vendredi 27 mars 2015

IVG, don d’organe, éducation : le drôle de futur proposé par le PS

Si le gouvernement a clarifié sa direction économique depuis plus d’un an, en penchant sans scrupule vers la droite, il semble qu’une nouvelle phase commence sur les questions sociétales avec trois projets quasi-simultanés qui donnent une image de la société qu’il veut nous laisser.



Tout laisser faire ?

Bien sûr, des néolibéraux trouveront que rassembler ces propositions sous l’angle du laisser-faire est abusif, mais quand on y regarde de près, n’est-ce pas ce qui rassemble la suppression du délai de réflexion pour l’IVG, l’évolution de l’apprentissage des langues ou le projet sur les dons d’organe ? Bien curieusement, l’examen du projet de loi sur la santé a vu naître un amendement pour faciliter les IVG en supprimant le délai de réflexion. Même si je suis un partisan convaincu de la nécessité de permettre l’IVG, en revanche, l’apparition de cette proposition est étonnante : jamais je n’avais entendu dire que la façon de faire de notre pays était déraisonnablement contraignante. Pourquoi l’assouplir ?

En effet, il s’agit d’un geste lourd et il semble a priori raisonnable de ne pas le faire à la légère, même s’il est important de préserver cette liberté, que le FN questionne. Mais pourquoi donc, si ce n’est par dogmatisme laisser-fairiste, assouplir les règles actuelles ? De même un amendement est apparu qui propose qu’à moins que le mort n’ait expressément refusé le don de ses organes, il serait possible de les lui prendre sans même l’accord de sa famille. On peut voir cela comme une intrusion insupportable de l’Etat dans la fin de vie, mais je me demande s’il ne s’agit pas plutôt d’une logique laisser-fairiste, d’un manque de respect de la dépouille d’un mort, pour laisser-faire, même très brutalement, des prélèvements.

Le passé, tu brûleras

Bien sûr, des vies pourraient être sauvées si plus de personnes acceptaient de donner leurs organes. Mais il me semble que la société gagnerait plutôt à promouvoir le don volontaire et a priori, des organes, plutôt que de permettre, sans avis contraire, des prélèvements non souhaités par la famille. Voici un projet très violent, qui me semble révéler le caractère un peu totalitaire des ultralibéraux. Et ce manque de respect du passé se retrouve aussi dans les projets du gouvernement sur l’enseignement des langues étrangères. La ministre de l’éducation devrait se préoccuper de l’apprentissage du français et du calcul étant données les performances décevantes de notre système éducatif, jadis envié dans le monde.

Mais non, elle décide de consacrer l’essentiel des nouveaux moyens de son ministre à l’apprentissage de l’anglais, dès le primaire, et d’une seconde langue vivante dès la 5ème au lieu de la 4ème. Et, comme le dénonce Pascale Fourier, parallèlement, l’apprentissage du latin et du grec devrait pâtir de ces initiatives. Mais notre ministère ne semble plus se soucier de transmettre notre culture et notre histoire, du moment où elle repose sur quoique ce soit qui soit un peu passé, préférant suivre les sirènes du moment du monde de l’entreprise, où l’anglais est la nouvelle lingua franca. Une grave erreur car cela pourrait changer à l’avenir, du fait de la technologie ou de l’évolution géopolitique du monde.


Quand on ramène l’IVG à un acte plus anodin, que l’on pense qu’il doit être possible de prélever l’organe d’un mort sans son accord et celui de sa famille et que l’on oublie ses racines, faut-il seulement s’étonner que certains finissent par se tourner, parfois de manière caricaturale vers le passé ?

24 commentaires:

  1. Je ne vois pas bien en quoi il serait libéral d'autoriser le prélèvement des organes sans accord préalable de la personne. Vous êtes complètement obsédé par votre anti-libéralisme maladif. Je vous signale quand même, que la devise est "liberté, égalité, fraternité".

