mardi 30 avril 2013

Copé et Parisot : les barbares de la mondialisation


L’inexorable progression du chômage et le record atteint la semaine dernière ont provoqué un cortège de réactions. Mais tant l’UMP que le Medef proposent d’aller plus loin encore dans une politique qui a pourtant échoué, comme le montrent l’interview de Laurence Parisot et les propositions de Jean-François Copé.



Laurence Parisot, l’Attila de l’austérité

Il faut écouter l’interview de Laurence Parisot par Jean-Michel Aphatie. La future ex-présidente du MEDEF s’y fait une avocate inflexible de l’austérité budgétaire, usant de sophisme pour essayer de démontrer ce que presque plus personne n’admet aujourd’hui : qu’il faut poursuivre dans une réducation mortifère et suicidaire des déficits publics. Alors que même le FMI a admis l’évidence sur la base d’études scientifiques, elle refuse l’évidence soulevée par les trois dernières années.

Ainsi, alors que le journaliste évoquait le débat actuel sur le changement de politique, sur la nécessité de desserrer la rigueur, elle lui a répondu qu’il « fallait au contraire tout faire pour réduire les déficits ». Elle a justifié cela en disant que les déficits poussaient les impôts à la hausse ce qui pèse à la fois sur le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises. Sauf que si on faisait une pause dans la baisse des déficits, il n’y aurait pas besoin de monter les impôts. CQFD.

Mais Laurence Parisot n’a pas seulement nié l’évidence de l’échec des politiques d’austérité, démontré par Jacques Sapir ou Paul Krugman, elle a également justifié de manière très maladroite l’accord entre quelques syndicats de salariés en soulignant qu’il « permet aux entreprises de s’adapter à la conjoncture et au carnet de commande ». En clair, cela facilitera les licenciements dans les périodes de récession comme aujourd’hui et cela va donc accentuer la progression du chômage !

Jean-François Copé, Attila du droit du travail

lundi 29 avril 2013

Asie et Amérique protectionnistes contre Europe offerte


Bloquée dans son dogme de l’anarchie commerciale, la Commission Européenne multiplie les initiatives pour signer des accords de libre-échange. Après la Corée du Sud, elle travaille sur un traité transatlantique et un autre avec le Japon, que les constructeurs européens dénoncent.



L’Europe bêtement et dogmatiquement offerte

Dans sa furie libre-échangiste, les commissaires européens continuent à ouvrir à marche forcée les marchés européens. Outre l’accord avec les Etats-Unis, ce mois-ci vont commencer des négociations avec le Japon. Mais les constructeurs automobiles européens ne semblent guère enthousiastes : « s’ils soutiennent les accords commerciaux qui sont équitables, qui donnent la possibilité d’exporter, un accord favoriserait sans doute les constructeurs japonais aux conditions actuelles ».

En effet, la part de marché des importations n’a jamais dépassé 5,8% au Japon ! Pourtant, la Commission Européenne avait signé un accord de libre-échange avec Tokyo en 1991, pour lever les restrictions aux importations de voitures japonaises en Europe. On constate aujourd’hui que si le marché européen s’est ouvert, cela n’a pas été le cas pour le marché japonais, qui reste protégé, comme ses alter-egos de Corée du Sud et de Chine, où les importations restent marginales.

Comme d’habitude, les eurocrates pêchent par dogmatisme néolibéral. Bien sûr, ils avancent des gains de croissance si un tel accord était signé, mais l’expérience nous montre que cela est totalement bidon. Les gains de croissance ne sont que pour les pays qui commercent avec nous et profitent de l’ouverture trop souvent inconditionnelle de nos marchés tout en continuant à protéger le leur pour préserver l’emploi, un souci qui ne semble pas habiter les eurocrates. Au contraire, une étude de la Fed montre que le commerce avec la Chine a coûté 30% des emplois industriels aux Etats-Unis.

La balance commerciale doit être équilibrée

dimanche 28 avril 2013

Après le vote du mariage pour tous, réapprendre à débattre


En aucun cas ce papier a pour but de reprendre un débat en partie clôt par le vote de l’Assemblée, auquel j’ai consacré plusieurs textes et pour lequel je n’ai pas changé d’opinion, mais plutôt de s’interroger sur les raisons qui ont poussé à un climat de guerre civile bien peu propice au débat.



