lundi 30 juin 2014

Le dangereux retour des austéritaires, au PS !


Paradoxe assez incroyable qui démontre à quel point la décomposition de la pensée économique, alors que les preuves des méfaits des politiques austéritaires ne cessent de s’accumuler et sont aujourd’hui admises par des intellectuels de tous les bords, le PS y cède de plus en plus, comme le montre le dernier rapport de la Cour des Comptes et le rapport de Jean Pisani-Ferry.



Quand un socialiste propose de faire du Sarkozy !

Le PS est vraiment dans une phase de décomposition intellectuelle avancée pour produire une intelligentsia qui embraye le pas à la pensée économique de la droite la plus bête, pour paraphraser Paul Krugman au sujet de la défense de la politique de l’offre de François Hollande. Didier Migaud, député « socialiste » nommé par Nicolas Sarkozy à la tête de la Cour des Comptes, a publié un rapport qui questionne la capacité du pays à tenir ses objectifs de réduction du déficit budgétaire et propose de réanimer la politique initiée par Nicolas Sarkozy, visant à supprimer 10 000 postes de fonctionnaires par an, mais en incluant les collectivités locales et la Sécurité Sociale au lieu de la limiter à l’Etat. Il avait déjà critiqué la promesse du président de créer 60 000 postes dans l’éducation, malgré un véritable besoin.

Jean Pisani-Ferry, ancien conseiller économique des ministres de l’économie de Lionel Jospin de 1997 à 2002, pousse encore plus loin la logique austéritaire. Il dénonce le poids des dépenses publiques « 12 points supérieur à l’Allemagne », en feignant d’ignorer qu’il compare des choux et des carottes et que la réalité est beaucoup plus équilibrée, notre service public étant beaucoup plus étendu que vos voisins. Il propose de diminuer les dépenses publiques de 54,8 à 48,8% d’ici à 2025, soit un effort de 0,6 point de PIB tous les ans. On suppose qu’il ne prend pas en compte le fait que la baisse des dépenses réduit le PIB, d’un coefficient de 0,9 à 1,7 selon la dernière étude du FMI. Une telle baisse réduirait le PIB de 5 à 10% sur 10 ans, ce qui contredit complètement l’objectif de réduction du poids de la dette, qui serait augmenté d’autant, comme cela se passe dans une partie des pays de la zone euro.

L’austérité est contre productive

Coupe du Monde, le football au service du néolibéralisme (billet invité)


Billet invité d’Enfant de la Patrie

Depuis maintenant plus de deux semaines, la terre semble vibrer aux matchs de la coupe du monde du Brésil. Chaque JT à sa rubrique dédiée. Les spectateurs répondent présents, avec des records d'audience. Pas moins d'un milliard de personnes ont regardé la cérémonie d'ouverture. Mais, derrière cette compétition prestigieuse, on retrouve les dérives du néolibéralisme mondialisé actuel. L'argent y règne en maître, autorisant tous les excès. L'évènement sportif, devenant une vitrine idyllique, masquant des réalités économiques et humaines bien différentes.


L'inégale répartition des richesses créées

dimanche 29 juin 2014

Euthanasie : l’humanisme, n’est-ce pas laisser mourir comme on le souhaite ?


Non seulement la Cour Européenne des Droits de l’Homme ne devrait pas avoir son mot à dire dans le jugement du Conseil d’Etat dans l’affaire Vincent Lambert, aussi douloureuse soit-elle. Mais sur le fond, cette affaire et celle du docteur Bonnemaison raniment le nécessaire débat sur l’euthanasie.



Une question délicate

La question de l’euthanasie est une question forcément délicate puisqu’elle touche à notre rapport à la mort. Naturellement, nous avons toujours l’espoir de trouver des moyens de soigner les cas les plus désespérés. En ce sens, la sortie du coma de Michael Schumacher montre que les soins, la volonté humaine et la persistance permettent de déplacer des montagnes. Les opposants soulignent le risque d’abus par souci d’économie et décrivent un avenir sombre où des malades pourraient être supprimés pour de mauvaises raisons. Mais une part de l’opposition à l’euthanasie aussi vient de motifs religieux, comme je le pointais en 2008 avec François Fillon.

Déjà, en 2008, le cas de Chantal Sébire avait sensibilité l’opinion. C’était une femme défigurée par une maladie extrêmement douloureuse qui souhaitait de l’aide pour mettre fin à sa vie. Mais la loi ne permettait qu’une euthanasie passive, à savoir le fait de ne pas nourrir le patient, qui peut alors mourir dans des souffrances guère acceptables. Tout ceci avait poussé à un nouvel examen de la loi Léonetti mais, malgré une opinion publique qui y était favorable, les réticences d’une partie de la majorité d’alors, au premier rang de laquelle le Premier Ministre, n’avait pas permis d’avancée notable sur ce dossier. Les cas de Vincent Lambert et du docteur Bonnemaison, qui peut aussi demander le reexamen de sa radiation, viennent de rallumer le débat sur ce sujet.

