samedi 31 mai 2014

BNP Paribas, PSA : l'insupportable impérialisme économique étasunien


C'est une information absolument stupéfiante qui a été révélée hier : les Etats-Unis pourraient imposer une amende de plus de 10 milliards de dollars à BNP Paribas pour avoir effectué des transactions en dollars pour des clients en Iran, au Soudan et à Cuba. Une telle sanction serait un véritable scandale, une nouvelle illustration de l'impérialisme coutumier de Washington.



Une sanction injustifiée

Bien sûr, les Etats-Unis ont décidé de sanctionner les entreprises qui font des affaires avec l'Iran et Cuba mais les lois étasuniennes ne sont pas les lois de la planète. Et donc, on ne voit pas pourquoi elles devraient s'imposer à des entreprises qui ne sont pas du ressort de leur juridiction. Car BNP Paribas ne dépend pas des Etats-Unis. Son siège social est en France. Et même si on regarde plus largement, son actionnariat, dont on trouve le détail dans son rapport annuel, est principalement européen. Enfin, même d'un point de vue de son activité, les Etats-Unis pèsent moins de 10% dans le total : seulement 8,2% des collaborateurs du groupe sont aux Etats-Unis (contre 30,8% en France et 76,7% en Europe) et seulement 2,2 milliards d'euros du Produit Net Bancaire de la banque de détail est réalisé aux Etats-Unis, sur un total de 24,9 milliards...

Bref, quel que soit le bout par lequel on le regarde, la perspective d'une amende de 10 milliards de dollars (plus que les bénéfices annuels de la banque) semble totalement injustifiée. S'il est normal que la filiale étasunienne de BNP Paribas respecte la loi de son pays (et soit sanctionnée si elle ne la respecte pas), il serait totalement anormal que la banque soit pénalisée par des activités qui ne sont pas du ressort de la législation de l'Oncle Sam. Malheureusement, ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis prétendent faire leur loi sans pour autant réellement le mériter. C'est ainsi que parce que General Motors avait pris à peine 7% du capital de PSA elle avait imposé à notre constructeur de ne plus vendre de voitures en Iran, pourtant un de ses premiers marchés, où elle avait écoulé plus de 450 000 véhicules sur la seule année de 2011.

Un impérialisme insupportable

vendredi 30 mai 2014

Alstom : vers une solution nationale ?





Alstom échappe au dépeçage ?


Dès le début de l’affaire, j’avais plaidé, comme beaucoup d’autres, au premier rang desquels Jean-Pierre Chevènement dans le Figarovox, pour que l’Etat intervienne et ne laisse pas Alstom se faire dépecer par GE ou Siemens, tout en notant que l’offre allemande ressemblait à un marché de dupes. Après quatre semaines sans évoquer cette possibilité, et alors que GE et Siemens multiplient les promesses, il semblerait que le gouvernement se soit enfin résolu à étudier un plan C, comme l’a présenté Arnaud Montebourg, ajoutant que ce plan C pouvait comprendre une intervention de l’Etat ou pas. Finalement, François Hollande pourrait bien ne pas se résoudre à faire moins que Nicolas Sarkozy.

La prudence s’impose

jeudi 29 mai 2014

Geoffroy Didier et l’euro : allégé en réflexion, riche en communication


Trois jours avant le scrutin, le responsable de la droite forte tentait de convaincre les lecteurs du Figaro tentés par le vote FN que sur l’euro, Marine Le Pen se trompe. L’occasion de produire une tribune au degré zéro de la pensée politique, ne comptant que des slogans réfutables instantanément.



