mardi 30 septembre 2014

Un pouvoir qui s’enfonce… Petit historique des présidents en difficulté (billet invité)


Billet invité du Blog Actualité

Bonjour à tous !

Sortons un peu de notre léthargie. La rentrée politique a eu lieu et elle ne fut pas de tout repos pour nos dirigeants politiques. Et pour la République aussi j’ai envie de dire. Seulement 13 pour cent des français ont confiance en François Hollande au point de vouloir le voir se représenter en 2017 et Manuel Valls et son gouvernement n’ont convaincu que 269 députés au vote de confiance hier. Le chef du gouvernement est à peine à 30 pour cent de confiance dans les sondages.


Avec ces chiffres éloquents mais peu glorieux, ce sont les fonctions même de l’exécutif de notre Vème République qui tremblent sur leurs bases. Or rappelons que la Vème République est justement censée reposer sur un exécutif fort. Comment un président de la République élu peu à ce point être remis en question ?

L’objectif de cet article n’est pas de critique le président, ni de le défendre. Il est de se demander si dans notre république vieille de 55 ans la situation s’est déjà présentée ? Poser la question c’est déjà y répondre me rétorquez-vous et c’est très juste. Néanmoins, on ne peut pas dire qu’aucun président n’a été épargné par des difficultés ou par une certaine impopularité. Voyons donc comment cela s’est passé pour les prédécesseurs de François Hollande et comment ils ont réussi (ou non) à s’en sortir…

Charles de Gaulle

lundi 29 septembre 2014

L’assouplissement quantitatif : la drogue des dirigeants du monde





Une nécessité mal utilisée

Les chiffres de The Economist sont parlants. La banque centrale britannique a triplé la taille de son bilan en quelques semaines fin 2008, quand la Fed l’a multiplié par 2,5. La BCE, comme toujours, a été la plus timide et aujourd’hui, alors que les deux banques centrales anglo-saxonnes ont vu leur bilan multiplié par 5 en 6 ans, la banque centrale européenne est repassée sous le cap des 2. Il est difficile de ne pas y voir une raison du décalage économique entre ces deux mondes. Le flot de liquidités soutient l’activité économique de plusieurs manières. En rachetant les bons du Trésor, la banque centrale modère ou supprime carrément la pression des marchés sur la dette publique, allégeant les politiques d’austérité. Et plus globalement, elles permettent de maintenir des taux d’intérêt à un faible niveau.

Cependant, les politiques d’assouplissement quantitatif ne sont qu’un outil (certes très puissant), parmi d’autres et elles ne corrigent pas toutes les carences du système économique actuel. En effet, si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont davantage de croissance que la zone euro (et donc un niveau de chômage plus faible), tout ne va pas bien à Londres et Washington. Elles ne font rien pour réduire les inégalités, qu’elles contribuent au contraire à accroître du fait de la bulle financière et immobilière qu’elles nourrissent et dont profitent de manière disproportionnée les plus riches, comme le montrent toutes les études sur les évolutions de revenus aux Etats-Unis depuis la crise. Pire, toute bulle a toujours vocation à exploser, ce qui signifie que nous finirons tôt ou tard par en payer les pots cassés.

Une drogue monétaire ?

dimanche 28 septembre 2014

Nicolas Sarkozy ou l'anti Charles de Gaulle (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.


Le candidat de l’UMP aime à se présenter comme l’héritier du gaullisme. Si cela l’amuse. Mais ce qui est surprenant c’est, qu’en dépit des faits, un nombre important de militants du parti présidentiel semble y croire, reniant sans même s’en rendre compte ce qui fut un temps, au moins en apparence, le socle des convictions de l’ancien RPR. Pourtant n’importe quel raisonnement un temps soit peu argumenté suffit à constater qu’entre le sarkozysme et le gaullisme il existe un gouffre.

samedi 27 septembre 2014

François Hollande ou l’instature présidentielle (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.


A l’occasion de sa dernière conférence de presse, le Président de la République a cru bon de revenir sur sa piteuse prestation de l’Ile de Sein d’août dernier. Une intervention qui en dit long sur l’incapacité du chef de l’Etat à comprendre les tenants et les aboutissants de son rôle, à percevoir les exigences de la stature présidentielle. François Hollande estime donc  « qu'être président de la République, dans ces circonstances, cela consistait justement à être sous les intempéries, à être avec les Français, à être avec ceux qui étaient là ». Or, c’est justement tout ce qu’on peut lui reprocher. Nul, ou presque, n’attend de lui qu’il partage la situation des Français, mais, justement, qu’il change cette situation. Ce à quoi il a clairement renoncé. Le Président de la République « ne peux pas supprimer la pluie ». Certes. Mais le problème est qu’il agit de même avec le chômage, la dégradation de la situation économique et politique de notre pays, l’éducation des jeunes Français, la place de la France dans le monde, notre industrie, notre avenir, notre souveraineté. En fait, avec tout ce qui devrait fonder son rôle. François Hollande est le président du renoncement.

vendredi 26 septembre 2014

Le Monde contre le FN sur l’euro : zéro partout !

