mercredi 29 octobre 2014

Bilan économique et social de François Hollande à mi-mandat (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.


Nul besoin d’ergoter pendant des lustres sur le bilan de François Hollande en termes de résultats économiques : ceux-ci sont à la mesure d’un chômage qui crève tous les plafonds et d’une croissance qui reste désespérément atone à tel point que les défauts d’investissements d’aujourd’hui commencent par mettre gravement en péril la France de demain[i]. Mais, contrairement aux mensonges du gouvernement sur le sujet ce bilan n’est pas un simple effet de cycle économique ou la simple résultante d’une situation catastrophique laissée par la majorité précédente. Il est aussi indubitablement lié aux mesures prises par François Hollande et sa clique : une thérapie de choc néolibérale qui ferait se pâmer d’envie une Margaret Thatcher en goguette ou un Chicago boys friedmanien en mal de reconnaissance. Car lorsqu’en période de récession, l’on massacre à ce point l’économique et le social, il ne faut guère s’attendre à ce que ménages et entreprises (celles tenues par de véritables entrepreneurs, non les vampires multinationaux) retrouvent le goût de l’initiative, de la dépense et de l’investissement, éléments pourtant indispensables à la création d’emplois. Et lorsque l’on met une telle morgue, une telle arrogance et un tel acharnement à détruire les structures économico-sociales[ii] d’un peuple, il ne faut pas s’étonner, qu’un jour ou l’autre, il vous le fasse payer.
Petite recueil (non exhaustif) donc, des mesures économico-sociales prise par la « gauche de droite » la plus décomplexée que la France ait jamais connue[iii] :

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mardi 28 octobre 2014

Budget, allocations familiales, TGV : les choix révélateurs du gouvernement


Depuis le changement de gouvernement, la majorité est rentrée dans une phase hyperactive, où elle multiplie les décisions. Outre le caractère de plus en plus néolibéral de son agenda, on peut aussi y voir la réduction de la politique à de la simple gestion et l’oubli de la défense d’un modèle de société.



Gérer au lieu de diriger

Si tout ce qui se passe depuis l’été (ou même depuis le début du mandat) n’est pas sans cohérence d’un point de vue idéologique, il est frappant de constater à quel point le gouvernement semble naviguer à vue, sans jamais sembler capable de voir plus loin que le bout de ses pieds. D’où l’annonce à l’automne 2013 qu’il tiendra les 3% de PIB de déficit budgétaire en 2015, qu’il est obligé, un an après à peine, de repousser de deux ans de plus. Il en va de même dans le bras de fer sur le déficit budgétaire pour 2015. Après avoir indiqué qu’il ne négocierait pas avec la Commission, il a fini par lâcher un peu de lest, sous la forme d’une réduction de 3,6 milliards d’euros du déficit budgétaire.

Et cette lutte dérisoire et contre-productive contre les déficits, les mains dans le dos sans l’appui d’une banque centrale, comme à Tokyo, Washington, Londre ou Stockholm, pousse le gouvernement à multiplier les mesurettes destinées à réduire les déficits. On peut penser aux 700 millions que devrait rapporter la réforme des allocations familiales. Incapable de fixer un cap solide qui peut réussir, François Hollande et son équipe se font que réagir, ne cessant d’adapter à la marge le cap politique de la France en fonction des échecs que provoque leur politique, dans une adaptation continue mais dérisoire et superficielle. Nous n’avons plus des dirigeants mais des gestionnaires à la petite semaine.

L’oubli complet des principes

lundi 27 octobre 2014

Vers une société sans emplois ?





Terreur sur l’emploi dans le commerce

Le cabinet Trendeo, qui décrit depuis plusieurs années la réalité de la désindustrialisation dans notre pays, a pointé un phénomène récent et nouveau, à savoir la destruction d’emplois dans le commerce depuis deux trimestres. On pourrait croire que ce phénomène est normal étant donnée l’état de notre économie. Mais même en plein cœur de la crise, alors même que le PIB avait reculé de plus de 2% en 2009, le commerce avait continué à créer des emplois, malgré la baisse des créations d’emplois et la hausse des suppressions de postes. Depuis deux trimestres, pour la première fois, le commerce détruit des emplois, sous le double phénomène d’une baisse des créations et d’une hausse des destructions.

