vendredi 1 février 2013

Jacques Sapir décrypte la quête de flexibilité


Comme le souligne Eric Hazan, la novlangue néolibérale a toujours été très habile pour travestir la réalité. Une monnaie chère devient forte. Une camisole budgétaire devient une règle d’or. Un parasite ou un déserteur fiscal deviennent un paradis et un exilé. Nouvel exemple avec la flexibilité.

L’horreur salariale

La flexibilité est, avec la compétitivité, l’impératif martelé par tous les dirigeants et commentateurs politico-économiques de notre pays depuis quelques mois. Le choix des termes est habile puisque leurs contraires sont porteurs d’évocation plutôt négative. La rigidité n’est pas un mot extrêmement positif, quand la flexibilité évoque l’adaptabilité. Idem pour la compétitivité : dans une économie de marché, il est bien évident qu’il faut l’être. Un bon moyen de couper court au débat.

Et d’ailleurs, il ne faut pas rejeter en bloc les demandes faites sous ces vastes chapeaux. Sur le fond, certaines propositions de l’accord entre les partenaires sociaux sont intéressantes. En revanche, il faut noter que flexibilité et compétitivité peuvent être la manière politiquement correcte de demander des baisses de salaires. C’est ce que fait Renault par exemple en France après avoir réussi à l’imposer en Espagne. Et attention car en France, les mauvais génis du néolibéralisme (The Economist et Goldman Sachs) pensent qu’il faut carrément baisser les salaires d’un tiers !

Les dangers de la dévaluation interne

Dans un papier assez technique, Jacques Sapir analyse de manière fine l’impasse que représente la dévaluation interne, le processus qui consiste à faire baisser les salaires d’un pays pour regagner en compétitivité sans jouer sur la parité de la monnaie. Tout d’abord, il rappelle que l’objectif final est d’augmenter le niveau des profits des entreprises. Mais il souligne qu’une telle politique produit une baisse de la demande et donc de la production, qui pénalise in fine ces profits…

Ensuite, dans un écho à Morad El Hattab, pour qui « les dettes s’accrochent » dans les crises, Jacques Sapir rappelle que la dévaluation interne (une manière politiquement correcte de parler des baisses de salaires) revient à alourdir le poids des charges financières, qui, elles, restent constantes, d’où une baisse du niveau de vie et de la consommation encore plus importante que la baisse des salaires ! Quand les charges financières représentent 30% du revenu salarial, une baisse de 20% des salaires produit ainsi donc une baisse de plus de 28% de la consommation !

L’alternative des dévaluations externes

L’économiste démontre en revanche que la dévaluation externe ajuste l’ensemble des prix et n’augmente donc pas le poids des charges financières. Ensuite, s’appuyant sur une étude de l’INSEE, il avance qu’une baisse de 20% de l’euro devrait entrainer une hausse immédiate d’environ 3% du PIB réel (et inversement malheureusement). Dans un autre papier, il démontre parfaitement à quel point les dévaluations ne sont pas un problème puisqu’elles n’ont en aucun cas freiné le rattrapage économique et industriel de la France et de l’Italie par rapport à l’Allemagne de 1960 à 1973.

Ce faisant, il en profite pour souligner que l’impossibilité de dévaluer nous impose de donner toujours plus de gages au capital, avec la déformation de la répartition au profit du 1% le plus riche et la montée de la catégorie des travailleurs pauvres à moins d’accepter des pertes de compétitivité qui provoquent une hausse intolérable des dettes. En revanche, je ne partage pas ses prévisions (3,7 millions de chômeurs fin 2013 et 4,2 millions fin 2014) car, comme je l’ai expliqué récemment, je crois à un léger rebond (même s’il sera illusoire) de la croissance pour l’an prochain.

Comme toujours, l’analyse de Jacques Sapir permet de décrypter les ressorts de la pensée néolibérale. Mais outre le fait de dénoncer la volonté de baisser les salaires, il démontre par A+B que cette « solution » n’en est pas une et qu’elle ne provoquera que récession et misère économique.

16 commentaires:

  1. La réference dans cette histoire de compétitivité est l´Allemagne de Schröder.
    Les réformes de 2003 en Allemagne se déroule dans un paysage où les pays européen et les USA sont en croissance.

    L´Allemagne peut réformer dans un environnement plus que favorable (bulle en Iralnde , GB et ESpagne, Pays de l´ESt pas encore dans l´union en 2003)

    Faire des réformes en pleine recession européenne ne portera pas ses fruits ! Contrairement aux allemands, notre industrie automobile n´est pas en Amerique du Nord et forte en Asie ( 2 millions de VW vendu en Chine/ an ) .De plus , ´ces regions s´essouffle.

