dimanche 17 juin 2012

La zone euro au bord de l’implosion


Il y a quelques jours, Thierry Fressoz parlait naïvement du « retour inattendu de l’idée européenne ». Mais, depuis, les dirigeants européens se critiquent sévèrement par média interposés, ce qui pourrait hâter la fin de cette construction monétaire qui se révèle ingérable.

Querelle sur l’euro

La querelle actuelle sur l’avenir de la zone euro est d’autant plus grave qu’elle a lieu alors que les taux sur la dette espagnole n’ont jamais été aussi hauts. Et ses désaccords étalés en public accentuent la tension sur les marchés, précipitant le besoin d’un énième plan, sur lequel il semble bien évident que les dirigeants européens sont incapables de s’entendre. Bref, à la veille d’un vote crucial en Grèce, l’avenir de la monnaie unique ne semble plus tenir qu’à un fil.

Le sujet de la querelle est simple. François Hollande a publié un plan pour sortir de la crise de la zone euro qui représente une simple fuite en avant qui consiste à mettre en commun une partie de la dette des Etats européens et de créer une garantie commune des dépôts bancaires pour éviter les fuites de capitaux. Mais ce shéma revient à demander à l’Allemagne de devenir la caution de dernier ressort de l’ensemble des pays européens, ce qui n’enchante pas Berlin.

Face à ce plan et aux critiques du nouveau gouvernement, Angela Merkel a répondu de manière très ferme en affirmant que « la médiocrité ne doit pas devenir l’étalon en zone euro » et que « les réflexions sur la mutualisation de la dette sont peut être dans l’intérêt de certains sur les marchés, mais elles mèneraient l’Allemagne à la médiocrité ». Pour elle « financer la croissance avec de nouvelles dettes, ce n’est pas viable ». Le point de non retour est proche.

Une union totalement ingérable

Certes, les banques centrales ont déjà annoncé s’être entendues pour réagir en cas de victoire de SYRIZA en Grèce, mais la situation est totalement explosive. Si les opposants aux plans européens l’emportaient, la situation pourrait devenir incontrôlable. Parallèlement, la situation continue à s’aggraver en Espagne avec les dégradations successives des agences de notation, pas convaincues par le dernier plan européen, alors que le FMI se permet d’exiger plus d’austérité.

Bien sûr, les fédéralistes clament que plus d’intégration serait la solution. Mais tout d’abord, les décisions prises dans ce sens depuis plus de deux ans n’ont absolument rien réglé et on peut sérieusement douter de leur capacité à régler cette crise puisque le fédéralisme ne traite que les conséquences des problèmes (les déficits budgétaires) et non les causes (les déséquilibres commerciaux, la dépendance aux marchés financiers du fait du refus de monétiser).

Mais surtout, ce nouvel épisode démontre à nouveau que l’union monétaire d’une partie de l’Europe est une mauvaise idée. Cette monnaie est bel et bien ingérable comme le montre ces disputes en pleine tempête. Comment gérer une monnaie unique pour des pays aussi différents ? Chaque pays a besoin d’une monnaie propre. Ce qui marche à l’échelle d’une nation ne marche pas à l’échelle de plusieurs nations, comme nous le voyons depuis maintenant plus de deux ans.

Bien sûr, une nouvelle pseudo solution pourrait sortir du chapeau des dirigeants européens, surtout si SYRIZA ne gagne pas les législatives. Mais la sévérité de la crise semble rendre possible une explosion rapide de la monnaie unique, surtout si la gauche radicale gagne dimanche en Grèce

14 commentaires:

  1. propos interessant mais vous continuez à faire une fixette sur la monnaie
    or çe n'est pas le seul outil macroéconomique possible pour une nation
    la france pourrait tout aussi bien rétablir des tarifs douaniers pour ne plus subir la concurrence déloyale des pays à bas couts
    maintenant entre les 2 lequel est le plus pertinent pour un pays comme la france, je ne sais pas
    ce qui est sur c qu'il faut sortir par le haut de cette situation
    que hollande nous demande donc notre avis par référendum, on est encore en démocratie après tout.
    cordialement.

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    1. Le programme de DLR (voir le programme présidentiel de NDA) prévoit un certain protectionnisme. La sortie de l'Euro n'est en effet qu'un outil parmi d'autres.

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  2. Ce qu’il y a de formidable, dans le projet de François Hollande, c’est « l’idée ».
    Au fond, qu’importent la réalité de son projet ou sa faisabilité, et peu importe aussi ce qu’on mettra dedans, ce qui compte, c’est l’architecture. François Hollande propose un « beau » projet – au sens esthétique du terme. Qu’on en juge plutôt, de la croissance, de la mutualisation, de la solidarité, de l’avenir, de l’Europe. Cela ressemble à s’y méprendre à une plaquette publicitaire pour une école de commerce ; qu’il soit réaliste ou non, le projet a au moins le sens de l’élévation et de l’architecture audacieuse.
    Ne rions pas. Cela me semble procéder d’un art typiquement français. Nous n’avons pas dressé les cathédrales gothiques pour rien et Versailles c’est encore nous. L’art du truc improbable, haut, universel, beau, participe de notre génie. Et, au moins sur le plan des « idées » économiques, François Hollande contribue bien à l’illumination du projet européen.