Les graphiques de Trendeo démontrent qu’il y a une tendance très négative en marche, qui révèle que des phénomènes profonds sont sans doute à l’œuvre et engendrent un mouvement de destruction d’emlois qui pourrait bien continuer à s’accélérer. Malheureusement, tout ceci n’est pas totalement illogique quand on constate le développement des caisses automatiques, dont la fonction principale consiste à supprimer de coûteux postes de caissiers dans les magasins. Le « prix Nobel d’économie », Joseph Stiglitz, note dans son dernier livre « qu’il est curieux qu’à une époque où le chômage est si élevé, les supermarchés remplacent les caissiers par des caisses automatiques ? ».

Le Munich social continue et s’amplifit ?

dimanche 26 octobre 2014

56% du PIB de dépenses publiques : et si la France ne dépensait pas tant ?



En ces temps de ras-le-bol fiscal, la cause est entendue : l’Etat français est coupable de dépenses abusives. Pour preuve, notre niveau de dépense publique atteint 56,3% du PIB contre seulement 45,6% en Allemagne et 41,4% aux Etats-Unis. Problème : nous comparons des choux et des carottes.



Des choix dans la santé et l’éducation

Ce papier n’a pas la prétention d’une étude complète et exhaustive qui permettrait de comparer de manière scientifique la dépense publique en France et dans les autres pays, mais de donner des éléments montrant que certaines conclusions sont tirées un peu rapidement. A première vue, l’Etat français dépense donc 15 points de PIB de plus que son homologue étasunien ! Premier problème : dans la santé et l’éducation, le gros de nos dépenses est fait par l’Etat, quand outre-Atlantique, la part du privé est bien plus importante (avec un très mauvais résultat). Il y a donc un biais méthodologique à comparer des dépenses publiques qui ne recouvrent pas le même périmètre en France et aux Etats-Unis.

En 2011, selon la Banque Mondiale, la France consacrait 11,6% de son PIB à son système de santé (dont 8,9% de dépenses publiques) et les Etats-Unis 17,9% (dont 8,2). Idem sur l’enseignement supérieur, où notre pays consacre 1,4% de son PIB (dont 1,2) contre 2,7% aux Etats-Unis (dont 1). En clair, tant pour la santé que l’éducation supérieure, les Etats-Unis dépensent bien plus que nous mais l’Etat y dépense moins que le nôtre car les ménages et les entreprises doivent prendre le relais d’un Etat qui s’est désengagé. Du coup, si on additionne les dépenses privées dans les deux domaines, le total atteint alors 59,2% du PIB en France et 52,8% aux Etats-Unis ! L’écart de dépenses entre les deux pays passe de 15 points du PIB à seulement 6,4 points, expliquant pas moins de 57% de l’écart !

Du poids des entreprises publiques

samedi 25 octobre 2014

Valls : la modernité comme alibi commode pour refuser de débattre et de réfléchir


« Il faut en finir avec la gauche passéiste » : c’est cette phrase du Premier Ministre dans un entretien à l’Obs qui a allumé le feu, d’autant plus qu’il y regrette que la majorité n’ait pas tendu la main à François Bayrou en 2012. Mais cette phrase cache surtout une posture un peu trop commode.



La sempiternelle rengain de l’archaïsme

Cela fait maintenant 30 ans que le débat politique national revient sur la pseudo fracture entre ce qui serait l’aile moderne et l’aile archaïque du Parti Socialiste. Manuel Valls, représentant ultime de l’aile prétendument moderne, soutient « qu’il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi maxiste et par le souvenir des Trente Glorieuses ». Pour lui, la gauche doit être « pragmatique, réformiste et républicaine » et poursuit « il faut assumer devant les Français que réformer un pays qui a perdu sa compétitivité prendra dix ans. Je comprends leur impatience, mais il faudra du temps pour que la France rattrape pleinement son retard ».

