Malgré les
nombreux scandales, Bitcoin poursuit son chemin, notamment en France, où, coup
sur coup, le ministre Michel Sapin dit que « réguler
n’est pas museler » suite à un
rapport du ministère et où un
rapport du Sénat PS-UMP prend plutôt position en faveur de bitcoin et des
monnaies virtuelles.
Unanimisme
administration-PS-UMP
Comme
le rapporte le Monde, Michel
Sapin considère que, si « les monnaies
virtuelles sont une réalité qu'il ne faut pas grossir (...), elles témoignent
d'une capacité d'innovation qu'il faut promouvoir » et « le système doit être régulé par la puissance
publique ». Le
rapport du ministère alerte néanmoins sur les utilisations frauduleuses,
favorisées par l’anonymat, qu’il faudrait donc pouvoir lever, et souligne aussi
la nécessité de mieux protéger les utilisateurs. Le directeur de Tracfin
précisait en effet que « les utilisateurs
ne profitent d'aucune garantie d'un tiers ou de l'Etat lorsque, par exemple,
une plate-forme étrangère comme MtGox met la clé sous la porte ». Bref, les
dangers sont pointés mais pas traités.
Le ministre
s’est presque fait le promoteur des monnaies virtuelles en disant dans le Monde : « elles ont d'abord un intérêt pratique car elles offrent des
possibilités de transactions à coût plus faible que les services de paiement classiques. Elles
offrent également une alternative aux consommateurs, une autre philosophie de
l'échange, moins institutionnel. C'est un modèle que je respecte, et qui repose
sur une capacité d'innovation qu'il faut promouvoir.
Pour ce faire,
le système doit être
régulé, au bon sens du terme, sans jugement de valeur. Réguler
n'est pas museler ».
Quelques
jours plus tard, deux sénateurs, l’UMP Philippe Marini et le PS François Marc,
ont poursuivi leur promotion : « le
bitcoin offre une très grande sécurité des transactions : celles-ci sont
cryptées et validées par un grand nombre d’ordinateurs de manière
décentralisée, sans passer par un système central par définition plus
vulnérable ». Malgré tout, ils n’ignorent pas leurs risques
pointant que « le
bitcoin ne bénéficie d’aucune garantie de convertibilité en monnaie réelle par
les pouvoirs public. Cela laisse les utilisateurs bien dépourvus en cas de
perte généralisée de confiance dans le système ».
Oui oui
au pays de la fausse monnaie
Car par delà
tous les inconvénients du système (déjà fortement disqualifiant), il
est tout de même incroyable que l’on ne se demande pas davantage s’il faut, ou
non, simplement, autoriser les « monnaies » virtuelles. Car ce ne
sont pas des monnaies mais une création virtuelle qui ne repose sur rien de
réellement concret. Si on suit leur logique, n’importe quel escroc pourrait,
demain, créer sa propre monnaie, et devenir riche du jour au lendemain, du
moment où il conçoit un système suffisamment sophistiqué pour sembler donner du
sens à ce qui n’en a pas. Il est tout de même extrêmement inquiétant de
constater que le ministre du budget de la France ne voit pas l’énorme
escroquerie qu’est en réalité le bitcoin.
Tout ceci
montre, pour ceux qui en douteraient encore, que nos dirigeants, PS et UMP,
sont incapables de prendre du recul sur la
question fondamentale de la monnaie. Ils ne font que réagir aux évènements
sans jamais se poser la question du sens plus global des choses, gérant au lieu
de diriger.
Excellent article, Laurent, que je partage totalement.
RépondreSupprimerMais cette volonté de considérer que le bitcoin est une monnaie va dans le sens de l'abandon de la souveraineté, cet actuel "politiquement correct" .
Tu vas voir que Valls ou Hollande vont bientôt nous proposer la privatisation de la Banque de France (il faut réduire la dette, hein !)
