samedi 11 octobre 2025

Les 3 failles de la politique de l’offre

La crise politique que notre pays traverse doit beaucoup à la politique de l’offre menée depuis la commission Attali lancée par Nicolas Sarkozy, accélérée par François Hollande à l’occasion du rapport Gallois, et amplifiée par Emmanuel Macron en 2017. C’est elle qui a créé cette impasse économique, qui nous coûte plus de 100 milliards par an, sans rien rapporter. Mais pourquoi ne marche-t-elle pas ?


 

Aussi dérisoire que doublement nocive

 

Dans cette Union Européenne sans frontière, et particulièrement dans notre pays, plus ouvert encore que ses voisins, nos dirigeants se sont évertués depuis près de 20 ans à réduire les droits sociaux, le prix du travail et la fiscalité des multinationales et des plus riches pour être compétitif. Parce que les usines peuvent partir du jour au lendemain, les droits des travailleurs ont été fortement restreints, le prix du travail à proximité du SMIC a été significativement baissé, tout comme l’impôt sur les sociétés. Et parce que les plus riches peuvent partir ailleurs, leur fiscalité a été réduite, avec la suppression de l’ISF et le PFU, qui divise par deux les prélèvements sur les dividendes que touchent les milliardaires. L’objectif : garder les plus riches et les entreprises en France, ce qui devait ruisseler sur les Français, dans un second temps…

 

Mais plus de 15 ans après cette commission Attali, les résultats sont désastreux : loin d’attirer l’activité dans notre pays, notre déficit commercial n’a cessé de progresser. Le chômage reste à un niveau considérable, en dépit des manipulations statistiques de l’exécutif. Les 100 milliards d’euros par an mis sur la table par Macron, en comptant le mandat Hollande, sont passés par pertes et profits. Ils n’ont pas créé d’activité en plus. Ce faisant, nous nous retrouvons avec une des pires situations budgétaires de l’UE, avec la 4ème dégradation de la note de notre pays par FItch depuis 2012 et des taux qui montent. Pourtant, nos services publics manquent tristement de moyens, avec des hôpitaux en manque de lits, de médecins et de soignants, et une fonction publique maltraitée financièrement dans bien des domaines.

 

La première faille de cette politique, c’est qu’elle est négligeable. Même si 60 milliards ont été investis sous Hollande et Macron pour baisser le prix du travail autour du SMIC (par des exonérations de cotisations sociales part patronales), cela est dérisoire car même une baisse de 10% a peu d’effet quand les coûts sont 40% plus bas en Espagne et 70% plus bas en Roumanie. Nous ne pouvons pas gagner une seule usine malgré l’ampleur des sommes mises sur la table car nous partons de trop haut par rapport à des pays qui font partie du même espace que nous, et dont tous les produits peuvent venir chez nous sans la moindre barrière ou taxe. Pire, en contradiction avec la quête de compétitivité, nos normes sont parfois plus sévères que dans le reste de l’UE : nous sommes les seuls à vouloir interdire l’acétamipride par exemple

 

La deuxième faille, c’est l’effet dépressif de cette politique. C’est bien parce que Hollande et Macron ont investi un total de 100 milliards par an pour être plus compétitif, que c’est l’austérité pour tous les autres : les chômeurs touchent moins d’allocations, les fonctionnaires voient leur point d’indice non revalorisé, les retraités ont subi une baisse de 10%, en réel, de leur pension. On remplace des postes de fonctionnaires mieux payés par des vacataires au statut et traitement plus bas. Mais tout ceci pèse sur la consommation, doublement : non seulement beaucoup de Français consomment moins, mais parce qu’ils ont perdu du pouvoir d’achat (le salaire médian a reculé de 21% depuis 2000), ils se tournent davantage vers des produits à bas coûts, souvent importés, creusant notre déficit et nous appauvrissant collectivement.

 

La troisième faille, c’est l’effet de cette politique sur l’offre d’emplois avec un chômage de masse. La quasi exonération de cotisations sociales sur les emplois au SMIC (6,9% contre plus de 45% au-delà de 2,5 SMICs), avec une demande d’emplois largement supérieure à l’offre, pousse l’offre vers le bas. Cela permet à l’État de recruter des enseignants à des salaires de misère, ou les entreprises de payer certains diplômés au SMIC. C’est la smicardisation du marché du travail, d’où la baisse du salaire médian de 21% depuis 2000. Pour couronner le tout, cela démultiplie le coût de la hausse des salaires au-dessus du SMIC : un salarié payé 1,5 SMIC coûte près de 2 fois plus cher qu’un salarié payé au SMIC par le jeu des exonérations. Les employeurs sont incités à garder des employés au SMIC et pas à les faire progresser.

