mardi 31 mars 2015

FN : verre à moitié vide aux départementales ?

Bien sûr, avec 25% des suffrages, contre 15% en 2011 (et 19% là où il était présent), 59 élus contre 1, ces élections semblent un immense succès pour le FN. Mais si le parti lepéniste s’enracine, il n’a gagné que 1,5% des sièges en jeu et n’a pas gagné le moindre département.



Enraciné, mais marginal

Bien sûr, il faut bien reconnaître que le score du FN est très bon : 10 points de plus qu’en 2011, et 6 points de plus là où il était présent. Le FN a même réuni plus de 4 millions de voix au second tour, apparemment plus que le PS, qui ressort sous les 3 millions si on ne compte pas ses alliances. Plus fort, il est arrivé en tête dans 43 départements et même 327 cantons. Ce résultat est d’autant plus marquant que les élections locales n’ont jamais été le fort du parti lepéniste, même si Marine Le Pen a enregistré son premier succès lors des élections cantonales de 2011 et que le FN a fait bonne figure lors des élections municipales de l’année dernière. Bref, succès sur toute la ligne ?

Mais déjà, pour un parti qui prétend pouvoir gagner en 2017, il est tout de même surprenant de ne pas parvenir à gagner le moindre département après être arrivé en tête dans 43 au premier tour. Ceci montre que si le FN est parvenu à attirer plus d’électeurs, il peine toujours à réunir une majorité d’électeurs au second tour, ne parvenant à gagner que 59 sièges sur 4108 contre plus de 1780 pour l’UMP et ses alliés et plus de 1200 pour le PS et ses alliés. Bref, la majorité a encore 20 fois plus d’élus que le FN, ce qui relativise grandement le dédiabolisation du mouvement. Le FN a gagné dans 3% des cantons où il était qualifié, et moins de 10% de ceux où il était arrivé en tête !

Magouilles d’interprétation


lundi 30 mars 2015

Départementales : la défaite travestie

Il y a une semaine, la majorité avait tenté une extraordinaire masquarade, présentant une défaite historique en résistance, Elle a continué hier avec la poursuite du discours selon lequel la majorité aurait bien résisté, alors qu’elle devrait perdre 4 à 5 départements sur 10 qu’elle gérait.



Cette majorité qui ose tout

Il faut quand même un sacré culot, une terrible déconnexion d’avec la réalité et un cynisme effarant pour défendre le discours que la majorité tient depuis une semaine. En 2011, le total des voix « de gauche », PS, radicaux, gauche radicale, écologistes et extrême-gauche compris, était de 49,56%. En 2015, ce total est tombé à 36,78%, une perte de près de 13 points. Le plus dur est sans doute que l’extrême-droite a pris 10 points dans le même intervalle, près de 80% de la perte de la gauche. Il faut bien un sacré culot pour présenter cette défaite sévère comme une bonne résistance, qui plus est, à l’extrême-droite, uniquement sur la foi de sondages qui donnaient le FN à 30%.

Puisque cette énorme ficelle n’a pas été assez dénoncée après le premier tour, le gouvernement doit se sentir autorisé à poursuivre sur sa lancée. La perte de près de la moitié de ses départements serait donc un bon résultat ! Et après, on s’étonne que les Français aient une si mauvaise opinion de la classe politique en général et de la majorité en particulier… Si je m’oppose aux politiques menées par la majorité, n’aurait-il pas été plus sensé de vraiment reconnaître la défaite, quitte à incriminer la conjoncture, avant de se raccrocher aux promesses d’un futur un peu meilleur et aux fruits que pourrait rapporter le plan de compétitivité, comme l’a fait Manuel Valls dans sa déclaration du soir.

Le triste théâtre de la politique

dimanche 29 mars 2015

Krach d’avion et folie médiatique

Depuis mardi, le krach de l’avion de la Germanwings, qui a fait cent cinquante victimes, fait la une des média qui nous abreuvent chaque jour de découvertes plus ou moins importantes. Cette frénésie médiatique n’est-elle pas totalement exagérée, même si le drame est absolument atroce.