Eléments de langage euro béats

Dans ce pensum, Geoffroy Didier ne nous épargne aucun cliché de l’argumentaire euro-béat. Il commence en assenant « la grandeur de la France ne se construit pas avec des barbelés ». Cette première caricature est en contradiction complète avec ce que souhaite faire son parti pour la question de l’immigration. Puis, nous avons droit au cliché : « la jeune génération à laquelle j’appartiens vit la paix comme un acquis ». Bien évidemment, il ne donne aucune preuve du fait que construire l’Europe sur le modèle de l’UE aurait produit cette paix, et non d’autres facteurs. Ensuite, il a le culot de dire que « l’idée que l’Europe aurait asphixié la Grèce est une tromperie (…) sans la solidarité de l’Europe et l’euro comme amortisseur de choc, que resterait-il de la Grèce ».  Il lui faut s’acheter des lunettes et se renseigner un peu ou aller en vacances à Athènes pour saisir l’horreur qui y a été faite au nom de cette Europe. Il est tristement évident aujourd’hui que la Grèce se porterait mieux si elle avait suivi la voie de l’Argentine.

Geoffroy Didier ose même écrire que la crise « est venue des Etats-Unis et a vu ses méfaits limités par l’euro » ! Si ce discours pouvait vaguement tenir il y a 5 ans, aujourd’hui, il est totalement ridicule alors que tous les pays développés du monde ont plus de croissance que la zone euro depuis plusieurs années, démontrant par l’absurde que l’euro est un boulet pour nos économies et non un bouclier. Ensuite, nous avons droit à l’habituel couplet sur l’Allemagne, qui parvient à avoir un excédent commercial de 200 milliards et un taux de chômage plus bas. Un « argument » balayé par le fait que la stratégie allemande n’est pas réplicable à l’échelle de la zone euro, que le pays s’appuie sur une spécialisation industrielle ancienne, que sa démographie explique en partie le niveau de chômage (ainsi que l’absence de SMIC, jusqu’à présent) ou que la pauvreté s’est envolée depuis 10 ans, au-dessus de la France

L’économie par un nul

mercredi 28 mai 2014

Comment les médias ont fait le jeu du FN


Dimanche, le parti de la famille Le Pen a fait un très bon score, devançant largement le PS et l’UMP. Outre des circonstances politiques totalement exceptionnelles (crise longue et forte, majorité et opposition profondément discréditées), le succès du Front National s’explique aussi largement par la façon dont les médias ont rendu compte de la campagne.



Hold up sur l’opposition à l’UE

Ce qui est impressionnant depuis l’élection présidentielle, c’est la façon dont Marine Le Pen et ses troupes ont réalisé un véritable hold up sur l’opposition à l’Union Européenne construite par  le PS et l’UMP. Parti à l’automne 2011 avec des sondages qui le donnaient à peine à 20% du score de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon avait réussi à fortement remonter pour atteindre 11,1% des voix contre 17,9%, comblant plus de la moitié de l’écart de l’automne. Mais dimanche, le Front de Gauche, dont le score était proche de celui du FN en 2009, n’a réalisé qu’une petite fraction du score de son score. Et les autres alter-européens ont eu du mal à émerger dans une campagne électorale courte à laquelle beaucoup de médias n’ont pas donné toute la place qu’elle mérite, même si Debout la République s’en sort bien en multipliant par plus de deux son score de l’élection présidentielle grâce à un formidable travail de terrain.

Marine Le Pen a bénéficié d’un double phénomène médiatique. Le premier, c’était la dramatisation des sondages et de la position du FN par de nombreux journalistes : cela réduisait l’enjeu de l’élection au seul score du FN. Et comme beaucoup de français sont mécontents de l’UE, du PS et de l’UMP, cela revenait à les pousser à voter pour ce parti, qui devenait le principal symbole de l’opposition aux politiques menées ces dernières décennies. Deuxième phénomène : combien de fois des journalistes, en débattant de la sortie de l’euro avec des intellectuels ou des hommes politiques d’autres formations, rappellent qu’il s’agit de la position du FN, pour la discréditer ? Ceci est abusif puisque des dizaines d’économistes, dont 9 « prix Nobel d’économie » critiquent la monnaie unique européenne. Et ce n’est pas le FN qui a théorisé cette question, que Marine Le Pen maîtrise mal et qui a été développée par d’autres bien avant elle et sa famille politique. Si cela semble pouvoir, pour l’instant, contenir la proportion de la population hostile à la monnaie unique, en revanche, cela peut pousser ceux qui le sont à soutenir le FN.

