vendredi 31 mai 2013

Jacques Sapir et Frédéric Lordon imaginent l’après-euro


Au Portugal, « Cinquante nuances de gris » a été remplacé en haut des meilleures ventes de livres par « Pourquoi nous devons quitter l’euro ». Alors que les rangs des partisans de cette idée grandissent tous les jours, Jacques Sapir et Frédéric Lordon nous éclairent sur l’après.



Progrès dans la bataille des idées

En France, les idées progressent lentement du fait de l’incompétence de la principale avocate choisie par les médias, Marine Le Pen. Cependant, nous gagnons du terrain, comme le montrait cette tribune du Monde en mars ou cette interview de Philippe Villin. En Europe, l’idée ne cesse de progresser. Déjà, en Italie, même si cela ne s’est pas traduit au niveau de la formation du nouveau gouvernement, une majorité de la population a voté pour des partis très critiques à l’égard de l’Europe, dont notamment le parti de Beppe Grillo, qui appelait ouvertement à une sortie de la monnaie unique.

En Allemagne, le parti Alternative für Deutscheland rencontre un immense succès et a déjà rassemblé treize mille adhérents sur la promesse d’un retour au deutsche mark, très populaire en Allemagne. Toujours en Allemagne, Oskar Lafontaine, ancien président du SPD, a appelé à son démontage. Enfin, au Portugal, la question s’est invitée dans le débat avec la sortie le livre de Joao Fereira do Amaral, pour qui « nous devons réaliser que l’euro n’est tout simplement pas adapté au Portugal ».

Les scénarios de Jacques Sapir

Après avoir déjà chiffré le coût technique de sortie de la monnaie unique entre 300 et 700 millions d’euros fin 2012, Jacques Sapir avait écrit un scénario de sortie de la monnaie unique. Dans un nouveau papier, il en établit deux nouveaux : un scénario non coopératif et un hypercoopératif. Dans le premier, il prévoyait que le mark s’établisse à 1,495 dollars, contre 1,04 pour le franc, 0,975 pour la lire, 0,910 pour la peseta et 0,650 pour la drachme, des chiffres cohérents avec l’analyse de la Deutsche Bank.

Dans le scénario non coopératif, les écarts sont plus grands alors que dans le scénario hypercoopératif (qui aboutirait à la constitution de deux euros), ils le sont moins. L’impact sur la croissance est similaire et un peu inférieur pour le scénario non coopératif. L’impact sur l’inflation est plus différent (pointe à 5% pour le non coopératif, 3,8% pour le coopératif, 3,6% pour l’hyper-coopératif) mais les chiffres se rejoignent dès la 3ème année. Il conclut en montrant que l’Espagne et l’Italie ont sans doute intérêt à un scénario non coopératif, qui maximise le gain de croissance par une plus forte dévaluation.

La monnaie commune vue par Frédéric Lordon

jeudi 30 mai 2013

Europe : mettre fin à l’intégration pour développer les coopérations


La construction européenne actuelle est un échec patent. Alors que l’on peine à remplir la colonne de ses avantages concrets, la liste de ses inconvénients est longue, entre règne des lobbys, régression sociale, récession, chômage ou remise en question de la démocratie. Que faire ?



Le problème, c’est l’intégration

La monnaie unique est sans doute le prisme par lequel analyser l’échec de cette construction bancale et artificielle qu’est l’UE. En effet, on constate qu’avoir une seule monnaie et une seule politique monétaire pour des pays aussi divers ne fonctionne pas parce que des pays différents doivent avoir des monnaies gérées différemment pour pouvoir s’adapter aux réalités nationales, différentes. Ce refus de voir que les réalités nationales sont différentes est au cœur de l’échec de l’UE.

S’il existe des nations distinctes, c’est parce que chaque peuple a son histoire, son identité, sa culture et souhaite donc y adapter son mode de vie, les règles de sa société. Le problème est qu’avoir fait adopter  aux Espagnols, aux Italiens, aux Portuguais et aux Grecs les a mené à la ruine. Ces pays s’ajustaient auparavant par des dévaluations, mécanisme qui fonctionnait bien. Maintenant, on leur impose des dévaluations internes, une baisse des salaires monstrueuse socialement et dont on peut douter qu’elles permettront de vraiment redresser leurs économies.