De l’humanité et de l’état de nature

samedi 28 juin 2014

Il faut interdire les rachats d’action


C’est une des absurdités du système économique actuel que dénonce clairement The Economist, dans un papier sur l’augmentation de la dette des entreprises. Un nombre grandissant d’entre elles cèdent à la mode effarante du rachat de leurs propres actions.


S’endetter pour faire monter la bourse

Il faut vraiment lire l’article de The Economist. L’hebdomadaire des élites globalisées conte le cas d’ADP, une entreprise qui a utilisé les 700 millions levés par la vente d’une filiale pour racheter des actions, ce qui lui  a fait perdre son AAA, qu’elle aurait conservé si elle avait conservé l’argent ou qu’elle l’avait investi. The Economist prend aussi le cas de Time Warner, qui emprunte pour racheter ses actions et explique que « beaucoup de grandes entreprises suivent discrètement l’exemple d’Apple, qui s’endette pour payer des dividendes ou racheter ses actions plutôt que de rapatrier de l’argent stocké à l’étranger, qui déclencherait le paiement d’impôts importants ». Capital nous apprend que Monsanto a levé 10 milliards pour racheter ses actions.

Ceci explique en grande partie l’envolée de l’endettement des entreprises, qui représente aujourd’hui  près de 2,7 fois leur bénéfice opérationnel, contre seulement 2,2 en 2011, alors même que les profits des entreprises battent des records ! The Economist donne trois raisons à ce phénomène : le niveau très bas des taux, la pression des actionnaires activistes qui poussent les entreprises à retourner un maximum d’argent aux actionnaires, mais aussi la fiscalité. Mais, l’endettement des entreprises progresse de 10% par an et le journal note que « cela pourrait suggérer que l’accroissement de la rentabilité pour les actionnaires ne vient pas d’une véritable croissance mais d’un accroissement du bilan. Pour certains, cela sonne familièrement déprimant ».

Pourquoi il faut l’interdire

Face aux mutations de l'UMP et à l'importance grandissante du FN, quel positionnement pour DLR ? (billet invité)

Billet invité de Cochin

Les délires néolibéraux du châtelain Fillon

L'interview accordée récemment par François Fillon au Telegraph ne fait que tristement confirmer les craintes que l'on pouvait avoir sur les évolutions de l'UMP, dont des membres de plus en plus nombreux revendiquent un néolibéralisme décomplexé. Lors du même entretien, l'ancien premier ministre affirme ainsi tout d'abord que les universités françaises sont des « foyers de marxisme » avant de regretter que « la France n'ait jamais eu de révolution thatcherienne ».


François Fillon raisonne ici, comme bon nombre de néolibéraux, avec plusieurs décennies de retard. Pour que les universités françaises soient un foyer de marxisme, il faudrait que les étudiants d'aujourd'hui lisent encore Marx ou ceux qu'il a inspirés, ce qui n'est clairement plus le cas (je me rappelle encore à ce sujet l'étonnement de mon professeur de khâgne à Louis-le-Grand quand il s'était aperçu il y a quelques années que seule une petite poignée d'élèves avaient lu de manière un tant soit peu poussée les oeuvres de Marx).

Bref, François Fillon se contente ici de reprendre de vieux poncifs qui ne renvoient plus à aucune réalité – et l'on pourrait d'ailleurs le regretter car le marxisme, au-delà de tous les problèmes qu'il pose, avait au moins le mérite d'offrir à certains un cadre de pensée cohérent et rigoureux qui leur permettait de mener une réflexion qui ne soit pas simplement superficielle sur l'état de notre société.

L'ancien premier ministre a en réalité très probablement vu dans la dénonciation des « foyers de marxisme » une façon de s'attirer sans trop d'efforts les sympathies de la frange la plus à droite de l'électorat de l'UMP. Échouant depuis deux ans à obtenir la direction de son parti en se livrant à une véritable réflexion sur les causes de la crise française, le voilà bien décidé à s'en emparer en conquérant la notoriété de l'infamie.

vendredi 27 juin 2014

La remise en question des notes, la nouvelle folie du PS

Il y a quelques jours, Benoît Hamon a précisé ce qu’il compte apporter au ministère qu’il occupe : la remise en question des notes ! Encore une idée complètement fumeuse et absurde qui révèle la pensée mais aussi les contradictions profondes de ce gouvernement.