C’est à croire que tous les mois ou presque, le quotidien de référence se croit assignée la mission de disqualifier l’idée de démontage de la monnaie unique européenne, portée. Mais en pointant les faiblesses de l’argumentation du FN, il en oublie de présenter un raisonnement rigoureux.

 
Le Pen : la meilleure ennemie de l’euro

Les décodeurs du Monde pointent en effet les atermoiements et les réponses changeantes du FN sur la question du remboursement des dettes. Ils notent que pour la campagne présidentielle, Marine Le Pen avançait que la sortie de la monnaie unique européenne et la dévaluation de 25% du nouveau franc nous coûterait 107 milliards (il me semble plutôt qu’il s’agissait de deux fois plus qui  était alors évoqué), du fait que deux tiers de notre dette est possédée à l’étranger. Mais depuis fin 2013, avec l’étude de Jacques Sapir et Philippe Murer, le FN soutient que 94% de notre dette est de droit français ce qui nous protégerait en vertu de la lex monetae. Les décodeurs attaquent sur l’incertitude juridique qui existerait ainsi que sur le sort des dettes privées.

Ce faisant, on pourrait même ajouter que Marine Le Pen a flirté avec l’idée de rétablir l’étalon or.  Déjà, j’avais moi aussi trouvé proprement effarant la légèreté de Marine Le Pen qui osait présenter un plan qui alourdissait notre endettement de plus de 100 milliards. Et quel manque de professionnalisme et de crédibilité de revenir plus tard en disant que finalement, l’addition sera beaucoup plus légère ! Pourtant, dès février 2012, j’avais déniché, dans l’étude de Jonathan Tepper que c’est la nationalité du droit qui compte. En outre, il est totalement absurde de penser que le nouveau franc serait dévalué de 25% par rapport à l’euro, comme toutes les études l’indiquent. Bref, il règne un grand amateurisme au FN sur la préparation de cet élément clé de leur programme.

Décoder les décodeurs du Monde


jeudi 25 septembre 2014

Le Medef, vautour du néolibéralisme


Les propositions du patronat sur l’emploi sont enfin sorties. Initialement programmées pour les universités d’été d’août, puis mi-septembre, les évènements politiques et le souci de ne pas prendre la majorité de front ont poussé Pierre Gattaz a temporisé, sur la forme, mais pas le fond.



Laisser faire et moins disant

Comme le note bien le Monde, « au final, malgré les reports de présentation, le document sur le fond n’a connu que des changements mineurs ». Et même si Pierre Gattaz a tenu à faire préciser sur le compte Twitter du Medef que « nous ne remettons en cause ni le SMIC ni les 35 Heures », la réalité est toute autre. En effet, le Medef propose de donner la liberté aux entreprises de fixer le temps de travail, en accord avec les syndicats, sans dépasser néanmoins 48 heures par semaine, Pierre Gattaz ayant précisé qu’il ne voulait pas revenir à l’âge de pierre… Juste au 19ème siècle ? Car malgré tout, cela pourrait représenter plus de 30% de temps de travail supplémentaire, et il n’est pas totalement évident que dans leur esprit les salaires seraient ajustés de manière totalement proportionnelle.

En outre, si le Medef ne demande pas une baisse du SMIC, il propose que l’Etat en prenne une partie à sa charge pour les chômeurs de longue durée et insiste encore sur la compétitivité, le mot au nom duquel on casse les salaires partout, y compris chez Air France. Suivent une multitude d’idées très néolibérales : suppression de deux jours fériés, facilitation du travail du dimanche, assouplissement du droit du travail, remise en cause de l’ISF, alors que les inégalités de patrimoine ne cessent d’augmenter. Bref, rien de nouveau sous le soleil: toujours plus de laisser faire, moins d’Etat et de règles et course au moins disant dans tous les domaines. Dommage qu’on ne lui fasse pas suffisamment remarquer que cela est exactement le chemin que l’on prend depuis 30 ans, avec le succès que l’on sait.

Surfer sur la vague néolibérale

mercredi 24 septembre 2014

Quelles leçons tirer du référendum en Ecosse ?


Il y a six jours, les Ecossais se prononçaient majoritairement pour le maintien au sein du Royaume Uni. Mais cette bataille gagnée par les unionistes ne doit pas faire oublier qu’il ne s’agissait que d’une bataille et qu’il y en aura sans doute bien d’autres, en Espagne, en Belgique… Qu’en penser ?


