dimanche 30 novembre 2014

Délires austéritaires et pensée unique : le gouverneur de la Banque de France s’y met aussi (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus


Dans la droit ligne de l’UMP (lire ici), tout en étant bien sûr très proche des postures de la majorité actuelle, le président de la Banque de France, Christian Noyer, y est aussi allé de son petit couplet austéritaire et néolibéral dans une interview donnée aux Echos (lire ici).  Les litanies de l’oligarchie au pouvoir, pour le plus grand bénéfice de la finance mondialisée et le plus grand malheur des peuples, se poursuivent donc. Accompagnées de mensonges plus ou moins grossiers pour faire passer la pilule (ou tenter de le faire). On relèvera, entre autres, ces passages les plus croustillants :

Christian Noyer : « Les pays qui ont entrepris des réformes de structure, comme l’Espagne, l’Irlande ou le Portugal, commencent à en toucher les dividendes. »

Les chômeurs espagnols, irlandais et portugais seront ravis de l’entendre ! Le pays de Cervantès, avec certes un très léger reflux (mais vraiment pas de quoi s’enthousiasmer) compte encore 24,5% de chômeur (54% pour les jeunes de moins de 25 ans !). Celui de Vasco de Gama 14,1% et l’ex-Tigre celtique 11,5%[i]. Et encore, ces chiffres sont très vraisemblablement faussés par l’utilisation, comme en France, de certains biais statistiques[ii].

samedi 29 novembre 2014

L’effarant rapport Pisani-Ferry / Enderlein qui recommande la baisse du pouvoir d’achat


Deux économistes, allemand et français, ont proposé un agenda de sortie de crise. Leur recette miracle : un blocage des salaires, qu’il camoufle sous le terme convergence ! Une proposition qui est un contre-sens économique et qui en dit long sur les errements intellectuels de notre époque.



Un contre-sens économique

S’ils ont raison de souligner qu’il est essentiel de lutter contre le chômage, qui atteint 15% de la population active en France, partir du postulat que la recette allemande du début des années 2000 pourrait marcher aujourd’hui est absurde. D’abord, il ne faut pas oublier que la potion amère du chancelier Schröder avait alors fait de l’Allemagne le pays malade de l’Europe, avec une croissance très faible, et qu’il a produit une baisse de 15% du pouvoir d’achat pour un tiers de la population, une forte hausse de la pauvreté (plus élevée qu’en France encore aujourd’hui malgré le différentiel de chômage).

Mais surtout, la potion amère allemande a été rendue possible par sa spécialisation industrielle et l’explosion de ses exportations, mais aussi par le fait que les autres pays européens ne menaient pas la même politique, ce qui a maintenu ses débouchés, et a compensé la faiblesse de la demande intérieure par ses exportations. Tout le problème est que ce raisonnement, appliqué à l’échelle du continent européen, comme il l’est depuis 2010, tue la croissance au lieu de la relancer. Face à une crise de la demande, une politique de l’offre généralisée est vouée à l’échec car elle pèse sur la demande.

La social-démocratie à la dérive

lundi 24 novembre 2014

Régions : non au charcutage néolibéral du territoire !





Réorganisation néolibérale

Tout, dans ce charcutage de nos territoires, ressemble au pire de notre époque. D’abord, ce raisonnement effarant qui consiste à vouloir faire des économies, totalement négligeables par rapport au montant total de la dépense publique, au mépris de l’organisation du pays, qui ne pèse pas lourd face aux injonctions de baisse des déficits ! Mais bien évidemment, cette réorganisation est d’une cohérence limitée, qui révèle le poids des lobbys. Comment justifier le maintien de la Corse, non intégrée dans la région PACA, ou même de la Bretagne, alors que le Languedoc-Roussillon et la Lorraine sont fondus dans le Midi-Pyrénées ou un ensemble avec l’Alsace et la Champagne-Ardennes.

