vendredi 31 juillet 2015

Les Inrocks à Bayonne : avis de snobisme xénophobe et totalitaire

Les Inrocks viennent de publier un papier au vitriol sur les fêtes de Bayonne, dénonçant mauvais goût général et machisme. Mais ce faisant cet organe de la bonne conscience de gôche en dit sans doute bien plus long sur le fond de sa pensée, passablement réactionnaire et fermée.



Les Inrocks, aristocrates xénophobes et suffisants

Le ton est donné par le titre de l’article : « Fêtes de Bayonne, la célébration du mauvais goût ». Première nouvelle, dans le monde des Inrocks, il y a un bon et un mauvais goût. Bien évidemment, les Inrocks se pensent être les arbitres du bon goût qu’ignorerait la populace présente à Bayonne, qui « se dandine au son des ‘lacs du Connemara’ » et pour qui « certaines majestés de la variété sont devenues indétrônables : Claude François, Patrick Sébastien, Michel Sardou, Emile et Images ». Les Inrocks ont même trouvé un quadra bayonnais qui raconte : « autour des années 80 (…) on pouvait passer du Bach à 3 heures du matin. En permanence il y avait une espèce de folie à la fois foutraque et créatrice ! » et un autre qui se plaint du « vide culturel béant » et du « contenu incroyablement mauvais ».

Le quadra d’origine bayonnaise que je suis, à Bayonne en ce moment, peut témoigner que Bach n’a jamais fait partie des tubes des fêtes. Et il est bien évident que ce grand rassemblement festif se fait sur fond d’une culture populaire, pour laquelle le jugement des Inrocks est aussi tolérant que celui du FN pour les immigrés. Car, c’est une chose d’avoir des goûts différents, c’en est une autre de penser que son goût serait forcément supérieur à celui des autres, comme le font les Inrocks dans une forme assez pure de snobisme mélé à une forme de xénophobie toute aussi pure contre la culture populaire, teintée du totalitarisme qu’il y a à se croire arbitre du bon goût. De manière aussi ironique que contradictoire, sur les questions musicales, les Inrocks se comportent volontiers comme l’extrême-droite politique.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

jeudi 30 juillet 2015

Pourquoi les théories du complot existent-elles ? - 1ère partie (billet invité)

Billet invité de Marc Rameaux, qui vient de publier « Portrait de l’homme moderne »


L’idée que le monde soit contrôlé par des forces cachées, que des oppressions occultes soient les « véritables » causes des faillites de notre société, en lieu et place d’oppressions et de manquements pourtant clairement visibles, n’est pas une idée neuve. Cependant, elle semble investie d’une très grande vigueur de nos jours.

Certains en rendent internet et les réseaux sociaux responsables. Ceux-ci font devenir réelles les aspirations de la démocratie directe, pour le meilleur et pour le pire. L’idée d’une sorte de vote en temps réel, instantané, de tous sur tous les sujets est une idée aussi dangereuse qu’elle est puissante. Elle a permis de mettre à bas des régimes dictatoriaux, de briser des lois du silence et des oppressions d’état en redonnant la parole à chacun et en démentant les mensonges officiels de certaines dictatures. Mais elle a aussi ouvert la porte à toutes les rumeurs, au règne de la calomnie et des sycophantes, à la démagogie et aux sources non vérifiées.

Les média sociaux ont rendu réel le vieux rêve des « fanzines » du mouvement punk, qui partait d’une intention initiale intéressante de vivifier la liberté et la pluralité d’opinions. De fait, à travers les éditeurs de blog et les pages de réseaux sociaux, un simple particulier bénéficie maintenant de moyens éditoriaux équivalents à ceux d’un organe de presse, au point que les bloggers les plus influents deviennent des canaux reconnus d’information. Les blogs et les pages Facebook sont les descendants de fanzines, passés à un stade industriel massif, qui a fait devenir leur rêve réalité.

L’idéal de la démocratie directe ainsi que ses très grands dangers ont été maintes fois débattus. Si elle doit être prise en compte dans l’explication des théories du complot, je précise dès à présent que je ne considère pas qu’elle en est la cause : elle n’a fait qu’amplifier le phénomène. La raison profonde de la prolifération des théories du complot n’est pas l’expansion du phénomène des media sociaux. Elle prend sa source dans des éléments de la psychologie humaine que le fonctionnement du monde moderne a exacerbés. Quant aux responsabilités de leur apparition, c’est là le fond du problème, beaucoup plus que leur condamnation qui est une évidence.

