mercredi 13 juin 2012

Espagne : le énième plan qui ne résout rien


Madrid devrait donc être la 4ème capitale européenne à recevoir une « aide » européenne pour traverser la crise provoquée… par les politiques européennes. Ce 7ème plan (Athènes en étant déjà au 3ème depuis cet hiver) ne devrait pas être le dernier, comme le souligne Jacques Sapir.

Madrid dans l’impasse européenne

Le cas de l’Espagne est extrêmement paradoxal, comme je l’ai déjà souligné plusieurs fois. Voici un pays qui était donné en exemple à toute l’Europe par la Commission et les défenseurs myopes du néolibéralisme. Forte croissance, budget excédentaire (de 2005 à 2007), plus faible dette publique de l’UE. Tous les clignotants étaient au vert pour qui regardait les indicateurs économiques de manière superficielle. En réalité, l’économie espagnole dépendait de la bulle immobilière.

A un moment, le pays construisait plus de logements que la France et l’Allemagne réunies. Les autorités espagnoles avaient bien tenté de limiter ces excès en mettant en place des normes bancaires contra-cycliques, mais cela n’était pas suffisant face à des taux d’intérêt beaucoup trop bas imposés par la monnaie unique. Et la bulle a également affaibli la compétitivité du pays, accru ses déficits extérieurs, faisant reposer son économie sur l’apport grandissant de capitaux étrangers.

Bref, cette croissance était artificielle, permise et encouragée par la monnaie unique, alors que le maintien de la peseta aurait sans doute permis de largement limiter la bulle (les investisseurs étrangers auraient été alors plus réticents à investir des capitaux qui pouvaient être dévalués, et le crédit aurait sans doute été plus cher). Sans possibilité de dévaluer pour relancer son économie, l’Espagne tente de rééquilibrer ses comptes par une austérité qui plonge son économie dans la récession.

Un énième plan qui ne règlera rien

Le problème est que cette nouvelle récession affaiblit plus encore les banques, également touchées par la fuite des capitaux, aussi excessive que leur afflux précédent. Bref, l’économie espagnole semble un radeau pris dans une mer tourmentée. Pire, la montée des taux d’intérêt pèse lourdement sur le budget. Aujourd’hui, Madrid emprunte à plus de 6%, près de 5 points de plus que Berlin et 4 de plus que Paris. Du coup, se pose la question du financement de la recapitalisation des banques.

Devant les difficultés de Madrid à trouver 100 milliards de plus, ce sont les fonds européens qui devraient permettre la recapitalisation des banques espagnoles. En outre, ce refinancement serait apporté sans condition contrairement aux autres plans, ce qui va plaire aux Grecs, dont le déficit n’est pas plus élevé… Bref, ce énième plan va certes régler en partie le problème du système financier espagnol, mais comme souvent, on peut douter de son caractère définitif.

En effet, cette recapitalisation ne règle pas les problèmes de croissance, de chômage, de déséquilibres commerciaux ou de fuite des capitaux. Bref, rien n’est réglé pour l’Espagne, qui ne peut pas monétiser sa dette, contrairement à la Grande-Bretagne, ce qui est sans doute son talon d’achille comme le souligne Paul Krugman. Le feuilleton interminable et dérisoire des sommets européens qui ne règlent rien risque malheureusement de continuer.

Ce 7ème plan européen montre le caractère profondément disfonctionnelle de l’union monétaire européenne, qui ne marche pas et qui semble impossible à faire fonctionner. Bien sûr, beaucoup évoquent des solutions fédérales, mais un examen plus approfondi démontrent qu’elles ne résoudraient rien.

27 commentaires:

  1. Je reviens sur ce "problème" de monétisation (directe par la Banque Centrale, c'est à dire sans intérêts au final lorsque la Banque Centrale est entièrement propriété de l'Etat, donc de la collectivité).
    Il me semble qu'il faut viser à ce que les recettes fiscales équilibrent les dépenses de fonctionnement (y compris les amortissements) et de solidarité.
    A partir de cela la monétisation doit être systématique pour tous les investissements de long terme et pour couvrir les *intérêts* de la dette antérieure. Il me semble à ce sujet qu'un audit de la dette permettrait d'isoler les bénéficiaires finaux de celle ci (ceux qui ont souscrit des assurances vie par exemple) et qu'une solution pour se débarrasser de la dette serait de garantir à ces particuliers le paiement des intérêts, mais pas la transmission (générationnelle par exemple) du titre de dette.

