lundi 31 décembre 2012

La polémique sur la loi de 1973 rebondit


Michel Rocard a relancé la polémique en reprenant les analyses que popularise notamment André-Jacques Holbecq. Etienne Chouard a rebondi en publiant un papier accusateur avec de nouveaux éléments, presque aussitôt contestés  par Magali Pernin. Un débat qui nourrit la réflexion sur la monnaie.

La loi de 1973 est-elle coupable ?

Après avoir relayé le procès fait à la loi de 1973, j’avais publié il y a quelques mois un papier basé sur les travaux de Magali Pernin et Liior Chamla sur le blog Contre la Cour, qui démontrait que ce n’était pas cette loi qui était directement responsable de l’interdiction (ou de la limitation) de la monétisation, mais bien plus le traité de Maastricht. Michel Rocard a relancé la polémique en reprenant presque mot pour mot les arguments défendus par André-Jacques dans son livre.

Etienne Chouard, le héros du combat contre le TCE en 2005, a embrayé sur le sujet en versant de nouveaux éléments au dossier qui, selon lui, incriminaient à nouveau la loi de 1973. Tout d’abord, il note que la loi de 1973 a occasionné l’abrogation par décret de textes permettant à la Banque de France de faire des avances à d’autres institutions publiques. Enfin, il affirme que les conventions de financement de l’article 19 « donne au Gouverneur de la Banque de France un pouvoir scandaleux de blocage total (…) un droit de veto qui ne dit pas son nom ».

Magali Pernin a répondu dans un papier technique très bien documenté. Elle minore l’importance du premier argument et montre qu’il s’agit d’avance « dans un délai qui ne peut excéder trois mois », soit un horizon de temps extrêmement court et négligeable. Ensuite, elle souligne que le gouverneur n’a pas de droit de veto selon les textes. Et même si Etienne Chouard a raison de vouloir vérifier son statut, il me semble qu’il était à l’époque très dépendant du gouvernement (d’où le nouveau statut de 1993, suite à la signature du traité de Maastricht, instaurant une véritable indépendance).

Le verrou est ailleurs

dimanche 30 décembre 2012

Mutuelles : les dérives de la privatisation de la santé


Le Sénat vient de publier un rapport qui critique très sévèrement les pratiques des mutuelles étudiantes. Une nouvelle pierre qui amène à nouveau à se poser des questions sur les dérives d’un secteur qui apparaît de plus en plus comme une rente qu’il faudrait davantage remettre en cause.

Les mutuelles étudiantes en accusation

Le 18 décembre, le Sénat a publié un long rapport qui dénonce des dérives en série, après un dossier d’UFC-Que Choisir dont le chargé de mission affirme que « tous les éléments sont sur la table avec notre rapport et celui du Sénat. Maintenant, il va falloir choisir entre réenterrer le sujet des mutuelles étudiantes pour dix ans, ou enfin s’en saisir ». Le rapport se demande même s’il ne faut pas envisager la suppression pure et simple des mutuelles étudiantes.

En effet, les dérives sont très nombreuses. Tout d’abord, la concurrence entre les deux principaux réseaux entrainent des coûts très importants puisque leurs frais de gestion, 13,7% des ressources, sont nettement plus élevés que ceux de l’assurance-maladie. A minima, une fusion des organismes permettrait d’assainir la situation, à moins même de l’intégrer dans le dispositif national. Le rapport pointe également de gros retards de remboursement et une accessibilité très mauvaise et disparate.

En outre, la chasse aux assurés entrainent des abus avec le recurtement d’étudiants, déjà couverts par les mutuelles de leurs parents, mal renseignés, qui souscrivent à une assurance complémentaire parfaitement inutile. Enfin, le Monde pointe les liens parfois troubles entre les mutuelles et les syndicats étudiants, qu’elles peuvent financer. Il souligne que l’UNEF « truste ainsi l’ensemble des postes d’administrateurs délégués, rémunérés entre 1000 et 1400 euros ».

Les rentes de la privatisation de la Sécu

samedi 29 décembre 2012

Non, la crise de la zone euro n’est pas finie


Les six mois de calme sur les marchés financiers semblent réussir à faire passer des vessies pour des lanternes. Dans un éditorial du Monde, le quotidien vespéral juge que « la survie de l’euro n’est plus en jeu » et ose même parler de « premiers signes positifs » en Grèce. Une cruelle erreur de jugement.

Un monde parallèle

Il faut vraiment lire ce papier du Monde, pour essayer de comprendre l’état d’esprit et la dégénérescence de la pensée d’une partie des élites. De manière intéressante, le papier commence par évoquer le fait que « la Grèce n’est plus l’épicentre de la crise financière » et qu’une agence a remonté de six crans la note de la Grèce. Au moment où le taux de chômage bat record sur record, il est piquant qu’un journal sensé être progressiste prenne les marchés comme boussole…

Plus fort encore, Le Monde évoque des « premiers signes positifs » pour la Grèce dans le fait que « le pays pourrait renouer avec la croissance en 2014 ». On salue l’emploi du conditionnel car cela fait des années que les prévisions concernant Athènes sont fausses. Celles d’il y a 10 mois, farfelues, ont largement été démenties par les faits. Quel est le poids d’une prévision très aléatoire pour 2014 face à l’augmentation quotidien du chômage et à la violente dépression du pays.

