lundi 14 août 2017

Guilluy, théoricien de la fracture de nos sociétés

Des essais que j’ai lus, « la France périphérique » restera probablement une référence, une contribution majeure à l’analyse de la crise que traverse notre pays, mais aussi l’ensemble des pays dits occidentaux, en synthétisant économie, politique et géographie. Guilluy est un auteur qu’il faut avoir lu pour toute personne intéressée par la chose publique. Retour sur les comptes-rendus de ses livres.



Voir, ou refuser de voir la fracture de nos sociétés

Après le Brexit, l’élection de Trump, et l’accession de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, où, à chaque fois, les classes populaires autochtones ont voté contre la parole dominante métropolitaine, les livres de Guilluy devraient encombrer les devantures des librairies, et les média devraient se battre pour le faire parler. Dès 2014, il avait compris les ressorts de ces trois élections clés des derniers mois, prophétisant même certaines évolutions plus difficilement décernables à l’époque. Mais la pensée de Guilluy semble être taboue et suscite des réactions d’une hostilité parfois violente, qui m’a imposé, chose rarissime depuis plus de 10 ans, de suspendre la libre parution des commentaires.

Il est normal de débattre, y compris de manière parfois un peu vive. J’en ai l’habitude, sur une multitude de sujets, de la loi Taubira, que j’ai soutenue, à l’immigration, en passant par le FN. Mais il est tout de même très surprenant pour moi que les comptes-rendus sur les livres de Guilluy aient déclenché de telles hostilités, un tel rejet viscéral, agressif et non véritablement factuel. Les quelques contradictions pseudo-scientifiques échouant le plus souvent à côté ou déformant outrageusement les propos de l’auteur. De manière ironique, cela illustre la thèse de Guilluy d’une France d’en haut méprisante et adepte de postures moralisantes : on peut penser que ces réactions ont probablement nourri sa pensée.

Guilluy voit juste dans la fracture territoriale grandissante de notre pays, notamment entre ceux qui profitent de la globalisation et habitent souvent dans les métropoles, et ceux, majoritaires, de plus en plus relégués dans la périphérie et qui en souffrent. Il voit aussi juste dans le roman qui se construit dans ces métropoles, cette représentation fausse de la réalité de leur propre pays, cet oubli de la majorité, que l’on distingue cruellement bien dans la fabrique de l’information, souvent déconnectée de la vie de la majorité. Je pense toujours que cette fausse représentation se construit de manière inconsciente, bien des phénomènes l’expliquant, de la révolution numérique à l’explosion des inégalités.

Guilluy a bien anticipé le succès de Macron et le rapprochement du centre-gauche et du centre-droit. C’est pourquoi il est inquiétant de lire sous sa plume sa crainte d’un basculement droitier des classes populaires sur les questions économiques, qui rejoint l’analyse de Généreux. Après tout, c’est aussi ce qui s’est passé dans les pays anglo-saxons, même si, dernièrement, de vrais progressistes ont fini par casser le consensus ultralibéral. L’évolution des plaques tectoniques politiques de notre pays semble malheureusement confirmer son intuition. Il faut espérer que nous y échapperons, afin que 2022 ne marque pas une nouvelle dérive droitière, qui poursuivrait les évolutions des dernières années.

Finalement, ce qui ressort de la lecture de ces livres, c’est une envie d’entendre ce que pense Christophe Guilluy aujourd’hui, de la victoire de Macron, et l’évolution du débat politique. Nul doute que ses analyses nourriraient de manière utile le débat public. Plus encore, il serait passionant de pouvoir échanger avec lui sur les moyens de sortir notre pays de l’impasse. Merci pour tout.


J’ai entamé la lecture de « Dans quelle France on vit » d’Anne Nivat, qui me semble un bon prolongement

18 commentaires:

  1. "où, à chaque fois, les classes populaires autochtones ont voté contre la parole dominante métropolitaine"

    Pas du tout, dans le cas de Trump aux US:

    "En termes de revenus, ont peut constater que ce sont majoritairement les personnes de classe sociale aisée qui ont penché pour le milliardaire. Il a en effet obtenu 49% des suffrages parmi ceux gagnant plus de 50.000 dollars par an (environ 46.000 euros), contre 47% pour son adversaire."

    http://www.capital.fr/economie-politique/mais-qui-sont-ces-americains-qui-ont-elu-donald-trump-1184079

    "De manière ironique, cela illustre la thèse de Guilluy d’une France d’en haut méprisante et adepte de postures moralisantes"

    Ça démontre que Guilly considère qu'il n'a pas à argumenter sur le fond scientifique des critiques faites à son étude et qu'il ne fait à celles ci qu'une réponse de procès d'intention sans fondement technique. Ça s'appelle botter en touche...

