requisitionner la Banque Centrale de Grèce, et la contraindre à faire des avances au Trésor Public (ou à son équivalent Grec). Ces avances seront en Euro. Le problème réside alors dans l'attitude de l'Allemagne. Soit elle décide de réagir et c'est elle qui quitte l'Euro avec l'Autriche, la Finlande et - peut-être - les Pays Bas) et de fait c'est à un éclatement de l'Euro que l'on assiste. Soit elle décide de ne pas voir que les grecs ont violé le traité de l'UEM et cherche à négocier une sortie "propre" de la Grèce de la zone Euro, avec un maintien des versements européens même une fois la Grèce hors de l'euro pour éviter un défaut total de ce pays et des troubles politiques qui pourraient s'étendre aux Balkans du sud. J'incline vers la deuxième solution.

    - Si la Grèce est hors de l'Euro, les effets de contagion seront très important. L'Espagne sera la première touchée, suivie de l'Italie et de la France. Il est quasi-certain que l'Espagne demandera à bénéficier du FESF en septembre (au plus trad) et l'Italie probablement dans la foulée (octobre ou novembre). Les problèmes financiers pour la zone Euro deviendraient inextricables, et une dissolution de cette zone pourrait survenir au printemps 2013.

    Concrètement les problèmes des différents pays ne sont pas les mêmes (même si la cause est bien dans l'existence de l'Euro).
    pour la Grèce, elle doit faire face à une crise de solvabilité et une crise de liquidité. Cette double crise ne peut se résoudre que par un défaut (crise de liquidité) et une dévaluation importante (crise de solvabilité).
    L'Espagne a un problème de solvabilité plus que de liquidité. Avec un taux de chômage record elle est le pays le plus touché par cette crise des pays de l'Europe du Sud. Mais une baisse du revenu des ménages entraine une incapacité de ces derniers à faire face à leurs dettes. le résultat est que le taux de défaut (privé) est aujourd'hui de 8,2% de l'actif des banques espagnoles. Ces dernières devront être recapitalisées à hauteur de 170-250 milliards d'euros. Or, l'Espagne ne peut pas emprunter plus sur les marchés. Son taux à 10 ans a atteint plus de 6,2% (et le taux à 2 ans 3,8%). C'est pourquoi elle devra demander l'aide du FESF ou du MES.
    L'Italie est plombée par une dette accumulée (122% du PIB) et des taux meurtriers. Il faudrait que l'Italie puisse faire défaut sur sa dette (ou sur une partie) et puisse la ramener à 80% du PIB. Mais, si on commence à discuter de cette possibilité, les taux d'intérêts vont se mettre à grimper...

    Ipso facto, c'est insoluble à un horizon prévisible. Christian Saint-Etienne pense que l'euro va éclater d'ici un an, et je suis du même avis.

    Jacques Sapir

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    1. Un point que j'aimeraiS élucider et que soulève Krugman :
      http://krugman.blogs.nytimes.com/2012/05/16/jogging-for-the-exit/
      "But where are the euros coming from? Basically, banks are borrowing them from the Greek central bank, which in turn must borrow them from the European Central Bank. The question then becomes how far the ECB is willing to go here (...)"

      Donc de fait, les banques grecques bénéficieraient de prêts automatiques par la BCE ? Même pas besoin de violer les traités européens ?

      Finalement la Grèce n'a pas du tout intérêt à sortir de l'euro à court terme.

      Elle est en position de force pour négocier une sortie "coopérative" comme vous l'expliquez.

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  13. Mercredi 16 mai 2012 :

    Game Over.

    Voilà que la sortie grecque – ou plutôt son éviction ! – devient quasi chose faite. Citibank l’évalue à 75%, tandis que les bookmakers anglais ne prennent plus aucun pari tant l’affaire semble « pliée »…

    Les Grecs sont d’une part complètement saturés d’austérité sachant que, par ailleurs, les Allemands (en tout cas Madame Merkel, son ministre Schauble et leurs suivants) ne donneront plus leurs sous sans davantage de régime minceur grec. Certes, de nouvelles élections grecques sont agendées au 17 Juin prochain, mais pourquoi les résultats seraient-ils foncièrement différents des précédentes ? De fait, ils le peuvent, mais dans le sens inverse que celui attendu car celles et ceux ayant protesté par leurs suffrages contre la rigueur se mobiliseront - et mobiliseront - indubitablement davantage. Attendons-nous, en d’autres termes, à l’affaiblissement supplémentaire des partis de gouvernement grecs et à une installation des extrêmes, donc des partis contestant l’austérité imposée par Bruxelles et par le F.M.I..

