mercredi 14 décembre 2011

François Hollande, l’alternative en posture



Des propositions iconoclastes ?

François Hollande brouille les cartes. Si les idées protectionnistes restent relativement taboues malgré leur popularité auprès des Français, les candidats peuvent récupérer ce courant de pensée en évoquant le fait d’acheter français. De manière intéressante, Pierre Moscovici et Michel Sapin se sont empressés de dire qu’ils préféraient parler de produire en France plutôt que d’acheter français. Et le refus d’évoquer des mesures protectionnistes incite à la plus grande prudence.

De même, le candidat socialiste évoque une renégociation du traité européen pour obtenir la monétisation de la BCE et des euro obligations. Cela fait juste 18 mois que l’Allemagne refuse de manière extrêmement ferme ces idées et même la cour de Karlsruhe a posé un solide verrou juridique contre ces idées. On ne voit pas bien ce qui pourrait permettre à François Hollande de rouvrir la négociation dans quelques mois, surtout qu’on ne voit pas bien de quoi il pourrait menacer nos partenaires…

Le précédent Nicolas Sarkozy

Bref, la petite musique alternative que nous joue l’ancien premier secrétaire du Parti Socialiste n’est pas sans rappeler la musique de l’actuel président de la République pendant sa campagne de 2006-2007. En effet, Nicolas Sarkozy n’avait pas hésité à emprunter au répertoire des alter européens pour être élu, critiquant la politique menée par la BCE, la cherté de l’euro et promettant de négocier un « mini traité limité aux questions institutionnelles et prenant en compte le ‘non’ ».

On sait ce qui est arrivé. Une fois au pouvoir, Nicolas Sarkozy s’est renié sur toutes ces questions, cédant à la pensée unique qui domine la vie politique française. Alors qu’il avait toutes les cartes en main avec le « non » de 2005, qui lui donnait un fort pouvoir de négociation, il a capitulé. C’est pourquoi, il semble totalement illusoire d’attendre quoique ce soit d’un jospino-delorien qui n’aura aucun atout dans sa manche pour changer la donne industrielle ou européenne.

Le PS est irrécupérable

Bien sûr, je comprends l’espoir de certains. Il serait tellement plus simple qu’un candidat d’un grand parti, qui plus est, en tête des sondages, embrasse les idées alternatives pour qu’elles accèdent en quelques mois au pouvoir. Mais, comment placer le moindre espoir dans le fils politique de Delors et Jospin dont l’orthodoxie libre-échangiste et européiste permet de relativiser ces promesses ? Ne dit-on pas en Corrèze qu’elles n’engagent que ceux qui les entendent ?

L’internationalisme du Parti Socialiste le rend hostile à tout protectionnisme, à part s’il s’inscrivait dans un cadre européen, ce qui est totalement impossible avec les traités actuels. Et la renégociation d’un traité ne peut être obtenu qu’en ayant des moyens de pression. Que François Hollande explique donc ce qu’il ferait si nos partenaires refusaient ses propositions ! Il est bien évident qu’il ne ferait rien. Et donc, il est bien évident qu’il n’obtiendra aucun changement des traités.

Ce faisant, on peut constater que François Hollande est assez habile. Il reprend une partie de la recette du succès de Nicolas Sarkozy en 2007. Mais il n’est pas évident que les Français, déjà trompés il y a cinq ans, se laissent avoir à nouveau.

8 commentaires:

  1. Mon cher Laurent,

    Tu démontres ce qui devrait être évident pour beaucoup : il n’y a pas vraiment de différences entre le PS et l’UMP, entre Hollande et Sarkozy. Eric Besson en a été la démonstration la plus éclatante lui qui est passé d’un camp à l’autre en pleine bataille sans que cela ne pose vraiment de problèmes ni chez ceux qu’il a quitté (ce qui peut se comprendre, soulagés qu’ils étaient de voir partir un traitre) ni chez ceux qui l’ont reçu (plus étonnant puisqu’ils accueillaient le traitre).

