mardi 29 avril 2014

Ne faut-il pas protéger Alstom de GE, mais aussi de Siemens ?


Alors que la menace d’un rachat d’Alstom par GE se précise puisque le patron de l’entreprise a rencontré le président hier, le gouvernement semble vouloir faire de Siemens le chevalier blanc. Mais, il n’y a pas qu’un choix entre ces deux maux pour cette belle entreprise, contrairement à ce que beaucoup indiquent.


De la peste et du choléra

La perspective du rachat de 70% d’Alstom par General Electric, le colosse étasunien (au CA de plus de 100 milliards) n’est guère réjouissante. Cela reviendrait à entériner la vente par appartement d’un des fleurons de notre industrie. Jean-Pierre Chevènement a écrit à Manuel Valls pour s’y opposer, pointant notamment les conséquences désastreuses du rachat des turbines à gaz du groupe par le même GE en 1999. Nicolas Dupont-Aignan affirme que « l’objectif de GE est de reprendre les brevets et ensuite de les rapatrier aux Etats-Unis ». Un scénario que l’on ne peut pas exclure, surtout quand on se rappelle les précédents de Péchniney et Arcelor, comme le note Bruno Dive dans Sud-Ouest.

Du coup, Siemens peut apparaître comme une meilleure solution, pour bâtir un Airbus, de l’énergie et des transports. Mais cette vision des choses est totalement naïve. D’abord, ce ne serait pas un mariage d’égaux. De plus, comme le souligne le patron d’Alstom, toute fusion risquerait rapidement d’avoir de grosses conséquences sur les emplois du fait de la proximité des activités des deux groupes. Pire, la proposition de Siemens de céder ses actifs dans les transports à Alstom est un jeu de dupes, comme le révèle son rapport annuel, page 188 : c’est la branche la plus mal en point du groupe, qui a perdu 448 millions d’euros en 2013 pour un chiffre de 6,3 milliards ! Bref, il n’y aurait qu’un gagnant dans un tel montage, Siemens, qui serait plus gros et aurait fourgué sa branche la moins performante !

Une troisième voie, nationale

Aujourd’hui, la plupart des médias présentent la situation comme un choix à faire entre GE et Siemens, sans alternative. Le Monde, peu inspiré, ne voit pas d’autres issues qu’un choix entre « le cow boy et le teuton ». Pourtant, le précédent de 2004 nous montre qu’il y a une troisième voie : une voie nationale. Car pourquoi faudrait-il accepter le fait qu’Alstom soit vendu à la découpe ? Les garanties des acheteurs sont éphémères. On sait qu’au bout de quelques temps, les activités d’Alstom seraient traitées comme toutes les autres activités de ces multinationales uniquement guidées par le profit. Et la localisation du centre de décision a toujours une importance dans les choix qui sont faits au jour le jour…

C’est pourquoi il faut absolument se battre pour trouver une solution nationale et ne pas se limiter aux deux options qui se présentent à date, comme le souligne Chevènement, pour qui « le contrôle du capital doit rester français ». D’abord, l’entreprise est profitable et dispose d’une trésorerie solide, selon son dernier rapport annuel. L’Etat doit intervenir, comme il l’avait fait en 2004. Pourquoi à ne pas réfléchir à un rapprochement avec Areva, par exemple, pour construire un rival de GE ou Siemens dans l’énergie ? De toutes les façons, la taille et les résultats d’Alstom ne semblent en aucun cas justifier que cette entreprise, qui emploie 18 000 personnes en France, soit vendue à la découpe.

Il faut donc que le gouvernment fasse un effort et se rende compte qu’il y a une autre solution que la vente d’Alstom à des intérêts étrangers. Nous pouvons faire émerger une solution nationale, bien plus protectrice de nos intérêts et nos emplois. Sinon, Hollande ferait moins bien que Sarkozy sur ce sujet.

Merci à Denis pour ses liens, utiles pour ce papier (et d’autres)

40 commentaires:

  1. Oui, et il semble aussi qu'il y a de fortes divergence de politique énergétique entre France et Allemagne, sur la question du nucléaire civil.

    Il faut arriver à un compromis sur ce thème, mais la France serait sans doute en moins bonne position pour défendre ses intérêts dans une discussion sur ce sujet si l'Allemagne est en position de monopole sur les turbines.