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    1. « Guilly considère qu'il n'a pas à argumenter sur le fond scientifique des critiques faites à son étude et qu'il ne fait à celles ci qu'une réponse de procès d'intention sans fondement technique. »

      Sauf que lorsque qu'un article mélange, comme celui d'Olivier Galland, directeur de recherche au CNRS, les critiques méthodologiques et les procès d'intention idéologiques qui ne tiennent aucun compte des références politiques et intellectuelles revendiquées ouvertement par l'auteur (« On n’est pas très éloigné de la thématique de la préférence nationale du Front National. L’auteur se garde bien d’être explicite […] »), Christophe Guilluy est parfaitement fondé à refuser de s'engager dans un procès en sorcellerie où il jouerait le rôle de l'accusé et son interlocuteur celui de l'inquisiteur (voir https://www.telos-eu.com/fr/societe/christophe-guilluy-et-la-france-peripherique.html).

      C'est ce mélange des genres qui a rendu le débat impossible. Olivier Bouba-Olga, professeur de sciences économiques à l’université de Poitiers, oriente vers le papier de Galland dans un billet intitulé : « La France périphérique ? Christophe Guilluy raconte n’importe quoi… » (http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2016/12/17/la-france-peripherique-christophe-guilluy-raconte-nimporte-quoi/). On est totalement, avec des attaques de ce type, hors des cadres habituels du débat scientifique. C'est le droit le plus strict de Galland et Bouba-Olga de ne pas considérer Guilluy comme un savant, mais dans ce cas, il ne doivent pas lui reprocher de ne pas s'engager dans un débat censé être savant. Ils lui ont d'emblée ôté toute signification.

      Et pour ce qui est du vote populaire aux États-Unis, le fait que beaucoup de nantis aient voté Trump ne signifie en rien que les classes populaires aient voté massivement Clinton. Le vote populaire est en fait, le plus souvent, un non-vote, parce que les pauvres s'abstiennent, tout simplement.

      YPB

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  2. "Christophe Guilluy est parfaitement fondé à refuser de s'engager dans un procès en sorcellerie"

    C'est pourtant très précisément ce qu'il fait, puisqu'il se garde bien de produire toute réponse de type technique, alors que c'est la pratique incontournable dans tout domaine scientifique, à défaut de quoi il ne s'agit plus de science mais d'idéologie.

    Ceci étant, le vote Trump aboutit à d'assez mauvais résultats et le Brexit commence à partir en eau de boudin, ce qui pourrait vacciner les électeurs qui votent en faveur de ce genre d'aventures plus que douteuses :

    "La confiance des consommateurs britanniques est en baisse et les dépenses au deuxième trimestre de cette année ont chuté à leur plus bas niveau en quatre ans. Les ventes de voitures neuves sont en baisse depuis quatre mois d'affilée. La BoE prévoit une énorme baisse de 20 % des investissements des entreprises dans les années à venir, alors que les partisans du Brexit prédisent le contraire."

    "Ce que disait feu le grand économiste du MIT Rudi Dornbusch (et qu'ont dit la plupart des experts parmi les experts), au sujet de la crise du peso mexicain dans les années 1990, s'applique également aux dégâts du Brexit."

    https://www.project-syndicate.org/commentary/economists-right-about-brexit-impact-by-barry-eichengreen-2017-08/french

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    1. Condamner les thèses de Guilluy parce qu'elles ont comme un air de famille avec les idées du FN, ce n'est pas non plus une réponse de type technique et ce procès a été engagé dès la réception de ses études. Or, si les travaux de Guilluy avaient été vraiment si nuls, il aurait du être facile de le démontrer sans brandir l'épouvantail du FN. La possibilité du débat scientifique a été niée par ceux-là même qui prétendaient vouloir l'engager. Guilluy aurait pu bien sûr débattre avec ceux qui ne lui adressaient que des critiques purement méthodologiques, mais malheureusement leur voix a été étouffée dans la polémique par celle des idéologues.

