mercredi 25 mars 2015

Cette baisse de l’euro qui disqualifie les critiques de la dévaluation

YAu premier semestre 2014, l’euro oscillait entre 1,35 et 1,4 dollars. Aujourd’hui, il est tombé jusqu’à 1,05 dollar, une baisse de près de 25% en moins d’un an. La plupart des analystes s’en réjouissent, contredisant totalement ceux, parfois les mêmes, qui critiquaient les partisans d’une dévaluation.



Contradictions monétaires

Les partisans d’un démontage de la monnaie unique se sont souvent heurtés à des critiques pointant les dangers de la dévaluation, puisqu’en général, nous soutenions que l’objectif était de dévaluer le nouveau franc, d’environ 20% par rapport à la zone mark. Un tel scénario était souvent critiqué comme aventureux, au point de déclencher les sept plaies d’Egypte économiques : explosion de l’inflation et perte de pouvoir d’achat (le Monde, terrifié, évoquait l’augmentation du prix des téléphones), explosion de la dette, qui serait réévaluée, impossibilité de financer des déficits commerciaux croissants. Tout ceci devait aboutir à une grave crise économique et à une envolée du chômage.

Problème, les mêmes qui prédisaient un cataclysme économique en cas de dévaluation, constatent, même s’ils les minorent, les bienfaits de la forte baisse de l’euro, qui a perdu environ 25% en une seule année. Le pouvoir d’achat ne souffre pas puisque l’inflation est au plus bas (y compris le prix des biens industriels, largement importés, dont les fameux téléphones hermétiques aux variations des taux de change), jamais les Etats n’ont emprunté à si bon marché, le commerce se redresse et, conjugaison de tout cela, la croissance semble enfin vouloir quelque peu se redresser. Bref, toutes les vertus des dévaluations, que nous avions défendues, se matérialisent avec la baisse de l’euro.

L’euro cher, veau d’or moderne


Bien sûr, les opposants au démontage de la monnaie unique objecteront, pas totalement à tort, que la baisse de l’euro n’affecte que 40 à 50% du commerce européen, ce qui pourrait limiter les effets néfastes. Sauf que, dans le cas d’un démontage de la monnaie unique, le nouveau franc n’aurait pas baissé de manière uniforme. Il aurait baissé par rapport au bloc mark, mais progressé par rapport aux monnaies d’Europe du Sud. Au final, la dévaluation aurait porté sur une part un peu plus importante de notre commerce, il y aurait eu une réévaluation sur une partie, et, au global, l’évolution des taux de change aurait sans doute été comparable à ce qui se passe maintenant.

En outre, si les effets (dynamisation du commerce, sans poussée inflationniste, du fait du climat économique global) sont positifs quand près de la moitié du commerce est concerné, comment ne pas comprendre que cet effet resterait positif s’il en concernait une part plus importante ? Bref, ce faisant, les monétaristes obtus doivent bien concéder que les dévaluations ont des vertus (mais elles ont des inconvénients, ce qui faut reconnaître, même s’ils sont limités dans le cadre de l’UE). Ce faisant, c’est le veau d’or de l’euro cher qui semble vouloir s’effondrer sous nos yeux depuis le début d’année. Le mythe d’un euro sous testostérone a vécu et l’Europe redécouvre les vertus d’une monnaie au juste prix.

Malheureusement, il est aussi possible que ce constat ne soit pas fait par ceux qui diabolisaient la dévaluation il y a quelques temps, qui ne voudront pas reconnaître les failles de leurs arguments d’hier. Voilà pourquoi il faut bien tirer les leçons des mouvements monétaires des 9 derniers mois. 

9 commentaires:

  1. Il faut tout de même convenir que, pour l'instant, la baisse de l'euro se manifeste dans l'optimisme des observateurs et des prévisionnistes, mais pas encore dans les chiffres de la croissance et du chômage...
    Je cite encore Natixis : http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=83357

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  2. Euh...l'Euro a baissé par rapport au dollar sous Jospin. Nous avons déjà fait l'expérience de ce dont tu parles. Que les Européistes soient idiots, aucun problème, mais nous, ce serait impardonnable.
    Si l'Euro remonte, les Européistes vont nous dire que c'est merveilleux. Il s'agit d'une religion, rien ne peut les faire réfléchir.
    jard

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  3. Si vous croyez que les autres pays ne vont pas réagir...et que le prix du pétrole ne va pas remonter.