Du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes

Il est évident que, comme gaulliste, j’accorde le plus grand respect à la démocratie et au verdict des urnes, quel qu’il soit. En outre, le Général de Gaulle a défendu toute sa vie le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, fussent-ils des anciennes colonies françaises. Tout ceci devrait peut-être pousser à une certaine sympathie pour ce réveil du peuple écossais qui souhaiterait s’émanciper de la tutelle de Londres, d’autant plus qu’il semble porteur d’un projet de société plus progressiste et donc davantage en ligne avec les idéaux gaullistes, selon ma grille de lecture. Tout d’abord, il faut rappeler ici que ce qui s’est passé en Ecosse est une affaire intérieure britannique et que je rejette tout interventionnisme.

Mais, même s’il est bien évident que je rejette toute remise en question, même minime, de la souveraineté populaire, je n’ai pas pu cacher un certain manque de sympathie pour cette éventuelle sécession.  Il est bien évident que si la majorité de la population écossaise avait souhaité prendre son congé du Royaume Uni, il fallait l’accepter, à défaut de s’en réjouir. Mais ce n’est pas parce que l’on respecte la souveraineté populaire et la démocratie que l’on ne peut pas se poser des questions sur cette vague sécessionniste qui point en Europe et qui menace Madrid et Bruxelles, outre Londres et qui semble aller avec une certaine idée de l’Europe. Même si je crois qu’il faut partir du principe que la démocratie a toujours raison, cela n’exclut pas de s’interroger sur les raisons et les conséquences de ces mouvements.

Une aspiration libérale-libertaire ?

mardi 23 septembre 2014

Sarkozy, Juppé, Fillon : faute d’idées, l’UMP surfe sur la vague néolibérale


La déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP a clarifié le paysage politique au sein de l’ancienne majorité. Si on peut encore se poser des questions sur celui qui représentera le parti, en revanche, peu de doutes subsistent sur la tonalité du programme économique.



Trois nuances de néolibéralisme

Dimanche soir, il était difficile de déceler la moindre ébauche d’idée programmatique de la part de Nicolas Sarkozy, dont l’histoire concoctée par ses communiquants semble avoir fait l’impasse complète sur toute trace de programme. A minima, il présente l’Allemagne comme un modèle, son horizon ne semblant pas dépasser l’équilibre du budget et la baisse du prix du travail… Alain Juppé s’exprimait dimanche matin sur Europe 1 et a commencé à esquisser quelques débuts d’idées : baisse de la dépense publique, amélioration de la compétitivité, fin des 35 heures, simplification administrative. Il a même fait l’effort de tracer les grandes lignes de son futur programme sur son blog dimanche.

Ce faisant, les deux favoris des sondages ne font qu’emboiter le pas à Jean-François Copé, qui s’était déjà distingué, quand il était président de l’UMP par des propositions très droitières ou même François Fillon, qui s’était fait remarqué en juin par un brûlot néolibéral où il faisait feu de tout flamme : fin des 35 heures et même de la durée légale du travail, 39 heures pour les fonctionnaires, retraite à 65 ans, suppression d’un jour férié, flexibilisation du droit du travail et facilitation des licenciements économiques. Mais si toute la population ou presque voyait la facture s’allonger, certains la voyaient se réduire, notamment les plus riches, qui profiteraient de la fin de l’ISF ou de la taxe à 75%.

Une facilité, qui est une impasse

lundi 22 septembre 2014

Sarkozy : le retour du communiquant affairiste dans sa bulle


En mars 2012, le président sortant promettait qu’il se retirerait de la politique s’il perdait la présidentielle. Un mensonge de plus pour celui qui semble devoir être le candidat de l’UMP en 2017, et qui s’est livré à une grande opération de communication hier soir avec la complicité de Laurent Delahousse.



Service public de… république bananière

France 2 a fait un beau coup en obtenant la première interview de l’ancien président de la République pour son retour sur la scène publique. Il est évident que les audiences seront bonnes. Mais malheureusement, la déontologie n’en sort pas grandie, Laurent Delahousse ayant davantage joué le rôle de faire-valoir plutôt que celui du journaliste faisant son travail. Certes, quand il a eu le culot d’évoquer les 500 000 chômeurs de plus depuis 2012, il a tout de même rappelé qu’il y en avait eu 750 000 de plus sous son mandat, mais l’ancien président a pu s’abriter derrière la crise de 2008. Et il a laissé passer l’attaque culottée sur le pouvoir d’achat, qui était sa promesse de 2007, pas mieux tenue alors. Enfin, en bon petit soldat du néolibéralisme, il a demandé s’il fallait une « thérapie de choc » : le Medef le remercie…