En outre, pour intégrer, ils ont supprimé toutes les frontières internes, mettant les pays dans une concurrence sauvage où c’est le moins-disant salarial, social et fiscal qui gagne. Pire, en supprimant toutes les frontières externes, l’Europe est balottée au gré des crises internationales et soumise à la pression des pays émergents qui attirent des délocalisations massives. Bref, par sa construction même, au lieu de nous tirer vers le haut, cette Europe nous tire vers le bas, sur tous les sujets, salariaux, sociaux, fiscaux ou normatifs. Où l’on redécouvre a posteriori que les frontières avaient du bien

S’y ajoute le problème du pouvoir central. D’abord, comme il n’existe pas de démocratie européenne (et qu’il n’en existera pas : en quelle langue pourrait-on débattre tout de suite ?), cet espace particulièrement opaque est peu démocratique, un paradis pour lobbys, comme Monsanto. L’UE, c’est une forme de totalitarisme pseudo-éclairé des experts indépendants. Et à chaque crise, ils répètent qu’il faut leur donner plus de pouvoir et continuer à déshabiller les Etats-nations alors que plus l’intégration avance, plus le continent va mal. Leur pouvoir personnel est devenu leur seul objectif.

La solution, c’est la coopération

mercredi 29 mai 2013

Huit ans après le TCE, le cancer européen progresse encore


Il y a huit ans, nous étions près de 55% des participants à refuser le projet de traité constitutionnel européen. Même si UMP, PS, Verts et Modem ont trouvé le moyen de le faire passer au Parlement, contre la volonté populaire, l’actualité nous donne tous les jours davantage raison.



Faux semblants européens

Dans cette Europe, tout est faux. Tout est en toc. Cette construction monstrueuse organise une immense régression démocratique et sociale, sur tous les plans. Tout d’abord, en ce jour anniversaire du « non » français au Traité Constitutionnel Européen, nous devons constater qu’il a été imposé au peuple contre son avis. Il faut quand même rappeler ici que Hugo Chavez, que certains qualifiaient de dictateur, avait respecté, lui, l’avis du peuple vénézuélien quand il avait refusé un projet de modification de la constitution. Il n’était pas passé par le parlement pour défaire ce que le peuple avait fait…

Comme le soutient Lordon dans son dernier papier : « en matière économique, l’UE n’a pas de politique, au sens très précis d’une possibilité discrétionnaire d’initiative. L’UE n’a pas de politique ‘conjoncturelle’, c’est-à-dire de la politique dont les orientations sont déterminées par les partis ‘conjoncturellement’ au pouvoir, car toute la politique économique européenne a été irrévocablement fixée dans des textes à valeur quasi-constitutionnelle ». Bref, la démocratie pour cette Europe, c’est avoir la liberté d’opinion, de parole et de choix des dirigeants, du moment où ils continuent la même politique

Dans ce cauchemar post-démocratique, nos dirigeants se comportent de plus en plus comme ceux de 1984 de Georges Orwell, disant une chose mais faisant le contraire, au mépris du sens des mots. On croit rêver quand le gouvernement ose parler d’un New Deal pour réduire le mal endémique du chômage des jeunes (qui dépasse les 20%). Quel rapport entre la politique d’un volontarisme farouche de Franklin Roosevelt et les mesurettes dérisoires annoncées. On parle de 6 milliards d’euros d’ici à 2020, soit moins d’un milliard par an pour une zone dont le PIB dépasse 10 000 milliards.

L’horreur à Madrid et Athènes

mardi 28 mai 2013

Quand Monsanto gouverne le monde


Cela fait plus de cinq ans que je rapporte la lutte d’influence qu’exerce Monsanto, avec l’aide de la Cour de Justice et la Commission Européenne. Mais ce combat n’a pas uniquement lieu en Europe puisque les intérêts des semenciers sont également bien défendus aux Etats-Unis.



Washington au service de Monsanto

Il y a un peu plus d’un mois, j’avais déjà évoqué le Monsanto Protection Act, un « amendement discret glissé dans une loi budgétaire pour l’agriculture aux Etats-Unis » selon lequel « la justice américaine ne pourra plus s’opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si leur homologation est contestée devant un tribunal ». Entre temps, la Cour Suprême des Etats-Unis a donné raison à Monsanto dans un procès contre un agriculteur de 75 ans, le condamnant à verser 85 000 dollars à la multinationale à la réputation sulfureuse pour avoir planté des semences.

Et c’est un article sidérant du Monde qui révèle à quel point Washington est au service de la multinationale. Le quotidien verspéral rapporte les travaux de l’ONG Food and Water Watch, basés sur mémos issus du scandale Wikileaks. Les révélations sont stupéfiantes. En effet, les Etats-Unis ont organisé pas moins de 28 voyages tous frais payés pour les officiels décidant de l’autorisation ou non des produits OGM, organisant également une véritable campagne de presse pro-OGM.

La pression s’exerce aussi de manière plus que douteuse : « en 2005, l’Ambassade d’Afrique du Sud informait ainsi Monsanto et Pioneer de deux postes vacants au sein de l’agence gouvernementale de régulation des biotechnologies, leur suggérant de proposer des ‘candidats qualifiés’ ». Les Etats-Unis font également tout pour empêcher l’étiquetage des produits contenant des OGM et ainsi de empêcher aux consommateurs de savoir ce qu’ils achètent pour protéger les céréales OGM : les intérêts de Monsanto passent avant l’élémentaire transparence démocratique.