Cohérence et incohérences

L’idée de remettre en question les notes n’est malheureusement pas nouvelle. En effet, elle est assez cohérente avec la dialectique des associations de parents d’élèves (qui se sont pressées d’applaudir l’idée) pour laquelle les élèves seraient de pauvres petits êtres opprimés par tous les cadres de l’école et pour qui cette dernière ne devrait être qu’une gigantesque garderie où ils devraient pouvoir faire tout ce qu’ils souhaitent pour permettre à leur personnalité de s’épanouir. Le tout, naturellement, sans la moindre sanction, que ce soit disciplinaire, ou finalement académique. Supprimer les notes représenterait l’aboutissement logique de décennies de mauvaises réformes qui feraient de l’école un espace qui serait l’héritier sans nuance de l’esprit de mai 1968.

Ce faisant, cela illustre peut-être une fois de plus le biais libéral du PS. Mais critiquer les « notes sanctions » est tout de même culotté étant donné le grand relâchement dans la notation depuis 20 ans : en 1990, il y avait 0,8% de mention très bien au baccalauréat, elles sont 7% en 2010, plus que les mentions bien 20 ans avant. Malheureusement, il ne semble pas vraiment que le niveau des élèves explique cela… Ensuite, il est curieux que le PS construise en même temps une école de plus en plus Bisounours alors qu’il souscrit à la logique économique la plus guerrière en faisant de la compétitivité son cheval de bataille. Curieux avenir que nous dessine le PS avec une enfance et une adolescence dans une bulle ouatée avant d’affronter un monde adulte digne de la pire jungle, avec chômage et concurrence des chinois ou des indiens.

Une mauvaise réforme

Réforme de la carte territoriale : et si on cherchait à répondre aux vrais enjeux de la décentralisation ? 4/4 (billet invité)


Billet invité de Vincent M

4/4 Rendre son sens à la politique, ou : pourquoi ces réformes seront dures à faire passer…

Le sens de la politique


Quand un maire envisage de faire construire une piscine pour ses concitoyens, il doit choisir entre l’absence de cette piscine, et l’augmentation des impôts pour financer celle-ci. Il s’agit d’une décision politique, chaque choix ayant son avantage et son inconvénient.
Quand un Conseil Régional doit voter le budget pour l’entretien d’un lycée, il n’a ni à en assumer le coût, puisque l’argent vient de l’Etat, ni même le choix de ne pas l’entretenir, puisqu’il est tenu de le faire. Il n’y a aucune décision politique ; il s’agit d’une tache de gestion courante, ou d’administration.

Si je devais résumer en quelques mots le principe que je propose, pour la nouvelle décentralisation : Les élus doivent se cantonner à ce qui relève de la décision politique. S’il s’agit de réaliser des tâches administratives de gestion courante, un administrateur peut très bien le faire.

Et c’est justement là que se posera le principal problème : depuis quelques décennies, l’essentiel de notre classe politique fuit les responsabilités politiques. Des municipalités jusqu’au sommet de l’Etat, les politiques se voient comme des administrateurs, des gestionnaires, qui se cachent derrière les multiples contraintes qu’ils subissent pour expliquer, plus ou moins honnêtement, qu’ils n’y a qu’une seule politique à mener, et qu’ils n’ont aucun choix à faire, ni aucune alternative à proposer.

En effet, même au sommet de l’Etat, les contraintes, européennes notamment, mais également des nombreux engagements internationaux, font qu’il n’y a à peu près aucune marge de manœuvre, sauf à « renverser la table ». Quand on dit de François Hollande, qu’il gouverne la France comme il dirigeait son conseil Général, c’est bien de cela qu’il s’agit : il subit des injonctions et des contraintes, et mène les politiques qui lui sont imposées sans chercher à peser réellement sur celles-ci.

La spécificité de François Hollande, par rapport à ses prédécesseurs, c’est que, même quand il a encore un choix à faire, il tergiverse, il louvoie… et ne choisit jamais vraiment
Le sens de la politique, c’est l’inverse. Le sens de la politique, c’est de donner un cap, une direction, de faire des choix. Même si ceux-ci peuvent être contestés, même s’ils sont mauvais, mieux vaut bien souvent une mauvaise décision que pas de décision du tout…

C’est ce que nos politiciens le veulent !

jeudi 26 juin 2014

Remettre la monnaie au service de l’intérêt général et non de la bourse


Récemment, plusieurs bourses mondiales (New York et Francfort) ont battu des records historiques, une nouvelle illustration de l’indécence d’une époque aussi inégale… Mais cela a également le mérite de montrer l’influence des politiques monétaires et de ceux à qui elles bénéficient.

