dimanche 31 août 2014

La scandaleuse privatisation des autoroutes



Jackpot pour les exploitants

Le journal de TF1 notait hier que le prix de l’essence est 20 centimes plus élevé sur les autoroutes que dans le reste des stations-services et que le prix de tous les produits vendus dans les stations services, de l’eau minérale au sandwiches, est aussi bien supérieur au prix des supermarchés. Mais ce qui est dommage, c’est que le reportage n’ait pas fait le parallèle avec les profits extravagants réalisés par les entreprises qui ont les concessions autoroutières. Vinci, par exemple, réalise 13,9% de son chiffre d’affaire avec les concessions et 58,8% de son résultat opérationnel. En clair, les concessions affichent une rentabilité 9,4 fois supérieure à celle des contrats de construction classique, dont il n’a jamais semblé qu’ils étaient mal payés par l’Etat ou les collectivités territoriales. Et que penser des tunnels et autres parkings ?

Une défaite pour la collectivité

samedi 30 août 2014

Lavrilleux révèle le caractère mafieux de l’UMP


«  Si on m’exclut de l’UMP, (…) je parlerai » : c’est ainsi que Jérôme Lavrilleux, qui a été directeur adjoint de la campagne présidentielle de 2012, a réagi à la menace de sanction de la part de la commission des recours du parti. Une déclaration aussi effarante que révélatrice.



Chantage public


Bien sûr, on peut comprendre qu’il ne souhaite pas porter le chapeau dans cette affaire, ce qui n’est pas totalement injuste. En effet, il serait foncièrement anormal qu’il soit sanctionné et pas Nicolas Sarkozy, qui est au moins indirectement responsable des énormes abus qui ont abouti à ce que sa campagne coûte 11 à 17 millions d’euros de plus que le seuil maximal de 22,5 millions, grâce au maquillage des comptes du parti majoritaire. Mais en même temps, cette déclaration pose doublement problème. D’abord, ce faisant, Jérôme Lavrilleux confirme qu’il y a des dossiers très embarrassants à l’UMP, et donc que les dirigeants de ce parti se sont sans doute mal comportés ces dernières années. Et cela montre qu’il a couvert des comportements répréhensibles, ce qui en dit long sur l’éthique des patrons de ce parti

Une ombre pour Don Sarkozy

vendredi 29 août 2014

Pourquoi François Hollande persiste dans l’erreur ?


Cela pourrait passer pour un paradoxe, et pas le moindre : alors qu’il est en échec, dans l’opinion comme dans les faits (avec de très mauvais résultats économiques), François Hollande persiste sur sa politique et vient de nommer un gouvernement qui lève toute ambiguité sur sa ligne eurolibérale. Pourquoi ?



Une politique vouée à l’échec

Les raisons de l’échec de la politique menée par la majorité actuelle sont nombreuses. La première, sans nul doute, a été la volonté de réduire trop vite les déficits du fait de la crise de la zone euro (premier problème posé par la monnaie unique). En augmentant les impôts, comme Nicolas Sarkozy avant elle, la croissance a été étouffée, même le FMI le reconnaissant aujourd’hui que la réduction des déficits pèse sur le niveau de la croissance. Les hausses d’impôts ont réduit la demande. Mais ce n’est pas tout. La cherté de l’euro pénalise l’industrie, d’autant plus que nous avons ouverts nos frontières avec un niveau de salaire et de protection sociale bien supérieur à la moyenne. Et avec l’euro, nous avons aussi renoncé au levier monétaire, utilisé par les banques centrales de nombreux autres pays.
Compétitivité

Plus globalement, la mondialisation actuelle donne le pouvoir aux multinationales et aux actionnaires, d’où les profits énormes réalisés, la désertion fiscale et une forme de racket des actionnaires, par de nombreux mécanismes, comme les rachats d’action (pour lesquels certaines entreprises empruntent). Plutôt que de remettre en cause le contexte, les « socialistes » tentent de s’y adapter. Et comme le prix du travail est plus élevé en France qu’ailleurs, ils veulent le réduire de 40 milliards. Mais ce raisonnement est absurde. Parce qu’il est gagé sur 50 milliards de baisse de dépenses publiques, il hypothèque la croissance des prochaines années. Et les baisses du prix du travail en France sont totalement dérisoires quand il existe en Asie, en Afrique du Nord ou en Europe de l’Est des pays où le salaire mensuel tourne autour de 100 euros par mois. La course à la compétitivité est une impasse suicidaire.