Quand les semenciers étendent leurs droits

lundi 27 mai 2013

Debout la République en route vers les européennes


Samedi, nous nous sommes réunis à la Bellevilloise à Paris pour lancer notre campagne en vue des élections européennes qui se tiendront l’an prochain. L’occasion de montrer le dynamisme des mouvements qui veulent tourner la page de cette Union Européenne.



Petits partis devenus grands

Outre le très bon discours de Nicolas Dupont-Aignan, qui a tracé le chemin pour l’année à venir, ce qu’il y avait sans doute de plus réjouissant lors de ce rassemblement était clairement d’entendre les témoignages de Nigel Farage, Paul Nuttall et de Timo Soini. En effet, leurs deux mouvements ont commencé leur action politique dans les années 1990, et, à force de persévérance, et après plusieurs années de vaches électorales maigres, ils ont fini par gagner la confiance de leurs compatriotes, au point de devenir un des principaux partis de leur pays, si ce n’est le premier.

Les racines de UKIP remontent à 1992 comme un cercle de réflexion. Le parti a commencé à émerger en 1999 en faisant élire 3 députés au Parlement Européen. Mais c’est en 2009 que Nigel Farage a fait trembler la vieille garde politique en devançant le parti travailliste lors des élections européennes. Si UKIP n’a obtenu que 3% des suffrages aux législatives de 2010, il vient de prendre une nouvelle dimension en obtenant la seconde position lors d’une législative partielle. Mieux, les sondages lui donnent aujourd’hui 30% et la première place pour les élections européennes de l’an prochain !

Au début, les résultats électoraux du parti de Timo Soini ont été limités, grignotant élu par élu et prenant 4% des votes en 2007. Il a véritablement explosé en 2011, en devenant le 3ème parti du pays, avec 19% des voix et 39 sièges de députés au parlement. Il est aujourd’hui une force qui compte et qui oriente le débat politique. Loin des caricatures des médias, il est apparu comme un homme politique voulant protéger la démocratie et ses concitoyens contre l’UE, mais également désireux de construire une autre Europe, des peuples et des projets, à mille lieues de la construction actuelle.

Un chemin tracé pour Debout la République

dimanche 26 mai 2013

Dominique Venner fait tomber le masque du Front National


L’historien d’extrême-droite Dominique Venner, s’est suicidé à Notre Dame. L’hommage appuyé et unanime des dirigeants du parti est un révélateur très éclairant sur la nature profonde du Front National, faisant voler en éclat le mythe de sa normalisation. A bon entendeur…

Un hommage qui a du sens



Comme le rapporte le Huffington Post, les réactions des dirigeants du Front National ont été rapides et unanimes. Sur son compte twitter, Marine Le Pen a écrit « tout notre respect à Dominique Venner dont le dernier geste, éminemment politique, aura été de tenter de réveiller le peuple de France. MLP ». Louis Aliot a exprimé une « pensée émue pour la disparition tragique de D.Venner, défenseur intransigeant et courageux des valeurs de notre civilisation ». Qu’il le considère comme un « défenseur intransigeant des valeurs de notre civilisation » n’est vraiment pas neutre…

Le problème est que Dominique Venner est un intellectuel d’extrême-droite, et pas le moins radical. Il faut lire le long papier de Guy Konopnicki dans Marianne, qui rappelle son parcours, du regret de la défaite des nazis, dans la lignée de son père, membre du parti de Jacques Doriot, à sa participation au putsch militaire de 1961, en passant par sa participation à l’OAS. Il est un fondateur du G.R.E.C.E. (Groupe de Recherche et d’etudes de la civilisation européenne) et contribua à la construction intellectuelle de l’extrême-droite à partir des années 1960, dans ses tendances les plus identitaires.

Laurent de Boissieu, sur son blog, rappelle, que s’il était un opposant farouche au mariage pour tous, il était avant tout un « nationaliste européen racialiste (déjà défendu par les Identitaires) », qui affirmait « il faut bien voir qu’une France tombée au pouvoir des islamistes fait partie des probabilités » et qu’il « ne suffira pas d’organiser de gentilles manifestations de rue pour l’empêcher ». Il n’était pas un souverainiste patriote, mais bien plus un européen occidentaliste défendant la pureté de la race blanche et qui croyait à l’inégalité des races. Un intellectuel très clairement d’extrême-droite.

Pourquoi une telle réaction ?

samedi 25 mai 2013

Le krach de l’immobilier en France a-t-il commencé ?


Cela fait bientôt trois ans que  la question se pose : la France va-t-elle subir un krach immobilier comparable à celui des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Espagne ? Entre le niveau très élevé des prix et le début de baisse des derniers mois, on peut être tenté d’y croire.