Une impasse médiatique à dépasser

mardi 27 mai 2014

Pourquoi le FN a remporté les élections européennes


Dimanche, un quart des électeurs ont voté pour le parti de la famille Le Pen, provoquant un séisme politique ressenti dans le monde entier. S’il ne faut en aucun cas stigmatiser ce vote, sans ignorer néanmoins les limites de ce parti, il faut bien davantage chercher à en comprendre les ressorts, en écoutant ses électeurs, qui ne méritent pas moins de respect que les autres.


Un vote, malheureusement, logique

Cela fait 30 ans que PS et UMP mènent notre pays dans une impasse, dont les panneaux signalétiques sont souvent ornés de la raison européenne. En 1983, Mitterrand, Delors et Mauroy avaient choisi l’orthodoxie budgétaire pour ne pas trop céder sur la parité du franc et avaient théorisé la désinflation compétitive. Quelle meilleure illustration du fait que les choix politiques actuels ne sont que les descendants directs de ceux des décennies précédentes ! Au début des années 1990, gauche et droite ont fait le choix détestable de taux élevés, comme l’Allemagne, qui affrontait un léger regain d’inflation du fait de la réunification, envoyant au moins un million de personnes au chômage pour défendre le franc cher ! En 2008, ces deux partis ont ignoré et trahi le « non » de 2005 en ratifiant le traité de Lisbonne. Et depuis 2011, ils mènent des politiques d’austérité suicidaires qui ont provoqué une nouvelle envolée du chômage. Face aux résultats désastreux des politiques menées par le PS et l’UMP, à la proximité de leurs choix, et à leur absence complète de remise en question, il est bien logique que les Français cherchent à exprimer leur colère.

Et assez logiquement, cette colère est plus forte pour les classes sociales les plus touchées par ces politiques délirantes : les jeunes et les ouvriers notamment. Plus les personnes sont protégées, moins elles sont susceptibles de voter FN. Car ce vote est de plus en plus, et logiquement, un vote social. Comme le démontrent remarquablement Emmanuel Todd et Hervé Le Bras dans leur livre, il est directement corrélé au degré de souffrance à l’égard de la mondialisation. Les classes populaires, en votant FN, expriment un rejet des politiques menées par le PS et l’UMP, sous couvert de l’Union Européenne. Ce faisant, il y a bien une part d’adhésion à son discours, notamment sur les questions de la mondialisation et de l’Europe. Le grand succès du FN (et l’échec du FG lors de ces élections européennes), c’est d’avoir réussi à incarner cette opposition clairement et fortement, grâce à son discours, sa taille, mais aussi au traitement médiatique et aux choix du PS et de l’UMP (j’y reviendrai plus longuement demain).

Le plafond de verre : cassé ou déplacé ?

lundi 26 mai 2014

Le hold up du Front National


Les résultats de l’élection européenne sont tombés et il faut bien reconnaître que le fait politique majeur est le succès du parti de la famille Le Pen, qui devance largement le PS et l’UMP. Pour quelles raisons ce parti nauséabond a pu atteindre un tel résultat, et quelles implications pour l’avenir ?