    Dans un tel contexte, les officiels allemands – qui se sont préparés depuis déjà plusieurs mois à l’éventualité d’une sortie grecque – familiarisent et rassurent désormais leur opinion publique en déclarant haut et fort que l’Allemagne et que l’Union Européenne s’en accommoderont sans problèmes majeurs. La presse allemande s’en fait également l’écho, voire l’espère, tant elle est exaspérée par l’insupportable fourmi grecque. Le très ironique titre du Spiegel - « Acropolis Adieu » - paru il y a quelques jours ne signifie rien d’autre…

    Les marchés tangueront, certes, mais les Allemands semblent sûrs de leur coup et sous-entendent avoir concocté un « plan Grèce » qui n’éclabousserait pas trop l’Euro. Pourtant, absolument personne – les Allemands pas plus que les autres – n’est en mesure de prévoir les ravages de la contamination d’une sortie grecque. Mais l’Allemagne se rend-elle seulement compte qu’elle joue avec le feu ?

    Elle peut ériger des protections autour de ses banques. Elle peut même augmenter le Fonds de Stabilité et se coordonner avec le F.M.I. afin que les marchés financiers ne soient pas trop sonnés. Elle peut également sommer et sermonner les Grecs. Une sortie grecque de l’Union Européenne en ce printemps ou été 2012 ne sera toutefois que le prélude à un tourbillon qui frappera d’abord le Portugal et juste après l’Espagne. A moins que cet ordre ne soit inversé, sachant que l’Italie se retrouvera à un moment donné à son tour sur un siège éjectable.

    Quelles sont les conséquences de la cassure d’une union monétaire ? Les experts allemands peuvent-ils seulement le savoir ? Intuitivement, il est possible d’anticiper une fuite cataclysmique des capitaux hors des pays à risques, et une ruée pour se désister des billets de banque espagnols et italiens. La panique est capable de bouleverser et de rendre caducs en un rien de temps l’intégralité des simulations allemandes – et elle le fera !

    Quant à la Grèce, ce qui reste de son économie et de sa société civile s’effondreront : plus de services publics, plus de soins médicaux, plus de police, plus de justice, une masse d’exilés déferlera sur le reste des pays européens qui finiront pas leur fermer leurs frontières… Nul ne peut prédire les effets dramatiques – économiques, financiers mais également politiques voire sécuritaires – d’une sortie de la Grèce. Les responsables politiques sont certes connus pour leur vision court-termiste mais il est (encore) temps pour la classe politique européenne de réagir et de raisonner le gouvernement allemand actuel. Il ne faut pas attendre les résultats des élections en Grèce car il sera alors trop tard.

    Michel Santi, économiste, analyste financier.

    http://www.gestionsuisse.com/

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  14. en résumé, si j'ai bien compris :

    - les grecs doivent faire un choix entre l'euro et l'austérité,

    - coté euro par peur, et coté austérité par colère, il ne veulent pas faire ce choix, alors qu'ils sont obligés de décider.

    - et de leur côté, Hollande (comme l'a fait sarko) et Merkel, la bouche en coeur avec des airs de sainte-nitouche disent qu'"ils ne souhaitent pas que la Grèce sorte de l'euro". et en avalant ces déclarations, on sent comme un arrière-gout d'hypocrisie ...

    résumé correct ?
    Age

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  15. Jean François Récaldini16 mai 2012 à 19:02

    @ Laurent Pinsolle, je me demande quel stratagème la BCE, le FMI et nos dirigeants ultra libéraux seront capable d'inventer encore une fois pour sauver momentanément la zone euro après la sortie de la Grèce voir même avant !!!! Vont ils arriver à empêcher cette sortie, telle est la question. Car si elle sort, la France subira une énorme perte et sera aussitôt dégradée par les agences de notation peut être de plusieurs niveaux ! A ce moment là le FESF est pratiquement caduque, qu'en pensez vous ?

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    1. Ils vont bien entendu parler des comptes maquillés par Goldman Sachs afin de faire entrer la Grèce dans l'Eurozone et que c'est l'unique raison de cet échec...Notre cher patron de la BCE qui a participé ce trucage lorsqu'il était VP chez Goldman devra se faire très discret...Ils auront plus de mal a expliquer pourquoi 4 mois après Espagne et Portugal se trouveront exsangues à leur tour...Hollande lui , conseillé par Emmanuel Macron, ex associé gérant chez Rothschild , ne manquera pas de nous enfumer en disant qu'il faut bien évidemment un fédéralisme Européen pour conserver le sacro-saint Euro...
      Mais 2017 risque de laisser le temps à la Grèce de renouer prodigieusement avec la croissance selon le modèle Argentin et les Français comprendront que le souverainisme est le paradigme à intégrer pour protéger la Nation Française....
      Michel Denisot et ses amis de Canal + ont tourné en dérision le programme de Nicolas Dupont Aignan, n'est ce pas là une excellente preuve de la pertinence de celui ci ?

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  16. Patrick ARTUS : Citation d'un de ses nombreux articles récents sur la situation de la zone euro:

    « Un ajustement réel rapide peut-il réussir ?

