vendredi 27 octobre 2017

Travailleurs détachés, participation : le retour de Macron l’embrouille

Emmanuel Macron est d’abord et avant tout un communiquant. Sur le fond, il ne fait que surfer sur le prêt-à-penser des élites globalisées. Mais face à la pression de l’opinion publique, il réagit, plus pour tenter de donner le change. Après les dérisoires tour de passe-passe du budget et du rachat de STX, voici les nouveaux épisodes : les travailleurs détachés et la participation.


Le retour des postures grossières


Décidément, l’actuel président de la République a beaucoup de Nicolas Sarkozy en lui. Après l’interview du 15 octobre, truffée de reprises de celui pour qui il avait travaillé à la commission Attali, Macron continue à s’inspirer de lui, à travers des postures ridicules. Après des mois passés à se faire taxer de président des riches ou des milliardaires, du fait de son budget d’oligarques et de la poursuite du démantèlement du droit du travail, l’Elysée semble vouloir rééquilibrer son image et tenter de donner quelques gages à la gauche et aux classes populaires lessivées par la globalisation. Deux sujets sont sortis du chapeau : le nouvel accord sur les travailleurs détachés et l’annonce faite sur la participation.


Malheureusement, tout le monde sait bien qu’entre les effets d’annonce et la réalité, l’écart peut être grand sous Macron. Nous l’avons bien vu avec STX, que le président disait être prêt à nationaliser, alors que quelques semaines plus tard, il a accepté un rachat à l’utilité discutable, pour la France et ses salariés, avant même de mener Alstom à son démantèlement final. Il faut donc par principe relativiser les annonces venues de l’Elysée, d’autant plus que les précédents présidents ont démontré une sacré capacité à embellir par les mots ce qui est fait en réalité, que ce soit sur les parasites fiscaux, finis pour Sarkozy mais pourtant bien vivants, ou cette finance ennemie-amie de Hollande.

Le Monde a un sacré culot de parler d’« Europe sociale renforcée » ou de « victoire de Macron ». Pour un peu, les Décodeurs du groupe pourraient parler de « fausses nouvelles » tant l’écart entre la réalité des accords et le discours est grand. L’évolution obtenue est totalement dérisoire, comme l’explique parfaitement Marianne. D’abord, l’accord ne s’appliquera qu’en 2022, alors même que les mesures avancées sont totalement dérisoires ! Par exemple, l’abaissement de la durée maximale des contrats à 1 an plus 6 mois n’a strictement aucune conséquence quand on sait que les travailleurs détachés passent en moyenne 1 à 2 mois en France. Et l’accord ne couvre pas les chauffeurs routiers !

Enfin, on peut penser que le principe d’un « salaire égal, à travail égal » ne dépassera pas le stade de principe, sans conséquence sur la réalité. En outre, les plus de deux cent mille travailleurs détachés pèsent sur le niveau des salaires. Voilà pourquoi il ne faut rien attendre non plus des annonces sur la participation : il ne s’agit que d’une posture pour paraître un peu plus social, mais les mesures qui en sortiront seront sans doute dérisoire, quand elles ne profiteront pas directement aux plus riches… Macron n’a aucune volonté de changer le capitalisme, mais seulement de donner des gages commodes à ceux qui le jugent trop droitiers sans véritablement changer le cours de sa politique.



Dimanche, retrouvez la partie 6 de la série sur le cauchemar étasunien : une démocratie malade

19 commentaires:

  1. Le véritable problème est la libre circulation des travailleurs et non les travailleurs détachés . Les écarts de salaire sont tellement énorme dans cette "union" européenne qu'ils favorisent les pays les plus riches .
    Les grandes multinational qui se trouvent souvent dans les plus grandes métropoles peuvent ainsi pillé les cerveaux des plus petits pays .
    Les pays ayants les bas salaires dans cette "union" européenne ont une émigration impressionnante !
    Dans certain pays de l'Est , la moyenne d'age d'un médecin est de 55 ans !
    Un film roumain "Baccalauréat" montre très bien l'envie folle d'avoir un diplôme pour pouvoir partir du pays .