    Là-dessus, pas de chance, Angela Merkel répond « médiocre ».
    Face au génie français, répond l’austérité toute teutonne. Oui, vous avez raison, le projet n’est pas très faisable et pour le moins, ce sont bien les Allemands les contributeurs (peut-être encore un trait français, nous pensons, les autres réalisent ?).

    Je reconnais que cette présentation insiste un peu lourdement sur une forme de déterminisme national. Il n’empêche, ce qui importe c’est de voir qu’il existe bien des formes de cultures nationales, des manières de penser qui ne sont pas similaires, des valeurs profondes qui sont différentes. L’important n’est pas de savoir d’où elles viennent (l’histoire, la culture, la religion, l’anthropologie) mais de constater qu’elles existent. Nous ne pensons pas de la même façon et nous n’avons pas les mêmes intérêts.
    J’invite à relire la devise de l’Europe : « unis dans la diversité ». Elle n’est pas complètement idiote. Elle indique un fait fondamental : nous sommes différents. Alors pourquoi nous imposer le conformisme et l’uniformité à travers l’euro ?
    Au fond, et il faut insister dessus, l’euro s’impose en contradiction avec les valeurs profondes de l’Union européenne. Il impose l’uniformité et par delà les divisions. On pourrait résumer cela en une phrase : l’euro tue l’Europe.

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    1. SI, un projet de relance européen par l'investissement est possible. Il serait d'ailleurs largement facilité si la BCE pouvait financer les investissements collectifs au même taux qu'elle ne finance les banques commerciales et que ces financements n'apparaissent pas en déficit!

      Le groupe "financements innovants" de la Fondation Nicolas Hulot a calculé qu'il faudrait seulement 300 milliards par an pendant 10 ans (soit une création monétaire de 3% de M3 )

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    2. l'euro tue l'Europe, la formule produit son effet!

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  3. @ Léonard,

    Très juste. C'est tout le problème de l'euro que nous imposer une monnaie unique pour des pays différents qui ont besoin d'une monnaie différente.

    @ Anonyme

    C'est juste, le protectionnisme est un élément clé de la réforme économique dont nous avons besoin, tout comme la définanciarisation. Mais l'euro en lui-même pose de gros problèmes :

    http://www.gaullistelibre.com/2012/05/la-faillite-de-leuro-14.html (avec 3 papiers qui suivent)

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  4. @Léonard
    Oui, pour reprendre votre expression, sur ce coup on peut dire en effet que François Hollande est un illuminé à défaut d'être éclairé (je traduis en français le Nein de frau Merkel).

    Je réserve la suite de mes commentaires sur l'euro pour plus tard étant donné que nous connaitrons dans quelques heures les résultats de SYRIZA :-)

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  5. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a estimé dimanche que les dirigeants européens "ne pouvaient pas rater" le sommet des 28 et 29 juin pour trouver une solution à la crise économique et financière et devraient "être à la hauteur" car la situation actuelle "ne peut pas durer"."Il faut que les Européens soient à la hauteur pour régler cette question de la dette, de la gestion de la dette, éviter que le système bancaire explose (...) et puis, par ailleurs, il faut des initiatives de croissance", a estimé M. Ayrault, qui venait de voter pour le 2e tour des législatives à Nantes."Quand on voit que même l'Allemagne voit les intérêts de ses emprunts d'Etat augmenter, certes ça reste encore très bas, mais la France est un peu plus haute, mais l'Italie augmente aussi ses taux, très élevés, l'Espagne, et puis regardez la Grèce qui emprunte à 30%, ça ne peut pas durer", a-t-il également déclaré."Je suis préoccupé par la situation de l'euro en général, pas seulement de la Grèce, et j'espère qu'à la fin du mois, les dirigeants européens auront pu se mettre d'accord sur ce qui pourrait stabiliser la situation par rapport aux marchés parce que, sinon, les marchés font danser un peu tout le monde et ça, c'est pas bien", a-t-il encore déclaré."Face à une situation aussi préoccupante, on ne peut pas rater ce rendez-vous des 28 et 29 juin", a-t-il encore estimé."C'est tout l'enjeu du débat qui a lieu actuellement entre dirigeants européens, et ils ne ménagent pas leur peine et leur temps", a-t-il souligné, rappelant que François Hollande et Angela Merkel s'étaient encore parlé samedi."Je ne vois pas comment les Européens ne peuvent pas trouver de solution", a-t-il déclaré."Il y a aussi le projet européen qu'il faut relancer (...), c'est tout l'enjeu politique: (...) est-ce qu'on veut relancer le projet politique européen, et de ce point de vue, Mme Merkel a fait des propositions qui, si on raisonne à moyen terme, vont dans le bon sens", comme "une plus grande solidarité politique", a encore déclaré le Premier ministre."Mais en même temps, ça ne peut être crédible que si on traite les questions d'aujourd'hui: si on ne se projette que dans l'avenir et qu'on ne traite pas l'urgence -sortir de la crise, sortir de la domination des marchés financiers, relancer la croissance-, l'étape de relance du projet européen sera contrariée", a-t-il conclu :

    http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/pour-ayrault-les-europeens-ne-peuvent-pas-rater-le-sommet-des-28-et-29-juin-17-06-2012-2052844.php

