mercredi 17 juin 2015

Les migrants : enjeu de communication et de pouvoir

Depuis les drames de migrants morts suite au nauffrage de leur bateau, ce sujet reste à la une. Mais il faut bien constater que le débat sur les immigrés illégaux est souvent superficiel et caricatural et qu’il est avant tout l’occasion pour certains de communiquer, pour leur intérêt.



Grosses ficelles de communication

Le sujet est revenu à l’ordre du jour avec l’évacuation de migrants africains sur Paris, puis le refus des forces de l’ordre de laisser passer des migrants à la frontière franco-italienne. « Plus de 50 000 personnes ont débarqué depuis le début de l’année sur les côtes de l’Italie. La plupart souhaitent se rendre dans d’autres pays d’accueil, mais se retrouvent face à des frontières de plus en plus infranchissables » note Le Monde. La fermeté affichée du gouvernement semble destinée à tordre le cou à l’imagerie populaire selon laquelle la gauche aurait une attitude trop angélique sur l’immigration, croyance à relativiser par la forte stabilité des chiffres de l’immigration depuis près de vingt ans.

Le gouvernement donne le change de la fermeté, comme Nicolas Sarkozy avant. Mais cela n’est pas sans créer des tensions à gauche. Cécile Duflot, toujours prompte à l’emphase, a dénoncé « la situation faite aux migrants anciennement situés à La Chapelle et désormais régulièrement dispersés par les forces de police, est insupportable (…) Notre politique des migrations est un Waterloo moral (…) Au-delà de la question du droit d’asile, en vérité c’est la question de l’accueil de l’étranger qui est posée ». On serait curieux de savoir les limites qu’elle met aux droits d’étrangers entrés illégalement entrés dans notre pays, ces nouveaux héros d’une certaine gauche, comme le dit Jean-Claude Michéa.

La comédie du pouvoir

Derrière les déclarations des uns et des autres, se cache principalement des enjeux de pouvoir. En effet, en se rapprochant si fort de la droite sur les questions économiques, étant donnée la force électorale du FN, les dirigeants de la majorité ne souhaitent pas apparaître comme des angéliques naïfs. C’est ce qui explique les expulsions ou même le refus des quotas européens. La déclaraton de Cécile Duflot vient à point nommé, comme une chorégraphie illustrant le changement de ligne du PS. En se droitisant sur bien des sujets, et en suivant l’avis des sondages sur bien d’autres, la majorité espère sans doute enfermer les Républicains dans un réduit politique trop étroit en vue de 2017.

Et derrière la proposition de la Commission d’établir des quotas, il y a surtout un enjeu de pouvoir puisque cela permettrait d’en grignoter encore un peu plus aux Etats, aujourd’hui tentés d’en reprendre à cette Europe passoire pour contrôler les flux de migrants libérés par le laisser-passer instauré par les traités européens. Il est assez culotté d’utiliser les conséquences négatives de l’UE pour essayer de faire avancer encore davantage son agenda, mais les eurocrates ne reculent devant rien pour plus de pouvoir. Le climat actuel, avec le référendum à venir en Grande-Bretagne n’est pas très favorable… En outre, les différences de situation entre pays rendent une solution unique illusoire.

Nous avons donc droit à une énième redite de la comédie entre les bisounours qui veulent légaliser tous les migrants et les tenants d’une fermeté de façade, à objectif électoral. Mais sur le fond, personne ne semble réfléchir ni au développement de l’Afrique, ni au contrôle de nos frontières. 

7 commentaires:

  1. Tous ces irresponsables tels Madame Duflo et Libération, si favorable à toute l'immigration n'ont qu'à les prendre chez eux et en payer tout le prix à leurs seuls dépens. Ces gens-là sont les agents électoraux du Front national !

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  2. A lire sur le site d'Olivier Berruyer (lescrises.fr).
    Extraits : "Selon la Süddeutsche Zeitung, les créanciers prépareraient un plan “à la chypriote” pour la Grèce en cas de défaut. Un moyen de faire pression sur le gouvernement hellénique qui demeure risqué...... Les créanciers ne cherchent plus réellement à trouver un accord. Ils jouent désormais le coup d’après, celui qui suivra le défaut du 30 juin."
    Merci à Olivier Berruyer. Et bravo aux crétins de l'UE qui passent à la vitesse supérieure.

