mardi 15 septembre 2015

L’usine Airbus aux Etats-Unis : victoire ou défaite de l’Europe ?

Hier, l’avionneur européen a ouvert une usine d’assemblage aux Etats-Unis sous les applaudissements de la quasi-totalité des commentateurs. En 2018, 50 A320 y seront assemblés par an. Mais cette expansion géographique d’un des fleurons de notre industrie est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle ?



Deux poids, deux mesures

Pourtant, quand on prend du recul, quelque chose cloche. En effet, d’une part, Boeing, qui vend presque autant d’avions qu’Airbus, continue à assembler l’intégralité de ses avions aux Etats-Unis, sans avoir besoin de construire des usines en dehors de son pré carré. En revanche, Airbus s’est astreint à ouvrir une usine d’assemblage en Chine pour s’ouvrir plus largement les portes du pays. Et, après avoir déjà promis d’ouvrir une usine pour assembler l’A400M s’il était retenu, l’avionneur européen ouvre aujourd’hui une usine en Alabama, qui a imposé un investissement de 600 millions d’euros. Voici donc de l’argent qui a dynamisé l’économie étasunienne et non l’économie européenne.

On peut aussi voir dans ce choix une volonté de se protéger contre l’euro cher, qui a largement pénalisé l’avionneur européen dans les dernières années, comme le dénonçait Louis Gallois juste avant la grande crise financière. Ainsi, Airbus se protège d’un probable renchérissement de l’euro à terme. Ce n’est pas pour rien que le site avait été retenu dès 2009… L’ironie est que le site est ouvert alors que la monnaie unique européenne est au plus bas depuis des années, ce qui en limitera le bénéfice, d’autant plus qu’il faut faire venir certaines pièces d’Hambourg, ce qui sera compensé (!!!) par des charges inférieures de 30% à celles pratiquées en France ou en Allemagne, sans compter les aides.

L’Europe, dindon de la farce

Mais ce faisant, cela est un nouvel exemple de ce laisser faire typiquement européen, qui laisse les usines quitter le continent, avec les emplois et les technologies, sans même parler des conséquences en matière commerciale. Boeing n’a pas besoin de produire en Europe pour vendre aux compagnies européennes et même si Airbus n’a pas eu besoin de produire aux Etats-Unis pour vendre aux compagnies du cru, sa part de marché y est de 40%, contre 54% dans le monde, signe de la préférence patriotique des compagnies aériennes outre-Atlantique. Quel constraste avec notre pays, où le service public n’achète plus sa météo à Météo France, ses 4x4 aux Etats-Unis ou ses fusils ailleurs

Alors que les Etats-Unis, eux, ont une loi qui impose l’achat patriote, les dirigeants européens mettent en place des lois qui imposent au service public de faire des appels d’offre qui peuvent carrément exclure les producteurs locaux de la compétition, comme avec Thales, qui a gagné un appel d’offre en Australie pour son fusil, mais qui n’a même pas participé à l’appel d’offre de l’administration française ! Bref, il ne faut pas se réjouir de l’ouverture de cette usine d’assemblage, qui transfère 10% de la production de l’A320 outre-Atlantique. Les pays européens sont, contrairement à l’Asie, l’Amérique du Nord ou l’Amérique Latine, les seuls au monde qui laisse fuir son industrie sans état d’âme.

L’ouverture de l’usine d’Airbus dans l’Alabama, loin d’être la bonne nouvelle vantée de manière un peu trop unanime par les médias, est malheureusement le énième témoignage de l’abandon par les dirigeants de notre continent d’une industrie pourtant critique pour la force économique des nations.

22 commentaires:

  1. Les gugus habituels vont répondre que la production des pièces et la valeur ajoutée (r&d) restera en Europe , la perte d'emploi ils s'en tamponnent royalement.

    Cette histoire avec Meteo France est consternante mais il faut remercier Bruxelles encore une fois :

    "C'est oublier un peu vite que nous sommes astreints à la mise en œuvre d'un appel d'offres régi par la législation européenne. Or, à moins de se mettre hors la loi, celle-ci interdit à France Télévisions d'appliquer la préférence nationale», fait valoir la direction du groupe audiovisuel."

    Le Figaro aurait pu creuser et se demander comment le nouveau prestataire anglais de F3 peut offrir un produit 30% moins cher que MeteoFrance , Meteogroup paye ses impôts dans quel pays ?

