samedi 12 août 2017

La vision très noire de Guilluy

Peut-être plus encore que « la France périphérique », le dernier livre de Christophe Guilluy est assez noir. En développant sa pensée et l’enrichissant de développement bien vus, dont certains seront familiers aux lecteurs du blog, son discours peut devenir très pessimiste, un peu comme Natacha Polony, au point que parfois, j’ai même tendance à penser qu’il l’est un peu trop.



Entre impasse politique et issue inquiétante

Guilluy constate avec effaramment le décalage entre l’opinion public et les politiques menées, en rappellant par exemple que Macron, embrayant sur le discours du Medef en 2015, avait déclaré : « l’arrivée de réfugiés est une opportunité économique. Et tant pis si la mesure n’est pas populaire ! ». En fait, même s’il ne va pas jusqu’à le dire, la situation qu’il décrit semble insoluble. Il évoque « l’échec rententissant de la gauche de la gauche en milieu populaire ». Il rappelle qu’aux régionales, 67% des chômeurs se sont abstenus, et 33% de ceux qui ont voté ont choisi le FN, comme 55% des ouvriers (18% pour LR, PS, FG et EELV réunis). PS et LR « ne sont désormais soutenus que par les gagnants de la mondialisation ou ceux qui en sont protégés ». En 2015, 45% des classes populaires ont voté FN.

L’impasse actuelle provoque selon lui bien des réflexes inquiétants. Il évoque la tentation anti-démocratique des élites après 2005, déjà évoquée par d’autres, comme Todd. Et il pense que si 91% des Français sont d’accord pour dire que les différences de revenus sont trop importantes, il y a un risque de basculement sur des solidarités plus communautaristes et que « les classes populaires soient désormais travaillées par les ressorts inégalitaires imposés par une société libérale mondialisée », comme Jacques Généreux. Pour lui, « l’attachement à la démocratie décline dans les milieux populaires et dans la jeunesse », près de 40% affirmant que « d’autres systèmes politiques peuvent être aussi bons que la démocratie », ce qui explique en partie la fascination pour des régimes profondément autoritaire.

Il cite Jean-Pierre Le Geoff dans « Malaise dans la démocratie », « les logiques de marché ont influencé l’ensemble des activités sociales et comment la société de consommation et des loisirs a valorisé la sphère privée au détriment des cultures et des sociabilités traditionnelles ». Problème  les zones d’emplois les plus actives sont devenues inaccessibles pour les classes populaires du fait du prix du logement. Il dénonce la théorie bougiste, totalement contradictoire avec la réalité de la France périphérique et rappelle que les migrations sont toujours un arrachement quand la mobilité choisie est l’apanage des classes supérieures, rappelant que 60% des Français de la périphérie vivent dans le département où ils sont nés, contre moins de 40% pour les habitants des métropoles, plus mobiles.

Assez dur, il soutient que « la France est devenue une société ‘américaine’ comme les autres, inégalitaire et multiculturelle (…) Partout, le modèle inégalitaire et multiculturel s’impose (…) La référence n’est plus le commun républicain, mais le commun multiculturel ». Ici, je ne suis pas d’accord. Nous ne prenons que partiellement cette pente, et plus lentement que d’autres. La France reste bien moins inégalitaire que les Etats-Unis : la sécurité sociale reste encore largement en place. Idem sur les questions communautaristes. Les anglo-saxons ne parviennent même pas à comprendre que nous ayons interdit le port de la burka et ayons débattu du burkini l’an dernier. L’existence d’un tel fossé est en partie rassurant, même s’il faut reconnaître que la pente prise n’en demeure pas moins inquiétante.

Je recommande vivement le nouveau livre de Guilluy, une contribution majeure à la compréhension de la crise politique de notre pays. Il est malheureux qu’un tel intellectuel ne dispose pas d’un meilleur accès aux média, où il apporterait une voix aussi riche que différente, mais, comme il le décrit bien, les tenants de la pensée unique ne sont guère ouverts, comme ils le démontrent dans les commentaires.


