samedi 18 février 2012

Le double discours de Sarkozy et Hollande


Cette campagne électorale ne semble pas devoir se placer sous le signe de la vérité. Les deux candidats manient avec une dextérité assez incroyable le double langage, comme l’illustre l’interview de François Hollande au Gardian ou encore le début de campagne du président.

Hollande, entre adversaire et ami de la finance

Selon le Guardian, François Hollande a déclaré en parlant des années 1980 et de l’arrivée des socialistes au pouvoir : « C’était la guerre froide et Mitterrand a nommé des communistes au gouvernement. Aujourd’hui il n’y a pas de communiste en France… La gauche a gouverné pendant 15 ans, pendant lesquels elle a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a pas de crainte à avoir », déclenchant une belle polémique.

Naturellement, Jean-Luc Mélenchon s’en est ému en évoquant une « attitude hautaine insupportable ». Le parti socialiste a répliqué en affirmant que le terme « communiste » n’a pas la même signification en anglais (ce qui n’est pas totalement faux) pour essayer d’éteindre l’incendie avec le Front de Gauche, mais il y a fort à parier que l’atmosphère demeure fraiche entre les deux grands courants de la gauche en France jusqu’à la fin de la campagne, peut-être à dessein pour le PS.

Tout ceci démontre clairement que François Hollande est le énième avatar de cette social-démocratie qui laisse faire les marchés au point de ne presque pas se distinguer de la droite sur l’économie. Cela relativise son discours offensif contre le monde de la finance. Les banques et la City peuvent dormir tranquille avec Hollande : il n’y aura pas de remise en cause majeure de leur mode de fonctionnement (et notamment la sacro-sainte liberté de circulation des capitaux).

Les postures du candidat Sarkozy

Mais en matière de double discours, Nicolas Sarkozy et ses soutiens ne sont pas les derniers. Il est tout de même proprement incroyable que le président qui n’a pas fait un référendum et qui a violé le dernier vote populaire en ratifiant un traité totalement équivalent ose faire campagne sur le fait qu’il ferait des référendums pour gouverner ! Soit dit en passant, le PS ne manque pas de culot de le lui reprocher, sachant qu’ils ont permis au traité de Lisbonne d’être ratifié !

Et que dire de cette attaque totalement ridicule contre des élites qui empêcheraient de réformer le pays ! De deux choses l’une, soit ils ont réussi à réformer le pays, et dans ce cas, il s’agit d’une pure rhétorique, soit ils n’ont pas réussi à le reformer, et cela marque leur échec. Enfin, sur RTL vendredi matin, François Fillon a lui-même minoré la réforme en affirmant que bien sûr, s’il perdait un référendum sur la formation des chômeurs, Nicolas Sarkozy n’aurait pas à démissionner.

Le premier ministre a enfilé les contradictions comme les perles en affirmant bizarrement que le PS était assez libéral au pouvoir, contrairement à la ligne habituelle de l’UMP, qui parlait d’un retour à l’avant 1981. Le premier ministre a aussi osé dire que la Grèce ne faisait pas beaucoup plus d’efforts que les Italiens et les Espagnols : ceux qui verront leur salaire minimum baisser de 22% apprécieront ! Enfin, il a critiqué Christian Vanneste qui divise… comme Claude Guéant.

Décidemment, l’UMP et le PS ont beau être de grands partis, ils sont surtout des vieux partis fatigués, centrés sur leur nombril, leur communication et prêts à dire tout et n’importe quoi pour se faire élire. Les Français feraient bien de s’en séparer et de passer à autre chose.

9 commentaires:

  1. C'est surtout la dernière partie de la citation de Hollande qui mérite d'être mise en exergue, tant elle est d'une cruelle vérité : "La gauche a gouverné pendant 15 ans, pendant lesquels elle a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a pas de crainte à avoir". L'alternance Hollande-Sarkozy, c'est le passage du bling-bling aux bureaucrates, mais pour une seule et même politique, un peu comme l'éclipse de Belusconi en Italie.
    En matière de fiscalité et sous couvert d'une nécessaire réforme, Hollande s'apprête à pressurer les classes moyennes, ses plans de réforme de l'école prolongent et aggravent les réformes de Chatel, et ses déclarations d'intention contre la finance sont la copie conforme ce celle de Sarkozy. Je ne parle pas de ses réformes "sociétales" et de son silence assourdissant sur le marché du travail.

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  2. Ce serait hilarant si ces tristes individus n'avaient pas la gestion du pays en main ; j'en vient a penser que la seule solution pour ceux ci est le suppositoire a la nitroglycérine et un bon coup de pompe dans le cul

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  3. mon robot me dit qu'il en a marre d’écrire deux mots pour prouver qu'il n'est pas un robot

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    1. C'est vrai que c'est un peu pénible pour moi qui voit de moins en moins clair, je suis obligé d'en faire défiler 10 avant d'en trouver un lisible... Laurent, n'as tu pas moyen de simplifier ? (je t'avais bien dit qu'il fallait prendre un "wordpress" ... ;))

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  4. Sur la Grèce :

    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=62462

    http://www.strategicsinternational.com/31_09.pdf

    C'est vrai que l'anti robot devient pénible.

    Olaf

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  5. L'attaque de Hollande contre la finance est ridicule de naïveté. Il aurait mieux valu proposer concrêtement de séparer en 2 sociétés distinctes la banque de détail et la banque de financement & d'investissement (BFI) de chaque grand établissement bancaire français.

    Mais au fait une telle loi contraignante peut elle être prise par le gouvernement français sans l'accord des instances européennes dont la BCE ?

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  6. @ Joël Halpern

    Très juste : il n'y a rien à attendre du PS.

    @ A-J et Patrice

    Désolé mais wordpress était beaucoup plus compliqué que blogger...

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  7. @Alf:"Tout ceci démontre clairement que François Hollande est le énième avatar de cette social-démocratie qui laisse faire les marchés au point de ne presque pas se distinguer de la droite sur l’économie. Cela relativise son discours offensif contre le monde de la finance. Les banques et la City peuvent dormir tranquille avec Hollande : il n’y aura pas de remise en cause majeure de leur mode de fonctionnement (et notamment la sacro-sainte liberté de circulation des capitaux)."

    Je suis mort de rire !

    Depuis que je dépose des commentaires sur ce blog, je t'explique qu'aucun gouvernement DÉFICITAIRE ne changera quoi que ce soit de sérieux au système bancaire.

    Un préalable est don clef déficit ZERO à minima.

    Mais tu as le droit de toujours faire semblent d'y croire et de me seriner le contraire.

    La seule solution est la quasi interdiction de tout emprunt d’État, DÉPENSES = RECETTES.

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    1. Donc, d'après vous Alf, seuls les ménages et les entreprises ont le "droit" d'emprunter ?

      La dette publique française brute est inférieure à 25% de la dette brute totale des entreprises et des ménages

      Citation "La dette brute des administrations publiques est loin derrière celle des sociétés non financières (entreprises). C’est donc par pure idéologie que le Traité de Maastricht veut limiter la seule dette brute des administrations publiques sans s’intéresser à celle des autres agents. Mais c’est une idéologie très libérale car dans les faits la limitation de la dette brute des administrations les oblige à réduire les services publics au profit des services marchands fournis par les entreprises (ceux dont la dette brute n’est aucunement contrôlée)."

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