vendredi 20 janvier 2017

Au revoir Obama, sans regrets




Plus star que président

Bien sûr, Obama vaut mieux que George W Bush, et ses choix économiques utra-inégalitaires et bellicistes, qui sont peut-être les premiers responsables de l’émergence de Daech et du terrorisme qui frappe nos pays. On peut aussi légitimement penser qu’il vaut mieux que Donald Trump, dont les limites sont nombreuses, par-delà le message politique pas inintéressant qu’ont envoyé les électeurs en en faisant le nouveau président. Mais sur l’emploi, il est possible que les tweets de Trump fassent beaucoup plus que ce qu’a fait Obama en 8 ans. Certains évoqueront l’Obamacare ou sa gestion de la crise financière dont il avait hérité. Bien sûr, les contre-pouvoirs qui existent outre-Atlantique limitent la capacité d’action du président, mais cela fait assez court pour un président aussi populaire.

Et cela est d’autant plus court que l’Obamacare n’a sorti de l’absence de couverture santé qu’un tiers de ceux qui n’étaient pas protégés et que le coût de cette couverture s’envole à des niveaux stupéfiants pour nos standards. Ensuite, sur la gestion de la crise financière, on ne peut pas dire qu’Obama échappe à toute critique. Comme souligné par Stiglitz et Krugman, il n’est pas allé assez loin dans la relance keynésienne, laissant subsister trop longtemps un fort chômage. Et il a laissé aider principalement les banques, et non les ménages victimes de la crise des subprimes alors que ce sont les premières qui en étaient responsables. Enfin il n’a absolument rien fait contre les inégalités, quoi qu’il en dise.

Son bilan à l’extérieur comporte la régularisation des relations avec Cuba, venue bien tard, mais qu’il a eu le mérite de mettre en œuvre. En revanche, Guantanamo n’est toujours pas fermé, la situation en Palestine continue à pourrir, quelque soit le vote récent des Nations Unies. Enfin, difficile de ne pas voir la tension avec la Russie comme un artifice de communication, d’autant plus que les accusations contre la Russie sont assez risibles quand on voit la situation dans laquelle les interventions appuyées par Washington ont laissé l’Afghanistan, l’Irak ou la Libye, même s’il faut reconnaître qu’Obama a été moins aventureux que son son prédécesseur.

Mais surtout, même s’il y a sans doute une grande différence culturelle des deux côtés de l’Atlantique, le spectacle de ce président tellement cool, posant, faisant des blagues et se comportant plus comme le chroniqueur politique d’un Occident bien pensant ne m’a pas séduit, pour ne pas dire plus. L’impression que m’a donnée Barack Obama pendant ses deux mandats a plus été celle d’un chroniqueur star que d’un chef d’Etat agissant pour ses citoyens. Il a survolé bien des sujets, laissant faire la politique habituelle, où certains lobbys savent bien défendre leurs intérêts, des banques à Monsanto, et ne faisant pas grand chose sur la pauvreté, les inégalités, l’éducation ou la violence finalement.


Voilà pourquoi, malgré l’arrivée pas réjouissante de Donald Trump, je ne regretterai pas Barack Obama, qui n’a pas fait grand chose, si ce n’est parler et briller. En fait, pour tout dire, j’ai tendance à penser que John McCain aurait sans doute été un meilleur président que lui, qui voulait remettre en cause le rôle délétère de l’argent dans vie politique étasunienne et qui aurait peut-être fait mieux dans la crise.

10 commentaires:

  1. "les interventions appuyées par Washington ont laissé l’Afghanistan, l’Irak ou la Libye"

    Donc aucune intervention en Syrie et 300 000 morts + des millions de réfugiés syriens, et Herblay trouve ca parfait.

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    1. "aucune intervention en Syrie"

      Si, si.

      Obama et les USA y ont fortement soutenu Daesh et Al-Qaïda.

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  2. Je crois aussi qu'en matière de relations internationales B. Obama a joué les cartes suivantes :

    - normalisation avec Cuba : de toute façon cela devait arriver un jour ou l'autre. Cette normalisation s'inscrit dans un processus plus vaste de désengagement des Etats-Unis en Amérique du Sud après plus d'un siècle d'ingérence (avec de l’ingérence fort discutable).
    - Moyen-Orient - Proche-Orient : L’administration Obama a refilé gentiment et tranquillement le bébé aux Européens, France et Angleterre en tête de gondole. Sans tout lâcher mais en refilant un maximum (Libye, Syrie par exemple).

    Et tout ça pourquoi ? Car les Etats-Unis orientent progressivement leur politique extérieure vers l'Asie et la Russie. Ces 2 pays sont (re)devenus leurs principaux concurrents et ceux qui font tourner la planète (en exagérant un peu). Voir comment faire D. Trump ? Avec la Russie, tout comme B.Obama, il est très tourné vers elle mais pas pour les mêmes raisons.

    L'Anonyme du jour

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  3. "Ces 2 pays sont (re)devenus leurs principaux concurrents et ceux qui font tourner la planète (en exagérant un peu)."

    Ah bon, la Russie est un nain économique...

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    1. La Russie est peut-être un nain économique (je pense que votre phrase relève de l'affirmatif)mais elle est très présente ces dernières années sur beaucoup de dossiers internationaux majeurs, non ?

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  4. Merci Laurent pour ce billet salutaire !
    Comme Trump l'a dit, environ 100 millions d'américains ne travaillent pas : ils sont même exclus des stat chômage, largement modifiées sous Bill Clinton, qui a masqué les effets néfaste du traité ALENA.
    Si on a pas cette donnée en tête, on ne peut pas comprendre l'élection de Trump.

    Quant à Obama, comme a dit un autre bloggeur que j'apprécie : "Obama, le meilleur président de l'histoire du golf".

    Olivier

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  5. On est surpris de voir que ni la Syrie ni l'Ukraine n'est mise au passif d'Obama par Laurent Herblay. Obama a été mis là à cause de la couleur de sa peau, ça faisait moderne et progressiste et cachait l'opération de sauvetage de l'oligarchie financière après la débâcle de 2008. Une opération du même genre a été essayée avec Hillary, une femme présidente comme ça aurait été chic! mais la ficelle était trop grosse et ça a foiré.

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  6. @ Anonyme éructant

    En effet, il y a quelques interventions en Syrie. Et on ne peut pas dire que l’intervention en Libye, dans un contexte proche, ait été une grande réussite. Le pays est dévasté et est devenu un terreau fertile pour Daech… Malheureusement, il n’y avait que des mauvaises solutions en Syrie, certaines l’étant plus que d’autres.

    Nain économique ? 6ème pays du monde à PPA, selon le FMI ou la Banque Mondiale…

    @ L’anonyme du jour

    Intéressant

    @ Olivier

    Merci

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  7. "elle est très présente ces dernières années sur beaucoup de dossiers internationaux majeurs, non ?"

    C'est vrai, tout comme un ivrogne cassant les tables du bistro fera la une des faits divers le lendemain de sa cuite pendant qu'il a sa gueule de bois. La Russie est depuis des décennies un pays d'ivrognes qui cherchent à se retrouver une fierté ratée qui les fait retomber toujours plus bas que terre.

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  8. Herblay éructant ses âneries...

    "6ème pays du monde à PPA"

    Le PIB de la Russie est à peine celui de l'Italie avec bien plus d'habitants et de fortes inégalités de revenus, les potes à Poutine squattant toutes les richesses, coef Gini, arrêtez vos conneries !

    https://www.google.fr/webhp?sourceid=chrome-instant&ion=1&espv=2&ie=UTF-8#q=pib%20russie

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