Source : « Le crépuscule de la France d’en haut », Christophe Guilluy, Flammarion

19 commentaires:

  1. @LH,

    Il ne s'agit pas tant de savoir si la vision de l'auteur est "noire" mais si elle est vraie.

    Quoiqu'il en soit, l'analyse qu'il fait de la stratégie de classe des néo-bourgeois et/ou "bobos" est utile. Elle permet de dénoncer ce discours factice partageant le débat entre promoteurs d'une société ouverte parée de toutes les vertus et partisans d'une société fermée ; les seconds étant visés comme tenants d'un retour des années 30.

    Derrière cette "ouverture" qui est bien souvent me semble t-il une posture (de classe), apparaît la réactivation d'une guerre ouverte contre les classes populaires (les décidions et orientations du CNR ont longtemps jugulé ce libéralisme total et les prétentions des classes économiques dominantes).

    La promotion d'un libéralisme (économique et sociétal, même face d'une même médaille) cool et sympa (en trottinette), ouvert et généreux, participe de la stratégie de classe mise en lumière. Or le libéralisme est ce qu'il est, l'organisation de la guerre de tous contre tous par les très privilégiés et pour les très privilégiés.

    On pourra également retenir à propos de cette générosité intéressée cette phrase au sein du livre :

    "Avec la bourgeoisie "new school", la curée est bienveillante. La bienveillance, l'intérêt pour les plus faibles, pour l'Autre, est une caractéristique de la nouvelle bourgeoisie qui habille ses stratégies de classe en affichant son altruisme, souvent sincère (engagement associatif, aide au soutien scolaire...). Cette compassion pour l'Autre, le plus faible, est d'autant plus facile qu'elle s'adresse le plus souvent à des catégorie populaires immigrés où le rapport de classes est court-circuité par les différences culturelles des catégories populaires immigrées qui ne remettent pas en question la domination sociale de la nouvelle bourgeoisie".

    Le livre de Guilluy est fondamental pour comprendre ce qui arrive. Sa critique des médias et de leur fonctionnement, de leur relais ou consolidation de l'ordre symbolique et idéologique en place, est également très pertinente.

    Il faut conseiller d'acheter ce livre. Guilluy fait un travail remarquable d'analyse. Votre recension m'a fait acheter le livre et je vous en remercie.

    Cordialement.

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    1. J'ai envie d'appeler à modérer un peu l'enthousiasme envers Guilluy, promu au rang d'oracle des tensions socio-spatiales qui traversent la France d'aujourd'hui. Si ses thèses ont été accueillies avec une certaine réticence chez les géographes de métier, ce n'est pas seulement (cela a pu jouer chez certains, je n'en doute pas) par corporatisme ou par rejet idéologique. Il faut entendre les critiques argumentées qui sont faites aux travaux de Guilluy par des universitaires qui n'en rejettent pas forcément tous les apports mais en signalent certaines carences conceptuelles et méthodologiques : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/la-france-peripherique-debat-autour-d2019un-livre pour la mise en place du débat en 2014 et un article de 2016 http://www.liberation.fr/debats/2016/09/29/les-decoupages-malheureux-de-la-france-peripherique_1514886 (critique modérée par un géographe qui souligne les limites et les apports de la réflexion de Guilluy) ; dans la revue ESO Travaux et documents n°41 d'octobre 2016, plusieurs articles de géographes : http://eso.cnrs.fr/fr/publications/eso-travaux-et-documents/n-41-octobre-2016.html (attention, c'est du lourd !).

      Ceci étant précisé, l'intérêt de ces commentaires critiques est aussi de démontrer que, contrairement à ce que certains cherchent à faire croire, la réflexion de Guilluy ne se limite pas à un fatras de sottises visant à justifier les thèses du Front national. Ce procès d'intention n'a été fait que marginalement à Guilluy au sein de la communauté scientifique française, sinon par des universitaires qui se comportaient eux-mêmes en militants et idéologues.

