lundi 22 septembre 2014

Sarkozy : le retour du communiquant affairiste dans sa bulle


En mars 2012, le président sortant promettait qu’il se retirerait de la politique s’il perdait la présidentielle. Un mensonge de plus pour celui qui semble devoir être le candidat de l’UMP en 2017, et qui s’est livré à une grande opération de communication hier soir avec la complicité de Laurent Delahousse.



Service public de… république bananière

France 2 a fait un beau coup en obtenant la première interview de l’ancien président de la République pour son retour sur la scène publique. Il est évident que les audiences seront bonnes. Mais malheureusement, la déontologie n’en sort pas grandie, Laurent Delahousse ayant davantage joué le rôle de faire-valoir plutôt que celui du journaliste faisant son travail. Certes, quand il a eu le culot d’évoquer les 500 000 chômeurs de plus depuis 2012, il a tout de même rappelé qu’il y en avait eu 750 000 de plus sous son mandat, mais l’ancien président a pu s’abriter derrière la crise de 2008. Et il a laissé passer l’attaque culottée sur le pouvoir d’achat, qui était sa promesse de 2007, pas mieux tenue alors. Enfin, en bon petit soldat du néolibéralisme, il a demandé s’il fallait une « thérapie de choc » : le Medef le remercie…

Il a évoqué les affaires certes, mais il lui a aussi demandé s’il était toujours sur écoute, ce qui a permis à l’ancien président de jouer la victime. Et quand il s’est plaint du non remboursement de sa campagne malgré le soutien de 18 millions de Français, il ne lui a pas rappelé que cela était la conséquence du dépassement du seuil légal de dépenses. Et il a aussi laissé passer l’argument selon lequel s’il était inquiété par les affaires, il ne reviendrait pas à la politique, alors qu’il pouvait lui répliquer en lui disant qu’il n’était peut-être pas inintéressé par l’immunité que confère la présidence. Bref, Delahousse a été complaisant, laissant même passer son ignorance du nom de Bygmalion sans le relancer sur le montant de ses dépenses de campagne. Et je ne parle pas des récents développements de l’affaire Tapie…

Opération communication

Les fils de l’opération de communication étaient extrêmement grossiers. Nicolas Sarkozy s’est présenté comme étant contraint de revenir dans le jeu politique du fait de la gravité de la situation du pays et de sa famille politique. Dans la réalité, son objectif est simple : face à l’émergence d’Alain Juppé, il préfère prendre les devants et prendre le contrôle du parti pour être dans la meilleure position en vue des primaires. Il faut dire qu’à l’UMP, être aux commandes semble avoir une influence sur les résultats des élections internes… Et on voit mal comment le désastre de l’automne 2012 ne peut être sans aucun rapport avec la façon dont le parti avait été dirigé directement ou indirectement par Nicolas Sarkozy…

Du coup, ce dernier espère effacer les turpitudes du passé en changeant de nom et en mettant en avant quelques nouvelles personnes. Bref, il espère faire croire qu’un ravalement de façade superficiel vaut pour un véritable renouveau… Et finalement, c’est ce qui est le plus frappant sur cette interview nombriliste : le candidat déclaré est complètement coupé de la réalité, dans sa bulle, si loin de la réalité qu’il n’avance pas la moindre idée, si ce n’est loucher sur Berlin, « ce meilleur de la classe à qui on demande de moins bien apprendre ses leçons », et qu’il fantasme sur le départ des jeunes, qui ne concerne qu’une infime minorité. Rien de nouveau sous le soleil : il communique au lieu de faire de la politique.

Certes, Nicolas Sarkozy dit avoir tiré les leçons du passé, mais il s’abrite derrière la crise pour justifier ses échecs. Il reconnaît même avoir été un peu brusque, mais il s’agit uniquement d’une posture destinée à lui donner le rôle du sage qui aurait de l’expérience et du recul. Une sacrée ficelle à faire passer !

7 commentaires:

  1. Effectivement ce retour n'augure rien de bon, mais quel alternative est possible aux deux probables duels annoncés aujourd'hui : UMP-FN ou PS-FN ?
    Sur quel base électorale, sur quel programme et avec quel homme pensez vous faire bouger cet état de fait d'ici 2017 ?


    Certaines Idées


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  2. Bonjour,
    NS est certe un bon communiquant mais je n'ai pas trouvé Delahousse acquit à sa cause au contraire,seule sa médiocrité journalistique l'a sans doute paralysé,personne ne peut contester que la crise de 2008 fut d'une extrême violence et je n'ai pas trouvé que NS en abusait,mais c'est aussi trop facile de l'oublier,son méa culpa est plutôt une bonne chose:rare chez les politiques,la critique qui suit inévitablement chez le Pen et les socialistes est tellement convenue que s'en est lassant,est il capable de changer à juste titre cette UMP pourrie par certains hommes et un train de vie fastueux? a t il réellement eut une prise de conscience? je lui laisse pour l'instant le bénéfice du doute ainsi que pour les fameuses idées qu'il n'a pas encore présenté....si il ressort quelque chose de constructif pour la France tant mieux il est temps;

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    1. Je suis entièrement d'accord avec vous sur la médiocrité de Delahousse, plus habitué aux interviews mielleuses de people.
      Parfois il lui tendait des perches énormes, parfois il tentait le tacle, mais ne rebondissait pas sur les réponses de Sarkozy alors qu'il y avait souvent matière à l'emmener sur un terrain où il doit répondre.

      Pour moi, Sarkozy n'a pas changé. Le simple fait de continuer à fréquenter BHL en s'affichant devant les caméras avec lui en dit long sur ses affinités "diplomatiques". Et ça, ça ne passe pas.


      Olivier

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  3. "Nicolas Sarkozy dit avoir tiré les leçons du passé."
    Bien entendu ! Souhaitons que les électeurs français fassent la même chose en le renvoyant là d'où il vient, dans le néant et la médiocrité, lui laissant tout son temps pour faire des conférences aussi savantes que bien payées.

    Demos

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  4. A propos de l'Europe, qui devient volontairement le vassal des Etats-Unis : " Je rejoins tout à fait le président Chevènement : le Parlement européen est aujourd’hui totalement dominé par les lobbies, notamment américains. Il y a quelques semaines, James Baker s’est ainsi rendu à Bruxelles pour féliciter les lobbies américains de leur activité et de leurs succès." (dans "la construction européenne a transformé l'histoire" de Serge Sur - site lescrises.fr. le 22 sept. 2014)

    Demos

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  5. @ Gaël

    C’est une question que je me pose

    @ Anonyme

    Trop gentil sur certains sujets

    @ Olivier

    Bien d’accord. Il n’a pas changé

    @ Démos

    Bien d’accord

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  6. première contradiction de son retour : AVANT il a fait une loi UMP contre l'interdiction d'exploiter le gaz de schiste et DEMAIN, il donnera le DROIT d'exploiter le gaz de schiste....Quant au dégraissage du mille feuilles, un conseiller territorial représentant département et région ???? mais la priorité à quel niveau ???
    réponse à la proximité : pour le peuple, par le peuple, avec le peuple DEMOCRATIE !!!!

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