samedi 20 septembre 2025

Fitch dégrade encore la politique de l’offre de Macron

Quand Emmanuel Macron est entré à l’Élysée dans les bagages de François Hollande, la France affichait encore la meilleure note pour Fitch. Mais après 13 longues années de politique de l’offre, notre pays subit une quatrième dégradation de sa note par cette agence, avant une possible quatrième dégradation par S&P et Moody’s. Une sanction qui illustre le fiasco de la politique de l’offre.

 


100 milliards pour rien, ou presque

 

La sanction n’a rien d’une surprise puisque certains spécialistes notaient déjà que les taux auxquels notre pays emprunte correspondent déjà à ceux d’un pays noté A+, et non AA-, voir même au niveau en dessous. Le calvaire des dégradations des agences de notation n’est donc pas fini pour l’exécutif, avec les révisions à venir des notes de Moody’s et S&P, encore au grade du dessus. De nouvelles dégradations sont probables face à une situation économique et politique qui ne va pas s’améliorer. C’est sous Nicolas Sarkozy que la France a perdu son premier AAA. Sous Hollande, la chute a continué, toutes les agences s’alignant sur une note deux crans sous le AAA. Si le premier mandat de Macron a été calme a été épargné dans une conjoncture favorable avec les programmes de monétisation des dettes publiques, le second a été marqué par une première vague de dégradation et Fitch vient d’entamer la seconde.

 

Bien sûr, certains évoqueront le coût qui serait excessif de notre modèle social, que ce soit les pensions de retraite ou la santé. Le nouveau Premier ministre a même attribué aux investissements réalisés dans l’hôpital la responsabilité de nos problèmes financiers ! Les soignants cherchent toujours ces investissements, au regard des suppressions de lits ou du manque criant de personnel. Les retraités, devenus à leur tour boucs émissaires du système ont pourtant perdu 10% de pouvoir d’achat depuis que Macron rôde à l’Élysée. Bref, ce n’est pas notre modèle social qui est responsable, c’est la politique de l’offre, cet investissement de 100 milliards de baisses d’impôts par an mis en place progressivement depuis 2012 et le rapport Gallois, 40 milliards sous Hollande, auquel Macron a ajouté 60 depuis 2017.

 

Cet investissement colossal, fait au nom de notre compétitivité, aurait dû nous permettre de redresser nos échanges commerciaux, pour être « rentabilisé ». Mais comme on pouvait s’y attendre, malgré les 100 milliards de baisse des impôts des entreprises et des plus riches, notre déficit commercial n’a pas baissé : il a doublé depuis que Macron est arrivé au pouvoir ! En effet, baisser de quelques pourcents le prix du travail ne change rien face à des destination 2 à 10 fois moins chère. Ce faisant, la politique de l’offre, c’est un coût sans le moindre revenu additionnel. L’austérité induite pour nos services publics explique en partie notre faible croissance, les fonctionnaires paupérisés consommant moins. Pour couronner le tout, les allégements de cotisations sociales sur les bas salaires, avec un chômage de masse, poussent les rémunérations vers le SMIC, le revenu médian ayant reculé, en réel, de 20% depuis 2000.

 

Bref, c’est toute la logique de la politique de l’offre qui, comme prévu, ne fonctionne pas, et déséquilibre nos finances publiques, avec la diète de nos services publics. Et c’est ce que les agences de notation sanctionnent. Depuis 2012, les retraités ont perdu 10% de pouvoir d’achat, les hôpitaux plus de 10% de leurs lits, les fonctionnaires une partie de leur pouvoir d’achat également (avec les différents gels de point). Bref, notre modèle social n’est pas coupable : il subit une diète sévère depuis la RGPP. Ce qui a créé les déséquilibres actuels, ce sont les 100 milliards par an investis pour la politique de l’offre depuis que Macron a rejoint l’Elysée, une dépense faramineuse qui n’a absolument rien rapporté pour l’Etat, et a seulement enrichi les plus riches et les grandes entreprises modérément énergivores.