 

Politique monétaire : la grande expérimentation

Depuis 2008, les politiques monétaires menées ont complètement divergé, entre une zone euro qui persiste dans un monétarisme suicidaire, à peine tempéré par les récentes annonces et les pratiques moins conventionnelles des autres pays. La Fed a fait passer son bilan de 900 à 4000 milliards de dollars, dont plus de la moitié est composé de bons du trésor. Ainsi, la banque centrale étasunienne a permis à l’Etat de fortement baisser le coût de sa dette. Mais en rachetant pour plus de 1500 milliards d’obligation, elle a également soutenu l’ensemble de l’économie, diminuant le coût des emprunts pour les entreprises et poussant également à la hausse le cours des actions en créant de la monnaie, qui finit par augmenter la demande d’actifs, et donc in fine leur prix.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, le Japon est entré dans une expérimentation audacieuse puisque la banque centrale a acheté pour 50 000 milliards de yen (350 milliards d’euros) de dette publique en un an, l’équivalent de plus de 8% du PIB du Japon (qui dépasse 4 000 milliards d’euros). Du coup, elle détient aujourd’hui 20% de la dette publique du pays, pour un montant équivalent à 40% du PIB du Japon, environ 200 000 milliards de yen, 1450 milliards d’euros. L’idée est de sortir le pays de la déflation. Le Premier Ministre veut donc faire progresser les salaires sans se préoccuper de la fameuse compétitivité puisque le cours du yen a fortement baissé, renchérissant les importations. Les résultats sont positifs puisque la croissance et les prix remontent. Le pays du soleil levant semble avoir trouvé le moyen d’utiliser la monnaie pour le bien commun.

Reprendre le contrôle de la monnaie


Réforme de la carte territoriale : et si on cherchait à répondre aux vrais enjeux de la décentralisation ? 3/4 (billet invité)


Billet invité de Vincent M

3/3 Et si la décentralisation en France s’appelait « déconcentration » ?

Quelles sont les bonnes compétences des élus locaux ?

C’est un sujet qui peut prêter à des débats sans fin. Il suffit de voir qu’entre la Suisse, l’Allemagne, et la France, les réponses sont très différentes, pour savoir qu’il n’y a pas de bonne solution.
Pourtant, je pense que, dans un pays donné, compte tenu de sa culture, de sa mentalité, de ses traditions, il n’y a pas tant de sujets qui prêteront à discussion.

On a vu précédemment que, parmi les compétences départementales et régionales, des sujets comme la politique culturelle ou touristique, les transports locaux, ou des initiatives destinées à favoriser l’apparition d’un tissu industriel étaient pertinentes à l’échelle locale.

Il ne faut pas oublier les nombreuses compétences des communes, qui, elles aussi, sont pertinentes à l’échelle locale :
-        Action sociale facultative (facultative = pour laquelle l’élu peut décider de la mettre en place ou pas, au contraire du conseil général),
-        Ecoles primaires,
-        Domaine culturel (bibliothèques, musées, etc.), où on remarque que la commune fait doublon avec les autres instances décentralisées,
-        Domaine des loisirs et du sport,
-        Politique d’urbanisme et permis de construire,
-        Entretien des voieries communales,
-        Ordre public local.

A ces fonctions, je n’ai pas ajouté l’état civil ou l’organisation des élections, qui relèvent non pas de la décentralisation, mais de la déconcentration, le maire obéissant dans ce domaine-là au ministère de l’intérieur.

Nombreux sont ceux qui constatent que, pour beaucoup de ces missions (maisons de retraites, piscines, terrains de sport, bibliothèques), les petites communes sont trop petites pour pouvoir offrir, seules, ce que les administrés seraient en droit d’attendre. Il ne serait donc pas aberrant que certaines compétences remontent à un échelon supérieur. C’est le cas actuellement avec les intercommunalités…

Combien d’échelons locaux ?

mercredi 25 juin 2014

Irak, Libye : les interventions militaires laissent un champ de ruines


La brutale dégradation de la situation en Irak, où les djihadistes sunnites ont pris le contrôle du Nord-Ouest du pays, nous rappelle utilement que les interventions militaires ont tendance à être des désastres qui se paient pendant des années, comme le rapporte The Economist qui étudie la situation en Irak et en Syrie.



L’horreur en Irak et en Libye

Heureusement, notre pays avait pris la tête de l’opposition à l’agression de l’Irak par les Etats-Unis avec le discours de Dominique de Villepin aux Nations Unies. D’abord, Washington a agi sans le moindre mandat international (au contraire de l’intervention en Afghanistan, pas mieux inspirée néanmoins). Ensuite, le motif de l’intervention (la présence d’armes de destruction massive) était bidon. Mais pire, le bilan humain est absolument effroyable puisque les estimations du nombre de victimes varient entre 180 000 et 1,44 millions d’irakiens sur une dizaine d’années. Encore plus effarant, la situation est tellement mauvaise que les Etats-Unis apportent leur soutien à un régime de plus en plus autoritaire et critiquable et pourraient même demander l’aide de l’Iran pour contenir les djihadistes de l’EIIL.

