samedi 31 mars 2012

The Economist juge notre présidentielle

C’était l’événement d’hier. L’hebdomadaire britannique consacre un dossier à l’élection présidentielle française dans son numéro du 30 mars, affirmant que « la France est dans le déni » et qu’il s’agit de « l’élection occidentale la plus frivole ».

Ce qu’il y a de juste dans leur critique

Si la critique de The Economist est parfois sévère, elle n’en demeure pas moins parfois très juste. Il critique la frivolité des débats abordés (viande halal…) et l’absence de véritable débat économique tirant les leçons de la crise. Il s’étonne de voir les sujets économiques aussi peu abordés, ou alors à travers des mesures plus symboliques que réellement structurantes (comme le taux d’imposition à 75% pour les personnes gagnant plus d’un million d’euros par an).

L’hebdomadaire anglais tire un portrait peu flatteur des deux principaux candidats. Nicolas Sarkozy est particulièrement peu épargné. Même s’il le crédite de quelques réformes positives à ses yeux (retraites, universités), The Economist dénonce ses contradictions en soulignant qu’il avait commencé la campagne en parlant du modèle allemand avant de tourner casaque. Puis, il souligne que le traité de Schengen était en cours de révision et dénonce ses annonces.

François Hollande est également largement critiqué, notamment pour sa proposition de nouvelle tranche d’impôt sur le revenu, même si Olivier Ferrand, président de Terra Nova admet qu’elle est largement « symbolique ». Le journal des élites globalisées apprécie peu la critique de la finance et souligne le double discours de François Hollande à ce sujet, qui avait dit à Londres que « la gauche a libéralisé l’économie et ouvert les marchés financiers ».

Une critique également abusive

vendredi 30 mars 2012

L’Espagne, victime de l’euro austérité


Hier, Mariano Rajoy affrontait sa première grève générale, comme le rapporte le Figaro. La crise économique qu’affronte le pays est violente. Les conservateurs, récemment élus, ont décidé de mettre en place un plan sévère d’économie et une libéralisation du marche du travail.

Madrid, victime de l’euro

Avant de revenir sur la situation actuelle, il faut revenir aux racines de la crise espagnole. Le pays a connu une énorme bulle immobilière, qui lui a permis de croître au rythme de 3 à 4% par an. Au point le plus haut, l’Espagne construisait plus de logements que la France et l’Allemagne réunis, qui comptent plus de trois fois plus d’habitants à elles deux. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel et la bulle a explosé. Aujourd’hui, un million de logements sont inoccupés.

On pourrait croire qu’il s’agit simplement d’une mauvaise gestion du pays. Mais les banques avaient des normes contra-cycliques (elles devaient mettre plus de réserves de côté, du fait de la croissance) et le budget du pays était en excédent de 2005 à 2007, faisant de l’Espagne le pays le moins endetté de la zone euro (moins de 40% du PIB). La raison de cette bulle est assez simple : une politique monétaire inadaptée et inadaptable aux caractéristiques du pays.

En effet, avec la monnaie unique, l’Espagne s’est vue imposée un taux d’intérêt beaucoup trop faible pendant les années 2000. Les taux de la BCE, à 4%, rendaient l’argent bien trop bon marché pour le pays. La faible croissance dans le reste de la zone euro ne permettait pas des taux plus élevés alors que l’Espagne en avait absolument besoin pour stopper cette bulle. Avec la peseta, l’Espagne aurait pu monter ses taux et éviter la bulle… et une telle crise.

Gueule de bois ibérique

jeudi 29 mars 2012

L’Europe menace la protection de notre cinéma


S’il y a bien un domaine où le protectionnisme a démontré son efficacité, c’est le cinéma. Malheureusement, comme ce sont des distorsions à un marché libre, la Commission Européenne semble vouloir intervenir et réduire les protections de notre industrie cinématographique.

Un protectionnisme intelligent

Notre cinéma bénéficie en effet de mesures protectionnistes extrêmement fortes. Tout d’abord, pour protéger une partie des débouchés, des quotas de diffusion d’œuvres françaises existent à la télévision. Canal Plus doit également consacrer 20% de son chiffre d’affaire au financement d’œuvres audiovisuelles françaises. En outre, la taxe sur les œuvres cinématographiques touche tous les films (y compris étrangers) mais ne finance que les films français.

Et les résultats de cette politique qui combine offre et demande sont extrêmement bons. En 20 ans, le nombre d’entrées a progressé de 80%, passant de plus de 100 à 200 millions. Il faut remonter aux années 1960 pour retrouver de tels chiffres. Mieux, la part des films français ne cesse d’augmenter et ils font maintenant jeu égal avec les films étasuniens. En outre, cette protection n’empêche pas nos films de s’exporter, ni à la France de rester ouverte sur le monde.

La menace européenne

mercredi 28 mars 2012

Du rôle des inégalités dans les crises

Le fait que le niveau des inégalités ait battu le record de 1929 en 2007, juste avant une grande crise financière fait réfléchir les économistes. De plus en plus d’entre eux affirment qu’il y a un lien entre les inégalités et les crises financières, comme le rapporte The Economist.

Ce qu’en disent des économistes

L’hebdomadaire britannique rapporte plusieurs travaux qui soutiennent cette thèse. Raghuram Rajan, de l’université de Chicago, affirme que du fait de la baisse du pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires par rapport aux classes supérieures, l’Etat a laissé se développer le crédit pour leur permettre de compenser le décalage. Rajan souligne le rôle de Fannie Mae et Freddie Mac dans la bulle des subprimes, même s’il y a débat du fait du rôle des banques privées.