Ré-écrivons l’histoire

Le plus incroyable suit : « le salut des Grecs est bien sûr venu d’eux-mêmes : ils ont subi une purge sans précédent (….) la Grèce ne sortira pas de l’euro, quoi qu’il arrive. (…) M.Draghi a ensuite pu confirmer qu’il soutiendrait sans limite la monnaie unique. Cet été, donc, les Européens ont décidé que les marchés n’auraient pas la peau de l’eau ». Comment ne pas être effaré qu’un journal dit de gauche fasse des cures austéritaires une voie à suivre en citant la Grèce en exemple !

Pourtant, Paul Krugman et Joseph Stiglitz ont démonté la logique mortifère de ces politiques… Ensuite, une simple alternance en Grèce pourrait bien faire tomber cet incroyable château de carte. Il faudrait aussi rappeler au Monde que l’intervention de la BCE est limitée aux titres de faible maturité. Enfin, il est navrant que ce quotidien de référence verse dans la fable que les marchés voudraient la peau de l’euro, victime de ses propres carences, comme l’explique bien Paul Krugman.

Une pause dans la crise

vendredi 28 décembre 2012

Quand Sapir et le FMI se rejoignent pour critiquer le gouvernement


Il n’est pas fréquent que Jacques Sapir et le FMI soient d’accord. Mais quand ils le sont pour dénoncer la politique menée par le gouvernement socialiste, cela confirme clairement qu’il pratique bien « la méthode Coué » pour sa politique économique, décidemment calamiteuse.

Croissance en berne

Cela fait des mois que Jacques Sapir critique les hypothèses de croissance prises par le gouvernement et qu’il avertit qu’il sera impossible de tenir tant les objectifs de croissance (0.8%) que les objectifs de déficit (3% du PIB), à moins de mettre en place des plans d’austérité qui nous plongeraient dans la dépression. De manière étonnante, le FMI vient d’apporter de l’eau à son moulin et recommande au gouvernement de revoir à la baisse ses ambitions de baisse des déficits.

Et il faut dire que ce double objectif semble très improbable. En effet, il semble totalement illusoire de prévoir une accélération de la croissance en 2013. Tout va pousser, au contraire, à un ralentissement de l’activité : la plupart de nos voisins seront en récession, la hausse du chômage pénalise la consommation, l’immobilier s’effondre depuis quelques mois (les mises en chantier baissent de plus de 20%) et l’ajustement budgétaire de 30 milliards va, lui aussi, largement peser sur la croissance.

Bref, éviter la récession serait déjà une belle réussite, même si on peut espérer du mieux dans la croissance aux Etats-Unis (du fait de l’immobilier, si les républicains et les démocrates s’entendent pour repousser le plafond de la dette) et en Chine (où les signes de reprise économique se multiplient). Le problème est que la France ne profitera pas de cette reprise du fait de l’euro cher et du niveau du coût du travail qui condamne la plupart des implantations industrielles dans l’hexagone.

Faut-il respecter les 3% de déficit ?

jeudi 27 décembre 2012

The Economist, missionnaire borné du libre-échange


Il faut le lire pour le croire. Dans son numéro spécial de Noël, l’hebdomadaire de référence des élites mondialisées fait une ode au libre-échange dénuée de toute distance critique. Une nouvelle preuve de l’approche théologique d’une partie des élites sur les questions économiques.

Délivrez-nous du mal (protectionniste)

Pour The Economist, le remède au manque de croissance des pays développés est simple : « nous offrons trois moyens d’améliorer la confiance et d’accélérer la croissance pour ce qui sera autrement une année plutôt rude (…) Les trois impliquent une libéralisation du commerce ». Les trois opportunités sont le traité trans-pacifique, l’accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis et enfin la libéralisation des services au sein de l’Union Européenne.

La bible néolibérale évoque des études qui concluent toutes à un apport positif de cette libéralisation. Le traité pacifique apporterait 1 point au PIB de la zone. L’accord de libre-échange européo-étasunien apporterait 0.4 point au PIB des premiers et 1 point aux seconds. Enfin, la libéralisation des services au sein de l’UE pourrait produire 2,5 points de PIB supplémentaires. Bref, avec The Economist, l’économie c’est simple, la libéralisation résout tous les problèmes.

Contradictions et idéologie

mercredi 26 décembre 2012

Mario Monti, ou la dégénérescence de la démocratie


Cela en dit sans doute long sur le rapport des commissaires européens à la démocratie : Mario Monti, ancien commissaire, président du conseil démissionnaire d’une équipe technique arrivée au pouvoir sans élection, est candidat à sa succession, mais sans vouloir se présenter aux élections !

Après la démocratie

Todd avait bien vu l’évolution d’une partie des élites, qui se détachent de plus en plus de la démocratie et du peuple, se lamentant sur ses humeurs et refusant de plus en plus son jugement (surtout dès qu’il remet en cause la façon dont elles veulent construire l’Europe). Déjà, Mario Monti avait accédé au pouvoir dans des conditions guère satisfaisantes d’un point de vue démocratique même s’il avait le soutien d’une majorité du Parlement, y compris de celle qui était en charge des affaires auparavant.