    Je ne m’étendrai pas ici sur le fait que les représentants français les plus éminents de la libéralisation libérale (Trichet, Delors, Lamy, …) sont issus du PS, que ce parti a trahi tous ses idéaux pendant qu’il était au pouvoir et que l’on attend toujours une remise en question.

    Je voudrais souligner un point particulier qui, à mon sens, renforce le fait qu’Hollande n’est vraiment pas le président qu’il nous faut, qu’il n’en a pas la stature. Cela saute aux yeux quand on jette un œil à ses soutiens sur la blogosphère. La déclaration de candidature de NDA a donné lieu dans ce que l’on appelle je crois les leftsblogs à des billets tous plus nuls les uns que les autres. Cela a néanmoins eu l’avantage de le faire connaitre.
    Marianne2 qui te reprend souvent a, dans un souci louable d’équité, visiblement décidé de donner régulièrement la parole à des bloggeurs représentants tous les courants de la vie politique comme l’Hérétique pour Bayrou ou Variae pour Hollande. Et c’est là que j’en arrive où je voulais en veniur: ces blogueurs reflètent d’une certaine manière la valeur de leur candidat et permettent de se faire n bonne idée de ce qu’il est vraiment au-delà de ce qu’il peut dire ou faire. Au risque de te faire rougir, tu fais cela de manière remarquable selon moi, même si je ne peux pas être considéré comme objectif, moi-même soutenant Dupont-Aignan. Il me semble que la pauvreté des idées défendues par Variae dans ses articles n’est que le triste reflet de la nullité de son champion. Sur les 10 derniers billets publiés sur le blog en question, 5 comportent Sarkozy dans le titre et au moins 8 s’en prennent principalement au gouvernement et/ou à la droite. Il n’y a pratiquement rien, de ce que j’ai pu voir, au niveau de l’analyse de la situation et des propsoitions.

    Ce n’est pas moi, anti-sarkozyste primaire revendiqué, qui vais me plaindre que l’on tape sur le président et le gouvernement. Mais cela ne constitue pas un programme politique et ne fait que cacher, de la part de cette gauche molle, son absence totale de projet alternatif, tant chez ses dirigeants que dans leurs supporters. J’espère que les français vont s’en rendre compte.

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  2. Avec toutes les réserves que tu fais à juste titre cela me paraît quand même significatif cette évolution du discours politique. D'autre part il n'y aura rien à renégocier puisque les traités actuels sont allégrement bafoués par leurs partisans et qu'en raison de leur manque de légitimité démocratique ils n'ont que la valeur du papier sur lequel ils sont rédigés.
    Il ne faut pas exclure la poursuite d'une évolution mais cela sera toujours trop peu et trop tard sur la réalité de la crise terminale de la zone euro.
    Il y a dans Marianne2.fr une excellente interview d'Emmanuel Todd, comme d'habitude.

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  3. "Posture", c'est le bon terme.
    Contre tout, mais avec en fait les mêmes idées. Nul, inutile voir nuisible.

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  4. Toujours drôle l'état.

    Bought by France :
    http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=12701

    Olaf

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  5. Effectivement, on peut toujours craindre la posture, surtout dans une campagne électorale et je reçois 5/5 l'argument qu'il serait bien difficile d'obtenir une autre politique de l'Allemagne (et même après 2013).

    Néanmoins, si vous convenez que la politique actuelle, avec le cycle "rigueur - récession - plus de rigueur", ne nous sortira pas de l'impasse, et c'est sous la contrainte des faits que les changements se feront.

    Il y a un argument qui ne tient pas : le "PS doloriste, libre-échangiste, européiste" ne peut pas évoluer.
    1981 puis 1983, si j'ose dire, il y a déjà eu un retournement : d'une posture idéologique utile pour se faire élire, vers une attitude plus pragmatique sous la contrainte des faits.

    Autre exemple : De Gaulle fut élu pour sauver l’Algérie française et signa les accords d'Evian.

