lundi 30 novembre 2015

Du Japon et des politiques alternatives

Les nouvelles économiques venues du Japon depuis quelques jours peuvent sembler mauvaises, entre une baisse du PIB de 0,2% au 3ème trimestre, et un nouveau recul mensuel des prix de 0,1% en octobre. Faut-il y voir l’échec des Abenomics ou seulement l’écume de la vague ?



Verre à moitié vide, ou à moitié plein ?

Bien sûr, pour les détracteurs des Abenomics, le recul du PIB et la baisse des prix montrent que la politique du Premier ministre, Shinzo Abe, est un échec. Après tout, le pays reste loin de l’objectif de 2% d’inflation affiché par la banque centrale et la conjonction de ces deux indicateurs complique la tâche d’une majorité qui s’est fixé comme objectif une croissance du PIB nominal. Mais, comme souvent, les choses sont plus complexes qu’il n’y paraît. D’abord, si les prix affichent un recul de 0,1% sur un an, ils sont en hausse de 0,7% sur un an hors prix de l’alimentaire et de l’énergie, qui affichent un fort recul conjoncturel. Ensuite, il faut se souvenir que le PIB du Japon avait bien progressé au premier trimestre et surtout que la population du pays baisse, ce qui relativise les chiffres du PIB.

En effet, The Economist avait publié un papier très intéressant sur les « années perdues » du Japon, qui montrait que quand on raisonne en PIB par habitant, la performance économique du pays est finalement assez peu éloignée de celle des Etats-Unis ou des pays européens. En outre, les variations trimestrielles du PIB ne sont pas toujours très signicatives : il vaut mieux considérer les variations sur un an, qui ont plus de sens. En outre, point crucial, certes fortement influencé par la démographie déclinante du pays (mais qui ne suffit pas à certains pays européens), le taux de chômage est tombé à son plus bas depuis 20 ans : à peine 3,1% de la population active. Mieux, pour relancer l’économie, le salaire minimum devrait progresser de 3% par an, qui devrait passer de 780 à 1000 yens par heure.

De la pertinence des Abenomics

dimanche 29 novembre 2015

Pourquoi ne pas voter FN




Tourisme électoral et magouilles

Le problème avec le parti de la famille Le Pen, c’est que, fondamentalement, je continue à penser que c’est la même chose que le PS et l’UMP, en pire. D’ailleurs, ces élections en sont la preuve. Dans les trois régions où le parti est en position de l’emporter, il est mené par des députés existants, dans la plus pure tradition du cumul des mandats des partis dits de gouvernement… En effet, les électeurs du Nord pourraient s’interroger sur la présence de celle qui pourrait devenir présidente de la région, étant donné qu’elle a déjà brillé par un absentéisme record au Parlement Européen, de 2004 à 2009, quand elle n’avait pas encore grand chose à faire d’autre, et encore après, pointant à la 742ème place sur 754 pour sa présence, ne daignant passer que trois jours par mois pour représenter ceux qui l’ont élu.



Et comment imaginer qu’elle tiendrait son rôle de présidente de la région, de députée, tout étant candidate à l’élection présidentielle. En clair, Marine Le Pen est plus candidate aux indemnités qu’au travail d’élu qu’elle devrait tenir, par respect de ses électeurs. D’ailleurs, Wallerand de Saint-Just, tête de liste en Ile de France, se distingue lui aussi par son absentéisme chronique au conseil régional de Picardie, où il est élu, ce qui en dit long sur l’éthique des dirigeants du FN. Et Marianne rappelait il y a quelques jours les pratiques troubles du FN, dont des élus critiquent des façons de faire pas plus ragoutantes que celles de l’UMP et Bygmalion, l’obligation d’acheter des kits de campagne sur lesquels le FN pourrait faire un bénéfice, payé de facto par les Français par les remboursements de frais de campagne.

Et toujours le même fond extrémiste

samedi 28 novembre 2015

La Belgique, dure avec Dieudonné, tendre avec les djihadistes ?