    DemOs

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  3. Je ne vais certainement pas vous l'apprendre mais Chevènement quitte le MRC qu'il trouve indécrottablement soumis au PS. Il en profite pour exprimer son souhait d'un rapprochement entre "Mélenchon et Dupont-Aignan" pour faire bref.
    NDA s'est empressé de se réjouir, manifestant son enthousiasme, en répondant de biais cependant car il ne mentionne jamais Mélenchon.
    Mélenchon quant à lui a rejeté clairement la perspective, incongrue à ses yeux, qui ne jurent que par le clivage gauche-droite. C'est son cap, sa boussole. Pour lui, c'est "nécessaire au débat public" dans lequel il semble donc se complaire. Il ne voit pas l'urgence de s'élever un peu.
    Le premier, NDA, a du mal à me convaincre car il a du mal à se défaire d'un certain opportunisme politicien. D'ailleurs sa réponse est une suite de jalons d'un certain conservatisme de droite, histoire de donner de rassurer ses troupes.
    Le deuxième je n'en attend plus rien, j'ai compris qu'il était façonné, formaté par un manichéisme gauche-droite. C'est un politicien du 20ème siècle qui s'agrippe à un prisme politique usé et qui demande aujourd'hui à être dépassé.

    C'est dommage. Ce rapprochement, c'est justement ce qu'il faut. Mais il est illusoire de compter sur ces capitaines d'écuries pour le faire.
    Il ne faut compter que sur nous...

    Certes c'est partir de zéro d'un point de vue médiatique, mais déjà je suis persuadé qu'avec un peu de pragmatisme et beaucoup de respect la ligne politique du rassemblement n'est pas si dure à définir.

    Sur la question de l'immigration par exemple. Voilà un sujet de premier ordre dans l'opinion publique où le théâtre politique se donne à plein.
    La droite se donne des airs de coq gaulois en gonflant le thorax de fermeté. La gauche (pas le PS) se drape dans un humanisme facile en dénonçant comme fasciste toute politique restrictive et ses effets concrets.

    Les Français me semble-t-il pourraient très bien entendre une position raisonnable qui consiste à dire que l'immigration doit être contenue, tant que les indicateurs socio-économiques (emploi, logement, délinquance) de la France sont dans le rouge. Notre pays a déjà bien des difficultés d'insertion avec toute une partie de son peuple. Mettons en priorité en oeuvre une politique de recouvrement de nos moyens et d'intégration de nos quartiers déshérités avant de reconsidérer la question de l'accueil de populations étrangères en souffrance.

    Toutefois, il ne faut pas céder au simplisme et prôner malgré tout un traitement digne des flux de clandestins. Mettre malgré tout des moyens pour le traitement administratifs et l'hébergement provisoire des demandeurs d'asile. Car qui peut soutenir réellement que les familles de Syriens, qui fuient la guerre atroce d'un régime infâme que nous n'avons pas eu le courage de défaire, n'ont qu'à retourner d'où ils viennent ou crever en mer. Parmi les migrants qui nous arrivent et nous bousculent, il faut aussi savoir reconnaître qu'il y a d'authentiques réfugiés de guerre, pas simplement des miséreux.



    dans cette veine, affirmer fermement notre modèle de vivre-ensemble, être fier de nos valeurs républicaines (laïcité, égalité homme-femme) et prôner un certain assimilationnisme.

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    1. "Syriens, qui fuient la guerre atroce d'un régime infâme que nous n'avons pas eu le courage de défaire"

      Si on n'était pas intervenus, la paix civile serait revenue depuis longtemps en Syrie...

      Mais après tout, si vous jugez les résultats en Irak et en Libye satisfaisants, votre position est cohérente.

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    2. Je ne juge pas les résultats. Simplement sur le cas de la Libye, pouvait-on laisser Khadafi massacrer la population de Bengazi?

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    3. Peut-on penser que les interventions des Etats de l'Ouest soient dictées par des intérêts stratégiques que nous ne imaginons pas ? Est-il possible qu'en Syrie, par exemple, certains laissent faire les extrémistes pour mettre en difficulté un Etat de la région ennemi considéré comme dangereux ? Pourquoi intervenir ici et pas là ? Comment comprendre que certaines dictatures sont punies pendant que d'autres sont des partenaires fréquentables ? Répondre à ces questions, c'est sortir des sentiers battus et refuser la propagande quotidienne officielle qui nous montre du doigt les bons et les méchants. Restons vigilants et critiques, toujours critiques.

      DemOs

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  4. "Bisounours" ou "Fermeté de façade", très juste, les partis de débiles mentaux sont maintenant dépassés par la réalité. Ils gesticulent, font semblant, les électeurs, eux, attendent d'être pauvres pour se réveiller. Et lorsque la pauvreté touchera une majorité de la population, combien de temps aurons-nous de l'énergie après le redressement?
    jard

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