    Pour finir , il n'y a cas observer les championnats nationaux de football depuis l’arrêt Bosman , les inégalités de salaires entre les pays exploses et les clubs riches sont tout les ans plus riches ...

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  2. http://gabriel-zucman.eu/flat-tax-macron/

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  3. https://www.mediapart.fr/journal/economie/271017/impots-sur-la-fortune-et-le-capital-labsurdite-de-la-reforme?utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-67

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  4. Article du Huffingtonpost du 23/10/2017 sur le sujet avant la sortie de l'accord :

    "-> Trois points posent cependant encore problème:

    1)
    La durée du détachement: l'exécutif européen a proposé de le limiter à 24 mois, mais la France, qui a réussi à convaincre l'Allemagne, les pays du Benelux et l'Autriche, plaide pour 12 mois."

    -> Bon ben finalement ça sera 12 mois + 6
    A la limite sur ce point totalement secondaire, voire tertiaire, Macron peut éventuellement se targuer d'une petite avancée. Quel bel homme !

    "2)
    La date d'application de la nouvelle directive: Paris souhaiterait qu'elle s'applique dans les deux ans suivant son adoption. La Commission a proposé trois ans, les pays de l'Est réclament cinq ans."

    -> Et ça sera donc (roulement de tambour...) : 2022 !
    Le pays de l'est se marrent !
    En 2022, Macron se partagera entre conf à 300.000 boules et poste de VP stratégico-humanisto-communicationnel chez Goldman Sachs, alors bon...

    "3)
    Le transport routier: ce dernier point est particulièrement délicat, car les pays de Visegrad, mais aussi l'Espagne et le Portugal, s'inquiètent des conséquences négatives de la réforme sur leurs chauffeurs. Et s'ils s'opposent ensemble à une révision, un accord ne pourra pas être trouvé."

    -> Bon ben pas le transport routier alors... Quel talent ce Manu Macron !
    Après le JM6 des années 90, on a la version 2.0 des années 2017 : le M6 : Manu Macron Moi-Même Maître du Monde !

    Et Muriel Pénicaud (tête et attitude d'âme damnée du grand capital, quand on a été DRH chez Danone, on ne peut pas être vraiment quelqu'un de bien), et Edouard Philippe (quand on a été l'âme damné du gars Juppé, on ne peut pas être vraiment quelqu'un de bien) de louer à l'assemblée ce grand négociateur qu'est Manu Macron. Ils s'en foutent, en 2022, ils pointent dans le privé à des postes à 7 chiffres.

    Du foutage de gueule ? oui
    De la novlangue qui inverse tout ? oui
    De l'indécence absolue ? oui

    Mais ne nous inquiétons pas, ils ont des marges de manoeuvre et vont nous repousser les limites.
    Ils ont jusqu'en 2022, on leur fait confiance.
    D'ici là, on n'a pas fini de vomir.

    ***Jacko***

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  5. " La Ve République est à bout de souffle, le cumul des mandats est nuisible, la séparation des pouvoirs doit être renforcée, via l’accroissement des pouvoirs du Parlement et de l’indépendance de la justice. Dans ce contexte, oser dire que l’Etat de droit n’est qu’une « argutie juridique » revient à nier l’idée démocratique elle-même."

    http://blogs.alternatives-economiques.fr/jea/2017/10/27/democratie-%C2%AB-il-y-a-un-vrai-risque-de-cassure-%C2%BB

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  6. Vendredi 27 octobre 2017 : c'est un jour historique !

    Naissance d'une nouvelle nation !

    Vive la République de Catalogne !

    C'est la phrase de l'année 2017 !

    Vive la République de Catalogne !

    Bienvenue à cette nouvelle nation, qui sera la 194ème nation représentée à l'Organisation des Nations Unies :

    https://static.actu.fr/uploads/2017/09/Drapeau-catalogne-independantistes-.jpg

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  7. 1 minute 34 secondes.

    Regardez cette video extraordinaire qui dure 1 minute 34.

    C'est les 70 députés qui viennent juste de voter « oui » à l'indépendance de la Catalogne.