    Et même un découpage des turbines nucléaire pour les laisser sous contrôle français pose d'une part des problèmes d'organisation industrielle d'après les Echos, et d'autre part renforce l'opposition France Allemagne car le gaz/charbon est nécessaire en secours des énergies intermittentes.

    Avec tous ces débats fumeux qui ne sont jamais remis dans une perspective réaliste pour ne pas fâcher les lobbys (la nécessité du nucléaire ; la nécessité du maintien du cadre national, etc) on se retrouve dans la plus grande confusion quand il faut choisir.

    En tout cas, une partie de la presse mentionne de manière répétée que la "nationalisation" ou prise de contrôle partielle est inenvisageable.
    Preuve d'une part que la solution n'est pas si inenvisageable que cela, d'autre part que ces organes de presse, pourtant subventionnés par l'Etat, ne se limitent pas à leur rôle d'information...

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  2. Oui, ne pas trop non plus noircir le tableau des rachats :

    le rachat d’une entreprise française reflète souvent pour un groupe étranger une stratégie de croissance ambitieuse sur le marché européen.De fait, lorsque cette logique prévaut,les centres de recherche et de décision ne migrent pas systématiquement vers l’acquéreur. Ainsi, Rossignol, qui avant son rachat par l’américain Quicksilver avait déjà la moitié de ses effectifs à l’étranger, a vu ses activités regroupées géographiquement à Voiron dans les Alpes.

    http://www.institutmontaigne.org/fr/publications/quel-patriotisme-economique-au-xxie-siecle%20?%3E

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  3. Aujourd’hui, les spécialistes qui connaissent comment les robots de trading haute fréquence fonctionnent vous expliquent qu’il suffit de programmer les algorithmes adéquats pour que le cours de la cible attaquée s’effondre et que le problème « stratégique » de l’entreprise soit posé… et résolu par l’arrivée d’un tiers profitant ainsi de la situation. Les experts ont ainsi analysé de manière certaine que pendant toute sa période d’affaiblissement boursier qui avait précédé sa réorientation stratégique, l’action Peugeot avait été victime d’un robot trader haute fréquence.

    http://alternatives-economiques.fr/blogs/godard/2014/04/29/et-si-c%E2%80%99etait-un-robot-qui-etait-derriere-la-chute-d%E2%80%99alstom/

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  4. La meilleure solution en mon sens ce trouve vers Siemens, mais pas uniquement. Votre réflexion sur un Airbus énergétique est la bonne : allier plusieurs entreprises européennes, même de tailles inégales, dans un grand groupe. Rationaliser le catalogue et assurer, par un statut propre, une part d'emploi et de retombées économiques pour chaque pays d'origine des entreprises de cet ErBus (ironie de : Airbus EneRgétique).

    Vendre Alstom à la découpe est sans aucun doute un très mauvais choix, symptomatique d'une vision court termiste.

    Je profite de ce post pour vous remercier, Laurent Pinsolle, pour ce blog où la liberté d'expression est respectée dans les débats (ce qui est loin d'être le cs partout sur la toile).

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    1. Siemens est un concurrent direct, donc doublons, donc risques de licenciements.

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    2. On pourrait aussi imaginer la création d'un grand drapeau franco-allemand.

      On garde le rouge du drapeau français dont on repeint la bande centrale du drapeau allemand. Et hop, un beau drapeau qui symbolise une alliance tout à fait équilibrée.

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    3. - pas de licenciement, ou peu, car si certains produits disparaisses le volume de production est le même, voir même en augmentation car un groupe plus important pourra plus facilement se battre face à la concurrence : USA, Chine, Corée, Japon...
      Airbus a absorbé de nombres acteurs du domaine aéronautique en France, en Allemagne, en Espagne,... le nombre de produit a été réduit mais le volume a été démultiplié : à la clef des créations d'emplois !

      @bip
      - on pourrait imaginer rester enfermé en France, vivre en autarcie et bouffer de la topinambour à tous les repas.
      Vous n'estes pas d'accord avec moi mais évitez les réponses stupide et non constructive.
      Un drapeau existe déjà pour l'UE, il a le bleu français et non le noir rouge jaune allemand.
      Remplacez les étoiles par des fleurs de Lys et vous avez la bannière des rois de France.
      Je n'aimerai pas être italien ou danois et avoir mon drapeau européen à l'image de la France et non de mon pays...
      Sans rancune !