The Economist cite ensuite une étude de deux économistes du Fonds Monétaire International, Michael Kumhof et Romain Rancière. Pour eux, la croissance des inégalités mène systématiquement à une crise financière. En effet, la pression du capitalisme actionnarial sur les entreprises pousse à la compression des salaires, ce qui incite les ménages à emprunter pour maintenir leur pouvoir d’achat, créant une bulle en augmentant l’effet de levier du système financier.

Puis, il cite une autre étude de deux économistes de l’université de Chicago, Marianne Bertrand et Adair Morse. Ils ont étudié l’évolution de la consommation des ménages en fonction de leurs revenus. Ils en ont conclu que celle des ménages modestes est influencée par celle des ménages aisés. Par conséquent, si les revenus n’évoluent pas de la même manière, cela est compensé par un recours plus important à l’emprunt ou aux dépenses publiques.

Une histoire connue


mardi 27 mars 2012

L’incroyable budget néolibéral de la Grande-Bretagne


La semaine dernière, le ministre des finances britanniques a annoncé de nouvelles mesures pour les années à venir. Après avoir monté les impôts des plus pauvres, le gouvernement conservateur a décidé de baisser l’impôt des plus riches et des multinationales !

Deux poids deux mesures

La comparaison entre le plan annoncé récemment et le premier train de mesures décidé par l’équipe de David Cameron en 2010 est surprenant. Il y a un peu moins de deux ans, il avait mis en place un plan d’austérité sévère, comprenant notamment une augmentation de 2,5 points de la TVA, une augmentation des taxes sur la finance (limitée finalement à l’impôt de bourse) et une baisse sévère des dépenses des ministères et notamment du traitement des fonctionnaires.

Le chancelier Osborne a annoncé le 21 mars un nouveau train de mesures qui montre bien que les deux côtés de la Manche ne fonctionnent pas du tout de la même manière. Malgré les immenses efforts demandés à tous depuis deux ans, le gouvernement a annoncé deux mesures très marquantes : une baisse de la tranche marginale d’impôt sur le revenu de 50 à 45% (et potentiellement 40%) et une baisse de l’impôt sur les sociétés de 26 à 24%, puis 22%.

Naturellement, les travaillistes ont fortement attaqué ce « budget pour millionnaires ». Le parti conservateur a critiqué l’augmentation de la tranche marginale d’impôt sur le revenu (décidée par le gouvernement de Gordon Brown) en soulignant qu’elle n’avait rapporté que 100 millions de livres. En fait, cela s’explique par l’optimisation fiscale des ménages qui gagnent plus de 150 000 livres par an, dont la base taxable a baissé de 25% l’année de la réforme (87 vs 116 milliards).

La logique néolibérale à l’œuvre

dimanche 25 mars 2012

Halte à la morale économique !

Influence des mathématiques ? Conformisme intellectuel ? Dogmatisme borné ? Il est incroyable de voir à quel point le débat économique est aujourd’hui fermé. Seuls des experts qui pensent tous pareil ont accès aux grands médias, qui se privent du talent des Sapir, Gréau ou Lordon.

Les 10 commandements économiques

L’euro et l’Europe tu ne critiqueras pas. La fin de l’euro aux plaies d’Egypte tu compareras. Les capitaux circuler sans la moindre restriction tu laisseras. Le commerce des biens tu n’entraveras pas. Le protectionnisme, responsable de la crise de 1929 tu feras. L’indépendance de la banque centrale tu sanctifieras. La création monétaire tu condamneras (sauf si elle se fait pour les banques privées). L’excès de dépenses publiques tu dénonceras. Le déficit public à la hache tu réduiras. Aux dettes souveraines la responsabilité de la crise tu attribueras.

On pourrait continuer la liste longtemps. Le fait de s’arrêter à dix commandements est bien évidemment arbitraire. Pourtant, les sujets à controverse ne manquent pas. On se plaint de la crise financière, mais il est incroyable que si peu de personnes viennent à remettre en cause la liberté de circulation des capitaux, qui a pourtant permis à la crise de traverser si vite l’Atlantique. On dit que les banques sont trop grosses pour faire faillite, mais personne ne propose de réduire leur taille.

Il est aussi proprement incroyable que le prêt de 1000 milliards d’euros par la Banque Centrale Européenne aux banques privées entre décembre et mars n’ait pas occasionné un débat plus important. Mais non, la BCE peut créer l’équivalent de 10% du PIB européen de monnaie en trois mois et pas grand monde ne songe à lui demander des comptes ou à se demander s’il est bien raisonnable de le faire ainsi. Et je ne parle même pas de l’état du débat sur l’euro

Une nouvelle guerre des religions


samedi 24 mars 2012

La crise de l’anarchie néolibérale

La crise actuelle n’est pas seulement la conséquence des excès des subprimes ou du comportement individuel de quelques traders. Elle est la conséquence directe des excès de la déréglementation.

Aux racines du mal : une triple déréglementation

À partir des années 70, les structures économiques relativement rigides issues de l’après-guerre ont été démantelées par les tenants d’une liberté économique sans limites. Ils sont parvenus à mettre en place une triple déréglementation, monétaire, commerciale et financière, liée par l’idéologie et des intérêts croisés. La libéralisation financière pousse ainsi celle du commerce puisque les multinationales qui investissent à l’étranger cherchent ensuite à exporter. La libéralisation monétaire pousse la libéralisation financière pour permettre aux entreprises de se couvrir contres les évolutions erratiques du cours des monnaies.