Le territoire national est victime d’une réorganisation qui ressemble furieusement aux réorganisations des multinationales, qui effacent les Etats-nations historiques pour créer des organisations trans-nationales. Encore plus stupéfiant, on parle désormais d’une possibilité pour les départements de quitter les régions auxquelles ils sont affectés : la volonté du moment prime sur les cadres qui permettent d’organiser la vie collective, qui ressemble de plus en plus à une jungle où il y a tous les jours moins de cadre qu’il faudrait respecter, si ce n’est la loi du marché et de l’argent.

Hollande fait ce que Sarkozy n’avait pas osé faire

dimanche 23 novembre 2014

L’insupportable peoplisation de la vie politique


Vendredi, Voici a publié un cliché du président de la République avec sa compagne à l’Elysée. Un nouvel épisode dans l’effarante peoplisation de notre vie politique qui amène à se poser des questions sur le très malsain laisser-faire qui règne au sujet de la violation de la vie privée.



Politique ou people ?

Même s’il n’en a pas été l’initiateur, certains dérapages ayant commencé il y a plusieurs décennies, il faut bien admettre que Nicolas Sarkozy a sans doute accéléré cette détestable tendance, lui qui se comportait trop souvent comme le gagnant de la star académie politique nationale. On se souvient de sa déclaration en pleine conférence de presse concernant sa vie privée. Mais cette détérioration s’est confirmée, pour ne pas dire amplifiée encore avec l’arrivée de François Hollande, qui, s’il n’a sans doute pas mis autant en scène sa vie privée que celui qu’il a battu en 2012, pâtit des aléas de sa vie privée, étalés sur la place publique depuis le début d’année, et qu’il n’a pas toujours très bien gérée.

Bien sûr, on pourrait dire que le président ne fait que récolter ce qu’il a semé. Sur Europe 1, la rédactrice en chef de Voici a soutenu que les Français auraient le droit de savoir. Mais où mettre la limite ? Comment la fixer ? S’il faut s’en remettre à la déontologie des équipes de Voici, nous sommes mal partis car celle-ci semble uniquement fonction des courbes de ventes et des profits réalisés grâce aux scoops, probablement largement supérieurs au coût des différents procès. La transparence n’est que le cache sexe de la quête de profit et il est difficile de ne pas voir le risque orwellien de cette dictature de la transparence, ainsi que la perturbation délétère qu’elle provoque dans notre vie politique.

Que faire ?

samedi 22 novembre 2014

Le général de Gaulle et l’Europe (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus



Le général de Gaulle avait une véritable vision de l’Europe. Une Europe de paix et de prospérité. Une Europe démocratique et collaborative. Une Europe des Nations. A mille lieux du « volapük intégré » qu’elle est devenue sous les auspices technocratiques de l’Union européenne. Et le plus dramatique est bien que les errements du fédéralisme bureaucratique et apolitique aussi avaient été pressentis par l’homme du 18 juin. La conférence de presse du 15 mai 1962 résume à satiété sa conception politique de l’Europe. On y trouvera ci-dessous les principaux passages relatifs à la question européenne (ceux qui veulent lire l’intégralité de la conférence peuvent la trouver ici).

mercredi 19 novembre 2014

Travail du dimanche : Macron va plus loin que Sarkozy





Big bang néolibéral le dimanche ?

C’est une tarte à la crème des néolibéraux : notre pays devrait faciliter le travail du dimanche pour relancer son économie. Passons sur le fait que l’Allemagne a une législation plus stricte que nous dans la restriction des horaires d’ouverture des commerces et que cela ne semble pas vraiment l’handicaper en Europe. C’est d’ailleurs une rengaine que nous a servi Nicolas Sarkozy comme candidat, puis président, puis à nouveau candidat, sans que l’on comprenne bien pourquoi les choses n’avaient pas plus changé pendant qu’il était au pouvoir. Il semble malheureusement qu’il fallait que la « gauche » arrive au pouvoir pour déréguler plus encore le droit du travail, étant donnés les projets d’Emmanuel Macron.