      Une remarque très intéressante de Christophe Bouillaud, politiste et professeur à l'Université de Grenoble, à l'issue d'une présentation très honnête (ni complaisante, ni malveillante) de Fractures françaises : « […] en l’espèce, C. Guilly ne fait pas tellement de propositions qu’une description de la réalité géographique du pays qui souligne où se trouve la Question sociale de notre temps. C’est d’ailleurs cette absence de propositions précises qui le fait dériver de fait vers un auditoire d’extrême-droite, puisque c’est dans ce seul coin de l’espace des discours politiques qu’on trouvera des réponses pré-ajustées au diagnostic posé ».

      Il faut donc prendre au sérieux les questions que pose Guilluy, quitte à souligner les limites méthodologiques et conceptuelles de ses travaux et à ne pas faire forcément les mêmes diagnostics : se limiter à lui faire le procès en sorcellerie de produire un discours pseudo-scientifique au service des thèses du FN, c'est justement accepter de laisser à ce parti ou à sa mouvance idéologique le monopole de la pensée et du discours sur des problèmes fondamentaux de la société française.

      YPB

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    2. @YPB,

      Les limites méthodologiques s'appliquent à tous, y compris ceux qui produisent, fort légitimement, une critique du travail de Guilluy.

      Les sciences sociales n'ont de science que le nom. Une méthodologie ce sont des choix. Les statistiques font également les "frais" des prédispositions idéologiques, ou de la simple subjectivité, de ceux qui y recourent.

      Définir un cadre c'est déjà un acte de réduction subjectif du champ étudié. Dis-moi comment tu découpe et je te dirais qui ou où tu es dans le spectre politique ou idéologique - pour reprendre une formule. Sauf bien sûr si l'on fait parti du fameux (illustrissime dirais-je) "cercle de la raison", axiologiquement neutre comme chacun sait...

      Il faudra enfin que l'on m'explique ces fameuses thèses du FN et pourquoi ce parti ne serait pas digne du débat politique.

      On m'excusera d'apprécier l'exactitude et la rigueur des définitions ; mais, afin de régler la difficulté qui se présente à nous, il m'apparaît utile une bonne fois pour toute, de m'indiquer si ce parti est raciste, xénophobe, d'extrême-droite et en quoi.

      A peine le débat posé, il me faut bien entendu, vu l'état du débat dans ce pays, indiquer que pour ma part, je n'ai strictement rien à faire de ce parti, ce qui veut dire que ni je le combat ni je le soutiens, il m'indiffère (totalement).

      Je veux bien dès lors qu'on me fasse état de ses statuts, m'indiquant ensuite la définition de la case dans laquelle on entend le ranger. De même pour son programme.

      Cordialement.

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    3. @Anonyme de 13:59

      Phraséologie creuse que vous resservez à chaque fois… Vous demandez de définir ceci, cela, puis vous exigerez que l'on définisse les éléments de définition des définitions qu'on vous aura données, et ainsi de suite. Laurent vous l'a déjà signalé : vous n'appliquez votre scepticisme verbeux qu'à ce qui semble mettre en cause le FN. On pourrait retrouver aisément dix posts où vous mettez en œuvre cette méthode. Sans être philosophe de métier (mais je connais les Esquisses pyrrhoniennes de Sextus Empiricus), j'en sais la définition : régression à l'infini. On ne peut rien prouver, puisqu'il faudrait apporter la preuve de la preuve, puis la preuve de la preuve de la preuve, puis la preuve de la preuve de la preuve de la preuve… Et ainsi de suite ad nauseam.