Pourquoi Hollande persiste ?

jeudi 28 août 2014

Chômage, mise en chantiers, épargne : la triple faillite de l’équipe confirmée par Hollande


Ce n’est pas le moindre des paradoxes. Alors que François Hollande et Manuel Valls ont confirmé leur ligne en éjectant les quelques éléments un peu critiques du gouvernement, les derniers chiffres qui viennent de tomber sanctionnent la faillite complète de la politique menée depuis plus de 2 ans.



Une triple sanction dans les chiffres


Il faut dire que pas un secteur ne va bien, au premier rang desquels, l’immobilier, qui ne digère pas la loi Duflot, qui s’additionne au climat économique morose. Les mises en chantiers sont en recul de 10,8% sur un an, même si le nombre de permis de construire se stabilise. En 2013, 331 867 logements neufs ont été mis en chantier, en baisse de 4,2%, contre un objectif d’un demi-million, dans un secteur crucial pour l’emploi. Et assez logiquement, face à cette crise qui dure depuis 6 ans, les ménages épargnent davantage puisque le taux d’épargne est passé à 15,9% au premier semestre 2014 contre 14,7% au dernier trimestre 2013, selon les chiffres de la Banque de France. Mais cela pèse sur la croissance puisque qu’au manque de progression des salaires s’ajoute une augmentation de la part non dépensée…

L’impasse acclamée par le patronat

mercredi 27 août 2014

Hollande coupe l’arbre Montebourg, qui cachait la forêt Macron


Mardi a été nommé le nouveau gouvernement avec départ d’Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filipetti. Le candidat pour qui la finance était une ennemie nomme un banquier d’affaire à Bercy. Il assume toujours davantage le cap eurolibéral défendu depuis le début d’année.



La fin du grand écart économique

François Hollande était assez difficile à suivre sur les questions économiques. Pendant la campagne présidentielle, il faisait de la finance son ennemie, quelques jours avant d’aller à Londres pour rassurer le monde financier dans le Guardian, comme si l’information ne pouvait pas traverser la Manche. Arrivé au pouvoir, il nomme Pierre Moscovici à Bercy, en duo avec Arnaud Montebourg à l’Industrie, un couple de contradictions entre un représentant de l’aile la plus droitière du PS et de son aile gauche. Néanmoins, la ligne suivie par le gouvernement penchait déjà largement vers le premier, qui défendait les banques contre les timides projets européens de taxe sur les transactions financières, d’autant plus qu’Emmanuel Macron, à l’Elysée, appuyait déjà un cap économique plutôt libéral.

En début d’année, le président va plus loin dans un discours libéral avec sa priorité donnée à la compétitivité et à la baisse du prix du travail. Mais c’est Arnaud Montebourg qui remplace paradoxalement Pierre Moscovici à Bercy, même si la nomination de Laurence Boone pour remplacer Emmanuel Macron soutient le camp droitier au sein de la majorité. Le nouveau gouvernement clarifie la situation avec le départ d’Arnaud Montebourg et l’arrivée de l’ancien conseiller du président à Bercy. Désormais, l’aile droite du PS dispose de tous les leviers économiques, de Bercy à l’Elysée, en passant par l’Assemblée. La ligne est désormais claire alors même, paradoxalement, qu’elle est en échec. François Hollande a décidé de ne plus garder un fer alternatif au feu pour donner le change vis-à-vis de son aile gauche.

Confirmation du cap delorien

mardi 26 août 2014

Logique et paradoxes de la démission du gouvernement


Les salves d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon sur la politique économique de la majorité ont provoqué une grave crise politique qui a poussé François Hollande et Manuel Valls à démissionner le gouvernement. Une issue assez logique, à l’organisation chaotique, mais plus paradoxale qu’on peut le penser.



