samedi 31 octobre 2015

Les paradoxes du ralentissement de la croissance mondiale

L’annonce d’une croissance de seulement 1,5% du PIB des Etats-Unis au troisième trimestre est un nouvel exemple du ralentissement de la conjoncture mondiale, avec le krach boursier chinois et le ralentissement des pays émergents. Quelles conséquences pour la France ?



Prélude à une nouvelle crise ?

A la fin de l’été, lorsque les bourses Chinoises finissaient leur atterrissage, certains, comme Jacques Attali, y voyaient le prélude à une nouvelle crise, le Lehmann de 2015. Même si on ne peut jamais être sûr de rien en cette matière, beaucoup d’éléments permettaient alors de relativiser. Cependant, la baisse de la croissance touche tous les pays émergents, dont beaucoup dépendent de l’exportation de matières premières dont les prix sont plutôt à la baisse. La chute de la croissance outre-Atlantique peut faire craindre à une chute globale de la croissance, au moment même où les pays européens retrouvaient quelques couleurs. Allons-nous être entrainés dans le ralentissement de l’économie mondiale, comme beaucoup le craignent ? Mais les chiffres des derniers mois semblent pourtant confirmer la reprise.

En effet, et c’est le paradoxe de ce ralentissement global, non seulement l’Europe pourrait bien ne pas en être victime, mais au contraire même en profiter. Plusieurs raisons pour cela. D’abord, cela maintient des politiques monétaires extrêmement accommodantes, entre taux d’intérêt proches de zéro dans les pays dits développés, et en baisse ailleurs, en Chine notamment, et création monétaire toujours forte en Europe ou au Japon. En effet, si la croissance avait accéléré, les banques centrales auraient durci leurs politiques, ce qui serait venu trop tôt pour l’Europe. En outre, le montant des exportations hors Europe du continent est limité et sa moindre croissance ne pèsera que de manière modérée sur la croissance européenne, qui profite, en revanche de la baisse de l’euro et des matières premières.

Des risques toujours présents

Malgré tout, si la croissance européenne venait à légèrement accélérer, on peut craindre que la BCE ne resserre un peu vite sa politique monétaire et que cela provoque un dangereux renchérissement de l’euro. Mais nous n’en sommes pas là aujourd’hui, et, au contraire, la politique monétaire européenne a toutes les chances de rester pour quelques temps encore plus accommodante que la moyenne, permettant aux pays européens de profiter à la fois de taux au plancher et d’une monnaie unique relativement bon marché. En outre, le ralentissement de la croissance mondiale maintient le prix des matières premières à un bas niveau, ce qui profite également aux pays européens qui sont importateurs d’hydrocarbures. Bref, paradoxalement, le ralentissement mondial soutient la croissance européenne.

Cependant, les politiques actuelles sont également porteuses de déséquilibres à plus long terme. En effet, difficile de ne pas voir que les politiques monétaires très accommodantes des banques centrales pourraient contribuer à faire gonfler une nouvelle bulle financière, pas moins extravagante que celles de 2001 et 2008. Des années de taux proches de zéro et des centaines de milliards, voir des milliers de milliards de créations de monnaie par les banques centrales, transmis au secteur financier, nourrissent une spéculation que l’on à l’œuvre dans les fusions-acquisitions, les rachats d’action, ou le niveau du Dow Jones (qui a déjà battu les records de 2007). Et le ralentissement actuel pourrait amplifier la taille de la prochaine bulle en maintenant des politiques monétaires accommodantes plus longtemps.


En conclusion, le ralentissement global actuel n’est sans doute pas annonciateur d’une crise à court terme, et pourrait paradoxalement aider la croissance des pays européens à court terme. En revanche, il pourrait aussi provoquer une bulle spéculative encore plus énorme qu’en 2008 à terme.

14 commentaires:

  1. Je suis assez surpris par votre analyse, vous semblez être dans le déni, ce qui ne vous ressemble pas.
    Je me souviens qu’au début de la crise des subprimes, certains économistes défendaient la thèse du découplage : la crise n’arriverait pas jusqu’à nous. Puis, lorsqu’elle est arrivée chez nous, ils nous ont affirmé qu’elle épargnerait les émergents. Aujourd’hui, le ralentissement est mondial. Patrick Artus a même calculé que la « vraie croissance mondiale » n’était que de 2 %, si on corrige la croissance chinoise officielle qui est fausse. Nous sommes dans la mondialisation, on nous l’a assez répété. Comment pouvez-vous croire que le ralentissement mondial peut nous épargner ? C’est comme croire que le nuage radioactif de Tchernobyl va s’arrêter à nos frontières.
    Les pays européens mènent des politiques de l’offre et tentent de réduire leurs déficits budgétaires. Dans ces conditions, la demande interne étant bridée, les exportations étant contraintes par la faible croissance mondiale, on ne voit pas où pourrait se trouver le moteur de notre croissance, surtout que l’investissement est toujours en berne.