    Tous les calculs montrent que, mis à part ces 3 dernières années (conséquence de la crise due aux excès bancaires américains), les soldes primaires des budgets des administrations publiques sont proches de l'équilibre.


    La dette publique a crû de 747 milliards d'euros entre 1995 et 2008
    Entre ces dates(1995 / 2008) l'accumulation des déficits primaires fût seulement de 7,4 Md€, c’est-à-dire qu'une petite monétisation directe de la Banque de France au bénéfice du Trésor Public d’environ 500 millions d'euros par an (soit 4 jours d’intérêts de la dette publique actuelle) ou une infime augmentation des impôts, aurait suffi à équilibrer les budgets

    Si on y ajoute 2009 et 2010 ( la dette publique a crû de 1021 Milliards d'euros entre 1995 et 2010), l'accumulation des soldes primaires (variation « théorique » de la dette sans intérêts donc), aurait été de 194,2 Md€

    Et certains continuent de soutenir que ce ne sont pas les intérêts de la dette qui sont à l'origine de la dette ?

    Deux liens:
    http://monnaie.wikispaces.com/1995-2010
    http://tinyurl.com/d56u5he

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  2. Bonjour AJH.

    "Il me semble qu'il faut viser à ce que les recettes fiscales équilibrent les dépenses de fonctionnement (y compris les amortissements) et de solidarité."

    Cette "règle d'or", quoi que plaine de bon sens populaire, n'est elle pas pernicieuse, en vertu de l'équation :
    solde public + solde privé + balance courante = 0 ?
    Bien sur, on peut imaginer de faire de l'investissement pour créer le "déficit utile"... Mais y a t-il toujours besoin d'investissements ?
    (je ne dis pas que ici et maintenant il n'en faut pas)

    "et pour couvrir les *intérêts* de la dette antérieure."
    Pourquoi ne pas en profiter pour rembourser "intérêt ET capital" ?
    Après tout, de la monnaie émise pour rembourser une dette (le capital, pas l'intérêt) ne change pas la masse monétaire...

    raphael

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    1. @Raphael
      J'essaye de rester, sur le blog de Laurent, dans une position "politiquement acceptable".
      Mais il est vrai qu'il est aussi nécessaire de diminuer voire annuler notre solde privé déficitaire; il y va aussi de notre véritable indépendance.

      Si, le remboursement du capital (comme d'ailleurs des intérêts mais 50 milliards par an pour la France, c'est jouable même si on lui adjoint 50 d'investissements) par monétisation augmente la masse monétaire.
      La position de DLR sur ce remboursement est un peu différente de la mienne; je ne pense pas qu'il faille monétiser pour rembourser le capital alors que nous avons bien d'autres besoins et du chômage important.

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  3. Mercredi 13 juin 2012 :

    L'Italie emprunte 6,5 milliards d'euros à un an, mais ses taux s'envolent.

    Le Trésor italien a emprunté mercredi comme prévu 6,5 milliards d'euros à un an, mais a vu ses taux d'intérêt s'envoler alors que la péninsule est revenue depuis le début de la semaine dans la ligne de mire des marchés, a annoncé la Banque d'Italie.

    Les taux de ces obligations à un an se sont inscrits à 3,972%, contre 2,34% lors de la dernière opération similaire le 11 mai.

    http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___L_Italie_emprunte_65_mds_EUR_a_un_an_mais_ses_taux_s_envolent85130620121112.asp

    Fin 2011, l'Italie avait une dette publique de 120,1 % du PIB.

    120,1 % du PIB, soit 1897,179 milliards d'euros.

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  4. @ A-J Holbecq

    Cela devient une habitude...
    Je suis encore d'accord avec vous !