1.    Le tissage de réseaux relationnels : un fait du vivant

mercredi 29 juillet 2015

Hollande à la pointe du fanatisme des euro fédéralistes

Même si on y est totalement opposé, il faut lire le texte de François Hollande, publié il y a 10 jours dans le JDD, en hommage au 90ème anniversaire de Jacques Delors. C’est sans doute un texte de référence pour comprendre à quel point le fédéralisme européen tient de la religion plus que de la pensée.



Entre Orwell et les Bisounours

Ce texte, signé par le président de la République, est tellement mauvais qu’on se demande dans un premier temps s’il n’est pas l’œuvre d’un stagiaire fils d’un hiérarque des institutions européennes tant il cumule tous les clichés les plus rebattus et discrédités sur la construction européenne, tout en y mélangeant des contre-vérités plus évidentes les unes que les autres. On y apprend ainsi que Saint Jacques Delors aurait apporté à « la politique contractuelle pour redistribuer les fruits de la croissance (…) et la maîtrise des comptes publics, qu’il avait engagé au début des années 1980 ». Double carton rouge factuel : la part des salaires dans le PIB décroche justement au début des années 1980 et, alors que les comptes publics étaient équilibrés à son arrivée au pouvoir, ils les laissent en déficit marqué…

Ensuite, nous avons droit au roman classique des euro béats, entre une Europe « bloquée par les égoïsmes nationaux (…) capable de préserver la paix » et la dénonciation des « populistes » qui « ont peur du monde, parce qu’ils veulent revenir aux divisions, aux murs, aux grillages ». Il ose même écrire « l’Union ne peut se réduire à des règles, des mécanismes ou des disciplines », alors même que ses dernières réalisations (two pack, six pack, TSCG ou les plans pour la Grèce) ne sortent pas de ce cadre étroit. Nous avons droit à la tarte à la crème de la « puissance au service de l’équilibre du monde » avec le leitmotive classique sur « ce qui nous menace, ce n’est pas l’excès d’Europe, mais son insuffisance ». Il faudrait lui dire que plus les pays européens s’intègrent, plus la situation se déteriore…

Une illusion sur le point d’être brisée

mardi 28 juillet 2015

Ce qui ne va pas avec le nouveau train de mesures en Grèce

Il y a quelques jours, les parlementaires Grecs ont voté un deuxième train de mesures et dimanche, la troïka est revenue à Athènes. Mais ce scrutin, présenté comme une modernisation bienvenue de l’Etat Grec, pose des problèmes démocratiques très révélateurs de cette construction européenne.



La colonisation ne se cache plus




Déjà, sur le principe, à considérer que les créanciers de la Grèce pourraient imposer leurs objectifs et le calendrier pour les atteindre, on ne voit pas ce qui pourrait justifier autre chose qu’un questionnement de la crédibilité des plans présentés par Athènes, mais en aucun cas le détail des mesures. Après tout, il n’y a pas qu’une version de l’austérité. Il devrait pouvoir revenir au gouvernement Grec de choisir sur qui faire peser cette austérité, les ménages, les entreprises, les plus riches… Mais non, dans le monde des créanciers de la Grèce, le détail des mesures ne saurait revenir au gouvernement Grec. Et cela est d’autant plus révoltant que tous les plans précédents de ces créanciers qui imposent jusqu’au détail des mesures que doit prendre le gouvernement Grec, ont complètement échoué.

Le règne de l’arbitraire néolibéral

lundi 27 juillet 2015

L’Allemagne, double bénéficaire de l’euro

Il y a près de 25 ans, la France a poussé l’adoption d’une monnaie unique européenne à son partenaire allemand, pensant le ligoter au projet européen. Mais en réalité, ce projet fou et artificiel s’est révélé être un effarant outil de domination économique de l’Allemagne sur ses partenaires.