    Vous feriez mieux de parler du projet liberticide du gouvernement concernant la surveillance des communications sur le net sans accord d'un juge. Ca c'est autrement plus grave comme atteinte à la vie privée et la liberté.

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    1. Le néo-libéralisme c'est le communisme du 21ème siècle non ?

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    2. L'ultra-capitalisme, qui se prétend "libéralisme", que l'on taxe de "néo-libéralisme" ou "d'ultra-libéralisme" est en effet...

      Un communisme privé !

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  2. La cohérence des deux premières mesures est la priorité absolue donnée à l'individu. Les morts et les fœtus n'ont aucune importance, n'ont pas à gêner le confort de l'individu-roi.
    jard

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  3. @ Anonyme27 mars 2015 09:22

    Le nouveau mode de prélèvement d'organe implique que quelqu'un qui vient de mourir n'est plus qu'une ressource matérielle en organes. La famille ne sera plus respectée dans son deuil. Toute les anciennes règles coutumières à ce sujet sont effacées par la loi : il s'agit donc bien d'une loi libérale.

    Et présenter cette modification comme destiné à sauver des vies est hypocrite au moment où tout est fait pour faciliter l'IVG et introduire l'euthanasie reconnue d'utilité publique. Supprimer un embryon ou un vieillard grabataire peut se faire discrètement et sans faire pleurer dans les chaumières équipes de télévision. Cela rappelle ce qui est à l'origine de l'organisation des camps d'extermination nazis : protéger la sensibilité des soldats allemands en industrialisant le massacre des juifs.

    Grâce au progrès, j'imagine bien, dans un futur proche, des centres de thanatologie, joliment construits par Frank-O. Gehry, où seront superbement reçus les gens qui y seront conduits : femmes atteintes de grossesse, vieillards encombrants, incurables scandaleux, handicapés dégoûtants. Genre "Soleil vert".

    Guadet

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    1. Comparer un embryon à un mourant c'est complètement con.

      Prélever des organes sur un cadavre sans l'accord préalable de la personne n'a rien de libéral, puisque l'état s'arroge d'office le droit de mutiler une dépouille mortelle au détriment de la volonté de l'individu et de ses proches. Putain de bordel, quand est ce que vous vous servirez de votre cervelle et arrêterez de mettre le mot libéral à toutes les sauces comme d'autres ânonnent vade retros satana ?

      En gros, votre com est un enfilage invraisemblable de conneries pour se terminer dans l'apothéose du Godwin le plus stupide.

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    2. Toutes les dérégulations ne sont pas libérales...

      Une loi libérale, ce serait de laisser aux individus la liberté de négocier gré à gré la vente, le don ou l'échange d'organes !

      Une loi ultra-libérale, ce serait de vendre pas cher une sorte de rente de situation du commerce d'organes à des grands groupes industrielles ou commerciaux...

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    3. Vous réduisez le libéralisme à la privatisation des échanges. Le libéralisme dépasse ce simple cadre, même s'il s'agit-là d'une donnée importante.

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    4. Ce sont les "libéraux" de pacotilles qui monopolisent les médias qui font du libéralisme un ultra-capitalisme et rien d'autres.

      Quand les "libéraux" modérés ne font qu'exprimer une haine de l'Etat...
      Et ne souhaitent qu'une chose : tout privatiser, tout monayer !

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    5. @ Anonyme27 mars 2015 11:28
      L'étude de l'histoire du libéralisme montre que son développement va de pair avec le renforcement de l'État, contrairement à ce que disent les lieux communs libéraux :
      http://osp.frejustoulon.fr/du-liberalisme-etatisme/

      Guadet

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  4. @ Laurent Herblay,

    Vous devriez mieux vous renseigner sur la législation actuelle et les pratiques concernant l'IVG.

    La loi est très contraignante en fait, et la pratique ne respecte pas la loi !

    La loi prévoit d'autoriser l'IVG pour des questions de détresse de la femme concernée. L'IVG n 'est pas défini comme un droit !