    « Le problème central de la zone euro est aujourd’hui le suivant : plusieurs pays de la zone euro ont un déficit extérieur chronique et une dette extérieure excessive ; ils ont un problème de compétitivité et de profitabilité
    insuffisantes, de désindustrialisation et de pertes de parts de marché.

    Ce qui leur est demandé est de réaliser un « ajustement réel » : corriger la productivité, la gamme de produits et la spécialisation productive, les coûts salariaux, pour corriger le déficit de compétitivité et faire disparaître le déficit
    extérieur sans utiliser bien sûr le taux de change.

    Comme ces pays sont en crise (ils ne peuvent plus se financer normalement sur les marchés), il faut de plus que cet ajustement réel soit rapide. Nous pensons qu’un ajustement réel rapide, de plus sous la pression des marchés et simultané dans beaucoup de pays, est impossible ; il est trop
    coûteux en production et en emplois, et de plus les ajustements nécessaires prennent toujours du temps. L’exemple allemand, souvent cité, va dans ce sens : il n’y avait pas de pression des marchés financiers, la situation initiale n’était pas du tout critique, et l’ajustement réel a été supportable parce qu’il a été d’une part étalé sur 5 ou 6 ans, d’autre part facilité par la croissance forte des autres
    pays européens. »

    L'intégralité de l'article peut être lue ici :

    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=64011

    Est-ce que ceux qui dirigent la zone euro et ceux qui dirigent les pays en difficultés visés par cet article : L’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal, se rendent -ils compte qu'ils agissent en dépit du bon sens ? Comment peuvent-ils ils être incapables de trouver un chemin réaliste pour les pays et les populations qu'ils sont censés représenter ?

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  17. Trois choses m'ont frappé dans la composition du nouveau gouvernement.

    D'abord, Fabius aux Affaires étrangères. Le porte-parole du NON "de gauche" en 2005. Mais aussi, le premier ministre du big bang financier de 1984 (avec un certain Bérégovoy, auquel Hollande n'a pas manqué de rendre dommage). Bon. Que faut-il en penser ? En ce qui me concerne, à ce stade je ne suis pas (encore) rassuré.

    Ensuite, Montebourg à la réindustralisation… Question : suffit-il de créer un ministère ad hoc, avec à sa tête un défenseur du fantomatique "protectionnisme européen" ? Est-il prévu de restaurer le Commissariat au Plan, ou va-t-on poursuivre ces excellentes analyses stratégiques ? (je crains que le second degré soit de rigueur, sans vouloir employer des mots qui fâchent)

    Enfin, peut-être plus anecdotique, encore que… Taubira à la justice. Une citoyenne issue d'un parti qui défendait la légalisation du cannabis lors des primaires… Faut-il donc espérer la restauration des libertés individuelles ?

    En fait, à ce stade-là, on a beaucoup d'affichage, mais que de l'affichage.

    @ Jacques Sapir

    Je viens d'achever la lecture de votre livre intitulé Faut-il sortir de l'euro ? Alors avant, je me disais que l'euro n'était finalement pas autre chose qu'un mark avec une étiquette "euro" dessus. Maintenant, j'en suis presque sûr. Merci de défendre la politique monétaire de la Chine… et les agences de notation (sur ce dernier sujet, Nikonoff avait fait une tribune tout à fait convergente avec vos propos). J'ai beaucoup apprécié aussi le passage consacré à ce qu'est et ce que n'est pas - ou à ce que doit être et ne doit pas être - une constitution. Sans oublier le passage dans lequel vous réglez leur compte aux eurobonds… Ni celui dans lequel vous évoquez le cas de l'Argentine. Je ne résiste pas au plaisir de le citer, pour ceux qui ne vous auraient pas (encore) lu :

    Ce dernier pays [L'Argentine, donc] a fait défaut à la fin de l'année 2001 et n'a toujours pas trouvé de terrain d'entente avec certains de ses créditeurs. Il ne s'en porte pas plus mal [c'est moi qui souligne, si vous permettez] et n'en connaît pas moins une très forte croissance.

    Je crois qu'il faudrait insister sur le point suivant : contrairement à une personne physique, un Etat peut faire défaut sans encourir de quelconques poursuites. Que peuvent faire les créanciers ? Rien. Envoyer des huissiers à Bercy ? Non, ils ne peuvent pas. Appeler les keufs ? Mais les keufs, c'est l'Etat, les keufs n'obéissent qu'à l'Etat ! Ils ne peuvent donc rien faire, à part bien sûr… refuser de prêter à nouveau. Mais il y a d'autres solutions… Comme le dit souvent Olivier Berruyer : vous avez joué, ben vous avez perdu. Vous êtes niqués. On peut certes estimer qu'une telle politique est "immorale" ou je ne sais quoi, mais il est malhonnête de suggérer qu'elle ne serait pas possible.