    C'est surtout le début de la guerre des monnaies, attendez un peu, avant de sauter de joie. Le baisse de l'Euro est une absurdité alors que la zone Euro a une balance commerciale déjà excédentaire.

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    1. Mais ça fait un bail que la guerre des monnaies a commencée! Simplement, la zone euro en tant que bon "dindon de la farce" se laissait faire sans réagir... Que du positifs si on arrête d’être naïf et de se suicider économiquement!

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    2. Vu que tout le monde va faire tourner sa planche à billets, ça va aboutir à des cracks financiers et immobiliers. Jusqu'ici tout va bien...

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  4. La Grèce se finance en émettant des obligations à trois mois et aussi des obligations à six mois.

    Problème : personne au monde ne veut acheter ces obligations pourries.

    Du coup, il n'y a plus que les banques privées grecques qui acceptent d'acheter les obligations de l'Etat grec.

    Ensuite, les banques privées grecques refourguent ces obligations pourries à la Banque centrale de Grèce.

    La Banque centrale de Grèce accepte ces obligations pourries en collatéral, et elle prête des milliards d'euros aux banques privées grecques : c'est le mécanisme ELA (en français : "Prêt de liquidités en urgence").

    Encore un tout petit problème : la Grèce est INCAPABLE de rembourser ces obligations d'Etat, et la Banque centrale de Grèce est en faillite.

    Conclusion : mercredi 25 mars, la BCE ne veut plus que la Banque centrale de Grèce continue d'accepter toutes ces obligations pourries. Pour couper complètement le financement de l'Etat grec, la BCE vient d'interdire aux banques grecques d'acheter les obligations pourries.

    MAIS ALORS ...

    ... MAINTENANT, QUI VA ACCEPTER D'ACHETER LES OBLIGATIONS DE L'ETAT GREC ?

    Mercredi 25 mars 2015 :

    La BCE demande aux banques grecques de ne plus acheter de dette d'Athènes.

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-bce-demande-aux-banques-grecques-de-ne-plus-acheter-de-dette-d-athenes-463735.html

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  5. Laurent,
    La valeur de la monnaie, c'est très bien, mais, de mon point de vue, l'euro est surtout un formidable levier, qui associé à d'autres mesures, contraint les pays de l'UE à aller dans la même direction : celle du libéralisme.
    C'est pourtant très simple : soit on laissait aux pays de l'UE le temps de converger sur le moyen terme en prenant des mesures
    économiques, fiscales, sociales ..., soit on les contraignait à agir en leur "tordant le bras" pour qu'ils s'alignent sur le moins-disant social grâce à un élargissement accéléré de l'Union, ce qui présentait en outre l'avantage de réduire l'influence de la Russie. Avant de l'attaquer directement comme en 2014.
    La création de l'UE ne répond pas à un objectif économique, mais à une visée stratégique. La preuve en est qu'elle n'est qu'un satellite des Etats-Unis que ce soit sur le plan économique (TAFTA, TISA) ou sur le plan militaire (OTAN). Il suffit de regarder les faits et uniquement les faits au lieu d'applaudir les déclarations d'intention ou les belles envolées lyriques sur les valeurs de la démocratie, hi, hi ...

    DemOs

    DemOs

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  6. @ Moi

    Voir : les prévisions remontent et semblent pouvoir être atteintes.

    @ Jard

    Juste. Pour les européistes, qu’il baisse ou qu’il monte, tout va bien…

    @ Anonyme

    Elle est logique vu le décalage des poltiiques monétaires. Et la PPA de l’euro tourne entre 1 et 1,15 dollar. On ne fait que revenir au niveau de PPA, le gain de l’excédent commercial le poussant à la hausse étant désormais compensé par le différentiel de politique monétaire sans doute.

    D’accord sur les krachs à venir (il y a encore un peu de temps)

    @ Red2

    Bien vu

    @ BA

    Merci pour l’info

    @ Démos

    Je ne pense pas forcément qu’il y ait un tel dessein

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    1. Laurent,

      C'est effectivement un point sur lequel nous ne sommes pas près d'être d'accord. Chaque pays a des objectifs géostratégiques et avance ses pions sur l'échiquier mondial, notamment les plus grandes puissances mondiales et pas seulement la Russie.

      DemOs

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