    Faire de la competivité dans cette environemment est stupide. Sans oublier que les americains, anglais, suedois et japonais peuvent gagner parfois plus de 10 % de competivité par rapport `l Euro rien qu´en jouant avec leur monnaie:

    La réalité est que les francais sont prisonniers. Ils vont etre torturés et les politiques pari sur les capacités des francais á supporter la souffrance. L´exemple grec les confortent de la marge de douleur.

    PS: Goodyear +1000 emplois perdus Amiens, aprés Continental.Beaucups de villes de France souffrent mais tant que cela ne touche pas Paris

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    1. Pour moi cela revient en fait à dire que ce type de reformes mercantilistes, n'est efficace que si un petit nombre de pays les met en place. Cette politique consiste en effet à réduire sa consommation et sa demande intérieure en espérant compenser par des prises de marché chez ses voisins et concurrents. Du coup, si tout le monde fait ce type de politique en même temps la demande mondiale s'effondre et on arrive à la crise de surproduction d'aujourd'hui... (Ce point a notamment été bien expliqué par Jean Luc Greau dans ses derniers bouquins). Il me semble que dans ce contexte la seule solution logique reste un protectionnisme massif pour se protéger des pays mercantilistes qui jouent à ce jeu mortifère, couplé à une relance massive de l’économie et de la consommation. La grande erreur de ces dernières années a été de faire des plans de relance en économie ouverte qui n'ont profité qu'aux pays les plus mercantilistes refusant de jouer collectif pour sortir le monde de la crise (Chine, Allemagne, Corée...).

      Donc d'accord avec l'article sur le besoin de dévaluation externe mais cela ne sera pas suffisant pour relancer une demande dont l’économie mondiale manque cruellement. Il devient plus que nécessaire d’arrêter cette course sans fin à l'augmentation des taux de profit, ils sont aujourd'hui tellement élevés qu'il ne font qu'alimenter la bulle financière et ne permette plus à la consommation de masse d’être suffisante pour absorber la production...

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  2. Chômage en Europe : décembre 2012 :

    1- Médaille d'or : la Grèce. Chômage de 26,8 %.

    2- Médaille d'argent : l'Espagne. Chômage de 26,1 %.

    3- Médaille de bronze : le Portugal. Chômage de 16,5 %.

    4- Slovaquie, Chypre et Irlande : match nul. Chômage de 14,7 %.

    http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/3-01022013-BP/FR/3-01022013-BP-FR.PDF

    Plus le chômage augmente, plus les neuneus répètent leur slogan habituel :

    "L'euro nous protège. L'euro nous enrichit tous. L'euro nous protège. L'euro nous enrichit tous. L'euro nous protège. L'euro nous enrichit tous. L'euro nous protège. L'euro nous enrichit tous. L'euro nous protège. L'euro nous enrichit tous."

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  3. La dévaluation monétaire entrainerait de l'inflation en France, si les salaires et revenus sociaux ne sont pas indexés sur celle ci, c'est la stagflation. Comme bientôt tous font de la dévaluation monétaire, voire en même temps de la stagnation ou baisse des salaires, le pouvoir d'achat global s'enfonce.

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  4. Cher Laurent,

    Tout d'abord je constate que vous utilisez très souvent le terme de parasite fiscal. C'est très "IN", mais au-delà de cet effet, j'aimerai vous inviter à réfléchir sur la poutre que nous avons dans l'oeil : l'enfer fiscal, plutot que la paille de certains pays voisins qui eux ont établis une forme d'équilibre.

    Je ne vous dis pas cela pour vous ennuyer, mais pour vous éviter de tomber dans des analyses dignes du totalitarisme, et à la fin on finit par croire à ce que l'on répète sans y préter attention.


    Ensuite, j'aimerai vous inviter à consulter l'indice PMI de janvier, qui met en évidence que la France continue de régresser mais aussi d'avoir un indice bien inférieur à tous les pays en zone euro sauf la Grèce (qui n'est pas très loin).

    Au-delà du fait de mettre en évidence que la situation n'est pas bonne pour la France, il faut aussi regarder le fait que cet indice progresse de façon continue pour bon nombre de pays comme l'Espagne, l'Italie ... (et même représente un plus haut depuis bien longtemps).

    Tout cela pour dire que, de mon avis, il n'y aura pas de rebond mais qu'en plus nous allons avoir une chute brutale en raison des gains continus en compétitivité des pays du Sud, lesquels vont nous prendre des parts de marchés très bientôt.

    Merci encore pour cet article.

