lundi 27 novembre 2017

Ce qu’il y a de détestable dans ce vendredi noir

Hier, s’est terminée cette célébration commerciale anglo-saxonne qui a envahi nos enseignes, les publicités et les réseaux sociaux. Certains notent que cela peut représenter un gain de pouvoir d’achat bienvenu à cette période de l’année. Mais je persiste à penser que c’est un raisonnement malheureusement trop partiel, outre tous les aspects culturels détestables de cet « événement ».


Le pire de la globalisation marchande ?

Le monde réuni dans une fête des achats en anglais dans le texte : voilà ce que représente ce vendredi noir. Avant de revenir sur son impact sur les inégalités, comment ne pas se désoler de cette inondation de slogan anglais ? N’aurait-il pas été aussi simple de parler de « vendredi noir » ou même de « promotion du vendredi » ? En outre, je reste mal à l’aise face à cette communion consumériste mondiale alors même que les inégalités et les profits des entreprises sont au plus haut, que les classes populaires sont déclassées, et que cette consommation parfois effrénée épuise notre planète au-delà du raisonnable, sans le moindre souci de notre avenir et du caractère durable de ce mode de vie.

Que l’humanité se rassemble pour célébrer des soldes marchandes donne un peu le vertige sur ce qu’est devenue notre société aujourd’hui. La seule chose qui nous rassemblerait, ce serait donc des soldes ? N’y aurait-il pas des valeurs un peu plus nobles qui pourraient être célébrées ? Au moins Noël a une dimension culturelle et familale. Bien sûr, certains soulignent que ce produit d’importation étasunien apporte un pouvoir d’achat bienvenu pour les classes populaires et ceux qui ont peu de moyens, qui peuvent avoir du mal à comprendre les réticences de personnes qui n’ont pas ces problème face à cette gigantesque opération commerciale et ses apparentes bonnes affaires.

Alors bien sûr, certains produits sont vendus moins cher que d’habitude. Mais d’abord, les promotions sont de plus en plus courantes, ce qui relativise les offres de ce vendredi noir, même s’il tombe bien, à moins d’un mois de Noël. De plus, certaines promotions sont en trompe-l’œil : il suffit de gonfler artificiellement le prix de départ pour donner l’impression de faire une affaire. Ensuite, la part des profits dans le PIB est à des sommets, ce qui relativise l’attrait des promotions par rapport aux vrais prix de revient. Enfin, on peut aussi craindre que les produits d’importation représentent une part disproportionnée de ces offres, qui pourraient bien creuser le déficit commercial et donc nous appauvrir.

Cela est d’autant plus possible que cette course aux prix bas des classes populaires appauvries est un cercle vicieux redoutable, un cannibalisme économique inconscient. En effet, quand les consommateurs appauvris cherchent des prix bas, cela pousse les entreprises à délocaliser pour baisser leurs coûts et garder leur clientèle, détruisant des emplois et renforçant le rapport de force en faveur des entreprises, ce qui contribue plus encore à les appauvrir. Aucune culpabilisation ici : quand on a du mal à joindre les deux bouts, il est logique de chercher le moins cher. Malheureusement, cela entretient le cercle vicieux de déclassement des classes populaires des pays développés.


C’est ce que décrivait Jacques Généreux dans « La dissociété » : les méfaits de l’ultralibéralisme qui le nourrissent. Pour cela, et tous les aspects culturels, ce vendredi est bien noir pour moi, et beaucoup, comme le rapporte Ouest France. La personne morte à New York, piétiné lors les soldes il y a 9 ans n’est-elle pas une allégorie de ce que représente ce vendredi noir ?

5 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas cette expression de "vendredi noir", je dois être moins américanisé que vous !! :)

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  2. « Nous sommes au pied du mur, au bord du gouffre, vive le grand bond en avant! » (Mao)

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  3. La pénétration et toutes les justifications y afférentes du black Friday dans notre culture me font penser aux contorsions que beaucoup font pour nous convaincre et nous imposer l'ouverture des magasins le dimanche.
    Bonne journée
    Sylvie

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