    En bref, je crois qu'il faudrait que ceci devienne assez clair dans l'esprit des citoyens : en faisant défaut sur la dette souveraine, on ne "risque" rien. Rien d'autre qu'une exclusion des marchés financiers obligataires. Mais personne ne va nous envoyer des panzers, des missiles ou des sauterelles. Le seul problème, c'est de produire quelque chose que l'on puisse échanger avec des dollars en échange desquels on puisse se procurer du pétrole, du gaz et autres matières premières dont nous avons pour le coup un besoin vital.

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    1. @ Joe Liqueur

      Nos réponses se sont croisées. Fabius, je ne lui fais aucunement confiance. On peut ajouter son passage aux finances sous Jospin, avec une politique de déréglementation assumée, la dépense de la cagnotte fiscale. Néolibéralisme et irresponsabilité. Certes, il s'était réinventé en 2005, mais cela était-il sincère.

      Sur Montebourg, je crains que le nom de son ministère soit aussi grandiloquent que ses moyens d'actions limités.

      Très juste sur le défaut.

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    2. Sur le "redressement productif" et l'industrie, je te recommande ce billet de Descartes !

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  18. @ Léonard,

    C’est l’avis de la majorité des économistes (c’est ce que nous avions expliqué dans la tribune du Monde de décembre 2011 sur le démontage de l’euro, ce que confirme Jonathan Tepper également).

    http://www.gaullistelibre.com/2012/02/la-sortie-de-leuro-cest-possible-et-pas.html

    @ Albert,

    C’est juste. Je le dis dans le papier. Sauf que quand la troïka refusera de verser une nouvelle tranche du fait de la suspension des plans d’austérité, ce serait l’option la plus simple. Athènes devrait suivre la voie de Buenos Aires (où le lien entre le peso et le dollar était également populaire).

    @ Jacques

    En effet, il y aurait la solution de réquisitionner la Banque Centrale de Grèce tout en restant dans l’euro, ce qui est contraire aux traités et là, nous rentrerions dans une situation inédite. Mais le problème de cette voie (utilisée, il me semble, par certains pays de l’ancienne URSS au début des années 1990) est que ce n’est pas une solution claire et de long terme. Je crois qu’elle serait compliquée à vendre politiquement, car cela revient à faire une sorte de hold up sur les pays européens qui provoquerait une énorme crise puisque naturellement il serait impossible de laisser faire cela. L’Allemagne pourrait alors demander à la Grèce de sortir de l’euro ou pourrait alors menacer de partir (ce qui pourrait créer une crise encore plus grande). C’est pour cela que je pense que si les négociations échouent, la Grèce choisira la voie de l’Argentine. Mais cette voie reste possible.

    Si la Grèce sort, il me semble qu’il y a deux solutions :
    1- les dirigeants européens expliquent que sans la Grèce, l’euro fonctionnera mieux et avec des rachats de dettes souveraines Espagnoles et Italiennes par la BCE, et éventuellement un jeu sur les normes bancaires pour pousser les banques à acheter les dettes souveraines, cela pourrait passer pour quelques temps, jusqu’à ce que les peuples se révoltent ailleurs. Et là, je me demande si cela ne pourrait pas tarder davantage, plusieurs années potentiellement.
    2- un effondrement rapide, d’ici à un an

    Complètement d’accord sur l’analyse concernant l’Espagne et l’Italie.

    Sur l’horizon de temps qui nous mènera à la fin de l’euro, je suis perplexe. D’un côté, la probable sortie rapide de la Grèce fait que tout peut s’accélérer.

    Néanmoins, les dirigeants européens ont démontré une capacité assez extraordinaire à trouver des moyens de prolonger cette expérience monétaire hasardeuse, et j’ai peur de sous-estimer leur capacité à refuser la réalité et essayer à tout prix de maintenir la monnaie unique, sachant qu’en Espagne et en Italie, le niveau de révolte contre l’Europe n’est pas du tout au même niveau et que la population a encore une vision très positive de l’Europe et un immense attachement à l’euro (qui commence tout juste à faiblir en Grèce). C’est pourquoi je n’exclus pas un scénario où le démontage serait progressif et lent, avec sortie de la Grèce dans quelques semaines, mais où l’Espagne pourrait patienter jusqu’en 2015 et ses prochaines élections législatives…

    Et je crois qu’il n’est pas inimaginable que même dans ce cas, Hollande reste dans la monnaie unique, même si elle s’apprécie et que cela accélère la désindustrialisation de notre pays.

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  19. @ Francis,

    Il faut que je regarde, mais quand je vois les imbécilités publiées sur le Monde (si la Grèce dévalue de 50%, les Grecs vont perdre 50% de leur pouvoir d’achat)… Nous sommes dans le domaine de la religion malheureusement…

    @ Saul,

    C’est l’addition de l’euro et du libre-échange anarchique.