Pourquoi on peut croire à un krach

C’est The Economist qui alerte depuis plusieurs années sur le niveau trop élevé des prix de l’immobilier en France. Selon leur dernière enquête, les prix seraient surévalusés de 39% par rapport aux loyers et de 34% par rapport aux salaires, ce qui marque une légère décrue néanmoins (il y a six mois, nous étions à 49% et 38% respectivement), du fait de la baisse des prix de 1,7% depuis l’an dernier. Le marché français est aujourd’hui d’assez loin le marché le plus cher d’Europe.



Les statistiques de l’hebdomadaire britannique sont inquiétantes. L’Espagne, où les prix ont baissé de 7,7% depuis un an (et 26,5% depuis 2007), apparaît encore surévaluée de 15% environ. L’Italie, où ils ont baissé de 4% depuis un an (et 11% depuis 2007) est encore légèrement surévaluée. Le marché britannique, stable depuis un an, mais en recul de 11% depuis 2007), est surévalué d’environ 15%. Enfin, l’Allemagne, où les prix ont progressé de 3,4% depuis un an, reste sous-évaluée de 17%. A noter que les prix décollent de 9% aux Etats-Unis mais qu’ils restent sous-évalués de 15%.

Bref, à part des pays émergents (Hong Kong ou Singapour) ou des pays dits développés mais riches en matières premières (Canada, Austraiie), la France semble en première ligne pour subir elle-aussi un krach immobilier significatif. Et le début de la décrue des prix pourrait bien indiquer le début de la fin. En outre, le nombre de transactions a baissé de plus de 20% en 2012, et le montant des crédits immobiliers s’est effondré de 26%. Ce sont typiquement les signes avant-coureur traditionnels d’un retournement de marché, comme le souligne Wolf Richter sur Atlantico.

Le krach est-il inévitable ?

vendredi 24 mai 2013

Les dangers du traité transatlantique UE-USA


Jeudi, le parlement européen a voté les amendements sur le projet déposé par la Commission Européenne pour négocier un accord de libre-échange transatlantique. Un accord qui révèle tout ce qui ne va pas dans cette Union Européenne, dogmatiquement néolibérale et sous influence étasunienne.



La course au moins-disant

Il faut remercier l’Humanité pour avoir publié le texte du projet de mandat de négociation de la Commission Européenne et sensibiliser l’opinion à cet accord dont on ne parle pas suffisamment, ainsi que Magali Pernin, qui a publié sa traduction en français. Vous pouvez également trouver de nombreuses informations sur la genèse et l’avancée de ce traité sur le site La théorie du tout, de Liior Chamla. Même l’ultra-fédéraliste Jean Quatremer s’est inquiété sur son blog de l’avancée de ce texte, qui donne du grain à moudre à ceux qui dénoncent « l’Europe pro-étasunienne et ultralibérale ».

Et il faut dire que c’est bien le cas. Comme d’habitude, la Commission annonce des bénéfices colossaux pour l’Europe : 119 milliards de dollars de PIB additionnel, sans que l’on comprenne bien comment, d’autant plus que les précédents traités ne semblent pas vraiment avoir soutenu notre croissance. Mais en plus, ce genre de pronostic est totalement ridicule sachant que l’euro est au moins surévalué de 15% par rapport au dollar. A quoi bon réduire des droits de douane, qui tournent entre 3 et 4%, si c’est pour être pénalisé de quatre fois plus du fait de la sous-évaluation chronique du billet vert ?

Ensuite, se pose aussi la question des normes. Cet accord représente aussi pour les Etats-Unis le moyen d’imposer à l’Europe de démanteler ses barrières contre les bovins aux hormones ou les poulets aux antibiotiques, après avoir déjà réussi à nous imposer les volailles lavées à l’acide. Mais pourquoi libéraliser le commerce si c’est pour faire reculer les normes sanitaires de notre continent ? On comprend l’intérêt mercantile des Etats-Unis, mais on ne voit pas bien l’intérêt pour les peuples européens, qui vont à la fois perdre des emplois et des ventes, mais aussi sur notre sécurité !

L’Europe étasunienne

jeudi 23 mai 2013

L’illusoire lutte de l’Europe contre les parasites fiscaux


Le Figaro affirme que « l’Europe accélère contre les paradis fiscaux ». Mais outre le manque de crédibilité d’une annonce déjà faite il y a quatre ans par Nicolas Sarkozy et non suivie des faits, la construction même de l’Union Européenne est un véritable bonheur pour ces parasites des temps modernes.



Le soufflé retombe à nouveau

En effet, on nous a déjà fait le coup. Nicolas Sarkozy, jamais avare en effets d’annonce, avait promis la « fin des paradis fiscaux ». Dans la réalité, les sorties de la liste noire de l’OCDE étaient totalement artificielles, comme je l’avais expliqué. L’actualité récente a démontré qu’il n’en est rien, pour les particuliers (voir l’affaire Jérôme Cahuzac) comme les entreprises (voir la polémique sur Apple). Dans la réalité, on attend toujours des mesures concrètes pour se débarrasser de ces parasites.

