mardi 26 juin 2012

Cette gauche avocate du néolibéralisme


C’est un des paradoxes de notre vie politique que de voir une partie importante de la gauche défendre mordicus le néolibéralisme le plus antisocial. Entre un PS qui veut augmenter le SMIC de 2% et Le Monde qui annonce qu’augmenter le SMIC détruit des emplois, cette « gauche » surprend.

La mondialisation invente la gauche antisociale

Il y a quelques semaines, dans un papier sur « les trois gauches », j’avais parlé de cette « gauche social-libérale », qui n’a plus de sociale que le nom, parfaitement représentée par cette fondation Terra Nova qui a théorisé l’abandon du peuple par le Parti Socialiste. C’est ainsi que dimanche, en écoutant France Info, je suis tombé sur une chronique économique qui dénonçait le conservatisme d’Air France, qui ne se serait pas suffisamment adaptée à la concurrence.

Pour un peu, le journaliste aurait dénoncé l’attachement conservateur aux acquis sociaux des syndicats ! Pas un mot sur la concurrence déloyale d’un certain nombre de compagnies, qu’elles soient issues de pays produisant du pétrole et qui ont fait des compagnies aériennes un axe de leur développement économique ou de toutes les compagnies qui profitent des salaires beaucoup plus bas des pays en voie de développement pour tailler des croupières à la compagnie…

De même, Le Monde a publié une interview sidérante pour un journal qui se dit de gauche, dénonçant toute augmentation du SMIC au-dela de l’inflation, affirmant que nous avions trop augmenté les salaires dans les dernières années, que cette augmentation détruit des emplois, du fait de la mondialisation. Bref, le Medef peut être content, le quotidien de référence de la gauche reprend un à un ses arguments. Dans un monde mondialisé, il n’est pas possible de monter les salaires en France.

Les bisounours de l’économie


Mais ce qui est incroyable avec cette interview, c’est l’incapacité de cette gauche à se poser des questions un peu plus fondamentales sur la mondialisation. S’il est impossible de monter les salaires dans ce cadre mondialisé, étant donné les écarts colossaux avec des pays proches (Afrique du Nord, Europe de l’Est), n’y-a-t-il pas carrément un risque de baisse de salaires, comme ce qui se passe dans les pays les plus en difficulté de la zone euro, en Grèce ou au Portugal ?

Et surtout, ceci est-il tout simplement acceptable ? Ne faut-il pas remettre en cause cette mondialisation qui promeut une casse sociale dans nos pays et qui interdit toute progression des salaires pour les classes populaires et moyennes ? Il est curieux que cette gauche n’en vienne pas à se poser cette question. La croissance laisse actuellement 90% de la population sur le bord du chemin. Une petite minorité conserve l’essentiel des profits du peu de croissance qui nous reste.

C’est ce que montrait bien le terrible chiffre de The Economist qui montrait que les actifs nets des familles des Etats-Unis avaient reculé de 39% depuis 2007, tombant au niveau le plus bas depuis 1992 mais que ceux des 10% les plus riches avaient réussi à progresser sur la même période, ce qui pose toute de même la question fondamentale de l’inégalité d’un tel système. Cette gauche ne semble pas s’y intéresser, à part en période électorale, comme le fait Barack Obama.

Le problème avec cette gauche, c’est qu’elle soutient tellement la libéralisation de l’économie et la suppression des frontières qu’elle refuse de voir toutes les conséquences néfastes qu’elles apportent. Pire, elle refuse radicalement d’utiliser les frontières pour protéger les plus faibles.

8 commentaires:

  1. Peut-on espérer qu'un jour, lointain certes, on comprenne que le PS est une doite dure différentialiste et pro-allemande? Le PS et la SFIO ont un passé et c'est là-dessus qu'il faut les juger, pas sur leur discours.
    Jard.