    Autrement dit, pour traiter l'urgence, il faudrait d'ici les 28 et 29 juin,convaincre les allemands d'accepter les eurobonds et (ou) d'imposer à la BCE de faire des achats massifs de dettes des pays en difficulté pour que leurs taux d'emprunt puisse baisser. Mais, encore une fois, les allemands devraient y réfléchir à deux fois avant de prendre en charge les pays malades de la zone euro:

    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=64507

    Saul

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  6. Nouvelle Démocratie en s'associant au Pasok devrait pouvoir obtenir la majorité qui est nécessaire au soutien du plan d'austérité. Mais le rendez-vous le plus important pour l'avenir de la zone euro interviendra les 28 et 29 juin. On saura, à cette occasion, si les allemands auront accepté de faire les concessions nécessaires à la survie de celle-ci, du moins au traitement des problèmes urgents des pays en difficulté.

    http://fr.news.yahoo.com/nouvelle-d%C3%A9mocratie-vainqueur-des-%C3%A9lections-grecques-184002857.html

    Saul

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  7. cette histoire de sauvetage de l'euro ressemble étrangement a "Pierre et le Loup" quand cela va dégringoler vraiement ce sera la surprise du chef ; bien sur par la suite les experts a Maubeuge nous dirons je vous l'avais bien que la réunion du xx était la dernière chance

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  8. pour ceux qui ne connaissent pas la série "les experts a Maubeuge " c'est avec Justin Bridoux

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  9. Lundi 18 juin 2012 :

    Banques espagnoles : taux record de créances douteuses en avril, à 8,72%.

    Le taux de créances douteuses des banques espagnoles, indice de leur vulnérabilité, a encore progressé en avril, atteignant un nouveau record depuis 1994 à 8,72%, a annoncé lundi la Banque d'Espagne.


    Les créances douteuses, principalement des crédits immobiliers susceptibles de ne pas être remboursés, s'élevaient en avril à 152,740 milliards d'euros, soit 8,72% du total des créances, contre 8,37% en mars et 8,15% en février.


    La zone euro a annoncé le 9 juin qu'elle accordait un prêt pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros à l'Espagne pour renflouer son secteur bancaire, très affaibli par son exposition au secteur immobilier sinistré depuis l'explosion de la bulle en 2008.


    Son taux de créances douteuses, qui n'était que de 3,37% fin 2008, s'est par exemple fortement détérioré depuis le début de la crise.

    (©AFP / 18 juin 2012 11h02)

    Dette : le taux de l'Espagne inverse la tendance et se tend au-delà des 7%.

    Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne inversait la tendance lundi matin et se tendait très nettement pour dépasser les 7% et afficher un nouveau record, signe que les craintes sur la zone euro ont repris le dessus malgré le vote grec.

    A 10H12 (08H12 GMT), le rendement de l'emprunt espagnol de référence, qui évolue en sens inverse de la demande, montait à 7,061%, contre 6,838% vendredi soir.

    Ce taux s'était pourtant nettement détendu en début de séance, grâce au bref répit permis par la victoire de la droite pro-euro en Grèce.


    http://www.bloomberg.com/quote/GSPG10YR:IND

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  10. Grèce : les marchés craignent déjà un manque d'argent :

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/06/18/20002-20120618ARTFIG00569-grece-les-marches-craignent-deja-un-manque-d-argent.php

    « Les marchés obligataires ont été les premiers à se retourner ce matin, avec une forte hausse des taux d'emprunt espagnols passés de 6,7% à 7%, et italiens passés de 5,8% à 6%. Au même moment les taux grecs se détendaient toujours de 67 points de base!

    Les marchés redoutent l'effet des «vases communicants»: les ressources de la zone euro étant plafonnées sur décision politique, plus d'argent pour la Grèce signifie moins d'argent disponible pour ses grands voisins italiens et espagnols. »

    « Les marchés ont vite compris la mécanique de solidarité financière européenne, qui, aussi complexe soit-elle en apparence, repose toujours, in fine, sur une garantie d'emprunt offerte par l'Allemagne. Laquelle a prévenu que ses ressources n'étaient pas illimitées. »

    Et oui ! A combien s'élèvent les besoins de l'Espagne : 100 ou 400 milliards d'euros ?

    http://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2012/06/14/nigel-farage/

    Saul

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  11. Oui l'Espagne à 7%, c'est le taux de la Grèce en 2010. donc en 2014 si tous va bien l’Espagne et l’Italie, et le Portugal et le... vont rejoindre bien gentiment le club très VIP à un taux cetel?? de 21%. (Very Importante Poor)

    Bonjour chez vous.

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