On oublie aujourd’hui le rôle fondamental de la fin de la convertibilité du dollar en 1971, qui a accéléré la financiarisation de l’économie (le marché des devises est le premier au monde). Puis, les accords commerciaux se sont multipliés pour démanteler les barrières douanières et assurer une circulation la plus libre possible des biens. Enfin, les années 80 ont vu une accélération de la déréglementation financière jusqu’à ce que les échanges financiers soient 50 fois plus importants que ceux de marchandises.

Les trois conséquences de la déréglementation

vendredi 23 mars 2012

Rendez-vous de campagne


Après les évènements de Toulouse et la mort du tueur jeudi matin, la campagne pour l’élection présidentielle devrait pouvoir reprendre ses droits. Dimanche, nous avons une étape importante avec notre premier meeting depuis la parution de la liste des candidats officiels.

Le meeting de dimanche

Je vous donne donc rendez-vous dimanche 25 mars à 13H, à la salle Equinoxe au 18, rue du colonel Pierre Avia dans le 15ème arrondissement à Paris, métro Balard. Ce sera l’occasion pour ceux qui ne connaissent pas encore bien Nicolas Dupont-Aignan de découvrir sa vision de la France en grand format. Les émissions de télévision ou de radio sont souvent trop courtes et trop dominées par des sujets d’actualité plus ou moins intéressants pour bien saisir la pensée d’un candidat.

Un discours est le meilleur moyen de comprendre les idées d’un homme qui se présente à la magistrature suprême, par delà les polémiques souvent superficielles. C’est pourquoi n’hésitez pas à venir nombreux et accompagnés pour faire découvrir Nicolas Dupont-Aignan à des amis ou à la famille. Ce sera également l’occasion de découvrir plus encore notre mouvement, Debout la République, et ses militants grâce à qui nous sommes présents dans cette campagne.

Des rendez-vous parisiens

jeudi 22 mars 2012

Le vent de la reprise souffle outre-Atlantique


Petit à petit, les signes s’accumulent. Les clignotants passent progressivement tous au vert. L’économie étasunienne semble être entrée dans une vraie phase de reprise, comme le rapporte The Economist dans son numéro du 17 mars.

La reprise se confirme

L’an dernier, on se posait la question du risque d’une rechute de l’économie. La crise financière de la zone euro avait accru les risques d’une récession en ajoutant une instabilité des marchés pendant le second semestre. Mais depuis trois mois, la crise financière a pris (temporairement) fin et surtout, les signes de reprise s’accumulent outre-Atlantique. Tout d’abord, alors que l’Union Européenne a vu son PIB reculer au 4ème trimestre, celui des Etats-Unis a progressé de 3%.

Mieux, le rythme de création des emplois s’accélère puisque le taux de chômage officiel est tombé à 8,3%, le niveau le plus bas depuis trois ans et 0,7 point de moins qu’en septembre. Mieux, quand on prend une mesure plus large qui inclut également les personnes découragées de chercher du travail ou qui travaillent à temps partiel mais souhaitent un temps plein, elle baisse encore plus. Enfin, le rythme trimestriel de création d’emplois est au plus haut depuis le printemps 2006.

Deux moteurs majeurs

Le marché automobile est depuis 2009 un moteur de la relance de l’économie. Paradoxalement, c’est l’ampleur de l’effondrement du marché sur 2008 qui explique cela. En 2007, les ventes annuelles atteignaient 16 millions de véhicules. En 2008, elles sont tombées à moins de 10. Début 2012, nous sommes déjà remontés à près de 15 millions, soutenu par une croissance du crédit à la consommation de 5% en rythme annuel, après deux ans de baisse.

Le deuxième moteur de la reprise, qui redémarre tout juste, c’est l’immobilier. Contrairement à l’automobile, ce marché n’est pas encore reparti à la hausse et après être descendu si bas, s’il redémarre, il sera un puissant facteur de croissance pour au moins deux ou trois ans, sauf grave choc extérieur. Or, le stock de maisons invendues vient de tomber au plus bas depuis 2006 et l’indice de confiance du secteur a fortement rebondi depuis l’automne, au plus haut depuis mi-2007.

Une reprise en partie illusoire

mercredi 21 mars 2012

Le retour vers le futur des inégalités


Il y a dix jours, The Economist a fait un papier très intéressant sur la croissance des inégalités, indiquant qu’elles repartaient à la hausse et que ce thème a toutes les chances de s’inviter dans le débat politique.

Une pause et cela reprend

L’hebdomadaire britannique commence par reprendre les travaux d’Emmanuel Saez, un économiste de Berkley qui a fait des études sur l’évolution des inégalités de revenus depuis 1913. C’est lui qui a inspiré les travaux de Camille Landais et Thomas Piketty en France. Il montre que les 10% qui gagnent le plus gagnent 46% des revenus totaux aujourd’hui, comme à la fin des années 1920 et au début des années 1930, contre un peu plus de 30% de 1940 à 1980.

Le 1% qui gagne le plus concentre environ 18% des revenus, à peine moins que le pic de 1929, contre 8% de 1960 à 1980. Enfin, le 0,1% qui gagne le plus a touché 12% de l’intégralité des salaires en 2007, battant largement le record de 8% de 1929, après être tombé à 2% en 1973. The Economist affirme que de 1993 à 2010, plus de la moitié des gains de revenus aux Etats-Unis sont allés au 1% qui gagne le plus, démontrant que l’économie ne tourne que pour une petite minorité.