Le fil a fini par casser

Depuis sa nomination au gouvernement, Arnaud Montebourg a entretenu une parole assez libre pour un ministre, faisant fi de la maxime chevènementiste « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Les propos qu’il a tenus dimanche, entre critique de l’austérité et volonté de soutenir la demande, sont justes. Même le FMI est revenu de ces potions amères européennes, violemment dénoncées par le New York Times récemment. En outre, l’inflexion eurolibérale du discours du président accentue le fossé qui existait déjà entre les deux hommes. Dès lors, on peut considérer que le président a raison de se séparer de ce ministre trop remuant qui ne cesse de critiquer sa politique, qui n’était que le ministre de la parole, qui a laissé Alstom se faire dépecer par General Electric en juin.

Mais, malgré la rapidité de la réaction, on peut néanmoins considérer qu’encore une fois, la séquence n’a pas été bien gérée. En effet, quelle drôle d’idée de démissionner l’ensemble du gouvernement plutôt que de purement et simplement débarquer les ministres déloyaux. Cela a permis aux rebelles d’occuper les ondes lundi et, pour trois d’entre eux, d’avoir l’inélégance républicaine d’annoncer leur départ en avant-première ou même pour certains d’avoir le culot de présenter leur départ comme une initiative personnelle plutôt que d’accepter la réalité de leur pur et simple renvoi. Ce faisant, la ligne eurolibérale de François Hollande devrait sortir renforcée de cette séquence puisque le gouvernement devrait désormais présenter une ligne plus cohérente et uniforme, même si le débat subsiste au PS.

Les paradoxes de la crise

lundi 25 août 2014

Le privé, c’est vraiment toujours mieux ? (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus

C’est un tropisme de la pensée libérale qui tourne en boucle : le privé est toujours plus performant que le public et il suffirait donc que l’Etat externalise ses activités pour faire des économies. En êtes-vous si sûr ?

L’ensemble des faits relatés ci-après sont extraits de La Caste cannibale de Sophie Coignard et Romain Gubert (Albin Michel 2013).



Dans 18 pays, le ministère des affaires étrangères (MAE) a externalisé la réalisation des dossiers de visa auprès d’une filiale de Téléperformance. Celle-ci a une drôle de conception du service public et de l’égalité : si l’on paye un peu plus cher, on est reçu en salon VIP et le dossier avance plus vite.
Si du Quai d’Orsay on remonte la Seine, on se retrouve à Bercy. C’est là que Pierre Moscovici a commandé un rapport sur les PPP (partenariat public privé) à l’Inspection des Finances. Livré en décembre 2012, ce rapport n’a jamais été rendu public ...  

dimanche 24 août 2014

L’effarante ouverture de Hollande au travail du dimanche


Cette semaine, François Hollande a fait sa rentrée en multipliant les annonces pour essayer de répliquer aux mauvais chiffres de la croissance et à son impopularité persistante. Parmi les propositions, un assouplissement des règles sur le travail du dimanche qui en dit long sur cette présidence…



Non sens économique et sociétal

Depuis des années, les partisans du laisser faire concernant le travail du dimanche font miroiter un gain pour la croissance. Ils raisonnent comme si le chiffre d’affaires en plus qui serait réalisé le dimanche viendrait en addition du chiffre d’affaire réalisé les autres jours de la semaine, comme s’il n’y avait pas de phénomène de substitution. Etant donné le climat économique, entre chômage record et pouvoir d’achat en berne, on ne voit pas ce qui pousserait les Français à dépenser plus. Ce n’est pas parce qu’on laisse davantage travailler le dimanche que plus d’argent sera créé. Ce n’est que la répartition hebdomadaire des dépenses qui serait modifiée avec une plus forte proportion réalisée le dimanche. Les Français ne manquent pas de temps pour dépenser, ils manquent d’argent, ce que cette réforme ne traite pas.

Déjà, en 2008, 48 députés de l’ancienne majorité avaient publié une tribune dans le Figaro pour s’opposer aux projets d’assouplissement des règles sur le travail du dimanche. Mais outre le non sens des arguments économiques (on attend toujours une démonstration solide du plus que cela pourrait apporter), comme ils le soulignaient déjà en 2008, cet assouplissement pose un problème de société. Bien sûr, 29% des salariés travaillent déjà le dimanche (dont seulement 13% habituellement), mais la société doit donner un choix aux citoyens de travailler ou pas le dimanche et le laisser faire dans ce domaine risque de le remettre en cause. Et le commerce n’est qu’un moyen au service d’une fin qui le dépasse, la condition humaine. Le travail du dimanche, c’est une inversion des priorités effarante, la prise de pouvoir du marchand et du commerce sur la vie de famille et des choses qui leur sont pourtant infiniment supérieures.