Les Experts Germanwings

Il est sans doute naturel que l’atrocité, peu commune, du décès simultané de cent cinquante personnes attire une telle attention médiatique. Dans nos pays, un tel drame est heureusement extrêmement rare. En outre, le fait que cela ne soit probablement pas un accident mais, semble-t-il, le choix délibéré, et donc, de facto, le meurtre de cent cinquante innocents par ce copilote qui se serait enfermé dans la cabine, puis aurait alors envoyé l’avion dans la montagne, a de quoi susciter l’intérêt et des questions, et donc remplir des pages et des pages d’articles ou des de longues minutes de reportages ou de commentaires. C’est un acte dont on se souviendra probablement pendant longtemps.

Cependant, on peut quand même se demander si la couverture de tous les instants par les média, avec le compte-rendu de la moindre découverte, intéressante ou non, par n’importe quel média, laisse un drôle de sentiment. En fait, on a l’impression d’assister à une série télévisée policière que l’on ne pourrait pas éteindre et qui se poursuit en parallèle sur tous les sites et dans tous les journaux. Tout le monde répète les mêmes informations, qui semblent nous parvenir sans le moindre filtre. C’est ainsi qu’hier, c’est l’interview de l’ancienne copine du copilote qui a fait la une, avec la nouvelle qu’il aurait dissimulé un arrêt maladie qui couvrait le désormais funeste mardi 24 mars.

Ni distance, ni recul

samedi 28 mars 2015

La mobilité comme injonction totalitaire du néolibéralisme

C’est une charactéristique marquante de notre époque : en cas de crise, les chômeurs sont sommés de déménager pour trouver un emploi, y compris hors de leur pays, l’apprentissage des langues étrangères devenant alors indispensable. Cette injonction à la mobilité est révélatrice.


La course à la mobilité

Bien sûr, comme le montrent Emmanuel Todd et Hervé Le Bras, la France est aussi le produit de la mobilité sur notre territoire, qui apporte un brassage qui fait que notre pays est ce qu’il est aujourd’hui. Cependant, les choses ont bien changé, ne serait-ce que depuis vingt ans. Dans les années 1990, on faisait encore souvent toute sa carrière dans la même entreprise. L’apprentissage des langues étrangères, même si on peut encore le regretter, restait quelque peu accessoire. Chaque entreprise gérait en général l’intégralité de ses affaires dans chaque pays où elle opérait. De manière plus anecdotique, on pouvait être diplômé d’une école de commerce en passant seulement trois mois à l’étranger.

En seulement vingt ans, nos sociétés ont profondément évolué. La mobilité professionnelle devient désirée, les entreprises souhaitant « aérer » leurs équipes par des personnes ayant travaillé ailleurs, et à l’étranger. On reste moins longtemps à son poste. Les bureaux clôts laissent de plus en plus leur place à des espaces ouverts où les salariés n’ont même plus forcément une place assignée. On apprend les langues étrangères de plus en plus tôt, comme le fait la majorité actuelle. Les services généraux et clients des entreprises sont de plus en plus délocalisés vers des pays à bas coûts. De manière plus anecdotique, il faut passer près d’un an à l’étranger pour obtenir son diplôme d’école de commerce.

Le sens de cette course

vendredi 27 mars 2015

IVG, don d’organe, éducation : le drôle de futur proposé par le PS

Si le gouvernement a clarifié sa direction économique depuis plus d’un an, en penchant sans scrupule vers la droite, il semble qu’une nouvelle phase commence sur les questions sociétales avec trois projets quasi-simultanés qui donnent une image de la société qu’il veut nous laisser.



Tout laisser faire ?

Bien sûr, des néolibéraux trouveront que rassembler ces propositions sous l’angle du laisser-faire est abusif, mais quand on y regarde de près, n’est-ce pas ce qui rassemble la suppression du délai de réflexion pour l’IVG, l’évolution de l’apprentissage des langues ou le projet sur les dons d’organe ? Bien curieusement, l’examen du projet de loi sur la santé a vu naître un amendement pour faciliter les IVG en supprimant le délai de réflexion. Même si je suis un partisan convaincu de la nécessité de permettre l’IVG, en revanche, l’apparition de cette proposition est étonnante : jamais je n’avais entendu dire que la façon de faire de notre pays était déraisonnablement contraignante. Pourquoi l’assouplir ?