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    4. @Gaël Patton

      C'était juste pour dire qu'on peut pas parler d'alliance si les seuls à perdre quelque chose dans l'affaire, c'est nous. En l'occurrence, une entreprise française passerait sous contrôle allemand.

      Et comme les politiques énergétiques de la France et de l'Allemagne sont à l'opposée sur (au moins) le nucléaire, devinez qui sera le perdant?


      "on pourrait imaginer rester enfermé en France, vivre en autarcie et bouffer de la topinambour à tous les repas."

      On pourrait imaginer que la France reste indépendante, qu'on décide à qui on s'ouvre et à quels degrés, et qu'on puisse décider de ce qu'on mange et quand?

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    5. Dans le cas d'un rachat par Siemens tel qu'il est envisagé aujourd'hui je suis parfaitement d'accord avec vous.

      C'est pour cela que je proposai de "allier PLUSIEURS entreprises européennes, même de tailles inégales, dans un grand groupe.". Si une dizaines d'entreprises nationale tombe dans le panier c'est bien l'Europe, et chaque pays qui la compose, qui sort gagnante, comme elle fut gagnante avec la création Airbus.

      Tout comme vous, je ne veux pas offrir la souveraineté de la France pour une poignée de dollars, ni à des puissances étrangères ni au monde de la finance !
      Mais au contraire la restaurer en s'appuyant sur l'U.E. pour développer notre économie, certainement pas dans une relation dominé/dominant mais entre partenaires.
      C'est la vision de l'Europe que je défends sur mon blog : Certaines Idées

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    6. Ce que vous proposez est interdit par les traités sur lesquels repose l'UE...

      UE=dieu marché => concurrence

      Créer Airbus ne serait plus possible aujourd'hui.

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    7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    8. Parce qu'un jour certains l'ont voulu, mais c'est toujours les pays qui décident en Europe, dès lors cela peut changer. Si il y a une volonté politique (absente aujourd'hui).

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    9. Et comme des pays peuvent ne pas être d'accord, être prêts à assumer le "rien plutôt que ça" (ça = UE actuelle).

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    10. Alors pourquoi ce fut possible de créer Airbus ?

      Non l'Europe arrêtée n'est pas une fatalité, pour reprendre la situation d'Alstom il fallait trouver il y a quelques mois quelques autres entreprises du secteurs dans des pays qui partage notre vision et aller voir les autres en leur posant le projet sur la table : a prendre ou à laisser, cela ce fera avec ou sans vous.
      Imaginons la France, l'Italie et l'Espagne (les trois grands latin) qui vont voir les 24 autres avec un projet sur l’énergie : je vois mal les autres s'opposer...

      Avec de tels processus il faut moins de 10 ans à l'Europe avoir les grands groupe qui compte au niveau mondiale et les sous traitants adéquats répartis dans chaque pays.

      Mais pour cela il ne faut pas se regarder les pieds quand on parle de Bruxelles, il faut accepter de partager nos fleurons pour avoir accès à ceux des autres !

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    11. "Alors pourquoi ce fut possible de créer Airbus?"

      Déjà parce qu'on avait une industrie... Vu qu'elle n'avait pas été vendue au monde entier!!

      Ce qui avait peut-être à voir avec le fait que la France était une nation qui décidait de ses lois, de son budget, de sa politique économique, qui maîtrisait sa monnaie, ses frontières, etc, et dont les dirigeants défendaient les intérêts.


      "il faut accepter de partager nos fleurons pour avoir accès à ceux des autres!"

      Surtout tant que c'est nous qui partageons les nôtres...


      Sinon t'as loupé un épisode : on est 28 maintenant...

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    12. Nous avons toujours une industrie ! La preuve avec Alstom. Le poids individuel de ces entreprises est trop faible pour le marché mondial d'où l’intérêt de s'allier avec nos partenaires européens. Pas de se faire racheter, mais de construire des groupes comme Airbus qui sont des réussites incontestable.

      Effectivement cela fonctionnait car les dirigeants défendaient les intérêts de la France avec bien moins de précaution et d'arrières pensées.