Une dette souveraine moins chère

C’est Alterecoplus, d’Alternatives Economiques, qui a levé un aspect peu connu de la crise de la zone euro : le fait qu’elle a permis à l’Allemagne de faire des économies colossales sur le coût de sa dette souveraine, du fait de la divergence des taux d’intérêt entre les pays membres de la zone euro, après la convergence des premières années de la monnaie unique. Les chiffres sont stupéfiants : si les taux payés par l’Allemagne étaient restés stables depuis 2008, Berlin paierait 93 milliards d’intérêts en 2015. Cette année, notre voisin d’outre-Rhin n’en règlera que 48 milliards, soit près de deux fois moins, du fait du choix des investisseurs de privilégier la signature Allemande, la plus plus rassurante dans cette zone euro. Guillaume Duval a fait les comptes : l’Allemagne a économisé 193 milliards depuis 2008 !



Alors, bien sûr, la monnaie unique a aussi bénéficié aux pays aujourd’hui en difficulté car les taux de leurs dettes souveraines ont beaucoup baissé. Mais cette facilité accordée un peu rapidement par les marchés a également créé un fort effet d’aubaine qui camouflait les déséquilibres qui grandissaient, notamment au travers de la grande divergence des balances commerciales, relativement équilibrées au tournant du millénaire, et qui variaient entre -10 et +6% du PIB quand la crise s’est déclenchée. Et les gains colossaux réalisés par l’Allemagne (et les pays aujourd’hui privilégiés par les marchés) rendent d’autant plus insupportable les politiques austéritaires destructrices menées en Grèce car les différences entre les deux pays doivent beaucoup aux simples humeurs des marchés.

Outre un hold up commercial

dimanche 26 juillet 2015

Ce que le Japon dit des dettes publiques




Dettes publiques et relativité

Le contraste entre le Japon et les pays européens est assez effarant. Sur notre continent, l’union monétaire a poussé les pays membres à adopter des camisoles budgétaires extrêmement strictes, imposant un relatif équilibre du budget et quand les Etats, désarmés de leur banque centrale, se retrouvent contraint à réclamer le soutien financier des autres membres de l’UE, ils doivent passer sous des fourches caudines humiliantes, austéritaires et contreproductives, comme on peut le voir en Grèce. Dans cette europe, la dette publique ne saurait dépasser 60% du PIB, et, selon l’infâme TSCG, les déficits budgétaires structurels ne sauraient aller au-delà de 0,5% du PIB ! Résultat, le continent ne parvient pas à sortir de la crise déclenchée par la crise financière de 2008, du fait de politiques d’austérité destructrices.

Le Japon semble vivre dans un monde parallèle tant il s’affranchit des règles budgétaires en vigueur dans ntore continent. A peine élu, alors que la dette publique était déjà supérieure à 200% du PIB et les déficits, autour de 10% du PIB, Shinzo Abe avait présenté un plan de relance pour sortir de la déflation. Aujourd’hui la dette publique atteint la bagatelle de 246% du PIB et les déficits encore 7% du PIB malgré une forte hausse de la TVA. Les chiffres sont d’autant plus marquants que la population du pays diminue déjà et devrait passer de 127 à 87 millions d’habitants d’ici à 2060. The Economist dénonce donc dans un papier le manque de réalisme des autorités japonaises, au-delà de l’optimisme. Selon l’OCDE, la dette publique du Japon dépasserait 400% du PIB en 2040 avec 1,5% de croissance.

De vrais choix politiques

samedi 25 juillet 2015

Ce que les « firmes zombies » disent du Japon, et de nous

The Economist a récemment consacré un papier sur les entreprises japonaises en difficulté, affirmant que « les difficultés de deux grandes entreprises montrent jusqu’où la réforme des entreprises doit aller ». Une analyse qui en dit sur la conception du temps en Asie, et pour les néolibéraux.



De la destruction créative

The Economist fait le procès de Toshiba et Sharp, deux géants de l’électronique nippon qui ne parviennent pas à trouver un second souffle, au contraire de Panasonic et Sony. Déjà, il n’est pas inintéressant de noter que l’hebdomadaire néolibéral mesure la réussite des quatre entreprises à leur cours de bourse. Quand on connaît la volatilité et les errements des marchés sur les dernières années, tant à la hausse qu’à la baisse, prendre une telle mesure en dit long. L’hebdo raconte les errements de Sharp, qui avait pourtant une bonne position sur plusieurs marchés il y a seulement cinq ans, mais qui vient de passer de fortes dépréciations. La situation de Toshiba est similaire, avec des ennuis comptables.