Et la situation de Libye n’est guère plus réjouissante. En effet, dans ce pays, contrairement à ce qui s’était passé en Irak, l’intervention avait été limitée, reposait sur un accord de la communauté internationale (incluant la ligue arabe) et s’appuyait sur une opposition interne. En outre, elle avait pour but d’éviter un bain de sang dans le cadre d’une guerre civile que le régime de Kadhafi semblait sur le point de gagner. D’où le fait, qu’après des hésitations, je l’avais soutenue. Mais la situation est aujourd’hui très mauvaise avec un gouvernement qui ne parvient pas à tenir en respect des groupes qui font régner la terreur dans le pays. Du coup, je pense aujourd’hui que j’ai eu tort de soutenir cette intervention, comme je l’avais dit lors des débats sur une intervention en Syrie, à laquelle je m’étais donc alors opposée.

La frontière ténue entre internationalisme et impérialisme

Réforme de la carte territoriale : et si on cherchait à répondre aux vrais enjeux de la décentralisation ? 2/4 (billet invité)


Billet invité de Vincent M

2/4 Pourquoi la décentralisation ?

Paris et le désert français

C’est le titre d’un livre, et d’un film, de l’immédiat après-guerre, qui constatait que Paris prenait une place bien trop prédominante dans le paysage national. Toutes les décisions étaient prises à Paris, l’économie et la population s’y concentrait, alors que les campagnes se vidaient. Il était urgent de lutter contre ce phénomène, et la solution politique à ce phénomène a été la décentralisation, avec la création des régions, et des transferts de compétence vers des élus locaux… Déjà à l’époque, pour suivre le modèle allemand…

Plus de 60 ans après, force est de constater l’échec total de ce plan : la région parisienne a cru bien davantage que ne le craignaient les auteurs de l’ouvrage, et que la campagne s’est effectivement désertifiée. Paradoxalement, les campagnes qui résistent à la désertification sont celles qui réussissent à jouer de leur proximité avec une agglomération dynamique pour attirer des personnes travaillant en ville (c’est le fameux péri-urbain). C’est l’inverse de ce que préconisaient les auteurs du livre ; pour eux, la richesse devait être créée dans les campagnes, et aller vers la ville qui jouerait un simple lieu d’échange… Mais, si cette nostalgie du 19ème siècle a quelque chose de sympathique, il faut bien reconnaitre que cette conception de l’aménagement du territoire est morte.

De ce point de vue-là, il faut admettre que la politique de décentralisation n’a joué le rôle qu’on attendait d’elle.

Certes, des métropoles de province se sont développées, créant de grands bassins d’emploi, qui font heureusement de la concurrence à Paris. Mais il est probable que ceux-ci se sont développés essentiellement suite à des initiatives d’entreprises privées, ou de maires de ces communes. Ainsi, des villes ayant connu un très fort développement, comme Nice, Grenoble, ou Tours ne sont pas des capitales régionales, quand des capitales de régions, comme Limoges, Poitiers, Châlons-en-Champagne, ou Amiens, n’ont pas connu le développement qu’on aurait pu espérer…

Des régions, pour quoi faire ?


mardi 24 juin 2014

Alstom : la grosse arnaque de Montebourg et Hollande


Comme beaucoup, en apprenant la prise de participation de l’Etat dans Alstom, je me suis réjoui, imaginant que l’entreprise échappait au dépeçage. Mais la création de co-entreprise avec GE m’a rendu suspicieux et la lecture du détail de l’accord laisse apparaître une véritable embrouille.


Les arbustes qui cachent la forêt

Il faut dire que le traitement de l’information par une partie des médias est parfois bien superficiel. Bien sûr, l’Etat doit reprendre la participation de Bouygues et GE propose la formation de coentreprise à 50-50 dans les turbines nucléaires et les énergies renouvelables. Du coup, étant donné le succès de l’association de l’entreprise étasunienne avec Safran dans les moteurs d’avion et sa présence de longue date en France, l’accord peut sembler être un immense progrès par rapport aux plans initiaux, d’autant plus qu’il cède son activité de signalisation. Mais les péripéties de l’accord à trouver entre l’Etat et Bouygues pour le rachat de sa participation dans Alstom et les questionnements ridicules sur les moyens de l’Etat détournent le débat des vraies questions.

En effet, quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai découvert le détail de l’accord ! D’abord, il faut remettre à sa juste place la cession des activités de signalisation de GE, qui ne réalisent que 370 millions d’euros de chiffre d’affaire, à peine 6% de l’activité transport d’Alstom (5,9 milliards de CA). Ensuite, il faut bien noter qu’Alstom cède 50% de ses turbines à vapeur nucléaires, des réseaux électriques, de l’éolien en mer et de l’hydroélectricité (qui deviendront des co-entreprises). Pire, GE reprend 100% des turbines à gaz, des turbines à vapeur hors nucléaire (sauf en France) et même 100% de certaines énergies renouvelables (éolien terrestre, solaire et géothermie). D’où le fait que l’entreprise étasunienne débourse quand même 6,7 milliards.