      Le procédé ici n'est pas seulement creux et hypocrite, il vous conduit à tirer vos commentaires du côté du hors-sujet systématique. Vous avez beau prétendre être indifférent à ce parti, vous ne faites votre numéro que lorsque le FN semble être mise en cause… Or le FN n'est pas le sujet de mon propos, lequel ne visait ni à le condamner ni à le disculper, simplement à constater que les travaux de Guilluy posent des problèmes méthodologiques, sans qu'on puisse pour autant le réduire à une tentative de vulgariser les thèses du FN. À part ça, vous pouvez penser ce que vous voulez du FN, mais ne faites pas semblant d'être neutre, alors qu'on ne vous voit pas ici exiger des définitions rigoureuses lorsqu'on parle ici de socialisme, de néolibéralisme ou d'idéologie européiste, etc. Si vous tenez tant à défendre le FN, soutenez-le franchement, au lieu de tourner autour du pot.

      Votre raisonnement sur la science est aussi parfaitement contestable du point de vue d'une saine épistémologie. Dire que les limites méthodologiques s'appliquent à tous apporte quoi ? Ce n'est pas parce que toutes les enquêtes en sciences humaines ont des limites méthodologiques que toutes se valent ou qu'aucune ne vaut rien. Il y a des travaux de géographie plus rigoureux (notamment parce qu'ils satisfont à des exigences plus poussées d'administration de la preuve empirique, ou de définition des concepts utilisés, ce qui devrait pourtant vous plaire, puisque c'est votre dada…) que ceux de Guilly. Où est le problème de le constater ? Si l'on suit votre raisonnement, Nostradamus a des limites et beaucoup contestent ses prophéties, mais Max Weber aussi a des limites et tous les sociologues ne sont pas weberiens. Donc Nostradamus vaut bien Max Weber…

      Quant à dire que les sciences sociales n'ont de sciences que le nom, c'est aussi banal que borné. Rien ne nous contraint à avoir une conception aussi étroite de la scientificité. Ce que la réflexion en sciences sociales apporte, aucune science dite "dure" ne peut s'y substituer. Et quand on voit le rapport au réel de biens des "savants" dans ces sciences qui se vantent d'être les seules à mériter ce nom, on se félicite de ne pas se laisser gouverner par eux (Chasles et l'affaire Vrain-Lucas, vous connaissez ?).

      YPB

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    4. @YPB,

      1. "Phraséologie creuse"

      Il va falloir développer, j'en suis désolé. Quel élément de mon post, en quoi est-il creux ? C'est d'autant plus délicat en la cause que je pose de simples questions.

      2. "Vous avez beau prétendre être indifférent à ce parti, vous ne faites votre numéro que lorsque le FN semble être mise en cause… "

      Faux, j'attache de l'importance aux mots et à leur définition, quel que soit le sujet. C'est une attitude qui m'apparaît créditer l'idée d'un débat rigoureux, donc efficace. J'ai tort ? Je ne fais pas un numéro. Vos appréciations m'apparaissent dénigrantes, je préfèrerais une argumentation de fond. Ne vous attendez pas de ma part à une attitude autre que respectueuse et constructive.

      3. "À part ça, vous pouvez penser ce que vous voulez du FN, mais ne faites pas semblant d'être neutre, alors qu'on ne vous voit pas ici exiger des définitions rigoureuses lorsqu'on parle ici de socialisme, de néolibéralisme ou d'idéologie européiste, etc. Si vous tenez tant à défendre le FN, soutenez-le franchement, au lieu de tourner autour du pot."

      Socialisme, libéralisme, européisme, j'ai les définitions, notamment s'agissant du (des) socialisme et du libéralisme ; il suffit de consulter un dictionnaire de philosophie politique. Si vous avez la définition consensuelle (l'Université) pour extrême-droite, je suis preneur. Au surplus, vous m'excuserez de ne pas suivre l'ensemble des discussions du forum.

      Je passe sur la énième mise en cause personnelle et autre lecture dans les âmes, je ne pratique pas ces méthodes.

      4. "Or le FN n'est pas le sujet de mon propos"

      Vous voulez dire que la mention de ce parti dans vos développements ne fait pas partie de votre propos ?

      5. En matière d'épistémologie ou de théorie de la connaissance, je vote Bergson ; mais vous me direz si celui-ci est une référence acceptable.