Sarkozy, sors de ce corps !

vendredi 22 août 2014

La double illusion de la dévaluation de l’euro


Comme me l’a signalé un commentateur du blog, quelle suprise de lire sur le site de Debout la République une tribune de Dominique Jamet, « Déflation : dévaluer l’euro ou en sortir ». Changement de ligne du mouvement ? Maladresse estivale ? Petit retour sur sur l’idée de la dévaluation de l’euro.



Une illusion économique

Dans cette tribune, Dominique Jamet écrit : « Le chef de l’Etat et le Premier Ministre ont le devoir d’obtenir une franche dévaluation de l’euro face au dollar. A défaut, pour éviter le piège mortel de la déflation qui se refermerait fatalement sur elle, la France serait dans l’obligation de sortir d’urgence de la zone euro ». Il évoque la meilleure santé de ceux qui ont poussé le cours de leur monnaie à la baisse, comme Washington et Londres. Mais comme l’a bien noté Saul, en 2012, sur 66,9 milliards d’euros de déficit commercial, 41,9 milliards viennent de la zone euro, imperméables à toute dévaluation de l’euro. Et une bonne partie du reste du déficit vient des importations d’hydrocarbures, dont le prix augmenterait en cas de dévaluation de l’euro. Bref, le cours de l’euro seul est loin d’expliquer tous nos problèmes. En outre, il ne serait pas évident de pousser à la baisse la monnaie d’une zone économique qui dégage un fort excédent commercial (au contraire des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne).


Une illusion politique

jeudi 21 août 2014

Déflation : mettre les économistes de bazar à la cave pour gagner un peu de hauteur de vue (billet invité)


Billet invité de Nicolas Gonzales du 14 août, que vous pouvez retrouver sur son Tumblr


Mon enfant, ma soeur, songe sans douceur à tous les économistes de bazar (ceux des organisations internationales mais aussi les dizaines de pseudo-économistes français) et tous les hommes politiques pressés et autres militants intéressés, qui nous indiquaient mi-2013 et parfois jusqu’au début de 2014 contre toute évidence que, pour 2014, la reprise économique était au coin de la rue, avec des arguments misérables : l’oscillation positive d’un indice PMI par-ci, le chômage qui descend un mois par là, et des prévisions optimistes parce que FORCEMENT, l’économie est censée s’arranger d’une année sur l’autre. Du coup aujourd’hui, pour beaucoup, c’est la douche froide, et tout le monde se sent obliger de commenter les chiffres. Je me permets de les rappeler; juste pour enfoncer le clou :
* 0% de croissance au second trimestre en zone euro et en France, -0.2 en Allemagne et en Italie
* un plancher de 0.4% d’inflation en rythme annuel en zone euro, avec un -0.7% d’inflation au mois de juillet (!) peut être dû à des facteurs exceptionnels
* -0.3% de la production industrielle en juin là encore en zone euro…

mardi 19 août 2014

Le sens des jérémiades de Michel Sapin


La tribune du ministre des finances dans le Monde, « Pourquoi il faut réorienter les politiques économiques européennes », publiée en même temps que l’annonce des mauvais résultats de croissance n’a pas été bien saisie. En effet, elle est parfaitement cohérente avec le discours du Premier Ministre.



Outil de négociation européenne

Cet outil dans le dispositif de communication gouvernementale autour du mauvais résultat de la croissance au second trimestre sert un double objectif. Le premier est d’adapter le discours à l’égard des Français. Je vais y revenir. Mais le second, plus important encore sans doute, est à destination de l’Europe. En effet, la conjugaison d’une moindre croissance et d’une inflation plus faible va peser sur le déficit budgétaire. Alors qu’il était sensé atteindre 3% en 2013, objectif renvoyé à 2015 l’an dernier, il « sera donc supérieur à 4% du PIB en 2014 » pour reprendre les mots du ministre. Mais celui-ci précise aussi que « nombre de nos voisins européens n’atteindront pas non plus les objectifs qu’ils s’étaient fixés », après une litanie indigeste qui décrit la situation économique, davantage digne d’un journaliste que d’un ministre.