    C'est l'hymne national de la Catalogne.

    C'est la naissance d'une nation, devant les caméras de télévision.

    C'est le retour du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

    C'est l'annonce de ce que sera notre XXIe siècle : le retour des nationalités, le retour des souverainetés, le retour des passions populaires.

    C'est l'Histoire.

    http://www.rtl.fr/actu/international/video-catalogne-les-deputes-separatistes-entonnent-l-hymne-nationaliste-7790702432

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  8. @ Crotex

    Les deux sont des problèmes. En effet, de tels écarts de développement devraient plutôt pousser à limiter les mouvements migratoires, pour éviter le dumping social chez les plus riches et le départ des plus diplômés des moins riches

    @ Jacko

    Bien tourné ! Mieux que moi.

    @ Anonyme

    Le problème, ce n’est pas la Cinquième République. Les problèmes sont partout et bien plus structurels. Au contraire, la Cinquième République nous permettra plus facilement de trouver une issue

    @ BA

    J’ai un avis moins enthousiaste que vous à l’égard de ce qui se passe en Catalogne. Il n’y a que 36% de la population qui a voté pour l’indépendance. C’est un peu faible pour prendre ce chemin.

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  9. A propos des suffrages exprimés :

    1- Première chose : qu'a choisi le parlement de Catalogne ?

    Le parlement de Catalogne compte 135 députés.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Parlement_de_Catalogne

    La majorité absolue est de 68 députés.

    Vendredi 27 octobre 2017, une majorité de 70 députés a voté « oui » à l'indépendance de la République de Catalogne.

    2- Deuxième chose : qu'a choisi le peuple de Catalogne lors du référendum du 1er octobre ?

    Nombre d'électeurs inscrits : 5 340 000.
    Nombre de votants : 2 305 936, soit 42,38 % des inscrits.
    Résultat :
    90,18 % de « oui » à l'indépendance de la Catalogne
    7,83 % de « non » à l'indépendance de la Catalogne.

    (Rappel : lors d'une élection, ou lors d'un référendum, le résultat qui compte, c'est le résultat par rapport aux suffrages exprimés.)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_de_2017_sur_l%27ind%C3%A9pendance_de_la_Catalogne

    Conclusion :

    1- Le peuple catalan a choisi l'indépendance de la Catalogne lors du référendum.

    2- Le parlement catalan a choisi l'indépendance de la Catalogne par 70 députés sur un total de 135 députés.

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    1. C'est ric-rac, ça se joue à 3 députés tout ça, mais ça passe, effectivement.

      Après, quand on parle d'indépendance et que l'on veut se jeter à corps perdu dans l'UE, ça laisse songeur...

      Néanmoins les prochains mois vont être intéressants si on se place d'un point de vue de spectateur, car c'est un test grandeur nature :
      - comment va réagir Madrid ?
      - comment va réagir l'UE ?
      - comment vont réagir d'autres pays comme la France ? faut pas oublier qu'il y a un bout de Catalogne chez les frenzouzes quand même. A quand les revendications d'une grande Catalogne unie, des 2 côtés des Pyrennées ? A force de déconner, on se prend toujours à un moment donné une bonne claque dans la tronche.
      - quid de la monnaie ?
      - quid du comportement des acteurs économiques ?

      à suivre

      ***Jacko***

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    2. Ben c'est très simple : Madrid et l'Europe ont déjà réagi. Ils ont fait le choix de la démocratie. Les autres pays comme la France aussi. Pour la monnaie c'est le flou artistique. Les indépendantistes n'en savent rien, ils n'ont aucune vision, aucun projet. Normal car ils n'ont rien en commun à part cette volonté d'indépendance. Et les acteurs économiques, et bien ils se barrent.