      "Surtout tant que c'est nous qui partageons les nôtres..."
      Ne soyer pas borné : à la création d'Airbus l'Espagne a perdu le contrôle de CASA, l’Allemagne de VFW, et la France de l'Aérospace (entre autre) mais tous ces pays (et d'autre) ont gagné des emplois et un groupe de poids mondial.
      Ces partenariat doivent être gagnant-gagnant.

      "Sinon t'as loupé un épisode : on est 28 maintenant..."
      bien noté : 28-3=25 et pas 24 ! désolé, mais l'idée est la même !

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    13. Et faire une alliance Alstom-Areva-EDF ça ferait pas un champion mondial?

      Ah ouais mais ça c'est de l'autarcie qui veut faire la guerre et manger du pain sur la tour Eiffel...

      Alors que disperser aux 4 vents le cœur industriel de la France, ça c'est cool. Pis c'est trop la paix (en même temps si on vend notre industrie militaire, vaut mieux pas de guerre parce que si on doit faire face à des missiles avec des sacs vuitton...).

      Et en plus Bruxelles l'interdit (concurrence, etc). Et comme on préfère à la défense de la France la défense d'une construction délirante dont on n'est même plus sûr du nombre de membres...

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    14. Ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dis :
      lorsque la création de grand groupe français est possible faisons le !
      Le secteur de des fabricants de munitions est en train du muter en Europe, et Nexter (français) semble en bonne voie pour émerger. C'est une victoire de l'industrie française, j'applaudie ! Aussi j'encourage quelques rapprochements multinationaux supplémentaires pour que deux groupes se partagent le gâteau : l'un français mené par Nexter, et l'autre un groupe allemand (dont le nom m'échappe).

      Pour l'alliance Alstom-AREVA-EDF je ne suis pas convaincu d'un point de vue purement pratique :
      Alstom fabrique des trains, des éoliennes et des turbines, AREVA fabrique principalement des réacteur nucléaire, EDF exploite des des centrales (réacteur, brûleur et turbine)...
      Certes il y a des convergences mais sont elles suffisantes ?
      Pour produire, exploiter et vendre des centrales nucléaire ? oui, mais le marché du nucléaire n'est pas suffisant pour Alstom.
      Pour les éoliennes ?
      Pourquoi pas... mais EDF n'a pas grand chose à faire dans cette alliance...
      Pour le reste d'Alstom ?
      Areva et EDF se disperseraient...

      Alors oui, pourquoi pas mais il y aura dans activités d'Alstom à transférer ailleurs...
      Mais je ne vois pas en quoi cela est plus cohérent qu'une alliance multinational (mais intra-européenne) pour créer un grand groupe fabricants des turbines et des trains...

      Enfin, Bruxelles demande la libre concurrence, mais je ne voit pas en quoi cela poserait un problème de réunir les activités de ces 3 grandes entreprises français...
      Voyez : je ne suis pas opposé, bien au contraire, aux alliance franco-française. Mais pour l'emploi, la croissance, la richesse, la pérennité et donc la souveraineté, je préfère la cohérence industriel à protectionnisme aveugle.

      La France n'a plus son empire sur lequel s'appuyer pour vendre ses produits mais la France a la chance d’avoir une place de choix en Europe et une industrie performante pour créer des emplois, pour innover et relancer son économie.

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    15. Pour Bruxelles et la concurrence :
      http://www.liberation.fr/economie/2001/07/04/bruxelles-ose-et-pose-son-veto_370375

      http://www.lemonde.fr/economie/article/2005/09/21/la-justice-europeenne-confirme-le-veto-de-bruxelles-a-la-fusion-des-groupes-energetiques-portugais_691107_3234.html

      http://www.lavoixdunord.fr/economie/transport-nouvelle-fin-de-non-recevoir-de-bruxelles-a-une-ia0b0n1061673

      http://fr.euronews.com/2012/02/01/veto-de-bruxelles-a-la-fusion-nyse-euronext-et-deutsche-borse/


      Après pour la fusion entre Alstom, Areva et EDF c'était plus en termes d'idée générale sur des entreprises dans le secteur de l'énergie. Je connais pas assez pour juger des éventuelles complémentarités.

      D'un autre côté, Alstom fait des bénéfices.
      Son problème si j'ai bien compris c'est un manque de liquidités due à une dette élevée.
      Donc s'il suffit d'un peu de cash, les possibilités sont immenses. Ça peut aller aussi d'une aide directe ou d'un fond constitué en appelant au patriotisme des épargnants français ou d'une alliance avec n'importe quelle entreprise française qui aurait un gros paquet cash sous la main (Total?).