      Sextus Empiricus, c'est trop haut pour moi, j'en suis resté à l'Organon, ce qui est nécessairement un peu juste au regard de la logique moderne et contemporaine, j'en ai bien conscience.

      5. Et oui, que cela plaise ou non, je n'ai rien à faire de ce parti. Il y a bien 10 ans que je ne vote plus. En revanche, j'attache de l'importance à la langue et à la vérité dans la langue, ou plus modestement au souci d'exactitude dans ce domaine.

      Bien cordialement.

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    5. « 4. "Or le FN n'est pas le sujet de mon propos"

      Vous voulez dire que la mention de ce parti dans vos développements ne fait pas partie de votre propos ? »

      Voilà qui est typique de vos méthodes. Mais vous êtes moins habile ici que vous ne l'êtes habituellement.

      Je parle du FN dans mon post, pour signaler, entre autres faits, qu'il ne faut pas réduire la réflexion sur les travaux de Christophe Guilluy à une vulgarisation des thèses du FN. Donc j'aborde la question du FN. Mais le FN n'est pas mon sujet, effectivement : mon sujet, c'est la crédibilité de l'analyse par Guilluy des problèmes de la société française. Un étudiant en philosophie pourrait réfuter l'idée que Nietzsche ait été antisémite dans une dissertation consacrée présenter la pensée de ce philosophe (ou confirmer cet antisémitisme, comme l'a fait, à tort ou à raison, D. Losurdo) ; mais cela ne ferait pas de l'antisémitisme le sujet de sa dissertation. À supposer que l'apprenti-philosophe s'étende trop sur la question, le correcteur de la copie y verrait à bon droit un hors-sujet partiel. C'est aussi simple que cela. On trouve une longue description d'un banquet de noce dans Madame Bovary. C'est un moment important du livre. Vous n'en tirez pas pour autant la conclusion j'espère que Madame Bovary est un livre de cuisine normande ? Il y est question d'adultère : est-ce pour autant une étude sur l'adultère en milieu rural ?

      Le débat est pour moi sans intérêt. Ou plutôt, l'absence de débat, puisqu'il ne peut pas y en avoir avec vous, régression à l'infini oblige. Même vos références ne visent qu'à botter en touche : Bergson en est une très respectable, mais qu'apporte ici la mention de son nom, à part signaler que vous n'êtes pas inculte, ce que je n'ai pas prétendu ? Trouve-t-on chez Bergson de quoi réfuter ma petite plaisanterie sur les mérites respectifs de Nostradamus et Weber ? Aurait-il accordé le même crédit à l'un et à l'autre, sous prétexte que les sciences sociales ne sont pas de "vraies" sciences comme vous le soutenez ?

      Que ceux qui trouvent un sens à votre questionnement sans fin le fassent. Je leur souhaite bien du courage, mais j'ai comme l'impression que personne ne sera assez fou pour s'y risquer (pouvez-vous définir ceci et cela, et tel élément de votre définition, et tel élément de définition de cet élément de définition, etc.).

      YPB

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    6. @YPB,

      Vous avez raison sur l'idée du propos. Au moment même où j'avais fini de poster j'imaginais bien que vous rebondiriez uniquement là-dessus. C'est vrai, ce n'est pas votre propos principal, mais cela vient illustrer votre propos, et ce n'est pas moi qui met ce parti sur le tapis une fois encore.

      En revanche, indiquer que cela est typique de mes méthodes est plus qu'abusif, c'est simplement faux. Je n'ai pas de "méthodes", seulement le souhait de l'exactitude.

      De même, je ne suis pas habile, mais j'ai, il est vrai, l'outrageuse prétention d'une recherche du vrai ou de ce qui peut-être tel.
      Et le terme habile accolé à celui d'habitude n'entend caractériser rien d'autre qu'une malhonnêteté chronique de ma part, ce au seul motif que je sollicite une définition des mots. Que dire...