      Je veux bien considérer Rudiger Dornbusch comme une référence en matière monétaire : c'était une pointure. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je l'avais nommé il y a quelques mois parmi les critiques les plus acerbes de l'idée qui a donné naissance à l'euro. On me pardonnera de me citer :

      « Les réflexions faites en 1996 par Rudiger Dornbusch, ancien doctorant de Mundell à Chicago, sur la future union monétaire, méritent tout autant le détour : voir son article intitulé "Euro Fantaisies : Common Currency as Panacea", Foreign Affairs, Vol. 75, N. 5, septembre/octobre 1996 (je ne donne pas le lien car l'article est en accès réservé, mais rien que la conclusion vaut les quelques dollars à payer pour le télécharger : "If there was ever a bad idea, emu is it"). » Voir http://www.gaullistelibre.com/2017/04/euro-quand-les-prix-nobel-qui-font-de.html?showComment=1492808664841#c692051494195007680.

      Mais quelque chose me dit que ceux qui approuvent Eichengreen de citer Dornbusch sur la crise du peso et d'appliquer son jugement à la condamnation du Brexit se garderont tout de même de faire du même Dornbusch un oracle de l'échec final de l'euro…

      YPB

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  3. "Condamner les thèses de Guilluy parce qu'elles ont comme un air de famille avec les idées du FN"

    Non, il y a eu d'abord la démonstration de la critique technique, puis le corollaire qui s'en déduisait que la la thèse de Guilly renforce de surcroît celle du FN. N'inversez pas la chronologie...

    "Or, si les travaux de Guilluy avaient été vraiment si nuls, il aurait du être facile de le démontrer"

    Peu importe qu'une démonstration soit facile ou pas, ce qui compte est sa véracité. Et en vertu de quoi il ne faudrait pas faire de rapprochement avec les thèses du FN, si il se trouve que ces dernières sont renforcées par les thèses de Guilluy ?

    Ceux qui dénoncent le néolibéralisme( Sapir, Lordon...) ne se gênent pas pour produire des critiques techniques et faire ensuite des rapprochements avec des partis politique qui promeuvent le néolibéralisme.

    "Guilluy aurait pu bien sûr débattre avec ceux qui ne lui adressaient que des critiques purement méthodologiques, mais malheureusement leur voix a été étouffée dans la polémique par celle des idéologues."

    Eh bien c'était l'occasion pour Guilly de publier ses contre arguments adressés aux critiques, produites par des idéologues ou pas, là n'est pas le problème. C'est vous et Guilluy qui réduisez la controverse au seul aspect idéologique, alors que ce n'est pas du tout le cas, ce qui démontre que seul vous intéresse l'idéologie, car bien en peine de produire une contre-critique technique.

    "C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je l'avais nommé il y a quelques mois parmi les critiques les plus acerbes de l'idée qui a donné naissance à l'euro."

    Sauf que l'Euro est une construction politique et que Dornbusch n'est pas un politologue, ni un historien. Les constructions politiques précèdent le fonctionnement monétaire et économique, ça a été le cas aux USA avec le dollar monnaie unique qui est apparu bien après l'unification des USA.

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  4. J'ai écrit précisément qu'il n'était pas nécessaire d'engager un procès politique contre Guilluy pour réfuter ses méthodes, et non pas que s'il était facile de le réfuter cela aurait déjà été fait. Je me suis référé dans un post publié ici le 12 août à des travaux qui critiquaient la méthodologie de Guilluy sans faire nécessairement allusion à de quelconques arrière-pensées politiques. Et si, le problème est bien de savoir si le débat est strictement scientifique ou pas, pour savoir de quoi l'on parle tout simplement et avec qui : en l'occurrence, critiques méthodologiques et procès en sorcellerie ont été associés dès le début de la polémique.

    Il suffit d'analyser comment, dès septembre 2014, les thèses de La France périphériques sont présentées par Stéphane Cordobès, géographe, expert en prospective territoriale et urbaine (http://www.espacestemps.net/articles/les-dangers-du-populisme-geographique/) :

    - « Il [Christophe Guilluy] verse dans un radicalisme politique délétère qui écarte toute possibilité de penser et construire collectivement des solutions pour répondre à ces problèmes socio-spatiaux, et ce de manière conforme à notre idéal républicain et démocratique. ». Personne de sérieux ne prendra cette entrée en matière pour autre chose qu'une mise en cause idéologique (de plus, le prétendu "radicalisme politique délétère", c'est pour l'essentiel en fait la pensée critique d'un Jean-Claude Michéa, grand ennemi de notre idéal républicain et démocratique, comme chacun le sait…).