Laisser faire les islamistes radicalisés

Il faut reconnaître qu’il semble que les révélations du rôle joué par le pays dans l’organisation des attentats ont provoqué une remise en question, illustrée par les trois reportages diffusés cette semaine sur la RTBF, un sur le parcours de deux terroristes, un autre sur la tristement célèbre ville de Molenbeek, puis un autre sur les parents de djihadistes belges. D’ailleurs, la presse internationale a accordé une forte attention à la situation de ce pays, au cœur de l’Union Européenne, comme le rappelle Courrier International. Le journal se demande même si le pays n’est pas « devenu un sanctuaire » rappelant que le phénomène est ancien et que l’on trouve des premiers signes il y a 20 ans. Pire, la presse espagnole souligne qu’un organisateur des attentats de Madrid en 2004, avait séjourné à Molenbeek.

Même si elles ne justifient en aucun cas les actes barbares des terrorstes, on évoque beaucoup de facteurs qui ont créé un terreau propice au développement de ces mauvaises herbes empoisonnés : ghettoïsation, chômage, communautarisme sans doute d’autant plus exacerbé que le pays vascille, ce qui est peu propice à un sentiment national fort. Ensuite, la suppression des frontières place la Belgique dans une position très stratégique puisque le pays peut être traversé en peu de temps, et il est possible de passer rapidement de pays en pays pour brouiller les pistes, tout en étant proche de grands pays. Il faut aussi se poser la question des islamistes radicalisés, de ce qu’on laisse faire et qui les pousse dans ce sens, et de ce qu’il faut faire pour en protéger la population, sans tomber dans l’excès.

Mais emprisonner un antisémite ?

vendredi 27 novembre 2015

L’Argentine tourne la page Kirchner




La défaite logique du Kirchernisme

Bien sûr, les politiques menées après le défaut et la dévaluation ont sorti le pays de l’ornière, permettant une envolée du PIB par habitant, après avoir touché le fond en 2002. L’imposition d’un défaut aux créanciers du pays, encore remis en question par des fonds vautours aux Etats-Unis, la dévaluation et le protectionnisme ont nourri une croissance dépassant largement le cadre étroit des matières premières, contrairement à ce que répètent des analystes à courte vue. Buenos Aires continue à se passer des capitaux étrangers après s’être brûlé les ailes dans les années 1990 et s’être vu imposer des programmes d’austérité étrangement proches des récents plans Grecs. En fait, c’est la banque centrale qui finance en partie le gouvernement avec de la création monétaire, comme le fait aussi le Japon.



Cependant, il semble que le gouvernement ait pris un peu trop de liberté avec la planche à billets, poussant l’inflation au-delà des 20%, tout en tentant de nier la réalité en trafiquant les statistiques. En fait, certains ont vu dans les dernières années de présidence Kirchner un reflux d’autoritarisme et de corruption, avec la mort d’un procureur juste avant son témoignage sur une affaire importante. Mais au final, l’alternance qui a été votée démontre non seulement le caractère fondamentalement démocratique du régime déchu (ce qui loin d’être aussi évident au Venézuela), mais aussi que l’Argentine est une démocratie qui fonctionne plutôt bien puisqu’un peuple déçu vote pour l’alternance. Mais, comme le note Romaric Godin dans la Tribune, il ne faut pas s’attendre à un grand soir avec la victoire de Mauricio Macri.

Leçons pour les alternatifs

jeudi 26 novembre 2015

Valls fait toujours du Sarkozy

Depuis qu’il s’est installé place Beauvau, il n’est pas difficile de voir à quel point Manuel Valls s’inspire de celui qui l’a précédé de 2002 à 2007, étant donné que cela lui a servi de tremplin pour l’Elysée. Et même à Matignon, il continue à faire du Sarkozy, comme le révèle les derniers jours.



Bonnet blanc et blanc bonnet

Pour qui a regardé l’interview donnée par Manuel Valls au Petit Journal, il est difficile de ne pas imaginer le président des Républicains tenir peu ou prou les mêmes propos que le chef de la majorité. D’abord, il y a le ton, martial, sévère, même si on peut penser que c’est un peu surjoué et que les ficelles communiquantes ne sont pas toujours très discrètes. Puis, il y a le volontarisme affiché, les mesures annoncées et défendues, les promesses faites : toute une panoplie soigneusement étudiée, veillant à répondre aux horreurs d’il y a quelques jours et au besoin de réponses des Français. Ce faisant, le gouvernement a largement repris les propositions de l’opposition, dont la ligne de différenciation ne semble plus tenir qu’au reproche de ne pas avoir pris ces mesures après les attentats de janvier.