Finalement, on peut dire que c’est le discours de Manuel Valls qui est passéiste. Après tout, c’est la même rengaine que l’aile droite du PS nous sert depuis plus de 30 ans, depuis le virage libéralo-austéritaire de 1983, qui a fait que les « socialistes » ont libéralisé express la finance et abandonné les ouvriers. Déjà, à l’époque, les réticences d’un Jean-Pierre Chevènement étaient sans doute jugées comme des positions archaïques par des camarades trop influencés par un air du temps provenant pourtant de Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Les mêmes pseudo modernes ont défendu l’indépendance de la banque centrale, qui ne défend plus l’intérêt général, ou le bradage du patrimoine de l’Etat.

Une manipulation du débat public

vendredi 24 octobre 2014

La Grèce, 4 ans après : bilan des effets de l’austérité sur la santé des peuples (billet invité)


Billet invité de l'Oeil de Brutus, qui complète le papier que j’avais écrit il y a près d’un an « En Grèce, assistons-nous à un crime contre l’humanité ? »



Sur l’écran radar des médias bien-pensants, la Grèce a pour ainsi dire disparue. Quatre après les violentes cures d’austérité imposée au pays père de la démocratie, qu’en est-il dans le secteur de la santé, dont le budget a été amputé de près de 50%[i] ? :

jeudi 23 octobre 2014

Aubry, Hamon : les postures dérisoires de l'aile "gauche" du PS


C'est le feu dans la maison socialiste. Avec un président de la République qui bat des records d'impopularité à mi-mandat, une partie des camarades hésitent de moins en moins à tirer contre l'ambulance. Vrais désaccords de fond ou postures destinées à préparer leur avenir personnel ?



Mots durs pour désaccords superficiels

Menace sur la République ! L'ancien ministre de l'éducation n'est pas allé avec le dos de la cuillère dans sa critique de la politique du gouvernement. Bien sûr, devant les critiques de ses camarades, il a précisé que ce sont les politiques de réduction des déficits qui menacent la République, parce qu'elles affaiblissent l'Etat et pourraient favoriser Marine Le Pen pour les élections présidentielles en 2017. Mais cette présentation des choses est profondément surprenante, pour ne pas dire malhonnête. En effet, les déficits publics seront stables entre 2013 et 2015, à 4,3% du PIB et le gouvernement a réduit l'étau de l'austérité suite à la révolte fiscale de 2013. Bref, il est curieux d'exprimer une telle critique alors même que la majorité va plutôt dans la direction de Benoît Hamon, sur la question précise des déficits.

Martine Aubry a également exprimé ses divergences avec la politique menée par celui qui l'a battu en 2011. Elle propose de réduire le montant des baisses de charges à destination des entreprises, en le ciblant sur les entreprises innovantes, qui embauchent et qui investissent. Une idée qui peut sembler intéressante, mais qui ressemble furieusement aux usines à gaz souvent conçues par les énarques, autant d'occasions pour les grands groupes d'échapper à l'impôt. La mise en place serait sans doute un cauchemar. Ensuite, elle propose de réinvestir 20 milliards ainsi économisés dans la demande, en s'appuyant notamment sur les collectivités locales. On n’est jamais mieux servi que par soi-même... Une bonne illustration du caractère tribal de ces politiques qui ne voient pas plus loin que leur mandat.

Le théâtre des ambitions prédomine

Calais ( ou le cul-de-sac de l’Union Européenne) (billet invité)


Billet invité de Michel Colas


Une fois n’est pas coutume, lundi 13 octobre, c'est ensemble que des policiers, agriculteurs, commerçants ou simples citoyens ont manifesté à Calais.

Le motif de leur mécontentement : Le manque de moyens pour faire face à l’afflux, toujours plus important de migrants sur le secteur.