    @ Antoine,

    Je me mouille, je fais un pronostic. C’est sûr que si Nouvelle Démocratie arrive en tête, il sera sans difficile d’avoir une majorité.

    @ Alexis L

    Complètement d’accord : le supplice risque de durer longtemps. Pas pour la Grèce si le SYRIZA gagne, mais je suis d’accord pour les autres. Le démontage peut être long et fait petit à petit. Pas d’accord en revanche sur l’union de transferts qui me semble totalement impossible à vendre en Allemagne (Artus l’a chiffré à 3 à 4% du PIB Allemand). D’accord sur la France, surtout avec l’équipe actuelle.

    Ce n’est pas forcément l’extrême droite qui arrivera au pouvoir. Son plafond de verre est solide. Mais l’Europe peut évoluer à la manière de l’Amérique Latine, après avoir suivi les mêmes potions amères du FMI et cela pourrait donc être la gauche radicale.

    @ Coma81

    La BCE est remplie de créances très douteuses si l’euro explose…

    @ BA

    Merci.

    @ Age

    Complètement juste. Personne n’assume ses choix.

    @ JF Récaldini

    Il suffit que la BCE reprenne ses achats de bons du Trésor espagnol et italien pour éviter que les taux explosent, comme elle l’avait fait à l’été 2011 pour casser la spéculation. Les autorités financières peuvent également jouer sur les règles pour imposer aux banques d’acheter ces mêmes bons du Trésor. Il y a pas mal de stratagèmes. Enfin, pourquoi pas une 3ème vague de prêts aux banques. Bref, il reste encore des outils pour différer la fin de la monnaie unique.

    Le FESF peut aider l’Espagne mais n’est pas de taille pour l’Italie. Le jour où la France sera attaquée, c’est que nos cousins latins seront sortis de la monnaie unique.

    @ Anonyme de 21 :40

    Très juste ! Si on lit les papiers de Jonathan Tepper, on peut prédire que la Grèce rebondira au plus tard un an après la sortie.

    http://www.gaullistelibre.com/2012/02/la-sortie-de-leuro-cest-possible-et-pas.html

    @ Anonyme 22 :19

    Le problème est largement psychologique, comme je l’explique depuis deux ans. Les pays du Sud ne veulent surtout pas quitter l’euro car ce serait perçu comme un déclassement. En outre, ils sont prêts à obéir aux potions les plus amères car elles viennent d’une main qui les a nourris pendant plus de 20 ans. Le rapport quasi religieux des élites françaises avec l’Europe n’est pas moins fort en Espagne. Il faut un choc d’une violence inouïe pour remettre en cause cela.

    Songez qu’en Grèce, il a fallu une baisse du PIB de près de 20%, plus de 20% de la population au chômage et des baisses de pouvoir d’achat colossal (soit une crise équivalente à la Grande Dépression des Etats-Unis) pour que le peuple grec refuse les plans d’austérité (et encore, 35 à 40% n’y sont pas encore hostiles) sachant qu’une grande majorité est encore favorable à l’euro…

    http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/archive/2010/06/20/l-explosion-de-l-euro-c-est-pour-quand.html

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  20. Mercredi 16 mai 2012 :

    La Banque centrale européenne (BCE) a confirmé mercredi avoir cessé de fournir des liquidités à certaines banques grecques en raison de leur sous-capitalisation, confirmant ainsi une information diffusée par Reuters dans la journée.

    "En attendant la recapitalisation des banques grecques qui sont gravement sous-capitalisées en raison de la récente opération PSI (échange de dette ndlr), certaines banques grecques ont été transférées à l'Assistance d'urgence à la liquidité", a déclaré un responsable de la BCE, confirmant des informations publiées par Reuters plus tôt dans la journée.

    "Une fois le processus de recapitalisation finalisé - et nous espérons qu'il le sera bientôt - les banques grecques auront à nouveau accès aux opérations habituelles de refinancement de l'Eurosystème", explique-t-on.

    La nouvelle a entraîné l'euro à la baisse face au dollar, dans un climat de craintes croissantes sur les marchés que la Grèce ne sorte de la zone euro.

    Ce dernier développement souligne l'état de faiblesse du système bancaire en Grèce où les ménages procèdent à des retraits massifs sur leurs comptes en banque.

    La BCE ne fait d'opérations de refinancement qu'avec les banques solvables. Toutefois, les banques qui ne respectent pas les règles de la BCE mais sont jugées solvables par la banque centrale du pays concerné peuvent s'adresser à leur banque nationale pour la fourniture de liquidités d'urgence (FLU).

    Le nombre de banques concernées n'est pas connu, mais cette décision souligne le nombre croissant de banques grecques qui dépendent de prêts d'urgence de la Banque de Grèce.

    Selon une source proche du dossier, quatre banques grecques vont si mal qu'elles fonctionnent avec des fonds propres négatifs.