    - « Si l’auteur prend à certains endroits ses distances avec le Front national, nul doute que l’ensemble de ses affirmations est proche de l’idéologie frontiste et propice à la consolider. ». Pourquoi Guilluy se donnerait-il encore la peine de se justifier pour se distinguer du FN, puisqu'on lui fait savoir qu'on ne tiendra aucun compte de ses dénégations (à moins de considérer l'expression « nul doute » comme une invitation au débat ?).

    Votre remarque sur Dornbusch illustre exactement ce à quoi je m'attendais : citons-le sur le peso mais ignorons-le sur l'euro… Il n'est ni historien ni politologue ? Comme si les historiens ou les politologues étaient forcément plus compétents sur la question de l'euro ? Je crois à l'intérêt sur cette question d'une approche pluridisciplinaire. Mais à une seule condition : ne pas méconnaître des données économiques fondamentales. Quant à dire que les constructions politiques précèdent le fonctionnement monétaire et économique, avec pour preuve les États-Unis, ce ne serait un argument valide que si l'eurozone était une construction politique comparable aux États-Unis, ce qui n'est évidemment pas le cas… comme tout historien ou politologue serait à même de le signaler. Ou tout simplement un certain Jacques Delors, qui répondait ainsi à la question de savoir si l'on n'avait pas mis la charrue avant les bœufs en réalisant l'Europe monétaire avant l'Europe politique : « Faire l’Europe politique, c’est-à-dire mettre en place un gouvernement fédéral, n’aurait jamais fait consensus au sein des pays membres de la Communauté européenne. » (http://www.sudouest.fr/2010/06/08/jacques-delors-et-la-crise-de-l-euro-nous-n-avons-pas-ete-a-la-hauteur-111468-730.php). Donc l'Europe n'était pas lors de la création de l'euro – et n'est toujours pas d'ailleurs –une vraie construction politique dotée des instruments nécessaires au fonctionnement de l'union monétaire, en premier lieu un budget fédéral suffisant, etc. Mais vous n'êtes pas obligé d'être d'accord avec Delors…

    YPB

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  5. "critiques méthodologiques et procès en sorcellerie"

    Non, ce n'est pas un procès en sorcellerie, c'est une corrélation entre une étude et le point de vue du FN. C'est vous qui diabolisez pour essayer de faire croire que les études critiques sont disqualifiées du fait qu'elles rappellent les positions du FN. Ce qui est parfaitement légitime dans un débat, d'autant plus que le FN vante lui même cette corrélation pour son propre compte. En fait, vous voulez censurer tout débat...

    "Personne de sérieux ne prendra cette entrée en matière pour autre chose qu'une mise en cause idéologique"

    En matière de sérieux, vous n'avez pas de leçon à donner, car vos arguments sont complètement biaisés.

    "l'Europe n'était pas lors de la création de l'euro – et n'est toujours pas d'ailleurs –une vraie construction politique dotée des instruments nécessaires au fonctionnement de l'union monétaire, en premier lieu un budget fédéral suffisant"

    Bien sûr que si qu'il s'agit d'une construction politique, et cela depuis le début de sa conception après guerre pour éviter une nouvelle guerre, il s'agit même d'une conception géopolitique. Les aspects de sa construction économique sont la conséquence de cette conception politique qui est un volonté commune, peu importe les détails techniques économiques qui différencient USA de l'UE, et qui ont évolué en permanence pour les deux.

    La création des USA était aussi issue d'une volonté politique de ses habitants, se séparer de la GB, les aspects techniques et institutions économiques ont évolué par la suite en permanence. Tout historien le sait, sauf vous qui n'êtes pas historien manifestement.

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    1. « Tout historien le sait, sauf vous qui n'êtes pas historien manifestement. »

      Je vous laisse fantasmer à ce sujet. Commencez donc par donner vos références, puisque vous m'attaquez sur ce point, qu'on rigole un peu. Mais vous êtes censé savoir que nous sommes sur Internet et que cela ne vaudra rien.