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  10. Un titre d’un article du 23 octobre 2017 qui contient une affirmation fausse : « Union européenne Les 28 pays trouvent un accord sur le travail détaché »:

    http://www.lavoixdunord.fr/251300/article/2017-10-23/les-28-pays-trouvent-un-accord-sur-le-travail-detache

    Car à la lecture on s’aperçoit que ce ne sont pas 28 pays mais 21 qui ont trouvé un accord sur le travail détaché puisque le même article précise que « Parmi les 28 ministres du travail de l’UE, se sont opposés à cet accord : la Pologne, la Hongrie, la Lettonie et la Lituanie. Trois se sont abstenus : le Royaume-Uni, l’Irlande et la Croatie. »

    Donc accord peu satisfaisant et à application lointaine (2022) mais peut-il même être appliqué avec un accord seulement majoritaire eu égard aux dispositions de l’article 48 du traité sur l'Union européenne : « Les modifications entrent en vigueur après avoir été ratifiées par TOUS les États membres conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. »

    http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:12008M048:fr:HTML

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  11. Réaction de Jean-Claude Juncker à la déclaration d’indépendance de la Catalogne, vendredi 27 octobre 2017 :

    Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a regretté la situation et affirmé que « l’Union européenne n’a pas besoin d’autres fissures, d’autres fractures ».

    « Nous n’avons pas à nous insérer dans ce débat hispano-espagnol mais je ne voudrais pas que demain l’Union européenne se compose de 95 Etats membres », a-t-il déclaré en Guyane, en déplacement avec Emmanuel Macron.

    http://www.lemonde.fr/europe/live/2017/10/27/catalogne-en-direct-le-senat-espagnol-se-reunit-pour-decider-de-la-mise-sous-tutelle-de-la-region_5206621_3214.html

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  12. "Au contraire, la Cinquième République nous permettra plus facilement de trouver une issue"

    Ah ah ah mouarhaha ! La 5 ème c'est surtout un chèque en blanc pour un monarque mégalomane comme Macron, une catastrophe...

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  13. La réaction des europhiles devant cette reforme des détachés me fait penser a celle des europhobes devant le Brexit. Ils crient victoire en disant "vous voyez on avait raison c'est possible". Sauf qu'il ne se passe ... rien. Et il va continuer de ne rien se passer pendant très longtemps. Et d'ici là, tout peut changer.

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    1. ... ce qui me laisse à penser que le seul moyen d'aller vers le modèle de société défendu sur ce blog est de faire une révolution. Une vraie, du genre de celle de 1789. Vous n'y arriverez jamais avec un processus démocratique.

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  14. @ BA

    1) Le référendum n’était pas légal : la Catalogne n’a pas attendu que la cour constitutionnelle espagnole se prononce. Le coup d’état est aujourd’hui du côté des indépendantistes catalans
    2) Un choix qui me semble un peu court. A peine plus d’un tiers des catalans ont voté pour. Les opposants n’ont presque pas voté. Si seul le résultat compte dans un référendum, il faut qu’il soit légal dans un premier temps
    3) Le choix de revenir vers les urnes par Madrid l’honore

    Conclusion : il n’y a pas de choix véritablement légitime de la Catalogne.

    @ Jacko

    S’il y a bien une élection en décembre, Madrid s’honore en optant pour une issue démocratique

    @ Anonyme 21h24

    Merci pour ce rappel

    @ Anonyme 8h39

    La Cinquième Républilque, c’est permettre à un président alternatif de changer les choses (ce que les institutions étasuniennes ne permettent pas toujours)

    @ Anonyme 9h50

    Je crois au contraire que la Cinquième République permet une issue démocratique

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    1. Peu importe la Cinquième République. Un processus démocratique, c'est des compromis. Votre idéal n'en supporte aucun.

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  15. la vraie démocratie est d'abroger cette 5 ième république et son caractère autoritaire pour ne pas dire faschisant. La 6 ième prônée par Melenchon dont je ne partage pas toutes les idées était la solution: révocation des élus possible en cours de mandat.
    RIP comme en suisse pour rendre le pouvoir au peuple.
    Il ne faut pas oublier que la démocratie c'est le pouvoir du peuple les élus ne sont que des représentants: nuance importante.
    La constitution de la 5ième a permis le viol démocratique de 2005.
    J'espère que le plus vite possible cette saloperie sera abolie pour que règne sur notre pays un souffle de démocratie et de liberté.

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