Au même moment, le Premier Ministre grec, après avoir commis le crime de lèse-majesté ultime dans cette Europe post-démocratique, à savoir vouloir demander à ses concitoyens d’approuver les plans européens, était remplacé par un autre technocrate. Mais, à Athènes, la démocratie a repris ses droits. Après une première élection qui a produit un Parlement trop fragmenté, la seconde élection, en juin, a produit un résultat clair, dégageant une majorité légitime et incontestable.

En Italie, il est plus que temps que le gouvernement technique de Mario Monti passe le relais à un gouvernement issu d’une élection. Mais Mario Monti semble toujours hésiter sur une participation formelle à l’élection à venir. Après tout, il est déjà un confortable sénateur à vie. Et puis, la démocratie, c’est compliqué : il faut convaincre les électeurs, en rassembler une majorité, et pire, accepter l’avis de cette majorité, même s’il est contraire à ce que l’on pense…

Gagner une élection sans y participer

mardi 25 décembre 2012

Tolérance et engagement en politique


Quand on s’engage en politique, il est bien normal et légitime de défendre ses idées. Et naturellement, quand elles sont attaquées ou critiquées, on réplique, parfois vivement. Chaque prise de position peut provoquer des conflits très durs, y compris avec des personnes proches politiquement.

Comment défendre ses idées ?

J’ai été particulièrement surpris par certaines réactions suite à ma prise de position en faveur de Julien Landfried. Bien sûr, il était le candidat d’une majorité présidentielle à laquelle nous sommes totalement opposée, mais il était aussi le candidat du MRC, un parti dont les proximités idéologiques avec DLR sont évidentes. Bien sûr, ses documents de campagne devaient largement au programme du président, mais cela était logique étant donné qu’il était investi par le PS.

Julien aurait pu, comme les trois cent candidats de Debout la République, se présenter comme un candidat MRC sans accord avec le PS. Dans ce cas, sa candidature aurait été une candidature de témoignage et il n’aurait pas passé le premier tour ni mis Patrick Devedjian en difficulté. Le chemin qu’il suit, comme beaucoup d’autres personnes qui pensent comme nous, est différent de celui que nous suivons à DLR. Mais faut-il pour autant le critiquer aussi vivement ?

Bien sûr, je suis absolument persuadé que le meilleur chemin à suivre est celui qu’éclaire Nicolas Dupont-Aignan, de manière totalement indépendante des grands partis. Ainsi, lors des prochaines échéances, nous ne seront pas teintés des échecs et des reniements des autres partis. Et je suis persuadé que la crise actuelle produira des mouvements dans l’opinion qui permettront à un grand parti gaulliste d’émerger de nouveau devant la faillite de l’UMP et du PS.

Tolérance pour les compagnons

lundi 24 décembre 2012

La désertion fiscale, produit de l’anarchie néolibérale


Le départ de Gérard Depardieu en Belgique a provoqué une immense polémique qui a dominé la fin d’année politique. Les critiques venues d’une partie de la gauche, qui a mis en place le cadre qui permet et autorise cela, sont assez mal venues. Peut-on critiquer les conséquences des causes que l’on chérit ?

Du sens des mots

Le débat sur « l’évasion fiscale » est en partie biaisé. En effet, le choix du terme « évasion » n’est pas neutre pour reprendre l’analyse d’Eric Hazan. S’évader à une connotation positive. En outre, cela suggère implicitement que les citoyens seraient prisonniers d’une prison fiscale, donnant également à la fiscalité une connotation très négative. On y trouve le décalque du terme très ambigu de « paradis fiscal » qui suggère tout de même que les autres pays seraient des enfers.

C’est pour cela que je préfère parler de « parasite fiscal », de manière à véhiculer des notions plus cohérentes à mon sens par rapport à la réalité de ces territoires, nouveaux pirates d’une mondialisation où les Etats se sont désarmés face à de tels comportements de coucou ou de passager clandestin. C’est aussi le sens du choix des mots quand on parle d’euro cher au lieu d’euro fort, de mariage pour tous au lieu de mariage gay, d’anarchie néolibérale au lieu de libéralisation.

Le choix des mots n’est pas neutre dans le débat public et certains mots sont porteurs de valeurs tellement positives qu’il est délicat de les utiliser pour dénoncer un comportement. Cela revient à se battre avec un bras dans le dos. Voilà pourquoi je préfère parler de « désertion fiscale » et non d’évasion fiscale ou même d’exil fiscal. Le premier est porteur de valeurs positives incompatibles avec le jugement que je porte sur ce comportement. Et le second est naturellement trop neutre.

Les ravages du libéral-libertarisme

dimanche 23 décembre 2012

Economie : le PS est pourri par la tête


Fin novembre, j’ai rencontré Pierre Mocovici, puis mi-décembre, j’ai débattu avec Valérie Rabaud, l’une des « têtes pensantes » du PS sur l’économie, avec Karine Berger, avec laquelle NDA a débattu récemment sur LCP. L’occasion de constater que les « économistes » du PS sont irrécupérables.

Un surmoi néolibéral

Emmanuel Todd continue à croire au « hollandisme révolutionnaire », une conversion du président de la République aux idées alternatives qui lui ferait faire l’inverse du chemin fait en 1983. C’est ce qu’un commentateur régulier du blog, Emmanuel B, continue également à espérer. Mais, si on en croit ces trois rencontres avec les personnes en charge des questions économiques au Parti Socialiste, cet espoir paraît totalement vain, par-delà le parcours deloro-jospinien du président.