En effet, depuis quelque temps, Calais donne l’impression d’être une zone de non- droit dans laquelle les problèmes quotidiens supportés par les Calaisiens et les forces de l’ordre sont en constante augmentation. Toutefois, la présence accrue de migrants sur un territoire non préparé et les gênes subies ne doivent pas cacher la véritable cause du problème, à savoir les accords de Schengen.
Comme, je l’avais décrit dans un billet précédent Schengen ou l’Hypothétique eldorado , le traité de Schengen et ses incohérences sont bien à l’origine du problème, et la situation de Calais découle directement de la permissivité de nos frontières.


mercredi 22 octobre 2014

L’ORQUE : de la méritocratie à l'usurpation du mérite (billet invité)


Billet invité de Marc Rameaux.

Comment le mérite véritable a été remplacé par son imposture et porte des hommes médiocres aux postes de décision – Une nouvelle organisation de la société et de l’économie pour y remédier – Une certaine idée de l’homme


Cet article résume l’analyse et le projet de société de l’ouvrage « L’orque », de Marc Rameaux

« L’ego est en raison inverse de la personnalité »

Vladimir Jankélévitch

Le monde économique moderne soulève des inquiétudes croissantes, qui ont déjà fait l’objet de plusieurs ouvrages. Nombreuses sont les critiques qui en ont dénoncé la dureté, l’extrême rapidité, parfois la violence psychologique.

L’évolution vers un monde de plus en plus compétitif et globalisé, ou bien la remise en question de l’économie de marché elle-même, sont les critiques les plus fréquemment invoquées, accompagnées de solutions diverses selon les tendances politiques des auteurs.

Mais si le problème n’était pas là ? Nombreux pensent que l’économie et le monde de l’entreprise sont restés à peu près les mêmes, mais en plus dur, plus rapide, plus complexe. Le malaise que nous ressentons provient de beaucoup plus loin.

mardi 21 octobre 2014

Macron et Sapin à Berlin : le Munich économique de la France


Quelle humiliation pour Paris ! Le gouvernement se comporte comme le mauvais élève qui vient quémander à Berlin le soutien du meilleur élève pour amadouer la maîtresse, la Commission, qui est paradoxalement repréésentée par celui qui a mené notre pays dans cette situation, Pierre Moscovici.



La France, sans la grandeur, et même l'honneur

Il est tout de même extrêmement humiliant pour notre pays que François Hollande ait carrément envoyé à Berlin Emmanuel Macron et Michel Sapin pour tenter d'allumer un contre-feu aux menaces que font peser sur notre pays les accords européens qu'il a acceptés. A minima, pour la forme, il aurait pu trouver un terrain plus neutre pour une telle rencontre. Là, le fait que les ministres de l'économie et du budget se déplacent de concert à Berlin pour quémander le soutien de notre voisin face au front de critiques créé par la présentation du budget 2015, qui affiche un déficit de 4,3% du PIB, comme en 2013, alors que Pierre Moscovici avait promis de le réduire à 3% du PIB au printemps 2013...

Bien sûr, les ministres, ces communicants de la pensée néolibérale, ont trouvé une bonne grosse ficelle pour essayer de faire passer la pillule. Emmanuel Macron propose une baisse des dépenses de 50 milliards en France et un plan de 50 milliards d'investissements en Allemagne, façon de faire comme s'il s'agissait d'un 50/50. Mais la rustine est un peu grosse. On peut d'ors et déjà soupçonner que les 50 milliards d'investissements de l'Allemagne ne seront pas 100% additionnels, comme le dérisoire plan de croissance européen négocié par Hollande contre la ratification du TSCG en juin 2012 (dont on a bien vu l'effet...) et qu'il portera sur plusieurs années. Et on peut imaginer que le plan Allemand profitera essentiellement à Berlin, notre voisin n'étant pas le dernier en matière de protectionnisme subtil.

L'UE, c'est l'Europe de la loi du plus fort

La réforme de la politique familiale annonce la destruction de tout le système de sécurité sociale (billet invité)


Billet invité de L’œil de Brutus.