    Une autre source de la Banque Centrale Européenne a indiqué que les banques grecques ont été exclues des opérations de prêts de la BCE en faveur des opérations d'urgence (FLU), car vue l'impasse électorale dans laquelle se trouve le pays, les chances d'une recapitalisation de ces banques s'évaporent.

    (Dépêche Reuters)

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  21. Face je gagne pile tu perds (olivier Delamarche toujours inénarrable )

    http://www.youtube.com/watch?v=08ALNbpSioY&feature=youtu.be

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  22. La Grèce est morte le 21 Fevrier (Olivier Delamarche )

    http://www.youtube.com/watch?v=z5ZWoYy2jCI&feature=related

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  23. Sur toutes ces questions, le débat chez Taddéi était extrêmement intéressant, notamment en ce qu'il révélait de prise en compte, tardive mais bien nette, de la réalité (ou d'une partie de la réalité) par les principaux interlocuteurs. Les choses évoluent. Ainsi, le laïus de Jacques Sapir sur la politique suicidaire du chancelier Brunning, qui faisait écarquiller les yeux d'incrédulité à tout le monde il y a seulement six mois, passe désormais pour une évidence bien partagée. De même si Daniel Cohen et Christian Saint-Étienne restent favorables au saut fédéraliste, il n'en reste pas moins que Saint-Étienne parait assez pessimiste sur sa possibilité et Cohen au moins dubitatif. L'analyse par ce dernier des dégâts causés par l'austérité est, par ailleurs et désormais, impeccable. La dissonance cognitive des élites européennes sur la question de l'euro si bien analysée par Jacques Sapir paraît en cours de réduction, du moins chez les économistes présents sur la plateau de télévision (qui ne sont pas n'importe qui ni sans influence). Tout cela n'est pas mauvais signe du tout.

    Par ailleurs, le nouveau positionnement de François Hollande par rapport à l'Allemagne a un grand mérite qu'il faudrait souligner. Alors que Sarkozy avait toujours négocié dans le secret afin de pouvoir s'attribuer la pseudo-réussite des compromis même les plus bancals, Hollande a choisi une confrontation "honnête et franche" à vue des opinions publiques (c'est du moins ainsi qu'il le présente). Dans le premier cas, on ignorait largement les points de départ respectifs (et les analyses qui les sous-tendaient) ainsi que l'objectif précis des négociations entre les parties. On n'avait donc aucun moyen d'évaluer qui avait obtenu quoi. En choisissant une autre voie, Hollande s'oblige à expliciter une bonne partie des enjeux et des rapports de force. Il s'engage de ce fait largement découvert devant l'opinion rendant très délicate la possibilité de maquiller un compromis décevant en victoire arrachée dans la douleur. Quel que soit son point de départ - fort en retrait, à coup sûr, par rapport à ce qui serait nécessaire - cette situation porte en elle-même de fortes virtualités de conflictualité assumée, ce qui parait très positif dans le contexte du moment.

    Emmanuel B

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    1. @ Emmanuel B

      D'accord sur l'émission. Je m'étais trouvé dans la même situation sur France 24 avec Sterdyniak qui disait la même chose que moi sur l'impasse de l'austérité (avec 2 ans de retard) et qui semblait bien peu optimiste sur la voie fédérale.

      Pas faux sur Hollande, mais j'ai du mal à croire qu'il négociera autre chose qu'un hochet à mettre sur son pédalo et qu'il continuera à aller dans le mur au lieu de réorienter ce projet européen (si tant est qu'il soit réorientable, ce que je ne pense même pas).

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    2. Je confesse sans peine un optimisme quasi-toddien sur l'évolution prévisible de la politique de Hollande. J'ai peut-être tort et vous n'aurez aucun mal à trouver des raisons de rester sceptique. Je ne cherche pas à convaincre sur ce point qui est largement de l'ordre du pressentiment.

      Je viens de regarder ce débat (http://www.bfmtv.com/bfmtv-2012-le-face-a-face-actu27639.html) d'Arnaud Montebourg, depuis ministre, avec le journaliste du Frankfurter Allgemeine Zeitung, Christian Schubert. Les termes du conflit ne sont pas mal posés, me semble-t-il. Reste la question de l'euro encore taboue, mais je crois qu'on y viendra (et je ne peux pas que chez Montebourg au moins ce ne soit d'ores et déjà une de ses constantes "pensées de derrière la tête", comme dirait Blaise Pascal).

      Emmanuel B

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    3. Nous verrons mais je crois que les socialistes ne sont pas mieux équipés que l'UMP pour un tel revirement. La construction européenne est la seule chose qui leur reste pour se définir. Je ne les vois pas abandonner leur veau d'or.