      Qui a contesté que les États-Unis soient nés d'une volonté politique d'émancipation de la GB et que leurs institutions aient évolué ? Comment comptez-vous me réfuter en attaquant un argument que je n'ai pas utilisé ? Je dis simplement vous ne pouvez pas comparer ce que sont en tant qu'entité politique les États-Unis au moment de la création du dollar et l'Union européenne au moment de la mise en place de l'euro. Les observateurs américains notamment ont été, dès l'origine de l'euro, très sceptiques sur les chances de succès d'une monnaie ainsi dissociée de l'existence des structures politiques susceptibles de la faire vivre, et en premier lieu l'existence d'un vrai budget fédéral digne de ce nom autorisant une solidarité entre membres de l'Union. Vous attribuez sans doute leur doutes à leur ignorance de l'histoire américaine ? Mais c'était déjà aussi la certitude qu'avait acquise le Président de la Commission européenne, Roy Jenkins, lorsqu'il avait commencé à réfléchir, dans les années 70, sur les conditions possibles d'une union monétaire : il avait lié impérativement cette proposition à la création d'un budget fédéral d'au moins 10 % du PIB des membres de l'union monétaire. Faut-il rappeler qu'on en est bien loin ?

      Aujourd'hui, les économistes qui défendent l'idée qu'il faut tout faire pour sauver l'euro soulignent l'importance des réformes à mettre en œuvre pour rendre enfin viable une zone euro qui ne l'était pas à sa naissance et ne l'est toujours pas. La bibliographie sur cette question est surabondante et vos propos nous apprennent seulement que vous ne la connaissez pas. Libre à vous de prendre les eurosceptiques pour des bouffons. Mais si vous faites ensuite passer leurs contradicteurs, ceux qui, par crainte d'une fin cataclysmique de l'euro, signalent qu'il faut transformer rapidement l'union monétaire de fond en comble, parce qu'elle est dysfonctionnelle depuis l'origine et continue à l'être – pour des incapables, d'autant moins compétents pour parler de l'euro qu'ils ne sont qu'économistes, il vous reste quoi comme solution ? On fait quelques réformettes et les problèmes sont réglés ? Même les plus optimistes ne soutiennent pas un tel scénario, alors que dire des pessimistes (http://www.bradford-delong.com/2016/06/in-which-i-call-for-academic-scribblers-and-funct-economists-to-enter-into-utopian-frenzy-with-respect-to-the-institutional-d.html) ? Vous confondez deux idées : que l'euro ait été mis en place pour accélérer l'union politique (qu'il puisse favoriser à court terme l'émergence des conditions de sa viabilité si tout se passe bien ; or, on sait que tel n'a pas été le cas) et que l'euro ait été doté dès sa création – comme l'était pour l'essentiel le dollar – des conditions politiques de sa viabilité (ce qu'aucun des promoteurs de l'euro, Delors en tête, n'ose plus prétendre aujourd'hui).

      Quant à la légitimité du procès intenté à Guilluy, vous vous contentez de tourner en rond en me retournant avec des pseudo-arguments puérils du genre « c'est celui qui dit qui l'est », alors que la virulence même des propos que j'ai cités est suffisamment éclairante sur les motifs qui ont pu pousser Guilluy à refuser un dialogue qui, en fait, ne lui était pas vraiment proposé. Vous ne savez tout simplement pas ce qu'est un débat scientifique.

      YPB

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  6. @ Anonyme

    Encore une démonstration qui tombe à l’eau… Je dis que le vote des classes populaires autochtones contre la parole dominante métropolitaine (pro-TCE, pro-Remain, pro-Clinton) et vous contestez en répondant à côté que les classes aisées ont légèrement préféré Trump à Clinton (soit dit-en passant, cela est dans la marge d’erreur des sondages à 49-47, et ce n’est pas cette différence qui a fait basculer l’élection, vu leur poids numérique), tout en montrant un lien qui indique que 58% des caucasiens ont voté Trump contre 37% Clinton, ce qui illustre ma thèse… C’est le vote des classes populaires blanches qui a fait basculer l’élection, notamment dans des Etats du Nord-Est.

    Guilluy aurait à produire des réponses techniques ? Mais à quoi ? Les liens que vous avez indiqués ne renvoient parfois même pas à des papiers sur Guilluy et aucun ne comporte la moindre citation et plusieurs relèvent du procès d’intention et de la déformation de ses propos (péri-urbains vs périphérique notamment).