Il a évoqué les affaires certes, mais il lui a aussi demandé s’il était toujours sur écoute, ce qui a permis à l’ancien président de jouer la victime. Et quand il s’est plaint du non remboursement de sa campagne malgré le soutien de 18 millions de Français, il ne lui a pas rappelé que cela était la conséquence du dépassement du seuil légal de dépenses. Et il a aussi laissé passer l’argument selon lequel s’il était inquiété par les affaires, il ne reviendrait pas à la politique, alors qu’il pouvait lui répliquer en lui disant qu’il n’était peut-être pas inintéressé par l’immunité que confère la présidence. Bref, Delahousse a été complaisant, laissant même passer son ignorance du nom de Bygmalion sans le relancer sur le montant de ses dépenses de campagne. Et je ne parle pas des récents développements de l’affaire Tapie…

Opération communication

dimanche 21 septembre 2014

Hollande nous raconte des histoires


Jeudi, François Hollande a fait sa quatrième conférence de presse du quinquennat, alors que nous approchons de la moitié de son mandat. Que retenir de ce long exercice de style, qui complète le très riche dispositif de communication du président depuis la rentrée politique ?



La fin du président normal

Il semble décidemment bien loin le temps où le candidat François Hollande promettait d’être un « président normal », un concept qui renvoyait aux innombrables aspects anormaux du président sortant. Mais la dureté des temps, l’atonie économique, un chômage en hausse, un pouvoir d’achat en baisse, une impopularité qui bat des records ont poussé le président de la République a changé de ton. Il a de facto dit que sa fonction n’est pas normale et donné à cette conférence de presse une dimension cérémoniale assez contradictoire avec sa promesse d’être un président normal. Dans l’adversité, il trouve du réconfort dans les ors et le cérémonial de la Cinquième République, comme d’autres avant lui.

Devant son échec économique patent, comme beaucoup d’autres présidents de la République en difficulté sur cette question, François Hollande a décidé de mettre l’accent sur les questions internationales, qui lui donnent un statut plus présidentiel et une dimension de chef, deux dimensions sans doute importantes alors que Nicolas Sarkozy vient d’annoncer son retour. L’intervention militaire en Irak lui permet de parler comme chef des armées, un rôle définitivement pas normal, qui doit combattre l’idée qu’il ne serait pas à la hauteur de sa fonction. Nous avons également eu droit à un couplet un peu facile en réalité sur l’Ebola, contre lequel « la France doit là aussi prendre ses responsabilités ».

C’est pas sa faute à lui

samedi 20 septembre 2014

Pour l’OCDE, les professeurs ne sont pas assez payés en France





Des professeurs payés au lance pierre

En outre, l’OCDE n’est pas une organisation particulièrement favorable aux fonctionnaires, donc son constat est d’autant plus intéressant. Le niveau de salaires des professeurs en France, quel que soit le niveau, ressort sous la moyenne de l’organisation : 17% inférieur à la moyenne pour les professeurs des écoles, 3% pour les professeurs de collèges et 2% pour les professeurs de lycée. Mais surtout, la moyenne de l’OCDE est trompeuse car elle recouvre des pays au niveau de développement et de richesse assez différent. Aussi, il est plus intéressant de comparer le niveau de rémunération des professeurs en France avec celui de leurs homologues en Allemagne ou en Grande-Bretagne.

Et là, les résultats sont stupéfiants. Quand un professeur du primaire gagne 31 163 euros en moyenne tout compris, son collègue britannique ressort à 38 654 euros et son collègue allemand, à 52 417 euros, doit plus de 60% de plus ! De même, au collège, les rémunérations passent à 37 130, 42 576 et 57 647 euros respectivement. L’écart persiste au lycée, même s’il continue à légèrement se réduire, avec 40 675, 42 576 et 62 793 euros respectivement. Si on peut argumenter que l’Allemagne profite d’une plus faible démographie pour mieux rémunérer un nombre de professeurs moins important proportionnellement, cet argument ne tient pas pour la Grande-Bretagne.

L’abandon de l’éducation nationale

vendredi 19 septembre 2014

La critique révélatrice du Monde contre la grève des pilotes d'Air France


Bien sûr, il sera difficile de faire pleurer sur le sort des pilotes d'Air France, mais le papier du Monde « La grèves des pilotes d'Air France ne se justifie pas », par son caractère sans nuance et même assez biaisé, en dit long sur l'état d'esprit qui règne dans ce quotidien et sur l'évolution récente du débat public.