Assez logiquement, les revenus des plus riches ont plus baissé que la moyenne avec la crise. The Economist évoque une chute de 36% des revenus des 1% les plus riches de 2007 à 2009, contre 11,6% pour les 99% restant. Mais il semblerait que ce ne soit qu’une pause puisque leurs revenus ont progressé de 11,6% en 2010 par rapport à 2009, quand ceux des 99% restants n’ont progressé que de 0,2% ! A priori, la tendance devrait rester la même ensuite…

Un problème politique

mardi 20 mars 2012

L’urgence protectionniste


Hier soir, l’école de guerre économique organisait un débat autour du protectionnisme intelligent, à l’occasion de la sortie du livre d’Erik S. Reinert en partenariat avec l’association de Philippe Murer. L’occasion de prendre du recul sur un sujet insuffisamment débattu.

De la richesse des nations

Certes, je n’ai pas pu lire « Comment les pays riches sont devenus riches. Pourquoi les pays pauvres restent pauvres » d’Erik S Reiner, mais l’introduction qu’en a fait l’auteur donne sacrément envie de dévorer ce pavé de plus de 400 pages qui replace le protectionnisme dans une perspective historique, remontant jusqu’au 16ème siècle pour trouver les premiers économistes qui critiquaient déjà les excès du libre-échange, avec Barthélémy de Laffémas et Antonio Serras.

Outre le recul historique, pour lui, le débat sur le protectionnisme doit être placé dans un débat plus vaste sur l’organisation économique des nations. Il y a pour lui les physiocrates, les partisans du marché libre, de la fortune, avec tous les aléas qu’elle apporte, et qui aboutit à la spéculation et des crises. Dans une société physiocrate, on gagne plus en spéculant qu’en produisant. Et de l’autre, les anti-physiocrates, partisans d’une politique industrielle et protectionnistes.

Pour lui, le protectionnisme est absolument nécessaire pour permettre le développement économique, comme le démontre toute l’histoire économique. Toutes les grandes puissances économiques se sont construites à l’abri de barrière douanières avant de demander leur démantèlement une fois que leur puissance leur donnait un tel avantage compétitif que la libéralisation ne pouvait alors que se faire à leur avantage. En clair, la puissance gouverne le monde.

Un débat politique et ancien

lundi 19 mars 2012

Tapie-Sarkozy : échange de bons procédés


Comme en 2007, Bernard Tapie a annoncé hier soir qu’il soutenait Nicolas Sarkozy pour la présidentielle. S’il n’est pas évident que ce soutien apporte beaucoup de voix au président sortant, cela amène à se poser à nouveau la question des rapports troubles entre les deux hommes.

Un peu d’histoire

En juillet 1990, l’homme d’affaire et président de l’Olympique de Marseille rachète Adidas avec le soutien du Crédit Lyonnais. L’entreprise est alors en crise, malmenée par Nike et Reebok. Courant 1992, celui qui est devenu ministre de Pierre Bérégovoy décide de vendre l’entreprise car il n’est plus capable de rembourser les sommes qu’il a empruntées à sa banque, chargée de trouver un acheteur. Un mois avant la défaite des législatives de 1993, un consortium rachète Adidas.

L’opération est blanche pour Tapie, mais en décembre 1994, ce consortium vend 700 millions Adidas au lieu des 315 auquel il l’a racheté en février 1993. En juillet 1995, Bernard Tapie demande à récupérer une partie des bénéfices fait par le Crédit Lyonnais lors de cette vente. L’affaire connaît de multiples rebondissements avec des avis contradictoires jusqu’au résultat de la cour arbitrale de la République en 2008, qui conclut largement en faveur de l’homme d’affaire.

Une histoire pas claire

dimanche 18 mars 2012

Baccalauréat : la grande braderie


Cette semaine, Luc Châtel a annoncé une nouvelle réforme du baccalauréat, qui a bien évidemment déclenchée les protestations des syndicats lycéens. L’occasion de faire un petit point sur l’affaiblissement de cette belle institution française qu’est le baccalauréat.

Un chef d’œuvre en péril

Le baccalauréat, c’est un rite initiatique pour les Français, un point de passage obligatoire, un symbole du passage à l’âge adulte, qui sépare le lycée de l’enseignement supérieur pour une partie de la jeunesse. Il y a quelques décennies, c’était aussi une garantie d’avenir professionnel. Aujourd’hui malheureusement, ce n’est plus qu’une étape, sachant que même un bac +5 ne garantit pas forcément de trouver un emploi, alors que d’autres formations l’assurent bien mieux.

L’autre immense avantage du baccalauréat est son aspect profondément républicain. Même si cela est bien sûr plus stressant que le contrôle continu, l’intérêt est de juger toute une génération sur le même examen, de manière anonyme et totalement égalitaire. La valeur d’un baccalauréat est exactement la même, quelques soient les régions ou les lycées d’origine. En 1970, 20% d’une génération obtenait le baccalauréat. Aujourd’hui, ce taux est monté à 64%, stable depuis 2000.

On pourrait se féliciter de cette progression, si elle indiquait une amélioration du niveau d’études de la population. Mais elle s’explique surtout par un abaissement du niveau, comme le révèle malheureusement cette étude. Et cela se retrouve dans l’évolution du nombre de mentions. Quand 0,8% des bacheliers avaient une mention très bien en 1990, on a atteint 5% en 2006 et 7% en 2010 (alors que 5% des bacheliers avaient une mention bien en 1990).

Un pansement sur une jambe de bois

samedi 17 mars 2012

Dix sur la ligne de départ des présidentielles

Hier était le dernier jour pour déposer les parrainages au Conseil Constitutionnel. Finalement, ce sont dix candidats qui devraient être sur la ligne de départ le 22 avril, à moins que Corinne Lepage ne parvienne à se qualifier in extremis, ce qui sera tranché lundi.

