dimanche 12 mars 2023

Inflation, énergie, voiture électrique : les 3 nouveaux fiascos de Bruno Le Maire

Pour certains, le ministre de l’économie dégagerait une forme de compétence naturelle, avec son expression policée et sage. Mais en réalité, celui qui est à Bercy depuis près de 6 ans est en échec sur la plupart des sujets. Il ne cesse de se tromper, sur l’impact des sanctions sur la Russie ou l’inflation, et se contente de chercher à rattraper son manque de prise sur le réel par des déclarations creuses ou irresponsables, comme l’a bien montré cette dernière semaine.

 


Agitations verbales et intérêts nationaux oubliés

 

Ce ne sont pas trois petits dossiers sur lesquels Bruno Le Maire est à nouveau en difficulté ces derniers jours, mais trois des sujets les plus importants du moment. Le premier, c’est l’inflation, dont ce ministre inconscient et imprudent avait annoncé le pic pour l’été 2022. En réalité, elle rebondit aujourd’hui, portée par la hausse des prix des produits de consommation courante, qui étaient déjà en progression de 14,5% sur une année en février selon l’INSEE. Pire, les hausses de tarif au titre de 2023 sont annoncées à environ 10%, et devraient donc faire encore monter le niveau de l’inflation, pour ce qui promet d’être un mars et un avril rouge pour le panier des consommateurs en grandes surfaces. Comme toujours, le gouvernement réagit mal, et trop tard. Et pour donner le change alors que les Français constatent son inefficacité, le ministre et ses ministres délégués ont lancé une pompeuse initiative de communication.

 

Bruno Le Maire a donc annoncé un « trimestre anti-inflation », assurant que la grande distribution va rogner sur ses marges. C’est une mascarade complète. Le trimestre à venir sera au contraire celui où l’inflation des produits de grande consommation sera la plus forte, et pourrait dépasser les 15%. Les Français ne sont pas dupes et réduisent déjà leur consommation. Incriminer les distributeurs n’est pas juste : Leclerc a eu raison de boycotter cette mascarade. Le problème vient des grands industriels, comme l’a pointé François Lenglet dans un éditorial édifiant rappelant qu’ils ont fortement augmenté leurs prix et leurs profits en 2022, dans une boucle prix-profits, qui fait que Procter & Gamble a distribué à ses actionnaires 20% de ses revenus… Le dispositif annoncé, un simple panier que chaque distributeur pourra composer à sa guise, n’est pas « massif, efficace, protecteur » comme le dit Le Maire, il est dérisoire, inefficace et abandonne les Français au racket de grands groupes qui profitent du contexte pour monter leurs prix.

 

Deuxième fiasco sur les prix de l’électricité. Il y a 18 mois, le ministre de l’économie jugeait « obsolète » le marché unique. Il y a dix mois, l’Espagne et le Portugal en sont partis, permettant une baisse des prix qui a fait passer leur inflation sous la nôtre. Le contraste est sévère avec la passivité de Le Maire, qui disait pourtant qu’il fallait « revoir de fond en comble le fonctionnement du marché unique de l’électricité » et « qu’on n’allait pas continuer comme ça ». La réforme n’est toujours pas bouclée, et l’Allemagne fait tout pour éviter de rendre à la France notre avantage d’une électricité bon marché. Face à cela, nos dirigeants semblent totalement paralysés à l’idée de rompre avec le marché unique de l’UE, malgré l’exemple espagnol, au point de mentir sur les risques que cela engendrerait. Résultats : les prix de l’électricité restent encore trop élevés malgré l’effondrement du prix du gaz, et les faillites se multiplient dans les PME

 

Troisième fiasco : le volte-face de l’Allemagne sur l’interdiction par l’UE des véhicules thermiques en 2035. Cette mesure, votée par le parlement européen, devait être validée par le conseil européen, mais Berlin a rejoint la fronde de Rome, Varsovie et d’autres pays, au grand dam de Paris, qui implore l’Allemagne de renoncer à cette fronde. Ici, ce sont sans doute les deux grands pays de tradition automobile que sont nos voisins qui ont raison, tant le passage à l’électrique pose problème : une production plus polluante, une utilisation guère moins polluante dans des pays dont l’électricité vient principalement d’hydrocarbures, l’approvisionnement difficile en métaux ou l’opportunité que cela donne aux constructeurs chinois alors que notre marché est ouvert, et pas le leur… Il est effarant que la France continue à soutenir cette mesure malgré les avertissements de Carlos Tavares et de beaucoup d’autres.

