dimanche 21 septembre 2014

Hollande nous raconte des histoires


Jeudi, François Hollande a fait sa quatrième conférence de presse du quinquennat, alors que nous approchons de la moitié de son mandat. Que retenir de ce long exercice de style, qui complète le très riche dispositif de communication du président depuis la rentrée politique ?



La fin du président normal

Il semble décidemment bien loin le temps où le candidat François Hollande promettait d’être un « président normal », un concept qui renvoyait aux innombrables aspects anormaux du président sortant. Mais la dureté des temps, l’atonie économique, un chômage en hausse, un pouvoir d’achat en baisse, une impopularité qui bat des records ont poussé le président de la République a changé de ton. Il a de facto dit que sa fonction n’est pas normale et donné à cette conférence de presse une dimension cérémoniale assez contradictoire avec sa promesse d’être un président normal. Dans l’adversité, il trouve du réconfort dans les ors et le cérémonial de la Cinquième République, comme d’autres avant lui.

Devant son échec économique patent, comme beaucoup d’autres présidents de la République en difficulté sur cette question, François Hollande a décidé de mettre l’accent sur les questions internationales, qui lui donnent un statut plus présidentiel et une dimension de chef, deux dimensions sans doute importantes alors que Nicolas Sarkozy vient d’annoncer son retour. L’intervention militaire en Irak lui permet de parler comme chef des armées, un rôle définitivement pas normal, qui doit combattre l’idée qu’il ne serait pas à la hauteur de sa fonction. Nous avons également eu droit à un couplet un peu facile en réalité sur l’Ebola, contre lequel « la France doit là aussi prendre ses responsabilités ».

C’est pas sa faute à lui

L’autre petite musique qu’a essayé de faire passer François Hollande pendant toute la conférence de presse, c’est qu’il ne serait pas le principal responsable des difficultés du pays. Trois coupables dans son argumentation : Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et l’Union Européenne. Jouer encore sur le bilan de son prédécesseur près de deux ans et demi après avoir été élu est quand même un peu fort de café. François Hollande a eu tout le temps nécessaire pour redresser la situation en 2014. Sur l’Allemagne, il n’a pas peur des paradoxes en tenant un discours finalement assez proche de celui d’Arnaud Montebourg et pour lequel il a congédié son ancien ministre il y a moins d’un mois.

Enfin, il y avait quand même quelque chose d’incroyable à voir le président pleurnicher sur la direction de l’Union Européenne, qu’il faudrait réorienter, sempiternel discours du PS depuis les années 1970 alors qu’il a soutenu absolument tous les traités qui ont été signés depuis 30 ans, et qui définissent ce qu’est l’UE aujourd’hui. Au final, François Hollande se présente comme une victime des mauvais éléments qui se battraient avec courage dans l’adversité. Sauf qu’il ne se soucie que de raconter une belle histoire aux Français pour essayer de se re-présenter avec succès en 2017 sans s’intéresser au fond des problèmes contre lesquels il utilise les mêmes recettes qui échouent depuis 30 ans.

D’ailleurs, cette conférence de presse n’a pas eu un grand impact et a finalement été éclipsée par l’annonce du retour de Nicolas Sarkozy. Il faut dire qu’elle était aussi légère sur le fond que longue sur la forme. Il se contente de vouloir raconter une histoire qui le présente sous le meilleur angle.

18 commentaires:

  1. Le retour de Sarkozy est lui aussi plus léger sur le fond que sur la forme. Étonnant qu'il fasse autant de bruit, pour rien.

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    1. @Moi

      Richard III, Macbeth et la Mégère apprivoisée dans Much Ado About Nothing ? Une sorte de Nuits des Rois dans la Tempête, sans Mesure pour Mesure, comme un trop long Conte d'hiver, loin du Roi Jean désormais Marchand à Venise (mais qui est Othello ?). Laissons le Roi Lire cette Comédie des erreurs, en ces temps où à Vérone il n'y a plus ni Roméo ni Juliette, et où seuls demeurent les lazzi de nos Joyeuses commères des palais médiatiques. Et si César veut croire que Tout est bien qui finit bien, c'est Comme il lui plaira... Ils nous restent nos Songes, et les douces Nuits d'été...