Zéro partout : la démocratie perd

Bien sûr, chaque camp va attribuer à l’autre la responsabilité du climat détestable dans lequel s’est déroulé le débat sur le mariage pour tous. Mais cette question est d’autant plus brûlante que d’autres pays ont débattu de la même législation de manière beaucoup plus sereine, que ce soit en Nouvelle-Zélande, où les débats parlementaires se sont conclus par un chant, en Uruguay, ou même en Grande-Bretagne, où c’est un gouvernement de droite qui mène cette réforme. L’explosion des violences homophobes semble être une conséquence détestable de ce mauvais climat.

Après avoir beaucoup débattu de la question, je crois que la raison principale de la crispation vient d’un défaut d’écoute et d’un refus de penser que l’opposant raisonne en fonction de sa vision de l’intérêt général. Trop souvent, les opposants au mariage pour tous ont présupposé que ses partisans, quand ils ne seraient pas eux-même homosexuels, le faisaient par conformisme intellectuel libertaire ou qu’ils n’avaient pas vraiment réfléchi à la question. Autre problème, ils ont refusé de limiter le débat à la seule question qui était posée, y voyant un pas vers la reconnaissance de la polygamie, voir la zoophilie… Pourtant, la question qui était posée n’était en aucun cas celle de la PMA et encore moins de la GPA. En caricaturant la proposition du gouvernement, ils ont largement contribué à accentuer les tensions, déplaçant le débat sur des questions beaucoup plus clivantes, alors que ce n’était pas le sujet.

Mais trop souvent aussi, les partisans du projet gouvernement ont refusé d’écouter les arguments des opposants, se contentant de les considérer comme des homophobes. J’ai pu, dans un papier, dont je me suis excusé dans un second temps, céder à cette tentation. Certes, il s’agissait aussi d’une réaction aux caricatures outrageuses du camp d’en face, mais on ne peut pas débattre sereinement si chacun s’accuse d’arrières-penséees, quitte à totalement dériver du sujet initial. De même le traitement médiatique a sans doute contribué à la crispation du débat. En effet, comme en 2005, une partie de la population s’est sans doute radicalisée en constatant (à raison) le biais partisan de la plupart des journalistes, Canal Plus récoltant sans doute la palme du plus partisan. Les attaques dont a été victime Frigide Barjot ont été souvent excessives étant donnée la façon dont elle s’est comportée, évitant globalement les excès dans lesquels certains membres de l’UMP sont tombés, y compris à l’Assemblée.

Un débat mal géré

samedi 27 avril 2013

Marché des droits à polluer : l’UE a tout faux !


Le 16 avril dernier, le parlement européen a refusé de retirer temporairement une partie des droits à polluer, accentuant la chute du prix de la tonne de carbone, passée sous les 3 euros, alors qu’elle cotait 20 euros il y a deux ans. Un exemple qui synthétise tout ce qui va mal dans cette Europe.

Dogmatisme néolibéral

Dans l’absolu, la solution du marché des droits à polluer semble élégante et efficace. Elle permet de fixer des paliers de réduction d’émission de CO2 et de laisser les acteurs les plus efficaces se répartir l’effort de baisse des émissions par le jeu du marché. Malheureusement, le marché des droits à polluer montre encore une fois que les mécanismes du marché sont plus que perfectibles. Et en décidant de laisser l’offre et la demande fixer le prix du CO2, l’Union Européenne s’est trompée.


En effet, le problème des marchés est qu’ils sont exubérants et irrationnels. Le prix du carbone était tombé de 25 à 8 euros la tonne pendant la crise, il est remonté à 20 euros, avant de tomber à 7-8 euros. La crise et le refus de retirer des droits à polluer ont fait plonger les cours à 2,75 euros ! Résultat, ce sont les centrales à charbon qui sont les plus rentables aujourd’hui : 69 vont être construites dans les prochaines années ! De plus, l’instabilité des cours est très négative pour les investissements dont la rentabilité devient très aléatoire. En l’absence de certitudes, beaucoup de projets sont gelés.

Des lobbys et de la bureaucratie arbitraire

En fait, ce cas précis démontre toute la difficulté qu’il y a à fixer le bon quota de droits. L’UE en a trop émis. Résultat : le prix s’est effondré et les acteurs du marché ne sont pas incités à faire des efforts, bien au contraire. Pire, dans le cas de l’UE, devant la colère des industriels qui y voyaient un coût supplémentaire dans une compétition internationale où leurs coûts sont déjà trop importants, des droits ont été donnés, ce qui représente une subvention déguisée et pollue le mécanisme.

