dimanche 25 décembre 2022

SNCF : quand Macron légitime les grèves à Noël

Vendredi, devant les nouvelles propositions faites par la direction de la SNCF aux contrôleurs, l’ensemble des syndicats ont signé l’accord et levé le préavis pour le Nouvel an. Le chaos de Noël a imposé à l’exécutif et à la direction de la SNCF de répondre favorablement aux revendications légitimes des contrôleurs. Mais ce faisant, ils légitiment et poussent à de tels mouvements, seul moyen de se faire entendre pour des salariés de plus en plus maltraités, notamment dans le service public.

 


Seul moyen d’obtenir quoique ce soit

 

Bien sûr, une grève à la SNCF pendant les vacances de Noël n’est pas très populaire. Bien des média ont entonné le refrain de la « prise d’otage », qu’heureusement, Eugénie Bastié, du Figaro, a jugé inapproprié. Encore une fois dans notre monde, des termes totalement biaisés polluent le débat. Une prise d’otage, c’est ce qui s’est passé au Bataclan, comme me l’avait souligné un contrôleur SNCF il y a trois semaines, et cela suppose qu’il y ait des terroristes. Des grévistes ne sont pas terroristes, même quand ils empêchent les TGV de circuler à Noël. En outre, les contrôleurs n’ont pris personne en traitre : le mouvement était annoncé depuis des semaines, et le premier mouvement, il y a trois semaines, constituait un avertissement sans frais pour Noël, qui annonçait ce qui s’est passé cette semaine.

 

La direction de la SNCF et le gouvernement étaient prévenus : en l’absence de réponse à la hauteur des demandes légitimes des contrôleurs, beaucoup de trains ne rouleraient pas à Noël, trois semaines plus tard. Il y avait donc le temps de prendre des mesures appropriées pour assurer des vacances sereines aux voyageurs. Mais, comme pour les masques, les tests, les vaccins, ou la crise de l’énergie, le gouvernement réagit toujours avec retard. Ce n’est qu’au bord du précipice que cet exécutif est capable de changer de direction. Il faut rappeler ici que si l’exécutif avait écouté et véritablement pris en considération les demandes des contrôleurs, exprimées par leur première grève de début décembre et pris les mesures annoncées vendredi, tous les trains auraient alors pu circuler à Noël…

 

Ce faisant, c’est bien l’exécutif qui porte la responsabilité des trains qui manquaient cette semaine. Comme j’avais pu le dire, en soutien à un contrôleur interpellé par des passagers, malheureusement, faire grève à Noël est sans doute le seul moyen pour les salariés de la SNCF de se faire entendre et d’obtenir quoique ce soit. Ce faisant, ce mouvement créé un précédent très clair : si l’exécutif et la direction de la SNCF n’écoutent pas, il faut faire grève à Noël pour obtenir ce qu’ils refusent. Bien sûr, le gouvernement annonce vouloir mettre en place des contraintes pour empêcher de tels mouvements, comme en Italie, ce qui est tristement cohérent avec l’agenda antisocial de Macron. Mais l’hostilité légitime qu’il génère pourrait bien venir à bout de règles remettant en cause le droit de grève, si tant est qu’elles passent.

 

Et l’exécutif est d’autant plus responsable de la situation que les demandes des contrôleurs étaient légitimes. D’abord, il faudrait rappeler à tous ceux qui dénoncent les grèves pour Noël qu’ils sont bien contents de pouvoir compter sur les employés de la SNCF pour les transporter à cette période de l’année et qu’eux sacrifient souvent ces moments où nous sommes contents de pouvoir voyager. Travailler à la SNCF implique des sacrifices personnels, comme dans d’autres professions, certes, mais que ceux qui se plaignent oublient un peu trop. En outre, probablement du fait de choix similaires à ceux faits pour EDF, les programmes d’économie de la SNCF aboutissent à la fois à la présence d’un seul contrôleur à bord au lieu de deux, alors qu’on leur demande d’assurer la sécurité de rame comportant 600 voyageurs, et à une stagnation des salaires. Le contrôleur que j’avais rencontré, proche de la retraite, avait un salaire nettement inférieur à 2000 euros net par mois, malgré les nombreuses nuits passées en déplacement.

 

Malheureusement, dans le monde actuel, où les services publics sont sans cesse lessivés par des politiques à courte vue, le seul moyen d’obtenir quoique ce soit, hors les urnes, sont des actions coup de poing. C’est ce que les contrôleurs de la SNCF ont compris. Ils l’ont fait de manière responsable, en agissant bien avant les vacances. Ce n’est que le cynisme et le manque d’anticipation de la majorité qui a provoqué la crise ce Noël. Ce faisant, sous Macron, de telles crises devraient se reproduire…

2 commentaires:

  1. On en revient toujours à la problématique des médias qui ne sont qu'une caisse de résonance de l'idéologie néolibérale. Le débat public est devenu un vaste champ de bataille pour démagogues. Il se réduit à des débats stériles et manichéens ridicules où l'on ne donne aucune part aux statistiques et monde réel. Que ce soit en économie ou en géopolitique tout n'est plus que vaste théâtre pour escrocs du verbe.

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  2. En effet, la couverture des média est révoltante. Hier soir, le journal de France 2 était effarant sur le sujet de la dette et du chômage, servant la ligne du gouvernement sans la moindre contradiction. Rien sur la monétisation évidemment

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