Une présentation biaisée du débat

Pour le Monde, la messe est dite : les pilotes d'Air France voleraient 20 à 25% de moins que ceux de British Airways ou Lufthansa et leurs salaires seraient 40% plus élevés que ceux de Transavia, la filiale bas coûts d'Air France. Pour un peu, il appelerait à tailler dans le gras... Sauf que, contrairement à de nombreux papiers publiés dans la rubrique souvent intéressante des Décodeurs, la présentation des faits est un peu courte. Un papier du Nouvel Observateur, que l'on n'imagine pas spécialement favorable aux pilotes d'Air France, explique que le niveau des salaires n'est pas si éloigné et que l'écart sur la moyenne vient du fait que les pilotes d'Air France sont beaucoup plus expérimentés.

En outre, l'argumentation du Monde est assez limite : il n'est pas compliqué pour une compagnie de créer une petite filiale à bas coûts qui paie ses salariés moins pour dire ensuite aux autres qu'il faut baisser leur salaire ! Et même s'il est évident que les pilotes d'Air France gagnent plus que 98% de la population, on peut se demander s'il ne s'agit pas d'une des professions qui mérite le plus une forte rémunération étant donné leurs responsabilités, la vie de leurs passagers, et que la formation pour devenir pilote est, heureusement, très dure et complète. Et, plus que le niveau absolu, il serait intéressant de mesurer l'évolution des salaires depuis 30 ans, qui n'a sans doute rien à voir avec ce qui s'est passé dans le monde de la finance ou du sport professionnel, qui ne me semblent pas mériter davantage que les pilotes...

Une course vers le moins disant qui ne peut être arrêtée ?

jeudi 18 septembre 2014

Une Ecosse indépendante : le rêve à peine caché des eurocrates





Des citoyens réduits à des porte-monnaies

Bien sûr, l’Ecosse est une vieille nation, qui a son identité, ce qu’il ne faut pas négliger. Bien sûr aussi, elle a une sensibilité politique bien distincte du reste du pays, sensiblement plus à gauche et attachée à l’Etat. De manière plus anecdotique, l’Ecosse a toujours une équipe de football et de rugby, un vecteur de fierté et d’attachement national peu commun à l’échelle du monde pour ce qui n’est pas un pays à date. Malgré tout, il ne faut pas négliger également que l’Ecosse fait partie du Royaume Uni depuis trois siècles. Du coup, l’histoire des écossais s’est largement confondue depuis avec celles des britanniques, que ce soit la constitution puis la décomposition de l’Empire, ou de nombreuses guerres.

La campagne du référendum fait penser à un divorce où le couple qui se sépare, après une longue vie commune, ne penserait qu’aux aspects matériels, en oubliant complètement ses enfants. La campagne s’est centrée sur le pétrôle de la Mer du Nord, sur la monnaie que pourrait utiliser les Ecossais s’ils quittaient le Royaume Uni, en semblant complètement oublier qu’il y a des choses plus profondes qui lient désormais les Ecossais au reste des Britanniques (même si je ne peux pas leur dénier le choix de partir), trois siècles d’histoire commune, de mêmes dirigeants politiques (y compris l’ancien Premier Ministre, Gordon Brown, qui venait d’Ecosse). Comment ne pas regretter un tel divorce s’il avait lieu ?

L’agenda des eurocrates ?

mercredi 17 septembre 2014

Valls, l'équilibriste qui marche sur un fil qui mène vers le vide


Hier, le Premier Ministre a prononcé un nouveau discours de politique générale et a obtenu le soutien de 269 députés. Même si le fond reste le même, sur la forme, Manuel Valls modère un peu son enthousiasme eurolibéral, sans doute un hommage à la synthèse chère à son chef…



Quelques gages donnés à son aile gauche

Le discours d’hier aurait sans aucun doute pu être écrit ou dit par François Hollande, tant il représente son goût de la synthèse avec le maintien sans nuance du cap politique qui consiste à tout miser sur une illusoire baisse du prix du travail de 40 milliards, tout en donnant quelques gages à l’aile gauche du PS, qui doit aussi avaler la réduction des déficits publics, le blocage du SMIC et d’autres mesures antisociales. Manuel Valls a ainsi procédé à quelques annonces destinées à tempérer les ardeurs sécessionnistes des frondeurs. Après avoir baissé les impôts de 4 millions de ménages en 2014, 6 millions en profiteront en 2015. Le minimum vieillesse est revalorisé de… 1% et les 35 heures sont sanctifiées.