Le sens de cette convergence

mercredi 25 novembre 2015

Le démontage de l’euro avance en Finlande




Les raisons des doutes d’Helsinki

A priori, il est surprenant que la Finlande se demande s’il ne sera pas plus intéressant d’abandonner l’euro. En effet, voici un petit pays, voisin d’une Russie sensible à son aire d’influence, qui remet en question son appartenance à un club plus peuplé et plus riche que son encombrant voisin. Voilà qui en dit long sur tous les problèmes que pose cette union monétaire contre-nature. Comme l’avait résumé Romaric Godin il y a quelques semaines dans la Tribune, le pays expérimente une vague d’austérité drastique qui a provoqué une grève générale en septembre, la première depuis 1956. En effet, le gouvernement issu des dernières élections a annoncé vouloir baisser de 5% le coût du travail et toute une série de mesures de baisse des prestations sociales dans la lignée des potions de la troïka.

Il faut dire que la situation économique du pays est difficile, puisque son PIB a reculé de 0,3% depuis 2010 alors que celui de la zone euro a progressé de 2,9% sur la même période. La production industrielle recule de manière continue depuis deux ans et demi. Le chômage approche les 10% et affiche la plus forte hausse de la zone euro. Les capitaux quittent le pays. En cause : une progression du coût du travail de 8,9% en 5 ans, alors que la productivité a reculé, diminuant fortement la compétitivité du pays, d’autant plus que bien des pays de la zone euro ont pratiqué une dévaluation interne. La nouvelle majorité a proposé de mener la même politique, couplée à une austérité budgétaire. Mais la quatrième année de récession pourrait pousser le pays à remettre en cause sa participation à l’euro.

Le piège de la monnaie unique

mardi 24 novembre 2015

Pfizer et Allergan s’entendent pour faire un hold-up fiscal

C’est la dernière invention de ce capitalisme actionnarial sans le moindre scrupule que proposent de réaliser Pfizer et Allergan : l’inversion, une fusion conçue pour déplacer le siège social sous des cieux plus cléments fiscalement. Un véritable hold-up de la collectivité et des citoyens.



Pour quelques milliards de plus…

Le plus incroyable finalement, ce qui montre l’état de déliquessence avancé du sentiment citoyen et collectif des multinationales, c’est le fait que le patron de Pfizer ne se cache même pas des motifs qui le poussent à proposer une fusion avec Allergan. Officiellement, le taux d’imposition des sociétés en Irlande, où Allergan a son siège, est de 12,5%, contre 35% aux Etats-Unis (plus qu’en France). Pire, en 2014 « la facture fiscale de Pfizer atteignait 26,5%, contre 4,8% pour Allergan ». Naturellement, The Economist se fait l’avocat de ces accords en soulignant les difficultés d’une industrie où le retour sur investissement de la recherche baisse, de nombreux brevets doivent expirer dans les années à venir, pour finir par citer une étude de McKinsey selon laquelle les fusions en pharmacie créent de la valeur.



Mais de cela, on n’en doute pas. Tout le problème qui se pose est de savoir d’où vient cette valeur crée. Et ici, il s’agit d’une réduction de la contribution à la collectivité de laboratoires richissimes. Car les comptes de Pfizer sont extrêmement parlants, même s’ils ont bien varié depuis quelques années. L’entreprise a réalisé près de 50 milliards de dollars de chiffre d’affaire, pour un résultat opérationnel de plus de 12 milliards et les 3 milliards d’impôts laissent tout de même plus de 9 milliards de profits, plus de 18% du chiffre d’affaire, soit un niveau de rentabilité qui ne place pas l’entreprise parmi les moins profitables. De facto, l’inversion fiscale permet surtout aux actionnaires de s’engraisser davantage, au détriment de la collectivité qui a vu naître Pfizer, et lui a permis de grandir en payant ses produits.