Le nouveau ministre de l’économie semble vouloir aller encore plus loin qu’initialement prévu. Encore plus fort, il permettrait aux entreprises de moins de 20 salariés d’avoir des règles plus souples en matière de compensation salariale. En clair, elle pourrait échapper à la majoration de 100% du salaire le dimanche, qui pourrait être également contournée par des accords de branche pour les plus grandes entreprises. Les « zones touristiques de dimension internationale » pourraient voir les règles s’assouplir, le dimanche, mais aussi le soir jusqu’à minuit, ainsi que les gares. Enfin, d’autres zones verraient également les contraintes s’alléger et 12 dimanches pourraient être travaillés au lieu de 5.

Une mauvaise décision

mardi 18 novembre 2014

Les délires austéritaires de l’UMP et de Serge Grouard (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus



Il est dorénavant convenu qu’en termes de politique économique et sociale, M. Hollande s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur. Il nous fait du Sarkozy. En pire[i]. Or, dans la perspective d’un retour aux affaires en 2017, que nous propose l’UMP[ii] ? Du Hollande. En pire.

La tribune de Serge Gouard, le député-maire (UMP) d’Orléans, publiée le 27 octobre 2014 sur Figarovox en est une excellente illustration (à lire ici).

Allô le 18 !! (billet invité)



Billet invité de Michel Colas

Depuis quelques années, un phénomène récurrent est apparu : l’agression des pompiers lors de leurs interventions. Il ne se passe pas une semaine sans que la presse nous rapporte des faits inquiétants. Inquiétants, oui car au-delà du côté dangereux, c’est une perte complète des valeurs qui est mise en évidence.
Certes, les agressions répétées sur policiers et gendarmes, montraient effectivement que, dans une partie de la population, les bases même du respect des institutions étaient déjà mises à mal.
Mais comment peut-on s’en prendre à des personnes venant à votre secours ou à celui de votre voisin. Comment agresser des personnes mettant leur vie en jeu pour protéger la vôtre:

lundi 17 novembre 2014

Philae est une réussite européenne, mais pas une réussite de l’Union européenne ! (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus


« A ceux qui se posent la question, à quoi sert l’Europe, Rosetta a donné la réponse ». Ainsi s’est exprimé le Président de la République à la suite du succès de l’atterrissage du module spatial Philae sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko[i].

En effet, probablement bien plus que ne l’imagine M. Hollande, cette réussite technologique apporte une cinglante révélation à ceux qui bâtissent encore des espoirs sur le Léviathan technocratique et a-démocratique de Bruxelles. De prime humeur, on pourrait, à raison, rétorquer, comme Olivier Berruyer sur son blog, que dans le contexte actuel de crise profonde, les Européens seraient en droit d’attendre bien d’autres réussites que l’envoi d’un bout d’Europe à des centaines de millions de kilomètres de leur quotidien.

dimanche 16 novembre 2014

Hausse du dollar et conséquences


Depuis quelques années, le dollar reprend des couleurs, après avoir atteint un point bas peu après la crise. La relative bonne forme économique des Etats-Unis, la fin du programme d’assouplissement quantitatif de la Fed et la baisse du pétrole accélèrent une hausse qui n’est pas anecdotique.



Un mouvement structurel

La hausse du dollar devrait sans doute se poursuivre. En effet, de puissants facteurs l’expliquent. D’abord, la fin du programme de rachat d’actifs de la banque centrale étasunienne alors même que la BCE et la Banque du Japon semblent vouloir accélérer le leur, va limiter la croissance de l’offre de dollar alors même que l’offre d’euro et de yen va augmenter, poussant à la hausse le prix du premier. Et, même si elle n’est pas sans grandes limites, la croissance semble solide outre-Atlantique, alors que l’Europe n’échappe pas à sa torpeur et que les pays émergents semblent moins prometteurs. Du coup, les investisseurs sont attirés par les placements en dollar.