La synthèse à la Hollande

Réforme de la carte territoriale : et si on cherchait à répondre aux vrais enjeux de la décentralisation ? 1/4 (billet invité)


Billet invité de Vincent M

L’impossible découpage territorial

Le redécoupage de Hollande : pas si idiot que ça…

Ca va devenir une habitude, quel que soit le sujet : Haro sur François Hollande. En ce moment, c'est à cause de la réforme territoriale. D'aucuns disent qu'il chamboule tout. D'autres qui ne fait que fusionner des régions entre elles, sans chercher à obtenir des ensembles cohérents, comme l’avait fait par le passé le comité Balladur....

Outre que ces critiques sont incohérentes,  que n'aurait on dit de lui s'il avait entièrement redécoupé les régions, en faisant fi du découpage qui existe aujourd'hui ? On l'aurait accusé de magouilles politiciennes, d'effacer d'un coup de crayon des décennies d'histoire de ces régions,  de ne faire que ressortir de ses cartons les vieux plans du Comité Balladur, datant d’il y a 15 ans… Somme toute, politiquement, son initiative semble être un moindre mal.

Maintenant que le découpage est proposé, va se poser la question, bien plus difficile encore, du choix des futures capitales de région. En effet, pour les français qui habitent les principales villes, et particulièrement les élus, appartenir à une région ou à une autre... est nettement secondaire par rapport au fait que sa ville sera –ou non- une capitale régionale (au détriment de la rivale voisine…)
Cette question du choix des capitales régionales risque d’occasionner tellement de duels sanglants qu’il était sage, pour François Hollande, d’essayer de déminer cette question dès le choix du découpage des régions.

Et tout laisse penser que c’est bien ces considérations qui ont prévalu, puisque l’essentiel des découpages tombe relativement bien :
-        en ne mettant pas la Loire Atlantique en Bretagne, on évite le duel Nantes / Rennes,
-        en fusionnant les régions Centre, Poitou-Charente, et Limousin, cela permet de supprimer les 3 capitales régionales en les remplaçant par Tours, à la fois centrale et plus dynamique... 0 partout, balle au centre, en quelque sorte,
-        Entre la Bourgogne et la Franche Comté, la place prédominante de Dijon devrait être acceptée,
-        Idem pour l'Alsace et la Lorraine avec Strasbourg, ou pour Auvergne et Rhône-Alpes avec Lyon.
Les seules fusions un peu problématiques dont celles des deux Normandies (qui pourront bien s’arranger entre elles, puisqu’aucune des deux n’aurait accepté un autre regroupement) et celle de la Picardie avec la Champagne; voire celles de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, bien qu'on imagine que Toulouse devrait l'emporter.
Vu sous cet aune, le découpage de François Hollande est même assez intelligent.
Mais les opposants à ce découpage ont beau jeu de critiquer…

… Mais un découpage très mauvais quand même !

lundi 23 juin 2014

Pourquoi le FN ne passera pas par moi (2/2)





Le FN, c’est l’extrême-droite

Attention, je tiens bien à préciser que cela ne signifie pas que les électeurs de ce parti sont d’extrême-droite. Pour paraphraser Todd, les électeurs du FN sont malheureux et en colère contre les dirigeants de notre pays. Et ceci est bien légitime. Le parti de la famille Le Pen n’est que le réceptacle du malheur et de la colère des Français, d’où le fait qu’il soit devenu un vote social et que son niveau soit si corrélé au niveau du chômage. D’ailleurs, il n’est pas inintéressant de constater ici que même les électeurs du FN ne sont pas fondamentalement convaincus qu’il ferait mieux que le PS et l’UMP… Mais la chance de ce parti (qui fait le malheur de notre pays), c’est le bilan absolument désastreux des deux grands partis qui se partagent le pouvoir depuis maintenant 40 ans. Le FN est le réceptacle du malheur et des espérances déçues des français, comme l’a également soutenu Gaël Brustier dans Figarovox.

Bien sûr, Marine Le Pen a mis en place une stratégie de dédiabolisation pour casser le plafond de verre auquel s’était heurté son père. Les années de crises lui apportent plus d’électeurs, d’autant plus que les médias véhiculent cette histoire, comme lors de la récente passe d’armes après la répugnante déclaration de son père sur Patrick Bruel. Sa réaction, ainsi qu’une purge superficielle, accrédite, pour certains, la normalisation du FN. Mais, il suffit de creuser un peu pour se rendre compte qu’il s’agit d’une pure fiction, au point que l’on peut se demander si les passes d’armes familiales ne sont pas sciemment organisées pour servir le développement du parti. Après tout, si Marine Le Pen était si choquée par les dérapages de son père, auxquels elle trouvait du charme il y a 4 ans, pourquoi lui confier la tête de liste dans le Sud-Est ? Car quel parti, sinon un parti extrémiste, pourrait continuer à arborer un logo (la flamme tricolore), hérité des nostalgiques de Mussolini ? L’hommage à Dominique Venner est tout aussi troublant, comme les comparaisons hasardeuses avec le nazisme, qui tendent à le trivialiser, le dernier exemple en date étant les déclarations de Marine Le Pen sur la comparaison entre le Coran et Mein Kampf.