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  2. Petite erreur dans ton article :
    Le premier projet d'usine à Mobile était pour l'A330 MRT (ravitailleur en vol) et pas pour l'A400M.
    Dans cette affaire l'A330 fut systématiquement supérieur au B767 dans tous les tests de l'USAF qui en avait fait son premier choix...Mais l'appel d'offre a été annulé 3 fois (après trois victoires d'airbus) par le congrès. Et finalement le B767 fut imposé à l'air force par les politiques américains.
    Le cas de l'hélicoptère EC145 (ex-Eurocopter) est aussi intéressant, la version retenu par l'US army est elle aussi assemblé au Mississipi depuis quelques années...

    Laurent MICHEL

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  3. D'accord sur Meteo France ; pour info la même chose est arrivée récemment en Angleterre, pour les mêmes raisons.

    Dans les deux cas, les données, la puissance de calcul et la recherche restent d'ailleurs fournies par Meteo France et son homologue britannique. C'est franchement n'importe quoi, et dans quel but final ?

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  4. Je crois que l'idée c'est d'assembler les avions en zone dollar, la moitié d'un avion en gros, qu'il soit européen, américain ou autre, étant toujours fabriquée à partir de pièces produites en zone dollar. Sauf les avions russes, et encore...

    Par exemple, l'APU de l'A380 est en fait une turbine Pratt&Wittney fabriquée au Canada par PWC.

    L'autre raison, c'est d'augmenter la capacité de production de l'A320 au moment où les compagnies US renouvellent leur flotte de moyen-courriers, alors que l'assemblage de l'avion ne représente que 5% de sa valeur ajoutée.

    Il n'est donc pas idiot de délocaliser ces 5% de VA si en plus les coûts de production aux Etats-Unis sont 30% inférieurs aux coûts européens.

    C'est tout le contraire d'un renoncement:c'est de la conquête.

    Pour les 4x4 de l'armée, il s'agit en fait de véhicule de liaison: c'est un contrat assez secondaire.

    Pour le remplacement du FAMAS, c'est vrai, on peut pleurer, mais faut dire qu'on a complètement lâché la production d'armes légères au profit de programmes d'armement à fort contenu technologique, comme le Rafale. Surtout on n'a pas pensé à faire comme les Belges: FN Herstal, qui vend ses mitrailleuses partout dans le monde, appartient à 100% à la région wallone.

    Mais c'est trop tard, l'outil industriel n'existe plus et le savoir-faire s'est évaporé: le canon du FAMAS Félin est fabriqué par Beretta. En France, je crois qu'il reste une entreprise, PGM Précision, qui fabrique des fusils de précision pour l'armée, et c'est tout.

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    1. A noter aussi que Nexter, société importante pour l’indépendance de la défense française, est en cours de fusion avec son homologue allemand.
      Les décisions au niveau microéconomiques peuvent être très rationnelles mais regrettable au niveau macro et de l’indépendance nationale . C'est à la politique de faire en sorte que les sociétés nationales trouvent intérêt à rester françaises.

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    2. @ Tschok,

      Les histoires de "valeurs ajoutés" sont un paramètre qui n'intéresse que l'entreprise en particulier. Pas l'intérêt du pays.

      Arrêtons de prendre les signes d'augmentation du profits des entreprises comme un bon signe pour la nation entière.

      Ce profit ne sert pas à payer des salaires ici, ce profit ne sert pas à financer de la R&D ici, ce profit ne sert pas à payer des impôts ici.

      L'intérêt particulier (en l'occurrence des entreprises) n 'est pas l'intérêt général (de la nation).

      Et rappel : le coût de l'entreprise, c'est ton salaire ! c'est ta Sécu ! c'est ta retraite !

      Le coût des uns est le bénéfice des autres.

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    3. @ Abd_Salam,

      Les histoires de valeurs ajoutée, comme vous dites, n'intéressent pas que l'entreprise, mais bien les Etats.

      Vous avez dû entendre parler de la TVA qui est une taxe qui frappe, comme son nom l'indique, la valeur ajoutée.

      Et vous devez savoir que la TVA constitue le socle fiscal de l'Etat, loin devant l'IR ou l'IS, et au coude à coude avec les taxes sur les hydrocarbures (la défunte TIPP devenue TICPE) ou la CSG.

      En conséquence de quoi l'Etat est intéressé par le fait de savoir où sera produite la VA, parce qu'il veut des recettes, et l'entreprise ne veut pas non plus trop en payer (optimisation fiscale).

      Donc, la localisation de la VA est un facteur clé à la fois pour un Etat et pour une entreprise.

      Maintenant, ici, on parle de 5%, ce qui est peu et sans doute sous-évalué, mais somme toute assez logique: l'assemblage d'un avion est devenu un jeu de Lego. Ce qui compte, c'est les modules.

      Si, maintenant vous voulez me faire un cours sur la distinction entre l’intérêt général et l'intérêt particulier, en insistant sur le fait que l'intérêt général est distinct de la somme des intérêts particuliers, surtout ne vous donnez pas cette peine, je suis au courant.