Bien sûr, on pourra répliquer que cela est contradictoire avec la persistance du déficit commercial de Washington. Mais d’abord, il est moins important qu’il y a quelques années, du fait, entre autres, de l’exploitation des gaz et pétrole de schistes, qui a eu aussi pour effet de diminuer le coût de l’énergie et donc attirer des industries fortement consommatrices. Certes, il est vrai que cela pourrait contribuer à augmenter à moyen terme le déficit en poussant les délocalisations, mais les Etats-Unis le tolèrent depuis longtemps, d’autant plus que ce déficit vient en bonne partie de l’achat de produits fabriqués à l’étranger par des entreprises étasuniennes, ce qui fait relativiser.

Les conséquences d’un dollar plus cher

samedi 15 novembre 2014

Le rebond dérisoire de la croissance


Hier, l’INSEE a annoncé que la croissance a rebondi de 0,3% au troisième trimestre, sécurisant le nouvel objectif de croissance de 0,4% sur l’ensemble de l’année du gouvernement. Mais derrière les grands titres autour d’un résultat médiocre, la réalité est encore plus inquiétante.



Stocks au vert, investissements et commerce au rouge

Certes, à 0,3%, la croissance de ce trimestre dépasse le cap du 1% en rythme annuel. Mais bien des détails amènent à relativiser ce chiffre. D’abord, le chiffre du précédent trimestre a été révisé à la baisse, puisqu’au lieu d’être stable, le PIB a reculé de 0,1% au second trimestre, ce qui signifie que la croissance n’a été que de 0,2% en 6 mois… Ensuite, le détail des statistiques est encore plus inquiétant. En effet, la croissance totale de 0,3 points est la somme d’une contribution positive de 0,3 point de la consommation et de 0,3 point des stocks et d’une contribution négative de 0,2 point du commerce et de 0,1 point des investissements !

En clair, à stocks constant, nous n’aurions pas eu de croissance ! Et comme l’histoire le montre, quand les stocks montent un trimestre, ils ont tendance à baisser le trimestre suivant, surtout au  3ème et au 4ème trimestre. Et cela ne doit pas faire oublier une nouvelle contribution négative du commerce extérieur avec une augmentation des importations supérieure à celle des exportations (+1,1% contre +0,5%), signe d’autant plus inquiétant que c’est le troisième trimestre consécutif de dégradation… Toujours aussi inquiétant, la nouvelle baisse des investissements, qui reculent de 0,6%, pour le 4ème trimestre consécutif, ce qui augure mal de l’avenir.

Un échec malheureusement prévisible

vendredi 14 novembre 2014

Que penser du coup de frein européen au tourisme social ?





Une faille dans Schengen ?

Sur le fond, on peut se dire qu’il s’agit d’une victoire du bon sens. Il était bien évident que la liberté anarchique de mouvements des personnes au sein d’une Union Européenne présentant de telles différences de niveau de protection sociale ne pouvait que logiquement provoquer des phénomènes d’abus où des personnes issues des pays les plus pauvres pouvaient partir dans les pays les plus protecteurs et réclamer les avantages sociaux de ces pays sans même vouloir s’intégrer. Il semble que ce soit le cas de la migrante roumaine qui résidait en Allemagne au sujet de laquelle la Cour de Justice européenne a décidé de permettre une différenciation de traitement de certains immigrés.

Il faut qu’en ces temps de disettes budgétaires, il était particulièrement révoltant pour une majorité de la population, qui se serre la ceinture depuis près de 6 ans, de constater des cas comme ceux de cette roumaine, qui n’est pas sans rappeler l’affaire Léonarda en France. Ici, le terme de tourisme social semble parfaitement s’appliquer et la liberté anarchique de circulation des personnes au sein de l’UE est un véritable pousse-au-crime qui peut coûter cher aux pays qui ont le modèle social le plus protecteur. Du coup, toute limite mise à ces comportements abusifs, cette protection gratuite offerte à certains migrants qui ne contribuent pas à la solidarité nationale, est bienvenue.

La goutte d’eau d’un mauvais tuyau

jeudi 13 novembre 2014

Emmanuel Macron, ayatollah du laisser faire


Le ministre de l’économie est décidemment incorrigible. Il a participé lundi 10 novembre à l’inauguration d’une nouvelle usine Renault à Alger en affirmant qu’ « il ne faut pas avoir peur de produire à l’étranger ». Retour sur ses déclarations.