NDA en 5ème position

Bien sûr, Nicolas Sarkozy et François Hollande sont hors compétition, le candidat socialiste ayant plus de quatre mille parrains. Ensuite, suivent Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou, au-delà de mille. Nicolas Dupont-Aignan vient ensuite avec plus de sept cent parrainages, devant Eva Joly, au-delà des 600. Suivent Poutou, Cheminade, Le Pen et Arthaud. Il faut noter que la présidente du FN aurait 550 parrainages, ce qui semble contradictoire avec ses difficultés annoncées.

Le score du président de Debout la République est une double réussite. Tout d’abord, même si une partie des parrainages sont aussi des passes démocratiques, ce score démontre aussi que le discours de Nicolas Dupont-Aignan a plu aux maires et aux conseillers généraux. Mais cela démontre également la force de notre mouvement, sa capacité d’organisation et le dévouement de toute une équipe et des militants qui ont battu la campagne sur le terrain depuis un an.

Et nous avons été bien servi par un président qui est allé sur le terrain, sans se contenter de faire des vidéos pour demander aux maires de le soutenir. Il a fait près de cent déplacements en moins d’un an, a rencontré près d’un demi-millier de maires et s’est impliqué comme sans doute aucun autre candidat ne l’a fait. En outre, comme certains, notamment Jacques Cheminade, Debout la République s’est mobilisé très tôt, dès le printemps 2011, pour la collecte des parrainages.

Des règles injustes ?


vendredi 16 mars 2012

La triple impasse Le Pen

Après un vrai faux suspens comparable à 1988, 1995, 2002 et 2007, Marine Le Pen a déposé cette semaine ses parrainages au Conseil Constitutionnel. L’occasion pour moi de rappeler à quel point cette candidate et son parti représentent une impasse totale pour la France.

Une question d’ADN politique

La question du FN n’est pas nouvelle pour moi. Si je me suis très tôt intéressé à la politique, au point de prendre ma carte au RPR à l’âge de 17 ans, la place qu’avait déjà le parti de Jean-Marie Le Pen m’avait poussé à étudier sa nature profonde, par delà l’hostilité naturelle qu’il me suscitait. Et depuis la publication, début 1992, par Le Monde, d’un grand dossier sur le FN, à l’occasion de ses vingt ans, le combat contre ce parti fait partie de mon identité politique.

Au point qu’en terminale, alors que j’étais jeune adhérent RPR, j’ai organisé une réunion d’information sur le Front National avec une professeur qui militait à l’époque à la CFDT. Et il faut être clair, cette réunion avait pour seul objectif de lever le voile sur tous les aspects les plus nauséabonds de ce parti (Le Monde parlait des nombreux nazillons et révisionnistes qui le peuplaient, de ses liens avec la secte Moon…), par-delà tout le discours officiel de ses dirigeants, déjà révoltant.

La première fois que j’ai pris la parole en public, à 17 ans, c’était donc pour dénoncer le FN dans mon lycée de Bayonne. Et depuis, je n’ai jamais varié dans mes positions, comme peuvent l’attester les nombreux papiers sur mes blogs. Non pas qu’il s’agisse de rester bêtement sur ses positions, mais parce que je crois que la nature même du Front National en fait un parti infréquentable, et avec lequel je n’ai jamais voulu, je ne veux pas et je ne voudrai jamais avoir rien à faire.

Des partis et de ses électeurs

jeudi 15 mars 2012

Le besoin d’indépendance nationale

C’était un des objectifs permanents du Général de Gaulle. L’indépendance nationale est devenue une désuétude dans notre Europe offerte à tous les vents de la mondialisation. Pourtant, d’autres pays s’en soucient et la crise des terres rares en rappelle l’intérêt.

Les terres rares, ou l’excès de mondialisation

La Chine dispose de 35% des réserves mondiales de terres rares mais assure aujourd’hui 97% de la production. Elle vient récemment d’en limiter les exportations. Bien sûr, Pékin explique que c’est pour des raisons environnementales et pour son marché intérieur. Mais il est difficile de ne pas comprendre que l’Empire du milieu utilise sa domination de ce marché pour pousser les industriels à concentrer leur production de biens nécessitant des terres rares en Chine.

Car il y a une quinzaine d’années, la production était beaucoup moins concentrée. Mais la Chine a délibérément augmenter sa production, quitte à baisser les prix dans un premier temps, pour éliminer toutes les mines concurrentes de manière à gagner un monopole de fait sur la production, qui a eu tendance à servir ses intérêts industriels. Bien sûr, dans un second temps, elle a restreint la production pour faire remonter les prix et dominer certaines filières.

Naturellement, les réactions n’ont pas tardé à l’OMC. La principale mine étasunienne a réouvert, d’autres ouvrent au Brésil ou en Asie. Les industriels cherchent à sécuriser leur approvisionnement en dehors de la Chine pour ne pas être dépendant de la politique de Pékin. Du coup, le marché devrait finir par se rééquilibrer. Mais il est difficile de savoir si les implantations industrielles que la Chine a obtenu du fait de son monopole temporaire seront remises en question.

Du besoin de dé mondialiser


mercredi 14 mars 2012

La crise de la zone euro s’offre un répit


Hier, le CAC 40 a atteint 3550 points, son point le plus depuis le mois d’août, une progression de plus de 25% par rapport au plus bas atteint l’automne dernier, en plein crise financière. La question est de savoir combien de temps ce répit peut-il durer.

Une pause qui pourrait durer

Pourtant, bien des choses devraient déprimer les marchés : la zone euro est en récession, le prix du baril s’envole, la dette de la Grèce s’échange largement sous sa valeur, indiquant un probable nouveau défaut, le déficit de l’Espagne est bien plus élevé que prévu. Bref, théoriquement, il y a suffisamment de mauvaises nouvelles pour provoquer une nouvelle crise. Pourtant, les indices boursiers grimpent et les taux sur la dette italienne et espagnole sont tombés à 5%.