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    16. Pour la concurrence il y a certes des régles mais si on construit un projet sans trop tirer la couverture à nous, que ce projet est équilibré, alors Bruxelles devra s'incliner devant le Conseil Européen.

      Je n'ai rien contre ces (re-)financements nationaux bien au contraire !
      Appliquons le quand c'est possible, sans fermer la porte à la construction européenne lorsqu'elle permet, en respectant les intérêts de chacun, d'ouvrir de fantastiques opportunités !

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  5. Ne pas trop se faire d'illusion sur l'industrie :

    Dani Rodrik (2014) propose une explication simple au phénomène de désindustrialisation précoce en reliant celui-ci à l’intégration aux marchés mondiaux. Lorsqu’un pays s’intègre aux marchés internationaux, son industrialisation est de plus en plus déterminée par les dynamiques de consommation des pays développés et de moins en moins par les siennes. Or la consommation des pays riches change en faveur des services, ce qui limite de plus en plus la marge d’industrialisation des pays émergents. Par conséquent, les niveaux d’industrialisation des pays riches et pauvres doivent converger, et ce indépendamment de leurs niveaux de revenu.

    http://www.blog-illusio.com/article-les-pays-emergents-face-a-leur-desindustrialisation-prematuree-123472337.html

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  6. http://www.challenges.fr/entreprise/20140429.CHA3191/pourquoi-obama-n-aurait-jamais-laisse-alstom-racheter-general-electric.html?xtor=RSS-16

    Si même Challenge le dit...

    Dans ce cas, on se demande bien pourquoi les quelques malheureux milliards de participation ont été revendus en 2006.

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  7. @ Anonyme

    Bien d’’accord pour dire qu’une prise de participation de l’Etat doit être envisagée, d’autant plus, comme vous le soulignez que la solution allemande n’en est pas une.

    @ Anonyme

    Un cas positif pour combien négatifs ? Il suffit de penser à Péchiney ou Arcelor…

    @ Anonyme 10:17

    Thèse intéressante. Merci du lien

    @ Gaël Patton

    Merci, mais pas convaincu par l’ErBus. Autant cela pouvait marcher dans l’aviation car il fallait trouver un concurrent à Boeing, autant le marché me semble ici plus fragmenté et permettant à davantage d’acteurs de fonctionner normalement. Alstom ne va pas si mal d’ailleurs… Le problème, c’est qu’une fusion avec Siemens aboutirait à :
    - de grosses pertes d’emplois lors de la rationalisation de l’activité (vu que les groupes sont concurrents et non complémentaires)
    - un transfert des centres de décision en Allemagne, au détriment de la France

    La France est assez grande pour avoir une entreprise forte dans ce secteur. Une association d’Alstom et Areva pèserait lourd par exemple…

    En outre, les fusions ne sont pas toujours heureuses (Daimler-Chrysler…)

    Bip n’a pas tort sur ce que disent les traités. Et si je crois à la coopération inter-étatique entre pays européens, je n’attends rien de bon de l’UE

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    1. Certes le marché est fragmenté mais ce n'est pas avec des nains mondiaux comme alstom que l'on remportera des parts de marché à l'étranger...

      Je répète que je ne prône pas une fusion avec Siemens, mais un rapprochement de plusieurs entreprises de ce secteur (dont pourquoi pas une branche de Siemens). Les centres de décisions seraient peut être localisés en Allemagne mais si les décisions sont aussi prises par le coté français (et donc aussi Espagnol, Italien, Danois, Polonais...). Il n'y aurait pas de pertes d'emplois mais un gain par la conquêtes de nouveau marchés.

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  8. http://www.lepoint.fr/societe/inquietude-et-ecoeurement-sur-le-site-commun-d-alstom-et-ge-a-belfort-29-04-2014-1817686_23.php

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  9. Vendons, vendons nos entreprises, nos brevets, nos idées, nos convictions, nos idéaux, nos villes et nos campagnes, nos maisons, nos bateaux, nos animaux, nos femmes et nos enfants au plus offrant et regardons droit devant nous en ne nous posant surtout pas la question de savoir si nous avions le choix.