 

Le Cimetière automobile

Pour le ministre, « les voitures assemblées à Oran l’étaient auparavant en Turquie et en Roumanie. Il n’y a donc pas de perte pour notre pays (…) L’ouverture de cette usine est au contraire une très bonne nouvelle pour la France ». Le problème est que le ministre n’a pas choisi la bonne industrie pour faire sa « démonstration » en faveur de l’ouverture à l’étranger d’usines françaises. Certes, les premiers volumes de l’usine d’Oran viendront peut-être principalement en provenance d’autres pays que la France. Mais cet état de fait ne sera peut-être pas durable. Après tout, il n’y a que la Méditerranée à traverser pour envoyer les véhicules en France.

Ensuite, l’industrie automobile est un des exemples les plus criants de la désindustrialisation de la France. Au milieu des années 2000, notre pays assemblait encore entre 3 et 3,5 millions de voitures par an. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé entre 1,5 et 2 millions, soit une baisse de presque 50% en quelques années seulement. Et comme la production globale de nos constructeurs est restée à peu près stable, cela signifie bien qu’ils ont délocalisé massivement la production de leurs produits, faisant passer notre solde commercial dans le domaine d’un bel excédent à un déficit. Pire, alors que l’Etat en est actionnaire, Renault est allé bien plus loin que PSA dans le domaine.

Le libre-échange pour les nuls


mercredi 12 novembre 2014

Fillon – Jouyet : l’affaire d’une fin de régime ?





Tous compromis ?

Cette affaire appuie là où cela fait mal de multiples manières. Elle rappelle que l’actuel Secrétaire Général de l’Elysée est un homme, qui, s’il est un ami du président de la République, qu’il connait depuis l’ENA, a aussi été ministre du précédent président de la République. Jean-Pierre Jouyet est une des illustrations les plus extrêmes de cette indistinction grandissante entre un PS et une UMP qui défendent la globalisation, l’Union Européenne, l’euro, la course folle à la baisse du prix du travail, la baisse déraisonnée des déficits ou le recul du service public, habillés d’une manière ou d’une autre.

Tout change et rien ne change. Et cette affaire a d’autres aspects guère reluisants. D’abord, le mensonge permanent, avec Jean-Pierre Jouyet qui a démenti ce qu’avançaient les journalistes du Monde, pour finalement l’admettre devant l’évidence des enregistrements, qui n’étaient même pas dissimulés. Ensuite, cela rappelle également que Nicolas Sarkozy est sous le coup de nombreuses affaires, dont notamment le fait d’avoir dépensé entre 11 et 17 millions d’euros de plus pour sa campagne présidentielle de 2012 que le plafond légal de 21 millions, ce qui pourrait bien le disqualifier pour 2017. Enfin, cela rappelle également les mœurs de cette jungle politique où tous les coups semblent permis.

Besoin d’air frais

lundi 10 novembre 2014

Pourquoi il faut en finir avec les parasites fiscaux


Les révélations sur les pratiques fiscales du Luxembourg ont peut-être déclenché une prise de conscience bienvenue. Il faut dire que même l’OCDE commence à s’inquiéter de la manière dont les multinationales gèrent leur contribution à la collectivité. Mais cette prise de conscience reste bien timide.



Asymétrie autobloquante

Il y a toujours quelques personnes pour prendre la défense des parasites fiscaux (improprement appelés « paradis ») en vantant leur dynamisme, leur richesse ou la pression qu’ils mettraient sur les autres Etats, qui seraient trop gourmands. Mais cette interprétation des choses est aussi partielle que partiale. Bien sûr, la plupart des parasites fiscaux sont riches et en croissance, mais si leur fiscalité très légère l’explique, cela vient de l’écart avec les autres pays. Car s’il n’y avait pas d’écart, il l’intérêt des multinationales serait bien moindre. Si Washington, Tokyo, Paris et Berlin s’alignaient sur la fiscalité luxembourgeoise, la fortune des parasites fiscaux fondrait comme neige au soleil.