 

Bref, sur ces trois dossiers économiques majeurs, le bilan de Bruno Le Maire est calamiteux. Il s’agite sur le terrain de l’inflation, mais derrière les annonces, il n’y a rien de vraiment concret. Sur le prix de l’électricité, la France est inerte et soumise aux volontés allemandes. Et sur les véhicules électriques, nous défendons une mesure dangereuse économiquement pour ce qui nous reste d’industrie, sans même que son bilan environnemental soit si bon. Et au global, il est tout aussi perdant que mal avisé.

2 commentaires:

  1. Entre incompétence et mensonge, la frontière est ténue quand il s'agit de ce gouvernement. J'ajoute la réforme des retraites qui aurait dû être planifiée après une réforme du travail ambitieuse avec traitement de la pénibilité qui n'a rien à faire dans une réforme des retraites sauf à créer une multitude d'inégalités. On peut ainsi limiter la pénibilité des tâches par une plus grande attention des managers au déroulement du travail, des parcours professionnels aménagés, des temps partiels de fin de carrière sans aller à distinguer les dates de départ à la retraite. La pénibilité relève de la responsabilité de l'employeur, pas du système de retraite. Il y a assez de professions pour réfléchir à la pénibilité : responsable sécurité du travail, ergonome, responsable de ressources humaines, chefs d'équipe.

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  2. Il n' y a aucun doute sur l'incompétence de ce gouvernement qui mène la France à toucher le fond sur tous les aspects (sécurité, relations internationales, prospérité, santé publique...).
    Mais sur la question électrique je ne vois pas beaucoup d'alternatives. Il faut ouvrir les yeux sur le fait que EDF a perdu 23 milliards (EBT) dans l'exercice 2022: si elle était une entreprise sainement gérée devrait plutôt augmenter fortement les prix de l'électricité, au lieu de les faire baisser.
    Et venons aux véhicules électriques: l'entêtement français a la même origine, qui est celle de sauver EDF en créant une immense demande supplémentaire de consommation d'électricité, susceptible de faire croître durablement les prix du kWh, et de commander les infrastructures et composants électrotechniques aux industriels français.
    C'est le même besoin qui a amené la France à être le seul pays où le chauffage domestique à l'électricité (hérésie physique et économique) est largement répandu.
    Mais nos pairs européens (Allemagne et Italie) n'ont pas cette urgence liée à un électrique de source nucléaire au bord de la faillite. Ils pensent plutôt à leur industrie automobile, qui serait livrée aux producteurs et capitaux chinois, leaders absolus dans les batteries, qui font la plupart de la valeur ajoutée d'un EV.
    De plus leur sens commun, qui se joue de notre fanatisme idéologique, voit bien que le véhicule électrique ne connait qu'une faible demande, à cause des difficultés de recharge en copropriété et sur les longs trajet

    Sur la reforme des retraite, au delà de la pénibilité déjà évoquée dans un autre commentaire, il faut rappeler que la majorité de la classe d'âge 57/67 est au chômage, souvent non plus indemnisé par Pôle Emploi. La reforme leur fait donc cadeau de deux ans sans revenu, et d'une retraite fortement réduite par lé décote et la proratisation. A des personnes à qui on avait promis jusqu'à très récemment une retraite à 60 ans.
    Il est vrai que les autres pays européens ont des âges de retraite plus avancés, mais ils ont aussi un taux d'occupation des seniors bien plus important.
    Le résultat sera une forte baisse de la demande solvable, dans cette classe d'âge qui aurait normalement un bon pouvoir d'achat, ayant terminé de rembourser crédits immobiliers et frais de scolarisation.
    Et dans un pays keynésien où la croissance est tirée par la demande, cela va se voir. Perdrons nous notre 11eme place dans le classement mondial du PIB parité pouvoir d'achat ?

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