En outre, il est bien évident que ce sont les lobbyistes les plus efficaces qui ont obtenu le plus de droits, en dehors de tout mérite objectif… Et là, tout le monde sait qu’à Bruxelles, les lobbys sont rois, faisant et défaisant les réglementations en fonction de leurs intérêts. En fait, même The Economist a reconnu que le mécanisme le plus efficace pour taxer les émissions de CO2 est une taxe uniforme dont la progression serait annoncée à l’avance pour favoriser les investissements.

L’oubli de la contrainte extérieure

vendredi 26 avril 2013

Chômage : le Munich socialiste


Hier, le nombre officiel de chômeurs a battu le sinistre record de 1997 avec une nouvelle progression du nombre de demandeurs d’emplois de 36 900 en catégorie A et 34 400 en catégorie B et C. De manière stupéfiante, les socialistes continuent de faire le dos rond et d’amuser la galerie avec des mesurettes.



Quand les socialistes virent antisociaux

Frédéric Lordon a bien raison de dire que le Parti « Socialiste » est devenu la droite complexée, les collabos du capital. Il y a quand même quelque chose d’hallucinant à voir ceux que l’on positionne sur la gauche de l’échiquier politique, et donc sensés avoir un minimum d’intérêt pour les questions sociales, à assister sans broncher à une telle progression du chômage, si ce n’est en brandissant une « boîte à outil » totalement dérisoire et sans effet sur le développement de ce cancer de la société.

Le PS a choisi l’UE, les banques et l’austérité contre les peuples. Ce que des libéraux humanistes comme Maurice Allais ou Jean-Luc Gréau ont bien identifié comme la priorité des politiques économiques, ne semble guère importer pour un parti, qui, de toutes les façons, a théorisé l’abandon pur et simple des des classes populaires au FN pour les bénéficaires de la mondialisation. Les ouvriers de Florange ont bien eu raison de déposer une stèle en mémoire de la trahison du président.

Ce gouvernement ne fait presque rien pour l’emploi. Les nouveaux contrats aidés sont un gros échec et ne sont que des pis-aller pour limiter la hausse du chômage. L’efficacité du pseudo-plan de croissance européen se mesure aux chiffres de la croissance en  Europe. Le crédit d’impôt est une mesure dérisoire quand on peut trouver en Europe des pays où le coût du travail est 90% plus bas qu’en France, outre que son effet peut être annulé à tout moment par une appréciation de l’euro.

L’oubli des leçons de l’histoire

jeudi 25 avril 2013

Pourquoi s’opposer à l’amnistie pour les mouvements sociaux


Hier, le gouvernement a annoncé qu’il est défavorable au projet d’amnistie des délits commis lors des mouvements sociaux, présenté par le groupe communiste et adopté au Sénat. Si le gouvernement a raison d’être ferme, il est dommage que ce soit toujours dans le même sens.




Non à l’ensauvagement de la société !

Hier matin, Gérard Filoche défendait sur RTL ce projet d’amnistie. Le député socialiste a sous-entendu que nos droits sociaux étaient le produit des occupations d’usine, impliquant qu’un rapport de force qui pouvait être violent était le seul moyen d’obtenir ces droits. Il a aussi dénoncé justement la violence des entreprises à l’égard des salariés avec les plans sociaux. Il s’est résolument mis du côté des syndicats, affirmant même « on est amené à casser (…) on les a poussé à bout ».

Laurent Bazin a justement noté que « 98% à 99% des syndicalistes n’ont pas fait le coup de poing et n’ont rien cassé », démontrant qu’il est parfaitement possible d’agir sans violence. Si la rhétorique de Gérard Filoche sur les difficultés des salariés était juste, il était difficile de voir pourquoi il faudrait donner un permis de casser aux manifestants en amnistiant tout délit réalisé lors de mouvements sociaux entre 2007 et 2013 (à l’exception, naturellement, des violences aux personnes).

Ce faisant, la réaction du gouvernement est (pour une fois) juste. Adopter un tel projet de loi serait un précédent fâcheux qui pourrait avoir de graves conséquences pour les prochains mouvements sociaux puisque les casseurs pourraient croire à leur impunité. Même s’il est vrai que ces mouvements sont souvent l’expression d’une révolte et d’une douleur compréhensibles, rien ne peut justifier l’impunité vis-à-vis de la destruction de biens, qu’ils soient privés ou publics.

L’impunité pour les uns, mais pas les autres

mercredi 24 avril 2013

Fillon, le Monde, Barroso, FMI : les apprentis sorciers de l’austérité


Il y a trois ans, le débat faisait rage sur les politiques d’austérité en Europe. Trois ans après, il est tranché tant leur résultat est aussi détestable socialement qu’inefficace économiquement. Si certains ont admis s’être trompés, d’autres persistent dans l’erreur, comme François Fillon ou le Monde.