En annonçant la mise sous condition partielle de revenus des allocations familiales, le gouvernement poursuit donc son offensive contre le modèle de politique familial français. Sous prétexte de « justice sociale » (mais c’est là une appréciation bien singulière de la justice sociale en particulier, et de la justice en général[i]), les ménages les plus « aisés » toucheront donc des allocations moindres, mettant ainsi fin au principe d’universalité qui leur était attaché. Reste à voir comment le gouvernement définira ce qu’est un ménage « aisé ». Or, pour parvenir aux 800M€ d’ « économies » promises[ii], il y a fort à parier que l’assiette sera large et qu’il est en France de nombreux « aisés » qui s’ignorent (comme tous ceux qui ont vu leur feuille d’impôt exploser en cette fin d’année 2014).

lundi 20 octobre 2014

Emmanuel Macron fait ce que Sarkozy n’avait pas osé faire !


Dans quelques années, quand on prendra un peu plus de recul sur ce qu’il se passe, on regardera sans doute avec étonnement cette majorité prétenduement de gauche, qui parie son mandat sur la libéralisation de l’économie, après 10 ans de pouvoir de droite !



Je libéralise, tu libéralises, il libéralise, nous libéralisons

Il est tout de même effarant que les médias ne notent pas davantage l’effarant paradoxe qu’il y a à ce qu’une majorité dite de gauche ponde une loi de libéralisation de l’économie après dix années de majorité de droite. Après tout, François Hollande n’avait pas reproché à Nicolas Sarkozy d’’avoir été trop dirigiste pendant son mandat et de ne pas avoir fait assez d’effort pour libérer les entreprises pendant la campagne de 2012. Il l’avait, logiquement, plutôt attaqué par la gauche. Et voilà que deux ans et demi après, la majorité dite de gauche, par la voix d’Emmanuel Macron, nouveau ministre de l’économie, dénonce les « trois maladies de la France : la défiance, la complexité et le corporatisme ».

Un tel discours semblerait plus cohérent dans la bouche de Margaret Thatcher, après avoir repris les rênes de la Grande-Bretagne que dans celle d’un ministre d’une majorité « socialiste » qui a récupéré le pays deux ans auparavant, après dix années de pouvoir de la droite. Au programme : facilitation du travail le dimanche et le soir, dérégulation des professions dites protégées avec ouveture du capital des pharmacies, ouverture du transport par autocar, qui pousse la SNCF dans un sens toujours plus élitiste et éloigné du service public et poursuite des cessions d’actifs de l’Etat. Mais après tout, cela est dans la continuité pour un PS qui a plus privatisé que la droite et dérégulé la finance comme personne.

La dérive thatchérienne du PS se poursuit

Quel avenir pour la Vème république ? – Partie 2 (billet invité)


Billet invité d’Enfant de la patrie

Des améliorations possibles

Des voix se font de plus en plus entendre pour proclamer leurs désamours de nos institutions politiques en pannent. L'ancien coprésident du front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, souhaite créer un mouvement pour la sixième république, quand d'autres, comme Étienne Chouard, propose l'organisation d'un tirage au sort, pour désigner les représentants du peuple. Mais un constat demeure celui d'une démocratie française désuète et inefficace, où les élites politiques ne se renouvellent plus.


dimanche 19 octobre 2014

En défense de la Cinquième République


Enfant de la Patrie défend aujourd’hui une réforme profonde de la Cinquième République sur le blog et pose des questions sur le mode de scrutin. Etant données mes convictions personnelles, je ne peux pas ne pas répondre à ce papier, même si je reconnais que des réformes pourraient être utiles.



Se tromper de coupable

Fondamentalement, je pense que ceux qui réclament un changement profond de nos institutions, réforme de la Cinquième République, ou même passage à une Sixième République, se trompent de bataille. La crise économique et politique actuelle n’est pas spécifique à notre pays. Tous les grands pays développés sont dans une position difficile, ne parvenant pas à retrouver une croissance soutenue, ce qui maintient une part importante de la population dans la difficulté, entre chômage et baisse du pouvoir d’achat, alors même que la situation des multinationales et des plus riches n’a jamais été aussi bonne depuis des décennies. Partout le constat est le même et cela aboutit en général à des tensions politiques, un affaiblissement des partis traditionnels et le succès de partis protestataires et / ou extrémistes.