    Dans la pratique, beaucoup de cliniques n'ont que des médecins qui font jouer la clause de conscience qui les autorise à ne pas pratiquer d'IVG !

    Pour finir, je dirais qu'il faut arrêter de prendre les femmes pour des connes -pas qu'elles évidemment- y'a pas besoin d'écrire dans la loi que l'avortement est un sujet sensible et sérieux pour que les femmes le vivent comme quelque chose qui ne se prends pas à la légère !

    Donc le délai de réflexion imposé par le gouvernement, comme si des femmes allaient pas se poser des tonnes de questions elles-mêmes déjà...

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  5. On peut privilégier l'apprentissage de l'anglais qui a une réelle utilité en permettant à ceux qui le parlent d'ouvrir leur horizon personnel et professionnel futur. L'anglais est une langue pratiquée dans de nombreux pays, y compris non anglophones comme le latin était la langue commune au moyen âge. En quoi ça vous défrise ? Ca n'empêche pas d'apprendre le français correctement. Le problème n'est pas l'apprentissage de l'anglais mais l'ensemble des dysfonctionnement de l'éducation nationale.

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    1. "On peut privilégier l'apprentissage de l'anglais"

      Le privilégier sur quoi ? Sur le français ?

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    2. Lapsus révélateur...

      Pourquoi apprendre l'anglais devrait être incontournable ?

      Pour que les anglophones n'aient pas à apprendre de langues étrangères ?...
      Pour renforcer la domination de l'anglais ????

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  6. Au sujet du don d’organe : je vous cite "promouvoir le don volontaire et a priori, des organes, plutôt que de permettre, sans avis contraire, des prélèvements non souhaités par la famille."
    En fait, le consentement présumé est présent depuis la loi CAILLAVET de 1976, renforcé par les lois bioéthiques de 1994 et suivantes. Ces lois avaient été écrites avec une concertation importante des communautés religieuses.
    Les personnes ne souhaitant pas donner leurs organes pouvaient s’inscrire au registre national du refus. Si la personne n’y était pas inscrite, alors on pouvait présumer de son consentement.
    Cette façon de prendre le problème dans ce sens peut-être discutable, mais elle a permis de sauver de nombreuses vie (augmentation du nombre d’organe, délai de transplantation plus rapide, optimisation des compatibilités donneur/receveur …).
    Initialement, l’avis des proches n’était pas nécessaire, mais demandé de manière quasi-systématique par les médecins (question de savoir vivre), mais cela posait un nouveau problème : les gens ne répondaient pas à la question : « la personne décédée vous a-t-elle fait part de son refus de donner ses organes ? » mais répondait « Non (ou oui), je n’accepte pas (ou j’accepte) qu’on prenne ses organes.
    Cet amendement, qui peut être discutable, évitera de nombreux problèmes aux hôpitaux mais n’a strictement rien de « libéral ».
    Cordialement.
    Eric

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  7. "On peut privilégier l'apprentissage de l'anglais"

    Où j'ai dit ça ? Donc, commentaire idiot du Bip.

    A ce compte supprimons toutes les matières enseignées, sauf le français...

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    1. Si vous êtes "Anonyme 27 mars 2015 11:57", ce sont les 8 premiers mots de votre message...

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  8. @ Jard

    Merci

    @ Guadet

    Il y a un peu de cela

    @ Abd_Salam

    Bien vu, c’est la prochaine étape. The Economist a déjà défendu le commerce des reins…

    Sur l’IVG, mea culpa si je me suis trompé. Je suis d’accord pour dire que la plupart des femmes qui veulent y avoir recours y ont sans doute bien réfléchi. Néanmoins, on ne peut pas exclure non plus que certaines personnes n’y réfléchissent pas assez et il n’est peut-être pas inutile de le permettre.