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  24. Merci de votre réponse,

    Si j'en crois celle-ci, et si la dette de la Grèce est désormais libellée en drachmes, ses créditeurs n'ont probablement pas intérêt à ce que sa monnaie s'effondre complètement, sous peine de perdre toutes leurs créances.
    Dans ces circonstances, l'hypothèse d'un effondrement total de l'économie grecque ou de l'absence de nouveaux prêts en cas de sortie de l'euro n'est pas aussi certaine que le prédisent certains économistes. La sortie de la Grèce de l'euro - pour peu qu'elle soit concertée - serait même une solution "gagnant - gagnant"
    Je ne suis pas sûr de ce raisonnement. Mais il me semble assez cohérent.

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    1. Même convertie en drachme, la Grèce fera défaut : sa dette est comprise entre 160 et 200% de son PIB...

      Pas faux sur les créditeurs, qui auront intérêt à ce que la Grèce ne s'effondre pas. De toutes les façons, la dévaluation leur apportera de l'air, comme toujours.

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  25. "Le FESF peut aider l’Espagne mais n’est pas de taille pour l’Italie. " : il ne peut aider ni l'une, ni l'autre. Leur PIB est trop important dans un cas comme dans l'autre.

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    1. Si, le FESF a les moyens de refinancer une portion importante de la dette de l'Espagne sur quelques années car Madrid n'est endettée qu'à hauteur de 70% du PIB (et le PIB de l'Espagne est nettement inférieur à celui de l'Italie, endettée à hauteur de 120%).

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    2. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a évoqué la possibilité d’une « sortie ordonnée » de la Grèce de la zone euro.

      http://www.nationspresse.info/?p=170180

      Je ne sais pas si Christine Lagarde, a fait cette proposition pour que ne se concrétise pas le risque d'une réquisition illégale,au regard des traités européens, de la Banque Centrale de Grèce, par le gouvernement grec, pour la contraindre à faire des avances au Trésor Public (ou à son équivalent Grec) selon Jacques Sapir. En tout cas si on veut une « sortie ordonnée » de la Grèce de la zone euro, il faudrait peut-être qu'il y ait une concertation quelconque préalable à cette « sortie ordonnée » qui pour l'instant n'a pas lieu, ce qui fait qu'effectivement la réquisition de la Banque Centrale de Grèce évoquée par Jacques Sapir pour répondre à des besoins urgents pourrait avoir lieu d'autant que la BCE vient de couper les vivres aux banques grecques.

      On peut supposer que si ce cas de figure survenait, il y aurait une réunion urgente des membres de la zone euro pour inclure dans les traités européens des mécanismes d'exclusion ou de sortie qui n'existent pas, pour le moment. Mais si cette révision des traités doit être adoptée à l'unanimité, la Grèce pourrait refuser de la ratifier en faisant valoir que pour une période de temps délimitée au moins, elle n'a pas d'autre choix que de réquisitionner sa banque centrale pour répondre à des besoins urgents.

      Donc il vaudrait mieux qu'il y ait déjà une concertation des autres membres de la zone euro avec la Grèce pour une « sortie ordonnée » de celle-ci de la zone euro afin notamment d'éviter que ce cas de figure ne se produise pas. Mais bien évidemment les dirigeants européens prisonniers de leur positionnement idéologique ne sont pas disposés à engager une quelconque concertation avec la Grèce sur une « sortie ordonnée » de celle-ci de la zone euro, de sorte que le cas de figure évoqué par Jacques Sapir pourrait se produire.

      Si les traités européens n'ont prévu aucun processus d'exclusion ou de sortie de la zone euro, c'est qu'ils n'ont pas anticipé le fait que les mécanismes économiques et financiers mis en œuvre dans le cadre de la zone pourraient mettre en difficulté certains pays et les pousser à sortir de la zone euro. Celle-ci est une construction idéologique, pas une construction rationnelle. Si c'était une construction rationnelle, beaucoup des éléments négatifs constatés aujourd’hui auraient pu être anticipés et traités en amont d'une manière ou d'une autre.

      Saul

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    3. Mais s'il s'agit à un moment de "sauver" (ironie) l'Espagne, ça sera impossible vu sa taille.

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    4. @ Saul

      Très juste. Mais la préparation de la sortie se fait sans doute de manière sous-terraine pour que tout soit prêt le jour de l'annonce. En tout cas, c'est ce que je ferais. Et on murmure que des choses se préparent au cas où.

      @ Anonyme

      Le FESF peut refinancer l'Espagne, mais après, il n'aura plus rien...

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    5. Comment ne pas être d'accord avec Saul ? Il s'agit bien d'une construction idéologique des ultra-libéraux lancés dans une fuite en avant. Comment expliquer un tel aveuglement, un tel mépris des peuples de la part des dirigeants européens actuels ? Des technocrates idéologues, qui ont créé une banque européenne indépendante, des technocrates ultra-libéraux, qui ont élargi l'Europe, alors qu'elle n'était pas consolidée, des technocrates irresponsables, qui n'ont comme seule ambition que de déréguler et qu'un seul credo : une concurrence libre et non faussée. Le plus formidable de l'histoire, c'est que nous n'avons pas droit à la parole. Les citoyens, les politiques, les économistes ..., qui demandent une autre Europe, sont des anti-européens. Disqualifiés d'office ? Mauvais citoyens ! Les choses ont-elles changé depuis 2005 ?