 

La politique de l’offre est une des principales raisons du déclassement économique de notre pays (avec l’euro et un libre-échange totalement déraisonnable). Malgré un coût exorbitant, elle n’a eu presque aucun effet sur la création d’emplois, a paupérisé nos services publics et notre marché du travail, pesant directement sur notre croissance. C’est une des fautes majeures de l’UMPS que de l’avoir adoptée et d’y accrocher.

18 commentaires:

  1. L’objectif est d’avoir une économie forte et compétitive, pas que les Smicards puissent vivre confortablement!

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  2. vous parlez d'une réduction du taux de l'impôt sur les sociétés.
    Or, ce taux est en France de 36% (sauf pour les micro-entreprises avec moins de 3 milliards de chiffre).
    Le taux moyen en Europe est de 21%, de 12% en Irlande et de 9% en Hongrie.
    Le France reste l'un des pays européens où les entreprises sont les plus taxées.

    Vous parlez ensuite d'austérité et de non replacement de fonctionnaires.
    Or depuis 1997 le nombre de fonctionnaires titulaires en France a augmenté de 23% pour arriver en 2023 à 5.8 millions d'effectifs, soit 20% de l'emploi national.
    Contre 1.67 millions de fonctionnaires titulaires en Allemagne, pays beaucoup plus peuplé que la France

    La France est un pays socialiste qui vit grâce à une politique de la demande financée par une dette croissante. Dire qu'elle mène une politique de l'offre est un insulte à l'intelligence économique

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  3. @ Troll de 6h33

    A quoi bon une économie forte si ce n’est pas pour que tous en profitent. Et difficile de garder une économie forte dans la durée si la richesse économique n’est pas partagée équitablement

    @ Troll de 12h37

    Comme d’habitude, vous racontez n’importe quoi, sans jamais sourcer vos propos…

    Le taux de l’IS en France est passé de 33,3% à 25% de 2016 à 2022 (source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8630968). En réalité, le taux implicite est plus bas (17,5%) du fait de différents mécanismes… Et ce taux varie de 14,3% pour les grands groupes à 21,4% pour les PME.

    Vos chiffres sur les fonctionnaires sont délirants : une simple recherche permet de le comprendre (il y a près de 3 fois plus de fonctionnaires en Allemagne), et j’ai déjà montré que ce genre de comparaison doivent être remises en perspective par des effets de périmètre : l’Allemagne n’a pas de fonction publique hospitalière, ce qui biaise les comparaisons de manière considérable…

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  4. HERBLAY
    Pourquoi continuez vous avec de fake news ? Est-ce que je dois vous signaler aux organismes de surveillance ?
    La LOLF 2025 prévoit un taux d'IS de 36% sauf pour les petites entreprises de moins de 3 milliards de chiffre
    https://www.europe1.fr/economie/budget-2025-une-contribution-exceptionnelle-demandee-a-400-grandes-entreprises-4272262

    Le nombre de fonctionnaires titulaires en Allemagne est de 1766200
    https://de.wikipedia.org/wiki/Beamter_%28Deutschland%29

    J'attends vos liens

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  5. Mes sources sont l'INSEE. Les vôtres Europe 1. Fin de la partie.

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  6. HERBLAY
    Vos "sources de l'INSEE" sont de quelle année ? 1950 ?
    Vous êtes même pas au courant du taux actuel d'IS sur les entreprises, confirmé à 36% par le nouveau gouvernement!

    E c'est aussi l'INSEE qui vous renseigne sur le nombre de fonctionnaire allemands ?

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  7. @Troll

    L’étude de l’INSEE à laquelle je me réfère date de… septembre 2025. Probablement plus solide que celle des journalistes d’Europe 1, qui ne savent pas forcément compter.