    @ Anonyme

    L’apprentissage du latin a de nombreuses vertus (culture, mécanisme, aide pour les autres langues latines) de long terme. L’anglais s’est imposé actuellement, mais qu’en sera-t-il dans 10 ans, quand nos téléphones pourront sans doute faire la traduction en direct ? Qu’en sera-t-il dans 30 ans quand l’espagnol, le chinois et le français pourraient remettre sa domination en cause, si on apprend encore les langues à cette époque ?

    @ Eric

    Tout de même, prélever les organes sans que la personne n’ait dit le souhaiter et contre l’avis des proches est un geste extrêmement violent…

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    1. Personne ne veut interdire la réflexion...

      Il y a une différence entre permettre la réflexion et infantiliser les gens en leur imposant une période de réflexion !

      Ce qui sert aussi à rassurer les anti-IVG...

      Mais tout ça n'a rien à voir avec la condition des femmes qui veulent avorter...

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  9. "L’apprentissage du latin a de nombreuses vertus (culture, mécanisme, aide pour les autres langues latines) de long terme."

    Ah bon, la culture anglo-saxonne serait une sous culture, malgré Shakespeare, de nombreux philosophes, scientifiques, musiciens, peintres... Pas besoin du latin, pour un français, pour apprendre bien plus facilement l'espagnol que l'allemand. D'ailleurs, ni l'espagnol, ni le français, ni l'anglais ne déclinent le complément d'objet direct comme l'allemand, le grec ancien ou le latin. La grammaire française, espagnole ou anglaise est bien moins proche du latin que la grammaire allemande ou grecque.

    Les traducteurs informatiques de langues sont encore très faibles voire nuls, pas sûr que dans 10 ans ils soient tellement meilleurs. Le langage c'est compliqué, très compliqué, bien plus qu'une voiture google automatisée.

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    1. @Anonyme27 mars 2015 20:33

      Je ne vois pas à quel moment LH dit que la culture anglo-saxonne est une sous culture de même que pour ma part je ne dirais jamais une pareille chose, cela n'a pas de sens.

      La culture de tous les peuples est évidemment respectable et doit être respectée.

      Qu'est-ce que la culture anglo-saxonne au 21ème siècle pour vous ? Qu'est-ce que la culture américaine pour vous aujourd'hui ?

      Quant à Shakespeare je me demande à quel point il n'était pas autant de culture catholique que de culture anglo-saxonne.

      Que pensez-vous par ailleurs de l'utilitarisme anglo-saxon ?

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    2. Shakespeare n'était pas plutôt anglican ?...

      Une religion devrait s'occuper que de religieux -c'est sa définition, me direz-vous-... lorsqu'une religion devient une culture, cela signifie que ladite religion fait de la politique.

      Poser des normes sociales (mariage, par ex), édicter des lois (interdiction du meurtre, interdiciton de l'homosexualité), c'est gouverner.

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  10. Les grammaires française, anglaise ou espagnole sont bien plus éloignées du latin que la grammaire allemande qui décline comme le latin ou le grec ancien.

    Le vocabulaire anglais est proche de celui français pour la simple raison que le français était la langue officielle en angleterre pendant une période du moyen âge. L'anglais d'origine est issu d'immigrants du nord de l'Allemagne, et cet anglais s'est fortement imprégné du français par la suite. L'anglais a été colonisé par l’aristocratie française.

    Pour un français, le latin n'apporte pas grand chose pour apprendre l’espagnol qui n'a pas de grammaire latine de déclinaison et dont le vocabulaire est très proche du français. Un français apprend bien plus vite l'espagnol que l'allemand dont la grammaire est pourtant bien plus proche du latin.

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  11. @ Abd_Salam

    Il faudrait que je me penche plus sur la question

    @ Anonymes

    Je ne dis pas que c’est une sous-culture en effet. Bien d’accord avec le second commentaire.

    Pour avoir appris l’anglais, l’allemand, le latin et l’espagnol, je peux quand même dire que le latin est une aide pour l’espagnol, au niveau du vocabulaire, où l’on retrouve les racines latines de nos langues. Merci en revanche pour toutes ces précisions utiles.

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