      Bien évidemment, vous en restez à cette seule phrase, dont je reconnais volontiers le caractère rapide et maladroit. Vous capitalisez sur cette maladresse pour éviter de répondre aux autres questions, voilà ce qui apparaît ; il suffit de lire nos échanges ci-dessus.

      Mais est-ce là s'attacher au fond du débat ? Vous me l'indiquerez. Je passe sur le ton de votre réponse. Je redis que vous n'obtiendrez de moi aucun dénigrement, mépris, que sais-je d'autre encore.

      Corrigez une copie si bon vous semble, mon propos se limitera encore à la recherche de la vérité, ou plus modestement d'une certaine exactitude non étrangère au sens des choses.

      Le débat n'est pas sans intérêt, mais il est probablement d'un certain intérêt de ne pas l'entreprendre. Le plus étonnant est que vous alléguez après ce refus débattre, que l'impossibilité du débat est de mon fait. Ce qui est tout de même étonnant, vous me l'accorderez - ou pas, c'est comme vous voulez.

      Pourquoi les définitions sont importantes ? Pour le débat justement. Si nous ne nous accordons pas sur le sens des mots et des notions, alors le débat est impossible. D'où, voire de qui, nait cette impossibilité allégué dès lors ? N'est-elle pas du côté de celui qui refuse de définir ?

      De quoi est-il question dans les dialogues platoniciens (mention spéciale au Cratyle, sur les mots et leur relation au sens ou à la vérité - sauf erreur de ma part) ? Il est question de définir, le beau, la vertu, le vrai... les mots et les notions... pour extraire la vérité ou une certaine vérité susceptible de nous faire progresser.

      Puis-je indiquer au final que vous n'avez pas répondu à mon propos ? Il me semble bien...

      Cordialement.

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    7. Mais il n'y a pas de débat possible, ni de définitions qui tiennent dans une régression à l'infini. Votre connaissance de la philosophie aurait dû vous conduire déjà à cette conclusion. J'ai par ailleurs cité plusieurs références qui permettent de comprendre pourquoi les concepts et les méthodes de Guilluy posent problème à des géographes (ce qui n'en fait pas forcément un charlatan par ailleurs et n'affecte pas l'intérêt de son questionnement). Les avez-vous lus ? Bien sûr que non ! Il est tellement plus facile d'expédier le problème en prétendant tout relativiser, tout ramener à la subjectivité, à l'art de manipuler les chiffres, etc., plutôt que de se demander pourquoi très concrètement les travaux de Guilluy posent problème à des géographes de métier. Et bien figurez-vous que ce qui est reproché à cet auteur est notamment le flou qui entoure certains de ses concepts-clés, notamment la notion d'"indicateur de fragilité"… Voilà un souci de clarification qui devrait vous plaire pourtant ! Mais comme la précision des définitions est un souci que vous ne mettez en avant que pour contester qu'on puisse classer le FN à l'extrême-droite…

      YPB

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    8. @YPB,

      De quelle régression parle t-on ? Une fois qu'une définition est fixée elle est fixée, on ne peut la faire régresser au-delà ou en deca d'elle même. La question est facilement résolue par suite, soit cette définition existe soit elle n'existe pas.

      Je n'ai jamais parlé de charlatans, mais de part de subjectivité, qui vaut pour chacun - moi compris évidemment. Ces professionnels fournissent sans conteste un travail respectable et de qualité. La question est de savoir si l'objectivité existe dans ce domaine et les autres.

      Demandez donc à cet auteur d'indiquer ses définitions, ça ne me pose aucun problème. Les notions d'indicateur et de fragilité sont reprises et explicitées, enfin il me semble, dans l'ouvrage commenté par LH. Je trouve quoi qu'il en soit son livre remarquable, et bien évidemment il reste critiquable, discutable... ce que vous voudrez.

      Je ne vois pas non plus à quel moment je relativise tout. Vous m'indiquerez.

