Alors qu’une partie des Républicains sonne la charge contre les énergies renouvelables, et qu’une nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l’énergie, la PPE3, se profile, le débat se durcit. Comme trop souvent, certains s’en tiennent à des postures morales, mais pour qui fait l’effort de rentrer dans le détail des mécanismes, difficile de ne pas y voir une construction qui pose de vrais problèmes.
Le pseudo marché des technos apprentis sorciers
Bref, se pose la question du besoin véritable d’augmenter la production de solaire et d’éolien dans un pays comme le nôtre, où notre mix était déjà décarboné à plus de 90%, d’autant plus que l’on peut craindre que la hausse de la part des énergies renouvelables pourrait imposer plus de ressources très réactives, comme le gaz, pour compenser absence de vent et de soleil, notamment en hiver… Bien sûr, le nucléaire n’est pas une source d’énergie parfaite, entre risques, et déchets, mais elle a l’avantage d’être décarbonée, stable, bon marché et très largement souveraine. L’éolien et le solaire sont certes décarbonés, mais sont très instables, imposent des importations massives, et leur coût est exorbitant (226 euros le MWh pour le photovoltaïque quand EDF vendait 42 euros son nucléaire avec l’ARENH…).
Et là, nous touchons à un point qui commence enfin à émerger dans les médias : le coût totalement exorbitant des énergies renouvelables. Rappelons que le prix de l’électricité a presque doublé en quelques années, alors même que le mix énergétique français aurait dû permettre une quasi stabilité. Cette explosion du prix, qui explique en partie le nombre record de faillites d’entreprise, et la poursuite de notre désindustrialisation, a deux raisons : la mise en place d’un pseudo marché européen de l’électricité, et le financement des très coûteuses énergies renouvelables. En acceptant une rémunération de 226 euros le MWh de photovoltaïque, 195 euros l’éolien en mer et 102 euros l’éolien terrestre, nos technocrates finissent par imposer une forte hausse du prix de l’électricité pour absorber ces énormes surcoûts.
Problème : cela ne réduit pas significativement notre dépendance aux hydrocarbures, contrairement à ce que sous-entend Agnès Pannier Runacher, plus à une fausseté près. Ce sont surtout des rentes très juteuses pour tous les opérateurs, comme l’indique l’EBITDA de 64% du chiffre d’affaires d’EDF sur sa filiale renouvelables… Il faut dire que les producteurs de photovoltaïque et d’éolien ont négocié des contrats léonins avec l’État, leur assurant une rémunération même s’ils doivent stopper leur production quand il y a un excès de production (sachant que nous absorbons une partie des excédents allemands…). Bref, comme le pointe Alexandre Jardin, à la fin, ce sont les gueux qui paient. Problème, la PPE3 prévoit une hausse du prix de l’électricité de plus de 50% pour financer les renouvelables, un triplement au total !
Pour couronner le tout, nous subventionnons l’achat de panneaux solaires essentiellement venus de Chine, creusant notre déficit commercial et nous appauvrissant au passage, alors que les pays européens dominaient la production il y a plus de 20 ans. N’aurions-nous pas dû, a minima, réserver les subventions aux panneaux fabriqués en France ? Encore une fois, le dédale technocratique est indifférent aux intérêts nationaux. Et toute la construction de ce pseudo-marché, qui nécessite d’innombrables règles, ne semble viser qu’à assurer une rentabilité indécente aux investisseurs, qui coûte extraordinairement cher aux Français et aux entreprises nationales, alors même que le caractère bon marché de notre électricité était un atout de la France, il n’y a pas si longtemps. Le bilan en 20 ans, c’est une électricité deux fois plus chères, la perte d’un atout du pays, une dé-carbonisation marginale et des déficits commerciaux…
Il ne s’agit pas ici de refuser la transition énergétique, mais de pointer les caractéristiques calamiteuses des modalités de la transition actuelle, qui coûte cher aux Français, engraisse l’oligarchie, pour un bilan carbone dérisoire. Cette transition aurait probablement été pu être bien mieux pilotée par EDF, monopole public, qui aurait pu piloter production des renouvelables et production des barrages (qui peuvent stocker de l’énergie en faisant remonter de l’eau quand il y a une forte production de renouvelables). Une unité de décision est sans doute la plus naturelle pour l’électricité : c’est ce qu’on appelle un monopole naturel en économie. Cela aurait aussi permis le maintien de la production des panneaux solaires en France. Au mieux, les acteurs privés pourraient louer les toits des parkings et des bâtiments à EDF.
Ce n’est pas parce que l’objectif est doublement souhaitable (souveraineté, émissions carbone) que les modalités actuelles de la transition énergétique ne peuvent pas être contestées. Aujourd’hui, son impact environnemental est minime, alors que son coût est colossal. Ne faut-il pas voir dans le niveau effarant des rentes qu’elle procure la raison de la levée de boucliers moraux qu’affrontent ceux qui émettent la moindre critique ? Le capitalisme est fort pour saisir les opportunités de justifier des profits indécents.
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