    @ Laurent Pinsolle

    Il y a peu de temps vous avez exprimé votre opinion concernant la forme que devrait prendre notre République.
    Assez logiquement de la part d’un gaulliste convaincu ceci avait prit la forme d’un
    " Plaidoyer pour la Cinquième République " :

    (1/2) http://www.gaullistelibre.com/2012/05/plaidoyer-pour-la-cinquieme-republique.html

    (2/2) http://www.gaullistelibre.com/2012/05/plaidoyer-pour-la-cinquieme-republique_06.html

    A présent je me demande qu’elle est votre opinion concernant la forme que devrait prendre les institutions européennes (dans les grandes lignes).
    On sait que vous êtes très critique vis-à-vis de la construction européenne (et c’est bien normal ! ),
    mais on ne sait pas ce que vous voudriez à ce sujet.
    Si vous avez l’occasion d’y réfléchir, pourrez-vous y consacrer un billet ?

    Bien à vous.

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  5. Ajoutons Laurent, que l'Espagne a été le récipiendaire de 60% des fonds Feder pendant deux décennies. Des montagnes d'argent se sont déversées pour financer des infrastructures à l'intérêt plus ou moins discutable:
    - des autoroutes qui permettent de déplacer les fraises andalouses vers l'Europe du Nord (heureusement l'Espagne conserve de bas salaires ce qui protège encore son industrie automobile, mais sinon c'est l'un des derniers produits qu'elle peut proposer au monde), mais ont contribué à exposer l'industrie espagnole aux importations de produits manufacturés en la rapprochant physiquement du coeur productif du continent
    - 2000 km de lignes TGV parcourues par des trains vides (je mentionne cet exemple toujours traité comme s'il était plus verueux que les aéroports fantômes)
    - des développements portuaires hallucinants (Barcelone traite aujourd'hui 2,5M de EVP/TEUs (autant qu'au Havre) et les digues, remblais, quais... pour faire passer la capacité à 10M, infrastructures structurellement non rentables, ont été financés et construites sur ces fonds. Il s'agit de véritables aspirateurs à importations chinoises, néfastes pour toute l'Europe du sud, et accessoirement basés sur des projections téléologiques de croissance infinie...

    et cela donne un argument très fort sur l'inutilité de relancer la croissance à la Delors par de grands projets d'infrastructure, ou à la bébé-Delors par des project bonds et l'utilisation plus rapide des fonds BEI. Ce dont l'Espagne a besoin, c'est d'une réinstauration de la corrélation consommation intérieure - production industrielle intérieure (fussent-elles alimentées par un mécanisme de crédit vertueux tel qu'analysé par Sapir au sujet de la croissance des Trente Glorieuses)

    Géry

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    1. @Géry
      D'accord avec vous, sur la nécessité pour l'Espagne (mais aussi pour la France) de la - je vous cite - "réinstauration de la corrélation consommation intérieure - production industrielle intérieure", mais l'Espagne, comme tous les pays européens, a (et aura encore plus si sa croissance reprends, ce dont je doute néanmoins) une forte dépendance aux énergies fossiles: il me semble donc nécessaire qu'elle puisse, comme nous, beaucoup investir dans les investissements très lourds de transition énergétique.

      @RomainC
      Merci, je me sens un peu seul en ce moment ;)

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    2. @Géry

      on pourrait y ajouter les nombreux gaspillages, dont cette histoire croustillante n'est qu'une anecdote parmis tant d'autres, mais qui accumulées représentent une fortune !

      http://www.observatoiredessubventions.com/tag/calabre/

      "Bruxelles met les putes en selle!

      En Espagne, dans un petit villa­ge d’Andalousie, un certain Ramon a obtenu une aide de 54000 euros pour créer une école d’équitation. Or il a recruté de drôles de mon­tures… Le centre équestre s’appelle Le Septième Ciel et c’est en réalité une maison close! En Angleterre, la ville de Hull a obtenu une subven­tion, au titre de la compétitivité des régions, pour créer des WC auto­matiques ouverts 24 heures sur 24.
      Tout cela prête à sourire, mais on rit jaune quand on connaît le coût de ces aides. Sur la période 2007-2013, l’UE, au titre des fonds structurels, va redistribuer une somme globale de 336,3 milliards d’euros aux 27 États membres. Sur ce pactole, la France ne touchera que 12,7 mil­liards d’euros, soit seulement 3,8 %. "

      Tout ca me rappelle étrangement l'histoire des chasse-neiges de Cuba ...

