vendredi 6 juillet 2012

L’Union Européenne en procès sur internet


Alors que les pays de l’Union Européenne persistent dans l’impasse dans laquelle ils se sont eux-même enfermés, la déconstruction de cette impasse continue dans la blogosphère, avec de nombreuses analyses solides rapportées par des personnes à suivre.

La critique des économistes

Roland Hureaux, blogueur et chroniqueur sur Marianne 2, a récemment publié un papier reprenant les dernières critiques formulées par Paul Krugman et Joseph Stiglitz, les deux « prix Nobel d’économie » progressistes. Le second affirme que « si l’euro survit, ce sera au prix d’un chômage élevé et d’une énorme souffrance, notamment dans les pays en crise ». Selon lui « l’obstination des dirigeants (européens) dans l’ignorance des leçons du passé est criminelle ».

Paul Krugman, qui tient un blog pour le New York Times, dans une interview au Spiegel, ridiculise le plan de croissance européen décidé il y a une semaine. Pour lui, « c’est un pistolet à eau contre un rhinocéros qui charge. Ce sont des choses ridicules et insignifiantes ». S’ils ne militent pas formellement contre l’euro, les deux s’en approchent de plus en plus. Et Krugman vient de lancer un manifeste contre la rigueur pour mener des politiques de relance s’inspirant des années 1930.

Jacques Sapir dénonce un « sommet en trompe-l’œil ». Il juge le montant du pacte de croissance « parfaitement dérisoire ». Pour lui, il s’agit d’un « prétexte pour faire voter le pacte de stabilité exigé par l’Allemagne ». Sévère, il affirme que « François Hollande ne se contente pas de se parjurer, il se ridiculise » et dénonce ces « solutions provisoires à la crise de liquidité mais qui sont assorties de mesures d’austérité qui renforcent en réalité la crise de solvabilité des pays européens ».

La critique des blogueurs

Parmi les références dans la critique de cette UE antisociale et antidémocratique, Edgar, du blog La Lettre volée, occupe une place importante. J’en profite pour vous signaler des textes publiés récemment, tel « Après l’euro, par Keynes », un texte de politique fiction, qui reprend une analyse de 1931, après la sortie de la livre de l’étalon-or. Il a également chroniqué un papier récent de Martin Wolff, du Financial Times pour qui « l’adhésion à l’euro est la seule erreur grave qui empêche l’Espagne de se redresser. Avec l’euro, l’Espagne ne peut bénéficier, en temps de crise, d’un taux de change et de taux d’intérêts moins élevés », rejoignant les analyses publiées sur mon blog.

Aussi intéressant que tonique, je vous recommande également le blog Eco(dé)mystificateur, de l’ami RST, qui traite notamment des questions monétaires. Yann, du blog Le Bon dosage, a repris du service avec un texte critiquant lui aussi le plan de croissance européen.

Enfin, je tiens à signaler le très bon blog Contre la Cour, que j’ai ajouté dans ma blogroll, animée par Magali Pernin, qui permet de suivre l’actualité juridique monstrueuse de l’Union Européenne. Elle est récemment revenue sur le processus de ratification du TSCG, en cours de ratification et que François Hollande a accepté pour un plat de lentilles, alors même que des membres de Die Linke et de la CSU remettent en cause la ratification du MES auprès de la Cour de Karlsruhe.

Il est malheureux que le débat public ne se dégèle pas davantage devant la qualité des arguments apportés, à part dans quelques espaces de liberté comme Marianne et Marianne 2. A défaut, internet regorge d’analystes passionnés et passionnants qui permettent d’ouvrir les yeux.

17 commentaires:

  1. Pourquoi ne citez vous pas Mr Asselineau je vous renvoi a la page de son site http://www.u-p-r.fr/

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    1. Tout simplement parce que je ne vais pas faire de la publicité à un parti et un homme qui dénigrent de manière ridicule Debout la République et Nicolas Dupont-Aignan et dont les outrances verbales les condamnent à la marginalité.

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  2. et le samedi matin sur Radio Bobo " on n'arrete pas l'eco " par exemple : Marc Touati le 12 mai et Cecile Renouard le 16 juin

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  3. L'Histoire s'accélère.

    Vendredi 6 juillet 2012 :

    Zone euro : la Finlande préfère sortir de l'euro que payer les dettes des autres.

    La Finlande préfère se préparer à sortir de l'euro plutôt qu'à payer les dettes des autres pays de la zone euro, affirme la ministre des Finances Jutta Urpilainen, vendredi dans le quotidien financier Kauppalehti.

    http://www.romandie.com/news/n/Zone_euro_la_Finlande_prefere_sortir_de_l_euro_que_payer_les_dettes_des_autres30060720121200.asp

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    1. et si le sauve qui peut de l'euro venait de la Finlande et pas de la Grèce ?