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  2. Accuser l'Allemagne est hallucinant, de même pour le refus franc de poursuivre la politique d'austérité. Nous sommes face à quelque chose de tout-à-fait nouveau, une fin de non-recevoir aux demandes allemandes, la réponse de notre voisine pourraît être intéressante.
    Ne s'agit-il pas d'un grand pas vers la fin du système actuel?
    jard

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  3. "lui permet de parler comme chef des armées, un rôle définitivement pas normal"

    Bien sûr que si c'est un rôle normal pour un président, c'est même écrit dans la constitution.

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    1. "normal" dans le sens "président normal" que Hollande nous a seriné pendant la campagne.

      A relier à la phrase écrite précédemment : " Il a de facto dit que sa fonction n’est pas normale et donné à cette conférence de presse une dimension cérémoniale assez contradictoire avec sa promesse d’être un président normal."

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  4. @LP,

    FH est le plus remarquable directeur de Cabinet de la Vème République. La question est, qui est le Président de ce brillant haut fonctionnaire ? Beaucoup de hauteur de vue, mais administrative. La politique, c'est pas maintenant.

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  5. Gilbert Perrin

    il y a 3 heures


    .


    EXASPERATION des BRETONS .....

    Stéphane LE FOLL : "Toute violence est inacceptable"

    OUI, Monsieur le ministre, dans ces conditions la VIOLENCE FISCALE et JUDICIAIRE que vous pratiquez est AUSSI INACCEPTABLE...

    Les bretons vous les connaissez, vous vous dites breton ne sont pas des "mous", ils vous approuvent Monsieur le Ministre.

    Quant à moi, j'ai vécu toute ma vie comme "PIGEON" aujourd'hui je suis chasseur de nuisibles et, APPROUVE mes compatriotes

    Gilbert Perrin.

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  6. "Si en 40 nous n'avions pas eu la résistance, QUE SERIONS NOUS ? nous serions ALLEMANDS !!!!"

    Mais non, c'est l'URSS et les USA qui ont abattu Hitler, sans eux, la résistance n'aurait pas pu faire grand chose

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    1. Vous êtes un passif .... et oubliez vite, ils ont tout de même eu le mérite d'exister !!!! je respecte ce qu'on fait de valeureux français pendant que d'autres collaboraient... Regardez donc ce qui se passe aujourd'hui ?

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  7. jard

    L'Allemagne a une responsabilité écrasante dans la situation actuelle :

    Soustraire la Banque centrale européenne aux pressions nationales – par exemple au lobbying intense que lui fait subir la Bundesbank – doit donc être une priorité absolue. La consécration de l’indépendance de la BCE sera ainsi une étape fondamentale dans l’intégration européenne.


    http://www.michelsanti.fr/bce-peche-originel/

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    1. L'Union européenne et la BCE sont une hérésie pour des multiples raisons qu'un enfant de dix ans est capable comprendre. Raisons qui ont été suffisamment et sérieusement abordés ici et ailleurs. Plutôt que de regarder dans le rétroviseur ou de s'arcbouter sur des règles et principes théoriques inopérants pour répondre aux défis d'aujourd'hui, nos bien-aimés dirigeants devraient avoir le courage et la lucidité de remettre en cause leur politique. Je vous rassure, ils ne le feront pas puisque, au-delà des discours convenus et politiquement corrects, les résultats obtenus sont tout à fait convenables pour ceux qui les emploient. Banksters, multinationales et possédants sont très satisfaits de voir leurs serviles laquais bloquer toute réforme du système actuel et user du levier de la globalisation pour faire tomber l'argent dans leurs poches profondes. Est-ce clair ou faut-il faire un dessin ?

      Demos

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    2. @Demos,

      Et pour les moins de six ans ?

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    3. Antoine de Saint-Exupéry, l’humaniste, a déjà répondu.
      A l'âge de 6 ans, il aimait dessiner des serpents boas. Il a montré ses chefs d'œuvre aux grandes personnes, mais celles-ci lui ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de s'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire (Extrait de @ lalettre.com).
      Plus tard, il a écrit dans « pilote de guerre » : « on franchit … un certain porche au-delà duquel, d’emblée, on est un homme. Alors, le pas pèse plus lourd sur la terre… La règle, l’équerre, le compas, on en usera pour bâtir le monde ou triompher des ennemis. Finis les jeux ».