      Age

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  6. Mercredi 13 juin 2012 :

    Considérant que l'Union Européenne était à un moment "crucial", le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a décoché de son côté des flèches en direction de celles des "capitales" qui ne mesurent pas l'urgence de la situation.

    "Nous avons un problème systémique devant nous, nous devons avoir un cap et le maintenir. Je ne sais pas si l'urgence est bien comprise par toutes les capitales aujourd'hui", a-t-il déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg.

    http://www.boursorama.com/actualites/italie-monti-affiche-sa-serenite-malgre-la-flambee-des-taux-d-emprunt-80574aa0b4cacf171c2e010311c52766

    José Manuel Barroso vient de dire la phrase la plus importante :

    "Nous avons un problème systémique devant nous"

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  7. @ AJH

    Notre position, c'est de monétiser à hauteur de 5% du PIB pendant un quinquennat (la même somme que la GB) pour retrouver des marges de manoeuvre financière. Cela dépasse le simple paiement des intérêts. Après, on peut considérer que cet argent sert à rembourser les dettes antérieures comme pour payer des investissements. De toutes les façons, ces sommes ne seraient pas strictement affectées.

    @ Raphaël,

    Je pense qu'il faut équilibrer dépenses et recettes de fonctionnement dans des temps normaux. Après, nous ne sommes pas aujourd'hui dans de tels temps. En revanche, je suis hostile à toute camisole budgétaire, pas respect pour la démocratie.

    @ Romain

    Je vais vous renvoyer vers une série de 4 papiers publiés sur mon ancien blog. Voici le premier :

    http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/archive/2010/09/22/une-autre-europe-pourquoi.html

    Attention, le 4ème billet est après un billet d'actualité, un jour après.

    @ Géry & Age

    C'est juste également.

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    1. @Laurent
      Je parlais bien de 100 milliards annuels de monétisation directe (50 milliards de remboursements d'intérêts et 50 milliards d'investissements) ... nous sommes quasiment d'accord ;)

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    2. @AJ Holbecq

      Pour en avoir discuté longuement ici ou ailleurs avec Laurent et les responsables de Debout la République, je peux vous assurer que contrairement à ce que vous affirmez, Debout la République n'est en rien d'accord avec vous et n'a jamais adopté vos positions fantaisistes.

      Il y a point, fondamental, avec lequel vous êtes en désaccord avec Debout la République et Laurent:

      A part vous, personne n'a la naïveté de penser que ces 100 milliards de monétisation n'auront pas d'impact sur l'économie, ne provoqueront pas de choc inflationniste.

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    3. @Arthur Messier/Tythan

      Qu'est ce qui vous fait croire que je penserais que 100 milliards n'auraient pas d'impact sur l'économie? Bien sur que si, ils libèreront les capacités d'investissement de l’État et des collectivités locales, pour le plus grand bien de l'emploi.

      Qu'est ce qui vous fait penser que je penserais que 100 milliards n'auraient pas d'impact sur l'inflation?
      J'ai toujours dit qu'un impact faible était concevable et que si les petits revenus étaient revalorisés en fonction de l'inflation, celle ci serait très positive en terme de dette publique.
      Ceci dit, tant que les entreprises tournent à 70 ou 80% de leurs capacités et que nous avons 5 millions de chômeurs, l'inflation généralisée a peu de motifs d'advenir.

      Dois-je vous rappeler que (du fait des banques commerciales qui furent mal régulées par la BCE) la masse monétaire a cru de plus de 10% chaque année entre 2001 et 2007, ce qui représentait nettement plus que les 5% proposés par DLR (5% du PIB c'est sensiblement 5% de M3)... et que les banques commerciales demandaient des intérêts (inflationnistes) sur cette augmentation? Ici, ce serait la Banque de France qui émettrait la monnaie ... SANS INTERETS !