Le corps de l’article du Figaro est moins optimiste que le titre, se demandant dès le début si « le soufflé pourrait retomber ». En effet, alors qu’il note que le sommet de mercredi visait à tordre le bras à l’Autriche et au Luxembourg, il affirme que « la pression européenne s’est relâchée, le Luxembourg lui-même s’est raidi et le rendez-vous qui réunira les 27 dirigeants de l’UE risque de se solder par une demi-mesure ». En effet, « Vienne et Luxembourg conditionnent toute remise en cause de leur secret à une transparence fiscale accrue de la part des places financières concurrentes ».

Bref, comme d’habitude, nos dirigeants font des annonces spectaculaires que le détail des mesures prises infirme complètement, comme pour les différentes réformes bancaires, qui n’ont presque rien changé à l’anachie financière qui nous a mené au bord du précipice en 2008. Ce nouveau sommet a été un nouvel échec. François Hollande, a beau affirmé que « le temps de l’impunité est terminé », absolument rien n’a été décidé et le bilan du sommet est encore plus maigre que prévu. Nicolas Dupont-Aignan a bien raison de qualifier le président d’inutile dans sa réaction au sommet.

L’Union Européenne, alliée des parasites fiscaux

mercredi 22 mai 2013

Projet Fioraso : cette gauche qui a un problème avec le français (et la France)


Le débat sur le projet de loi Fioraso arrive à l’Assemblée. Alors qu’une partie de la majorité s’y oppose, Libération a pris partie de manière bruyante sur le sujet en publiant une une en anglais, illustrant tout ce que les opposants au projet craignent avec ce projet.



Un Munich linguistique

Projettons nous dans quelques décennies. Et si 2013 n’était que la première étape vers une disparation du français ? Car non seulement le gouvernement veut libéraliser l’utilisation de l’anglais à l’université, mais il promeut l’utilisation des langues régionales par la voix de Vincent Peillon, organisant donc une double attaque contre le français. Il n’est pas très compliqué d’imaginer ce que seront les prochaines étapes de cet abandon de notre langue pour promouvoir l’anglais.

Dans quelques années, on nous expliquera que, comme en Allemagne, pour que notre recherche soit compétitive, il faut publier seulement en anglais. Du coup, mieux vaudra alors abandonner purement et simplement notre langue dans l’enseignement supérieur pour que nos chercheurs prennent l’habitude de l’anglais. Puis, pour que nos étudiants soient compétitifs en anglais, on commencera à enseigner dans cette langue au lycée. Sur plusieurs décennies, on peut imaginer un mouvement qui verrait l’anglais remplacer lentement mais sûrement le français à l’école, compétitivité oblige.

Puis, nos cinéastes pourraient également tourner de plus en plus souvent nos films en anglais, meilleur moyen pour les exporter. Devant la progression du niveau, nos médias nationaux pourraient alors passer progressivement à l’anglais, de manière à s’addresser à une plus large audience à l’international, seuls les médias régionaux conservant alors le français, à moins que les langues régionales l’y remplacent alors...  Et les multinationales, qui ne demandent rien de mieux que de limiter leurs coûts et simplifier leur logistique, seront alors ravies de pouvoir communiquer en anglais…

L’internationalisme des imbéciles

mardi 21 mai 2013

Le Japon et les Etats-Unis mettent KO l’euro-austérité


Au 1er trimestre, la zone euro a enregistré son 6ème trimestre d’affilé de récession. Au Japon, la croissance s’est envolée à 3,5%, tandis qu’aux Etats-Unis, la croissance a atteint 2,5% et le déficit budgétaire se réduit rapidement. Une démonstration limpide de l’échec des politiques européennes.

Le grand réveil du Japon ?



Bien sûr, les statistiques nippones sont coutumières des variations brutales, mais le résultat du premier trimestre 2013, après les chiffres encourageants de fin 2012, pourrait indiquer que quelque chose se passe enfin au pays du soleil levant. Le premier ministre Shinzo Abe semble avoir sorti le pays de la torpeur déflationniste dans laquelle il était plongé depuis vingt ans : le PIB, en valeur nominal (en yen courant, ne prenant pas en compte l’inflation) est au même niveau qu’en 1991 !

Dans un pays dont la dette publique atteint 240% du PIB et où le déficit public est de 8,8% du PIB, l’équipe au pouvoir cherche son salut dans un plan de relance des investissements publics et une accélération sans précédent de la monétisation de la dette publique (la Banque du Japon va racheter l’équivalent de 10 à 12% du PIB par an de dette publique par an, 5 à 6 fois plus qu’il y a un an). L’objectif : faire enfin sortir le pays de la déflation et atteindre 2% d’inflation. Le yen a perdu 30% de sa valeur entre temps, au grand bénéfice des entreprises exportatrices. Et le Nikkei a gagné 70% en 6 mois !