    Sur le Brexit, on verra dans 5 ans. En tout cas, comme vous nous l’avez rappelé, les prévisions des pro-Remain au lendemain du Brexit ne se sont pas réalisées et les prévisions de croissance de la GB restent très proches de celles de l’UE pour 2017, contrairement à leurs prévisions. Alors, les nouvelles prévisions des mêmes personnes…

    @ YPB

    Un grand merci !

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  7. "ce n’est pas cette différence qui a fait basculer l’élection, vu leur poids numérique"

    Ah si, car grosse abstention:
    "Une participation de 54,2 %, au plus bas depuis 2000"

    "Les ouvriers blancs notamment semblent s’être abstenus de manière significative par endroits, comme dans le Midwest, où ils votaient traditionnellement démocrate."

    https://www.humanite.fr/la-surprise-trump-cocktail-explosif-dabstention-et-de-vote-sanction-620173

    Votre réponse fait pschiiit !

    "Les liens que vous avez indiqués ne renvoient parfois même pas à des papiers sur Guilluy"

    C'est faux, ils décortiquent toute sa pseudo méthodologie.

    "de la déformation de ses propos (péri-urbains vs périphérique notamment).

    Faux, c'est sa pierre d'achoppement centrale de construction méthodologique.

    Tous les lecteurs attentifs verront que vous êtes dans le déni.

    "les prévisions des pro-Remain au lendemain du Brexit ne se sont pas réalisées"

    Faux, les avis étaient divers, il n'y avait pas d'unanimité des remainer concernant la diachronicité du phénomène post Brexit, pour la simple raison évidente qu'il n'y a toujours pas de Brexit tant que les négociations ne sont pas terminées et actées.

    Votre mauvaise foi délirante dépasse celle des dirigeants du FN ou de DLR, c'est pas peu dire, qui même eux commencent à ouvrir les yeux et ont fait du rétropédalage sur leurs programmes.

    Vous êtes un petit plaisantin et tout le monde s'en rend compte, même DLF qui vous a viré comme un casse pied borné sans intérêt qui ne représente rien sur le plan politique ou en termes de compréhension économique.


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    1. La confusion que vous attribuez à Guilluy se fonde sur une certaine réalité, mais vous en caricaturez la portée. « Périphérique » signifie pour Guilluy : à l'écart des processus de métropolisation qui caractérisent en gros les 25 premières agglomérations françaises. C'est tout. On lui a reproché par contre, à juste titre à mon sens, le caractère de fourre-tout de ce concept. Cette catégorie finit ainsi par inclure aussi bien de gros bourgs en milieu rural, des banlieues (là, on peut parler de périurbain), et des villes moyennes bien peuplées, riches en services de niveau supérieur.

      Votre critique est d'autant plus amusante (oui, j'ai décidé d'en voir les bons côtés) qu'un auteur comme Aliette Roux, que j'ai citée dans d'autres posts (« Christophe Guilluy géographe ? Cinq rappels de méthodologie scientifique », eso, travaux & documents, n°41, octobre 2016, p. 15-25), n'est pas tendre avec le concept de France « périphérique ». Mais elle ne reproche pas tant à Guilluy une confusion qu'une définition floue par défaut : est périphérique tout ce qui ne participe pas de la « centralité » métropolitaine.

      Les avis des « remainers » sur les conséquences du Brexit étaient divers ? Pas tant que ça à ma connaissance, et j'aimerais aussi vous voir apporter la preuve du contraire. Pour ce que j'en ai lu, le catastrophisme dominait fortement chez les partisans de l'Europe à propos des conséquences d'un VOTE contre l'Europe et pas seulement d'une sortie à terme, des années éventuellement après le vote. Cela a donné naissance en réaction à une dénonciation vigoureuse par leurs adversaires – qui n'étaient pas en reste en matière de prévisions catastrophistes en cas de victoire du « remain » – de cette campagne de « fear-mongering » (http://www.telegraph.co.uk/news/2016/06/20/eu-referendum-a-timeline-of-remains-project-fear-campaign/ ; ou http://www.express.co.uk/news/politics/792928/Remainers-Project-Fear-Brexit-campaign-remain ou encore https://www.conservativehome.com/thetorydiary/2016/10/confirmed-the-treasurys-prediction-of-a-leave-vote-causing-instant-recession-was-wrong.html).