Tremblement de terre électoral

Il faut bien reconnaître que le résultat du FN est objectivement  très bon. En effet, les élections européennes n’avaient jamais été son meilleur scrutin puisqu’il n’avait jamais dépassé 11,73%, du fait d’un électorat ayant tendance à davantage s’abstenir et de la présence des listes Villiers de 1994 à 2009. Du coup, le FN faisait généralement moins qu’aux présidentielles (11,7% en 1989 contre plus de 14% en 1988, 10,5% en 1994 contre plus de 15% en 1995, 5,7% en 1999, avec en plus une liste Mégret à 3,3%, 9,8% en 2004 et 6,3% en 2009). Le score est doublement historique pour le FN, puisqu’il est de loin son meilleur score national et il faut noter qu’il fait mieux que les 17,9% de Marine Le Pen en 2012, alors que le Front de Gauche s’effondre par rapport à la performance de Mélenchon (6% contre 11%).

2014 apparaît comme une réédition amplifiée de 2002 puisque le parti lepéniste devance non seulement le PS mais aussi l’UMP. Le pouvoir ne semble pas réussir aux socialistes, et, à contratrio, les socialistes au pouvoir réussissent bien au FN... Le PS, peu fringant à ces élections, enregistre un échec encore plus cuisant qu’en 1994 et 2009. Ce faisant, on peut s’interroger sur la curieuse stratégie de du président, qui n’a pas attendu pour changer d’équipe gouvernementale, prenant le risque de l’exposer à un rapide échec cinglant. Ne valait-il pas mieux attendre les élections européennes pour tourner la page des deux premières années du mandat de Hollande, qui a tout fait pour réduire la campagne. A noter le bon score de Debout la République qui approche les 4% et s’installe dans le paysage politique.

Un contexte extraordinairement favorable

La formation du communautarisme (billet invité)





La gestion néolibérale du capitalisme depuis les années 70 a produit la compression des salaires, le ralentissement de la croissance économique et la concentration de la fortune entre les mains des 5 ou 10% les plus riches. Il en résulte un chômage et une insécurité sociale chroniques, brutalement aggravés par la crise de 2008.

C’est dans ce contexte que montent en puissance des représentations de la sociétés selon lesquelles les maux qui accablent la masse de la population auraient leur origine dans des groupes ethniques ou religieux dont les propriétés expliqueraient pêle-mêle la délinquance, l’épuisement des finances publiques, le chômage ou la prédation financière.

Le racisme est la croyance selon laquelle l’humanité se diviserait en différents groupes, génétiquement déterminées et transmettant à leur descendance un ensemble de caractères discriminants. Après la Seconde Guerre Mondiale, les doctrines qui en sont héritées évitent généralement toute référence à la « race ». Elles évoquent des « communautés », mais conservent le postulat d’une irréductible différence, qu’elle soit d’origine « ethnique », religieuse ou culturelle, qui rendrait illusoire tout projet d’amalgame entre les populations. Ce communautarisme[1] est le socle intellectuel de politiques d’isolement, de discrimination, d’épuration ethnique, etc.

dimanche 25 mai 2014

Le football : symbole de décadence capitaliste ?


La planète foot, c’est une planète où le Qatar obtient la coupe du monde malgré son climat, une planète où un ministre accorde une décote pour les hausses d’impôts de millionaires, une planète où certains clubs, devenus les jouets de milliardaires, dépensent n’importe comment. Même l’UEFA vient de le reconnaître, en sanctionnant neufs clubs européens, dont le PSG.


Que le plus riche gagne !

Le fait que l’UEFA finisse par sanctionner plusieurs clubs montre à quel point nous atteignons un grand n’importe quoi. En fait, les recettes du club parisien tournent autour de 150 millions, pour 400 de dépenses. Mais le Qatar a trouvé la parade en signant un contrat de sponsoring de 200 millions, pour échapper aux foudres des timides régulateurs européens. Finalement, ceux-ci ont fini par se rebeller et ont infligé 60 millions d’amende au PSG (dont 20 ferme), une limitation du nombre de joueurs pour la coupe d’Europe et une limitation de son enveloppe pour les transferts (qui ne semble pas concerner David Luiz). Le club pourra récupérer 40 millions s’il suit toutes les recommandations de l’UEFA.