La principale raison qui explique le calme retrouvé des marchés est bien sûr l’intervention de la Banque Centrale Européenne. En effet, mi-décembre, le dernier plan européen semblait avoir échoué et les bourses étaient reparties à la baisse. Le point de départ de la reprise est le premier prêt de 489 milliards de la BCE aux banques privées. Et le second prêt de 529 milliards a permis d’apporter encore un peu plus d’air frais aux banques, prolongeant la reprise boursière.

Ces interventions démontrent que les autorités européennes sont prêtes à tout pour essayer de faire fonctionner cette construction monétaire baroque et artificielle qu’est l’euro, quitte à engager des sommes délirantes au nom des peuples européens. C’est pour cela que je crois depuis longtemps que la fin de l’euro pourrait tarder, même s’il est vrai qu’une crise en Grèce pourrait déclencher à tout moment le jeu de dominos qui mènera à la fin de la monnaie unique.

Une pause illusoire

mardi 13 mars 2012

L’imposture européenne de Nicolas Sarkozy


Dimanche, le président sortant a fait un grand meeting à Villepinte. Devant la persistance de sondages négatifs, il a décidé de changer de braquet sur les propositions en s’adressant aux Français qui avaient voté « non » en 2005. Mais quelle crédibilité donner à de telles propositions ?

Des propositions alter européennes

Nicolas Sarkozy a fait un véritable festival de critiques contre l’Europe. Il a attaqué le traité de Schengen, qui ferait de notre continent une « passoire ». Il s’en est pris aux frontières orientales de l’Union Européenne qui ne protègent pas bien le reste du continent. Puis nous avons eu droit à un festival protectionniste où le président a dénoncé le fait que l’Europe soit ouverte à tous les vents et ne nous protège pas. Pourtant, il a récusé et même critiqué le terme de protectionniste !

Il a également proposé une protection des marchés publics sur le modèle du Buy American Act. Pour lui, l’Europe doit « nous protéger, pas nous exposer ». Lundi soir sur TF1, il a eu le culot de dire qu’il avait obtenu la fin du dumping fiscal en Europe alors que l’Irlande n’a pas touché à son taux d’imposition sur les sociétés malgré le plan européen de l’automne 2010. Il a même eu le culot de demander aux journalistes s’il était normal de ne pas tenir compte du « non » !!!

Le précédent de 2007

lundi 12 mars 2012

Le scandale du temps de parole


Cette semaine, nous aurons encore droit à une indigestion de bipartisme avec le second Des Paroles et Des Actes de François Hollande et le Face aux Français de Nicolas Sarkozy. Comment ne pas être scandalisé par les temps de parole de cette période sensée être l’équité ?

UMP, PS en entrée, plat et dessert

Normalement, de janvier au 19 mars, nous aurions du être en période d’équité des temps de parole. Mais quand on examine les temps de parole, on se demande bien en quoi la répartition est équitable. Nicolas Sarkozy a eu droit à 30 à 38% du temps de parole dans tous les grands médias, soit plus que ce que lui donnent tous les sondages, plus que François Hollande, sans que l’on puisse comprendre pourquoi le président sortant a droit à 20% de temps de parole supplémentaire.

Les quatre candidats suivants ont droit à 5 à 10% du temps de parole sans que l’on sache bien pourquoi Eva Joly a droit à autant de temps que des candidats qui rassemblent beaucoup plus de sondés. En outre, l’écart entre ces candidats et les deux premiers est totalement anormal quand on voit les écarts dans les sondages. Pire encore, les « petits » candidats ont été extrêmement mal servis, ne leur permettant absolument pas d’émerger et de se faire connaître.

Du silence comme acte

dimanche 11 mars 2012

La scandaleuse amende contre les producteurs d’endives


Rien ne sera donc épargné aux agriculteurs. Comme le rapporte le Parisien, l’Autorité de la concurrence a condamné mardi dix organisations de producteurs d’endives à une amende de 3,6 millions d’euros (et 320 000 euros pour les syndicats) pour une entente de 14 ans sur le prix minimum.

Un mauvais procès

Bien sûr, les ententes sont en principe condamnables, mais dans le cas de l’agriculture, il faut souligner deux choses. Tout d’abord, il est pour le moins ironique de sanctionner l’établissement d’un prix minimum qui était pourtant ce qu’a garanti la PAC pendant plusieurs décennies, permettant un formidable développement de l’agriculture en Europe. Ensuite, il faut bien reconnaître que le rapport de force entre les agriculteurs et la distribution est par trop inégal.

D’ailleurs, le Parisien rapporte que « les amendes ont été limitées pour tenir compte notamment de la situation difficile des producteurs d’endives et de l’impact réduit du cartel de l’endive ». L’autorité a même souligné que la grande distribution « bénéficie face à eux (les producteurs d’endives) d’une puissance d’achat telle qu’elle a pu exercer une pression à la baisse sur les prix pendant toute la durée des pratiques ». Mais dès lors pourquoi les punir ?