Les chevaliers de l’apocalypse



Alors que même le FMI a reconnu son erreur, certains persistent, encore et toujours. François Fillon, qui disait être à la tête d’un état en faillite avec un déficit de 2,7% du PIB et une dette de 64% du PIB, vient de s’illustrer dans une interview aux Echos. Comme s’il avait vécu en isolation complète depuis trois ans, il propose le même cocktail austéritaire qui a été mis en place en Grèce, au Portugal ou en Espagne, et qui ne provoque que dépression, misère et suicides.

L’ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy propose une hausse de la TVA pour baisser le coût du travail de 5 à 6% et un passage aux 39 heures payées 35, un vrai choc de compétitivité. Il propose également de reprendre le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, de repousser l’âge de la retraite à 65 ans, en développant la capitalisation et une baisse des prix pour les professions réglementées. Bref, un cocktail austéritaire qui ne manquerait pas de plonger notre pays dans la dépression.

François Fillon sait-il que le coût horaire du travail est de seulement 3,7 euros en Bulgarie, contre 34 euros en France. Bref, non seulement l’augmentation du temps de travail provoquerait une flambée du chômage dans une crise de la demande, mais en plus, elle sera illusoire face à des pays dont le coût du travail n’est que 10 ou 20% du nôtre. Le non-remplacement d’un professeur sur deux est proprement suicidaire sachant que nous avons le taux d’encadrement le plus bas de l’OCDE dans le primaire. Enfin, toutes les limites de la capitalisation ont été mises en lumière en 2009…

Le Monde contre les économistes

mardi 23 avril 2013

La BCE a-t-elle donné à la Banque de France le pouvoir de battre monnaie ?


C’est la nouvelle polémique sur la monnaie unique, déclenchée par la publication début avril d’un papier de Paul Krugman sur son blog annonçant carrément que « La France a de nouveau sa propre devise ». Que revèle cette tempête sur la gestion décidemment impossible de l’euro ?

Monnaie unique et banque centrale commune

Cette polémique révèle un aspect souvent ignoré de cette construction monétaire bancale et artificielle. Si la zone euro a une monnaie unique (à savoir une monnaie qui s’est substitué à toutes les autres monnaies, et non une monnaie commune, qui se serait ajouté aux autres), elle a une banque centrale commune et non unique puisque la BCE est venue s’ajouter aux banques centrales nationales qui existaient déjà, organisées aujourd’hui en un SBCE (Système des Banques Centrales Européennes).

En effet, la BCE n’est pas la seule banque centrale de la zone. Mieux, les banques centrales nationales, qui ont subsisté, ne sont pas de simples filiales de la BCE, puisqu’elles conservent une certaine autonomie et participent aux délibérations et prises de décision de la BCE. C’est le produit de cette politique de petits pas destinés à ne pas proposer un grand saut fédéraliste mais plutôt des avancées progressives pour essayer de les rendre plus acceptables pour les peuples européens.

Quand la Banque de France refinance les banques



Paul Krugman s’est étonné sur son blog de la forte baisse et du faible niveau des taux longs français, en expliquant que la BCE ne pouvait pas abandonner notre pays, appelant nos dirigeants à arrêter leur politique d’austérité. Un premier papier publié sur un blog du Nouvel Observateur, a repris le papier du Prix Nobel d’économie, pour avancer l’hypothèse que la BCE interviendrait sur les marchés pour refinancer les banques françaises, dont une serait en difficulté.

Dans un papier plus fouillé paru sur Atlantico, Philippe Herlin affirme que c’est la Banque de France qui interviendrait directement, soulignant que « chaque banque centrale nationale dispose d’une certaine autonomie pour aider ses banques ». En effet, comme le reconnaît notre banque centrale, la France est le premier marché européen de Short Term European Paper (STEP), un marché de refinancement de près de 500 milliards d’euros, dont plus de 50% dans l’hexagone.

Une bombe à retardement au cœur de la zone euro

lundi 22 avril 2013

Marine Le Pen, la touriste du parlement européen


L’affaire Jérôme Cahuzac a poussé le gouvernement à proposer une loi de moralisation de la vie politique. Si certains aspects sont positifs, d’autres (la publication des patrimoines) sont plus contestables. Marine Le Pen a essayé de surfer sur cette occasion mais c’est un terrain glissant pour elle.