Ce qui est frappant avec ces trois personnes, c’est la proximité de leur discours. Bien sûr, elles sont toutes trois dans la majorité, mais le PS n’est pas aussi bon que l’UMP pour développer des éléments de langage repris ensuite en chœur. Ici, il semble y avoir une unité de pensée qui dépasse le simple cadre du discours public. Les trois dénoncent en effet l’excès d’endettement et de déficits comme de vuglaires membres des Tea Party, ignorant tout des analyses de Krugman et Stiglitz.

En outre, ils raisonnent dans un cadre extrêmement restreint, réduisant les questions économiques à des questions finalement techniques, où il n’y aurait guère d’alternative. Le libre-échange ou la libre-circulation des de capitaux, la méfiance à l’égard de la monétisation, pourtant largement pratiquée ailleurs, le soutien indéfectible à l’indépendance des banques centrales ou aux potions amères infligées aux pays « aidés » par l’Europe ne souffrent pas le moindre questionnement. C’est aussi ce PS capable de parler de sortie de la crise en regardant les marchés financiers mais en oubliant le chômage.

La mauvaise foi au pouvoir

samedi 22 décembre 2012

Flot de liquidités et conséquences


Retenant les leçons du passé, les banques centrales ont globalement évité que l’absence de liquidités ne transforme la crise en une violente dépression économique, comme dans les années 1930 (à part dans quelques pays européens). Mais les politiques suivies ne sont pas sans poser d’autres problèmes.

L’explosion du bilan des banques centrales

540 milliards de monétisation annuelle de la dette publique de plus : voici l’annonce faite par Ben Bernanke la semaine dernière, qui s’ajoute aux 480 milliards d’achat annuel de créances immobilières. La Fed n’y va pas avec le dos de la cuillière pour soutenir l’économie étasunienne. Ce programme correspond à environ 6% du PIB de monétisation pour l’année à venir, soit le même rythme que la Grande-Bretagne (375 milliards de livres en 4 ans). Et la Banque du Japon n’est pas en reste.



Résultat, le bilan des banques centrales a explosé depuis le début de la crise. Celui de la Fed était inférieur à 1000 milliards de dollars début 2008. Il approche les 3000 milliards aujourd’hui et pourrait donc atteindre près de 4000 milliards fin 2013 selon Olivier Demeulenaere. La BCE a plus que doublé son bilan, mais en se concentrant sur la fourniture de liquidités aux banques (les 1000 milliards de fin 2011-début 2012), comme le souligne Evariste Lefeuvre, de Natixis, dans les Echos.

L’incroyable déformation des marchés

Cette action déterminée des banques centrales britannique et étasunienne a permis de pousser les taux longs à moins de 2% dans ces pays (ils étaient entre 5 et 8% à la fin des années 1990) malgré des déficits budgétaires supérieurs à 7% contre 3,4% dans la zone euro. La Fed détient aujourd’hui 27% des obligations à 10 ans des Etats-Unis, soit plus de 1300 milliards à la fin septembre (contre 200 avant la crise). Le seuil des 2000 milliards devrait être franchi fin 2013 à ce rythme.

Mais ce tsunami de liquidités n’est pas sans provoquer quelques déformations de l’économie. Comme le note The Economist, l’effondrement des taux longs a provoqué une reprise de l’endettement des entreprises aux Etats-Unis, qui devrait progresser de 40% cette année, soutenant la reprise de manière relativement progressiste comme l’explique un autre papier. Mais cette baisse des taux diminue les revenus de l’épargne et favorise les marchés action et immobilier, au risque d’une bulle.

Un problème de responsabilité

vendredi 21 décembre 2012

Newton : les Etats-Unis malades de leur amour des armes


La monstrueuse tuerie de Newton vient à nouveau de placer les Etats-Unis devant les conséquences de leur amour immodéré des armes à feu. Pire, malgré les faits, il est probable que les conséquences seront limitées, du fait d’un attachement viscéral à cette liberté.



Plus d’armes, plus de morts

Les statistiques sont formelles. Le taux d’homicides volontaires pour 100 000 habitants est de 4,2 aux Etats-Unis, le taux le plus élevé des pays riches. Le Canada suit, avec 1,6. Les pays européens varient entre 1,2 (Grande-Bretagne) et 0,8 (Espagne, Allemagne) en passant par 1,1 (France), 1 (Suède), 0,9 (Italie). L’Australie affiche un taux de 1 et le Japon 0,4. Les Etats-Unis sont au niveau de la Palestine, deux fois plus haut qu’Israël ou trois fois plus haut qu’en Afrique du Nord.

Ce sont 12 996 personnes qui ont perdues la vie de la sorte lors d’homicides volontaires, contre un peu moins de 700 en France ou en Allemagne. Même si tous ces homicides ne sont pas forcément liés aux armes à feu, il est difficile de ne pas s’interroger sur les conséquences d’une législation aussi laxiste quand les Etats-Unis affichent un taux d’homicide volontaire quatre fois supérieur à celui des grands pays d’Europe occidentale. Cette tuerie le rappelle cruellement.



