C’est une
des caractéristiques de notre époque, qui vaut aussi bien pour nos dirigeants
politiques que
pour les dirigeants de nombreuses entreprises. Secoués comme des pruniers
par une actualité dont ils n’arrivent plus à s’extraire pour réfléchir et
prendre de la distance, l’immédiateté tue réflexion et action.
Réagir
plutôt qu’agir
Nicolas
Sarkozy représente sans doute un des prototypes de ces dirigeants qui ne
réfléchissent plus, mais se contentent de réagir promptement, mais
superficiellement, à toute actualité. C’est ainsi que pendant les années qu’il
a passées comme ministre de l’Intérieur, il a multiplié les déclarations
viriles et les projets de loi plus ou moins sécuritaires. Ce faisant, il a
donné l’impression d’être un ministre efficace, sur tous les fronts. Pourtant, pour
qui examine d’un peu plus près son bilan, il est extrêmement mauvais. En
effet, le
nombre de coups et blessures a augmenté de plus de 60%, une dégradation bien
plus importante que sous Jospin… Il est, paradoxalement, celui qui a mis
fin à la double peine.
Ce monde de
la réaction est profondément dysfonctionnel. D’abord, parce qu’il est incapable
de voir plus loin que le bout de son nez, les problèmes se sont jamais
véritablement traités. Ces dirigeants à courte vue ne font que concevoir des
rustines, qui génèrent souvent d’autres problèmes, amenant d’autres rustines…
etc. Un
député a imaginé un projet consistant à donner une ristourne pour les personnes
qui font du covoiturage sur l’autoroute. Théoriquement, ce n’est pas
inintéressant, pour qui n’est pas rebuté par la complexité de la mesure. Mais en
fait, cette mesure risque surtout d’être un formidable effet d’aubaine pour
certains, sans véritablement changer les comportements.
Une
société complexe et injuste
On en arrive
aux aberrations de la société moderne où, pour « protéger » les
citoyens consommateurs, on multiplie les procédures ou les textes légaux, qu’il
convient d’accepter comme si on les avait véritablement étudiés, mais que
personne ne maîtrise tout à fait, certains n’étant que des agitations légales
sans impact, d’autres étant en revanche des opportunités d’arnaques légales à
la faveur d’entreprises habiles légalement. Car si les règles peuvent protéger
ceux qui en ont besoin, l’excès de règles extrêmement complexes ne finit que
par favoriser les plus forts, qui, seuls, ont les moyens de défricher ce maquis
pour en exploiter toutes les opportunités, alors que le péquin lambda ne peut
que s’y perdre.
Il faut bien
reconnaître que les évolutions technologiques, (qui font que j’écris) aggravent
sans doute cette tendance à la myopie de nos sociétés, où les réactions superficielles
priment sur l’action de fond. Un jour, tôt ou tard, nous parviendrons enfin à
reprendre plus de recul sur le cours de nos vies.
Voici, déjà ici, un effort de réflexion salutaire, dont je vous remercie.
RépondreSupprimerJe crois qu'il faut inverser l'analyse. C'est parce que nous ne parvenons pas à regarder les problèmes en face, dont celui, légèrement préoccupant, de notre vieillissement et de notre mort, que nous nous perdons dans une gesticulation absurde.
RépondreSupprimerjard
Je pense qu'il ne faut pas confondre le recul que l'on peut avoir sur sa vie sa mort ou sa petite personne et celle que nous faisons en tant que société. Les athéniens refusèrent d’idolâtré le geste de Socrate car cela fut un geste humble et héroïque d'une personne, une société ne pouvait se permettre l'émergence d'une telle pensée.
RépondreSupprimerLes choix des individus sont différents des choix de la société dont il font partie. Non-seulement à cause de l'hétérogénéité des personnes mais également à cause de la proéminence de l'ensemble du groupe sur l'individu.
Aujourd'hui, nous somme dans le même cas. Certaines personnes au pouvoir ne parviennent pas à faire les choix sociétaux nécessaires car elles sont focalisés sur des intérêts particuliers (ou à courte échéance politique). Il faut réaffirmer l'importance du temps long sur l'instant. Tendre vers un futur, un projet ou une vision afin de s'améliorer.