Pour l’hebdo, « au Japon, les banques conservent des légions de firmes zombies en soutien thérapeutique. Pour les créanciers de Sharp, la grande taille de sa dette signifie qu’ils ne peuvent pas permettre une banqueroute sans en payer le prix ». Il conclut « en fait, cela a été une semaine désespérante pour l’équipe grandissante des partisans d’une nouvelle gouvernance des entreprises au Japon ». En fait, il croit à la destruction créative de Schumpeter, ne pas trop s’appesantir sur les dégâts créés par les échecs car cela serait compensé par un climat plus favorable pour la création. Mais trois semaines plus tard, The Economist notait que « les vents du changement commencer à souffler ».

Le lièvre et la tortue

vendredi 24 juillet 2015

Trois gros obstacles sur la route du FN

Ses succès aux élections européennes et départementales font qu’aujourd’hui, la présence de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2017 semble acquise, au point qu’Europe 1 a même consacré une émission de politique-fiction, où elle accédait à l’Elysée. Un peu hâtif ?



Querelles, extrémisme et amateurisme



Le FN : l’UMPS en pire ?

jeudi 23 juillet 2015

2017 : attention à ne pas sous-estimer Hollande !

Entre un bilan désastreux, des politiques économique ou scolaire contestées, le sort de François Hollande pourrait sembler déjà joué pour 2017. Mais toute sa vie, il a été sous-estimé, avec l’issue que l’on sait. Et on peut penser que la direction que prend l’élection ne lui est pas si défavorable.



L’histoire du candidat Hollande en 2017

Le président de la République commence même à essayer de construire un semblant de grande histoire. Entre les demandes d’Alexis Tsipras et celle de l’Allemagne, il peut soutenir qu’il a réussi à faire une forme de sythèse, après tout, c’est sa spécialité, et apparaître comme celui qui a débloqué une situation perdue. Dans la réalité, plus simplement, les Grecs étaient prêts à tout pour rester dans l’euro et Berlin peut avoir préféré ne pas reconnaître ses pertes… Et cette issue est d’autant plus favorable que cela pourrait ne pas freiner la timide reprise qui se dessine depuis quelques mois, avec la baisse de l’euro et du prix des matières premières, qui pourrait permettre au retournement de la courbe du chômage de finalement se produire l’an prochain. Après tout, ne vaut-il mieux pas tard que jamais ?

Mais François Hollande ne se contente pas de cette grande histoire. Certaines décisions, un peu oubliées aujourd’hui, pourraient pourtant peser lourd en 2017. Il ne faut pas oublier que le gouvernement a baissé les impôts de 9 millions de Français. Un moyen habile de viser les classes moyennes pour lesquelles il pourrait asphyxier Nicolas Sarkozy en faisant le pari d’une politique économique débordant l’ancien président par la droite. Et en même temps, après des années de disettes, le  gouvernement a annoncé des revalorisations du traitement des fonctionnaires, cajolant une cible électorale importante et traditionnellement acquise au Parti Socialiste. Et la détermination à faire passer la loi Macron, en utilisant plusieurs fois le 49-3, permet de contrer l’argument selon lequel il serait un peu trop mou.

Etre le moins mauvais en 2017 ?

mercredi 22 juillet 2015

Ce que la Grèce dit du démontage de l’euro




Une possibilité largement sous-estimée

En fait, les raisons du choix de la Grèce sont complexes. Comme je l’ai détaillé il y a une semaine, on peut y voir des raisons psychologiques profondes, qui tiennent au rapport du pays à l’Europe, et à la proximité de la Turquie. Et il en fallait des raisons puissantes pour qu’une telle proportion de députés Syriza choisisse de soutenir un texte pourtant totalement contraire aux promesses de leur récente campagne électorale et qui était encore pire que le texte que les Grecs avaient rejeté il y a quelques jours. Cela doit nous amener à nous interroger sur les raisons qui font que des sociétés persistent autant dans l’erreur. Et il sera trop facile de seulement incriminer les médias (après tout, les citoyens savent voter contre eux) ou les mensonges du camp que nous dénonçons. Nous avons une part de responsabilité.