 

Voilà pourquoi il faut complètement renverser la logique politique budgétaire de la France pour s’en sortir. La politique de l’offre du bloc central, du PS à LR, est un échec de tous les points de vue (si ce n’est celui des plus riches). Voilà pourquoi il est illusoire d’espérer trouver la moindre solution parmi les membres de ce bloc central, mais aussi au sein d’une UE qui pousse dans cette direction.

6 commentaires:

  1. L'euro nous rend non-compétitifs, et les politiques de l'offre n'ont pour but que de compenser cet effet négatif de la monnaie unique sur notre économie, mais ce n'est pas, et ce ne sera jamais suffisant. Je suis pessimiste, car nous sommes coincés dans des contraintes dont nous ne pouvons pas nous libérer, dont nous n'avons même pas l'idée de nous libérer. La France ne sortira jamais de l'euro, il faudrait une crise majeure qui fasse exploser l'union monétaire européenne. Mais faut-il vraiment le souhaiter, sachant que les dégâts seraient considérables.

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  2. Il faudrait déjà commencer par mettre le SMIC au même niveau que le SMIC chinois! Malheureusement, il n’y a personne qui a le courage de prendre les bonnes décisions, c’est beaucoup plus facile de prendre des décisions populistes pour faire plaisir au bon peuple….

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  3. @ Anonyme 10h36

    Ce n’est malheureusement pas que l’euro. C’est aussi le libre-échange extrémiste de l’UE. Mais le problème de ces politiques de l’offre, c’est qu’elles sont dérisoires. Même baisser de 10% le prix du travail au niveau du SMIC, c’est négligeable quand on est dans un marché unique avec la Roumanie et la Bulgarie, pays accessibles pour la route. Et plus encore par rapport à l’Inde ou l’Afrique du Nord. Problème baisser de 10% le prix du travail, c’est un coût phénoménal. C’est toute cette logique qui est complètement folle. La politique de l’offre ne peut pas fonctionner en France. Elle est dérisoire par rapport à d’autres géographies, pour un coût extravagant, qui affaiblit notre pays et nos services publics.

    En revanche, je suis optimiste sur la sortie de l’euro et de l’UE : je pense que ces idées progressent, en-dessous des radars. Les esprits sont de plus en plus ouverts et la portion de ceux qui tiennent à l’UE se réduit. Cela ne tient que par la frilosité de nos politiques (LFI et le RN refusant de s’y risquer). Je crois que cela viendra si ceux qui le proposent le font bien, et de manière rassemblée.

    @ Troll de 13h50

    Je vous propose d’expérimenter vous-même personnellement cette idée. C’est toujours plus facile de proposer des choses pour les autres, et pas pour soi-même

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  4. Vous dites que l'idée de la sortie de l'euro progresse, pourtant je ne vois rien de tel dans les sondages. Il y a une montée des partis eurosceptiques, mais ceux-ci capitalisent surtout sur les questions migratoires, et la plupart de ces partis ont abandonné l'idée de sortir de l'euro.

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  5. "La politique de l’offre ne peut pas fonctionner en France. Elle est dérisoire par rapport à d’autres géographies, pour un coût extravagant, qui affaiblit notre pays et nos services publics."
    Certains vous répondrez que les pays qui ont mené des politiques d'austérité (Italie, Espagne, Portugal) se portent mieux que nous aujourd'hui.

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  6. @ Anonyme 6h42

    Cela se voit dans les élections (effondrement du bloc central continu depuis 2007) et les sondages (où le jugement à l’égard de l’UE ne cesse de se déteriorer). Pour l’instant les grands partis alternatifs se sont éloignés de ces idées, mais je crois que cela ne durera pas éternellement au regard du bilan désastreux tous les jours davantage illustrés

    @ Anonyme 6h53

    Qui se portent mieux ? L’Espagne a un peu plus de croissance, mais cela vient notamment de son choix de quitter le marché européen de l’électricité et de l’arrêt des politiques de l’offre et un soutien à la demande (hausse sensible du SMIC). Mais le chômage reste fort et l’appauvrissement de certains a été violent sur ce siècle. Que dire de la démographie du pays… Et l’Italie ne va pas spécialement bien dans bien des dimensions si on sort de quelques moyennes un peu superficielles

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