      Il se trouve que c'était simplement le discours officiel. George Osborne avait ainsi déclaré que l'éventualité d'une victoire du rejet de l'Europe déboucherait sur « an immediate and profound shock to our economy », rapport de son ministère à l'appui (https://www.gov.uk/government/publications/hm-treasury-analysis-the-immediate-economic-impact-of-leaving-the-eu). En voici l'introduction :

      « This document assesses the immediate economic impact of a vote for the UK to leave the EU.

      A vote to leave would cause a profound economic shock creating instability and uncertainty which would be compounded by the complex and interdependent negotiations that would follow. The central conclusion of the analysis is that the effect of this profound shock would be to push the UK into recession and lead to a sharp rise in unemployment. »

      Je pense que vous savez lire ? IMMEDIATE economic impact of a VOTE… Il ne s'agit pas d'effrayer avec les conséquences de la sortie, après des années de négociation, mais bien de faire peur avec les conséquences immédiates du vote.

      YPB

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  8. "les prévisions de croissance de la GB restent très proches de celles de l’UE pour 2017"

    Une croissance dopée par les crédits privés entraînant une inflation forte que la BoE va stopper net en montant les taux cette année et paf, la consommation, le PIB en berne.

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  9. Je n'ai pas lu les livres de Guilly. Je ne conteste pas qu'ils soient manifestement intéressants, même si j'aurais tendance à penser qu'ils révèlent finalement peu de choses jusqu'ici inconnues.

    Je ne comprends ceci dit pas le titre de ce dernier opus, "le crépuscule de la France d'en haut".

    Ce serait être optimiste que de prédire son crépuscule, tant cette élite néolibérale a fait engendré d'évolutions négatives (inégalités, surconsommation, pollutions...). Or, Laurent, tu dis justement que Guilly est plutôt pessimiste et prévoit une dérive droitière des classes populaires... Où est-donc le crépuscule alors?

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  10. http://www.jovanovic.com/blog.htm

    " DICTATURE BANCAIRE: NOUVEAU PROJET DE LOI POUR VOUS INTERDIRE DE RETIRER VOTRE ARGENT
    du 31 juillet au 5 août 2017 : Les dates ne sont jamais innocentes: un vendredi 28 juillet... lorsque 500 millions de citoyens européens ont la tête ailleurs, en se préparant soit à partir en vacances soit à en revenir.

    C'est le fameux croisement entre « juilletistes » et « aoûtistes », la seule période de l'année où vous avez encore moins de monde à l'écoute qu'entre Noël et le Jour de l'An.

    Une dépêche de l'agence Reuters est tombaée laconiquement sur les écrans et disait (comme s'il s'agissait d'une information sans grande importance) que l'Union Européenne veut qu'une loi soit votée rapidement afin d'INTERDIRE AUX CITOYENS DE SE RENDRE A LEUR BANQUE POUR RETIRER LEUR ARGENT EN CAS DE RUMEURS DE SA FAILLITE."

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  11. De plus en plus de pays vont devenir inhabitables : le réchauffement climatique va pousser des peuples d'Afrique et des peuples d'Asie du sud à fuir la chaleur suffocante.

    Ils remonteront vers le nord : vers la Russie, et aussi vers l'Europe.

    Le réchauffement climatique va causer la dislocation de nos sociétés.

    Deux informations essentielles :

    Jeudi 3 août 2017 :

    Climat : une partie de l'Asie bientôt inhabitable.

    Une étude montre que le réchauffement climatique risque de rendre inhabitable l'Asie du Sud-Est. Un cinquième de la population mondiale y vit.

    Une chaleur si moite, si étouffante qu'il sera impossible d'y survivre sans protection. C'est ce qui attend le sud de l'Asie d'ici 2100 si rien n'est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, selon une étude réalisée par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de l’université Loyola Marymount à Los Angeles.

    http://www.francetvinfo.fr/meteo/canicule/climat-une-partie-de-l-asie-bientot-inhabitable_2312093.html

    Jeudi 10 août 2017 :

    Depuis 1880 et le début des relevés de températures, il n'a jamais fait aussi chaud sur Terre qu'en 2016, selon un rapport publié jeudi.

    Sale temps pour la planète. Le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris était déjà une mauvaise nouvelle. Le dernier rapport annuel sur l'état du climat, publié jeudi 10 août par l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) et l'American Meteorological Society (AMS), alourdit un peu plus le bilan. Les températures et les émissions de gaz à effets de serre ont atteint des niveaux sans précédent en 2016, selon ce document de 300 pages (en anglais) auquel ont contribué près de 500 scientifiques de plus de 60 pays. Le document pointe aussi la montée du niveau des océans.