Cette généralisation de la crise dans des pays qui ont des institutions très différentes de la nôtre, tend à disculper la Cinquième République. Le débat sur la proportionnelle est un peu stérile, ceux qui la demandent étant souvent ceux qui y gagneraient des sièges, ceux qui s’y opposant ceux qui y perdraient… Et je ne vois pas en quoi couper le Parlement en deux types de députés améliorerait quoique ce soit à la situation actuelle. La moindre clarté des résultats redonnerait inévitablement plus de pouvoir aux partis qui pourraient alors négocier chèrement leur soutien. L’idée du tirage au sort, même si elle est bien documentée et peut faire envie étant donné le niveau de nos politiques, me révulse car cela revient à passer d’un choix collectif et conscient à l’arbitraire du hasard, comme une renonciation à la démocratie.

Quelques pistes de réflexion

Quel avenir pour la Vème république ? - Partie1 (billet invité)


Billet invité d’Enfant de la patrie

Constat d’un affaiblissement


Un président qui a perdu le soutien de tout un peuple, de toute une nation. Une opposition minée par les affaires judiciaires, les querelles de coq de basse-cour, un désamour profond des Français envers la classe politique et vous obtenez une crise démocratique. Les Français sont las des belles paroles qui laissent rapidement place à la désillusion, et in fine, le retour de la petite musique néolibérale européiste en fond, qui semble ne plus s'arrêter. Nier que nos institutions n'aient pas joué un rôle dans toute cette mascarade démocratique serait une faute, et il ne s'agit en rien de remettre en cause la Ve République, mais d'en analyser les erreurs.



La Vème République devait protéger la France des instabilités gouvernementales, et sortir d'une république aux mains des appareils politiques. Le premier objectif a tenu sa promesse, mais nous a contraints aux aléas de gouvernements aux politiques inefficaces et de présidents qui n'en ont pas la stature. François Hollande serait certainement plus aux affaires sous les institutions de la IIIème République, éjecté par une majorité trop chancelante. Quant aux écuries politiques - qui servent plus les intérêts partisans et particuliers, que l'intérêt général - elles n'ont jamais été aussi fortes qu'aujourd'hui. Le suffrage universel direct aux législatives nous a enfermés dans un paysage politique bipolaire, qui certes à présent, connaît quelque remous avec l'arrivée d'un tripartisme, mais reste confiné, a une idéologie unique libérale européiste, et a un programme contestataire. Les petits partis se retrouvent bien souvent écrasés par les institutions de la Vème République, ignorés, écartés du débat politique, confisqué par les partis de gouvernement.

samedi 18 octobre 2014

Boutons l’anglais hors de l’espace public


« What did you expect ? », « what else ? », la gamme « make up » de l’Oréal : lentement, mais sûrement, la langue anglaise gagne du terrain sur notre territoire, dans tous les domaines. Slogan publicitaire, noms de produits ou de magasins, noms des films. A quand le coup d’arrêt ?



L’anglais qui s’impose

Il est sacrément paradoxal de constater que depuis le vote de la loi Toubon, insidieusement, mais sûrement, notre belle langue perd des parts de marché dans notre espace public national. Tout le problème vient du fait que cette progression, aussi certaine soit-elle, est lente, et donc peu spectaculaire. Pourtant, pour qui parvient à se souvenir de la situation d’il y a 20 ou 30 ans, la situation s’est largement dégradée. Nous allions faire nos courses dans des Atac ou des Champion, et non des Simply Market ou des Carrefour Market. Le nom des films était presque toujours traduit dans la langue de Molière. Relativement peu de produits avaient des noms aux consonances anglo-saxonnes.

