samedi 28 janvier 2012

Quand les inégalités s’invitent dans le débat à Londres et Washington

Depuis 40 ans, les inégalités salariales ont explosé. D’une part, les hauts salaires des grands patrons, de la finance ou des sportifs se sont envolés. De l’autre, les bas salaires stagnent ou même baissent en termes réels. Assez naturellement, les inégalités s’invitent dans le débat politique.

De la croissance partagée à la croissance inégale

Il y a quelques décennies, les patrons gagnaient 20 à 30 fois plus que leurs salariés. Maintenant, les écarts peuvent aller de 300 à plus de mille. Raymond Lévy, gagnait cent cinquante mille euros (un million de francs) à la tête de la Régie. Carlos Ghosn, gagne soixante fois plus. Le salaire de Jacques Calvet à la tête de PSA (deux millions de francs, soit trois cent mille euros) avait déclenché une sacrée polémique alors que cela restait dans la limite d’un rapport de un à trente.

Si certaines études concluent à une relative stabilité des inégalités, c’est parce qu’elles se basent sur une comparaison par décile ou quintile. Or, l’explosion des hauts revenus se concentre tout en haut de l’échelle. Aux Etats-Unis, les 0,1% plus hauts revenus concentraient 1,9% des revenus en 1973. En 2007, ce chiffre a atteint plus de 8%, battant le record de 1929, 7,6%. Les études de Camille Landais et Thomas Piketty démontrent que la France évolue dans la même direction.

Pire parallèlement, les bas salaires ont tendance à baisser et cette baisse est en partie masquée par l’explosion des hauts salaires. Jacques Sapir a montré que malgré la hausse de 12% du salaire net moyen en France de 1996 à 2006, le salaire médian n’a progressé que de 3,5%. En Allemagne, le salaire moyen a baissé de 3% depuis 10 ans, mais les bas salaires ont perdu 20% ! Aux Etats-Unis, le salaire minimum s’est effondré en 40 ans, comme l’explique Paul Krugman.

Les inégalités s’invitent dans le débat politique

Barack Obama semble vouloir faire des inégalités salariales un thème de sa campagne de réélection. Il vient de proposer un taux d’imposition minimal de 30% sur les revenus des millionnaires, au moment même où Mitt Romney vient d’admettre qu’il en paie moins de 15%. Alors qu’une partie des candidats des primaires républicaines proposent une « flat tax » de 10 à 15%, le président sortant aura beau jeu de présenter ses adversaires comme le parti des riches.

Le débat fait rage également en Grande-Bretagne, comme le rapporte The Economist. En effet, la rémunération moyenne des patrons du FTSE 100 (les 100 premières capitalisations de la place de Londres) est passée de un million de livres en 1998 à 4,2 millions en 2010, un quadruplement qui contraste fortement avec la progression bien plus faible des rémunérations moyennes (qui ont augmenté d’environ 60%) ou même des actions du FTSE 100.

Du coup, même le gouvernement conservateur de David Cameron s’est emparé du sujet. Il a conservé la nouvelle tranche d’impôt sur le revenu, à 50%, mise en place par le gouvernement travailliste, dans le cadre du plan de remise en ordre des finances publiques. Le premier ministre a ainsi affirmé que « la culture des bonus, particulièrement dans la City, est devenue hors de contrôle et le lien entre le risque, l’effort, la performance et la récompense a été cassé ».

En fait, c’est la libéralisation des échanges de biens et de capitaux qui est en grande partie responsable de cette explosion des inégalités. C’est en mettant en concurrence nos ouvriers et nos employés avec des personnes gagnant dix fois moins que les bas salaires stagnent et le chômage explose.

1 commentaire:

  1. Limpide et incontestable. Ce sont ces faits qu'il faut balancer aux Lelouche et autres mondialistes si pretentieux alors que tous les faits leur donnent tort. Ils n'ont pour eux que leur surexposition mediatique et les journalistes dans leur poche comme je le constate tous les jours en regardant les chaines d'info...

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