Un véritable problème moral

dimanche 22 novembre 2015

Après l’horreur, les ombres

Mercredi, j’ai voulu souligner les motifs d’espoir qui apparaissent sous les décombres des attentats. Bien sûr, une part d’optimisme peut l’expliquer, mais j’ai la conviction profonde que ces horreurs peuvent finalement créer, malgré elles, des réactions positives et je pense qu’elles sont plus nombreuses que les réactions négatives que je vais étudier ici, même si elles ne sont pas négligeables.



Concours Lépine néocon

Il n’est pas anormal qu’après de tels attentats, la société dans son ensemble pousse à des propositions très sécuritaires, au point de remettre en cause certaines libertés. D’ailleurs, c’est ce qui ressortait d’un sondage du Figaro opposant libertés individuelles et sécurité, et au sujet desquelles les Français se déclarent prêts à faire des compromis sur les premières au nom de la seconde. Bien sûr, il ne s’agit que d’un sondage, où le choix de la question joue un rôle dans les résultats, et le moment choisi pour le faire est sans doute le plus favorable à une telle conclusion. Et cela va influencer les décisions prises, souvent assez rapidement après les attentats du 13 novembre. Depuis vendredi, nous avons assisté à un véritable concours de propositions, dont le sommet a été atteint lors de la consultation des partis.

D’ailleurs, la majorité ne s’est pas privée pour piocher dans les idées des autres partis, dépouillant presque la droite de l’argument sécuritaire, au point que Sarkozy se retranche derrière l’argument de la perte de temps, quand Juppé égratigne sa réduction des effectifs de la police. Si certaines idées sont intéressantes, d’autres semblent sorties de l’arsenal mis en place aux Etats-Unis après le 11 septembre. Laurent Wauquiez détient le ponpon avec ses centres de détention pour les fichés « S », dix mille personnes à enfermer sans qu’ils aient commis le moindre délit, au mépris des règles du droit, mais sans torture, cela lui semble acceptable. D’autres évoquent une opération militaire terrestre, oubliant un peu rapidement les résultats de celle d’Irak (dont Daech est sans doute un enfant) ou de Libye.

Compromission démocratique ?

samedi 21 novembre 2015

De l’information à la série-télé-réalité




Quantité et rapidité ou qualité ?

Il faut bien reconnaître que les les dernières années ne facilitent pas le travail des journalistes, entre une activité dont les équilibres économiques ont été bouleversés par l’apparition d’internet, et une accélération incroyable du temps, où les différents médias se livrent à une course permanente à l’information pour être les premiers à diffuser la dernière nouvelle nouvelle, pouvoir buzzer et être ensuite repris. Mais à force de privilégier le buzz, c’est rarement la qualité qui gagne. Depuis quelques jours, nous sommes abreuvés par un déluge de faits ou témoignages plus ou moins intéressants et rarement remises en perspective. Bien sûr, il est sans doute important de se souvenir de cette horreur, mais on peut se demander si nous ne cédons pas un peu à une forme de voyeurisme un peu malsain.

En réalité, les journaux télévisés finissent par ressembler à un croisement improbable entre séries télévisées et télé-réalité. Des premiers, on retrouve le côté spectaculaire, les rebondissements fréquents et montés en épingle pour s’assurer que le téléspectateur continue à regarder, le passage d’un endroit à un autre, parfois sans véritable transition. Des seconds, on retrouve les témoignages de plus en plus fréquents des individus, les reportages sur les proches, la valorisation des réactions individuelles sur les réseaux sociaux. Ce faisant, nous avons perdu les reportages de fond (qui ont le défaut de coûter cher) ou alors les débats plus ou moins contradictoires, où l’on donne véritablement du temps aux différents protagonistes, ce qui est devenu une exception, à part quand on parvient à créer le buzz…

Victoire du fait divers, défaite du collectif

vendredi 20 novembre 2015

Attentats, migrants : ci-gît l’espace Schengen ?

Alors que Nicolas Sarkozy avait caressé l’idée quelques fois, c’est bien François Hollande qui a réinstallé les contrôles aux frontières suite aux attentats de vendredi. Mais sera-t-il possible de revenir un jour en arrière pour un bon bout de temps ? Et si l’espace Schengen avait vécu ?



La fin des frontières passoires ?