En effet, il s’agit d’un geste lourd et il semble a priori raisonnable de ne pas le faire à la légère, même s’il est important de préserver cette liberté, que le FN questionne. Mais pourquoi donc, si ce n’est par dogmatisme laisser-fairiste, assouplir les règles actuelles ? De même un amendement est apparu qui propose qu’à moins que le mort n’ait expressément refusé le don de ses organes, il serait possible de les lui prendre sans même l’accord de sa famille. On peut voir cela comme une intrusion insupportable de l’Etat dans la fin de vie, mais je me demande s’il ne s’agit pas plutôt d’une logique laisser-fairiste, d’un manque de respect de la dépouille d’un mort, pour laisser-faire, même très brutalement, des prélèvements.

Le passé, tu brûleras

jeudi 26 mars 2015

Carlo Ghosn : l’homme qui vaut 400 SMICs




De 20 à 400 SMICs en 20 ans

Il faut se souvenir qu’il y a plus de 20 ans, Raymond Lévy, alors patron de la Régie, touchait environ un million de salaire annuel. Mais ce million était libellé en francs, et représente donc 150 000 euros actuels, inflation non déduite. Mais surtout, ce salaire représentait moins de 20 fois le SMIC de l’époque. Et même si les entreprises publiques étaient sans doute plus modérées, il faut rappeler que Jacques Calvet, patron de PSA, avait défrayé la chronique et fait la une du Canard Enchaîné pour un salaire de plus de 2 millions de francs (et non euros) par an, soit environ 40 SMICs. Ce petit rappel est essentiel pour saisir à quel point les écarts de rémunération se sont envolés depuis plus de vingt ans.

Dans le détail, Carlos Ghosn touche 1,23 millions d’euros de fixes. En 2013, il a touché près d’1,4 de part variable. Cette dernière a flambé de 31%, pour atteindre 1,84 millions. Mieux, il a décroché « 100 000 actions de performance d’une valeur de 4,1 millions d’euros, qui viennent remplacer les stock options dont e patron n’avait pas pu bénéficier en 2013 ». Tout ceci représente donc un total de plus de 7,2 millions d’euros. A supposer que l’on parle de rémunération brute, cela réprésente la bagatelle de 400 SMICs ! Et encore, cela ne prend pas en compte la rémunération qu’il touche au titre de Nissan (7,6 millions d’euros). Carlos Ghosn, ou le patron qui pèse la bagatelle de 800 SMICs !

L’indécence d’une époque

mercredi 25 mars 2015

Cette baisse de l’euro qui disqualifie les critiques de la dévaluation

YAu premier semestre 2014, l’euro oscillait entre 1,35 et 1,4 dollars. Aujourd’hui, il est tombé jusqu’à 1,05 dollar, une baisse de près de 25% en moins d’un an. La plupart des analystes s’en réjouissent, contredisant totalement ceux, parfois les mêmes, qui critiquaient les partisans d’une dévaluation.



Contradictions monétaires

Les partisans d’un démontage de la monnaie unique se sont souvent heurtés à des critiques pointant les dangers de la dévaluation, puisqu’en général, nous soutenions que l’objectif était de dévaluer le nouveau franc, d’environ 20% par rapport à la zone mark. Un tel scénario était souvent critiqué comme aventureux, au point de déclencher les sept plaies d’Egypte économiques : explosion de l’inflation et perte de pouvoir d’achat (le Monde, terrifié, évoquait l’augmentation du prix des téléphones), explosion de la dette, qui serait réévaluée, impossibilité de financer des déficits commerciaux croissants. Tout ceci devait aboutir à une grave crise économique et à une envolée du chômage.

Problème, les mêmes qui prédisaient un cataclysme économique en cas de dévaluation, constatent, même s’ils les minorent, les bienfaits de la forte baisse de l’euro, qui a perdu environ 25% en une seule année. Le pouvoir d’achat ne souffre pas puisque l’inflation est au plus bas (y compris le prix des biens industriels, largement importés, dont les fameux téléphones hermétiques aux variations des taux de change), jamais les Etats n’ont emprunté à si bon marché, le commerce se redresse et, conjugaison de tout cela, la croissance semble enfin vouloir quelque peu se redresser. Bref, toutes les vertus des dévaluations, que nous avions défendues, se matérialisent avec la baisse de l’euro.

L’euro cher, veau d’or moderne


mardi 24 mars 2015

Le PS use la grosse ficelle des sondages


Résultats des élections cantonales de 2011
(source : France Politique)


Et si les sondages avaient été différents ?