Pire, ce n’est pas faute de mettre les personnes dangereuses en prison puisqu’il ne faut pas oublier que les Etats-Unis sont le pays qui a le taux d’emprisonnement le plus élevé au monde (au niveau de la Corée du Nord…) avec 730 personnes pour 100 000 habitants, plus que la Russie (609) ou l’Iran (276). En Grande-Bretagne, ce chiffre atteint 153, en Espagne 152, en Italie 112, en France 100, en Allemagne 88, et en Suède 78. Bref, les Etats-Unis sont une société très violente.

Des politiques sur la réserve

jeudi 20 décembre 2012

La dérisoire réforme bancaire de François Hollande



Beaucoup de bruit pour rien

Bien sûr, Pierre Moscovici a beau jeu de dire que son projet serait critiqué par les banques comme la gauche de la gauche, pour indiquer qu’il serait équilibré. Mais dans la réalité, autant on trouve de très nombreuses critiques du manque de radicalité de son projet, y compris de la part de personnes modérées comme Olivier Berruyer, autant le projet gouvernemental ne semble guère déranger un lobby bancaire qui ne s’émeut guère des mesurettes concoctées par Bercy.

Reprenant une proposition britannique, le projet gouvernemental propose donc de séparer les activités de dépôt et d’affaires des banques dans des filiales différentes. Mais cette mesure est totalement illusoire. Tout d’abord, elle est déjà en partie en place, certaines banques ayant déjà créé des entités différentes pour faciliter leur gestion. En outre, cela ne change rien pour le risque global : l’une peut couler l’autre. Il faut revenir au Glass Steagall Act et à la stricte séparation des banques des années 1990. Nous n’étions pas en Albanie à cette époque, comme le soutient Olivier Berruyer.

Bien sûr, Moscovici explique qu’il va interdire certaines pratiques spéculatives mais cela est illusoire car il va seulement l’interdire sur le sol français et la libre-circulation des capitaux leur permettra de le faire ailleurs, sans doute un parasite fiscal… L’auteur du très recommandable blog Les crises souligne que le projet français est encore plus laxiste que les projets britannique et étasunien, un nouveau signe de capitulation de François Hollande devant la mondialisation néolibérale.

Roosevelt, ce n’est pas maintenant !

mercredi 19 décembre 2012

Austérité : anglo-saxons pragmatiques, européens bornés


Bien sûr, il ne s’agit pas de dire ici que les politiques économiques des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne sont des modèles. Londres applique une politique austéritaire d’autant plus injuste que les impôts baissent pour les entreprises. Mais certains aspects ne sont pas inintéressants.

Le refus du 100% austéritaire

En fait, le capitalisme anglo-saxon a retenu les leçons de Keynes. Au contraire, la zone euro n’affichera qu’un déficit public de 3,4% de son PIB cette année, mais cela au prix de politiques d’austérité sauvages qui ont provoqué une nouvelle récession, après celle de 2009 puisque le PIB de la zone devrait baisser en 2012 et en 2013. Même si Londres manie une austérité redoutable depuis l’élection des conservateurs, on reste un ton en-dessous des potions amères continentales.

Ainsi, le déficit s’établira cette année à 7,9%. Et, comme le rapporte The Economist, Georges Osbourne, le chancelier de l’échiquier, vient de procéder à une révision importante de ses plans à cinq ans. Il a largement baissé ses prévisions de croissance par rapport à celles faites en mars. Résultat, le rééquilibrage des finances publiques britanniques sera plus lent que prévu, le gouvernement empruntera davantage dans les cinq prochaines années et ne tiendra pas ses objectifs.

Alors que Pierre Moscovici s’échine à vouloir respecter les 3% de PIB dès 2013, la Grande-Bretagne patientera jusqu’au budget 2016-2017 pour atteindre cet objectif, afin de ne pas casser la croissance. Le jugement de l’hebdomadaire libéral est clair : «  une politique fiscale responsable autorise des revenus fiscaux plus faibles ou des dépenses supplémentaires pour les chômeurs en cas de pause dans le cycle des affaires ». Aux Etats-Unis, le déficit atteint encore 7% du PIB...

Les banques centrales à la rescousse

mardi 18 décembre 2012

Quand le PS vire antisocial


0.3% de hausse pour le SMIC en janvier ! Le gouvernement justifie cette hausse a minima du fait du coup de pouce déjà très limité de 0.6% après les législatives. Encore un nouvel exemple des aspects bien peu progressistes des politiques suivies par le PS, après les plans d’austérité ou la réforme bancaire.

La Quatrième dimension

Quand on discute avec les représentants du Parti Socialiste en charge des questions économiques (Pierre Moscovici à Bercy ou Valérie Rabaud à l’Assemblée en débat sur France 24), il est difficile de ne pas être pris d’un vertige. En effet, ils arrivent à soutenir sérieusement que la zone euro est en voie de sortie de crise grâce au plan de croissance de juin dernier (« un pistolet à eau » selon Paul Krugman) et aux différents plans européens (3ème plan grec, supervision bancaire).

Par delà le côté totalement aventureux de dire que la zone euro est sortie de la crise, ce qui a déjà été annoncé lors des vingts sommets des trois dernières années, on est frappé par le décalage des dirigeants socialistes d’avec la réalité du pays. En effet, leur constat s’appuie sur le calme retrouvé des marchés et la progression de la bourse depuis quelques mois. Cependant, parallèlement, l’économie réelle s’enfonce dans la crise et le nombre de chômeurs bat record sur record en Europe.