      Mon souci de précision et de vérité n'intéresse pas ce parti en particulier, dont je n'ai rien à faire. Sur les 10 dernières années j'ai soit voté blanc soit je me suis abstenu ; mais il faut encore se justifier.

      Ce même souci apparaît dans mon premier post ci-dessus vers LH, où il n'est pas question du FN, bien que celui-ci soit mentionné dans l'article, ce qui est parfait et ne pose aucune difficulté.

      Cordialement.

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    9. - « Je n'ai jamais parlé de charlatans »

      C'est tout à fait exact, mais je ne vous en faisais pas le reproche : relisez simplement certains posts publiés ici ces derniers jours et vous verrez que Guilluy a été traité de bien des noms d'oiseau. Mon point de vue est que cet auteur est honnête, intéressant par les questions qu'il aborde et parfois pertinent dans sa démarche, mais que cette dernière pose des problèmes méthodologiques. Il ne mérite pour l'instant ni qu'on le porte aux nues, ni qu'on lui fasse un procès idéologique. Je changerai peut-être d'avis lorsque ses propres positions politiques se seront précisées.

      - « Les notions d'indicateur et de fragilité sont reprises et explicitées, enfin il me semble, dans l'ouvrage commenté par LH ».

      Oui, bien sûr, Guilly explicite sa démarche et ses concepts, mais beaucoup de géographes les considèrent comme floues et non opératoires (on ne peut pas non plus exclure qu'il y ait dans ces critiques une part de dépit : la littérature universitaire se vend mal habituellement et le succès de librairie de Guilluy a pu faire quelques jaloux chez les géographes…). Si la littérature géographique savante ne vous rebute pas trop, lisez par exemple cet article : Aliette Roux, « Christophe Guilluy géographe ? Cinq rappels de méthodologie scientifique », eso, travaux & documents, n° 41, octobre 2016, p. 15-25 (disponible, avec d'autres articles sur le lien que j'avais déjà donné plus haut : http://eso.cnrs.fr/fr/publications/eso-travaux-et-documents/n-41-octobre-2016.html).

      YPB

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    10. @YPB,

      Je note votre référence. Ca a l'air très complet (118 pages quand même...). Je jetterai un oeil dans le détail.

      Cordialement.

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  2. Samedi 12 août 2017 :

    Emmanuel Macron est encore plus impopulaire que François Hollande !

    Cent jours après son élection, Emmanuel Macron voit sa cote de confiance s'effondrer.

    Seulement 36 % des Français sont satisfaits de son action.

    Seulement 23 % des Français estiment que la France évolue plutôt dans le bon sens.

    Emmanuel Macron est bien parti pour devenir le président le plus impopulaire de l'histoire de France.

    Lisez cet article :

    http://www.lefigaro.fr/politique/2017/08/11/01002-20170811ARTFIG00190-cent-jours-apres-macron-confronte-au-scepticisme-des-francais.php

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  3. "L’existence d’un tel fossé est en partie rassurant, même s’il faut reconnaître que la pente prise n’en demeure pas moins inquiétante."

    La pente prise est inquiétante parce que vous ne voulez pas imposer une politique restrictive en matière d'immigration.

    Les gens réellement à la hauteur, comme de Gaulle, savent que la "pente inquiétante" découle mécaniquement de l'hétérogénéité induite par l'immigration ; peut-être plus ou moins rapidement selon les pays, certes ; mais inévitablement.

    De ce point de vue, votre fixette anti-FN est suicidaire. Il serait bon que vous en preniez conscience : il y a des priorités.

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  4. @Laurent Herblay : vous affirmez que nous suivons la pente du modèle inégalitaire et multiculturel plus lentement que nos cousins anglo-américains.
    Pour cela, pensons à remercier les générations précédentes qui ont su bâtir la république sur des fondations intellectuelles et institutionnelles aussi solides (ah, que n'essaie-t-on pas d'exporter notre conception de la laïcité dans le reste du monde !)