Petit retour en arrière : imaginons un instant que pendant toute la campagne des élections cantonales, les sondeurs aient placé l’UMP et le PS au coude à coude autour de 30%, tandis que le FN aurait été donné à 20%, ce que tous les journalistes auraient interprété comme le renforcement de son implantation locale. Avec de tels sondages, les média auraient titré sur le « rebond de la majorité, revenue au coude à coude avec l’opposition, signant l’échec de Nicolas Sarkozy ». Et si le tripartisme continuait à s’enraciner, le parti lepéniste serait rejeté à une position, certes forte, mais éloignée du pouvoir, rassurant les journalistes et les deux principaux partis dominants après les élections européennes.

Avec un tel scénario, les résultats de dimanche soir auraient été accueillis avec stupeur : large victoire de l’UMP, le FN au coude-à-coude avec le PS, qui aurait alors été présenté comme lourdement sanctionné par les électeurs. Les journalistes auraient insisté sur le danger pour François Hollande d’un nouveau 21 avril en 2017. Mais voilà, parce que les sondages donnaient le PS autour ou sous les 20%, loin derrière l’UMP et le FN qui faisaient la course en tête, aujourd’hui, certains décrivent, outre le succès de l’UMP, la bonne résistance du Parti Socialiste, et, bien paradoxalement, pour une élection qui n’est pas celle où il brille le plus habituellement, un relatif échec pour le Front National.

Prendre du recul sur les sondages

Le rapport à l’art : tu enfonceras indéfiniment la porte déjà ouverte par Duchamp ! (9e commandement du postmodernisme) (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus

Suite des recensions sur l’ouvrage de Dany-Robert Dufour, Le Divin Marché (Denoël 2007)



Dans l’histoire des hommes, l’art s’est constamment inscrit dans la narration des Grands récits. Mais le postmodernisme récuse les Grands récits. C’est alors qu’ « un jour, l’art n’eut plus rien à représenter. Et nous, fûmes, un instant, enfin seuls » (page 340).

Pour Dany-Robert Dufour, l’art est là pour exprimer ce que les hommes n’ont encore jamais réussi à saisir par leurs sens. Mais pour se faire, il faut néanmoins un minimum de code, une loi, ne serait-ce que pour pouvoir la transgresser. S’il n’y a plus de loi, il n’y a plus rien à transgresser (page 342).

lundi 23 mars 2015

Cantonales : la France vire à droite

Les résultats sont d’une clarté limpide : dans la droite ligne des élections européennes, le PS et ses alliés reculent fortement, au coude à coude avec le FN, qui progresse fortement. L’UMP sera en position de force pour le second tour dans une semaine. La crise pousse la France à droite.



Révolte électorale droitière

Les résultats ne laissent pas l’ombre d’une ambiguité. Même s’il est vrai que la participation est faible (51%), le total des voix de droite et d’extrême-droite dépasse 60%, ne laissant qu’environ 35% pour la majorité, la gauche radicale et l’extrême-gauche. En partant du principe que le PS fasse partie de la gauche (ce qui pourrait être questionné), cela signifie que la gauche au sens large a réuni près de deux fois moins de voix que la droite au sens large. Un résultat sans doute d’autant plus parlant que le PS, qui a réuni plus de la moitié des voix « de gauche », tient un discours et mène aujourd’hui la politique économique de la droite la plus bête, pour Paul Krugman. Le Front de Gauche est en échec.

Ce faisant, la France se distingue dans le paysage politique européen, où une force de gauche subsiste en général, que ce soit un de ces partis qui n’ont plus de sociaux que leur nom (SPD à Berlin, Parti Démocrate à Rome, Travaillistes à Londres), ou une nouvelle force, qui se dit plus radicale (Syriza à Athènes, Podemos à Madrid). L’effondrement actuel du PS ne profite nullement au Front de Gauche de Jean-Luc Mélanchon, contrairement à ce qui se passe ailleurs. Et si finalement, la stratégie droitière de François Hollande était une impasse pour sa majorité et ne menait qu’au désastre électoral, comme lors des élections européennes et de ses élections cantonales ? Les résultats sont quand même sévères.

Quel sens donner à ce résultat ?

dimanche 22 mars 2015

Un nouveau pas vers la fin de l’hégémonie de l’Oncle Sam ?

C’est une annonce qui est passée relativement inaperçue mais qui représente pourtant une nouvelle faille dans l’hégémonie des Etats-Unis, après la décisions de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la Russie de concurrencer le FMI : les 4 principaux européens ont rejoint une initiative de la Chine en Asie.