    PeutMieuxFaire (PMF)

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  6. François n'existe pas politiquement. François est atlantiste. François est passé par les bons réseaux et les justes adoubements de la "pensée" libérale. François est un haut fonctionnaire de qualité, très doué en matière de note de synthèse. Et si l'on veut croire que la première décision d'un candidat comme candidat donne la mesure de son aptitude politique, alors nous nous rappellerons que françois est auteur d'une belle non-décision relative à son QG de campagne ; non-décision qui au surplus laisse apparaître que seul l'image a du sens pour le Grand Homme. François aime la loi de 1973, et les règles du marché imposées à la schlague aux Etats, par la voie de l'endettement. François estime que trancher, c'est faire du mal, c'est faire très "bobo" à des gens, et ainsi on se demande si françois ne préfère pas la gangrène, qui est gentille, à la chirurgie politique opportune. Quand François ne veut pas répondre, françois arrondit son visage, sourit, et lance un trait d'humour, et tout cela pour vivifier nos intelligences en les focalisant sur des éléments de discours secondaires. François, indéniablement, est le symbole politique du monde occidental, européen, grand copains avec l'Oncle Sam, des années 2000 à 2012 - quel beau compliment. François est un grand homme à l'heure de la civilisation journalo-médiatique du divertissement obligatoire. Quand un socialiste du parti socialiste me parle, par précaution et expérience, je m'assoie et je me munis d'un bouchon de champagne - gauche au... - que je place opportunément. En 2012, François, dans la droite ligne de ces âmes qui ont donné ce souffle et cette force au nom de France, montera calmement et solennellement sur son pédalo pour affronter la tempête. On se transmet encore les armes et les sabres du Premier Consul et de l'Empereur, et demain, on se passera, de génération en génération, les palmes (jaunes), le tuba (bleu), le masque (violet), le tout en plastic équitable poinçonné par l'inimitable Cécile Duflot - rapport au pédalo -, ce comme un acte de célébration de la grandeur passée du pays. Merci François.

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  7. @ RST

    Merci. C'est clair, François Hollande ne mènera pas une politique très différente de celle du gouvernement actuel sur les questions économiques.

    Sur Variae, je te trouve dur. Il a fait de nombreux papiers très intéressants et très pertinents. Je ne le lis pas à chaque fois, mais j'ai cru y voir une petite musique alternative intéressante, même s'il soutient Hollande.

    Si la gauche se contente de taper sur Sarkozy, c'est parce qu'elle ne fera rien de différent sur l'économie et donc du coup, elle préfère taper sur le président plutôt que de parler du fond, ce qui la contraindrait à admettre qu'elle est d'accord.

    @ Cording, Alain34

    Je suis bien d'accord

    @ PMF

    J'ai une vision différente des socialistes. Pour moi, ils ont toujours été socio-libéraux, et il n'y a qu'une parenthèse gauchiste de 1977 à 1983, purement tactique car elle était menée par Mitterrand.

    Sur le Général, pas d'accord, des observateurs attentifs auraient pu noter que son discours n'était pas franchement Algérie Française, bien avant 1958.

    @ Anonyme

    Et j'espère qu'il sera le chant du cygne de la pensée unique.

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  8. DEux remarques :
    - Comparer Hollande et De Gaulle (peut-on croire à un discours à double sens de la part de Hollande) est au choix comique, ou lamentable. La personnalité et les exploits passés du second, à la date de son retour aux affaires, rendaient limpide pour les gens lucides (pas moi hélas !) sa pensée réelle. Qui peut sincèrement penser la même chose de Hollande ?
    - A la lecture, c'est une bonne école même sans partager ses sous-entendus, des livres de M. S. Epstein, on ne peut que réaliser que le tropisme anti-national, ou plutôt anti-français, de la gauche en général et du PS actuel, héritier direct de la SFIO "remoulinée" par un ancien maréchaliste, fera toujours NECESSAIREMENT du PS le "collabo" de toutes les démission, de toutes les trahisons. Songez que cet internationalisme a fini par faire, petits pas à petits pas, un maréchaliste d'un homme d'une immense droiture et courage comme Alain. Qui songerait à le comparer aux pantins du PS ?

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