A première vue, après les déclarations de François Hollande sur une réorientation politique en Allemagne, et qui s’est logiquement fait recadrer par le porte-parole d’Angela Merkel, on pourrait croire que la majorité s’est fixée comme objectif une réorientation des poltiques européennes. Mais, la tribune de Michel Sapin est finalement très légère sur cette réorientation. En conclusion, il dit «  l’Europe doit agir fermement, clairement, en adaptant profondément ses décisions à la situation particulière et exceptionnelle que connaît notre continent ». En clair, la seule chose que demande la France, c’est un nouveau report de ses objectifs de réducation du déficit budgétaire. Bref, alors que les politiques menées ne donnent aucun résultat, Michel Sapin demande d’assouplir les objectifs au lieu de changer de politique !

Faux parler-vrai

lundi 18 août 2014

Croissance : l’impasse prédite par Jacques Sapir se réalise


La semaine dernière, sont tombés les chiffres de croissance pour le second trimestre en France et dans la zone euro. Résultat : 0% de croissance pour la France et une baisse de 0,2% du PIB de la zone euro, ce qui confirment très précisément les prévisions faites par Jacques Sapir à l’automne 2012.



La croissance au point mort

Les résultats du second trimestre pouvaient malheureusement être anticipés. En effet, la stabilité du premier trimestre n’avait été permise que par une forte hausse des stocks, qui avait apporté 0,5% de croissance, ce qui avait compensé les contributions négatives de la consommation (-0,2%), des investissements (-0,2%) et du commece extérieur (-0,1%). Assez logiquement, après le gonflement des stocks du trimestre précédent, ils contribuent de manière négative (et encore, de seulement 0,1%, ce qui peut indiquer qu’ils restent encore relativement forts). Le commerce extérieur contribue également à hauteur de -0,1%, ce qui relativise la baisse du déficit, l’investissement de -0,2%, ce qui compense la hausse de la consommation, qui contribue à hauteur de +0,4%, la meilleure performance depuis début 2012.

Ces chiffres sont assez inquiétants à plusieurs titres. Sur les quatre derniers trimestres, trois se sont soldés par une contribution négative du commerce extérieure (le 4ème trimestre y échappant, sans doute du fait des cadeaux des fêtes de fin d’année), ce qui montre bien que notre politique commerciale est destructrice pour notre économie. Ensuite, pour la neuvième fois en dix trimestres, les investissements sont en baisse. Pire, le phénomène s’aggrave, ce qui augure mal des capacités productives et de la croissance des années à venir. Bref, la situation de la France n’est pas riante, la croissance sera sans doute encore plus faible que prévue et le phénomène est généralisé à l’échelle de la zone euro, dont le PIB recule de 0,2% du fait de la baisse équivalente de l’Allemagne et l’Italie, malgré le léger rebond espagnol.

L’impasse européenne et française

dimanche 17 août 2014

Pierre Richard : on se relève de tout, même de Dexia (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus

L’ensemble des faits relatés ci-après sont extraits de La Caste cannibale de Sophie Coignard et Romain Gubert (Albin Michel 2013).



Pierre Richard arrive à l’Elysée dès 1974, à 33 ans, dans les valises de Valéry Giscard d’Estaing. Il suit alors les dossiers des collectivités locales et de l’aménagement du territoire. 4 ans plus tard, il est directeur général des collectivités locales au ministère de l’intérieur. Il résiste à l’alternance en 1981 et prend en 1983 la tête de la CAECL (Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales), un organisme de la Caisse des dépôts. Nouvelle alternance en 1986 et nouveau maintien à l’occasion duquel, sous l’impulsion d’Edouard Balladur, il transforme la CAECL, qui devient Crédit local de France-CAECL,  en société anonyme. En 1996, l’entité, progressivement partiellement privatisée, fusionne avec le Crédit communal de Belgique (CCB) pour prendre le nom de Dexia. Pierre Richard en est bien sûr le patron.  Avec la volonté de faire de Dexia un leader du secteur, il se lance dans des crédits indexés sur les produits dérivés qu’il fait renégocier des plus en plus souvent : « vendre régulièrement de nouvelles formules d’emprunt fait partie de la stratégie. C’est ce que certains dirigeants appellent élégamment entre eux « trouiller l’encours » : chaque nouveau prêt rapporte une commission à la banque, et permet surtout d’allonger les délais de remboursement, donc de tenir les clients captifs ». Ainsi, le Crédit local de France commercialisait seulement trois types de prêts en 1995, Dexia était passé à 43 en 2000, puis 167 en 2006, 282 en 2008 (page 188) !