Service minimum au Parlement européen



C’est un article de Marianne qui m’a mis la puce à l’oreille. En pleine polémique entre José Bové et Jean-Luc Mélanchon, le journaliste rappelle que la présidente du Front National n’a été présente que 122 jours lors des plénières du Parlement (ce qui la classe à une piteuse 742ème place sur 754 députés) et qu’elle n’a posé que 4 questions parlementaires depuis 2004, ce que confirme le site votewatch, qui précise qu’elle a participé à 61% des plénières et 58% des votes.

Alors bien sûr, certains évoqueront son rôle comme candidate à la présidence de la République en 2012 pour justifier ce faible score. C’est d’ailleurs l’argument de Jean-Luc Mélenchon face à José Bové, qui affiche des scores légèrement supérieurs à sa rivale (67 et 61% respectivement). Cependant, la présence au vote n’est qu’une mesure parmi d’autres, une mesure quantitative et non qualitative, d’autant plus que pour être considéré comme participant à une plénière, il n’est pas forcément besoin de rester toute la journée, comme le montre cette bien triste vidéo.

Et d’un point de vue qualitatif, il n’y a vraiment pas photo. Quand Marine Le Pen pose 2 questions, Jean-Luc Mélenchon en pose 24. Quand elle fait 32 discours, il en fait 493 ! Enfin, il a proposé 36 motions et amendé 6 rapports alors que le compteur de la présidente du FN est vierge partout ailleurs. Pire, Marine Le Pen était encore moins assidue lors de la législature précédente, classée avant-dernière selon deux études avec 50% de taux de présence ou dans le classement de Parlorama.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

samedi 20 avril 2013

Que penser des 15 ans de pause dans le réchauffement climatique ?


The Economist est un avocat de la lutte contre le réchauffement climatique. Ses positions sont équilibrées et pragmatiques. Dans un récent dossier, il a montré que le réchauffement de la planète semble avoir atteint un plateau depuis 15 ans, en contradiction avec les modèles sur lesquels nous nous basons.

Quand le réchauffement fait une pause



Le graphique publié par l’hebdomadaire britannique est très clair : alors que la température moyenne de la planète s’était élevée de manière régulière dans les années 1980 et 1990, un plateau semble avoir été atteint depuis. Pourtant, la quantité de dioxyde de carbone émise par l’homme a augmenté de plus d’un tiers. Plus préoccupant pour les scientifiques qui travaillent sur la question, la température moyenne de la planète est en train de sortir de l’intervalle de confiance à 90% des modèles construits par le GIEC, et qui vont devoir logiquement être sérieusement remis en question.

Ces modèles, dont les prévisions seront revues pour le mois de septembre, prévoyaient un réchauffement de 3°C, un niveau susceptible de provoquer de grandes catastrophes (sècheresses, famines, cyclones, élévation du niveau de la mer). Mais depuis, des scientifiques de Norvège et du Japon ont fait des prévisions moins alarmistes, entre 1,6 et 2,3°C. La possibilité d’un réchauffement de 3°C devenant un scénario extrême (au lieu des 4,5°C du scénario officiel du GIEC).

The Economist décrit les hypothèses des scientifiques pour expliquer de tels écarts. Il évoque les effets de la suie, sujet à controverse, tout comme ceux des nuages, qui pourraient avoir été surévalués. D’autres évoquent le rôle de l’océan, qui pourrait avoir stocké une partie du réchauffement dans ses profondeurs. The Economist souligne que les modèles les plus simples semblent aujourd’hui avoir raison : ils anticipent un réchauffement de 2°C d’ici la fin du siècle.

Que faut-il faire, par conséquent ?

vendredi 19 avril 2013

Arnaud Montebourg mendie une politique industrielle auprès de Bruxelles


Le ministre vient, soutenu par Londres et Berlin, de demander à la Commission la « libéralisation des aides d’Etat » en matière industrielle. Par delà l’aspect pathétique qu’il y a à implorer les eurocrates de ne pas respecter les traités, cela montre encore le double jeu de ce gouvernement.



La continuité avec Nicolas Sarkozy

L’ancien président de la République avait beaucoup parlé. Il avait promis de moraliser le capitalisme, de venir à bout des parasites fiscaux ou de sauver Gandrange. Il avait dénoncé l’euro cher, critiqué la politique de la BCE et la concurrence déloyale. Ses belles paroles n’ont jamais dépassé le stade de belles paroles. Alors qu’il avait l’opportunité historique, après le « non » français de 2005, de renégocier les traités européens, il a laissé faire ce qu’il dénonçait dans ses discours.