Washington n’est plus seul

Après la chute de l’URSS, pendant quelques années, les Etats-Unis ont été la seule super-puissance. Et déjà que leur comportement avait été souvent très critiquable pendant la Guerre Froide, soutenant des dictatures militaires contre des démocraties penchant vers Moscou, le fait de se retrouver un peu seul au monde ne les a pas rendu plus responsables, déclenchant des guerres bien plus pour protéger leurs intérêts que par altruisme, faisant des centaines de milliers de morts. Et les Etats-Unis ont aussi la fâcheuse habitude de prendre leurs règles pour les règles du monde, n’hésitant pas à les appliquer par delà les frontières, pour l’impôt, comme pour sanctionner BNP-Paribas.

Si UE n’a pas permis aux pays européens de peser dans les relations internationales, semblant même les affaiblir plus qu’autre chose, l’ascension économique des pays émergents, au premier rang desquels la Chine, semble devoir redessiner les rapports de force à l’échelle de la planète. Il y a moins d’un an, la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie ont monté une banque concurrente du FMI, dotée de 100 milliards de dollars. Pour être honnête, à moins qu’elle finisse par intervenir en Grèce, si Tsipras voulait enfin desserrer le nœud coulant européen du cou de son peuple, elle n’a pas encore véritablement changé les rapports de force économiques de la planète, mais il s’agissait d’un premier pas.

L’Europe défie Washington en Asie

samedi 21 mars 2015

Salaires : le PS, c’est le #PartiantiSocial




C’est l’histoire d’une trahison

Ce n’est pas vraiment une surprise. L’épisode récent sans doute le plus significatif, c’est le minuscule coup de pouce au SMIC de mi-2012 : comme un nobliaud donnant quelques pièces aux passants, François Hollande avait accordé, royal, 0,6% de hausse de plus que l’inflation. Pour mémoire, le Jacques Chirac de 1995 avait accordé un coup de pouce trois fois plus important ! Deux ans et demi après, Michel Sapin, déjà ministre de Mitterrand, dit devant le Medef que « c’est la responsabilité de chaque chef d’entreprise de faire en sorte que les salaires n’augmentent pas considérablement plus que la productivité de cette entreprise, surtout dans des périodes où le taux d’inflation est très faible ».

Le papier du Monde « les salaires continuent d’augmenter en France » est révélateur. L’opinion du Monde y est transparente : parce que l’inflation est nulle, cette hausse des salaires n’est pas la bienvenue. D’ailleurs, il la met en parallèle avec la hausse du chômage. Et ce n’est pas la première fois. Déjà, mi-2012, il critiquait le dérisoire coup de pouce au salaire minimum, et fin 2013, il persistait. Mais, outre le fait d’être anti-social et digne de la droite la plus bête, la moyenne n’est pas sans limite. Elle peut cacher de grands écarts : en Allemagne, Olivier Berruyer a montré que les 30% les moins riches avaient vu leur salaire baisser de 15% et aux Etats-Unis, il stagne pour 99% de la population depuis 40 ans.

Pourquoi la « gauche » trahit ?

vendredi 20 mars 2015

Petit progrès pour la fin de vie

Mardi, les députés ont voté en faveur de la proposition de loi Leonetti-Claeys concernant la législation sur la fin de vie. Après le rejet mercredi dernier de l’amendement introduisant un droit à l’euthanasie active, cette proposition de loi une toute petite évolution dans le cadre juridique encadrant la fin de vie.



Un débat extrêmement délicat

La législation sur la fin de vie est un sujet extrêmement délicat et dont il est souvent difficile de débattre tant les opinions sont parfois à fleur de peau, que ce soit de la part des opposants comme des partisans. Et c’est bien naturel. Il est donc important de respecter l’opinion de l’autre mais aussi de consacrer suffisamment de temps au débat, car il ne s’agit pas d’une question qui peut être traitée superficiellement. Cela impose de se pencher en profondeur sur tous les cas, pour prendre des décisions qui respectent le plus possible l’être humain et éviter tous les excès potentiels qui freinent assez naturellement l’évolution dans ce domaine, avec la crainte de porosité entre euthanasie et crime intéressé.