Conflits internationaux, le silence de l'Union Européenne (billet invité)


Billet invité d’Enfant de la patrie

Dans un contexte international trouble, où les conflits se multiplient ces dernières semaines aux portes de l'Europe – toujours plus lointaines - l'Union Européenne reste étrangement sans voix. Pourtant, elle ne manque pas de représentants pour exprimer son opinion, dans la personne de Mme Ashton, Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, voire même, par celle de Mr Herman Van Rompuy, le « très charismatique » président du Conseil européen.


Il semble laborieux d'unifier et de parler au nom de vingt-huit pays si différents, de par leur intérêt disparate sur le plan international. Avec d'un côté, l'Allemagne, toujours partante pour ne rien faire, et la France qui essaye, tant bien que mal d'assumer sa stature. Mais, que c'est difficile, quand on ne sans donne plus les moyens. D'ailleurs, le silence de l'UE sur les questions internationales fait écho avec celui de notre président François Hollande. L’un comme l’autre, semble dans un flou total sur la position à adopter sur les conflits divers, souvent suspendus aux lèvres du président Américain, qui lui-même, ne sait plus très bien sur quel pied danser. Un pas devant, un pas derrière, un tango diplomatique, qui décrédibilise les puissances occidentales, l'Europe, et ... La France.

vendredi 15 août 2014

La voix de la France et la Bosnie oubliée (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus
« Ô drapeau de Wagram ! ô pays de Voltaire !
Puissance, liberté, vieil honneur militaire,
Principes, droits, pensée, ils font en ce moment
De toute cette gloire un vaste abaissement. »
Victor Hugo, Les Châtiments.




Il y a quelques jours, Laurent Pinsolle publiait un article sur l’état actuel de la Libye et les conséquences du droit d’ingérence. C’est également l’occasion de se remémorer un autre territoire, complètement oublié des médias : la Bosnie-Herzégovine.

Un pays à la dérive

En 1995, les accords de Dayton mettent fin (provisoirement : 4 ans plus tard aura lieu la guerre du Kosovo) à la guerre issue de la dislocation de l’ex-Yougoslavie. Ils instituent de fait un Etat pluriethnique, composé d’une fédération d’Etat, eux-mêmes basés sur l’homogénéité ethnique. Ces mêmes accords instituent de manière transitoire un poste de Haut représentant en Bosnie-Herzégovine, placé sous l’autorité du Conseil de sécurité des Nations Unies. Sauf que presque 20 ans plus tard, la « transition » perdure et la fonction de Haut représentant est toujours en place. Celui-ci a même, en violation des accords initiaux, considérablement accru ses pouvoirs puisqu’il cumule l’ensemble des prérogatives exécutives, se transformant de facto en techno-autocrate. Il peut ainsi annuler n’importe quelle décision prise par les instances politiques bosniennes ou imposer les siennes. Ce dont il ne se prive pas. Le « Prince » a ainsi, unilatéralement, décidé de la mise en place de plaques d’immatriculation communes, d’un passeport unique, d’une monnaie alignée sur l’Euro, d’une loi sur la citoyenneté, des couleurs du drapeau ou encore de révocations de plusieurs responsables locaux pourtant démocratiquement élus. La guerre menée au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a donc, paradoxalement, accouchée d’un régime politique (ou plutôt apolitique, puisque pris étymologiquement le mot « politique » n’a ici plus de sens) complètement autocratique, soumis au fait du « Prince », sorte de « bien aimé leader » de la communauté internationale, étranger au pays de surcroit (le titulaire actuel, Valentin Inzko, est autrichien ; son prédécesseur, Miroslav Lajcak était slovaque). A côté de cela, la Russie de Vladimir Poutine passe pour une douce démocratie.