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  26. Jeudi 17 mai 2012 :

    Grèce : vent de panique sur le secteur bancaire.

    Combien d'argent les Grecs ont-ils prélevé sur leurs comptes bancaires depuis lundi, jour où il est apparu évident que les responsables politiques seraient incapables de former un gouvernement d'unité nationale ? Les chiffres varient, mais il est probable que ce montant s'élève à quelque 1,2 milliard d'euros rien que pour les deux premiers jours de cette semaine. Des retraits en cascade qui s'ajoutent à ceux opérés depuis l'éclatement de la crise et qui font que plusieurs banques grecques sont désormais à court de liquidités.

    Depuis le printemps 2010, les Grecs ont retiré entre 2 et 3 milliards d'euros par mois en moyenne avec un pic en janvier de 5 milliards d'euros. On calcule que les dépôts bancaires ont fondu de 30 % sur l'ensemble de la période (environ 70 milliards d'euros). Sans compter les exportations illégales de capitaux générées par l'économie souterraine (environ 65 milliards d'euros), soit plus que les économies réalisées dans le cadre des deux mémorandums.

    La panique des épargnants s'est accrue lorsqu'on a appris par les derniers sondages que les deux grands partis pro-mémorandum, la Nouvelle Démocratie, conservatrice, et le Pasok, social-démocrate, cèdent encore du terrain au profit notamment de l'extrême gauche de la Coalition de la gauche radicale (Syriza), farouchement opposée au plan.

    Si ces deux grands partis ne parviennent pas à remonter la pente d'ici aux prochaines élections anticipées du 17 juin, la Grèce ne sera pas en mesure de constituer un exécutif qui appliquera les conditions imposées par les Européens et le FMI en échange d'un second programme de financements. La Grèce ferait alors défaut et sortirait de la zone euro. Une éventualité que le Premier ministre sortant, Lucas Papadémos, a qualifié de « désastreuse » pour le pays dans une lettre ouverte adressée hier à ses concitoyens. L'ancien banquier central cède son poste au Premier ministre intérimaire, Panagiotis Pikrammenos, le président du Conseil d'Etat chargé d'organiser les nouvelles élections.

    Alors que l'agence de notation Fitch a abaissé jeudi soir la note de long terme de la dette grecque en devises et en euros à « CCC » contre « B- » jusque là, les bailleurs de fonds internationaux prennent déjà les premières mesures de précaution en vue d'un hypothétique abandon de la monnaie unique par ce pays. Mercredi, la BCE a confirmé qu'elle cessait de fournir des liquidités à des banques grecques sous-capitalisées.

    Selon Crédit Agricole CIB, en janvier, le système des banques centrales de la zone euro était exposé à hauteur de 57 milliards d'euros vis-à-vis des banques grecques dans le cadre de son programme spécial d'assistance aux instituts de crédit. Une coquette somme à laquelle il faut ajouter 107 milliards d'euros dans le cadre des opérations normales de prêt.

    Frappés par les retraits massifs d'économies, les établissements bancaires grecs attendent avec impatience d'être renfloués par les créanciers internationaux dans le cadre du second programme de financements. Ce plan, suspendu jusqu'au vote, prévoit le versement de 48 milliards d'euros aux banques grecques, dont 25 milliards sont d'ores et déjà mis à la disposition de la banque centrale du pays, qui attend le feu vert définitif pour les transférer aux destinataires finaux. Un coup de plus pour une économie qui agonise et qui a plus que jamais un urgent besoin de crédits.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202068275590-grece-vent-de-panique-sur-le-secteur-bancaire-324454.php

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  27. Cher Laurent Pinsolle, Comme vous, je pense que les politiques au pouvoir aujoud'hui ne vont pas se dédire, ni se réinventer. Ils sont dogmatiques et incapables d'envisager une alternative à la politique européenne insensée, qu'ils conduisent. C'est d'ailleurs le seul point sur lequel je doute de la pertinence des choix du nouveau Président. Quoiqu'il en soit, les faits vont les (et nous) rattraper, mais ce n'est pas la même chose d'anticiper, de construire que de subir les événements. Créer une banque centrale indépendante est un excellent exemple de ce qu'ils sont capables de faire. Un chef d'oeuvre de bêtise et d'irresponsabilité que nous payons au prix fort et un modèle d'institution démocratique. Enfin, quand on est obsédés par l'inflation, on est prêts à tout, sauf à se remettre en question. Il s'agit pourtant d'un des messages permanents qu'on subit en politique, dans l'entreprise, dans la société :"il faut savoir vous remettre en question, vous adapter". Nous, oui, eux, non.

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