Il faut dire que le débat sur l’euthanasie ressurgit souvent par les médias. On peut se souvenir de Chantal Sébire, cette femme défigurée par une maladie extrêmement douloureuse qui souhaitait une aide médicale pour mettre fin à sa vie, et non se suicider. La loi Léonetti ne permettait qu’une euthanasie passive, à savoir le fait de ne pas nourrir le patient, qui peut alors mourir dans des souffrances guères acceptables. On pense également au cas de Vincent Lambert, un tétraplégique maintenu en vie depuis 2008 suite à un accident de la route, dont la famille se déchire sur le sort, et où le Conseil d’Etat avait ordonné l’arrêt de son alimentation avant que la Cour Européenne ne l’oblige à le réalimenter.

Une synthèse à la Hollande ?

jeudi 19 mars 2015

Grèce : Tsipras passera-t-il des mots aux actes ?

En Grèce, la situation se tend à nouveau, verbalement au moins, entre le ministre grec qui menace de saisir les avoirs allemands et l’Allemagne, vent debout contre Athènes. Ce sera la priorité du sommet européen qui se tient à partir d’aujourd’hui. Mais jusqu’à présent, Tsipras parle beaucoup, mais agit peu.



Athènes aboie, la troïka passe

L’élection de Syriza fin janvier a suscité un grand espoir : la fin de la tutelle humiliante de la troïka, la fin de cette austérité inhumaine qui a plongé le pays dans une situation sociale et sanitaire honteuse. Et pendant la campagne et depuis qu’il a été élu, Alexis Tsipras et son équipe tiennent un discours dur. Il y a une semaine, le ministre grec de la Justice a menacé de faire une « saisie des avoirs allemands en compensation des dédommagements de la guerre par les nazis ». En 2014, le montant des réparations avait été estimé à 162 milliards d’euros ! Et la situation reste tendue en Allemagne, où la presse populaire est encore plus dure contre Athènes que Wolfgang Schaüble, le ministre des finances.


Tsipras dans une impasse

mercredi 18 mars 2015

Clap de fin pour les mannequins anorexiques ?




La France se réveille, enfin !

Il est malheureux que nous ayons autant tardé puisque l’Espagne et l’Italie ont déjà mis en place un certain nombre de règles contraignantes suite notamment au décès d’une mannequin dénutrie. Outre-Pyrénées, les mannequins ayant un indice de masse corporelle inférieure à 18 (moins de 55 kilos pour 1,75 mètres) n’ont plus le droit de défiler. Enfin, les mannequins des magasins ne peuvent pas porter une taille inférieure à 38. En France, le sujet a longtemps été porté par la députée UMP Valérie Boyer, qui, en 2008, visant surtout la presse féminine, avait proposé que « l’incitation à la maigreur excessive » soit condamnée, et, en 2009, elle avait proposé que l’on mentionne quand les photos sont retouchées.

Malheureusement, les efforts de la députée avaient été vains et rien n’avait changé, certaines marques continuant à véhiculer l’image de femmes maladivement maigres dans leurs publicités. Lundi, un député socialiste, Olivier Véran, a proposé de reprendre la mesure mise en place en Espagne il y a plusieurs années, sur un indice de masse corporelle minimum. Enfin, dans la même veine que les propositions de Valérie Boyer d’il y a quelques années, l’apologie de l’anorexie deviendrait un délit, qui permettrait entre autre d’interdire les sites. France 24 indique également que des mesures ont été prises en Belgique et en Israël. Il est temps que la France agisse après tant d’années.

Quand Dior doit prendre 4 kilos

mardi 17 mars 2015

Faut-il croire à une reprise de l’économie ?

La zone euro semble aujourd’hui s’enfoncer dans la déflation, ce qui pourrait l’empêcher de sortir de la crise dans laquelle elle est engluée depuis 2008. Cependant, la BCE vient de publier des prévisions relativement optimistes pour les années à venir, avec 2% de croissance en 2016 et 2017. Faut-il la croire ?



Vents contraires de la conjoncture

Bien sûr, la baisse de la monnaie unique et du prix des matières premières devrait apporter un peu d’air à des économies européennes fatiguées par sept années de crise ininterrompue. Les études démontrent que ces évolutions ont un fort impact sur le niveau de la croissance en Europe. En outre, l’austérité est moins sévère que ces dernières années, du fait de l’échec des tours de vis menés en 2011 et en 2012 et du fait que bien des pays ont déjà atteint les 3% de PIB de déficit. Et avec des taux d’intérêt au plus bas, cela fait quatre forts courants favorables pour la conjoncture, qui laissent croire que, dans des conditions plus favorables, il n’y aurait pas de raison que la croissance n’accélère pas un peu, à condition bien sûr qu’ils ne changent pas dans les prochains mois, ce qui semble possible.