Par ailleurs, la terre d’origine de Zlatan Ibrahimovic reste soumise à de très fortes tensions, pas seulement ethniques (les Serbes réclament toujours leur rattachement à la Serbie voisine et les nationalistes croates sont en constante progression) mais aussi sociales : dans l’indifférence presque complète de nos médias nationaux des manifestations, parfois très violentes et durement réprimées, se succèdent depuis le début de l’année. Le système électoral mis en place est foncièrement discriminatoire puisqu’il contraint les candidats à déclarer leur appartenance ethnique (bosniaque, croate ou serbe), au point d’en attirer les foudres de la Cour européenne des Droits de l’Homme[i]. Le chômage demeure très élevé (27% en 2013) et la corruption endémique, seules les perfusions financières de l’Union européenne et du FMI évitent probablement l’effondrement.
Presque 20 ans après, l’échec de la « communauté internationale » est patent.

Un dangereux précédent

Schengen ou l'hypothétique Eldorado (billet invité)


Billet invité de Michel Colas


On a souvent l’occasion d’entendre dire que l’Italie est une des entrées privilégiées pour l’immigration clandestine sub- saharienne. En effet, il ne se passe pas une semaine sans que la presse ne se fasse l’écho d’immigrants arrivant sur l’ile de Lampedusa à bord de bateaux vétustes et surchargés et qui malheureusement, pour certains n’arrivent même pas à destination, coulant au large avec leurs cargaisons humaines.

Voilà, l’habitude aidant, nous ne prêtons plus qu’une oreille distraite à ces nouvelles, nous disant qu’après tout, c’est l’affaire des italiens.

Mais, erreur ! Ce n’est pas QUE l’affaire des italiens et ce, depuis les accords de Schengen.
Ah ! Les fameux accords de Schengen. Mais en quoi consistent-ils ?

jeudi 14 août 2014

Le débat sur les inégalités progresse partout dans le monde


Malgré la victoire de la ligne austéritaro-compétitive, ou eurolibérale, en France, malgré un gouvernement qui dit être de gauche, mais aussi dans la plupart des autres pays européens, le débat sur les inégalités ne cesse de s’imposer depuis les publications de Joseph Stiglitz et Thomas Piketty.



De Paris, Amsterdam, à Washington

Depuis maintenant plus de 10 ans, notamment porté par les travaux de Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Camille Landais, le débat sur les inégalités ne cesse de grandir dans la sphère publique. The Economist cite le cas des Pays-Bas, un pays où les revenus avant impôt sont presque aussi déséquilibrés qu’aux Etats-Unis mais qui se vante d’une tradition égalitarienne, qui fait que l’impôt sur le revenu atteint 42% au-delà de 33 364 euros par an et même 52% au-delà de 56 532 euros. Mais une étude a révélé que les 10% des ménages les plus riches possèdent 61% de la richesse du pays (contre 75% aux Etats-Unis), ce qui fait du pays le plus inégalitaire d’Europe avec la Pologne, ce qui pousse le parti travailliste à prendre des accents « pikettiens » selon The Economist, créant un débat dans la majorité.


Un débat qui progresse

mercredi 13 août 2014

Chômage, CAC 40 : la grande divergence


Envolée de 18% des profits des entreprises du CAC 40 au premier semestre, légère baisse du déficit commercial, nouveau record du nombre de chômeurs : l’aggrégation de ces dernières données estivales démontrent remarquablement tout ce qui ne va pas dans le système économique actuel.



Champagne en haut, ceinture en bas

Bien sûr, l’énorme amende que BNP Paribas a négocié et accepté de la justice étasunienne fait que les profits du CAC 40 affichent une baisse de 5,2% au premier semestre 2014, mais si on exclut cet élément exceptionnel, alors, les profits de l’élite du capitalisme français se sont envolés de pas moins de 18% ! Cela semble totalement surréaliste alors que que la croissance économique est en berne depuis si longtemps, et que tant d’autres indicateurs sont dans le rouge, mais il n’est pas inintéressant de constater que la marge opérationnelle est passée de 8,2 à 9,2% dans une période pourtant difficile sur tous les plans, avec une faible demande, mais aussi des augmentations d’impôts. Cette performance est d’autant plus stupéfiante que nos champions hexagonaux ont souffert de la cherté de l’euro.