Le système ne tient que par son asymétrie autobloquante, à savoir que si la fortune du Luxembourg et de ses semblables repose sur leur fiscalité minimale, leur base fiscale (et donc leurs recettes) est sans rapport avec leur taille, car les multinationales y déplacent leurs profits, sans proportion aucune avec la part de leurs affaires réellement réalisées ici. Et les grands pays ne peuvent pas suivre cette folle course au moins-disant fiscal tellement ils perdraient de recettes, d’autant plus que la désertion fiscale accentue leurs déficits et les prive donc de marges de manœuvre. Nous sommes dans un système auto-bloqué, qui ne profite qu’aux plus riches, aux multinationales et aux parasites fiscaux.

Vers une rébellion démocratique

dimanche 9 novembre 2014

BCE, Fed, Banque du Japon : grande divergence et implications


Les 6 dernières années resteront longtemps comme une période exceptionnelle dans l’histoire des banques centrales. Les dernières semaines, et la grande divergence dans la politique des trois plus grandes banques centrales de la planète sont aussi extrêmement instructives pour les citoyens.



De Mars et de Vénus



La politique monétaire est bien une politique

Les projets du blog


Plus de quatre mois après un dernier point sur le blog, je tiens également à faire un petit point sur son futur. Comme je l’anticipais en juin dernier, j’ai manqué de temps ces derniers mois pour relancer le projet collectif que je souhaite contribuer à fonder et je ne pense pas que la fin de l’année me permettra d’avancer. J’ai plus que jamais envie de construire un projet collectif, sans doute un blog ou un blog collectif qui rassemblerait des personnes pour qui l’avenir de notre pays ne doit pas se résumer au PS, à l’UMP et au FN, refusant l’extrémisme mais pour autant convaincus de la nécessité d’un vrai changement. Cette aventure reste un beau projet, même s’il est remis à 2015.

En attendant, je vais continuer à publier des billets invités. Je remercie tous ceux qui participent depuis près d’un an et qui ont donné au blog une autre dimension. J’invite tous ceux qui sont intéressés à me contacter par commentaire, mail, tweet ou sur Facebook.

J’en profite pour confirmer que j’ai décidé de prendre un nom politique, qui est celui que j’utilise depuis déjà quelques mois sur le site FigaroVox. C’est désormais sous ce nom que vous pourrez me retrouver sur tous les réseaux que j’utilise pour apporter ma contribution au débat politique.

samedi 8 novembre 2014

La fuite dans l’impasse de François Hollande


Jeudi soir, François Hollande est intervenu sur TF1 devant huit millions de téléspectateurs citoyens. Une présentation qui lui a attiré des critiques quasiment unanimes, qui démontrent à quel point le président de la République et sa majorité s’enferrent dans une impasse.



Du pain et des jeux ?

Lors de ces près de deux heures d’émission, le chef de l’Etat a été relativement avare d’annonces. S’il a annoncé qu’il n’y aurait pas de nouveaux impôts et qu’il simplifierait les procédures administratives, il y a eu deux annonces, qui misent à côté, donnent un relief particulier à son mandat : le retour d’une allocation pour les chômeurs proches de la retraite et l’annonce d’une candidature de la France pour les Jeux Olympiques de 2024. Même si je suis plutôt d’accord avec ces deux annonces, limiter ses annonces à ces deux rappelle douloureusement une expression tristement célèbre…

Droit dans l’impasse

vendredi 7 novembre 2014

Le Luxembourg : ce parasite fiscal au cœur de l’Europe


Il faut remercier les journalistes qui ont mis à jour les mécanismes de désertion fiscale mis en place par le Luxembourg pour attirer l’argent des multinationales, qui évitent ainsi de payer des milliards d’impôts. Lentement mais sûrement, un ras-le bol finira par balayer ce système.