Le nouveau gouvernement fait exactement la même chose. François Hollande passe son temps à parler de croissance mais non seulement il ne fait rien pour la stimuler mais toute sa politique économique conduit au contraire à la plomber, comme le montre d’ailleurs l’évolution du PIB, qui pourrait reculer en 2013 ! De manière épisodique, le gouvernement supplie l’Europe de faire plus pour la croissance ou dénonce les politiques d’austérité et la concurrence déloyale, mais rien ne vient.

Arnaud Montebourg est le grand spécialiste de cet enfumage médiatique, lui qui a osé dire qu’il avait sauvé soixante mille emplois sur soixante-dix mille qui étaient menacés alors qu’il n’a rien fait pour les plans sociaux de PSA et Renault, qui vont aboutir à la disparition de plus quinze mille emplois en France. Idem pour les sites de Florange, Sanofi ou Pétroplus, qui vont bien fermer. Le ministre parle, les plans sociaux et les licenciements passent, sans le moindre ajustement.

Faux-semblants européens

jeudi 18 avril 2013

Vénézuela : la révoltante ingérence des Etats-Unis





Mais qui sont les vrais démocrates ?

La présidence d’Hugo Chavez est un sujet clivant. D’une part, les manières autocratiques de l’ancien dirigeant du pays peuvent choquer à raison les partisans sincères de la démocratie. Mais de l’autre, il faut bien constater que l’ancien président Carter avait jugé que la démocratie vénézuélienne fonctionnait mieux que celle de son pays. Que lorsqu’il a perdu un référendum, il a suivi l’avis du peuple (contrairement à nos dirigeants en France après 2005). Du coup, il est essentiel de diversifier ses sources d’information : le blog d’Alexis Martinez sur Ragemag en est une très recommandable.

Alors que la plupart des sondages lui promettaient une victoire large, comme pour Hugo Chavez, Nicolas Maduro a rassemblée 50,7% des suffrages, contre 48,9% à son adversaire, avec une participation proche de 80%. Bref, des scores qui ne souffrent pas de contestation en principe, d’autant plus que le processus électoral est particulièrement bien encadré au Vénézuela avec de nombreux observateurs des deux camps assurant le respect de la volonté du peuple.

Malheureusement, Henrique Capriles, comme José Luis Obrador au Mexique, n’a pas reconnu le résultat et demande un recomptage, provoquant de graves tensions. Des manifestations se sont malheureusement soldées par plusieurs morts et blessés, les deux camps s’accusant mutuellement des troubles. Les Etats-Unis ont plaidé pour un recompte des voix, le porte-parole de la Maison Blanche estimant qu’il s’agissait d’une étape « importante, prudente et nécessaire ».

Comme le rapporte Jean Ortiz, cette ingérence des Etats-Unis est proprement scandaleuse. Qu’auraient-ils dit si nous nous étions officiellement mêlés de l’élection qui avait vu Georges Bush Junior l’emporter sur Al Gore de manière très contestable ? Non seulement Washington est mal placé pour donner des leçons de démocratie, entre l’épisode de 2000, les découpages délirants ou les manœuvres pour éviter de faire voter certains électeurs, mais l’organisation de putschs militaires en Amérique du Sud et le soutien mené contre Hugo Chavez en 2002 devrait plutôt l’inciter à faire profil bas ici.

Le chavisme survit (pour l’instant) à Chavez

mercredi 17 avril 2013

Pour Frédéric Lordon, le PS, c’est la droite complexée, les collabos du capital


Il faut lire Frédéric Lordon, un des meilleurs analystes de la crise que nous traversons, alliant rigueur de l’analyse, propositions (volontiers collectivistes) et un style très enlevé. Son sens de la formule en fait un éditoraliste particulièrement saignant, qui, dans sa dernière livrée, éreinte le PS comme jamais.

La contre-révolution du Parti Socialiste



Frédéric Lordon n’a jamais été tendre avec les « socialistes ». Dans un de ses précédents ouvrages, il montrait que le PS avait davantage contribué à la libéralisation de notre économie que la droite. Mais dans ce nouveau papier « Le balai comme la moindre des choses », il cogne dur, finalement bien plus encore que Jean-Luc Mélenchon sur le fond. Et le plus terrible pour l’équipe au pouvoir est que sa démonstration est cruellement bien argumentée et difficilement réfutable.