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  2. On semble vouloir ignorer que le mondialisme n'est que la construction d'un système de vases communiquant et qu'une hausse des uns correspond a une baisse des autres ce qui étale le niveau. De ce fait une croissance n'est nullement stimulé!
    On se félicite de la baisse des matières premières alors que cela ne reflète que la faiblesse de la demande et de l'inutilité de leur transformation, mais cela ne signifie donc pas qu'elle permette une croissance!

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  3. @LH,

    Qu'est-ce que l'économie nous apprend réellement ? Quelle connaissance pérenne nous délivre t-elle ? Voilà les questions qui importent pour moi depuis 2008.

    Que pensez de ces centaines d'analyses chaque jours exposées dans les journaux, revues, travaux universitaires en économie, recouverts le lendemain même par d'autres analyses, travaux, articles ? A quel moment le discours économique trouve t-il un lien nécessaire avec le réel ?

    Je ne peux m'empêcher de voir la "science" économique comme une sorte de langue idéologique dont l'objet n'est plus tant de décrire les règles de la production et de ses suites que d'occuper idéologiquement l'espace politique avec ses options propres - sa propre vision de la société et du monde.

    Le discours économique n'est-il pas simplement la langue idéologique de ce monde marchand qui émerge au XVIIIème siècle, et dont les présupposées nous mènent là où nous en sommes aujourd'hui ?

    Ne faut-il pas rompre avec la langue économique dans l'espace public afin de retrouver cette langue de la liberté qui précède nécessairement celle du libéralisme ?

    Au fond, qu'a-t-on appris par l'économie après ces décennies de discours économiques et prospectives menées tout azimut ?

    Au final et de manière plus générale, que peut-on attendre en terme de contenu politique et de construction de nos libertés concrètes de cette "science de la production" ?

    Quel rapport immédiat peut avoir la "science" économique avec l'affirmation et le renforcement de nos libertés concrètes ?

    Voilà mes interrogations depuis 2008.

    Cordialement.

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  4. @1984
    Vos interrogations sontlégitimes mais elles sont aussi en partie une réponse dès lors que vous avez analysé la pratique de l’économie : « Le discours économique n'est-il pas simplement la langue idéologique de ce monde marchand qui émerge au XVIIIème siècle, et dont les présupposées nous mènent là où nous en sommes aujourd'hui ? »

    L’économie actuelle n’est que des présupposées irrationnel puisque idéologique ou les effets sont devenus des causes et quand manque des arguments : les boucs émissaires les remplacent et deviennent les causes.

    Cependant l’économie rationnelle existe. Elle prend en considération une réalité de note vie sociétale celle de ne pas produire nos propres besoins mais ceux des autres. Ce qui se traduit par :

    Notre devoir est de produire pour les autres autant que ce que les autres produisent pour nous et le devoir des nations est de produire pour les autres autant que les autres produisent pour elles (balance commerciale équilibré) Sans cela il y a des citoyen (des nations) qui produisent moins qu’ils consomment : ce sont des esclavagistes qui demandent à des esclaves de produisent plus qu’ils ne consomment eux mêmes.

    Notre devoir est aussi, puisque nous alternons des périodes actives et des périodes inactives, de produire pendant nos périodes actives autant que ce que nous consommons dans la période active plus nos périodes inactives.
    Ce qui dans une année consiste à ce que les actifs, par solidarité produisent les consommations des inactifs ce qui signifie qu’une partie des productions des actifs est réservée pour les inactifs. C’est le partage de la - richesse réelle- en biens et services.

    Le vecteur de la croissance est alors l’augmentation des temps d’activité par rapport aux temps d’inactivité pour produire plus et se partager plus.

    Pour nous partager notre -richesse réelle- (en biens et services) nous avons mis en place un OUTIL : la –Richesse imaginaire- c’est à dire la monétisation (donner une valeur) des biens et services que nous avons matérialisée par de la monnaie. Puis c’est le partage de cette monnaie entre les actifs et les inactifs qui leur permet de se partagent entre eux notre -richesse nationale réelle- C’est ce principe que nous appelons l’Economie Réelle : la circulation en parallèle des productions et de la monnaie.