Encore mieux, après avoir été applaudi debout aux universités d’été du Medef, il lui a envoyé une mise en garde contre la « provocation » et la « surenchère ». Bourde de Pierre Gattaz qui, suite aux déclarations d’amour d’août s’est laissé emporter par son enthousiasme naissant, ou chorégraphie qui arrange l’un et l’autre ? Enfin, il a soutenu que « la France décidait elle seule de ce qu’elle devrait faire » en matière de budget, une contradiction totale avec le TSCG, cette camisole budgétaire signée en début de mandat. Bref, nous sommes dans la situation paradoxale où, alors qu’il donne quelques petits gages à son aile gauche, celle-ci s’abstient lors du vote de confiance au gouvernement.

Le néolibéralisme, version gauche

Médias : ces assistés qui s’ignorent (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.

La presse grand public sonne en cœur, ou presque, pour lutter contre la dépense publique et l’assistanat. On retrouve ainsi ci-dessous un florilège de ces unes les plus tapageuses :


La presse dite « de gauche », si elle procède, sur ce sujet, moins par unes tapageuses, n’est pas un reste. Le Monde (15/10/2011) s’interroge ainsi : « La France est-elle un pays d’assisté ? », la tournure de la question laissant sous-entendre la réponse. Le 5 avril dernier, il en appelait encore à lutter contre la dette publique. Dans Les Inrockuptibles (16 novembre 2011), Serge July plaide pour une rigueur « de gauche »[i]. Vincent Giret lui emboîte le pas dans les colonnes de Libération le 6 décembre 2011[ii]. L’inénarrable Christophe Barbier espérait (L’Express, 04/11/2011) un « bon président » qui prendrait des « mesures précises, douloureuses et efficaces » pour « ne plus attendre de l’ « Etat Mama » les soins et les consolations ». On n’oubliera pas, bien sûr, l’inévitable, Alain Minc, présent à tour de rôle dans à peu près tous les médias : « Je crois qu’on est désormais dans un nouveau paradigme qui est le suivant : la vertu budgétaire crée la confiance, la confiance crée la consommation et l’investissement. La consommation et l’investissement créent la croissance. Aujourd’hui, le paradigme c’est : “Vertu budgétaire, confiance, croissance”. Et donc, de ce point de vue, les gestes faits pour établir la confiance vis-à-vis des marchés sont le meilleur encouragement à la croissance, bien plus que ne l’était autrefois quelques milliards dépensés »[iii]. Nicolas Baverez, incontournable au Point, mais précédemment à l’Express, pousse, lui, le bouchon encore plus loin : « Autant il est apprécié pour aller dans le Luberon, autant, pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par les études »[iv].
Bien évidemment, ces éditocrates ne relèvent que rarement parmi tous ces « assistés » qu’ils vilipendent à loisir, la moitié d’entre eux, par exemple, ne réclame pas le RSA quand ils y sont éligibles[v].

mardi 16 septembre 2014

Hollande et Valls pris au piège de l'eurolibéralisme



Un piège politique

Il faut être clair : François Hollande a toujours été eurolibéral. Qu'espérer d'autre que d'un fils politiques de Jacques Delors (dont il a géré le club politique Témoins) et de Lionel Jospin ? Et depuis le début de l'année, il a décidé d'ajuster son discours pour assumer dans la forme ce qu'il faisait sur le fond, tout en allant plus loin encore dans cette logique, comme l'illustre le Pacte de Responsabilité, un CICE plus important, reposant sur la même logique que la baisse du prix du travail serait l'issue pour notre pays. D’abord, malgré la persistance de sondages désastreux, du fait de la faiblesse de l'UMP et du FN, j'ai cru que cette stratégie pouvait peut-être marcher. Après tout, dans une logique politique linéaire, cela permet au PS d'occuper un large spectre politique, avec l'alliance tacite de son aile gauche.

Déjà, cette manoeuvre est mise à mal par les sondages désastreux, mais aussi par le rejet grandissant du clivage gauche-droite traditionnel. Mais l'évolution du climat politique questionne la stratégie du couple exécutif. En effet, en mettant un coup de barre à droite, loin d'occuper un large spectre de l'opinion publique et de coincer l'UMP dans un corner politique trop droitier, on peut se demander si la manoeuvre n'a pas fait bouger les plaques tectoniques politiques vers la droite. Et si la capitulation idéologique vis-à-vis de la droite la plus dogmatique (pour reprendre l'analyse de Paul Krugman) contribuait à droitiser temporairement les Français sur le plan idéologique, poussant le pays vers moins d'Etat,  moins de dépenses, moins de solidarité ? Cela s'exprime dans le jugement plus dur de la population à l'égard des personnes pauvres, ce qui est paradoxal après 6 années de crise économique.

Une impasse politique et économique


lundi 15 septembre 2014

L’incroyable second report de l’objectif de réduction du déficit de 2015 à 2017


La semaine dernière, Michel Sapin a annoncé que le déficit budgétaire pour l’année 2014 sera à 4,4% du PIB, contre 3,8% prévu, plus qu’en 2013, du fait de l’absence de croissance et de la très faible inflation. Il a aussi annoncé vouloir repousser l’objectif d’atteinte des 3% de 2015 à 2017.