Tout ceci démontre la dégénérescence de ces « socialistes » qui regardent davantage les courbes du CAC 40 que celles de Pôle Emploi. Tout ceci explique sans doute pourquoi le 1er gouvernement socialiste depuis 10 ans, après avoir donné une misérable obole de 0,6% au SMIC en juillet (trois fois moins que Chirac en 1995, il faut le rappeler), se refuse à accorder le moindre coup de pouce supplémentaire malgré des études démontrant que l’inflation est plus forte pour les classes populaires.

Europe, désendettement et compétitivité

lundi 17 décembre 2012

Marine Le Pen – Manuel Valls : zéro partout


Il y a dix jours, Manuel Valls et Marine Le Pen se sont affrontés sur le plateau de Des Paroles et des Actes. Un débat extrêmement révélateur des carences du Parti Socialiste et de son gouvernement, comme celles de Marine Le Pen, qui ne sera jamais une alternative crédible.

Manuel Valls : martial, mais partiel

Le ministre de l’intérieur se positionne sur l’aile droite du PS, au point de se donner les mêmes objectifs que ceux de Nicolas Sarkozy, en nombre d’expulsions ou d’immigrés accueillis par an. Il s’est aussi montré ouvert à une baisse du nombre de migrants du fait de la crise. Dans la forme, il tient un discours volontiers martial. Malgré tout, il cède parfois aux antiennes socialistes, que ce soit sur le droit d’asile ou sur le fait que les immigrés occupent des postes refusés par les nationaux.

Mais Marine Le Pen l’a mis en difficulté, le poussant à des exercices de langue de bois où il a pu manquer de réparti. En effet, quand elle évoquait les 200 000 entrées par an, il aurait du rappeler que ce chiffre correspond aux entrées brutes et ne prend pas en compte les départs, le solde net étant à peu près deux fois inférieur. Ensuite, il aurait du davantage insisté sur le fait qu’un tiers des entrées sont le fait d’étudiant. Enfin, il aurait du rappeler clairement que dans les années 2000, la France a accueilli deux tiers de moins d’immigrés que Berlin, Rome, Madrid ou Londres.

Ensuite, sur l’économie, le discours de Manuel Valls, comme celui du gouvernement, ne tient pas la route. Il a évoqué qu’il n’y avait pas d’autres solutions pour la Grèce, alors que Patrick Artus a démontré le contraire et que les trois années qui sont passées démontrent au contraire que c’est la politique suivie qui est une impasse puisque tout ce qui était annoncé en cas de sortie de l’euro s’est passé pour essayer de maintenir le pays dans la monnaie unique et protéger les créanciers.

Le Pen, l’obssession de l’immigration

dimanche 16 décembre 2012

Debout la République a besoin de votre aide


2012 aura été une grande année pour DLR. Nous avons été présents aux élections présidentielles. Nous avons présenté trois cent candidats aux législatives, dont une centaine a dépassé le cap des 1% qualificatif pour le financement public. Mais nous avons besoin de votre aide pour continuer à avancer.

L’alternative dont la France a besoin

Aujourd’hui, les Français comprennent que le Parti Socialiste ne représente pas l’alternative dont le pays a besoin. Camisole budgétaire, construction européenne, austérité, délocalisations, règne de la finance : rien n’a changé depuis le départ de Nicolas Sarkozy sur ces sujets fondamentaux. Bien sûr, on ne peut pas nier qu’il existe des sujets sur lesquels les différences entre les deux partis qui se partagent le pouvoir depuis des décennies sont réelles, mais ce n’est pas le cas sur l’essentiel.

La crise que traverse notre pays a deux origines : l’anarchie néolibérale et la construction européenne. L’anarchie néolibérale a produit la crise de 2008, en provoquant l’appauvrissement des travailleurs des pays dits développés par le libre-échange tout en laissant faire la spéculation absolument délirante de la finance. La construction européenne est venue ajouter à la fois une soumission naïve à la libéralisation et des politiques uniques ne convenant pas à un continent trop divers.

Pour changer le cours des choses dans notre pays, il n’y a pas 36 solutions. D’une part l’extrême-droite qui divise, stigmatise et n’accèdera jamais au pouvoir. De l’autre, l’extrême-gauche et la gauche radicale. Parce que je crois à l’économie de marché, quand elle est disciplinée par l’Etat pour aller dans le sens de l’intérêt général, je n’en veux pas. Je crois que beaucoup de Français attendent l’alternative républicaine et gaulliste que portent Debout la République et Nicolas Dupont-Aignan.

Un besoin de soutien financier

samedi 15 décembre 2012

L’accord scandaleux sur la supervision bancaire de la zone euro


Les dirigeants européens n’ont pas reculé devant le ridicule pour parler d’un « accord historique », comme le dit Michel Barnier. Pourtant, les évènements des trois dernières années devraient les inciter à plus de prudence. Pire, le contenu de l’accord est absolument révoltant, comme je l’ai expliqué sur France 24.

