dimanche 11 décembre 2022

Trump, Meloni… : droite dite radicale, mais alternative (très) allégée

L’arrivée au pouvoir de Giorgio Meloni a provoqué une nouvelle vague d’inquiétude dans le camp centriste : encore une fois, les politiques que mènent ce camp provoquent une envie de changement des électeurs, qui ont choisi, une nouvelle fois, la droite dite radicale. La demi-victoire de Trump semble les avoir rassurés. Mais plus globalement, que penser de ces alternatives venues d’une droite qualifiée de radicale, ou même d’extrême, pour apporter des solutions aux problèmes que nous rencontrons ?

 


Quand l’alternative vire à droite, toute

 

Il y a une dizaine d’années, suite à la grande crise financière de 2008, c’était plutôt une gauche plus radicale qui s’était imposée dans les grandes démocraties occidentales. Outre-Atlantique, Bernie Sanders est parvenu à s’imposer comme une vraie alternative aux démocrates centristes qui avaient abandonné toute ambition sociale. Outre-Manche, c’est Jérémy Corbyn qui a semblé un moment pouvoir incarner une réinvention du Labour. Mais aucun des deux n’est parvenu au pouvoir, le parti démocrate préférant toujours se donner à des centristes, quand le second a buté sur le débat du Brexit. Dans le monde latin, Syriza, en Grèce, Podemos, en Espagne, le M5S en Italie ou LFI en France, ont incarné ou incarnent encore une opposition dite radicale au système. Mais ici, les trois expériences du pouvoir n’ont guère convaincu.

 

C’est en Grèce que la gauche radicale a connu son fiasco le plus incroyable. Après une élection victorieuse, de dures négociations, sanctionnées par un refus du peuple Grec de se soumettre à un nouveau plan austéritaire, Alexis Tsipras a fini par quasiment mener la même politique que ces prédécesseurs. En Espagne, si Podemos s’est aussi converti à une forme de social-démocratie au pouvoir, il a au moins eu le mérite de pousser le PSOE un peu plus à gauche. En Italie, l’alliance Lega / M5S, malgré une tonalité très critique à l’égard de l’UE à un moment, a fini elle aussi par rentrer dans le rang, même si le M5S a tout de même gardé un poids important dans les parties les moins prospères du pays, comme l’ont montré les dernières élections législatives, qui ont vu le succès de la droite et de Meloni. La gauche radicale se heurte également au sujet de l’immigration, où ses positions sont largement impopulaires.

 

Il faut dire qu’au pouvoir, la gauche dite radicale ne change pas la vie. Ill n’est pas forcément étonnant que les électeurs souhaitant un changement finissent par être tentés par une droite radicale, tranchant avec la droite classique de gouvernement. C’est ce qui a propulsé Trump au pouvoir fin 2016, après huit années d’Obama et malgré un contexte économique favorable aux sortants. Certes, les élections de mi-mandat n’ont pas été la vague rouge attendue par certains, mais il est bien tôt pour rayer Trump de la carte électorale étatsunienne. Le GOP a repris la Chambre des représentants, et s’il n’a pas repris le Sénat, chose trop peu rappelée par les médias, c’est aussi parce les sièges en jeu, ceux de 2016, étaient déjà très largement républicains. S’ils ont perdu un siège, les Républicains en ont gagné 19, contre seulement 15 pour les Démocrates. Bref, les résultats sont moins négatifs qu’il n’y paraît pour Trump, malgré tout.

 

Malheureusement, cette poussée de la droite dite radicale n’est pas forcément le moyen d’un vrai changement. Les USA montrent malheureusement une forme de continuité économique, avec des réformes fiscales qui privilégient toujours l’oligarchie, et une forme de protectionnisme, qui traverse les deux grands partis, Biden agissant finalement plus que Trump, qui se contentait trop souvent de parler, avec la préférence nationale appliquée aux véhicules électriques, ou les sanctions sur les fournisseurs chinois de télécommunications. Idem pour Meloni, qui s’est employé à rassurer jusqu’à la commission européenne. Certes, la politique migratoire change avec la droite radicale, mais souvent pas autant qu’annoncé, et surtout, la ligne générale économique reste souvent très proche des politiques du passé. C’est ainsi que Meloni a été qualifiée de Tsipras de droite dans le très oligarchiste Les Echos.

 

Un tel qualificatif est malheureusement une forme, un peu perverse, de compliment. Et cela revèle que, derrière les critiques que génère cette droite, dite radicale, ou présentée comme extrémiste, c’est souvent une forme de continuité, malgré de vrais changements sur quelques sujets de société ou l’immigration. Le vrai changement de modèle économique ne viendra pas par là.

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