    Sur les fonctionnaires en Allemagne, même l’IFRAP en compte 4,3 millions… https://www.ifrap.org/fonction-publique-et-administration/combien-la-france-compte-deffectifs-publics-en-plus-par-rapport-la-moyenne-europeenne

    Et de toutes les façons, tous ces chiffres doivent être étudiés plus finement pour éviter les biais car les périmètres peuvent être très différents. Ll’Allemagne n’a pas de fonction publique hospitalière, ce qui biaise les comparaisons avec notre pays par exemple

    Il est clair que vos arguments n’ont aucune rigueur

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  8. Il y a deux points que vous ignorez, ou dissimulez.
    1° Le taux d'IS est bel et bien de 25% SEULEMENT pour les entreprises qui font moins d'un milliard de chiffre, c'est à dire de taille très modeste. Pour toutes les autres, où se concentre la plupart des revenus taxés, le taux va de 31% à 36%, contre un taux moyen en Europe de 21%
    Taxer les moyennes et grandes entreprises presque au double que la moyenne européenne n'est pas ce que j'appelle "politique de l'offre"

    2° l' Allemagne compte deux types d'effectifs publics: les ayant le statut de fonctionnaire (Beamte) et le non fonctionnaires.
    Le fonctionnaires sont en nombre de 1.67 millions, à comparer à 4.6 millions de fonctionnaires titulaires en France pour une population bien moindre.
    Vos chiffes de l'IFRAP sur l'Allemagne de 4.2 millions inclut aussi les agents des administrations publiques allemandes non titularisés fonctionnaires, qui peuvent être licenciés à tout moment, et qui ne jouissent pas de coûteux privilèges, et doivent alors être comparés au chiffre français de 5.8 millions, toujours plus important, pour une population bien moindre.
    Cela signifie que les différents gouvernements socialistes qui nous ont régi (Hollande, Macron, Macron bis), n'ont fait que recruter toujours plus de fonctionnaires, pour nous élever à un nombre de fonctionnaires par habitant bien supérieur à l'Allemagne, sans parler d'autres pays.
    Encore une fois, ceci n'est pas une politique de l'offre, mais une politique de la demande, financée par la dette, qui nous coûte une dégradation de notre côte d'emprunteurs après l'autre et des taux d'intérêt qui sont désormais les plus haut d'Europe avec l'Italie

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  9. Le message précédent est pour HERBLAY

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  10. @ Anonyme

    Je vous renvoie à la note de l’INSEE de septembre 2025 qui précise bien que le taux d’IS est passé de 33,3 à 25% sous Macron et qu’en réalité, du fait de mécanismes d’optimisation, le taux réel payé est de 17,5% (14,3% pour les grands groupes et 21,4% pour les PME)

    Encore une fois, sur le nombre de fonctionnaires, il faudrait faire une étude précise, précisant le périmètre des activités et les types de contrat (tous les fonctionnaires en France n’ont pas un statut très enviable, entre salaires dérisoires et montée du nombre de contractuels)

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  11. HERBLAY
    La loi n° 2025-127 du 14 février 2025 de finances pour 2025 a introduit une contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises, applicable au titre du premier exercice clos à compter du 31 décembre 2025.
    Légifrance

    Cette contribution concerne les entreprises soumises à l'IS réalisant un chiffre d'affaires supérieur ou égal à 1 milliard d'euros au titre de l'exercice au titre duquel la contribution est due ou au titre de l'exercice précédent.
    Légifrance

    Les taux de cette contribution sont les suivants :

    20,6 % pour les entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à 3 milliards d'euros.

    41,2 % pour celles dont le chiffre d'affaires est supérieur ou égal à 3 milliards d'euros.

    Ces taux sont appliqués à l'IS dû par l'entreprise, augmentant ainsi le taux effectif d'imposition.
    BOFiP

    Texte de loi

    Les modalités de cette contribution exceptionnelle sont précisées dans l'article 48 de la loi n° 2025-127 du 14 février 2025 de finances pour 2025, disponible sur Légifrance.

    Cette contribution exceptionnelle est donc appliquée en sus du taux ordinaire de 25%

    Pour le reste, je suis ravi de voir que vous ne contestez plus le fait que la France paie 4.2 millions de fonctionnaires titulaires contre 1.6 millions en Allemagne et vous vous limiter à décrier leur faible salaire.

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  12. @ Anonyme

    Je ne vous remercie pas de m’avoir imposé la lecture de notre code fiscal (moi, au moins, j’indique des sources, et je les lis) : https://bofip.impots.gouv.fr/bofip/14607-PGP.html/identifiant%3DBOI-IS-AUT-60-20250917

    Comme je l’imaginais, le diable est dans le détail pour cette surtaxe. Le premier exemple donné sur le site de l’Etat indique une majoration de moins de 10% (soit un taux d’imposition qui progresse de 25 à 27% seulement). Les majorations ne s’appliquent qu’après des seuils (élevés) et on peut faire confiance à notre gruyère fiscal pour ne pas être trop dur avec les multinationales. Même dans le cas d’une entreprise qui fait plus de 3 milliards de CA, la majoration, officiellement de 41,2%, n’augmente que de moins de 10%, soit un taux de 27% contre 25%...