Car dans l’absolu, nous avons tous les ingrédients pour démonter leurs arguments. Le projet européen, tel qu’il est conçu aujourd’hui, est complètement en échec. Il ne produit ni puissance, ni croissance. Il affaiblit les démocraties, quand il ne les nie pas. Et la monnaie unique est critiquée par la majorité des économistes : pas moins de 9 « prix Nobel d’économie », de gauche comme de droite, ont dénoncé cette construction et bon nombre affirment que la solution serait la sortie de la Grèce, notamment Krugman et Stiglitz. Et toutes les études sur les fins d’union monétaire, fréquentes au 20ème siècle, démontrent que le démontage d’une monnaie unique est quelque chose de parfaitement connu, dont les troubles sont courts, et qui permettent aux pays ainsi libérés de retrouver rapidement la croissance.

Une idée qui en sort temporairement affaiblie

mardi 21 juillet 2015

L’effarante passivité de la majorité sur le drame des éleveurs




Communiquer au lieu d’agir

Ce chiffre illustre bien la dureté de la crise que traverse les éleveurs : le ministre de l’agriculture lui-même a reconnu que « 10% des exploitations d’élevage » sont menacées de dépôt de bilan, tant les prix sont bas, passés sous le coût de fabrication. Pour Stéphane Le Foll, « nous vivons une crise agricole très importante en France », insistant sur « l’urgence à traiter trois crises, bovine, porcine et laitière, (qui) se conjugent ». Le ministre s’est contenté de proposer de valoriser « le logo Viande de France, qui permet au consommateur d’être sûr de l’origine des produits. Alors, il sera prêt à payer un peu plus cher ». Qu’un ministre se contente de proposer de mettre un sticker en affirmant que cela devrait permettre de monter les prix pour régler une crise si grave démontre son caractère hautement superficiel.

François Hollande a poursuivi dans la même direction, en appelant à ce que les grandes surfaces achètent à un prix plus élevé et que les responsables de collectivités achètent Français. Mais le plus effarant est sans doute l’annonce d’un plan de 23 millions d’euros d’aides. 1000 euro d’aide pour chaque exploitation au bord du dépôt de bilan, cela fait quand même un peu court… En outre, il ne faut pas oublier que régulièrement, la Commission condamne la France pour ces aides d’urgence et impose aux agriculteurs de les rembourser ! Bref, difficile de ne pas voir ici une agitation totalement superficielle, qui ne règlera absolument pas les durs problèmes auxquels sont confrontés les éleveurs, comme bien des agriculteurs qui subissent les variations erratiques des prix des produits agricole sur les marchés.

L’abandon de nos agriculteurs

lundi 20 juillet 2015

L’euro, mélange de Kafka, Ponzi, Orwell et Ça

La crise de la zone euro, qui dure depuis tout de même plus de cinq ans, révèle tous les dysfonctionnements d’une construction monétaire qui n’aurait jamais du voir le jour, comme de nombreux économistes de renom l’annonçaient avant même sa création. Petit point d’étape.



Entre complexité et irresponsabilité

La crise Grecque a le triste mérite de montrer à quel point le mode de fonctionnement de la zone euro est ubuesque. Il y a une semaine, nous avons eu le énième sommet de sauvetage de la zone euro. Quelqu’un tient-il encore le compte ? La répétition de ces sommets d’urgence montre qu’ils ne sont pas décisifs et qu’ils ne règlent pas les problèmes qu’ils sont sensés régler, puisqu’il faut toujours convoquer un autre sommet d’urgence plus tard. Et comme le soutient Gabriel Colletis dans la Tribune, rien n’a été réglé lundi. Tôt ou tard, la crise reprendra, car ce plan, décalque des plans du passé qui ont échoué, échouera aussi. En outre, on voit que le mode de fonctionnement d’une monnaie unique pour plusieurs pays est extraordinairement complexe car tout accord est soumis à de nombreuses validations.

Et ce mode de fonctionnement est profondément déresponsabilisant. Car cette complexité permet à tous les interlocuteurs de faire peser sur les autres leurs erreurs. Personne n’étant entièrement responsable de son destin, cela favorise des comportements néfastes. Cela est particulièrement visible avec l’accord de lundi, où tous les interlocuteurs semblent surtout s’être achetés du temps en sacrifiant le long terme pour le court terme, créant un immense shéma de Ponzi où ils ont augmenté de 25% le montant de dettes de la Grèce alors qu’elle ne parvenait déjà pas rembourser ce qu’elle devait dans les conditions actuelles. Il est tout de même quelque chose d’effarant à adopter un plan que presque tout le monde juge irréaliste, y compris le FMI. Mais un relatif calme à court terme semble ne pas avoir de prix.