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    2. Mais la Finlande n'est pas mal en point économiquement et ca ne suffira pas à démontrer l'absurdité de la monnaie unique même si ca démontrera, certes, que ca n'est pas la catastrophe annoncée.
      Ce qui serait encore plus intéressant c'est d'assister à la sortie d'un pays qui était soumis à "l'euraustérité" dévastatrice de la troika et de voir son économie repartir devant les faces déconfites de Barroso ou Von Rompuy. Les ploutocrates européens n'arriveront plus a empêcher le debat sur l'utilité de l'€.

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    3. @ TeoNeo

      C'est ce que la Grèce montrera quand elle sortira.

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  4. Selon l’étude ci-dessous la Finlande (en cas de sotie de l’euro) verrait sa monnaie s’apprécier par rapport à l’Euro.

    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=64883

    La Finlande, s’il est veut sortir de l’euro, n’a donc à craindre aucune fuite de capitaux. Ce serait plutôt, dans son cas, une arrivée de capitaux. Certes ses exportations vont se renchérir (mais sa banque centrale nationale va trouver plus de liberté de manœuvre et pourrait contrebalancer une appréciation excessive de la monnaie nationale comme le fait déjà la banque centrale suisse. Cela vaut mieux pour elle que de devoir à prendre en charge sa quote-part des sommes de plus en plus colossales qu’il faudra dégager pour aider les pays en difficulté de la zone euro à s’en sortir, sans certitude de succès.

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  5. Vous n’êtes pas très objectif. Il est de l’euro comme de la colonisation ou du communisme mondial, de la consommation de tabac et de la diffusion du sida, il y a des aspects positifs et des aspects négatifs. Et il me semble que la liste des sites fournis tend à présenter davantage les aspects négatifs que les aspects positifs. C’est pourquoi, il me semble important de mettre en évidence LE grand avantage de l’euro : ses pièces.

    Comme vous le savez, les pièces de la zone euro sont caractérisées par une double face, l’une commune, l’autre nationale. La face commune ne présente aucun intérêt. La face nationale, au contraire, présente une grande diversité de motifs qui constitue une source d’éblouissement ou (de déception) à chaque fois qu’on fait ses courses en liquide (on notera ici le rôle détestable de la carte bancaire dans ce moment particulier). Je ne sais pas vous, mais en tout cas, moi, je prends toujours un immense plaisir à regarder l’origine de la pièce qu’on me rend quand je paie mon pain. Toutes choses ne sont pas égales, il y a parfois des déceptions – la pièce belge n’a aucun intérêt, les italiennes sont ravissantes. Ma préférence va à l’euro grec (à ce titre, les plans de sauvetage de l’euro grec me paraissent davantage être justifiés par l’opération esthétique que par la logique économique – les bureaucrates de Bruxelles pourraient-ils être de grands poètes ?).
    Un peu sur le mode de la lecture des plaques d’immatriculation que l’on faisait autrefois lors des grandes transhumances estivales (que n’inventaient pas nos parents pour avoir le calme ?) la lecture des pièces de la zone euro avec les enfants est un moment délicieux et riche d’enseignement (« Dis papa, ça se trouve où la Slovénie ? ») et je reconnais que la disparition, quoique nécessaire et souhaitable, de l’euro me laissera un petit air de nostalgie.

    En tout cas, voila un élément important qui montre que l’euro n’a pas que des désavantages. Je tenais à le mettre ici, au moins pour faire équilibre.

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  6. @ Léonard,

    Bien vu !

    @ Patrice, BA, Anonyme

    Merci pour l'info. Cette nouvelle est essentielle car elle montre que la Finlande ne craint pas du tout de quitter l'euro, qui ne serait pas la catastrophe que certains annoncent...

    Ce château de cartes menace de s'effondrer de tant de manière que la question n'est pas de savoir s'il va s'effondrer, mais quand.

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  7. Bonjour Laurent,

    Pourquoi ne pas organiser une conférence (apolitique) sur l'euro avec tous les économistes français et internationaux convaincus qu'il faut ouvrir le débat.

    150 économistes allemands viennent de signer une lettre ouverte critiquant les décisions du nième dernier sommet de la dernière chance ...

    Berlusconi a clairement déclaré dans la presse que si Monti revenait bredouille du sommet de la dernière chance alors il le ferait tomber et prendrait la tête d'une coalition anti-euro lors d'élections anticipées en septembre ...

    La Finlande aujourd'hui, mais, aux Pays-Bas, il y a désormais une majorité à gauche et à droite contre l'euro (les socialistes et démocrates-chrétiens sont désormais minoritaires sur ce sujet). Les élections de septembre au Pays-Bas risquent de voir une coalition anti-euro.