Il est très significatif que l’une des premières mesures annoncées par le président dès le vendredi soir soit le rétablissement des frontières. Parce que le djihadisme traverse les frontières, mieux vaut multiplier les filtres pour les arrêter avant qu’ils ne commettent l’irréparable. Pire encore pour les opposants à tout contrôle, il est vite apparu que la Belgique était un point névralgique du djihadisme en Europe, impliqué dans l’organisation des attentats en France. Bref, il apparaît aujourd’hui essentiel de remettre en place des filtres aux frontières avec ce pays pourtant apparemment si proche et si inoffensif. Et on peut croire que ce besoin n’est pas prêt de se dissiper : qui pourra prendre demain la responsabilité de supprimer les contrôles à la frontière belge et ainsi livrer la France aux djihadistes venus de Molenbeek ?

2015, l’année des frontières ?

jeudi 19 novembre 2015

Lettre ouverte aux journalistes : à quand la fin de la Djihad Académie ?

Des visages de jeunes hommes, souvent souriant, qui s’étalent dans les média. Des récits de leur vie, des interviews de leurs proches, des vidéos de réseaux sociaux où ils se mettent en scène reprises jusque dans les journaux télévisés. Les participants au dernier casting musical télévisé ? Non, les terroristes qui ont décimé les rues de Paris vendredi. Réflexion sur une dérive médiatique.



Exhibitionnisme et sens de la mesure

Bien sûr, la large diffusion des photos d’un terroriste en cavale peut permettre son arrestation. Et, à ce titre, elle est légitime. Mais même si cela intéresse et buzze, quel est l’intérêt de diffuser si largement les photos, souvent insouciantes, d’assassins sanguinaires ? Bien sûr, il n’est pas inintéressant, pour notre société, d’essayer de comprendre ce qui peut amener ces jeunes, souvent passés par l’école de la République, à se transformer en monstres criminels. Mais au final, surtout dans de telles circonstances, ces « informations » sont relayées le plus souvent à plat, sans toujours de remise en perspective, d’une manière étonnamment proche de celle dont les émissions de télé-réalité présentent leur candidats. En somme, ils sont présentés comme les héros de ce qui serait la Djihad Academy.

Le plus effarant, pour ne pas dire écœurant, était la diffusion de vidéos, certes floutées, de celui qui serait l’organisateur de ces attentats, tout sourire, rassemblant des cadavres qu’il transporte. Et finalement, on se demande quel est l’intérêt de diffuser de telles images, qui, si elles sont profondément révoltantes pour la grande majorité de ceux qui les voient, pourraient aussi représenter une forme de promotion de la vie au sein de Daech, présentée d’une manière assez troublante. Quel est l’intérêt réel de diffuser ces images, si ce n’est le buzz et l’audience ? Au final, j’ai un peu l’impression que cela revient, quelque part, à présenter les djihadistes comme des héros des temps modernes, même s’ils sont les méchants, d’autant plus qu’ils sont souvent présentés de manière un peu trop neutre.

Des ruisseaux et du fleuve terroriste

mercredi 18 novembre 2015

Après l’horreur, l’espoir ?

Et si, malgré l’horreur innommable des attentats de vendredi, ou peut-être à cause, notre pays accouchait d’une société meilleure ? Car si l’on oublie de vrais excès, la réaction de notre beau pays me semble à la hauteur du drame, comme si l’horreur révélait et renforçait la grandeur de la France.



Ce qui me frappe dans les évènements des derniers jours, ce sont tous les gestes de solidarité : voisins abritant des passants, piétons donnant leurs vêtements pour faire des bandages, habitants du quartier hébergeant les malheureux qui n’ont pas pu rentrer chez eux, les milliers de personnes qui ont fait la queue pour donner leur sang, puis des milliers de Français, de toutes les confessions - ou sans - qui se sont déplacés au Bataclan ou ailleurs pour témoigner leur émotion et leur attachement à tout ce qui fait notre beau pays, se rassemblant en chantant la Marseillaise ou en revendiquant fièrement les couleurs de la République, ce bleu-blanc-rouge que tant de pays ont affiché sur leurs monuments dans un bel hommage à ce qui fait la France et un témoignage de solidarité face aux attentats.

