jeudi 7 avril 2022

Salvini, Tsipras ou Johnson : les 3 possibilités d’une présidence Zemmour (billet invité)

Billet invité de Mr Frexit

Eric Zemmour a récemment publié son programme pour l’élection présidentielle 2022. Sans surprise, son thème de prédilection à savoir, l’immigration est bien mis en avant. Fin du regroupement familial, expulsion des délinquants étrangers, déchéance de nationalité pour les délinquants bi-nationaux, restriction du droit d’asile à quelques centaines de cas par an… 



En revanche il préfère rester évasif sur d’autres sujets (Frexit, euro…) parce que selon lui cela
diviserait l’électorat alors que 70% de la population est d’accord avec lui sur l’immigration. On peut comprendre la stratégie électorale mais peut-on vraiment éluder la question de la souverainité  aussi facilement?


A quoi ressemblerait une présidence Zemmour ? 3 scenarios possibles :

1)     L’option Salvini

Les rodomontades et la communication efficace de Salvini ont certes contribué à faire baisser l’immigration illégale (-80% en 1 an) en Italie mais d’une part ce reflux avait commencé sous le gouvernement précédent qui avait passé un accord avec les autorités libyennes, et d’autre part sa politique n’a touché aucunement l’immigration légale qui est restée stable. Le regroupement familial, la politique migratoire, le droit d’asile étant largement inscrits dans le marbre des traités et des directives européennes, Salvini n’a pas pu y deroger.  
 

L’option Salvini serait donc un renoncement et une trahison de l’électorat de Zemmour puisqu’il se contenterait de mesures superficielles, bien loin de ses promesses de campagne.

 

2)     L’option Tsipras 

 

Tsipras est arrivé au pouvoir avec un programme de rupture avec l’ordre européiste, non pas sur la question migratoire mais sur la question économique. Il a même proposé et gagné un referendum pour refuser la politique austéritaire imposée par la Troïka (BCE, FMI, Commission européenne). Il a cependant fini par céder aux pressions de cette même Troïka qui menaçait de lui couper l’accès au refinancement par la BCE. Il a préféré ne pas appliquer son programme (et même faire tout l’inverse) que de sortir de l’euro et reprendre de l’air monétaire en dévaluant la nouvelle drachme. 

 

Zemmour déclare vouloir organiser un grand referendum sur l’immigration, la sécurité et la justice pour tout comme Tsipras, s’extraire du carcan européen. Mais que fera-t-il si la Troïka ou les juges européens le menacent de la même manière ? Finira-t-il par se coucher comme Tsipras ? Sera-t-il un Tsipras de droite ?

 

L’option Tspiras serait là encore une trahison de ses electeurs. 

 

3)     L’option Boris Jonhson 

 

Les partisans d’Eric Zemmour me rétorqueront surement que la France n’est pas la Grèce, que si la France venait à sortir, l’UE serait morte, que l’UE ne va pas envoyer ses chars à Paris, que la France est contributrice nette au budget de l’UE… et donc qu’on peut s’assoir sur le droit européen, d’autant plus que Zemmour aura la légitimité populaire pour se faire. 

 

Tous ces arguments sont justes, néanmoins, ils oublient un point crucial : l’UE ça n’est que du droit. Si chaque État commence à n’appliquer que ce qu’il souhaite et remettre en cause ce que les européistes appellent des “acquis communautaires”, c’est tout l’édifice qui s’effondre. Dès lors il n’est pas difficile de prédire que l’UE prendrait des sanctions contre la France, qui pourrait tourner à l’escalade comme suit : Zemmour n’applique pas le droit européen > l’UE met des sanctions et des amendes > la France ne paye pas > l’UE saisit une partie de la contribution de la France et attaque la France en justice > la France refuse de payer sa contribution au budget européen  > l’UE coupe le refinancement de la France auprès de la BCE (comme en Grèce) > La France n’aurait alors plus d’autre choix que d’imprimer elle même sa monnaie, ce qui équivaudrait à quitter l’euro. 

 

Dos au mur, pistolet sur la tempe avec pour seul choix l’application de son programme migratoire et la sortie de l’euro ou se coucher et renoncer à son programme que ferait un Zemmour président ? Serait il pret à renverser la table et à proposer un référendum sur la sortie de l’Union européenne et de l’euro ? Sera-t-il un Boris Johnson français ?