Effondrement du déficit aux Etats-Unis

J’y avais consacré un papier en février, mais les résultats sont encore plus spectaculaires : en 2011, le déficit public y était encore de 10% du PIB. En 2012, il était déjà tombé à 7%, et en 2013, il devrait atteindre environ 4% du PIB, contre 5,3% encore prévu il y a trois mois. Cette baisse spectaculaire des déficits a deux raisons principales. Tout d’abord, il y a les coupes automatiques mises en place du fait de l’absence d’accord politique entre les républicains et les démocrates.

Mais surtout, elle s’explique par la croissance économique du pays, qui a atteint 2,5% au premier trimestre, et qui provoque une augmentation des recettes fiscales (3 millions d’emplois ont été créé depuis trois ans alors que la zone euro en a perdu 3 millions) tout en limitant les dépenses. Washington a décidé de laisser jouer les stabilisateurs automatiques et de ne restreindre que progressivement les les dépenses, qu’une fois la croissance repartie. En 2015, le déficit devrait atteindre 2% du PIB !

L’impasse de l’austérité à l’européenne

lundi 20 mai 2013

Olivier Berruyer dessine une voie de sortie de la crise


Après avoir défini les caractéristiques de la crise que nous traversons et dans laquelle nous nous enfonçons, puis étudié les raisons qui ont mené à cette crise, Olivier Berruyer ne manque pas de faire de nombreuses propositions, notamment dans les domaines institutionnels et financiers.



Un projet de définanciarisation

Il souligne que bien des solutions à cette crise semble avoir été oubliées : « démembrement des banques, limitation drastique de la spéculation, entraves raisonnables à la liberté de circulation des capitaux, limitation du poids du secteur financier, système monétaire international limitant la distribution débridée de crédits, syndicalisme puissant, volonté d’équilibrer les balances commerciales, modèles sociaux généreux, hausse régulière des rémunérations, compression radicale des inégalités ».

L’auteur cite Alain Greenspan, l’ancien gouverneur de la Fed, et Mervyn King, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre pour qui « si l’on pense que les banques sont trop grosses pour faire faillite (…) alors c’est qu’elles sont trop grosses ». Refusant la monétisation, il appelle à mettre fin aux parasites fiscaux. Il propose de « retrouver le principe de prudence » pour les règles comptables et le système financier (en limitant la taille des bilans bancaires à 10 ou 20% du PIB). Il propose de séparer les activités bancaires et d’interdire la spéculation. Très sceptique à l’égard de la taxe sur les transactions financières, il propose une taxe progressive sur les bénéfices financiers. Se rapprochant de Lordon, il propose une socialisation des banques, notant que la monnaie est un service public.

Pour refonder le capitalisme, il propose de supprimer la cotation en continu de la Bourse, pour la remplacer par une cotation unique par jour, de mettre en place une taxe décroissante sur les bénéfices financiers. Il veut aussi récompenser les actionnaires fidèles en ne donnant le droit de vote qu’après deux ans et en augmentant les dividendes au bout de deux ans et cinq ans. Il vante le modèle du capitalisme rhénan « non financier, décourageant la spéculation, privilégiant le long terme, la protection des salariés », s’appuyant sur le livre de 1991 de Michel Albert et note qu’aujourd’hui l’Allemagne est en pointe pour la re-régulation du système financier. Enfin, citant le Général de Gaulle, il fait un plaidoyer pour la participation.

Il dénonce les oligopoles en citant Roosevelt : « Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre. Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des Etats-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé ». Il conclut avec le rapport Angelides du Congrès sur la crise financière : « Ce qui est frappant, c’est combien les choses ont peu changé depuis 2008 (…) C’est à nous de faire des choix différents si l’on veut obtenir des résultats différents ».

Protectionnisme, emploi et institutions

dimanche 19 mai 2013

Olivier Berruyer décrypte les raisons de la crise


Après avoir fourni une description extrêmement fouillée des caractéristiques de la crise, Olivier Berruyer poursuit son livre par une analyse des ressorts de cette crise du néolibéralisme, dénonçant le laisser-faire et les excès de la finance.