    Cordialement,

    JPL

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    1. C'est déjà le cas. La France, qui se croit absolument immunisée et souvent au-dessus de tout le monde, est déjà en perte de compétitivité très rapide par rapport aux pays d'Europe du Sud (la Grèce étant la seule exception). Je lisais dernièrement les chiffres de notre déficit commercial sur les onze premiers mois de 2012 vis-à-vis de l'Italie et de l'Espagne et la France est vraiment dans une situation critique là aussi...

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    2. Les chiffres, les graphes et les mathématiques nous indique si tout va bien !

      Apparemment plus il y de biens matériels qui sont produits et consommés, plus les graphes ressemble aux sourires des gens !

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  5. Cher Laurent,

    Je suis bien d'accord avec toi sur l'importance des termes utilisés en économie. A ce sujet, je suis souvent en désaccord concernant le mot "paradis fiscal". J'ai travaillé sur le régime fiscal du Luxembourg et sur celui de la Belgique. Les salariés de ces deux pays pourront te montrer que nous ne sommes pas en cas de "paradis fiscal", par exemple, au Luxembourg l'équivalent de l'IRPP prélevé à la source est lourd dans certains cas. Avec ses dizaines de niches fiscales, avec le CIR, la France pourrait être considéré tel un paradis fiscal.
    Pour en revenir au sujet principal, à partir du moment où nous nous situons dans un "open market" et que nous ne voulons pas mettre en place des dispositifs de péréquation pour corriger les dumpings monétaires, sociaux, environnementaux et normatifs, il ne faut pas s'étonner que la rémunération et même l'emploi deviennent des variables d'ajustement. En plus, dans les grands groupes, il convient de servir les actionnaires (qui sont souvent davantage financiers qu'entrepreneurs ou industriels) sur un TRI annuel de l'ordre de 15 points !
    Coût de production relativement élevé et monnaie surévaluée provoquent une baisse de la demande, une baisse de la production, une augmentation du chômage, une croissance des coûts sociaux, une baisse des salaires, une diminution des rentrées fiscales et donc des déficits encore plus importants.
    Dans ce contexte, même si je te considère comme l'un des meilleurs économistes, je ne vois pas comment tu peux prévoir un léger rebond. Le moral des ménages est au plus bas, les chiffres du chômage sont élevés, les indices macro-économiques traduisent davantage une détérioration de la situation sociale des européens qu'une embellie, la parité de l'euro est ce qu'elle est (les autres banques centrales dont la plupart sont sous la direction des décideurs politiques n'hésitent pas à réaliser des dévaluations compétitives pour sauver leurs industries respectives et la croissance de leurs PIB) et en plus reconstruire un tissu industriel créateur de richesse ne passe pas par un simple décret pondu dans un bureau par un énarque qui n'a jamais mis un pied dans une entreprise ! J'espère que tu pardonneras ma brutalité mais je pense et je crains que nous soyons non pas dans une crise (avec un cycle comme auparavant et donc des moments de reprise (courbe en w)) mais dans un effondrement de notre économie et de notre modèle social qui est lié à la création de richesses.
    Tu parles aussi comme Jacques SAPIR d'une dévaluation de l'euro : nous ne reviendrons dans ce cas, qu'à des parités proches de celles du début des années 2000.
    Laurent, même si la demande repart, nous n'avons plus d'industries pour répondre donc nous profiterons peu d'une relance ! Mis à part TOYOTA VALENCIENNES, peux-tu me citer une implantation industrielle significative ces vingt dernières années dans notre pays ? D'un côté nous avons les grands groupes rigides qui optimisent la mondialisation via des montages financiers, de l'autre nous avons des PME fragiles qui manquent de fonds propres pour faire face à la concurrence sauvage. Où sont les ETI en France ? Les gouvernements successifs de droite et de gauche mettent en place une action sur des sujets marginaux mais ils ont légué leurs pouvoirs à d'autres sur les actions essentielles (monétaire-BCE, budgétaire-critères et industriel-multinationales) ! J'appelle à une révolution raisonnée (pas celle de Mélenchon encore que sur certains points, nous pourrions être en accord) : un passage d'un libéralisme entrepreneurial humaniste en lieu et place du capitalisme. C'est la première fois dans l'histoire du Monde qu'il existe un tel écart entre zone de production et zones de consommation, c'ets de la folie y compris au niveau de l'écologie (la vraie, pas celle des Verts) Laurent GUIBERT.