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    4. Beaucoup essayent de faire peur avec l'inflation voire l'hyperinflation de la République de Weimar dans les années 20. Je rappelle que cette hyperinflation n'a pas été causée à l'origine par une quelconque augmentation de la masse monétaire mais par:
      - une perte de confiance dans la monnaie
      - une augmentation de la vitesse de circulation monétaire
      - les besoins de reconstruction,
      - le déficit de la balance commerciale,
      - l'indexation des salaires sur les prix au plus mauvais moment

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    5. @ Tythan

      Tout dépend de l'évolution de la masse monétaire. Si la masse monétaire privée baisse, alors la monétisation n'a aucun effet inflationniste, comme l'a montré The Economist, soulignant le paradoxe des Etats-Unis, où malgré un déluge de liquidités, l'inflation (dans les biens de consommation ou même le prix des actifs), n'a pas bougé (idem en Europe en ce moment).

      En théorie, et en règle générale, la monétisation tend à provoquer un regain d'inflation, mais ce n'est pas toujours vrai. Tout dépend du contexte (et également du reste de la politique suivie).

      Attention à ne pas caricaturer non plus la pensée d'A-J H.

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    6. @ Laurent Pinsolle

      Une nouvelle fois, nous sommes complètement d'accord et je m'en réjouis. Il faut maintenant que tu arrives à le comprendre et que tu comprennes que tu ne peux pas continuer à te référer à des personnes qui n'ont pas la crédibilité nécessaire et sur lesquelles tu te trompes.

      @AJ Holbecq

      Le mensonge devient une marque de fabrique chez vous... Pourquoi parlez-vous de l'hyperinflation de l'Allemagne de Weimar? En-ai je parlé? Vous continuez dans votre manière détestable de débattre, consistant à répondre en plusieurs posts sur des sujets qui n'ont rien à voir.

      Sur votre premier post, j'en ai assez de me répèter sans cesse et je vous renvoie à mon billet de blog qui répond très bien à vos interrogations: http://tythan.blog.free.fr/index.php?post/2010/12/14/La-mon%C3%A9tisation-des-dettes-publiques

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    7. @ Arthur Messier / Tythan

      1 - Vous ai-je cité en parlant de l'hyperinflation de la période 1920 ? Non...
      2 - "je vous renvoie à mon billet de blog qui répond très bien à vos interrogations:"
      => je n'ai aucune interrogation, surtout auprès de vous :)

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    8. A Laurent qui écrit en réponse à Messier " Si la masse monétaire privée baisse, alors la monétisation n'a aucun effet inflationniste,"

      Il y a un moyen d'empêcher la masse monétaire d'augmenter par l'émission de crédits bancaires, à la volonté de la Banque de France, malgré une émission de monnaie centrale; c'est d'augmenter le montant des réserves obligatoires.

      PS (mode ironie): Il faut maintenant que tu arrives à le comprendre et que tu comprennes que tu ne peux pas continuer à te référer à des personnes telles Messier qui n'ont pas la crédibilité nécessaire et sur lesquelles tu te trompes. ;)

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    9. @ A-J
      Je crois qu'il vaut mieux s'abstenir de réponde dorénavant à Tythan, du moins tant qu'il persistera dans sa prétention à comprendre quelque chose aux problèmes monétaires, et qu'il ne" renoncera pas aux injures ad hominem. Répondre rationnellement à un troll irrationnel, c'est lui accorder l'importance qu'il ne mérite pas.


      Sur le fond, maintenant :

      La monétisation du déficit public a-t-elle un effet inflationniste ? Uniquement dans la mesure où il se substitue à un endettement extérieur - et dans ce cas l'inflation serait un moindre mal. Mais en réalité un effet "inflationniste" en période de déflation équivaut à un rééquilibrage nécessaire. Il vaudrait mieux parler dans ce cas de reflation.

      La monétisation du capital est-elle concevable ? Si la banque centrale remboursait par anticipation l'ensemble de la dette, une partie sortirait du pays pour rembourser la dette extérieure, et produirait une dépréciation provisoire du franc (ennuyeuse pour l'inflation importée mais bénéfique pour le redémarrage industriel). Une partie reviendrait aux agents économiques rentiers du pays, dont on peut s'attendre qu'ils en conservent la plus grande partie sous forme d'épargne - d'où un effet inflationniste limité de ce côté là. Enfin, l'on pourrait envisager que la Banque Centrale se charge du remboursement progressif de la dette publique ; ce serait donc le service de la dette qui serait chaque année monétisé. Les effets susmentionnés seraient lissés dans le temps.

