samedi 29 octobre 2016

Derrière les chiffres de croissance et du chômage

Cette semaine, nous avons eu droit à deux statistiques cruciales pour mesurer le bilan de François Hollande. Après un chiffre du chômage comportant de bons éléments, celui de la croissance a déçu. Mais en creusant, le bilan reste clairement très négatif dans les deux domaines.



Croissance molle et chômage de masse

Les chiffres du chômage donnent de plus en plus l’impression d’un brouillard cherchant à dissimuler une réalité peu riante. Entre les changements de règles de comptabilisation en plein été, les manipulations que représentent en partie l’augmentation du nombre de contrats aidés ou de formations, les heurts de plus en plus fréquents des chiffres, relativement inhabituels avant, et la divergence grandissante des chiffres des différentes catégories, difficile de ne pas y voir un bidouillage destiné à permettre au président de solliciter un second mandat. Bien sûr, la situation semble s’être un peu améliorée, mais les analyses des Décodeurs du Monde relativisent l’effet d’annonce du gouvernement.



D’abord, il faut noter que, même en choisissant la lecture du gouvernement, les chiffres ne sont pas riants : 90 000 chômeurs de moins depuis le début d’année, cela représente une baisse d’à peine plus de 2%, un chiffre largement insuffisant, et qui ne compense pas la forte hausse du mandat. En outre, comme le montre bien l’article du Monde, s’il y a une amélioration sur la catégorie A, le chômage monte encore sur l’ensemble  des trois catégories en 2016… Bref, le bilan de François Hollande en matière de chômage, c’est que cela ne se dégrade plus, mais que nous restons dans une situation de chômage de masse, que même les manipulations de la majorité ne sont pas parvenues à camoufler



En matière de croissance, les deux derniers trimestres ont quelque peu douché les espoirs de la majorité. Bien sûr, la croissance devrait afficher une très légère accélération cette année, après celle de l’année dernière, mais les chiffres ne sont guère enthousiasmants : le PIB a reculé de 0,1% au second trimestre et elle n’a progressé que de 0,2% au troisième trimestre. La raison : la stagnation de la consommation des ménages depuis six mois, même si leurs investissements (immobiliers) progressent. En outre, alors que les entreprises avaient sensiblement augmenté leurs investissements au tournant de l’année, celui-ci baisse de 0,3% depuis deux trimestres. A quoi bon baisser les taxes ?

D’ailleurs, les mauvais chiffres du commerce extérieur (une contribution négative de 0,5 points au troisième trimestre, avec des importations qui progressent trois fois plus vites que les exportations), questionnent la politique dite de compétitivité du gouvernement : à quoi bon donner 50 milliards aux entreprises si c’est pour toujours avoir une contribution négative du commerce extérieur ? Le troisième trimestre a été sauvé par le traditionnel stockage de fin d’année, d’autant plus fort qu’ils avaient beaucoup baissé au précédent trimestre. Mais au global, le mieux reste très limité et ces chiffres continuent à démontrer que les politiques suivies ne sont pas les bonnes depuis de trop nombreuses années.


Le bilan de François Hollande, c’est donc une très forte hausse du chômage et, grâce à une conjoncture très favorables, une stabilisation aux plus hauts de notre histoire, et 50 milliards donnés aux entreprises, sans effet sur notre commerce et l’investissement, tout semblant donc aller aux actionnaires.

5 commentaires:

  1. La croissance ne va pas accélérer cette année car même l'INSEE ne prévoit plus que 1.3% (contre 1.2% en 2015) et il est bien possible, si le chiffre du dernier trimestre est mauvais, que nous soyons en dessous. En 2017, il faut s'attendre à passer sous la barre des 1% de croissance. Au final, la fameuse reprise n'aura même pas été illusoire (pour reprendre le terme que vous aviez utilisé).

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  2. Le problème avec cet Union Européenne c'est que l'on ne sait plus qui sont les responsables d'une telle situation vue qu'il n'y a plus de limite dans l'interdépendance, a moins que la fautive soit cette interdépendance!

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  3. Avec une monnaie surévaluée, cette situation est inévitable. Pour rétablir la compétitivité de la France par rapport à l'Allemagne, il faudrait une dévaluation d'au moins 25% (cf Sapir). Or l'euro est d'abord un système de changes fixes. Tant que nous y resterons, il n'y a pas d'espoir d'amélioration.

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  4. @ Jacques

    Bien d'accord, entre autre. On pourrait y ajouter une ouverture destructrice à tous les biens et capitaux et une fiscalité mal orientée (laissant échapper les multinationales, pas assez progressive, trop complexe et mal orientée globalement)

    @ Anonyme

    Oui !

    @ Moi

    Ou alors, de manière minime pour 2016. On verra pour 2017 : le rebond immobilier va aider.

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    1. S'il y a hausse des taux et début du tapering, il n'y aura pas de rebond immobilier.

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