Billet invité de l’œil de Brutus
De par les conditions mêmes de sa
victoire aux primaires et les fondements de son programme,
la campagne de M. Fillon s’annonçait déjà comme délicate. Les
« affaires » de ces derniers jours n’ont fait qu’accroître la
tendance au désastre de l’ancien « collaborateur » du président
Sarkozy.
Cependant, tout le drame de cette
posture, consistant à s’accrocher vaille que vaille à la légalité, réside bien
dans le fait qu’elle marque le détachement complet des réalités auxquelles sont
confrontées les Français et de ce fait détruit définitivement toute légitimité tant de l’homme que de son
discours, de son programme. Que M. Fillon et ses affidés se montrent dans
l’incapacité de percevoir à quel point sa situation pose non pas un problème de
légalité mais un problème d’éthique politique et par là-même de légitimité en
dit long sur l’état de délabrement intellectuel et moral des dits
« Républicains ». Car il faut bien se rappeler que dans le même
moment où François Fillon salariait abondamment son épouse au frais de la
République, il déclarait celle-ci « en
faillite »[ii]. Car
alors-même que sont émis plus que des doutes sur la « productivité »
de la famille de M. Fillon dans les emplois qu’il leur a octroyé avec les
deniers de l’Etat, le programme de celui-ci consiste à mettre encore plus de
pression sur les fonctionnaires en supprimant pas moins de 500 000 postes
par le biais de « gains de productivités » (et étant donné les
conditions générales des agents des hôpitaux, de la police, des armées, du
corps enseignant, on se demande bien où l’on va pouvoir encore gagner en
productivité et en heures supplémentaires ![iii]).
Tout ceci alors même qu’au nom des équilibres budgétaires il veut externaliser
une bonne part de la sécurité sociale et contraindre donc l’immense majorité
des Français à cotiser davantage à des mutuelles privées dont on sait pertinent
qu’elles seront plus chères et moins efficaces que notre système de sécurité
sociale[iv].
Bref : l’austérité, c’est pour les autres, pas pour M. Fillon ni pour les
siens.
Mais il est un autre candidat
désormais bien discret sur ces contradictions qui consistent à exiger
l’austérité des autres tout en se montrant fort
dispendieux avec les deniers du contribuable : M. Macron. L’ancien ministre
de M. Hollande, si obsédé par les équilibres budgétaires lorsqu’il s’agit des
autres, en semble bien moins préoccupé lorsqu’il s’agit de
ses frais de représentation. Il faudra bien, en outre, à un moment donné
s’interroger sur l’origine
des moyens financiers qui lui permettent, sans être adossé à aucun parti
politique bénéficiant de fonds alloués, de mener une telle campagne tambours
battants.
Au-delà
même du non-sens économique de leurs programmes – qui ne sont que la
stricte continuité de quatre décennies de néolibéralisme – messieurs Fillon
et Macron consacrent l’aboutissement de l’aboutissement de la logique oligarchique libérale :
se servir au lieu de servir.
[i] Nonobstant
néanmoins ce qui pourrait
ressortir du fonctionnement de la société conseil crée par M. Fillon à la
veille de son élection en tant que député de Paris ou encore des soupçons de
détournement émanant de pratiques douteuses semble-t-il plus ou moins
généralisées au sein du Sénat. Lire Anne-Aël Durand, Les
cinq affaires Fillon pour ceux qui n’ont rien suivi, Le Monde, 02/02/2017.
[ii] Le 21
septembre 2007.
[iii] Il y
aurait certes très probablement d’importantes rationalisations à effectuer au
sein des collectivités locales. Mais pour ce faire, il faudrait remettre en
cause les principes de la décentralisation tels qu’ils se sont progressivement
appliqués depuis 30 ans. Ce que M. Fillon se garde bien de faire.
[iv] Une autre histoire
de la Sécurité sociale, Bernard Friot & Christine Jakse, Le Monde
diplomatique, dec-15.
Sécurité
Sociale: le risque de la privatisation, Elie Arié, Le Monde, 20-sept-10.
Santé
: c’est la privatisation qui coûte cher,
Noam Ambrourousi, Marianne, 12-déc-14.
Rajoutons que le programme de privatisation de François
Fillon fera la part belle aux lobbies de la santé … ceux-là même qui plombent
notre système de santé :
Labos-professions
de santé : 236 millions d’euros de cadeaux !, Clotilde Cadu, Marianne,
18-mars-15.
Médecins
: leurs liaisons dangereuses bientôt mises à nu, Clotilde Cadu, Marianne,
16-mars-15.
Lobbies
pharmaceutiques et Commission européenne : l'amour fou, Roger Lenglet,
Figarovox, 06-sept-15.
Fillon se la joue, depuis qu'il est retourné voir Sarkozy, "tolérance zéro" et sévérité judiciaire, allant jusqu'à ressortir la majorité pénale à 16 ans (mais sans l'associer au droit vote, évidemment)... Il n'a vraiment honte de rien, lui qui est irresponsable de tout à 62 ans.
RépondreSupprimerAvec de tels individus, nous sommes devenus la risée de la presse étrangère. Dans n'importe quel pays normal, ils aurait giclé en 48h00 pour moins que ça.
La fin du texte pose problème.
RépondreSupprimerLe cas Fillon n'est qu'un exemple...On ne voit aucun député proposer un véritable contrôle de cet argent mystérieux...Aucune limite!!!!Et aucun député ne propose un statut d'attaché parlementaire...Et qui est en première ligne de ces silences??La majorité!!!Elle est comment la majorité???LR ou PS????
RépondreSupprimerDeuxième point ...Quels sont les partis qui au lendemain des abus Fillon se sont mis à balayer devant leur porte???Note représentation Nationale est hors sol...On comprend pourquoi la France est confiée à Merkel!!!
"Que M. Fillon et ses affidés se montrent dans l’incapacité de percevoir à quel point sa situation pose non pas un problème de légalité mais un problème d’éthique politique et par là-même de légitimité en dit long sur l’état de délabrement intellectuel et moral des dits « Républicains »."
RépondreSupprimerIl faut comprendre un truc sur les hommes politiques à ce niveau (droite, centre, gauche) : ils s'en contre-fichent de l'éthique politique ! Pour arriver à ce niveau et s'y maintenir pendant des décennies, il faut être l'inverse de quelqu'un d'éthique. La seule règle qui vaille c'est arriver au pouvoir et écraser l'autre.
A ce niveau, tout n'est que posture, jeux de pouvoir et communication. Avec un objectif affiché par les politiques de tout bord : l'austérité, l'Union Euorpéenne et le libéralisme à tout va.
Il faut quand même se mettre dans la tête une bonne fois pour toute qu'à ce niveau, ce sont des âmes damnées et qu'ils n'obéissent tous qu'à la voix de leur maître. Avec quelques variantes, pour faire croire au pluralisme.
***Jacko***
L’austérité pourquoi faire? On dirait que c'est une mode alors que ce n'est qu'un puits sans fond! Et certain veulent être élue pour ne pas la subir!
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