mercredi 1 juin 2016

Education : y-a-t-il quelque chose de pourri dans le modèle Finlandais ?

La Finlande est un pays souvent montré en exemple par les partisans des réformes menées par la majorité actuelle (le prolongement de ce qui a été fait, droite comme gauche, ces dernières décennies). Il n’est donc pas inutile de noter que le pays se pose de plus en plus de question sur son modèle.



Modèle libertaire contre modèle autoritaire ?

Il y a encore quelques années, il y avait un large consensus pour prendre en exemple la Finlande, où « les élèves ont leur mot à dire sur ce qu’ils apprendent et même où : beaucoup pouvant s’allonger contre le mur d’un corridor. Les tests sont rares ». Le principe est de créer un système centré sur les élèves, leur donnant un maximum de liberté ou de pouvoir d’initiative et un minimum de contraintes. Mais les scores PISA ont baissé en 2009 et en 2012 et le gouvernement a annoncé une réforme pour restaurer « la joie et le sens de l’apprentissage », en pariant sur des projets couplant plusieurs disciplines, et un renforcement de l’art et de la musique ! Pas sûr que cela permette de de redresser la performance des élèves en lecture ou de réduire les grandissantes inégalités du système éducatif Finlandais !

Bref, pour redresser une situation qui se dégrade, la Finlande veut faire plus du même, ne remettant pas en cause certains excès de son modèle. Car le succès du pays a bien d’autres raisons, notamment l’excellent statut des professeurs dans le pays, à peine dépassé par les médecins. En outre,  dans le monde, un autre modèle, bien plus traditionnel et autoritaire s’impose de plus en plus, soutenu par la réussite dans les tests PISA de certains pays asiatiques dont la conception de l’éducation est à l’opposé de celle de la Finlande. En effet, les écoles privées britanniques et étasuniennes marquent un vrai retour à l’autorité. Cette question du modèle éducatif rejoint la question plus large de l’éducation en Suède, où les parents se demandent de plus en plus s’ils ne produisent pas des petits monstres.


Bien sûr, résumer le débat sur l’éducation à une opposition binaire entre des libertaire pseudo-pédagogistes et des traditionnalistes autoritaires ne serait pas productif. Néanmoins, cela doit pousser à se demander s’il n’est pas de plus en plus évident que la logique libertaire individualiste est en faillite.

7 commentaires:

  1. On n'oublie souvent que ce n'est que des enfants a qui l'on doit enseigner l'autonomie qui au fil des ans aboutie a la responsabilité et non pas inversé le processus!

    RépondreSupprimer
  2. L'ecole en nouvelle zealande est super, pas trop de vacances, pas trop d'heures par jours, profs bien payes, tres bons resultats

    RépondreSupprimer
  3. Pas seulement en matière d'éducation. Les Finlandais se rebiffent à propos de l'euro et de ses conséquences économiques.

    RépondreSupprimer
  4. Pour un exemple de critique de fond des tests PISA, cet article de Nathalie Bulle :

    http://nathaliebulle.com/wp-content/uploads/pdf/l-imaginaire-rn-formateur.pdf

    qui attire l'attention sur le fait qu'il y a différents modèles scolaires avec différents objectifs, ce que PISA ne prend pas en compte.

    PISA ne prend pas non plus en compte l'origine sociale et économique des élèves, par exemple les difficultés de langue des enfants issus de l'immigration, en proportion plus ou moins élevée selon les pays.

    Enfin, dans le cas particulier de la Finlande, il semble que les universitaires finlandais sont très inquiets des résultats des réformes ayant augmenté les résultats à PISA dans la suite des études (en mathématiques ici, clef des études scientifiques) :

    http://matematiikkalehtisolmu.fi/2005/erik/PisaEng.html

    http://matematiikkalehtisolmu.fi/2005/erik/KivTarEng.html

    Autrement dit, l'idée (simplette) selon laquelle on pourrait tripatouiller le collège et le lycée français sans que cela n'ait de conséquences au delà est une idée fausse.

    Par exemple, suite à la réforme du lycée de 2010, qui a beaucoup modifié le programme de physique et l'esprit de l'enseignement vers uns dé-mathématisation, la société française de physique constate des dégâts considérables en prépa, dont elle a fait part au ministre de l'EN ici :

    https://www.sfpnet.fr/depuis-2013-le-bac-s-est-inadapte-aux-etudes-superieures-de-physique-et-de-chimie

    (la réforme de 2010 a été appliquée en 2011 en seconde, 2012 et première et 2013 en terminale).

    RépondreSupprimer
  5. Des réformes, des contre-réformes, ça n'arrête pas de changer, les profs en ont marre, sont mal payés et peu considérés, les politiques du style Belkacem n'en ont rien à faire d'améliorer les choses mais sont bloqués sur les idéologies qui vont leur assurer le plus surement leur positionnement et leur place dans le cirque politique, c'est pitoyable.

    Arrêter de réformer à tout va, mieux payer les profs, rétablir leur autorité, les accompagner tout au long de leur carrière, mettre le paquet sur les matières fondamentales, donner des cours de rattrapage pour les élèves en difficulté, valoriser les filières manuelles et technologiques...
    Un peu de bon sens quoi, ça ne ferait pas de mal.
    Mais bon, l'objectif c'est de mettre le binz dans l'éducation nationale et de s'orienter vers la privatisation croissante de l'éducation.
    Najat, young leader de la FAF ou la voix de son maître.

    ***Jacko***

    RépondreSupprimer
  6. Bravo Laurent. A cet égard, la faillite de l'Education nationale en France est tout aussi révélatrice.

    RépondreSupprimer
  7. @ Anonyme 13h07 & JJS

    Merci !

    @ Jacko

    C’est juste

    RépondreSupprimer