2015 : rebond de la croissance ?

lundi 16 mars 2015

Pierre Moscovici, l’homme qui fait détester la politique

Bien sûr, il n’est pas le seul, et il y en a d’autres dont on pourrait dire la même chose, notamment celui qui a précédé François Hollande, ce conférencier de luxe, en affaires avec Bernard Tapie. Mais Pierre Moscovici est a minima un prétendant sérieux au titre du pire homme politique.



Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Il ne fallait sans doute pas s’attendre à autre chose d’un « übersexuel » qui trouvait le moyen de dénoncer la peoplisation de la vie politique tout en parlant de sa vie privée dans Gala. Déjà, il était assez stupéfiant, pour ne pas dire davantage que celui qui, comme ministre de l’économie, a soutenu pendant un an que la France atteindrait 3% du PIB de déficit en 2013, puis annoncé que cela serait atteint en 2015, avant que cela ne soit à nouveau repoussé de deux ans, soit nommé au poste du commissaire européen justement en charge du contrôle des engagements budgétaires des pays ! Un exemple du caractère arbitraire et sans scrupule de cette construction, dont les règles s’appliquent à géométrie variable. 

Quelques mois après sa nomination, voici un des pires contrevenants des règles budgétaires européennes qui se retrouve en position d’abitre des ministres des finances européens. Pas illogiquement par rapport aux règles de Bruxelles, voici celui qui était encore ministre à Bercy il y a un an, dire que « l’effort de la France n’est pas suffisant ». Soit il n’a aucun amour propre, ce que l’interview à Gala infirme totalement, soit il est d’un cynisme tout mitterrandien, capable de dire une chose et de faire le contraire. Pour Marianne, « certains jours, il est bien difficile de distringuer les pastiches signés du ‘Gorafi’ et les vraies informations ». Moscovici, c’est un peu le cancre de la classe qui prend la place du professeur.

Le prototype de la gangrène UMP-PS

Le rapport à la loi : tu violeras les lois sans te faire prendre (8e commandement du postmodernisme) (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus

Suite des recensions sur l’ouvrage de Dany-Robert Dufour, Le Divin Marché (Denoël 2007)



Pour illustrer ce chapitre, Dany-Robert Dufour s’appuie sur le rap, en particulier un titre du groupe Lunatic : « Le crime paie ». A la simple lecture de ces paroles (page 302), on constate comment le rap, ou du moins une partie du rap, colle à l’idéologie marchande libérale, à l’égoïsme, au culte de l’argent, à la fin qui justifie tous les moyens, à l’anomie éthique et morale et au dénuement complet du surmoi.  Leur seule morale est exactement la même que celle des hedge funds : le gain maximal, en indifférence complète des dégâts que cela peut causer et en l’absence totale de remords (même si publiquement on peut toujours affecter d’en avoir : cela fait monter les ventes ; ainsi de Joey Starr vendant 30€ des tee-shirts soit disant au bénéfice d’AIDES, cette association touchant 2€ par tee-shirts on se demande où vont les 28€ restants … ) (page 304). En pratique, Booba et Ali ne font que vanter les « vertus » du libéralisme et confirment bien que les activités criminelles sont entièrement compatibles avec « l’éthique » du capitalisme (page 306).

dimanche 15 mars 2015

Que penser de la polémique sur les assistants du FN ?

C’est une des polémiques de la semaine : « le président social-démocrate du Parlement européen a saisi les instances anti-fraude de l’UE » au sujet d’une vingtaine de collaborateurs des eurodéputés du FN, payés par l’Europe mais soupçonnés de ne pas travailler pour ce mandat. Polémique révélatrice.



Deux poids, deux mesures ?

Je ne peux guère être soupçonné de la moindre complaisance à l’égard du parti lepéniste, pointant tous ses excès et ne manquant pas de prendre parti lors des élections, comme dans le Doubs. Mais ici, la première impression qui domine reste quand même que le Front National n’est pas complètement traité comme les autres partis, même quand on lit le dossier bien fait des Décodeurs du Monde, plus nuancé que ne l’indique son titre « Le FN, champion du cumul des fonctions chez ses assistants parlementaires » puisqu’il dit que sur « les 234 assistants des 74 eurodéputés français, les pratiques douteuses subsistent, et pas seulement au FN », détaillant les cumuls de fonction de tous les partis.