    Nous vivons toujours sur ces acquis, mais - opinion entièrement subjective - la dégradation semble s'accélerer.
    J'espère seulement que l'inertie du "bateau France" à réagir aux changements du monde, plus grande que celle des anglo-saxons, est aussi ce qui nous permettra de changer de cap le moment venu, avant que notre mue collective ne s'acheve vers le meilleur des mondes libéraux-diversitaires.

    Je m'explique :
    - dans les grandes lignes, je vois un tiers des français pleinement exposés à la mondialisation, à leur détriment (le coeur électoral du FN),
    - un tiers des français qui tire pleinement avantage de la mondialisation (le coeur éléctoral de LREM);
    - et un tiers des français qui en est protégé... mais jusqu'à quand ?

    Il me paraît évident que ce dernier tiers a vocation à se réduire toujours plus dans les années à venir.
    Tôt ou tard, la majorité d'entre-eux, au lieu de se solidariser avec les gagnants de la mondialisation, se solidariseront avec les perdants.
    Alors, les louanges à l'euro-atlantisme et à l'ordo-libéralisme deviendront définitivement inaudibles.
    Mais quand ?

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  5. Le "Bloc notes de Joël Halphern" semble avoir été fermé.

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  6. Concernant la pseudo théorie de l'appel d'air concernant l'immigration venant de différents pays en guerres civiles, dictatures sanglantes, et désastres économiques, aboutissant à des immigrés souvent torturés, puis souvent se noyant dans la méditerranée, lisez ceci :

    https://www.mediapart.fr/journal/international/130817/migrants-en-mer-un-moment-donne-quand-quelqu-un-coule-vous-le-sauvez/commentaires

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  7. Pour les souverainistes sans souffle et sans âme :

    "Cette division de l'Europe en nations paraissait déjà dépassée à Victor Hugo. Il clamait dès 1849 : « Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne. »

    http://www.ouest-france.fr/culture/point-de-vue-en-2049-aurons-nous-fonde-l-europe-de-victor-hugo-5179766

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  8. "Il faudra enfin que l'on m'explique ces fameuses thèses du FN et pourquoi ce parti ne serait pas digne du débat politique."

    Voilà la réponse après un attentat terroriste aux USA :

    https://tempspresents.com/2017/04/12/quest-ce-que-lalt-right/

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  9. @ Anonyme 8h32

    Elle peut être vraie et noire également ;-)

    Obama est sans doute un des paroxysmes de cette vision. Merci pour la citation additionnelle

    @ YPB

    Reprocher à Guilluy son manque de propositions est tout de même délicat. Faire un constat novateur est déjà un apport considérable au débat, même s’il y a des limites. Même si je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il dit (comme je l’ai développé notamment samedi, sur l’américanisation de la France), je trouve que beaucoup de critiques simplifient un peu trop sa pensée, par rapport à ce que j’ai lu. Bien d’accord sur votre conclusion, qui vaut pour tous les « Nobel » que le FN citait sur l’euro (au point que certains ont fait une tribune peu convaincante peu avant le premier tour).

    @ Anonyme 13h27

    Je ne veux pas imposer de politique restrictive en matière d’immigration ? Mais d’où tirez-vous donc cela ?

    @ Tom

    Bien d’accord sur les acquis. En revanche, j’ai l’impression qu’une moindre proportion profite vraiment de la globalisation

    @ Anonyme 20h26

    Mais ce qui est sans souffle et sans âme, c’est cette Union Européenne, qui refuse la démocratie comme un vulgaire Maduro (TCE en France et aux Pays-Bas, référendum Grec, autorisation du MON810, du glyphosate) et qui ne roule que pour les intérêts des grandes multinationales, cette UE qui a torture les Grecs pour sauver son veau d’or : renseignez-vous sur les conséquences sociales de l’austérité en Grèce. Plus ce machin européen avance, moins il y a de fraternité et de démocratie. Heureusement, les nations finiront pas sauver les peuples européens de ce monstre.

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