Refus d’une réalité horrible

dimanche 19 juillet 2015

Accord Grèce / zone euro : tous perdants !

Cette semaine, la Grèce et la zone euro ont donné vie à l’accord signé au petit matin lundi dernier : à Athènes, les parlementaires ont largement approuvé le train de mesures que devait prendre le pays et les parlements Français et Allemand ont accepté le nouveau plan. Pourtant, tout le monde sera perdant.



D’abord, encore les Grecs

C’est tout le problème de cette crise. Même si les explications psychologisantes peuvent avoir des limites, il est difficile de ne pas en déceler les ressorts ici. La Grèce semble être prise du syndrome de Stockholm, l’otage qui finit par prendre fait et cause pour son preneur d’otage, même si ce dernier la torture d’une manière certes pernicieuse, mais bien réelle, en utilisant à fond la carte de la culpabilisation (les Allemands ou les pauvres Slovaques n’auraient pas à payer pour les retraités Grecs). Bien sûr, dans un premier temps, les Grecs devraient retrouver l’usage de leurs banques, demain. Et les vents de la conjoncture mondiale pourraient être un peu plus porteurs, une fois digérés les six mois d’incertitude liés aux négociations entre la Grèce et ses partenaires, qui ont pesé sur la croissance.

Mais sur le fond, le nouveau plan, qui sort du même tonneau que les nombreux autres plans d’austérité des années passées, aura le même effet. Passer d’un budget à l’équilibre primaire (avant paiement des intérêts) à 3,5% d’excédent va peser sur la croissance. Selon les analyses du FMI, ce nouvel effort de la Grèce, qui est le pays qui a procédé à l’ajustement le plus brutal de l’UE depuis 2010, avec le Portugal, devrait coûter au pays entre 3 et 6 points de PIB, soit une contraction qui pourrait atteindre 30% depuis le début, et pire encore, un alourdissement du poids de la dette par rapport à un PIB de plus de 10 points. Bref, d’ici trois ans, on peut estimer que la dette de la Grèce tournera autour de 230% du PIB, contre environ 180% aujourd’hui. L’appauvrissement du pays n’est pas prêt de s’arrêter.

A terme, l’UE, l’Allemagne et les autres

samedi 18 juillet 2015

Les non-dits du débat sur la restructuration de la dette Grecque

C’est un débat malheureusement un peu technique. Après la prise de parole du FMI, tout le monde semble s’accorder sur la nécessité d’une restructuration. Mais ce terme cache des réalités totalement différentes, aux conséquences également totalement différentes. Petit éclairage.



Réduction pure et simple ou reprofilage ?

Il n’échappe plus à grand monde qu’un pays qui n’arrive pas à rembourser plus de 300 milliards d’euros de dettes, soit près de 180% de son PIB, devrait théoriquement avoir du mal à rembourser les 80 de plus du nouveau plan européen… Même Le Monde a signalé le paradoxe. Le FMI a attendu quelques heures après l’annonce du plan pour rappeler que la situation de la Grèce n’était pas tenable et qu’il fallait restructurer la dette du pays, pour l’instant juste une vague promesse dans l’accord qu’a signé Tsipras. Mais il y a façon et façon de restructurer la dette d’un pays, comme le montrent les précédentes expériences d’Athènes depuis 2010, entre la décote sèche (qui peut refléter les attentes des marchés) ou la restructuration plus sophistiquée, à base d’allongement des échéances et baisse des taux.

Il faut noter que depuis le début de la semaine, toutes les parties-prenantes semblent prendre fait et cause pour la seconde option. Logiquement, l’Allemagne semble peu favorable à la première option, qui reviendrait à reconnaître des pertes qu’Angela Merkel avait promises d’éviter. Et Christine Lagarde, la patronne du FMI, interviewée hier sur Europe 1, a également clairement indiqué qu’elle préférait cette option, sachant que les derniers plans ont déjà largement eu recours à cette ficelle, repoussant certains remboursement au delà de trente ans ! Enfin, il faut noter que même si les taux payés par la Grèce ont été abaissés, le MES semble faire un bénéfice puisqu’il emprunte à des taux plus bas que ceux auxquels il prête à la Grèce, des sommes dont certaines ont été ensuite rétrocédées à Athènes.