      Le problème n'est cependant pas l'effet inflationniste en question. Nous devons l'avoir en tête, et savoir qu'une fois la situation revenue à la normale, le déficit des finances publiques doit tendre vers zéro en moyenne. Mais nous ne sommes pas en situation normale, et même une forte bouffée inflationniste ne serait pas un problème : au contraire, elle accélèrerait un retour à la normale des ratios d'endettement et redistribuerait le revenu national des rentiers vers les producteurs. Le vrai danger serait une inflation chronique qui deviendrait vite déstabilisante. Encore une fois nous devons bien distinguer la politique des temps normaux et celle qui nous sera imposée pour revenir à ces temps normaux.

      J'ai écrit que le déficit doit tendre vers zéro en situation normale - en fait il doit être consacré au pilotage du cycle économique, via un système fiscal conçu pour gonfler les recettes pendant les booms et les réduire durant les crises, avec des dépenses aussi stables que possibles. Quand l'investissement privé est rétabli, je suis réticent à l'idée de financer par le déficit des dépenses d'investissement, qui peuvent être programmées, lissées, et donc financée par l'impôt sans effet inflationniste à long terme.
      Il y a un débat important à mener sur ce point, je crois.

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    10. @Joël

      Je te répondrai en M.P. aujourd'hui ou demain, et je mettrai Laurent en destinataire... ici je suis certain que ce serait encore donner à Tythan une occasion de s'énerver ;)

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  8. Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne, Chypre : les dominos tombent les uns après les autres.

    L'Espagne et l'Italie foncent vers un défaut de paiement total.

    Jeudi 14 juin 2012 :

    L'Italie emprunte 4,5 milliards d'euros à moyen et long terme, bond des taux.

    L'Italie a vu ses taux flamber et dépasser les 6% sur les échéances les plus longues jeudi lors d'une émission de dette très suivie, alors qu'elle est de nouveau sous la pression des marchés, mais elle a atteint son objectif maximum en levant 4,5 milliards d'euros.

    Le Trésor italien a emprunté 3 milliards d'euros de titres à trois ans à un taux de 5,30%, contre 3,91% le 14 mai, dans un marché tendu, marqué par la dégradation de la note de l'Espagne de trois crans par Moody's, qui a propulsé les taux de Madrid à des nouveaux sommets sur le marché secondaire.

    Selon le résultat de l'opération communiqué par la Banque d'Italie, Rome a en outre émis 627 millions d'euros de titres à échéance 2019 et 873 millions à échéance 2020.

    Sur ces deux maturités, les taux ont franchi la barre symbolique des 6%.

    Pour l'emprunt à 7 ans, l'Italie a dû payer un taux de 6,10%, contre 5,21% lors de la précédente émission le 27 avril.

    Pour l'emprunt à 8 ans, l'Italie a dû payer un taux de 6,13%, contre 5,33% lors de la précédente émission le 14 mai.

    Mercredi, Rome avait déjà enregistré un bond de ses taux à 3,972%, contre 2,34% le mois dernier lors de l'émission de 6,5 milliards d'euros de titres à un an.

    L'Italie, qui avait réussi à regagner la confiance en début d'année grâce aux mesures de rigueur et aux réformes du gouvernement Monti, alimente à nouveau l'inquiétude des marchés.

    A présent que l'Espagne a accepté un plan d'aide pour ses banques, certains analystes craignent que l'Italie, dont la dette colossale dépasse les 120% du PIB, ne soit le prochain domino de la zone euro à tomber.

    (AWP / 14.06.2012 12h00)

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    1. L’Allemagne refuse les solutions de mutualisation des risques qui nécessitent que soient d’abord opérés par les pays membres de la zone euro des transferts de souveraineté à un pouvoir européen. Elle refuse donc pour le moment :

      1) la mutualisation des garanties bancaires.

      http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/merkel-veut-que-la-bce-supervise-les-banques-europeennes_302864.html#xtor=AL-241

      2) les euro-obligations.