      (Nuche)

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    4. Ce n'est pas pour rien que j'ai bien précisé que cette valeur ajoutée ne servirait pas à payer des impôts ici.

      1) Non, seulement j'ai bien rappelé que l'intérêt particulier ne doit être confondu avec l'intérêt général.

      Confusion implicite, dans le fait de prendre les paramètres du tableau de bord de l'entreprise comme boussole de l'Etat (la V.A. est le profit que les actionnaires espèrent bien se glisser dans la poche en payant le moins d'impôt dessus).

      2) Et j'ai bien détaillé : cette "valeur ajoutée" ne servira pas à payer des salaires ici, à payer de la R&D ici, à payer des impôts ici.

      Maintenant, si vous voulez continuer à vous faire l'écho du discours ultra-libérale qui amalgame bizarrement ce que veut l'actionnaire et ce dont l'Etat a besoin, surtout ne vous donnez pas cette peine. Je suis au courant.

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  5. De plus il y a certaines contraintes pour répondre aux appels d'offre, ce que semble ignorer Herblay :

    Une autre entreprise française, le réputé fabricant de fusils de chasse stéphanois Verney-Carron, se met sur les rangs en association à 60 % avec l'Israélien IWI (Israel Weapon Industry). Il propose le FAST (fusil d'assaut de Saint-Etienne, ce qui serait un sacré clin d'œil à l'histoire), dérivé du Galil et du Tavor d'IWI, sur base Kalachnikov.

    Si le Français veut s'engager sur le marché de la Défense, sa candidature ne correspond pas à l'appel d'offre européen : on réclame un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros par an (12 M€ pour Verney-Carron) et surtout, on demande des moyens de production situés et mis en œuvre actuellement sur le territoire de l'Union européenne ou de l'espace économique européen (même chose pour les sources d'approvisionnement pour les canons et les têtes de culasse, les chaînes d'assemblage).

    http://defense.blogs.lavoixdunord.fr/archive/2014/10/29/les-cinq-finalistes-pour-le-remplacant-du-famas-connus-avant-13472.html

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    1. De vous à moi, la question est pourquoi mettre en place un telle contrainte ?
      Pour évincer les (rares) fabricants d'armes français ?

      Pourquoi le gouvernement français adhère à de telles contraintes contraire à son propre intérêt ? ne répondez pas en fait, c'est purement rhétorique comme question.

      Monsieur Herblay ignore peut être le détail des contraintes d'appels d'offres... mais il n'avait pas à développer la question dans un article consacré principalement à Airbus qui exporte nos emplois.

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    2. @ Abd_Salam,

      Dans ce type d'appel d'offres, portant sur la production d'un fusil d'assaut standard pour l'armée française sur les 30 prochaines années, le gouvernement recherche des partenaires disposant d'une surface financière qui leur permette d'assumer le risque industriel, considérable, attaché à ce genre de contrat.

      Le gouvernement impose cette contrainte, d'ailleurs conçue de façon assez minimaliste, si on y réfléchit, dans son intérêt.

      Pour mémoire, l'armée allemande a pris la décision de retirer du service env 170.000 fusil d'assaut HK G36, pour défaut de précision du tir en condition HT.

      Pourtant HK est mondialement réputée pour la qualité de ses armes et le fusil G 36 était considéré comme un must.

      Donc il n'est pas irrationnel de la part de l'Etat d'envisager le cas du risque industriel.

      Votre question n'était pas rhétorique, elle était plutôt l'indice du type qui croit tout savoir et puis qui, finalement n'y connait visiblement pas grand chose, mais donne des leçons.

      Si vous avez d'autres question à la con, surtout n'hésitez pas. La France a besoin de gens intelligent, donc c'est le moment de faire un effort.

      Go on!

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    3. Je n'ai plus de questions rhétoriques, dommage ; j'aurais bien aimé avoir plus de réponses à la con.

      Réponse à la con d'un type qui croit tout savoir, et qui projette ses tares sur les autres.

      Ne faites pas d'effort, surtout ! faudrait pas que la France croule sous un trop grand nombre de gens intelligents.

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  6. Vous n'avez pas lu les textes et les directives de l'UE, qui ont mis fin à la souveraineté de notre pays en l'enfermant dans une camisole ? Non ? Si vous voulez vous réjouir ou tomber de votre chaise, c'est selon, en découvrant ce dont personne ne parle à propos de cette magnifique machine qu'est l'UE, lisez sur le site "lescrises.fr" les deux derniers articles sur "Bruxelles, qui a mis l'Europe sous tutelle". Après les avoir lus, vous comprendrez pourquoi il faut envoyer ce "modèle" au rebut.