Mais cette condamnation a toutes les chances de rester symbolique. Comment voir en effet l’annonce de la distribution de 17 millions d’euros de bonus aux joueurs du PSG quelques heures à peine après l’annonce du jugement ? Il a fallu que le PSG et Manchester City atteignent des sommets dans l’indécence et l’injustice pour finalement être sanctionnés et il n’est pas sûr que ces sanctions les gênent tant que cela et changent véritablement les règles du jeu. Les dirigeants du PSG ont même eu le culot de déclarer que cela constitue un « réel handicap dans sa possibilité de lutter à armes égales avec les meilleures équipes européennes ». Et si ces sanctions donnaient juste bonne conscience au milieu ?

Une allégorie de notre société ?

samedi 24 mai 2014

Lectures européennes


Au cas où vous seriez pris d’une envie de lectures sur la question européenne, voici quelques liens vers les résumés des livres que j’ai lus et appréciés sur le sujet depuis quelques années :

Jacques Sapir
-        « Faut-il sortir de l’euro ? » : partie 1 et partie 2
-        « Comment sommes-nous dépossédés de la démocratie ? » : partie 1, partie 2 et partie 3
Danièle Favari « Europe/Etats Unis : les enjeux de l’accord de libre-échange » : partie 1 et partie 2
Régis Debray, « L’éloge des frontières » : ici
Jean-Pierre Chevènement :
-        « 1914-2014 : l’Europe sortie de l’histoire ? » : partie 1, partie 2 et partie 3
Coralie Delaume « Europe : les états désunis » : partie 1 et partie 2
Aurélien Bernier « Désobéissons à l’Union Européenne » : partie 1 et partie 2
Christian Saint Etienne, « La fin de l’euro » : partie 1 et partie 2
Jean-Jacques Rosa, « L’euro, comment s’en débarrasser » : ici
Alain Cotta, « Sortir de l’euro ou mourir à petit feu » : ici
F. Dedieu & B Masse-Stamberger
- « Inévitable protectionnisme » : partie 1 et partie 2 (avec A. de Tricornot)
- « Casser l’euro pour sauver l’Europe » : partie 1, partie 2 et partie 3 (avec L Haim et B Mathieu)
Nicolas Dupont-Aignan :
-        « L’arnaque du siècle » : ici
-        « Les voleurs de la République » : ici
Christophe Deloire et Christophe Dubois, « Circus Politicus », partie 1 et partie 2
Philippe Coussedière, « L’éloge du populisme », partie 1 et partie 2
Eric Juillot, « La déconstruction européenne », partie 1 et partie 2
François Ruffin « Faut-il faire sauter Bruxelles ? », ici

La schizophrénie européenne de Nicolas Sarkozy


Finalement, il s’est exprimé. Comme à la veille des élections municipales, l’ancien président de la République a sorti une tribune qui lui permet de continuer à exister médiatiquement. L’occasion de rappeller à nouveau les incohérences de sa pensée sur l’Europe.


Un coup pour les UE-sceptiques

Nicolas Sarkozy est un récidiviste dans la critique de l’UE. Déjà, lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2007, il critiquait l’euro cher et proposait un nouveau traité qui prendrait en compte le « non » des Français au TCE. En 2012, il remettait le couvert en critiquant la politique monétaire européenne. Dans cette tribune au Point, il dénonce « un échec sans appel de la politique migratoire européenne » et propose de suspendre Schengen ! Il dénonce également l’excès de pouvoir de la Commission qui « ne devrait plus avoir de compétences législatives puisqu’il y a un Parlement européen ». Enfin, il propose de « diminuer drastiquement l’étendue des compétences communautaires ». Ce faisant, les opposants de l’UE peuvent trouver des points de convergence.