L’incroyable révision des objectifs

Le psychodrame budgétaire de la dernière semaine est absolument effarant. En 2012, lors de la campagne présidentielle, François Hollande, comme Nicolas Sarkozy, avait annoncé l’objectif de réduire le déficit à 3% du PIB en 2013. Les deux finalistes ne se distinguaient que par l’horizon auquel ils pensaient pouvoir atteindre un déficit nul, 2016 pour l’un, 2017 pour l’autre. Du coup, assez logiquement, François Hollande a mené une politique budgétaire assez proche de celle de son adversaire, à base de hausses d’impôt (près de 30 milliards en 2012, comme en 2011) et de coupes dans les dépenses. Malheureusement, PS comme UMP ont négligé les leçons désormais même admises par le FMI.

En effet, la réduction des déficits, qu’elle passe par des hausses d’impôts ou coupes de dépenses, pèse fort sur la croissance, au point de compromettre la réduction des déficits, comme l’avait anticipé Jacques Sapir à l’automne 2012. Résultat, en mai 2013, devant l’évidence, Pierre Moscovici avait été contraint de négocier avec nos partenaires européens un report de l’objectif d’un déficit à 3% du PIB de 2013 à 2015. En réalité, le déficit atteint alors 4,3%, ce qui en dit long sur l’échec de la politique menée. Il est donc totalement effarant de constater qu’à peine 16 mois plus tard, le gouvernement constate à nouveau l’échec de sa politique et se retrouve contraint de demander un nouveau report de deux ans.

Ce que cela dit du gouvernement

dimanche 14 septembre 2014

La faute d’Obama sur « l’état islamique »


Bien sûr, les jihadistes de « l’état islamique » ne sont pas à prendre à légère et comment ne pas condamner les horreurs qu’ils font en Syrie ou en Irak, leurs premières victimes sont les habitants de ces pays. Mais la réponse dessinée par le président étasunien et suivie par la France est une erreur.



Etats-Unis, Russie : même logique

Bien sûr, l’humanisme pousse à vouloir intervenir contre les monstres qui décapitent les journalistes, et martyrisent les populations qui refusent de se soumettre à eux. Néanmoins, comme le soulignait Jacques Sapir dans « Le nouveau 21ème siècle », le droit d’ingérence est trop souvent le cache-sexe de l’impéralisme arbitraire du fort sur le faible. C’est malheureusement exactement ce que Barack Obama a illustré dans son discours de la semaine, où il a affirmé « nous traquerons les terroristes qui menacent notre pays, où qu’ils soient (…) nous n’hésiterons pas à agir contre l’état islamique en Syrie, comme en Irak », même s’il va bien moins loin que Georges Bush, en se limitant à des frappes aériennes.

Le raisonnement est douteux. L’état islamique ne menace pas les Etats-Unis mais l’Irak et la Syrie, même s’ils ont exécuté deux citoyens étasuniens. A moins qu’Obama ne considère que s’attaquer aux citoyens étasuniens revient à s’attaquer aux Etats-Unis, dans un raisonnement qui ne serait pas sans rappeler celui de Poutine pour la sphère d’influence russe. Ensuite, les Etats-Unis sont quand même extrêmement mal placés pour jouer au gendarme de la planète, après une guerre injustifiée qui a fait un million de victimes en Irak, qui explique sans doute en partie l’essor des jihadistes aujourd’hui, et une redite plus respectueuse du droit international en Lybie, mais dont la conclusion n’est pas meilleure,

Un choc arbitraire des civilisations


samedi 13 septembre 2014

Cette petite musique néolibérale qui s’impose


Il fallait vraiment écouter l’interview de Christian Noyer sur Europe 1 jeudi matin. On y trouvait un condensé de toutes les idées préconçues néolibérales, défendues avec le sérieux donné par le statut de gouverneur de la Banque de France. Un discours malheureusement dans le vent.


Austérité, recul de l’Etat et compétitivité

La lecture de la crise actuelle par le gouverneur de la Banque de France est d’une simplicité biblique. Notre pays pêcherait par le poids de ses taxes et impôts, qui pénaliserait sa compétitivité. Il a également appelé à réduire le déficit budgétaire en « coupant hardiment dans les dépenses ». Même s’il ne l’a pas cité, on devinait derrière tout son discours une forme de fascination pour le modèle allemand. Mais cette fascination semble avoir également provoqué un arrêt du cerveau. En effet, couper vigoureusement dans les dépenses publiques ne ferait que plonger le pays dans une récession violente, comme on l’a vu à Madrid ou Athènes (avec plus de 25% de chômeurs), comme même le FMI le reconnaît.