Il soutient que « c’est bien l’impressionnante continuité de la politique économique qui frappe n’importe quel regard, à commencer bien sûr par la reconduction telle quelle des grandes contraintes européennes – objectif insane des 3% en pleine récession et pacte budgétaire européen (TSCG) négocié-Sarkozy ratifié-Hollande, mais complétée par le déploiement intégral du modèle compétitivité-flexibilité, simplement rêvé par le prédécesseur, enfin réalisé par le successeur ». Pour lui « sans doute l’issue d’une trajectoire historique de long terme qui l’aura vu se déporter tendanciellement, et irréversiblement, vers la droite, le socialisme de gouvernement, après avoir abandonné la classe ouvrière pour se vouer aux dites ‘classes moyennes’, puis ‘moyennes-supérieures’, mais formellement, toujours ‘dans le salariat’, a maintenant fait, un cran plus loin, le choix de l’alliance… avec le capital ».

Frédéric Lordon s’appuie sur le discours de Jean-Marc Ayrault aux universités du Medef, l’ANI (Accord National Interprofessionnel), signé par le Medef (encore…) et la CFDT, l’affaire des Pigeons et le rapport Gallois pour appuyer son propos. Plus globalement, c’est l’agenda compétitivité du gouvernement, sur lequel je suis revenu plusieurs fois, qu’il met en cause. Pour lui, le PS est passé du service indirect des intérêts du capital (désinflation compétitive, monnaie unique, banque centrale indépendante) à des « politiques désormais très ouvertement passées du côté du capital ». Il va jusqu’à les comparer aux munichois, reprenant la phrase de Churchill pour dire que « le socialisme de collaboration – vrai nom du ‘socialisme de l’offre’ – aura l’échec en plus de la honte ».

Le contre-sens du « socialisme de l’offre »

mardi 16 avril 2013

Le Portugal se rebelle contre l’euro récession





L’impasse de l’austérité

Il y a deux ans, le Portugal devenait le troisième pays à être « aidé » par l’Europe. En fait, ce plan de 78 milliards permettait surtout de garantir les créances des banques et des investisseurs sur l’Etat portuguais, au prix d’un plan d’austérité sévère. Les résultats ne se sont pas faits attendre : le PIB a reculé de 2% en 2011 et de 3% en 2012. Du coup, les coupes dans les budgets ont plongé le pays dans le même cercle vicieux que la Grèce, l’effondrement économique faisant tellement reculer les recettes fiscales que le déficit a gonflé de 4,4% en 2011 à 6,4% du PIB en 2012.

Bien sûr, The Economist souligne que le déficit de la balance des paiements est tombé de 10,4% du PIB en 2008 à seulement 0,3% aujourd’hui, ce qui est un progrès important. Néanmoins, cela s’est fait par le biais d’un effondrement économique qui devrait mener le taux de chômage à 19% de la population. Il est bien évident qu’une austérité sauvage tend à améliorer les comptes extérieurs puisqu’elle provoque une très forte baisse de la consommation intérieure, et donc des importations.

Mais la machine se grippe un peu plus puisque la Cour Constitutionnelle du pays vient d’annuler quatre des neufs programmes de coupes budgétaires. La réduction des pensions de retraite, la suppression d’un des deux mois additionnels du traitement des fonctionnaires et des coupes dans l’assurance maladie et l’assurance chômage ont donc été déclarées non conformes à la consitution du pays. Du coup, le premier ministre doit trouver 5,3 milliards d’économies nouvelles sur 3 ans.

La zone euro de plus en plus fragile

lundi 15 avril 2013

Monsanto achète-t-il nos gouvernants ?


Monsanto est une entreprise particulièrement performante en matière d’influence des législations, comme je le soulignais déjà en 2008. Après l’interminable feuilleton du MON 810 en Europe, une nouvelle loi passée aux Etats-Unis créé une grosse polémique, comme le rapporte le Monde.

Le « Monsanto Protection Act »

Ainsi que le rapporte le quotidien, « c’est un amendement discret glissé dans une loi budgétaire pour l’agriculture aux Etats-Unis (…) : la justice américaine ne pourra plus s’opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si leur homologation est contestée devant un tribunal. Une disposition perçue comme un cadeau aux géants de l’agrochimie, Monsanto en tête ». De nombreuses associations ont protesté et soupçonnent un élu républicain du Missouri d’avoir poussé cet amendement, dénoncé par plusieurs élus démocrates.



Ce nouvel épisode pose d’autant plus problème que Monsanto a démontré une capacité assez incroyable à influencer les législations de nos pays. L’exemple le plus choquant est bien sûr la saga abracadabrantesque de la commercialisation du MON 810 en Europe. En 2009, la Commission avait tenté d’interdire l’interdiction de sa culture aux Etats membres en passant par une procédure de majorité inversée (où seule une majorité des deux tiers des Etats peut la bloquer) mais elle avait perdu.