Mais le pire est sans doute atteint dans la communication, où il semble qu’aujourd’hui une communication sur trois comporte un mot d’anglais. On trouve « l’art de vivre, by Roche Bobois ». On se demande bien quel est l’intérêt de mettre « by » au lieu de « par ». Et on ne compte plus les marques qui adoptent des signatures en anglais, certes traduites, mais le plus souvent de manière trop discrète. Schweppes demande « what did you expect ? », Nespresso, « what else ? », Adidas affirme « get ready ! », Sony soutient « this is for players » pour sa nouvelle console, Evian promet « live young ». On ne voit pas bien l’intérêt qu’il y a à ne pas traduire en français ses slogans, qui ne sonnent pas moins bien qu’en anglais. Et passons sur le « motion and emotion » de Peugeot, absolument incompréhensible.

De l’économie et de la politique

Concurrence et compétitivité : 4 lieux communs revisités (billet invité)


Billet invité de Marc Rameaux


1       Les deux principes de l’économie de marché

Toute économie de marché est fondée sur deux principes, l’un sans cesse brandi et loué par les néo-libéraux, l’autre beaucoup moins connu et mis en avant, qui en est pourtant le véritable moteur.
Ce n’est que de la tension entre ces deux principes, d’ailleurs contradictoires, que provient toute création de richesse et toute économie bien gérée.
La méconnaissance de ces deux forces contraires et de leur tension dynamique pour animer le moteur économique est la misère du néo-libéralisme, qui lui préfère la vénération abêtissante d’une seule idée.
Il est vrai que se prosterner indéfiniment devant un principe unique doit avoir pour eux quelque chose de rassurant, à la mesure de la capacité et de la force de leur esprit. Afin de déjouer la bêtise de ces dévots, explorons ce qu’est la véritable tension créatrice de l’économie.

1.1     Le premier principe : la libre concurrence

vendredi 17 octobre 2014

TISA, cet autre traité libre-échangiste qui vous veut du bien … (billet invité)


Billet invité de l'Oeil de Brutus


Moins connues que les négociations relatives au traité transatlantique (également nommé TAFTA et TTIP, lire ici,  et ), celles qui devraient accoucher du TISA (Trade in Service Agreement) n’en sont pas moins fortement déterminantes sur l’avenir de nos sociétés[i].

Comme ses frères et sœurs et dans ce qui est maintenant une habitude en ère néolibérale post-démocratique, le TISA se négocie dans la plus grande discrétion à l’abri des murs de l’ambassade d’Australie en Suisse (!). Chaque citoyen en sera pourtant concerné au premier chef. Cinquante Etats, dont les 28 membres de l’Union européenne tous représentés par la Commission européenne, participent aux négociations[ii].

Pour comprendre le TISA, il faut bien en cerner l’origine. En 1994, dès sa création l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se lance dans la négociation d’Accord Général sur le commerce des services (AGCS) qui vise, déjà, à libéraliser tous les services (y compris, et surtout, les services publics). Souhaitant préserver leurs marchés intérieurs des prédations financières du Nord, les pays émergents (Russie, Chine, Brésil, Inde, Afrique du Sud), qui ont bien retenu les leçons du capitalisme prédateur, parviennent à susciter un large consensus des pays du Sud (90 Etats) pour faire échouer l’accord.

jeudi 16 octobre 2014

Coup de gueule contre les mannequins faméliques de Louis Vuitton


Après Christian Dior, le groupe LVMH se distingue une nouvelle fois par une campagne de publicité avec une mannequins beaucoup trop maigre, cette fois-ci pour Louis Vuitton. Seule une manifestation massive d’opposition à ces pratiques pourra peut-être un jour faire changer les marques. Aussi, n’hésitez pas à partager ces photos et à les dénoncer.




Mais parce que je crois que la protestation polie, mais ferme, a une plus grande chance de parvenir à ses fins, je vous demande d’éviter les attaques un peu faciles contre le milieu de la mode. J’ai peur qu’une trop grande agressivité nuise à ce que nous voulons faire, à savoir que les marques de mode cessent d’employer des mannequins à la maigreur maladive.