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  6. @ Abdel

    Très juste : l’Allemagne a pu faire ce qu’elle a fait parce qu’elle était la seule à le faire. Et encore, on peut contester la régression sociale que cela a provoquée pour une partie de la population. En outre, il y a le problème monétaire…

    @ Red2

    Bien d’accord sur le protectionnisme. Keynes avait raison : il faut viser l’équilibre de sa balance commerciale. Complètement d’accord avec la conclusion. Cette course à la compétitivité est mortifère.

    @ BA

    Merci pour ce rappel.

    @ Olaf

    Il y a de la marge avant de tomber dans la stagflation…

    Cher JPL,

    Merci de dire que c’est IN, puisque j’essaie de populariser ce terme. Sur l’enfer fiscal, je suis partagé. Bien sûr, notre niveau de PO est très élevé. Mais en même temps, on compare des choux et des carottes (aux Etats-Unis, une grande partie des dépenses de santé et d’éducation ont été privatisées : on ne raisonne pas à périmètre comparable). Ensuite, les multinationales ne paieraient que 8% d’IS. Piketty et Landais ont démontré que la fiscalité devient régressive au bout de l’échelle…

    Sur la position économique de la France, votre analyse est intéressante. Le regain de compétitivité de nos voisins du Sud pourrait nous faire du mal et mettre à mal mon scénario, mais je persiste pour le moment.

    Cher Laurent,

    Beaucoup d’éléments montrent néanmoins que la Belgique et le Luxembourg sont des parasites fiscaux pour notre pays. Bien d’accord sur le cadre. C’est cela qu’il faut changer car les comportements individuels dérivent du cadre.

    On verra pour 2014, mais je crois qu’on peut parier sur 1 à 1,5% de croissance du PIB. Cela ne changera pas grand chose à la situation du pays. Il est vrai qu’une appréciation de l’euro nous affaiblira plus encore, mais pour l’instant, je crois à ce scénario (il n’y a pas que l’industrie dans le PIB…).

    Bien d’accord sur la désindustrialisation, que je dénonce depuis le début de mon premier blog. Bien d’accord également sur la révolution que tu appelles de tes vœux et pour dire qu’il est délirant d’avoir de tels écarts entre zones de production et de consommation (Keynes, encore…)

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  7. Même techniques, les articles de Jacques Sapir sont aussi clairs qu'intéressants sans compter qu'ils apportent de solides arguments pour répondre aux promoteurs de la pensée unique. Ses analyses, empreintes de lucidité, jettent une lumière crue sur la bêtise, l'entêtement et les gesticulations des marionnettes - je devrais plutôt dire des voyous - qui nous gouvernent.

    Comme beaucoup d'autres, je ne réussis toujours pas à comprendre, ni expliquer comment ces dirigeants européens peuvent continuer à se fourvoyer de la sorte. Leur incompétence n'a d'égale que leur mépris de la souffrance des citoyens européens.

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  8. "Il y a de la marge avant de tomber dans la stagflation…"

    Ah bon, quelle marge ?

    Avec des émergents qui poussent les matières à la hausse, des dévaluations externes ou internes et pas de croissance dans les pays développés avec un chômage en hausse continue, c'est le cocktail parfait stagflationniste.

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  9. Une baisse de l'euro entraînerait aussi une baisse des salaires (pouv d'achat), par l'augmentation des produits importés. Mais je suis d'accord pour dire que l'euro est trop fort, un euro proche du dollar m'irait mieux.

    Par contre ce paragraphe m'intrigue :

    "La flexibilité est, avec la compétitivité, l’impératif martelé par tous les dirigeants et commentateurs politico-économiques de notre pays depuis quelques mois. Le choix des termes est habile puisque leurs contraires sont porteurs d’évocation plutôt négative. La rigidité n’est pas un mot extrêmement positif, quand la flexibilité évoque l’adaptabilité. Idem pour la compétitivité : dans une économie de marché, il est bien évident qu’il faut l’être. Un bon moyen de couper court au débat."

    N'est-ce pas qu'ils ont tout simplement raison ? Parfois quand on ne peut rien répondre, qu'on est coincé, c'est tout simplement que l'interlocuteur en face a raison.

    Par contre sur la baisse des salaires je suis d'accord, il ne faut pas baisser les salaires. Et d'ailleurs pas mal de libéraux le disent aussi ! Jean-Marc Daniel par exemple qui n'est pas franchement un socialiste dit bien que c'est absurde, qu'il ne faut pas baisser les salaires. Par contre ne pas baisser les salaires veut dire : baisser les charges et autres prélèvements obligatoires, ce qui veut dire baisser les dépenses publiques, réformer l'Etat, redéfinir ses fonctions et ses règles. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, baisser la monnaie et faire du protectionnisme ne suffit pas à mon sens.