      Demos

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  8. Demos

    Très clair, pas besoin de faire un dessin, Mr le Professeur.

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  9. "D’ailleurs, cette conférence de presse n’a pas eu un grand impact et a finalement été éclipsée par l’annonce du retour de Nicolas Sarkozy. Il faut dire qu’elle était aussi légère sur le fond que longue sur la forme. Il se contente de vouloir raconter une histoire qui le présente sous le meilleur angle."

    Vendredi matin j'écoutais Europe 1 dans ma voiture. Un journaliste annonçait sur le ton de la complainte, que le retour de Sarkozy allait "saturer l'espace médiatique". M'enfin, la faute à qui ?
    Qui ne cesse de ne donner de l'importance à ce qu'il ne l'est pas ? Qui choisit de mettre en tête de gondole les "personnalités politiques", au détriment des sujets de fonds ?
    Les médias. L'ancien président ne connait que trop bien leur fonctionnement : "Vous voulez de la barbaque ? Je vous en donne !". Et les médias se précipitent dessus.

    Alors oui, Hollande fait du story-telling, il se plaint, il dit que c'est pas sa faute, que c'est dur... blablabla. Il répond aux médias, lui aussi leur donne ce qu'ils veulent.

    Et tout cela donne le sentiment étrange que nous, nous les vrais gens, sommes les spectateurs d'un cirque où Monsieur Loyal (Lagardère, Arnault, Niel...etc.) nous impose un agenda politique en totale déconnexion avec le réel.


    Olivier

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  10. Sortir de l'euro ? Le scénario du FN à l'épreuve des faits :

    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/visuel/2014/09/20/sortir-de-l-euro-le-scenario-du-fn-a-l-epreuve-des-faits_4488587_4355770.html

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  11. @ Jard

    Je pense que la faiblesse des taux lui donne cette liberté, mais que s’ils étaient élevés et en hausse, alors il ferait comme Papandréou. Là, c’est plus confortable pour lui

    @ Gilbert

    Mon blog n’est pas un panneau d’affichage à votre disposition. Je supprime votre commentaire

    @ Michel Santi

    Mais le fait d’avoir une seule monnaie est aussi au cœur de nos problèmes

    @ Olivier

    Personne n’impose, je crois qu’il s’agit de mouvements plus profonds, comme les courants marins. Pour l’instant, nous continuons à récolter les mêmes déchets politiques…

    @ Anonyme

    Papier après demain

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  12. Gilbert Perrin
    À l’instant ·

    BUG .... nous sommes habitués aux "bugs" informatique, - aux "bugs" de justice et d'égalité en FRANCE... - aux "bugs" d'insécurité dans nos banlieues.... MAIS le plus important des "bugs" que j'aie connus, c'est le retour des 3 djihadistes "français" détenus en TURQUIE....
    Il est incompréhensible que des terroristes dont une loi récente devrait nous protéger du retour incognito aient déjà été mis dans l'avion en TURQUIE, sans CONTROLE de nos forces de l'ambassade, et qui plus est vers une destination différente de ce qui était prévu initialement (ils étaient prévus arriver à PARIS ou une forte délégation de police les attendaient !!!)
    Notre ministre de l'intérieur est totalement démenti ? Ne nous a t'il pas, en effet, dit il y a quelques jours que la FRANCE était organisée de FACON IRREPROCHABLE et, que les méchants francs allaient VOIR, ce qu'ils allaient VOIR !!!!
    C'est tout vu !!! l'exemple de l'assassinat PITOYABLE par les forces djihadistes d'un de nos compatriotes est une réponse dramatique qui, malheureusement en attend d'autres...
    Monsieur le ministre de l'intérieur, un peu de retenue, il est toujours préférable de "tourner" sept fois sa langue dans la bouche avant de parler... Plutot que de tenter de rassurer le peuple, cette remarque concerne tout autant président et premier ministre !!!!
    Gilbert Perrin

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