    Demos

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  10. La dernière mode idéologique au Monde ?

    http://www.lepoint.fr/societe/inquietude-et-ecoeurement-sur-le-site-commun-d-alstom-et-ge-a-belfort-29-04-2014-1817686_23.php

    L'Etat ne peut pas tout...il aurait fallu garder des conglomérats...

    Pour mémoire, l'une des modes précédentes, c'était qu'il fallait démanteler ces mêmes conglomérats, ce qui a été fait dans les années 90 (et GE a repris l'imagerie médicale en France).

    L'Etat ne peut pas tout, mais il peut subventionner des crétins de journalistes. N'est-ce pas l'essentiel ?

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    1. Je peux vous assurer en connaissance de cause que tout l'imagerie médicale française n'est pas GE.
      Les applications les plus innovantes sont vendus par Siemens et le coeur du produit vient d'une joint venture avec Thalès, belle et bien en France (savoir faire, R&D, production...).

      Même mieux : cette joint venture a ramené la recherche amont depuis les Pays Bas (ex-Philips) jusqu'en France.

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    2. Il n'a pas tort : la France a laissé filé la CGR chez GE pour que Thomson récupère RCA.
      En analysant cette décision avec recul, on en mesure bien l'erreur... (à ma connaissance toutes télévision du monde sont fabriqués en Asie)
      Mais vous avez aussi raison, GE continue de développer et de produire en France (à Buc je crois) ses matériels d'imagerie médical.


      Olivier

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    3. Je n'ai pas remis en doute le fait que GE avait racheté une partie des activité imagerie, effectivement ils sont implanté en France avec GE Healthcare.
      Mais je ne parlais pas de GE mais de groupes Français (Thales) et européen (Siemens et Philips) à qui appartiennent Trixell : leader mondial du détecteur X numérique. Leader en volume et sur les applications haute gamme...

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  11. M. Pinsolle, le titre de votre billet est incomplet et aurait du s'intituler :

    "Ne faut-il pas protéger Alstom de GE, de Siemens, mais aussi de notre classe politique ?"

    Bon j'ironise un peu alors que cette affaire est grave. Ca fait bientôt 30 ans que dans ce pays, l'absence de vision à long terme conduit les gouvernements vers des directions absurdes qui placent nos industries stratégiques en situation de dépendance de nos concurrents.

    Que dira-t-on lorsque, demain, GE nous vendra nos trains et tramways dans les conditions juridiques applicables du TAFTA ?
    Sans vouloir tomber dans du complotisme primaire, je pense que les velléités de GE sur Alstom tombent à pic pour celui qui voudrait devenir le leader du transport des 2 côtés de l'Atlantique...



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  12. Tout le monde a l'air de considérer qu'Alsthom est une entreprise stratégique. Comment se fait-il alors qu'elle ne soit pas publique ?

    Ivan

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  13. Le problème vient d’abord des équipes dirigeantes qui sont toutes entièrement issues des grands corps d’état, X-Mines-Ponts et de la caste administrative, ENA-inspection des finances. Ces élites qui dirigent l’industrie française tirent leur légitimité sociale et leurs fabuleux avantages financiers non pas de leur réussite dans la mondialisation mais de leur capacité à maintenir leurs avantages acquis retirés d’une économie intérieure dirigée. La mobilisation politique pour sauver Alstom des griffes américaines est surtout motivée par la crainte pour l’élite installée de perdre un réservoir de postes disponibles au profit d’équipes enfin compétitives choisies par un actionnaire réellement privé.

    http://www.atlantico.fr/decryptage/ces-raisons-qui-font-champions-industriels-francais-colosses-aux-pieds-argile-jean-pierre-corniou-olivier-marteau-1056700.html#S4vQxQlfcBTsIwVC.99

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    1. Vous n'êtes pas au bon endroit : le courant néolibéral de l'UMP, c'est la porte en face.

      Les avantages financiers et sociaux d'une "économie intérieure dirigée" ne sont pas allés seulement aux X Mines Ponts et aux inspecteurs des finances, mais à l'ensemble des citoyens français dont vous même.
      Et c'est le chacun pour soi encouragé depuis 30 ans qui pose problème aujourd'hui.

      Vous vous en rendrez compte lorsque vous aurez dans la nuque le souffle rauque d'un "actionnaire réellement privé" voulant raboter vos avantages sociaux au profit de petits chinois "enfin compétitifs" et de ses rentiers californiens.