      3) Même si cela n’a pas été dit explicitement, elle refuse probablement aussi les achats directs de dettes souveraines par la banque centrale européenne comme le font les banques centrales américaine et britannique. L’étude ci-dessous indique qu’en effet la Réserve Fédérale et la Banque d’Angleterre ont maintenant clairement un objectif de contrôle des taux d’intérêt à long terme. Cet objectif est atteint par des achats très importants de dette publique par les deux Banques centrales, par «l’opération Twist » (achat de titres longs et vente de titres court) aux Etats-Unis.

      http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=64434

      Il est clair que si l’Allemagne persiste dans ces refus de mutualisation des risques au nom de la préservation de l’intérêt national allemand, la zone euro risquera tôt ou tard d’éclater sous la pression des marchés financiers qui imposent des taux d’intérêt prohibitifs aux pays en difficulté de la zone euro confrontés au chômage et à la récession et qui ont perdu aussi la possibilité de dévaluer leur monnaie pour se tirer d’affaire.

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    2. Une étude ci-dessous de Patrick Artus qui estime qu’effectivement l’Allemagne a financièrement intérêt de refuser les solutions de fédéralisme et de mutualisation des risques en raison de mauvais état actuel de la zone euro, hors Allemagne (bien que ces solutions seraient indispensables à la survie de la zone euro).

      http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=64507

      Je pense que ces solutions devaient probablement être mises en œuvre quand tout allait bien en zone euro. Disons qu’il faudrait reculer d’une dizaine d’années. Aujourd’hui il est sans doute trop tard car il y a trop de dégâts financiers, de compétitivité, de désindustrialisation, à combler en zone euro hors Allemagne.

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  9. Depuis le début de la crise, la dette publique de l'Espagne explose :

    2007 : la dette publique était de 36,3 % du PIB.
    2008 : la dette publique était de 40,2 % du PIB.
    2009 : la dette publique était de 53,9 % du PIB.
    2010 : la dette publique était de 61,2 % du PIB.
    2011 : la dette publique était de 68,5 % du PIB.
    2012 : la dette publique était de 72,1 % du PIB fin mars 2012.

    La dette publique de l’Espagne a atteint fin mars un nouveau record historique, représentant 72,1% du PIB, huit points et demi de plus qu’il y a un an (63,6%), selon les chiffres publiés vendredi par la Banque d’Espagne.

    Le niveau de la dette espagnole devrait fortement progresser au cours de 2012, le gouvernement tablant sur 79,8% du PIB en fin d’année, une prévision ne tenant pas compte du prêt européen aux banques espagnoles, qui pourrait atteindre 100 milliards d’euros et augmenter alors la dette de dix points.

    (Dépêche AFP)

    En clair : fin 2012, la dette publique de l’Espagne sera de 90 % du PIB.

    Considérant que l’Union Européenne était à un moment « crucial », le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a décoché de son côté des flèches en direction de celles des « capitales » qui ne mesurent pas l’urgence de la situation.

    « Nous avons un problème systémique devant nous, nous devons avoir un cap et le maintenir. Je ne sais pas si l’urgence est bien comprise par toutes les capitales aujourd’hui », a-t-il déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg.

    http://www.boursorama.com/actualites/italie-monti-affiche-sa-serenite-malgre-la-flambee-des-taux-d-emprunt-80574aa0b4cacf171c2e010311c52766

    José Manuel Barroso vient de comprendre.

    José Manuel Barroso vient de dire la phrase la plus importante :

    « Nous avons un problème systémique devant nous »

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  10. Rahmoune BACHA16 juin 2012 à 20:08

    Bonjour, je suis professeur agrégé de mathématiques, et autant vous le dire tout de suite, je n'y connais rien en économie, cependant, une question me brûle les lèvres, question que personne dans les médias n'a jamais soulevé: Pourquoi ne peut-on pas dévaluer l'euro, pour faire repartir l'Europe ?

    Les dévaluations étaient courantes, sous Giscard, Mitterrand, et dans tous les pays d'Europe, si ma mémoire est bonne.

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  11. @ Rahmoune Bacha

    C'est possible en théorie. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé aux débuts de la monnaie unique, qui s'est dépréciée de 1,17 à 0,83 dollar après 1999. Mais le problème est que la mission de la BCE est uniquement la stabilité des prix avec un biais fort favorable à une monnaie chère. Du coup, l'euro tend à être en permanence trop cher. Il faudrait revoir le mandat de la BCE et / ou revenir sur son indépendance pour cela.

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