Mais le problème avec Nicolas Sarkozy, comme souvent, c’est qu’il parle beaucoup mais n’agit pas. En effet, voici un ancien président de la République qui s’est retrouvé dans une position de force en 2007 pour négocier un nouveau traité européen après le rejet du TCE par référendum. Contre une ratification par la voie parlementaire, il pouvait demander beaucoup à nos partenaires : une réforme de la politique monétaire, une réforme de Schengen, dont cet ancien minstre de l’intérieur connaissait les failles. Mais il n’a absolument rien, faisant accepter à Lisbonne une copie conforme du TCE rejeté par les Français. Pour lui aussi, les promesses ne semblent engager que ceux qui les écoutent.

Un coup pour les fédéralistes

vendredi 23 mai 2014

Ebola, parlement européen : le FN sent le moisi et la paresse


Dimanche, si l’on en croit les sondages, le Front National pourrait faire un gros score. Si je respecte le message que veulent passer les électeurs en votant pour lui, cette campagne a démontré une nouvelle fois que les dirigeants de ce parti ne sont ni véritablement sérieux, ni vraiment respectables.



Les stigmates de la famille Le Pen

Dans sa stratégie de dédiabolisation, Marine Le Pen rejette toute accusation de xénophobie. Pourtant, y compris dans sa bouche, on peut trouver des déclarations nauséabondes, entre les « Merah en puissance » ou l’occupation des rues. Après les sévères dérapages sur Christiane Taubira, Jean-Marie Le Pen vient de faire une déclaration assez infecte en parlant de l’explosion démographique de l’Afrique que « Monsieur Ebola peut régler en 3 mois ». Blague ou pas, une telle déclaration est indigne d’un élu du peuple. Comment peut-on trivialiser de la sorte une maladie qui fait tant de victimes ? Les explications tarabiscotées du député européen sortant ne corrigent en rien cet énième dérapage.


Mensonges et démagogie

Sortir de l’euro : on ne peut pas ou on ne veut pas ? La question de la démocratie (billet invité)



 « Tout le monde savait que c'était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l'a fait. »
Marcel Pagnol

Ce billet s’inscrit dans le prolongement d’un débat initié à la suite d’une critique d’un article de M. Colletis-Wahl (ici), à laquelle celui a eu l’amabilité de répondre (ici).

Introduction

« L’euro est irréversible » : c’est une litanie que l’on entonne religieusement en eurobéatitude (notamment de la part de Mario Draghi, patron de la BCE). Il s’en trouve au sommet de la technocratie européenne (mais pas seulement) à croire que leurs créations humaines sont éternelles. L’assertion en elle-même non seulement décrédibilise leurs auteurs mais laisse entrevoir ce qu’est leur vision de la démocratie. Dans leur eschatologie de « fin de l’histoire », ces demi-dieux prétendent donc à l’éternité et surtout au droit et au devoir de dicter aux peuples le sens de leur destinée. Autre époque, autre économicisme totalitaire : les marxistes aussi clamaient l’avènement inéluctable de la fin de l’histoire. Seul le moyen change (la monnaie unique pour établir le marché parfait versus la dictature du prolétariat à l’issu de la lutte des classes), mais le mépris de la démocratie, de la culture (en fait de tout ce qui n’est pas économique),  et  tout simplement de l’Homme, est le même. L’échec est du même ordre. En économie, bien sûr : entre 1999 et 2008, la croissance moyenne de la zone euro n’a été que 1,9% alors que les pays européens qui ont le choix de ne pas rentrer dans la monnaie unique (en particulier Royaume-Uni, Danemark et Suède) ont connu une croissance moyenne de 2,5%. Dans le même temps, le taux moyen de chômage était de 8,5% pour les premiers pour seulement 5% chez les autres. La crise nées des subprimes a encore accru le décalage : de 2009 à 2013, la zone euro s’est contractée de 0,4% et son chômage s’est envolé à 12,5% pendant que les pays européens non membres connaissaient une croissance de 0,2% et contenaient le chômage dans une proportion beaucoup plus raisonnable de 7,5%[i]. Mais au-delà de l’économie, l’échec de l’euro est avant politique et idéologique.

jeudi 22 mai 2014

Les trains trop larges : la faute de l’Europe ?