Des conséquences très différentes

Pourquoi Syriza a été amené à la capitulation (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus



Ce qui ressemble à une capitulation en rase campagne de Syriza devant l’eurocratie ne lasse pas d’étonner. D’autant plus qu’après le référendum du 5 juillet 2015 lors duquel le peuple grec lui avait apporté un très large soutien, Alexis Tsipras paraissait en position de force.

Une hypothèse peut toutefois être formulée autour du discours réalisé par Yanis Varoufakis à l’Eurogroupe le 18 juin dernier. Contrairement aux usages en vigueur mais en plein respect des traités[i], l’ancien ministre des finances grec a bien voulu en rendre le contenu public[ii]. Or, un passage est particulièrement éloquent :

« Même si certains, influencés par des rumeurs selon lesquelles un Grexit ne serait pas si dramatique ou que cela pourrait même être bénéfique au reste de la zone euro, se sont résignés à un tel évènement, c’est un évènement qui libérerait des forces destructrices que plus personne ne pourrait contrôler ».

vendredi 17 juillet 2015

L’euro-sado-masochisme vain de la Grèce

Mercredi, 229 députés ont soutenu les dures et humiliantes mesures de lundi, 64 seulement s’y opposant. Il est assez désespérant de voir les premières victimes des plans de la troïka continuer dans cette impasse, même si on peut le comprendre. Pourtant, si l’issue tarde, elle n’en est pas moins inéluctable.



Un court et douloureux répit

Outre tous les facteurs psychologiques qui jouent sans doute une part négligée dans les choix des dirigeants Grecs, il ne faut pas oublier le rôle joué par le nœud coulant européen placé sur le système financier Grec, bien décrypté par Romaric Godin. La fermeture des banques et les limitations des retraits, conséquence des fuites de capitaux et des limites mises par la BCE au financement des banques Grecques, a sans doué créé une angoisse dans la population du pays et de ses dirigeants, les poussant encore à préférer la capitulation pour revenir à une situation plus normale. Pourtant, comme même Le Monde finit par le souligner, les prêts nouveaux obtenus serviront essentiellement à rembourser les anciens prêts, démontrant que ces plans ont pour premier but de sauver les créanciers, et non la Grèce.

En fait, la situation devrait revenir à la normale, car, comme le souligne encore le Monde, bien étonnament taquin sur le sujet, ce plan d’austérité sera le 8ème depuis 2009 ! En bref, les Grecs ont vu d’autres hausses d’impôt ou coupes dans les pensions et dépenses publiques, ou même la tutelle de la troïka, qui n’est que restaurée, même si ici, la mise en place de la camisole budgétaire la rendra encore plus mordante. Donc, même si ce ne sera pas riant, et si la récession risque de revenir, la situation ne sera pas nouvelle, ce qui est sans doute plus rassurant qu’une sortie de la zone euro, d’autant plus qu’il ne semble pas que les études sur les nombreux rassurants précédents du passé aient atteint le débat public du pays et que les premiers mois de la sortie seraient plus remuants que le maintien.

Une issue toujours inévitable

jeudi 16 juillet 2015

Mais pourquoi la Grèce accepte encore une tutelle aussi brutale ?

Même si, à l’heure où j’écris ces lignes, une incertitude subsiste avant le vote du parlement, l’acceptation par Alexis Tsipras de l’accord de lundi amène à se demander pourquoi les Grecs peuvent donc bien accepter un tel plan, humiliant, inhumain et contraire aux deux derniers votes des citoyens.



Une double explication

Après tout, le plan auquel sont arrivés les dirigeants de la zone euro semble totalement aberrant. Il reprend très largement la logique des plans honnis, destructeurs et inefficaces du passé. Et outre le FMI, bien des économistes en dénoncent la logique. La raison pour laquelle Alexis Tsipras l’a accepté est simple : le refus de sortir de l’euro, alors que cela ne semblait pas poser de problème au camp adverse. Dès lors, le nouveau gouvernement jouait forcément perdant dans cette négociation. D’où l’aberration d’accepter un plan dont il sait pertinemment qu’il n’est pas tenable, tout cela parce qu’il craignait plus encore de sortir de l’euro, ce qui semble effarant tellement le pays a souffert depuis cinq ans et alors que tous les économistes qui ont étudié les fins d’union monétaire montrent que cela n’est pas compliqué.