Toute la philosophie du FN repose sur une pensée fondamentalement nationaliste (et non patriote), qui est le point commun de tous les mouvements d’extrême-droite depuis un siècle. Et on peut parler de xénophobie latente quand on constate les déclarations outrageuses sur les musulmans ou la proposition incroyablement anti-républicaine de n’accepter la binationalité que pour les personnes d’origine européenne, qu’avait faite Marine Le Pen. On peut également penser aux innombrables dérapages du père Le Pen (sur la tuerie en Norvège, la crise du porc attribuée au lobby musulman, l’ebola en Afrique, la fournée Patrick Bruel), mais aussi de la fille (sur l’Occupation des rues) et bien d’autres membres de ce parti (sur Christiane Taubira). Et quand on ajoute tous les liens de ce parti avec les mouvances les plus extrêmes, ou les hommages à Bastien Thiry, l’organisateur de l’attentat du Petit Clamart, publiés sur le site de Louis Aliot, comment nier aujourd’hui que le FN est bien un parti d’extrême-droite ?

dimanche 22 juin 2014

Pourquoi le FN ne passera pas par moi (1/2)


La victoire du Front National lors des élections européennes a été l’occasion de nouveaux débats enflammés sur les raisons de cette victoire et sur l’attitude à avoir vis-à-vis de ce parti. Voilà pourquoi je souhaite revenir sur ce sujet, dans une série de deux papiers.


Une opposition paradoxale ?

Un certain nombre de frontistes, quelques uns semblant encore me lire malgré des prises de positions, affirment qu’il serait paradoxal que j’exprime une position aussi radicalement hostile à l’encontre de leur parti. Ils affirment que les positions de DLR seraient très proches, quand ils ne disent pas que ce sont les mêmes. Certains vont même jusqu’à évoquer une attitude politicienne de ma part, le fait que je ne ferai que défendre ma boutique politique par rapport à la leur. Cet argument est assez difficilement recevable étant donnée ma prise de position de septembre 2012 ou ma récente décision de m’éloigner de DLR. Néanmoins, il faut bien reconnaître que je partage bon nombre de motivations des électeurs de ce mouvement, à savoir un ras-le-bol des grands partis traditionnels ainsi qu’un refus de cette mondialisation anarchique qui mène à une loi de la jungle destructrice de notre modèle social et de notre identité.

Mais ce n’est pas parce que je partage une partie des motivations des électeurs du Front National que cela doit me pousser dans les bras du parti de la famille Le Pen. Si je respecte leur vote et les ai même défendus par occasion (quand Sophia Aram les a traités de cons ou en disant que ce vote est, logiquement, social, dès 2011), cela ne change pas mon jugement à l’égard du parti pour lequel ils votent, et dont les scores actuels doivent principalement à la crise terrible que nous traversons et à la décomposition du PS et de l’UMP, dont le bilan au pouvoir est tout simplement calamiteux. Mais même si j’ai un jugement très dur à l’égard des partis qui se partagent le pouvoir (que je critique au moins aussi souvent que le FN), mon opposition au Front National ne me semble absolument pas paradoxale. D’abord se pose un problème de personnes. Comme je le soutiens depuis le début, la famille Le Pen me semble extrémiste, pas sérieuse et démagogue (ce sur quoi je reviendrai précisément demain).

Et au final, le paradoxe est levé par le rapport au gaullisme. Devant les professions de gaullisme de Florian Philippot, Marine Le Pen a cru bon de rassurer une partie de ses militants en précisant bien qu’il était un cas isolé. Si l’on rapproche l’extrême-droite nationaliste du gaullisme, du fait de l’attachement à la nation, toute l’histoire montre qu’il y a une différence profonde entre ces deux mouvements de pensée. Quand l’extrême-droite a une vision de la nation identitaire, xénophobe, voir isolationniste, le gaullisme a une vision de la nation plus ouverte et surtout bien plus progressiste qu’identitaire, quoiqu’en disent ceux qui rapportent de temps en temps une phrase non officielle du Général, en oubliant tout le reste. C’est ce que j’avais théorisé en parlant des deux familles de l’ordo-souverainisme. En outre, il y a de nombreuses différences, sur la peine de mort, l’IVG, l’immigration, les immigrés présents en France, ou même les questions économiques, traitées avec bien moins de cohérence et de sérieux. Ce n’est pas parce que l’on est attaché à la France que toutes les différences sont gommées du jour au lendemain.