Parallèlement, le déficit commercial est au plus bas depuis 4 ans, à 29,2 milliards d’euros, soit 2,7 de moins que l’an dernier. Mais cette bonne nouvelle n’est qu’apparente car les exportations sont en baisse et qu’ils sont surtout le produit du recul des importations, et notamment des hydrocarbures, du fait de la mauvaise conjoncture. Mauvaise conjoncture qui se retrouve dans la hausse continue du niveau du chômage, qui a atteint un nouveau record en juin, comme le souligne Jacques Sapir sur son blog. Officiellement, on parle de 11,8% de taux de chômage. Mais si on compte les personnes dispensées et celles qui ont travaillé moins de 70 heures et qui cherchent un temps plein, alors, on monte officiellement à 15,1%. Jacques Sapir note que les radiations permettent sans doute de gagner 1,4 points.

Un système condamné

mardi 12 août 2014

La nouvelle gifle de Merkel à Hollande


Il y a quelque chose de pathétique dans le comportement de François Hollande. Il ne cesse d’en appeler à l’Allemagne, pour qu’elle soutienne davantage la croissance ou appuie une politique monétaire moins dure. Et à chaque fois, Berlin l’envoie dans les roses, ce qui ne l’empêche pas de recommencer.



Une nouvelle rebuffade


Ce n’est pas la première fois que François Hollande et Angela Merkel s’opposent. Déjà, à peine après son élection, le nouveau président de la République s’opposait à la camisole budgétaire, souhaitait des euro obligations et demandait de faire plus pour la croissance. Déjà, il avait capitulé sur toute la ligne, Angela Merkel lui permettant de sauver les formes avec un plan de croissance dérisoire, qualifié par Paul Krugman de « pistolet à eau contre un rhinocéros qui charge », acceptant à la fois le refus ferme de l’Allemagne sur les euro obligations et signant le TSCG conçu par son prédécesseur. Depuis, il faut quand même noter un léger assouplissement des objectifs de réduction des déficits budgétaires, mais cela doit sans doute plus au réalisme de l’Allemagne qu’à l’influence de François Hollande.

Ce que cela dit de Hollande et de l’Europe

lundi 11 août 2014

L’intervention militaire en Irak est une nouvelle faute des Etats-Unis


Devant la guerre civile qui déchire de manière horrible l’Irak, les Etats-Unis ont déclenché des frappes militaires contre les forces islamistes. Même s’il est impossible de ne pas être sensible au sort des irakiens persécutés pour leur foi ou leur choix politique, une telle intevention est une nouvelle faute.



Une troisième faute

Bien évidemment, les partisans d’une intervention ne manqueront d’ironiser sur ces souverainistes qui se réclament du Général de Gaulle et seraient si frileux. Mais je ne suis pas un pacifiste irréductible. Je pense qu’en 1938 ou en 1939, devant les avancées de l’Allemagne nazie, il aurait fallu respecter nos engagements et prendre les armes, ce qui aurait sans doute éviter la piteuse défaite de 1940. Mais pour la troisième fois en Irak, les Etats-Unis interviennent militairement et il s’agit à nouveau d’une grave faute. Bien sûr, il faut apporter du soutien aux réfugiés qui sont en Turquie et l’action de la France dans ce domaine est positive, mais c’est une erreur de soutenir les interventions des Etats-Unis.

En effet, il me semble que Washington intervient en dehors de tout cadre international, en fonction de son bon vouloir. Les Etats-Unis continuent à agir comme s’ils étaient les maîtres du monde, qui n’auraient pas à se soumettre aux règles internationales qu’ils imposent pourtant aux autres pays. Comme on le voit en Irak, ceci est complètement contre-productif. La situation dans ce pays que les Etats-Unis ont envahi en 1991 et en 2003 (sans la moindre raison valable la deuxième fois) est sans doute en partie la conséquence directe de ces agressions. Quelle meilleure publicité pour les islamistes que ces frappes qui les permettent ensuite de présenter les autorités du pays comme les poupées de Washington !

La chienlit au carré