Il faut dire que les choses ne sont pas uniquement du ressort du rationnel ici. Deux éléments fondamentaux semblent rentrer en compte pour les Grecs. D’abord, pendant une trentaine d’années, l’Europe a apporté des fonds et accompagné le pays dans son développement et la transition démocratique, d’où un préjugé sans doute extraordinairement favorable pour tout ce qui vient de Bruxelles. En outre, la Grèce est un petit pays qui fait face à un puissant voisin, bien plus grand et peuplé, la Turquie, avec lequel il a été en guerre à Chypre. D’où, outre un fort budget militaire, une probable nette préférence pour faire pleinement partie du premier cercle du club européen pour ne pas se sentir seul face à ce grand pays qui continue sans doute à inquiéter, d’autant plus que le régime en place est plus assertif.

Une capitulation prévisible

mercredi 15 juillet 2015

Grèce : les créanciers se sont sauvés eux-mêmes

L’incroyable plan des dirigeants de la zone euro est souvent présenté comme permettant de sauver la Grèce et la zone euro. Et c’est bien plus cette dernière qui a été sauvée, et notamment les créanciers, qui se sont sauvés eux-mêmes avec un plan aussi illusoire, court-termiste, irresponsable qu’inhumain.



La troïka sauve… la troïka

Déjà, en 2010, le premier plan de sauvetage était bien plus destiné aux banques françaises et allemandes qu’aux pauvres Grecs. Bien sûr, certains noteront que les banques ont accepté de voir leurs créances à la baisse. Mais il est bien évident qu’en cas de défaut non accompagné de la Grèce avec une sortie de l’euro, l’addition aurait sans doute été bien plus lourde pour les banques. En revanche, difficile de soutenir que ces plans ont aidé d’une quelconque manière les Grecs, tant la facture a été lourde pour eux, bien plus que les créanciers d’alors ne les menaçaient s'ils sortaient de l’euroIdem pour le plan de 2012, un moyen pour la troïka d’éviter un défaut qu’elle n’aurait pas organisé, et donc probablement bien plus sévère que celui qu’elle s’est auto-infligée, au prix d’une saignée de la Grèce.

Trois ans après, ce nouveau plan permet surtout à la troïka d’éviter de reconnaître la moindre perte sur les prêts faits à la Grèce. Ainsi, Athènes va pouvoir régler le FMI, puis la BCE, et devrait pouvoir, dans les trois prochaines années, honorer les échéances prévues. Angela Merkel, qui avait promis que les Allemands ne perdraient pas d’argent, préserve ainsi sa promesse faite aux électeurs allemands. D’où la volonté pourtant a priori totalement ubuesque, de rajouter 80 milliards de dette à la Grèce, alors même qu’elle n’arrivait plus à payer ses plus de 300 milliards de dettes ! Il est d’ailleurs étonnant que cela ne soit pas davantage noté, tellement cela montre les limites de l’accord de la zone euro de lundi.

Un accord irresponsable et inhumain


En finir avec les lieux communs sur la crise grecque (en vérité de l’euro) (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus.



Ces derniers jours encore plus que les précédents (et peut-être moins que ceux qui arrivent), que n’a-t-on entendu de sottises dans les différents canaux médiatiques, tant de par les politiciens bien souvent idéologisés (mais pas toujours : l’idéologie sait être un paravent bien utile) que de par quelques (pseudos) journalistes laissant leur sens de l’analyse et de la critique à peu près au même niveau qu’une Marie-Antoinette prescrivant la brioche comme placebo à la faim du petit peuple.

Nonobstant ce qui semble bien être une capitulation en rase campagne[i] d’Alexis Tsipras face à la tyrannie eurocratique personnalisée par les Juncker, Schultz, Monti , Schäuble et autres Dijsselbloem, le présent billet a donc pour objet de tordre le cou à ces quelques canards boiteux qui hantent rédactions, ministères et « institutions » et dont l’équipement cérébral est de qualité proportionnellement inverse aux décibels émanant de leurs frustres gosiers.

1/ « Les Grecs sont des fainéants qui ne payent pas d’impôts ».