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    1. Baisser les charges les prélèvements et les dépenses publiques c'est aussi baisser les salaires car il va falloir dépenser pour récupérer les prestations qui risquent d'ailleurs de couter plus cher des intermédiaires morbacs se positionnant toujours entre le prestataire et le consommateur ; c'est en général un jeu a sommes perdantes pour le citoyen

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    2. Perdants non.

      Je préfère des salariés mieux payés qui choisissent quoi faire de leur argent que des ponctions à la source trop grandes qui font des salaires bas et des charges trop lourdes pour les entreprises.

      Entre le tout libéral et le tout étatique il y a tout de même quelques options, en France c'est trop binaire, ça pousse à l'immobilisme.

      La priorité c'est que les entreprises dégagent des marges, des capitaux, pour investir, garder de l'emploi et en créer. S'il faut en passer par faire payer les citoyens à la caisse au lieu qu'ils soient remboursés, soit ! Au final ils seront mieux payés, il y aura une meilleure dynamique économique et on arrivera peut-être a cesser les gaspillages publics.

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  10. @ Démos

    Triste à dire : conformisme et paresse intellectuels. Les élites ne réfléchissent pas, ne lisent pas Sapir, Gréau et donc restent bloquées dans une pensée superficielle.

    @ Olaf

    Pour l'instant, la masse monétaire ne croit pas abusivement dans la zone euro. Aux Etats-Unis, on commence à rentrer dans un scénario où cela pourrait arriver, mais pas encore chez nous.

    @ Flo Pat

    Oui, mais la baisse de pouvoir d'achat ne toucherait que les produits importés en dehors de la zone euro, soit 10% de notre PIB. En clair, cela ne toucherait pas 90% de notre consommation.

    Ce que je veux dire, c'est que le choix des termes est important. Tout le monde veut être compétitif et flexible. Donc le débat est biaisé quand on prend ces termes (idem paradis fiscal...). Le problème est que ces termes recouvrent de plus en plus souvent une baisse des salaires.

    D'accord sur les salaires : l'objectif est qu'ils progressent de manière raisonnable, en ligne avec la productivité. Sur les charges et les dépenses publics, aujourd'hui, cela doit être fait avec mesure pour ne pas entrer en dépression. Après, à moyen terme, il faut chasser impitoyablement les gâchis tout en défendant un service public de qualité.

    Il faudrait travailler sur le niveau optimum des PO / de la dépense publique.

    @ Patrice,

    C'est juste aussi.

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  11. Le billet de J Sapir pose un certain nombre de problemes quant au chiffrage.

    Un exemple, JS considere qu une augmentation de la demande externe de 16.6% contribue a 16.6%/4 de points d augmentation de PIB la ou l hypothese considere que cette demande externe est satisfaite par 1/2 du PIB. Il multiplie deux fois par cette fraction. C est naturellement faux. Si vous avez un gateau qui est bonifie de 16.6% et bien vous profitez de ces 16.6% d augmentation. Si votre base devient 2 gateaux mais qu un seul est bonifie, la base double, donc l augmentation qui est bien de 16.6% du gateau devient 8.3% des deux gateaux (la moitie... mais pas le quart).

    Je rapporte cette erreur de raisonnement car elle est la plus rapide a expliquer. Cependant, elle n est pas la seule. En fait, il est difficile de ne pas trouver un passage qui ne soit pas discutable que ce soit au niveau du raisonnement quantitatif, de l utilisation des mathematiques, ou des aspects conceptuels de l econometrie.

    Mon but n est pas de disserter sur des pages pour redresser toute cette etude quantitative de J Sapir. Il est encore moins de le critiquer, car en fait cela est representatif de la discipline, mais je respecte le chercheur. Je reconnais aussi que l economie modelisee chiffree fait appel a des hypotheses toujours vagues et incompletes et il n y a pas vraiment de remede. Cependant, on comprendra qu ici, les derives que je pointe ne sont pas du pinaillage mais concerne des ordres de grandeur d erreurs commensurables avec le chiffrage lui meme.

    Quant on sait que l on considere, par des observations a posteriori que 1/, on ne peut s attaquer au chomage et assurer la prosperite des travailleurs qu avec des taux de croissance approchant 2.5% alors que 2/ les economies developpees ont des difficultes a degager des gains de 3% et plus, on se rend compte combien les fourchettes sont etroites pour etablir des politiques economiques de sorte qu il faut etre tres vigilant avec tous ces papiers d econometrie et ne pas tirer des conclusions sans verification du chiffrage pour mettre en place ces politiques. C etait ma contribution.

    -jb

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