      Mais il sera trop tard...

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    2. Il est difficile de ne pas admettre l'incompétence des "hauts fonctionnaires" qui viennent diriger ces entreprises privées stratégiques. Ils sont incapable de se projeter à l'international et incapable d'obtenir les marchés étatiques (TGV, centrale nucléaire dans le cas présent) nécessaire à leur activité.

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  14. Point de vue intéressant de Pierre Sabatier : "Les marchés internationaux testent les différents acteurs. Si aujourd'hui, le gouvernement ne fait rien pour Alstom, ça sera la porte ouverte à des acquisitions potentielles sur l'ensemble des fleurons. [...]
    Si vous démantelez l'ensemble des entreprises françaises qui peuvent être des alternatives à des grands groupes internationaux, ben vous n'aurez plus que vos yeux pour pleurer en termes d'emploi ou en termes d'image au niveau international.

    Donc les marchés testent la France, pas le marché français, mais le gouvernement français sur sa capacité à reprendre la main sur des dossiers qui peuvent s'avérer stratégiques.

    Donc problème de crédibilité du gouvernement et est-ce que les autres acteurs internationaux qui disposent d'un trésor de guerre vont attaquer les autres fleurons de l'économie française à partir du moment où ils auront une petite difficulté."

    "Y a une réponse à apporter au marché. Je rappelle qu'à l'époque lorsqu'un grand financier avait attaqué Hong-Kong, la musique s'est arrêtée lorsque le gouvernement par le biais de sa banque centrale a dit "non vous ne pourrez pas attaquer notre pays" ".

    https://www.youtube.com/watch?v=qh3p14kEN7A#t=7m41s

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  15. @ Gaël Patton

    Merci pour toutes les informations que vous avez apportées.

    Alstom n’est quand même pas un nain : 20 Mds de CA. Sur ses métiers, c’est une entreprise importante, même si elle n’a pas la taille de GE et Siemens (qui ont un portefeuille plus large). Et si elle s’associait avec Areva, ce serait un des leaders mondiaux dans la fourniture d’équipements pour produire de l’énergie.

    Pas fan d’un rapprochement avec Siemens du fait du décalage de taille, à notre défaveur. Cela risque de revenir rapidement à un simple rachat d’Alstom par Siemens, avec toutes les conséquences que cela a…

    @ Démos et anonyme

    En effet, cet état d’esprit est effarant

    @ Anonyme

    J’espère encore que nos dirigeants se réveillent. Même Sarkozy s’était réveillé en 2004 donc tout espoir n’est pas totalement perdu (sur ce dossier, uniquement).

    @ Ivan

    Toute entreprise stratégique n’est pas forcément publique, sinon, on finit en URSS… Danone, LVMH, Carrefour, L’Oréal sont stratégiques mais on ne va pas forcément les nationaliser.

    @ Bip

    Vision très intéressante et sans doute pertinente. SI nous laissons démanteler le fabricant du TGV, alors tout pourra alors être fait…

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    1. Au risque de me répéter :
      Je suis entièrement d'accord avec vous : un rachat par Siemens n'est pas souhaitable.
      Mais il y a de multiples acteurs dans ce secteur, leur réunion à l'échelle de l'Europe en un ou deux géants fait disparaître ce risque de rachat et permettrai d'arriver à un équilibre stratégique face à GE et les autres...

      Et ce sont les salariés des usines et des pôles de recherche de France (et d'Europe) qui seraient les bénéficiaire e cet équilibre stratégique.

      Le XXIème siècle sera asiatique quoi qu'il arrive, mais aujourd'hui nous avons le choix entre survivre seul ou continuer de compter à l'échelle planétaire ensemble.

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  16. Ce genre de débat est bientôt fini et la France sera en paix : dépecée , ruinée et soumise. La situation sera enfin claire , un pays qu'il sera urgent de quitter !

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    1. Je ne pense pas que le défaitisme soit une option souhaitable.
      D'autres politiques sont possible : celle que je propose (Certaines Idées), celle que Laurent Pinsolle et DLR propose, voir même celles de EELV ou de J.L.Melanchon...

      Faire un choix, croire en l'avenir... c'est ce que l'Homme a toujour sfait et doit continuer à faire.

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