Il ne faut pas confondre le ciel étoilé et son reflet dans la mare.
Votre commentaire est plein de bon sens : peut-il inspirer Herblay auteur de ce billet –la société myope- où il dénonce des comportements chez les autres qui, à bien des égards, sont copie conforme des siens et que ses propositions révèlent.
SupprimerUnci TOÏ-YEN
« l’immédiateté tue réflexion et action ». L'analyse est fondée, mais il faut peut-être aller un peu plus loin pour comprendre pourquoi. On pourrait objecter en effet qu'il est nécessaire de pouvoir réagir très vite dans certaines circonstances, parce qu'il y a urgence. Trop de réflexion dans ces circonstances risquerait d'inhiber l'action. Mais la question est savoir ce qui permettra ou pas de dégager une réponse qui soit tout à la fois rapide et pertinente. L'examen de cas de figure historiques (guerre, krach boursier, crise bancaire…) révèle bien sûr l'importance du caractère, de la capacité des responsables à trancher entre plusieurs options, mais aussi qu'il n'y a pas de capacité d'improvisation apparente qui ne fonde son efficacité sur un arrière-plan suffisamment riche de préparation intellectuelle, de réflexion de fond préalable. Et de culture aussi.
RépondreSupprimer« Vitesse, vitesse, activité », aurait dit Napoléon pour résumer sa manière de faire la guerre. Mais on lui prête aussi ce mot à Rœderer : « Moi, je travaille toujours ; je médite beaucoup. Si je parais toujours prêt à répondre à tout, à faire face à tout, c’est qu’avant de rien entreprendre, j’ai longtemps médité, j’ai prévu tout ce qui devait arriver. Ce n’est pas un génie qui me révèle, tout à coup, en secret, ce que j’ai à dire ou à faire, dans une circonstance inattendue pour les autres. C’est la méditation… »)…
YPB
"L’immédiateté tue réflexion et action. La question est : est-il possible de faire autrement ? Oui, à condition d'accepter de rester silencieux. Cela implique, pour ne pas être assimilé à de l'indifférence ou de l'incompétence, que le pouvoir fasse vivre la démocratie au quotidien à travers des débats, des échanges. Nous sommes tellement loin de ce schéma que les gouvernants font des communiqués sur tout et n'importe quoi pour saluer, critiquer, dénoncer, encourager. L'important est de se positionner et de faire parler de soi.
RépondreSupprimerDemOs
« Silence bien gardé vaut mieux que parole mal lâchée. » (citation espagnole)
RépondreSupprimerC'est un peu comme le gars Lolo, qui se retrouve avec 5 millions de musulmans dont une partie le hait comme concitoyens, mais qui pense toujours que le pb c'est le FN.
RépondreSupprimerLe gars Lolo manque un peu de recul...la réalité risque de lui faire drôlement mal quand il va se la prendre pleine face.
Si le gars Lolo était moins myope et moins imbus de lui-même (et du gros Seguin), la droite aurait mené une politique de droite, il n'y aurait pas de FN, et on n'aurait pas à gérer les emmerdeurs susmentionnés.
@ Dissimilaire
RépondreSupprimerMerci
@ Jard
Le retour du débat sur l’œuf et la poule ?
@ Samson R
Pas uniquement, je pense qu’outre la question du collectif par rapport à l’individuel, toute la société devient trop courtermiste, les entreprises, comme les politiques.
@ YPB
Très juste. Parfois il faut savoir réagir vite mais le problème est que nos dirigeants se polluent à réagir vite à des choses dont ils ne devraient pas s’occuper
@ Démos
Très juste. D’où mon choix, parfois, de ne pas parler de certains sujets, même si je peux céder parfois au traitement de l’actualité.
@ Anonyme
Je crois que vous sur-estimez un peu mon influence sur la droite… Encore un triste exemple de généralisation xénophobe.
@LH,
RépondreSupprimerhttps://fr.wikipedia.org/wiki/La_France_contre_les_robots