Les conséquences plutôt que les causes

La première conclusion de cet accord, c’est que, comme d’habitude, l’Allemagne a obtenu ce qu’elle voulait. La France et les instances européennes voulaient que la supervision s’étende aux 6000 banques et soit mise en place dès l’an prochain. L’Allemagne voulait exclure ses banques régionales et attendre 2014. Résultat, l’accord ne concerne que les banques dont le bilan est supérieur à 30 milliards d’euros (et exclut donc les banques régionales) et s’appliquera à partir de mars 2014…

Mais il y a beaucoup plus grave. Bien sûr, les pays européens ont mis en place un cadre juridique européen d’intervention en cas de crise bancaire. Mais personne ne semble s’étonner que l’UE se préoccupe de traiter les conséquences de l’anarchie financière sans s’attaquer aux causes. En effet, même si, dans l’absolu, il est positif de prévoir des mécanismes de sauvetage du système financier (encore qu’ici, il pose de graves problèmes, je vais y revenir), il vaut mieux essayer d’éviter les crises.

Et c’est bien tout le problème depuis quatre ans : l’UE n’a pas fait grand chose pour améliorer la supervision des banques et de la finance. Même les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Suisse ont fait plus en allant plus loin que les normes Bâle 3. L’UE ignore tout mécanisme de régulation de la création monétaire par les banques, ne propose pas de nouvelles normes prudentielles, ni même de véritables limites aux activités spéculatives qui nous ont menés à la crise.

Une double irresponsabilité révoltante


vendredi 14 décembre 2012

Pourquoi je soutiens Julien Landfried


Dimanche 16, les électeurs des Hauts de Seine pourront départager Julien Landfried et Patrick Devedjian pour le second tour de l’élection législative partielle. La faible participation fait que les résultats du premier tour peuvent parfaitement être renversés en cas d’une mobilisation des républicains.

Au-delà des clivages traditionnels

Bien sûr, on peut se demander pourquoi un gaulliste comme moi prend position dans un duel entre un membre de la majorité présidentielle et un candidat de l’UMP, vu que je n’avais pas pris position pour le second tour de l’élection présidentielle. On pourrait même imaginer que les gaullistes penchent a priori plutôt pour le second. Cependant, il est candidat pour le MRC, et les convictions que nous partageons me poussent à transcender certains clivages. C’est ce que je crois juste.

Il se trouve que je connais bien Julien pour avoir participé au même journal étudiant il y a près de 15 ans. Nous nous étions aussi croisés au Pôle Républicain de Jean-Pierre Chevènement en 2002. C’est même lui qui m’avait encouragé à ouvrir un blog et à reprendre une activité politique il y a six ans, même s’il savait que ce ne serait pas dans le même camp que lui. Je peux témoigner que c’est un homme de conviction, qui est là pour défendre un idéal, une qualité trop rare en politique.

J’appartiens à une génération, qui, si elle ne nie pas la réalité d’une permanence du clivage gauche-droite sur certains sujets, constate que sur bien d’autres questions, il n’a plus de sens. Sur l’Europe, le débat sur le traité de Maastricht puis celui sur le TCE ont démontré que l’organisation traditionnelle du spectre poltique ne s’applique plus. Sur les questions de la régulation économique, des personnalités dites de droite sont aujourd’hui plus interventionnistes que ce qu’on appelle la gauche.

Un progressiste républicain

jeudi 13 décembre 2012

L’Espagne, l’autre bombe de la zone euro


Si l’incendie grec est aujourd’hui temporairement contenu, fût-ce au prix de la torture de la population locale, d’autres fronts sont ouverts au sein de la zone euro. Outre la tension en Italie avec la démission de Mario Monti, la situation des banques espagnoles devient de plus en plus préoccupante.

La crise financière s’aggrave

Les chiffres avancés par The Economist sont extrêmement spectaculaires. En effet, le pourcentage de prêts en retard de paiement ne cesse de progresser dans la péninsule ibérique. Alors que ce taux était inférieur à 1% avant la crise, il est monté à 4% en 2009 pour les prêts aux ménages, avant de baisser à 3% fin 2011. Mais cette année, il est remonté à près de 4%. En outre la situation est encore plus préoccupante pour les prêts aux entreprises, où la situation se dégrade rapidement.



Le pourcentage de prêts en retard de paiement est d’abord monté de moins de 1% à 7% mi-2010 mais depuis 2011, la situation empire rapidement trimestre après trimestre, au point qu’aujourd’hui pas moins de 15% des prêts aux entreprises sont dans cette situation. Cette dégradation rapide est extrêmement problématique car elle signifie que l’on ne sait pas aujourd’hui quels sont les besoins réels des banques et que la situation n’est en aucun cas stabilisée.

Pire, l’Espagne est rentrée dans un cercle vicieux où la récession nourrit la récession, en affaiblissant la situation de nombreuses entreprises. Le tout est renforcé par une politique d’austérité complètement contre-productive où les coupes massives de dépenses dépriment plus encore la demande, et donc la production, faisant reculer PIB et recettes fiscales. Ce faisant, l’Espagne ne parvient pas à réduire son déficit budgétaire plus rapidement que les Etats-Unis, qui n’ont pas d’austérité eux.

Une crise des subprimes au ralenti

mercredi 12 décembre 2012

Europe, populisme et démocratie


Voici l’entretien que j’ai donné à Atlantico sur la montée des partis populistes en Europe. Il fait partie d’une série d’entretiens croisés « De Mélenchon à Berlusconi et de Marine Le Pen à Beppe Grillo : les populismes européens seront-ils les fossoyeurs ou les sauveurs de la démocratie » avec Guillaume Bernard, professeur à Sciences Po, et Bruno Bertez, ancien propriétaire de l’Agefi France. 