    Je continue à contester les comparatifs de fonctionnaires, en l’absence de sources et études sérieuses, d’autant plus que même des sources biaisées dans votre sens, présentent des chiffres très différents.

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  13. HERBLAY
    Prenons donc le lien que vous avez posté:
    On y lit en section 2, Chapitre "Calcul", Paragraphe 4, Alinea 300 Exemple 2:
    Le résultat imposable de la société pour l’exercice clos au 31 décembre 2025 s’élève à 270 000 000 €, soit un IS (de 25 %) égal à 67 500 000 €...
    Le taux de la contribution exceptionnelle applicable à l’IS de la société est donc de 41,2 %.
    La société est redevable d’une contribution exceptionnelle égale à 21 733 000 € (fin de citation)
    Donc 67500k + 21733k = 89233k d'impôt à payer qui divisé par 270000k de bénéfices, représente bien un taux de 33%, face au taux médian d'IS en Europe de 21%

    Ecrire comme vous le faites, que la France pratique une politique de l'offre favorable aux entreprises, est donc un insulte à l'intelligence de vos lecteurs

    Après, si vous n'admettez pas votre tort même devant le texte di code général des impôt et ses exemples chiffrés, je ne vois pas l'utilité de poursuivre cette discussion ni la fréquentation de ce blog de fake news.

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  14. @ Troll

    Oui, il y a des exemples où la contribution aboutit à un taux total de 33%, mais cela reste à peine un niveau comparable à celui de 2017... Et dans d'autres cas (que les lecteurs peuvent constater, cela ne le remonte qu'à 27%... En outre, il faut rappeler que les multinationales ne paient pas 25% d'IS, comme le montre le lien de l'INSEE que je vous ai donné. En clair, cette mesure sera en moyenne d'importance limitée.

    Et une (petite) mesure d'hausse d'impôts des sociétés, n'efface pas les dizaines de milliards de baisses du passé (40 milliards / an sous Hollande : CICE + cotisations sociales; IS, cotisations sociales et impôt de production pour un montant encore supérieur sous Macron). Il y a donc bien eu une politique de l'offre (complétée par de nombreuses réformes du droit du travail et des baisses des droits des chômeurs). Ce n'est pas cette mesurette qui change la direction générale des 13 dernières années, que vous l'acceptiez ou pas.

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  15. HERBLAY
    " les lecteurs peuvent constater, cela ne le remonte qu'à 27%... "
    Et quand on est à 25% et on remonte à 27% ou 33%, alors que la médiane en Europe est de 21%, comment peut on dire qu'on fait une politique de l'offre ?
    On fait une politique de la tonte des entreprises, qui explique pourquoi la France a perdu 2 millions d'emplois industriels de 2000 à 2020, contre les 300mille allemands

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  16. @ Troll

    Sauf que les multinationales paient en moyenne 14,3% d’IS, cf 3ème commentaire, avec le lien. La hausse de cette mesure n’amènera même pas au-delà de la moyenne européenne.

    Si notre désindustrialisation était liée à notre fiscalité, alors, nous nous serions fortement réindustrialisés depuis 2012 avec les plus de 100 milliards de baisses d’impôts des entreprises mises en place par Hollande et Macron. Or, notre déficit a augmenté, ce qui montre que le lien est plus que ténu. Nos pertes d’emplois viennent de l’ouverture totalement déraisonnable de nos marchés à tous les biens et services du monde entier, bien plus que presque partout ailleurs, de même sur les rachats d’entreprise, ce qui occasionne de nombreuses fermetures d’usine. L’Allemagne est beaucoup moins ouverte que nous.

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  17. HERBLAY
    "Sauf que les multinationales paient en moyenne 14,3% d’IS"
    Lien ?

    "Si notre désindustrialisation était liée à notre fiscalité, alors, nous nous serions fortement réindustrialisés depuis 2012 avec les plus de 100 milliards de baisses d’impôts des entreprises mises en place par Hollande et Macron. "
    Les recettes totales de l'état n'ont pas baissé mais elles ont fortement augmenté depuis 2012
    Ne tombez pas dans la propagande socialiste!

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  18. Le lien est sur le 3ème commentaire de ce papier. Encore une fois, les prélèvements n'ont pas monté par rapport au PIB, ils ont même légèrement baissé. Et de toutes les façons, même à prélèvement stable, la répartition peut bouger. Enfin, il y a 100 milliards par an de baisses d'impôts faits au nom de la politique de l'offre, quoique vous disiez.

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