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  2. Désolé, Laurent! Mais ce que tu dis n'a rien de neuf depuis au moins 20 ans! La gauche est néolibérale et mondialiste, mais n'ose guère l'avouer,au nom d'une modernité jamais bien définie et d'une hostilité envers l'Etat et la Nation sous le prétexte fallacieux que Nation égale nationalisme, guerre. A cet égard le journal "Libération" est tout à fait représentatif comme le haut fonctionnaire international Pascal Lamy.Il est significatif que ledit journal ait cru bon d'insulter les Français qui votent pour le FN tout comme il y a une quinzaine d'année l'écrivain Philippe Sollers ai cru bon de dénoncer "la France moisie". Tout comme certains éditocrates parisiens comme Christophe Barbier et Franz-Olivier Giesbert qui ne cessent de critiquer leur pays en prenant parti de l'Allemagne au nom d'une Europe rêvée!
    En réalité tous ces gens-là sont francophobes qui ont tous insulté les Français pour avoir osé voter Non au "TCE" le 29 mai 2005. Patience, leur monde est en train de s'effondrer, il faut espérer qu'ils ouvriront les yeux mais ils auront le zèle des convertis de la dernière heure et feront toujours la leçon à tout le monde l'arrogance de gens qui se sont toujours trompés. Comme le dit le journaliste d'enquête, le trop rare, Pierre Péan, pour être libre un journaliste ne devrait jamais fréquenter les hommes politiques ce qui n'est pas du tout le cas, il y a une connivence, osmose voire consanguinité comme l'illustre les cas d'Anne Sinclair, Béatrice Schoenberg, et Audrey Pulvar sans oublier le cas Okrent-Kouchner. De plus la presse appartient à des capitalistes du CAC 40 qui vivent largement des commandes publiques ce qui est une anomalie dans le pays modèle de ces gens-là: les US!

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  3. Void m'expliquez comment on fait pour arrêter la mondialisation ?,,

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    1. Demande à Mme Kirchner.

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    2. On réfléchit et on le décide. On fait enfin de la politique.

      C'est une erreur de croire que le mondialisme est autre chose qu'un choix idéologique.

      On vous fait croire - c'est à cela que servent aujourd'hui les médias - à l'inéluctable des choses de la même manière que l'on vous fait croire, selon des principes de philosophie de l'histoire sous-médiocres d'ailleurs, que l'écoulement du temps ne fait qu'amener le progrès.

      Le mondialisme, c'est la foire au pognon et l'Homme réduit à un calculateur rationnel, ainsi finalement au singe ou à la fourmi muette et travailleuse.

      La culture mondialisée, "mainstream" dit ce que valent ces processus du mondialisme et tout ce qu'il charrie.

      D'un côté bob geldof ou n'importe quelle bouze commerciale vulgaire entre le rap bling-bling et la pop en string, et de l'autre, ça :

      http://www.youtube.com/watch?v=4-RPSLN0AsE

      Vulgarité insondable de ce monde de la Banque, de son libéralisme qui détruira tout, et de la "culture" de la marchandise !

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    3. @Anonyme et @Global :

      En fait il faut distinguer ce qu'on pourrait appeler la mondialisation primaire, issue de la modernité (internet etc), et la mondialisation-choix politique idéologique, comme le dit Global qui surfe sur la mondialisation pour passer inapperçue, en faisant croire que "c'est ainsi, on y peut rien".

      les deux sont englobés dans le mondialisme, théorie fumeuse (et enfumeuse) qui prétend que le politique est impuissant dans ses choix économiques, laissant le champ totalement libre au néolibéralisme, et rendant les politiques mondialistes irresponsables (cf. choix de l'UE, fausse europe).

      Age

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  4. Cette "gauche" anti-sociale soutenue par Le Monde d'Izraelewicz et le think tank pseudo-progressiste Terra Nova n'est pas la gauche : c'est une imposture ! Il existe une vraie gauche démondialisatrice représentée par le M'PEP dont le porte-parole, Jacques Nikonoff, a appelé à voter pour Nicolas Dupont-Aignan aux dernières élections législatives.

    Ce serait bien, cher Laurent, de le rappeler de temps en temps...

    Marc-Antoine

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  5. @ Marc-Antoine,

    Très juste. Le MPEP est sans doute le meilleur représentant d'une gauche à la pensée parfaitement cohérente (contrairement au Front de Gauche, bloqué par un internationalisme dogmatique.

    J'y penserai.

    @ TeoNeo

    Bien vu, même si sa politique n'est malheureusement pas sans limite.

    @ Anonyme

    L'Allemagne même s'en protège avec des normes qui favorisent ses industriels.

    @ Cording

    On pourrait même dire presque 30 ans (le tournant de 83) voir même dès la 4ème République, en ne considérant que le programme commun n'était qu'une parenthèse électoraliste.

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