Les secrets des parasites

Dans les méandres des systèmes comptables et fiscaux internationaux, quelques pays viennent jouer les parasites en cassant les taux pour attirer les grands groupes avides d’une fiscalité limitée, en jouant sur les prix de transfert, les droits à l’image, les brevets ou toute sorte d’artifice pour minimiser leur facture fiscale. En effet, pourquoi payer un impôt sur les bénéfices à plus de 30%, quand il est possible de se contenter de 15%, voir moins, via des accords spéciaux, comme cela existe au Luxembourg, mais aussi en Suisse. Ces pays doivent leur fortune à leur fiscalité légère qui attire toujours plus d’espèces sonnantes et trébuchantes. Les grands Etats ne peuvent s’aligner car ils ont trop à perdre.


Robin des bois à l’envers

mercredi 5 novembre 2014

Les scandaleux tribunaux d’arbitrage internationaux





Pourquoi il faut s’y opposer


Mieux, la bible des élites néolibérales cite des exemples choquants, comme celui de Philip Morris, qui a demandé des compensations à l’Australie pour sa décision d’imposer des photos de victimes de cancer du poumon sur les paquets de cigarettes. C’est aussi par ce biais là qu’une compagnie pétrolière étasunienne poursuit le Québec pour son interdiction de la fracturation hydraulique. Pire, le nombre de procédures ne cesse d’augmenter et elles restent désespéremment opaques. En effet, certaines multinationales utilisent tous les subterfuges légaux et  jouent de leur implantation dans un pays qui accepte l’autorité de ces tribunaux pour pouvoir ensuite mener des actions devant ces cours.

Des politiques aux abonnés absents

Ces banquiers qui nous gouvernent : le cas du comité stratégique de l’agence France Trésor (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.



France Trésor est l’agence en charge de la gestion de notre dette publique. A ce titre, c’est elle qui place notre dette sur les marchés. Pour ce faire, « l'Agence France Trésor est assistée dans la gestion de la dette de l'État par le Comité stratégique, qui aux côtés des spécialistes en valeurs du Trésor, la conseille sur les grands axes de la politique d'émission de l'État. Il aide l'Agence France Trésor à mettre en œuvre de façon concrète, en les approfondissant, les principes de sa politique d'émission »[i].

La composition du comité stratégique en surprendra peut-être plus d’un (ou pas …) :

dimanche 2 novembre 2014

La tragi-comédie européenne dérisoire et révélatrice sur les budgets


Ces dernières semaines, les capitales européennes n’ont pas cessé de débattre de leur budget et de celui des pays voisins. Les nouvelles règles européennes (six pack, two pack et le TSCG) ont révolutionné la façon de préparer cet élément fondamental de notre vie commune qu’est le budget d’une nation.



Règles et relativité

Comme au début des années 2000, quand Berlin et Paris avaient délibérément ignoré les règles du Pacte de Stabilité, les règles européennes semblent être faites pour ne pas être respectées. Cela a déjà été le cas pour la plupart des pays qui ont eu recours à « l’aide » européenne pendant la crise des dettes souveraines. L’Espagne était sensée atteindre 6% du PIB de déficit en 2012, 4,5% en 2013 et 3% en 2014. Elle sera à 5,7% cette année. Idem pour la Grèce ou le Portugal. Mais depuis 2013, la contagion touche désormais les pays qui ne sont pas passés sous les fourches caudines de la redoutable troïka. Les objectifs ne cessent d’être repoussés à Paris, à Rome, à Vienne et ailleurs.

La France est un des cas les plus frappants puisque Pierre Moscovici avait annoncé un déficit à 3% du PIB en 2013 à son arrivée à Bercy. Un an plus tard, il a reconnu qu’il faudrait attendre 2015, et un an plus tard, Michel Sapin a encore repoussé l’objectif de deux ans. De manière effarante et ironique, c’est Pierre Moscovici, l’architecte de l’échec financier de la France, qui est devenu le très improbable Commissaire  Européen à l’économie. Quel meilleur signe de l’irresponsabilité et de l’inconséquence de l’UE ? Tout ceci pose un gros dilemme à l’UE : que faire face au non-respect par Paris de ses objectifs ? Cette semaine, Michel Sapin a lâché 3,6 milliards pour éviter toute sanction.

Un système fou