La dénonciation du « laisser-fairisme intégral »

Olivier Berruyer commence son livre en dénonçant la pensée laisser-fairiste, citant Alain Minc, qui affirmait en octobre 2008, que « la crise est grotesquement psychologique ». Même s’il est féru de chiffres, il souligne que l’économie est une science sociale. Il résume la crise actuelle d’une manière synthétique et juste : « nous avons transformé notre système économique en un système qui privilégie le court terme au détriment du long terme, l’intérêt individuel au détriment de l’intérêt collectif, la liberté absolue au détriment de l’égalité et de la fraternité ». Comme d’autres, il souligne que cette crise est une répétition de celle des années 1930 mais que nous n’avons pas, cette fois, l’excuse de la première fois…



Il rappelle le rôle des chocs pétroliers et de l’échec des expériences communistes en Russie et en Chine dans la la victoire idéologique des néolibéraux à la fin des années 1970, autour de deux croyances : le monétarisme et le libre-marché, par opposition à l’Etat et à la planification. Mais pour lui, c’est « le retour de Cro-Magnon et sa massue ». Il souligne que la période de forte régulation bancaire avait  permis d’éviter les crises, comme l’ont montré Reinhart et Rogoff. Il rappelle que selon l’indice de libéralisation financière du FMI, c’est le gouvernement Fabius, qui a, de très loin, le plus libéralisé notre pays. Il rappelle que selon un sondage Ifop, les électeurs de François Hollande étaient paradoxalement les moins enclins à réclamer plus de protection vis-à-vis de la mondialisation.

Il cite une lettre de 1941 de Maurice Allais : « si donc l’on considère que la liberté économique est le fondement essentiel du progrès, si l’on veut la conserver comme principe de base de l’organisation économique, il faut créer le cadre juridique dans lequel cette liberté ne puisse avoir que des effets bienfaisants et non mener au désordre comme l’on a trop souvent vu dans ces dernières années ». En 2002, notre « prix Nobel d’économie » soutenait que « une société libérale et humaniste ne saurait s’identifier à une société laxiste, laisser-fairiste, pervertie, manipulée ou aveugle. La confusion du socialisme et du collectivisme est tout aussi funeste ». Il cite Joseph Stiglitz, pour qui « l’une des raisons pour lesquelles la main invisible est invisible, c’est peut-être qu’elle n’existe pas ».

De manière très intéressante, il souligne que la situation de monopole du capitalisme (avec la chute du communisme) lui a été préjudiciable, le transformant en culte idolâtre qui ne doit pas être remis en cause. Il cite Keynes pour qui « le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde ». Il dénonce la prétention scientifique des néolibéraux. Lucidement, il écrit : « ayant eu besoin d’abolir les frontières pour se libérer de la tutelle des Etats, l’ultralibéralisme a aussi repris à son compte dans le concept de mondialisation la vieille utopie internationaliste qui était si chère au mouvement ouvrier ». Il cite Maurice Allais, qui, en 1943, affirmait que « la concurrence est naturellement malfaisante. Elle devient bienfaisante lorsqu’elle s’exerce dans le cadre juridique qui la plie aux exigences de l’optimum du rendement social ».

Les excès de la finance et de la mondialisation

samedi 18 mai 2013

La bible économique d’Olivier Berruyer sur la crise


Olivier Berruyer est un des blogueurs de référence en matière d’économie. Son blog, Les crises, est une source inépuisable de données et de faits qui permettent de faire progresser la réflexion. Dans son dernier livre, il propose son analyse globale de la crise. Indispensable.



Vers la fin de la croissance ?

Dans son premier chapitre, il commence par un graphique inquiétant qui montre la baisse régulière de la croissance du PIB par habitant, passée de 4,8% par an dans les années 1960 à seulement 0,6% dans les années 2000. Il commence par détailler précisément la méthodologie de calcul du PIB pour en souligner toutes les limites. Il souligne le rôle majeur joué par la croissance de la productivité pour créer de la richesse en rappelant que l’industrie et l’agriculture sont les secteurs où ces gains de productivité sont historiquement les plus forts, représentant encore 50% des gains globaux (mais 15% du PIB seulement). Depuis 1950, la productivité de l’agriculture a ainsi été multipliée par 31, celle de l’industrie par 14 contre seulement 5 pour les services marchants et 3,2 pour la construction.

Il détaille aussi le problème des ressources énergétiques et note que l’efficacité énergétique, qui s’est fortement améliorée dans les années 1980 et 1990, stagne depuis. Il rappelle que l’envolée des prix depuis le tournant du siècle est bien supérieure à la croissance du PIB (+100 à 250%) : le prix du fer a quadruplé en 10 ans, celui du plomb et du cuivre a été multiplié par 5 ! Il rappelle que selon le Global Footprint Network, nous consommons 156% des capacités annuelles à notre disposition (contre 58% en 1961), que nous avons doublé la concentration en CO2 de l’atmosphère, dont Lyndon Johnson avait déjà conscience du problème, et que 97% des climatologues valident la thèse du réchauffement climatique.