    Si un citoyen veut consommer plus que ses revenus il doit emprunter. Puis après : produire plus que consommer pour rendre ce qu’il a consommé par avance et rembourser l’emprunt avec la valeur de sa production ; idem dans le cas de la nation.

    Si après des emprunts successifs (le nouvel emprunt rembourse le précédant) il ne se produit pas plus que consommé :
    c’est une incivilité individuelle qui devient crise si les emprunts sont refusé (crise des subprime) ; L’individu ne peut plus consommer plus que produit ; Dans le cas d’une nation c’est une incivilité collectives et le refus de prêt ne permet plus de consommer plus que produit et c’est la crise (crise passé en Grèce future en France).

    L’économie réelle étant la circulation des productions et de la monnaie : si la monnaie, à cause d’une psychose collective provoquée par la crise des subprime au Etat Unis, pousse les Français à bloquer la circulation de cette monnaie dans l’épargner, pour se prévenir d’une éventuelle récession, il bloque la circulation (l’élaboration) des production d’où chômage et autoproduction de la récession (2008).

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  5. suite
    Vous avez là la réalité d’une Economie rationnelle qui répond uniquement aux faits comportementaux des citoyens et des nations. Puis il vous suffit de savoir bien distinguer production et consommation : fonction de circulation de la monnaie et fonction de partage de la monnaie, pour comprendre l’origine de notre manque de compétitivité et répondre vous-même à vos interrogations et comprendre que plus d’impôts et moins de dépense publique ne peuvent venir a bout du déficit puisque nos 100% consommation nationale se partage à la fois entre actifs et inactif mais aussi ces même 100% se partage en usage (mutuel, collectifs ou familial )

    Unci TOÏ-YEN

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    1. Hep Unci, t'en as pas marre d'être lourd comme ça parfois ?
      Du verbage, du verbage, t'es un robot ou un humain ?

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  6. De nombreux économistes sur internet (Béchade,Delamarche,Sannat ,ects)disait qu'il n'y avais pas de croissance saine nulle part si une croissance de dettes et ils avait raison depuis longtemps pareille ça fait au moins 1 an qui disait qu il n'y avait pas 7% de croissances en Chine juste à regarder la consommation d'énergie,le fret ,indice balting drive rien de compliquer juste faire son boulot et en Aout les médias et les économistes qu'on vois à la télé tombais de haut c'est la fin d'un monde le communisme à fini par terre les monarchie aussi le capitalisme finira par terre aussi et c'est arrivé le 29 septembre 2008 il est sous assistance respiratoire depuis tous tiens sur les qe (planches à billets )
    A propos de J.Attalli il s'est toujours tromper toute sa vie je vous invites à aller sur youtube il y a un débat sur l 'euro J.Attalli ,S.Veill vs J.P Chevenement ,M.F Garaud,culte un bijou et prouve qu'il ne comprend rien à l'économie moi à sa place j 'irai me cacher mais non il continue ses prévisions hallucinantes le nouvel ordre mondial se qui fonctionne pas au niveau européens ne marchera encore moins au niveau mondial un con sa ose tout c'est comme ça qu'on les reconnait
    Comme dirai Charles Sannat préparer vous il est déja tard !!!

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  7. En marge, mais globalement en phase. Merci de votre attention.

    Rupture totale.
    Vieux Partis à la dérive. Déboussolés, déstabilisés, méprisants, menteurs.
    A gauche : internationalisme acariâtre et agressif.
    A droite : mondialisme ahuri, aggravé par la soumission aux oukases sociétaux de la première.
    Gauche et Droite : addition de perfidies, de dédain, de conformismes. En somme, une ‘bastille’ idéologique chaque jour plus odieuse et plus insupportable.
    A bout d’argument, ils n’ont plus que l’injure : ‘populiste’ ! quand on leur objecte la souveraineté, l’indépendance, le patriotisme, la République Française (Française , pas universelle !), le respect des mots ‘souche’ et ‘adoption’- quelle noblesse dans ces mots !

    Dictature politico-intello-médiatique d’un coté.
    Résignation acide, désespoir explosif, colère volcanique de l’autre.

    Assiéger la ‘Bastille’ politico-intello-médiatique ! … sinon la détruire … ?

    Car « … quand la lutte s’engage entre le peuple et la Bastille, c’est toujours la Bastille qui finit par avoir tort. » CdG- cit. discours Alger 14 juillet 1943.

    Le Peuple Français a rendez-vous avec la ‘Bastille’.
    CASTELIN Michel

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  8. @ Moi

    Ce serait bien d’accepter que l’on puisse arriver à avoir des conclusions différentes des vôtres, par un simple raisonnement (que j’explique) sans avoir recours à des arguments tels que le déni ou le conformisme. Au caractère un peu totalitaire des néolibéraux répond l’inverse de la part de certains souverainistes.