mardi 17 novembre 2015

Interdicton de boycott et liberté d’expression



Condamnée pour une opinion


C’est une circulaire envoyée par le ministère de la justice début 2010, visant spécifiquement les « appels au boycott de produits israéliens » et appelant à une « réponse ferme » qui semble en être à l’origine. L’avocat des manifestants veut porter l’affaire devant la Cour Européenne des droits de l’homme. Cette décision est très critiquée. Notre particularité, c’est que « beaucoup de pays n’ont pas de lois aussi poussées en matière de lutte contre les discriminations ». Un magistrat de la défense se demande si « les droits de producteurs étrangers doivent-ils prédominer sur une liberté politique ? Où est la limite ? ». Même si sur le fond, je reste opposé au fait que l’Europe puisse avoir un mot à dire sur toute décision de justice de notre pays, malgré tout, pour une fois, je dois reconnaître que ce ne serait pas injuste.

La totalitarisation du débat public

40 ans de dérégulations …

Billet invité de l’œil de Brutus



40 ans de dérégulations frontalières qui ont permis à n’importe quel salopard de se préparer là-bas pour se faire sauter ici.

40 ans de dérégulations frontalières qui permettent à armes et explosifs de circuler allégrement à travers toute l’Europe.

40 ans de dérégulations financières qui permettent aux capitaux d’aller où ils veulent pour financer tout et n’importe quoi (et surtout n’importe quoi).

lundi 16 novembre 2015

La loi Touraine : vers une santé toujours plus privatisée, bureaucratique et chère

Les attentats de vendredi nous ont fait oublié, assez logiquement, le succès de la mobilisation des médecins contre le projet de loi Touraine. Un projet, qui, derrière une communication habile, vise à déconstruire notre système de santé, au plus grand profit des intérêts privés des mutuelles.



Quand Paris regarde vers Washington

C’est malheureusement la caractéristique fondamentale de ce projet de loi, cohérent avec ce qui se passe depuis des années, et qui ne parvient pas à émerger dans le débat public paradoxalement. En réalité, ce projet de loi a une logique, à savoir la convergence du modèle de santé Français vers le modèle de santé des Etats-Unis. En effet, nous assistons à une lente privatisation des dépenses de santé : quand, il y a 20 ans, moins de 5% des dépenses de santé étaient de type privé, aujourd’hui, nous sommes à 15% contre 54% aux Etats-Unis, les mutuelles compensant la baisse du remboursement public. Mais il est à noter que ce système n’est pas plus efficace puisque les Etats-Unis consacrent 18% du PIB pour la santé, et nous 11,6%, tout en ayant une santé bien moins bonne que la nôtre.

Mais cette privatisation au ralenti a un intérêt pour l’Etat, qui peut alors dérembourser, en sachant que les mutuelles compenseront, en relevant les cotisations, à leur profit puisque cela assure la croissance de leur chiffre d’affaire. D’ailleurs, le 1er janvier, les entreprises devront proposer une couverture santé minimale à tous les salariés, ce qui explique les campagnes publicitaires incessantes depuis la rentrée, qui viennent bien inutilement augmenter le budget santé des Français. Les mutuelles peuvent bien remercier la ministre. Et cela est d’autant plus révoltant que le Sénat a publié un rapport dénonçant les dérives des mutuelles, et notamment leurs coûts de gestion, bien plus importants que ceux de l’assurance-maladie. Enfin ceci devrait imposer plus de tâches administratives pour les médecins.

Une ministre à la communication habile

dimanche 15 novembre 2015

Après l’horreur




La barbarie dans Paris




Ce qui est frappant, c’est le caractère extrêmement préparé des terroristes, plus encore qu’en janvier, ce qui est forcément inquiétant pour l’avenir. Il est donc possible d’organiser des actions terroristes de très grandes ampleurs en France, avec plusieurs attaques réalisées au même moment dans des endroits différents de Paris, ce qui ne permet pas aux forces de l’ordre de répliquer. Heureusement, il semble que les contrôles de sécurité du Stade de France n’aient pas permis aux terroristes de rentrer dans l’enceinte du stade. Dans la soirée, François Hollande est intervenu pour annoncer l’état d’urgence et la fermeture des frontières. Nous commençons aujourd’hui trois jours de deuil national. Le président de la République interviendra devant les parlementaires réunis à Versailles, pour la seconde fois de l’histoire.