Malgré tout, l’UE continue à pousser ses intérêts puisque c’est la Cour de Justice, qui, depuis 2011, essaie de faire passer par la fenêtre ce qui avait été refusé. Un vrai scandale démocratique ! Il est révoltant de constater que les institutions européennes permettent à une telle multinationale de passer outre l’avis d’une immense majorité de dirigeants démocratiquement élus, d’autant plus que l’histoire de Monsanto est jonchée d’épisodes très troublants, comme le rapporte ce papier du Monde.

Reprendre le contrôle de notre alimentation

dimanche 14 avril 2013

L’Allemagne peut-elle quitter l’euro ?



Ces Allemands qui n’en peuvent plus de l’euro

Atlantico a publié un décryptage très intéressant sur le nouveau parti « Alternative pour l’Allemagne » (AfD). Ce parti rassemble plutôt des membres de la société civile, économistes, entrepreneurs, journalistes, exaspérés par le mode de fonctionnement de cette UE et qui pensent fondamentalement que la monnaie unique européenne ne peut plus fonctionner en l’état. Ils prônent soit un démontage complet de l’euro, soit son fractionnement en plusieurs monnaies uniques.

Un sondage a indiqué que ce nouveau parti intéresse un quart des électeurs allemands. Sachant que le pays est appelé aux urnes dans cinq mois, cela bouleverse le jeu politique. A priori, le discours d’AfD devrait davantage lui faire mordre sur l’électorat de la CDU et de la CSU, ce qui pourrait mettre Angela Merkel en difficulté. Mais les observateurs soulignent que l’ensemble de la population allemande est de plus en plus exaspéré par l’évolution de la crise de la zone euro.

En effet, les Allemands sont d’autant plus fatigués d’être les cautions de dernier ressort de la zone, que le nombre de pays « aidés » ne cesse d’augmenter. A peine le cinquième pays aidé (Chypre), qu’un sixième (Slovénie) semble devoir frapper à la porte du MES… Pire, alors qu’ils financent ces plans, les Allemands commencent à être fatigués de se voir traiter de nazis par les populations et la presse des pays « aidés », ce qui commence à créer un vrai ressentiment contre l’euro.

Les Allemands peuvent-ils franchir le Rubicon ?

samedi 13 avril 2013

Chypre, Slovénie : les incendies se multiplient dans la zone euro


Fin 2012, après six mois de calme sur les marchés, les partisans de la monnaie unique européenne avaient crié victoire un peu vite. La crise chypriote est venue rappeler la fragilité de l’édifice monétaire européen, d’autant plus que la facture vient d’être revue à la hausse. Et d’autres foyers de crise pointent leur nez…



Qui sera le prochain ?

Cela fait déjà cinq pays (sur 17…) qui ont été « aidés » par les autorités européennes pour les sortir de la crise provoquée par la monnaie unique. Mais cette crise ne semble pas vouloir se limiter à 30% des pays de la zone puisque de nombreux autres foyers sont d’ors et déjà identifiés. Hervé Nathan et Emmanuel Lévy, dans Marianne, font la liste des candidats à la prochaine crise. Et malheureusement, elle est longue : Malte, Luxembourg, l’Irlande, la Slovénie, et hors zone euro, la Lettonie (qui souhaite adopter la monnaie unique) ainsi que la Grande-Bretagne et ses parasites satellites.

Les deux premiers sont d’autres petits parasites fiscaux nichés au sein de l’UE (ce qui augure bien mal pour une véritable réforme sur la question…). Et leurs systèmes bancaires, pas moins hypertophiés que celui de Chypre, inquiètent de plus en plus. Il faut dire que les banques pèsent plus de 20 fois le PIB au Luxembourg, contre seulement 8 fois à Chypre ou 4 fois en France. Autant dire que la moindre crise bancaire imposerait à nouveau une intervention des pompiers européens.

Mais les projecteurs sont aujourd’hui braqués sur la Slovénie, comme le rapporte le Point, suite à la parution d’un rapport de l’OCDE appelant le pays à régler la crise de son secteur bancaire. Certes, l’organisation se veut rassurante en affirmant que le gouvernement slovène devrait pouvoir la résoudre seul, mais elle critique aussi les modalités du plan de restructuration bancaire. L’OCDE a proposé une quinzaine de mesures au pays, dont une privatisation des banques publiques.

Ces foyers qui couvent toujours