Proposer un programme environnemental allant à contre-courant des Diafoirus à la mode mais parfaitement en phase avec les approches récentes de la recherche (billet invité)


Billet invité de Rodolphe DUMOUCH
Professeur agrégé de biologie et géologie
Docteur en géographie (rurale) de l’Université d’Artois
Coordinateur éco-école au lycée Jean-Moulin de Revin (08)


Quand les bobos veulent interdire les « foyers ouverts »

Parmi les dernières lubies à la mode en environnement, la velléité d’interdire les « foyers ouverts », autrement dit les barbecues, les feux de cheminée et les foyers des camps scouts est l’une de celles qui laissent sans voix.

Cela fait des centaines de millions d’années qu’il y a des incendies de forêts naturels et que la planète les résorbe. Non seulement c’est un phénomène inévitable mais les scientifiques ont fini par admettre que c’était indispensable pour favoriser l’ouverture des formations végétales, permettant ainsi leur renouvellement. Mieux : on a découvert que certaines espèces ne peuvent se reproduire sans incendies, comme le fameux Pinus contorta de Yellowstone, qui a convaincu les gestionnaires du Parc d’interdire les incendies naturels…

mercredi 15 octobre 2014

Idées reçues en politique (billet invité)


Billet invité de Max

Ajustement : toujours structurel.
Affaires : rattrapent les hommes politiques.
Allemagne : modèle de réussite économique. Machine à exporter. Doit être imitée. Rappeler son succès face aux ultimes défenseurs du modèle français au bord de la faillite. (exemple : si notre déficit extérieur est dû à l'euro fort, comment se fait-il que l'Allemagne ait pu accumuler autant d'excédents ?, etc)
Assimilation : terme réactionnaire aux relents pétainiste, de toute manière obsolète dans la France plurielle et diverse d'aujourd'hui. Lui préférer l'intégration (voir intégration)
Austérité : (politiques d'). L'appeler potion amère ou remède de cheval. Contrainte, pour conserver sa souveraineté, lorsque l'endettement d'un Etat – l'appeler alors cigale -  devient hors de contrôle. Rassure les marchés. Accroît le chômage et accentue la récession malgré le fait qu'elle a été menée.
BCE : veille à la stabilité des prix. Son indépendance est un gage de compétence et de savoir-faire face à la démagogie des politiques soumis à la pression de leurs opinions publiques.
Corporatisme : mine la France et la met dans une situation proche de 1789
Coût du travail : le réduire. Anormalement supérieur à ce qu'il est en Allemagne. (voir Allemagne)

mardi 14 octobre 2014

Standard & Poors alimente les thèses austéritaires





L’ivrogne qui prétend assurer l’ordre

Il est tout de même effarant que Standard & Poors se pose comme le censeur des gouvernements de la planète. En effet, il ne faut pas oublier que les agences de notation n’avaient absolument pas vu venir la crise des subprimes, qu’elles avaient même alimentée en accordant des AAA à des titres qui se sont révélés plus tard comme hautement toxiques. Six ans après, presque personne ne rappelle la faillite complète des agences de notation, qui portent une part de responsabilité dans la plus grosse crise financière des quatre vingt dernières années. Du coup, il est tout de même culotté que les chauffards de la finance donnent des leçons aux Etats qui ont sauvé le château de cartes qu’ils avaient construit.

Après, il faut néanmoins reconnaître que cette annonce n’est pas illogique. Le gouvernement annonçait il y a 18 mois qu’il atteindrait un déficit budgétaire de 3% du PIB en 2015 après avoir fait 4,3% en 2013. Cet été, le ministre du budget a annoncé qu’en 2014, le déficit atteindra finalement 4,4% et qu’il vise 4,3% l’an prochain repoussant à nouveau de deux ans l’objectif d’un déficit à 3% du PIB. Même si ce dérapage n’est pas si énorme que cela quand on considère ce qui se passe dans le monde, et le fait que presque jamais l’Etat n’a emprunté si peu cher (1,25% à 10 ans), ce qui contredit quelque peu le jugement de l’agence de notation, on peut néanmoins comprendre le jugement de Standard & Poors.

Une perte complète des repères