Solidarité avec les producteurs d’endives

Je vous invite à lire la réponse de la Fédération Nationale des Producteurs d’Endives, qui se déclarent « désabusés, voir révoltés à l’annonce de la décision de l’Autorité de la concurrence ». Ils soulignent que le nombre d’endiviers a été divisé par dix, que les volumes ont baissé de 30% et que le prix payé au producteur stagne depuis 12 ans, alors que les charges (engrais, essence) ont explosé. Pire, l’Observatoire des marges du ministère donne un éclairage assez choquant.

samedi 10 mars 2012

L’anarchie financière n’a (presque) pas été stoppée


« Jouer avec le feu » : voici comment The Economist, l’hebdomadaire libéral qui soutient souvent que le monde a besoin de la finance, a titré son rapport sur l’innovation financière du 25 février. Un bon indice que pas grand chose n’a changé depuis la crise de 2008…

La montée des machines

Ce dossier est d’autant plus inquiétant qu’il vient d’un ami de la finance « l’innovation financière peut faire beaucoup de bien. C’est sa tendance aux excès qui doit être réduite ». En clair, les subprimes de demain sont déjà en place, comme je l’ai écrit plusieurs fois, grâce, souvent, à la lecture de The Economist. Avant cela, il faut déjà constater que la plupart des allumettes qui ont provoqué l’incendie de 2008 sont toujours là, même si certains (les CDS notamment) sont moins utilisées.

Deux innovations très dangereuses sont déjà largement utilisées : le High Frequency Trading (HFT) et les dark pools. Le premier, c’est l’automatisation des ordres de vente et d’achat. Selon The Economist, de 2004 à 2012, nous sommes passés de 25 à 65% des actions, de 5 à 45% des contrats « futurs » et de 0 à 30% des options achetés sans intervention humaien. C’est cette automatisation qui serait en grande partie responsable du « flash krach » du 6 mai 2010.

Opacité et allumettes

vendredi 9 mars 2012

François Bayrou, le flou du centre


Hier soir, c’était le tour du président du Modem de faire Des Paroles et Des Actes. Celui qui joue sans doute son va tout en 2012 (un troisième échec mettrait sans doute fin à sa carrière nationale) a démontré une grande assurance, à défaut d’une grande précision.

Un homme qui croit en son destin

François Bayrou a une grande force : son assurance à toute épreuve. Quand un journaliste lui pose une question et qu’il met extrêmement longtemps pour y répondre (comme il l’a fait sur l’immigration par exemple), le président du Modem n’a que faire des relances qu’on lui fait pour répondre rapidement, il continue son raisonnement, imperturbablement, sans se laisser démonter. Il oppose un barrage de mots compact et solide à tout questionnement.

Le président du Modem a carrément affirmé qu’il serait au second tour, balayant d’un revers de mains la possibilité qu’il n’y soit pas. Il a refusé de confirmer le fait qu’il prendrait partie s’il ne parvenait pas à y accéder, avec une mauvaise foi toute mitterrandienne. Comme lors des précédents débats, personne n’a parlé du MES, du TSCG ou des 1000 milliards prêtés par la BCE aux banques, indiquant clairement que le candidat du centre est proche du PS et de l’UMP.

Quand c’est flou, il y a un loup

François Bayrou s’est fait une marque de fabrique de la lutte contre les déficits et la dette. Assez naturellement, François Lenglet a cherché à avoir plus de détails sur le programme très rigoureux du patron du Modem, qui prévoit d’équilibrer son budget dès 2015 et qui annonce 50 milliards de hausse d’impôts et 50 milliards d’économie. S’il est transparent sur les hausses d’impôt (avec le détail de réduction des niches fiscales), sur les dépenses, cela est beaucoup moins vrai.

En effet, il a promis 50 milliards d’économie, tout en ne pas baissant pas les salaires des fonctionnaires et en supprimant moins de postes que Sarkozy ! Comment cela pourrait-il être possible ? Il n’a également rien dit sur les retraites, qui représentent plus de 200 milliards et la réforme des urgences est un peu légère pour permettre de stabiliser en valeur les dépenses de santé. Enfin, il a réussi à promouvoir le « fabriqué en France » sans évoquer une seule fois le protectionnisme.

La rigueur européiste au carré

jeudi 8 mars 2012

Mitt Romney, candidat mal aimé des républicains

Avant-hier, c’était le fameux « super mardi » des primaires du parti républicain. Après être passé près de la correctionnelle dans le Michigan le 28 février, Mitt Romney vient de remporter six Etats sur les dix en jeu. Il conserve clairement la place de favori, mais un favori mal aimé.

Des primaires qui se clarifient

Le cru 2012 des primaire républicaines restera sans doute dans les annales tant la bataille est féroce et les rebondissements sont nombreux. Tout d’abord, après avoir été confronté à une succession incroyable d’opposants aussi vite discrédités qu’apparus, Mitt Romney fait un excellent départ en gagnant de justesse l’Iowa et le New Hampshire. Tout le monde le croyait alors parti pour une formalité tant ses adversaires semblaient parfaitement inéligibles.

Puis, il perd la Caroline du Sud face à Newt Gingrich et un recompte donne finalement la victoire en Iowa à Rick Santorum, cassant sa belle dynamique, d’autant plus que le premier prenait la tête dans les sondages en Floride. Mais, le millionnaire mormon ensevelit son adversaire sous un déluge de publicités négatives et gagne cet Etat. Puis, il se partage les Etats suivants avec Rick Santorum, qui s’accroche malgré un budget et une organisation largement inférieure à la sienne.

Mitt Romney manque perdre le Michigan, son Etat de naissance, le 28 février, ce qui aurait pu porter un coup fatal à sa campagne. Puis, mardi, il l’a emporté dans 6 Etats sur les dix en jeu, contre trois à Rick Santorum et un à Newt Gingrich. Il l’emporte d’une courte tête dans l’Ohio, ce qui lui permet d’augmenter son avance puisqu’il dispose de 354 délégués contre 147 à Rick Santorum et 87 pour Newt Gingrich, qui l’a emporté dans son Etat d’élection, la Georgie.