La course à la compétitivité est également absurde dans un monde où il est possible de trouver des salariés que l’on paie 100 euros par mois en Europe de l’Est, en Afrique du Nord ou en Asie. Jusqu’où faudrait-il baisser les salaires et la protection sociale pour être enfin considéré comme compétitif dans ce monde mondialisé qu’il ne remet pas en question ? Naturellement, Christian Noyer n’a donné aucune preuve qui démontrerait que l’Etat français dépenserait tant que cela. Manque de chance : nous manquons de professeurs dans le primaire et ils sont moins payés que la moyenne de l’OCDE… Il est malheureux que Jean-Pierre Elkabbach n’ait pas cherché à remettre en question ses propos.

Le néolibéralisme gagne une bataille ?

vendredi 12 septembre 2014

L’Ecosse face aux esprits animaux du régionalisme


La semaine prochaine, les Ecossais vont voter dans un référendum qui pourrait décider de leur sécession du Royaume-Uni. Devant des sondages très sérrés, les principaux dirigeants politiques se sont unis pour tenter d’éviter un tel désastre, dont il est difficile de ne pas voir le lien avec le néolibéralisme.



Un produit du néolibéralisme ?

Bien sûr, certains rétorqueront sans doute que je cède à la facilité en accusant le néolibéralisme d’être à l’origine des velléités d’indépendance de l’Ecosse. Et pourtant, à ceux-ci, je conseillerai la lecture du livre remarquable de Jacques Généreux, « La disociété », qui analyse sur toutes les dimensions (économique, politique, mais aussi sociétal), comment le néolibéralisme affecte nos sociétés, en poussant les hommes à ne plus que se regarder à travers l’être soi et non l’être avec. Car la tonalité de la campagne à Edinbourg comme à Londres l’illustre terriblement. La politique n’est plus ici un débat sur un destin collectif mais réduite à des récriminations financières des uns contre les autres.

Les partisans de l’indépendance veulent garder pour eux la manne pétrolière de la Mer du Nord, argument pourtant très court-termiste. Les opposants soulignent que l’Etat dépense beaucoup en Ecosse, qu’une partie de la dette sera transférée, qu’ils ne pourront pas forcément utiliser la livre sterling, et que cela pourrait pénaliser les ventes de whisky. Bref, au lieu de parler de destin commun, de communauté culturelle et d’identité, de projets à construire ensemble, le débat tourne à une négociation de marchands de tapis. Les chefs des trois principaux partis, dans un dernier effort désespéré, qui ressemble à un coup de poker, se sont mis d’accord pour proposer un nouveau projet qui renforcerait plus encore l’autonomie de l’Ecosse, pour proposer, selon eux « le meilleur des deux mondes ».

Un aboutissement égoïste et communautaire

jeudi 11 septembre 2014

Moscovici complète le dispositif eurolibéral en pleine déroute budgétaire





L’impossible équation budgétaire

Déjà, Michel Sapin avait annoncé sotto voce en août dans le Monde, que l’objectif d’un déficit budgétaire de 3,6% du PIB en 2014 ne serait pas tenu. Pourtant, il était absolument crucial de le tenir pour espérer tenir les 3% en 2015, après avoir atteint 4,3% en 2013. Dire que Hollande, comme Sarkozy, avaient promis de tenir les 3% dès 2013 ! Aujourd’hui, l’objectif semble hors d’atteinte pour 2015, alors même que la France s’était engagé sur cette date l’an dernier. Toute la question est de savoir si le cap des 3% sera prévu pour 2016 ou 2017, soit avec 3 ou 4 ans de retard par rapport à ce que le candidat « socialiste » avait dit lors de sa campagne… Hier, Angela Merkel a mis la pression à ses partenaires et la commission de Bruxelles a embrayé, pour contre-balancer la nomination de Moscovici.

Car c’est bien le problème que nous avions été nombreux à soulever il y a 4 ou 5 ans, à savoir que des politiques d’austérité concomitantes à l’échelle du continent européen, ne font que casser la croissance, et par là même, augmenter le taux de chômage et même amoindrir très fortement les résultats des efforts budgétaires du fait de cette moindre croissance. Voici une politique totalement contre-productif, à moins d’être l’Allemagne, mais qui s’est construit un modèle économique non duplicable et dont le principe repose justement sur un fort excédent commercial alors même qu’il est bien impossible que tous les pays européens soient simultanément dans la même position. Jacques Sapir avait fort bien prévu l’impasse budgétaire dans laquelle se trouve Hollande dès l’automne 2012.

L’effarante promotion de Moscovici