Pour lui, « la croissance ne peut physiquement pas être durable » et prend exemple sur le Japon, dont le PIB a atteint un pic en 1996. Il soutient que « tout concourt désormais à une croissance faible ». Il est favorable à une diminution du temps de travail, moyen pour lui de réduire le chômage, même s’il note que tout se complique « si les entreprises sont en concurrence mondialisée avec des pays à temps de travail et croissance plus élevés ». Il note que notre temps de travail effectif moyen, le plus élevé du monde pendant les trente glorieuses (43h hebdomadaire), est tombé à 30h, la moyenne européenne, contre 34h au Japon et aux Etats-Unis. Il souligne que nous avons perdu 56% de nos emplois industriels depuis 1973 et 90% de nos emplois agricoles depuis 1950.

Il dénonce « le drame du chômage » et souligne qu’en réalité, nous avons plus de 5 millions de demandeurs d’emplois. Il note que près de 20% des salariés non agricoles sont demandeurs d’emplois, un niveau historiquement extrêmement élevé. Après retraitement de l’indice du chômage aux Etats-Unis, il arrive à la conclusion que le taux de chômage, au lieu d’être à 8%, dépasse 11% et qu’au sens large, en prenant en compte les personnes découragées, il est proche de 18% (et non sous les 15%). D’ailleurs, il montre que le nombre de personnes bénéficiant de bons d’aide alimentaire continue à augmenter et dépasse les 46 millions, contre 26 avant la crise…

L’explosion des inégalités

vendredi 17 mai 2013

J’ouvre mon blog sur Ragemag


Je suis la belle aventure qu’est le site Ragemag quasiment depuis son ouverture. Depuis quelques mois, le site a ouvert des blogs avec des personnes que j’apprécie, comme Marc Vasseur, Alexis Martinez, Sarkofrance, Medhi Yalaoui, ou, plus récemment, l’ami Eco(dé)mystificateur.

Assez logiquement, quand Arthur m’a proposé d’en faire partie, j’ai été enthousiasmé par l’idée. Après, il fallait trouver la bonne formule. Je ne souhaitais pas y transférer toute mon activité de blogueur car j’aime bien la liberté que j’ai depuis plus de six ans. Et même si cette liberté n’aurait pas été entravée, je souhaite (pour l’instant), conserver une certaine indépendance. D’où l’idée d’ouvrir un second blog gaulliste libre, sur Ragemag. Il proposera des textes inédits (mais qui pourront être repris ensuite sur mon blog principal, car je ne souhaite pas forcément écrire davantage).

Je compte publier deux textes par semaine sur mon blog Ragemag. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, la spécificité que je pourrais lui donner (thème, ton) : tout reste encore à écrire…

Merci à Arthur et Cyril pour leur patience.

François Hollande, toujours plus loin dans l’eurolibéralisme


Le Président de la République vient de s’exprimer dans une conférence de presse qui marque l’entrée dans l’an deux de sa présidence. Par-delà un ton positif contrastant avec les résultats économiques très mauvais, il a démontré qu’il était bien le fils politique de Jacques Delors.



Le Hollandisme néolibéral

Baisse des dépenses publiques, baisse du coût du travail, choc de simplification, réforme des retraites : il fallait avoir le cœur bien accroché si on était de gauche pendant cette conférence de presse. Emmanuel Todd espérait un virage inverse à celui de 1983, un « hollandisme révolutionnaire ». Heureusement qu’il avait confié à Marianne sa déception et reconnu ne plus y croire. Cette conférence marque au contraire une accélération du virage libéral de la majorité en place, comme l’a bien montré l’allocation préliminaire du président, à la tonalité très libérale et bien peu sociale.

Tout d’abord, il a souligné que sa gestion était plus rigoureuse que celle de son prédécesseur puisque les dépenses publiques seront stables pour la première fois cette année et baisseront légèrement en 2014. Puis, il a osé affirmer que l’équipe précédente n’avait pas fait de choix courageux sur la compétitivité. Il est quand même assez étonnant d’entendre un président « socialiste » reprocher à un gouvernement de droite de ne pas avoir osé baisser le coût du travail. Mieux, il a eu la transparence et l’audace d’utiliser ce terme ! Laurence Parisot devait être aux anges… Mais, à quoi bon réduire le coût du travail de quelques pourcents quand les monnaies flottent et que le Japon fait baisser le yen de 30% pour relancer son économie, alors que l’euro reste encore et toujours trop cher ?

Il a ensuite pris exemple sur l’Allemagne, vantant ses 160 milliards d’excédents commerciaux, par opposition aux 60 milliards de déficit de la France. Comment a-t-il pu oublier la baisse de 15% du salaire d’un tiers des salariés allemands depuis dix ans ? En outre, ce modèle n’est pas réplicable. Ensuite, il a continué à développer son « choc de simplification » et annoncé une réforme des retraites (et des régimes spéciaux), égratignant au passage Nicolas Sarkozy en soulignant que sa réforme n’avait pas suffi, et de loin, ce qu’il a aussi fait d’autres fois, sur la croissance ou les déficits.

Le mirage européen