Nul à ce stade ne peut conclure.

6 commentaires:

  1. Zemmour dit qu'il veut réconcilier la bourgeoisie et les classes populaires et que son combat principal, c'est l'immigration. Force est de constater qu'il n'a pas réussi à atteindre ses deux objectifs :
    -il n'a pas rallié l'électorat populaire car son programme est socialement trop à droite
    -il a divisé au-delà de la question de l'immigration (par exemple sur l'Ukraine ou sur sa défense du vichysme).

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  2. Zemmour n'a pas la trempe d'un Bojo. Il se couchera au premier coup de tonnerre. Ses rodomontades s'apparentent aux jappements d'un roquet tout péteux. C'est comme son virilisme proclamé. Franchement, vous lui trouvez la troche d'un tombeur ?
    Ah, au fait, que fait la photo du macroniste Chevènement sur la page d'accueil de votre blog ?

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  3. "déchéance de nationalité pour les délinquants bi-nationaux"

    C'est complètement con cette mesure.

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  4. Zemmour n'était de toute façon qu'un candidat en service commandé, comme Hidalgo d'ailleurs. Dans le cas d'Hidalgo, elle n'avait pas forcément envie d'y aller et a été poussée par de jeunes élus locaux des coins où le PS s'est bien défendu lors des récents scrutins locaux. Elle a pensé jeter l'éponge mais le parti lui a refusé par peur qu'une absence de candidature n'affaiblisse le PS dans les négos sur le nombre de candidats pour les législatives. Elle finira dernière au nom d'une logique d'appareil complètement anachronique.


    Dans le cas de Zemmour, la candidature fut d'abord portée: 1) par un Bolloré fantasmant sur une Fox News à la française. 2) par des gens de Valeurs Actuelles qui ne pouvaient pas blairer MLP. Zemmour ne semble pas non plus avoir de désir d'être élu. Il a publiquement brocardé alliances et compromis au nom des désillusions qu'elles ont provoqé selon lui chez les citoyens. Mais ce preétendu gaulliste oublie ce faisant qu'on ne gagne pas un scrutin majoritaire uniquement en tenant sur ce que veut la base. Il ne semble candidater au nom d'un mélange de gramscisme et de stratégie pour le coup d'après : recentrer le débat à droite sur l'identitaire, provoquer un serrage à Droite de LR, susciter chez les jeunes loups frontistes un désir de faire des alliances à droite et provoquer la naissance d'une alliance des Droites sur le modèle berlusconien. Sauf qu'il est assez drôle de voir que la référence de Zemmour (Sylvio) est une référence venant d'un pays qui jusqu'à récemment incarnait le parlementarisme pré-De Gaulle en pire. Enfin, il est ironique de voir le candidat qui a brocardé la Gauche 1983 faire campagne sur une ligne économique macronienne.

    JZ

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  5. @ Moi

    Zemmour a perdu l’électorat populaire avec un discours très à droite économiquement. Il s’est adressé aux CSP+ conservateur, un peu comme le FN de JMLP, d’où son plafond

    @ Chicourne

    En revanche, je ne m’aventurerai pas à conclure sur ce que ferait un Zemmour président. Sur les questions régaliennes, j’ai plutôt tendance à penser qu’il tiendrait bon car c’est un idéologue qui ne cèdera pas sur ses principes. Après, sur l’économie, son programme est un absurde prolongement du passé.

    Pour la nième fois, je ne suis pas partisan de la culture de l’effacement. Chevènement a joué un rôle majeur dans ma construction politique il y a 30 ans et je ne vois pas pourquoi son parti-pris aujourd’hui devrait me pousser à l’effacer. Ce n’est pas la première fois que je ne suis pas d’accord avec lui…

    @ JZ

    Service commandé ? Pas sûr, je crois que sa candidature est surtout la conséquence d’un UMP très macroniste depuis 20 ans, ce qui a ouvert un boulevard à l’écrivain et journaliste qui fustigeait leurs accommodements avec la pensée dominante.

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    1. @LR:

      Ce que j'appelle service commandé, c'est qu'à mon avis Zemmour se serait bien contenté de sa position granscienne d'éditorialiste chouchou d'une certaine droite sans les personnes que je mentionne. Ce n'est pas quelqu'un qui a pensé à l'Elysée comme Sarko.

      JZ

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