Un candidat mal aimé

mercredi 7 mars 2012

Nicolas Sarkozy, président du passif

Hier soir, le président de la République a participé à Des Paroles et Des Actes. Devant des sondages qui lui donnent 12 à 18 points de retard au second tour, beaucoup jugent que s’il ne renverse pas la tendance rapidement, alors les jeux pourraient bien être fait pour François Hollande.

Confessions intimes

Le début de l’émission a été proprement indigne de tout ce que doit représenter la fonction présidentielle. La séquence avait sans doute été bien cadrée lors des préparatifs. Nicolas Sarkozy parlait lentement et doucement, sur le ton de la confidence, comme dans une émission de télévision où des anonymes viennent parler de leur vie privée. Il est revenu plusieurs fois sur les difficultés conjugales qu’il a traversées de 2005 à 2007, comme un vulgaire héros de télé réalité.

Nous avons aussi eu droit à une complainte incessante et indécente sur la dureté d’être président de la République, qui n’aurait rien à voir avec être ministre. Nicolas Sarkozy n’a pas cessé de parler de son petit nombril sans parler de la France ou des Français. Pas à une contradiction près, il n’a pas hésité à dire « qu’il déteste l’impudeur ». Enfin, il s’est comparé à Jamel Debbouze, révélant sans doute inconsciemment un tempérament plus proche de celui d’un acteur que d’un président.

Quand le bilan est un passif

Au global, il faut saluer le fait que les journalistes ont fait un bilan assez complet du quinquennat sans en cacher les côtés obscurs (dérapages verbaux, Fouquet’s, EPAD…). François Lenglet, a souligné les contradictions flagrantes de la politique économique suivie depuis cinq ans. En revanche, Fabien Namias a laissé dire que la polémique sur la nomination de son fils à l’EPAD n’était pas juste, comme s’il avait les qualifications ou l’expérience pour un tel poste.


mardi 6 mars 2012

La campagne de Sarkozy descend toujours plus bas

Pour l’instant, cette campagne présidentielle est très décevante. Outre des temps de parole qui sont bien loin de l’équité théorique demandée par le CSA, l’équipe au pouvoir semble avoir fait des coups bas contre l’adversaire sa stratégie à défaut de pouvoir convaincre sur son bilan ou ses idées.

Les snipers de la Sarkozie

En regardant Nathalie Kociusko-Morizet sur Dimanche Plus, on comprend que le président de la République fait de l’attaque sa meilleure défense. Mais cette attaque est trop systématique et outrancière pour être crédible. François Hollande est simultanément critiqué pour être trop à gauche quand il propose d’instaurer une tranche à 75% d’impôt sur le revenu et d’être trop modéré quand la ministre souligne qu’il ne prévoirait pas de remettre en cause le bilan législatif de son adversaire.

Les attaques contre la violence verbale du PS font doucement rire tant les coups sont plus bas du côté de l’UMP. Attaqué sur ses vacances sur le yacht de Vincent Bolloré, Nicolas Sarkozy a répliqué en soulignant que Valérie Trierweller travaillait sur une chaine de son groupe, sans que l’on voit en quoi les deux pouvaient être comparables… Et le fait d’évoquer « l’épuration » que François Hollande préparerait dans la haute administration est doublement choquant.

Tout d’abord, l’emploi de ce terme est franchement choquant, car il recouvre des réalités bien précises (épuration des juifs par le régime nazi, épuration ethnique dans l’ancienne Yougoslavie ou en Afrique), sans commune mesure. Ensuite, cela est risible de la part d’un président qui a fait autant valser la haute administration, notamment préfectorale. Enfin, les dérapages incessants et calculés du ministre de l’intérieur sont d’une bassesse bien peu digne de la fonction.

Une campagne extrêmement décevante


lundi 5 mars 2012

Des temps de parole peu équitables

Depuis le début de l’année, nous vivons sous le régime de l’équité des temps de parole, avant que l’égalité ne devienne la norme, à partir de la publication des candidats officiels par le Conseil Constitutionnel. Un examen des temps de parole révèle à nouveau que l’équité est très relative.

Un état des lieux préoccupant

Le CSA a publié sur son site les temps de parole au 24 février. A la télévision, Sarkozy est bien servi puisqu’il a eu 30% de temps de parole sur TF1 et France Télévisions, plus que Hollande et trois fois plus que Le Pen. Mélenchon a presque eu autant de temps de parole que son adversaire préférée. Joly est très bien traitée, avec plus de 6% du temps de parole. Canal Plus sous pondère les gros candidats au profit des petits. M6 présente des temps de parole très originaux.

A la radio, Nicolas Sarkozy dispose de 37 à 38% du temps de parole sur France Info, Europe 1 et RTL et un peu plus de 30% sur France Inter et RMC. François Hollande tourne entre 25 et 30% sur les cinq stations. Marine Le Pen est entre 9 et 10% sur le service public et à peine plus de 5% sur Europe 1, RMC et RTL (plus de six fois moins que le président sortant !). François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly tournent également entre 5 et 10% sur les cinq stations.

Une dizaine de candidats, qui bénéficient d’un vrai statut national (NDA, Villepin, Arthaud, Poutou, Lepage, Morin, Boutin, et dans une moindre mesure, Nihous, Chevènement et Cheminade) ont réussi à grappiller quelques minutes de temps de parole. Assez logiquement, les autres petits candidats sans grande légitimité démocratique nationale, n’ont qu’une couverture nulle ou totalement négligeable. Il serait totalement impossible de débattre à quarante candidats !

Un problème de règles et d’application