C’est une des nouvelles qui a dominé l’actualité d’hier : l’annonce que la SNCF a commandé des trains trop larges pour les voies, ce qui va imposer pour 50 millions de travaux pour raboter les quais. Certains demandent la tête du patron de la SNCF. Et si les coupables étaient ailleurs ?


Et Ubu sépara RFF de la SNCF

Bien évidemment, l’affaire semble totalement ubuesque. Néanmoins, il convient aussi de la remettre à sa juste place. RFF consacre des milliards chaque année à la rénovation du réseau, ce qui signifie que l’addition évoquée représentera environ 1% de son budget annuel. Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas un drame non plus. Ensuite, il faut bien voir que ce n’est pas la première fois que des équipements doivent être ajustés à un appareil plus grand, comme cela a été le cas avec l’A380 d’Airbus, qui a imposé de gros travaux aux aéroports qui l’accueillent. Néanmoins, dans ce cas, il faut quand même noter que tout avait en général était anticipé, ce qui n’a pas été le cas ici.

Mais une partie non négligeable de la responsabilité de ce problème vient aussi de la coupure de la SNCF en deux entités, avec la création de RFF, qui gère le réseau, alors qu’auparavant, la SNCF gérait à la fois le réseau et les trains. Personne n’ayant évoqué de cas similaire sur la période antérieure, on peut croire que l’ensemble des contraintes est mieux pris en compte et anticipé quand une même entreprise gère à la fois le réseau et l’exploitation. Or, ce sont les règles européennes qui demandent de séparer les deux, de manière à favoriser l’arrivée d’acteurs privés dans l’exploitation. C’est le shéma qui est à l’œuvre pour l’électricité, avec RTE, séparé d’EDF. L’UE est donc responsable.

Le PS et l’UMP sont responsables

mercredi 21 mai 2014

Démonter les arguments des eurobéats


Dans la dernière ligne droite des élections européennes, les partisans de l’UE jouent le tout pour le tout et essaient de convaincre les électeurs de ne pas envoyer valser cette mauvaise Europe qui les torture et refuse de les écouter. Petit florilège et décryptage des arguments les plus courants.


L’Europe, c’est la paix : voici sans doute l’argument le plus tarte à la crème. Si on ne peut pas ignorer que les pays membres de l’UE ne se sont pas faits la guerre depuis 1945, on peut mettre au défi quiconque de démontrer que tel n’aurait pas été le cas s’il n’y avait pas eu la CEE ou l’UE. De nombreuses autres raisons expliquent la paix : l’arme nucléaire, la guerre froide, le dégoût suscité par les deux précédents conflits. Et cela ne signifie pas non plus qu’il faille construire l’Europe de la manière dont elle est construite depuis 30 ans. Il existe de nombreuses autres façons de le faire

L’Union, c’est la force : c’est l’argument massu choisi par le centriste Jean-Louis Borloo. Même s’il y a une part de vérité, à savoir que les alliances peuvent donner de la force, cet argument reste bien léger. D’abord, il y a des unions qui affaiblissent. Il suffit de voir la croissance de la zone euro depuis la mise en place de la monnaie unique pour s’en rendre compte… Car le problème de cette UE, c’est justement qu’il s’agit d’une union uniformisatrice et néolibérale. La taille unique ne convient pas à des pays aussi différents. Et le dogme de la libre-circulation des biens, des capitaux et des personnes pénalise des pays européens au modèle social avancé. Enfin, l’union, ce n’est pas forcément l’UE. On peut la concevoir de manière souple et à la carte, comme le plan B défendu par Debout la Républlique. On peut travailler avec les peuples européens sans sacrifier ce qui nous distinguent et en refusant le néolibéralisme.

mardi 20 mai 2014

Le totalitarisme des pro-OGMs



Après l’échec du référendum californien visant à imposer l’étiquetage des produits contenant des OGMs, c’est au tour du Vermont de travailler sur la mise en place d’un étiquetage. Un projet qui suscite une hostilité sans nuance de The Economist, ce qui en dit long sur certains défenseurs des OGMs.