    DemOs

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  7. "L’ouverture de l’usine d’Airbus dans l’Alabama ..... est malheureusement le énième témoignage de l’abandon par les dirigeants de notre continent d’une industrie pourtant critique pour la force économique des nations."
    Mais ce comportement n'est pas nouveau chez la plupart de nos dirigeants politiques, économiques et intellectuels, conservateurs, défaitistes, aussi vils et admiratifs devant les qualités et les performances des autres pays qu'arrogants ici. Il suffit de jeter un regard sur notre histoire pour le constater.

    DemOs

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  8. @ Laurent Michel

    Merci pour la précision

    @ Anonyme 11h00

    En effet, je l’ai lu dant The Economist

    @ Abd_Salam

    Merci pour les réponses

    @ Anonyme 20h47

    En effet, j’ignorai ce point. Cela n’en reste pas moins aberrant

    @ Démos

    Je sais tristement bien que ce n’est pas nouveau. On peut penser à l’accord de libéralisation des ventes de voitures japonaises en Europe, sans la moindre contre-partie au Japon, en 1991…

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  9. "On peut penser à l’accord de libéralisation des ventes de voitures japonaises en Europe"

    Toyota fabrique en Europe, le saviez vous ?

    plus de 68% des véhicules vendus sur le continent sont issus de l’un des neuf sites de production de la marque en Europe. Depuis le 16 octobre, la production européenne cumulée franchit le cap des neuf millions de véhicules, comme le précise, Didier Leroy, Président-directeur général de Toyota Motor Europe :

    « Toyota Europe pose ce mois-ci un nouveau jalon de son histoire en fêtant la sortie de chaîne de son 9 000 000ème véhicule. Depuis longtemps chez Toyota, il est de tradition de fabriquer nos véhicules à proximité des marchés où ils seront vendus.
    De plus, grâce à la compétitivité de nos usines européennes, nous exportons depuis peu leurs produits hors du continent. Nous tenons à pérenniser notre production et l’emploi en Europe grâce à l’apport de technologies comme l’hybride et aux méthodes de management innovantes qui nous permettent de préserver la compétitivité de nos sites à l’échelle mondiale. »

    https://www.toyota.fr/world-of-toyota/articles-news-events/2014/production-toyota-europe.json

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    1. Autre source :

      Toyota a commencé à produire en Europe en 1971 dans une usine au Portugal (illustration) où était fabriquée la première Corolla. 43 ans après, les sites sont au nombre de 9 et produisent une grande partie de la demande européenne mais également quelques modèles qui sont ensuite exportés vers les USA. Toyota qui a investi à ce jour 8 milliards d'euros en Europe emploie à peu près 20 000 personnes mais fait travailler 94 000 personnes si l'on y ajoute les prestataires. Toyota Europe compte 400 fournisseurs et reçoit ses pièces de 600 usines différentes, une implication qui fait dire à Toyota qu'il contribue beaucoup à l'économie de l'Europe.

      http://www.caradisiac.com/Toyota-a-produit-9-millions-de-voitures-en-Europe-98263.htm

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    2. Merci pour la rhétorique du contre-exemple unique.

      Et quid de la situation globale ?

      Un ou deux contre-exemples ne nous disent en fait rien de ce qui se déroule réellement dans l'ensemble de la situation.

      Notamment : Combien d'emplois perdus ? ou détruits ? pour quelques emplois créés ??

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    3. Votre intervention n'apporte rien par rapport à l'information qui nous rappelle que l'U.E. fait de l'extrême libre échange à sens unique :
      - l’accord de libéralisation des ventes de voitures japonaises en Europe, sans la moindre contre-partie au Japon, en 1991…

      Il est plus que probable que Toyota a ses raisons très personnelles de produire en Europe, et ce n'est pas pour nous faire plaisir.

      Et encore une fois, un contre-exemple apparent ne change rien à la politique générale.

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    4. Je signale au passage que cette usine Toyota a été installée dans les dernières années du franc français, alors qu'on avait un taux de change avantageux par rapport au mark.

      Cette usine est aussi une belle claque pour tout ceux qui claironnent que les français sont trop chers.

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    5. @ Anonyme

      Donc 32% des Toyota vendues en Europe sont fabriquées au Japon (et il faut ajouter des Nissan, des Honda & Co), alors que les ventes de voitures produites en Europe au Japon sont un détail… Le solde commercial automobile Japon / Europe est lourdement déficitaire pour l’Europe. Et nous avons la même chose avec la Corée. Mais les constructeurs asiatiques sont malins. Ils construisent des usines pour se localiser, tout en conservant un marché local hermétique où ils sont protégés…

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  10. Si c'est une victoire de la finance, c'est une échec de la France!

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