    Depuis 1880 et le début des relevés de températures, il n'a jamais fait aussi chaud sur Terre qu'en 2016. Les scientifiques citent le cas de l'Inde, qui a connu une vague de chaleur sans précédent avec un mercure affichant plus de 44 °C pendant une semaine.

    http://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/video-2016-une-annee-dans-le-rouge-pour-le-climat_2323591.html

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  12. "De plus en plus de pays vont devenir inhabitables : le réchauffement climatique va pousser des peuples d'Afrique et des peuples d'Asie du sud à fuir la chaleur suffocante."

    C'est le plus probable si rien n'est fait massivement dans les 3 ans qui viennent :

    http://www.lejdd.fr/societe/rechauffement-climatique-pour-jean-jouzel-climatologue-nous-navons-que-trois-ans-pour-agir-3409817

    C'est pour ça que toutes les lubies des souverainistes et autres nationaliste arriérés sont complètements débiles et irresponsables.

    Une UE réformée, arrêtant de pinailler sur les dettes et faisant un massif plan de transition énergétique relancerait l'emploi et surtout serait un leader mondial pour lutter contre le réchauffement climatique, entraînant dans son sillage les USA débarrassés du paranoïaque Trump, l'Inde, la Chine, l'Afrique, la Russie débarrassée de Poutine.

    Un budget de 1000 milliards d'Euros annuel doit être financé en grande partie par la BCE via la BEI pour créer un new deal vert.

    Si ce n'est pas fait, la crise de l'UE ou les guerres du proche orient, ainsi que celles passées de 14-18 et de 39-45, paraitront des promenades de santé à côté des centaines de millions de morts et réfugiés que provoquera le réchauffement climatique, et c'est pas des cabanes de douaniers qui empêcheront les tsunamis migratoires, qui ne seront même pas empêchés à coups de mitrailleuses et de bombardements massifs, entraînant des risques de conflit chimiques, bactériologiques et nucléaires à l'échelle planétaire.

    A défaut de quoi, la terre connaîtra une extinction massive du vivant équivalente aux deux précédentes liées aux météorites ou éruptions volcaniques pendants des dizaines de millénaires. Mais cette fois, c'est l'activité humaine qui en sera la cause.

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  13. @ Troll

    1- Je vous dis que les classes populaires blanches ont fait basculer l’élection aux USA. Vous me répondez que les classes supérieures ont voté 49-47 pour Trump. Je vous réponds que ce n’est pas cela qui a fait la différence « vu leur poids numérique », et étant donné que nous sommes dans la marge d’erreur des sondages et je vous renvoie au 58-37 des blancs en faveur de Trump. Vous me répondez que les ouvriers blancs ont peu voté. Je ne vois pas en quoi ma réponse fait pschitt, en revanche, ce qui apparaît, c’est votre caractère de politicien de bas étage.

    2- Sur les liens que vous indiquez : le 2 août, dans le premier papier, vous renvoyez vers un papier d’Olivier Bouba-Olga qui critiquait une note de France Stratégie

    3- Avis divers des Remain ? Je veux bien des sources.

    4- C’est moi qui aie quitté DLF… Décidément, vous et les faits, cela fait deux.

    @ YPB

    Merci

    @ Vincent

    En effet, le terme crépuscule reste un peu mystérieux. Cela renvoie-t-il à son inconscience, à sa fermeture d’esprit, à son inconscience devant les dysfonctionnements actuels ? Je dirais, un peu de tout cela.

    @ Anonyme 18h17

    L’UE qui ferait de l’Europe un leader mondial pour lutter contre le réchauffement climatique ? Sauf qu’elle fait l’inverse. Nous étions les leaders mondiaux des panneaux solaires au début des années 2000. Les pays asiatiques nous ont remplacé du fait des différences de politiques commerciales. Nous devons faire comme avec Airbus, une coopération entre Etats, sans instance centrale.

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  14. Là ce n'est pas du complotisme comme nous en accusent certains de nos adversaires, par ce lien on voit bien la volonté de certaines élites d'abolir les souverainetés nationales et d'arriver à un "gouvernement mondial".
    Cela est fait bien évidemment de façon insidieuse, présentée dans l'intérêt du monde et avec une pétition.
    Mais ceux qui voient clair ne sont pas dupes.
    http://fr.unpacampaign.org/projet/

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