Atlantico : Le chef du gouvernement italien Mario Monti a annoncé qu'il démissionnerait de son poste après Noël, tandis que l'ancien président du conseil Silvio Berlusconi a annoncé qu'il serait candidat aux prochaines élections législatives en 2013. Les marchés financiers ont réagi négativement à cette annonce et la situation politique du pays paraît très instable. A tel point que le blogueur Beppe Grillo, considéré comme le "coluche italien", est crédité d'environ 20% d'intention de vote dans certains sondages. Confrontées à une crise qui bouleverse leurs repères économiques et politiques, les démocraties européennes sont-elles en train de perdre pied et de faire ainsi le jeu des populismes ?

Il est parfaitement normal que les électeurs remettent en question les partis qui les ont menés dans une impasse économique. Cela est démocratiquement très sain, même si cela peut occasionner l’émergence de personnalités jugées farfelues ou radicales. Les grands partis qui ne parviennent pas à sortir le continent européen de la crise dans laquelle il s’enfonce n’ont pas un droit éternel à gouverner. Bien au contraire, je crois que l’émergence de ces nouveaux mouvements, dans les pays les plus durement frappés par la crise (Islande, Grèce, Italie), est un signe de vitalité de nos démocraties.

Le terme de « populisme » est un faux ami dans le débat public, comme l’a bien montré Vincent Coussedière dans son livre « L’éloge du populisme ». S’il ne désigne que la démagogie et les démagogues, alors il est impropre. En effet, dans ce cas là, mieux vaut désigner du terme originel – démagogues – les personnalités que l’on désigne du terme populistes. En outre, on peut contester l’application seule de ce terme aux nouveaux mouvements contestataires. Les partis au pouvoir en Europe devraient balayer devant leur porte. C’est le cas de tous les dirigeants européens quand ils ont conçu le second plan grec début 2012, sur des hypothèses totalement irréalistes, imposant un nouveau plan moins d’un an après. Que penser également de Nicolas Sarkozy, qui se pose en grand moralisateur du capitalisme puis ne fait pas grand chose ou au gouvernement actuel qui promet d’agir pour l’usine PSA d’Aulnay avant de laisser tomber tout en laissant son administration acheter des Ford et des Volkswagen ?

Mais il y a une autre interprétation du terme « populisme » qui pose un grave problème démocratique. Une partie des élites utilise ce terme en sous-entendant que la nature profonde du peuple est de répondre à un discours démagogique. Ce faisant, il est difficile de ne pas y voir une remise en cause du principe même de démocratie, qui s’illustre alors dans la volonté de rendre indépendant de l’influence démocratique une part grandissante des pouvoirs politiques (indépendance des banques centrales, Commission Européenne). Assez logiquement, les partis qualifiés de « populistes » sont généralement hostiles à ces transferts de souveraineté. Mais dans ce cas, il s’agit d’une réaction logique de peuples qui ne veulent pas être dépossédés de leur capacité à se gouverner par des technocrates irresponsables.

A : L’UE, qui est parfois jugée trop technocratique, a-t-elle une responsabilité dans cette situation ?

mardi 11 décembre 2012

L’UE, prix Nobel du ridicule


Hier, le prix Nobel de la paix a été remis à l’UE. Mais par-delà les ridicules contorsions protocolaires entre les différents présidents de l’UE, le comité Nobel s’est lourdement discrédité au moment où l’intégration européenne ne cesse de renforcer les tensions entre peuples européens.

La nouvelle erreur du comité Nobel

Mais que se passe-t-il au sein du comité Nobel ? Ont-ils perdu la tête ? On pouvait déjà le croire quand il avait accordé à Barack Obama le prix Nobel de la paix, peu après son élection, et alors qu’il n’avait pas fait grand chose. Et avec le recul, même s’il est vrai qu’il a mis en œuvre le départ d’Irak et qu’il a entamé celui d’Afghanistan, cette distinction est pour le moins paradoxal pour un homme qui n’a pas fermé Guantanamo ni particulièrement œuvré pour la paix dans le monde.

Mais après ce premier couac très critiqué, le comité Nobel a décerné à l’Union Européenne le prix Nobel de la paix cet automne, déclenchant à nouveau une polémique. Même si je trouve totalement abusif un tel prix, le comité Nobel s’est en plus trompé d’époque. Autant avant la crise de la zone euro, un tel prix était davantage défendable, autant aujourd’hui cela est définitivement ridicule, quand les Grecs accueillent Angela Merkel avec des pancartes « Quatrième Reich »…



Aujourd’hui, les peuples européens se déchirent, embourbés qu’ils sont dans une construction européenne qui emmène leur économie vers le fond, qui sape leurs démocraties et sert les grands lobbys. La Grande Bretagne se rapproche chaque jour de la sortie, comme le rapporte le dernier dossier de The Economist. Les pays créditeurs suggèrent aux pays créanciers une vente de leur patrimoine. Et ces derniers dénoncent la mainmise de l’Allemagne, comme Il Giornale en Italie.



Quand l’Union Européenne est nue