Même si le FN compte un plus grand nombre de cumulards que le PS ou l’UMP, cette analyse montre aussi que ces pratiques ne sont pas son seul apanage et il est forcément intriguant de constater que le Parlement européen n’agit que pour le parti lepéniste sans sembler avoir rien fait dans les autres cas, un deux poids, deux mesures guère acceptable démocratiquement. Et cela est d’autant plus vrai que les récentes fortunes électorales de ce parti expliquent quand même en partie ce cumul puisque le vivier de cadres du parti est limité et qu’il n’était pas illogique de piocher parmi les quelques élus ou des responsables déjà en place. Une récompense pour un engagement qui peut avoir un prix.

Ou mêmes pratiques politiciennes ?

samedi 14 mars 2015

La Banque de France, antisocial récidiviste

Malheureusement, ce n’est pas la première fois que le gouverneur de la Banque de France se prononce sur cette question. Comme toujours, il se fait le porte-parole de la doxa néolibérale la plus antisociale en disant qu’il faudrait baisser le SMIC et le régionaliser. De quoi donner des envies de révolution.



Sus aux pauvres !

Le gouverneur de la Banque de France affiche une vraie constance, dans la ligne de celui qui fut son chef dans cette même institution, Jean-Claude Trichet. Déjà, en avril 2014, il se prononçait pour une révision des règles de revalorisation du SMIC, car « les modalités de revalorisation poussent à la hausse toute une partie de l’éventail des salaires (…) une mécanique infernale ». Les smicards seront heureux d’apprendre que la hausse mirobolante de leur rémunération serait « une mécanique infernale » ! Christian Noyer vise ici sans doute le colossal coup de pouce de 0,6% donné par François Hollande au SMIC à son arrivée (2% au lieu de 1,4%), trois fois moins que Jacques Chirac en 1995

Puisque la France ne prendra pas le chemin pris par la Grèce et l’Espagne, qui ont baissé le salaire minimal, le gouverneur de la Banque de France (qui fait partie du directoire de la BCE) a trouvé une solution, sans doute inspiré par ce qui a été fait en Grèce : le SMIC y avait été réduit de 22%, et de 32% pour les jeunes. Parce que s’attaquer au niveau global du salaire minimum ne semble pas possible dans notre pays, il propose une attaque plus insidieuse : le régionaliser et également le réduire pour les jeunes. Le chroniqueur d’Europe 1 présente cette idée comme du bon sens étant donné le niveau de chômage, mais jusqu’où faudrait-il aller pour être compétitif par rapport à la Roumanie ou au Maroc ?

Ces élites devenues folles

vendredi 13 mars 2015

Le contre-sens de Najat Vallaud-Belkacem sur la réforme scolaire




Des réponses totalement hors sujet

On retrouve dans les propositions de la ministre tout le gloubi-boulga pédago-mondialiste qui a fait tant de mal à un système éducatif qui était pourtant une fierté de notre pays. Il n’est plus aujourd’hui que dans le ventre mou de l’OCDE selon l’étude PISA, tout en étant devenu particulièrement inégalitaire. Au menu du ministre, parce que les collégiens s’ennuieraient au collège, la création d’enseignements pluri-disciplinaires pour donner du sens à ce qu’ils apprennent, et plus d’accompagnements personnalisés. Il est tout de même effarant que la ministre fasse de l’ennui des élèves le problème du collège alors que le niveau en lecture, en mathématiques ou en sciences n’est pas satisfaisant !

On reste dans cette logique pédagogiste selon laquelle tous les problèmes de l’éducation reposeraient sur un mauvais traitement de ces pauvres enfants, qui devraient pouvoir faire épanouir leur personnalité dans cette éducation nationale devenue un grand centre-aéré. La transmission de repères, d’une culture, d’une identité ne semble plus la priorité aujourd’hui. Il est tout de même effarant de faire de l’école le responsable de l’échec scolaire parce qu’elle serait trop dure (les notes, la discipline), ou que le sens de l’apprentissage ne serait pas donné. Par quelles monstruosités de tels raisonnements ont-ils pu s’imposer, alors même que de nombreux autres facteurs apparaissent mais sont ignorés ?

L’oubli des professeurs