OGM : le débat impossible ?

The Economist ne renonce à aucun argument, aussi malhonnête et exagéré soit-il, pour critiquer la probable décision du Vermont. Le dessin illustrant l’article représente des hippies aux cheveux longs qui mettent une énorme étiquette « danger : nourriture OGM » sur une carotte. Puis ils mettent un « éclairage » chiffré qui indique que chaque année, trois millions de personnes meurent de la malnutrition et pas une seule des OGMs. Monsanto et Syngenta n’auraient pas fait moins subtile. Après avoir dit que 90% des consommateurs sont favorables à l’étiquetage, The Economist conclut en déplorant que « les personnes du monde qui ont faim ne puissent pas voter au Vermont  ».

Pour The Economist, il n’y a pas de doute : les OGM seraient forcément un progrès, et il faut les défendre, au point même de refuser que les consommateurs puissent être informés de leur présence dans les produits qu’ils achètent ! Ici, l’attitude de The Economist, qui défend l’opacité, est profondément illibérale, au prétexte que si de telles lois passaient « les entreprises devraient séparer les ingrédients OGMs des non-OGMs, perturbant tout le circuit d’approvisionnement. Les prix devraient monter pour tout le monde ». Outre qu’il est n’est pas évident que les coûts augmentent tellement, il est tout de même fort de café et très révélateur d’y trouver un argument pour refuser toute transparence.

Le refus de la transparence

lundi 19 mai 2014

Le cauchemar de l’euro


Pourquoi et comment démonter l'euro : Entretien... par dlrtv

Jeudi, France 2 a diffusé une émission baptisée « le roman de l’euro ». Sapir l’a qualifié de « scandaleuse soirée de propagande », dénonçant un exercice à sens unique. Quelle ironie de diffuser une émission de propagande digne des régimes totalitaires, au moment où tant de médias font le procès de Poutine

La zone euro, malade de l’euro

Je n’ai vu qu’une partie de l’émission, mais ce que j’en ai vu confirme totalement le très bon papier de Jacques Sapir. Ce dernier rappelle cruellement quelques faits qui n’ont pas été évoqués sérieusement jeudi, à savoir que depuis la mise en place de la monnaie unique, la zone euro affiche le taux de croissance le plus faible de l’OCDE (1,1% sur 2001-2011 contre 1,9% en moyenne). Pire, le phénomène s’aggrave et la situation des différents pays ne cesse de diverger entre une Allemagne dont le PIB a progressé de 3,3% depuis 2008 et la Grèce, où il a baissé de 23,3%. Encore pire, l’investissement s’est effondré depuis 2008 (de -26,6% en Italie à -74,8% en Grèce), ce qui augure mal pour l’avenir.

Ce faisant, Jacques Sapir tord aussi le cou à l’idée selon laquelle la situation s’améliorerait du fait du redressement des balances commerciales des pays du Sud, en soulignant que ce rééquilibrage s’explique principalement par la baisse drastique de la demande. Enfin, il remet à sa place ceux qui évoquent l’idée d’une baisse de la monnaie unique du fait de l’action de la BCE du fait de ses statuts et de l’opposition allemande à un assouplissement monétaire. On peut noter qu’en Italie également, on s’interroge sur les mauvais résultats de la zone euro par rapport au reste de l’UE, qui avait aussi été mis en avant par le livre « Casser l’euro pour sauver l’Europe ». Un fait qui mène un nombre grandissant d’économistes à s’opposer à la monnaie unique européenne, dont 9 « prix Nobel d’économie » à date.

Refus des faits et de la contradiction