    Les politiques d’austérité sont moins dures qu’avant et nos économies bénéficient d’un triple soutien : euro moins cher, taux d’intérêt au plus bas et pétrole bon marché. Ce n’est pas neutre.

    @ 1984

    Chercher à comprendre ce qui se passera à l’avenir est un moyen d’arriver à une meilleure compréhension de notre monde et si j’ai pu me tromper plusieurs fois en politique, en économie, mes prévisions ne sont pas mauvaises (cf début 2009 sur le scénario post-crise, cf crise de la zone euro, avec le pronostic que la Grèce ne sortirait pas de l’euro, par deux fois (été 2012 et 2015), qu’il n’y aurait pas de krach, légère reprise de la croissance). Et il y a plusieurs discours économiques. Tous ne vont pas dans le même sens, de Tirole à Krugman.

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    1. @LH

      Quelles sont les questions fondamentales auxquelles la "science" économique apporte des réponses ? Je n'en vois personnellement aucune, mais je fais probablement erreur.

      Cordialement.

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  9. C'est toujours intéressant intellectuellement de faire des prospections sur l'avenir.
    Mais bon, intuitivement (je peux me tromper), je suis plutôt de l'avis de Warren Buffet, même si j'ai beaucoup à redire sur le personnage : "Les prévisions vous en disent beaucoup sur ceux qui les font, elles ne vous disent rien sur l'avenir."

    ***Jacko***

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  10. Comme l'explique de façon convaincante Jancovici sur son blog, la croissance économique est directement liée à la production d'énergie. Or le pic de production pétrolier étant soit en cours ou même ayant été dépassé, il prévisible de voir un très long ralentissement de la croissance.

    Dès lors les solutions économiques proposées ne servent pas à créer de la croissance, mais à partager les richesses produites, et dans notre cas actuel se partager l'augmentation de la pauvreté.

    A mon avis seuls des investissements stratégiques dans la recherche sur la production d'énergie (comme feu le projet super phénix) et l'économie d'énergie (comme l'isolation des logements par les toits) pourraient limiter en partie, voire contre-balancer, cette baisse de la richesse.

    Or il évident que de tels investissements aussi massifs ne peuvent se faire dans une société en compétition économique permanente avec ses voisins, compétition auto-imposée par des règles super-étatiques libérales et une monnaie commune.

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  11. @ Jacko

    Je ne suis pas d’accord avec Buffet. Si cela peut être vrai, ce n’est pas une règle immuable. Je peux prévoir des choses que je regrette (cf non sortie de la Grèce de la zone euro). Veillons à ne pas être aveuglé par nos idées : ce n’est pas le meilleur service que nous pouvons leur rendre

    @ Leuloup

    Je ne suis pas totalement convaincu par cette théorie sur le pétrole. Pour partie cause et pour partie conséquence ?

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  12. @Laurent
    Difficile d'élaborer en profondeur sur le sujet sur un blog. Il me faudrait aussi plus de temps pour clarifier cette idée.

    Les articles et les présentations de Jancovici ne pas sont pas très détaillées à ce sujet non plus il faut bien le reconnaitre. Cependant les arguments sont réels et je n'ai pas (encore) réussi à trouver de faille dans son raisonnement. Je ne suis pas d'accord avec lui sur certaines conséquences, sur certains détails, mais sur le fond je ne trouve rien à redire. Pour tout dire je n'ai pas encore d'avis définitif sur le sujet et sur les conclusions à en tirer, mais je ne peux pas nier ni expliquer autrement la forte corrélation entre hausse de la consommation d'énergie et croissance.

    http://www.manicore.com/documentation/decroissance.html

    Il faut bien s'avouer que les performances des différentes économies jouent à la marge. Bien sûr il faut qu'une société ait les connaissances pour utiliser et exploiter les énergies fossiles, mais la forme qu'elle prend pour y parvenir n'a qu'un impact mineur sur la richesse. Si la société de consommation a vu le jour, c'est parce que les connaissances et les technologies l'ont rendu possible.

    La conclusion logique pour moi est que si une société veut s'enrichir, elle doit chercher de nouvelles sources d'énergie et apprendre à utiliser de façon optimale celle dont elle dispose déjà. La priorité doit donc à mon sens être à la recherche et à l'industrialisation des découvertes. Je pense aussi qu'il est difficile d'avoir une recherche efficace si celle-ci est loin des lieux d'industrialisation, ce qui est en faveur d'un retour de l'industrie en France.

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