Le vote utile souverainiste ?

Pour rejeter l'Europe néolibérale, les souverainistes de tous les partis devront s'unir (billet invité)


Billet invité de Cochin

Près d'un mois après les élections européennes, il est possible de dresser un premier bilan de leur incidence sur la vie politique française. Comme beaucoup l'ont noté, le vote des Français montre une défiance croissante de ceux-ci à l'égard à la fois des deux grands partis traditionnels, qui obtiennent à eux deux à peine un tiers des suffrages exprimés, et des deux formations les plus favorables à l'Union européenne (les Verts et les centristes), qui ne recueillent que 20 % des voix. D'aucuns ont donc pu voir dans ces élections une victoire des eurosceptiques de tous bords (Front de gauche, Debout la République et Front national), laissant espérer à terme une rupture avec les politiques mortifères menées depuis au moins trente ans par les élites politiques de notre pays.

L'impasse Front national

samedi 21 juin 2014

Remerciements et nouveau projet


L’annonce de mon départ du bureau national de Debout la République a suscité encore plus de réactions que je l’imaginais. Mais j’ai été agréablement surpris par la tonalité de ces réactions, la plupart du temps positives. Aussi je tiens à vous remercier pour votre soutien dans ce moment, mais aussi plus globalement, et vous tenir également au courant des projets d’évolution du blog.


Un blogueur n’est rien sans ses lecteurs

Dans un moment lourd que la décision de s’éloigner de sa famille politique, il est extrêmement réconfortant de recevoir autant de messages de soutien, sur le blog, les réseaux sociaux, par SMS ou mel. C’est ce qui explique aussi que mes réponses soient assez laconiques, du fait d’un manque de temps pour répondre de manière complète aux messages reçus et je m’en excuse. Si j’ai fait ce que j’ai fait, ce n’était pas tellement en pensant aux réactions que cela allait susciter, c’était parce que je pensais que c’était juste, légitime, et porteur d’un questionnement qui pourrait être utile au mouvement, à un moment où il peut se le permettre, sans risque. Mais il est vrai que je pensais que les réactions que cela allait susciter seraient plus négatives, d’autant plus qu’il y avait le précédent de septembre 2012.

Bien sûr, en principe, il vaut mieux laver son linge sale en famille et non sur la place publique. Mais d’abord, je ne mets pas tout sur  la place publique. Ensuite, je le fais à un moment qui ne porte pas à conséquences, tout en ayant su garder pour moi certaines choses à des moments autrement plus délicats. Enfin, si j’ai choisi une interpellation publique, c’est aussi du fait des limites de l’action en coulisses, qui ne m’a pas semblé permettre d’ouvrir un débat sur les deux questions fondamentales que je pose dans mon papier, la ligne du mouvement, notamment par rapport au FN, et son organisation (et notamment le respect d’un minimum de démocratie interne). Evidemment, j’aurais pu partir discrètement, sans faire la moindre vague. Mais je n’aurais pas pu alors pointer les points qui méritent débat à mon sens. C’est parce que je suis encore attaché au mouvement que je m’en éloigne de la sorte, pour susciter un débat qu’un départ effacé n’aurait sans doute pas déclenché. Je ne voulais pas partir pour rien.

Je profite aussi de l’occasion pour remercier l’ensemble des lecteurs, des commentateurs, de ceux qui relaient, et les nouveaux contributeurs. En effet, un blog n’est rien sans ses lecteurs : c’est un témoignage, un partage de convictions, une défense d’idées, mais aussi une proposition de dialogue à travers les échanges qui y ont lieu. C’est un moyen de faire de la politique, complémentaire du militantisme traditionnel, qui ne saurait être remplacé. Et il est bien évident que l’audience ou les réactions suscitées par ce que l’on écrit compte, même si cela n’influence pas forcément ce que l’on écrit (je persiste à écrire sur des sujets dont je sais qu’ils semblent générer peu d’intérêt) et cela explique sans doute que je publie tous les jours depuis plus de sept ans, si l’on compte le premier blog que j’ai créé.

Et si la persistance est un trait de mon caractère, la reconnaissance nourrit sans doute aussi la motivation pour continuer depuis si longtemps. Le blog s’est installé dans le Top 20 du classement des blogs politiques d’ebuzzing, malgré un positionnement sans doute un peu pointu et une méconnaissance complète des leviers de ces classements. Merci donc à vous tous de lire mes écrits, de les commenter et de les partager, ce qui explique sans doute une position aussi flatteuse. Car quand on écrit, on souhaite forcément être lu et tous les témoignages de lecture sont autant d’incitations à continuer à écrire.

Le projet de blog collectif