Il faut signaler la proposition de "Nouvelle Donne", le nouveau parti de Larrouturou : créer un revenu de base qui serait financé par une nouvelle monnaie l'euro-franc sur le modèle des monnaies locales. Une façon de faire de la création monétaire malgré l'euro...
RépondreSupprimerhttp://www.nouvelledonne.fr/revue-de-presse/nouvelle-donne-veut-verser-un-revenu-de-base-en-euro-francs
@Moi
SupprimerNouvelle donne ou "new deal", ce qui renvoie d'ores et déjà à la proximité idéologique habituelle de la gauche américaine avec la démocratie marchande anglo-saxonne.
L'indépendance n'est pas de ce côté-ci, d'autant qu'il s'agit me semble t-il d'un micro parti manifestement sans assise populaire et électorale.
Encore un parti européiste qui cite du Delors dans ses propositions sur l'Europe... ou l'antienne du "Pour une autre Europe"... bref, la droite libérale une rose à la main, un nouveau courant du parti socialiste progressant en dehors du parti. Le changement c'est pas pour maintenant.
Larrouturou est dans le circuit politique depuis déjà un moment non ?
Philippe Derudder et moi-même avons proposé il y a plus de 2 ans "Une monnaie nationale complémentaire" (éditions Yves Michel) monnaie avec laquelle nous proposons de financer et de rémunérer les activités sociales et sociétales.
RépondreSupprimerN'oublions pas néanmoins qu'on ne peut distribuer que ce qui est produit ... pour ma part je ne suis pas très partisan d'un "revenu de base" tel que proposé par Larrouturou auquel je préfère largement la "revenu minimum de dignité" de de Villepin.
Les inventeurs du bit coin ont réussi a imposer leur création, qu'est ce qui bloque pour réaliser concrètement votre idée de monnaie complémentaire? Pourquoi on ne s'y mettrait pas nous aussi?
SupprimerLe bitcoin est critiquable par son coté déflationniste notamment, qui n'apporte rien à l'activité économique.
RépondreSupprimerNéanmoins, avec un euro geré pour les banquiers et les rentiers et protégé par des forces politiques et économiques indétrônables sans révolution, la population va devoir trouver d'autres moyens d’échanger, il faut bien qu'on vive!
Cette tolérance vis a vis de monnaies non émises par Francfort (tiens tiens, c'est marrant ce nom de ville a t'il eu un effet subliminal sur Trichet ou Balladur ?) pourra être utile dans ce contexte ou la politique monétaire se fait contre le peuple.
On trouve parmi les informaticiens ou les geeks beaucoup de gens ouverts aux idées neuves.
Si assez de personnes se rassemblent des programmeurs pourraient créer une banque virtuelle décentralisée ou des crédits, sans taux d'interêt, s'octroient automatiquement si assez de membres votent pour le produit ou le service proposé.
La monnaie inventée pour l'occasion devra être impérativement fondante sinon ca n'aurait aucun intérêt pour la collectivité.
Ce sera aussi un moyen de résister pacifiquement. Ils veulent nous contraindre ? Et bien les politiciens verront que l'on a pas besoin d'eux et si une monnaie officielle efficace est crée les monnaies virtuelles cesseront d'être utilisées.
90% de la monnaie (par rapport à M3) n'est pas émise par Francfort mais par les banques commerciales... lesquelles garantissent la transformation de leur monnaie en monnaie centrale (celle de Francfort).... C'est toute la différence avec les monnaies dites "complémentaires" .
Supprimer@ A-J H
RépondreSupprimerBien vu et merci pour tes travaux.
@ Moi
J’ai déjà fait un papier sur le sujet, mais il faut que j’étudie la version de Nouvelle Donne
@ TeoNeo
L’utilisation des Bitcoin sert principalement à enrichir ceux qui l’ont créé. Et si les monnaies virtuelles prenaient trop d’importance, nul doute qu’elles finiraient par être interdites ou sacrément réglementées.