Garder la tête froide

samedi 14 novembre 2015

Après la stagnation rassurante, la croissance inquiétante ?




Des nuages dans la croissance ?

Bien sûr, apparemment, la croissance de 0,3% au troisième trimestre, même si elle n’est pas glorieuse, peut être analysée de manière positive. Après tout, si le PIB était stable au 4ème trimestre, la croissance serait de 1,1% sur l’année, 0,1 point au-dessus de la prévision du gouvernement, qui aurait des chances d’être même un peu plus dépassée, ce qui pourrait relâcher un peu la pression budgétaire. Mieux, l’investissement des entreprises non financières accélère légèrement, à +0,7%, l’investissement global restant tout juste stable du fait du recul de l’investissement immobilier, pour lequel le gouvernement vient d’annoncer des mesures. Et mieux encore, la France se situe dans la moyenne européenne. Bref, la croissance accélère petit à petit, après le timide 0,4% de 2014 : 1,5% semble atteignable en 2016.

Mais quelques chiffres nuancent sensiblement cette interprétation. En effet, il y a trois mois, si la croissance était de 0%, en excluant les mouvements de stocks, elle atteignait 0,4%, comme au premier trimestre, qui avait bénéficié d’un mouvement de stockage pour atteindre 0,7%. Mais au troisième trimestre, la constitution de stocks apporte 0,7 points de croissance : en clair, à stocks stables, le PIB aurait quand même reculé de 0,4% ! Néanmoins, en général, avant les fêtes de fin d’année, les stocks ont tendance à progresser à ce moment de l’année. Mais, ce résultat amène à réfléchir : cela vient de la détérioration du solde commercial, qui pèse pour -0,7 points du PIB, malgré la faiblesse du prix des hydrocarbures, du fait d’une croissance de 1,7% des importations quand les exportations reculent de 0,6%.

De la significativité du trimestre

vendredi 13 novembre 2015

Derrière le rachat de Visa, la démission des pays européens




Une Europe satellite de Washington

Bien sûr, Visa Europe n’a pas toujours été indépendant puisque Visa avait donné son indépendance à son ex-filiale en 2007, en en faisant une association détenue par un ensemble d’environ 3000 établissements financiers continentaux. Mais, lors de cette opération, avait été mis en place un dispositif contraignant Visa à racheter son ancienne filiale. C’est ainsi que les deux entreprises se sont mises d’accord pour un rachat de 21,2 milliards d’euros. Naturellement, Visa met en avant les économies d’échelle que devrait permettre ce retour dans le giron commun. Et pour les banques européennes, cela représente une manne intéressante, à un moment où les taux d’intérêt sont très bas, la concurrence forte et où la « justice » étasunienne rackette les établissements bancaires, comme le Crédit Agricole.

Comme le souligne bien Bertrand Chokrane sur le FigaroVox, cela pose un grave problème d’indépendance. En effet, les Etats-Unis mettent la main sur le co-leader des systèmes de paiement européens, plaçant notre continent sous une dépendance accrue à l’égard des Etats-Unis. Et cela pose d’autant plus problème à date, avec toutes les questions que cela soulève sur la question de la gestion des données privées, notamment de la part d’une justice étasunienne qui prend n’importe quel prétexte pour étendre sa jurisdiction sur toute la planète, comme même The Economist l’avait dit en parlant de « racket » pour BNP Paribas. Aujourd’hui, cet accord risque de mettre l’ensemble des transactions faites avec une carte Visa dans les pays européens sous la coupe juridique bien tentaculaire des Etats-Unis.

Vers la fin du service public de la monnaie ?

jeudi 12 novembre 2015

Macron peut-il asphyxier les Républicains ?

Mardi matin, le ministre de l’économie était l’invité d’Europe 1 pendant deux heures. Une auditrice avait du mal à voir des différences entre ce qu’il dit et François Fillon, dont elle notait pourtant qu’on le qualifier de tchatchérien. Un constat qui en dit long sur ce gouvernement.



Toujours plus loin dans le néolibéralisme



Réduire l’espace politique de l’adversaire