    Alors on fait quoi ? On attend que cela pète et que tous les citoyens des pays de la zone euro se prennent la vague en pleine figure ???

    Je pense qu'il serait bon de laisser au vestiaire l'idéologie politique (ceci n'est pas pour vous en particulier, mais de façon générale) et de rassembler tous les gens compétents pour établir un consensus sur comment éviter le pire, car le crash va se produire.

    Personnellement, je suis un fervent défenseur d'un passage à un euro monnaie commune dont les taux de change avec les devises nationales seraient fixes mais révisables 1 ou 2 fois par an et par un consensus.

    De plus, quand un pays est en difficulté alors on pourrait lui permettre soit de sortir (sans impact pour les autres) soit de dévaluer plus que nécessaire pendant une période à convenir (3 ans par exemple) afin de se rétablir. La période limitée éviterait que certains n'abusent de la dévaluation et viennent mettre à mal les économies des autres sur le long terme.

    Enfin, les monnaies nationales ne seraient convertibles qu'en euro, et nos échanges intra et extra zone se feraient en euro. Ce passage obligé par l'euro permettrait de corriger les petites imperfections de l'ECU tout en gardant ses avantages. De plus, s'il faut mettre, un jour, un contrôle des changes alors ce serait plus facile via la BCE2 (euro monnaie commune).

    Il faut que maintenant les politiques laissent leur idéologie au vestiaire et se mettent autour de la table avec les spécialistes pour ouvrir le débat. Si ce n'est pas fait et que l'on a un crash, alors les citoyens risquent de demander des comptes d'une façon très directe.

    Que pensez vous qu'il va se passer quand les français apprendront que sur 100 euros sur le livret A :
    - il y en a 35 dans les mains des banques (donc à risque),
    - puis 65 euros dans les mains de la CdC (tout aussi à risque car 45% des sommes du Fonds d'Epargne sont investies dans de la dette des pays de la zone euro (56.5 Mia), de la dette d'entreprises (34.5 Mia) et dans des actions en bourse (10 Mia)).
    --> soit 35+29.5 = 65 euros sur 100 du livet A à risque !!! et 35 euros illiquides car investis dans le logement social

    Beaucoup de gens n'ont que cela comme fortune, et cela risque de ruer fortement dans les brancards ...

    Sur ce sujet, il me semble qu’il est temps d’en appeler à l’union nationale car la menace de voir notre pays connaitre de grande difficulté à court terme devient chaque jour de plus en plus importante.

    Je ne fais pas de politique (sauf économique) par principe, mais je pense que le moment est sérieux et que seuls des politiques, comme vous, peuvent en rallier d’autres dans une approche d’union nationale (au moins juste sur le thème de l’euro).

    Merci pour ce que vous pourrez peut-être faire à votre niveau. Notre pays dispose de beaucoup d’atouts et de talents (qui ne demandent qu’à éclore) et il serait préjudiciable que l’on passe par une phase de chaos dont on ne maîtrise pas la durée. Nos descendants auront déjà nos dettes à payer, il ne faudrait pas en plus les plonger dans une misère durable …

    Cordialement,
    JP L

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    1. "une conférence (apolitique) sur l'euro"
      je ne vois pas comment çà peut être apolitique. La politique n'est pas à exclure le débat parce que c'est l'objet du débat. La vie de la cité...

      Frédéric

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  8. Vendredi 29 juin 2012 : « le sommet européen de la dernière chance » n’a fait illusion que quelques jours. Et ensuite, les investisseurs internationaux ont compris que c’était du pipeau.

    Conséquence : les taux de l’Espagne et de l’Italie recommencent à exploser.

    Le Titanic « ZONE EURO » est en train de couler.

    Ce week-end, il va encore falloir organiser un « sommet européen de la dernière chance ».

    Espagne : taux des obligations à 10 ans :
    Lundi 2 juillet : 6,38 %.
    Mardi 3 juillet : 6,25 %.
    Mercredi 4 juillet : 6,41 %.
    Jeudi 5 juillet : 6,776 %.
    Vendredi 6 juillet : 6,954 %.

    http://www.bloomberg.com/quote/GSPG10YR:IND

    Italie : taux des obligations à 10 ans :
    Lundi 2 juillet : 5,74 %.
    Mardi 3 juillet : 5,63 %.
    Mercredi 4 juillet : 5,77 %.
    Jeudi 5 juillet : 5,979 %.
    Vendredi 6 juillet : 6,026 %.

    http://www.bloomberg.com/quote/GBTPGR10:IND

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  9. JPMorgan et Goldman ferment les vannes de leurs fonds de marchés monétaires européens


    http://www.romandie.com/news/n/_JPMorgan_et_Goldman_ferment_les_vannes_de_leurs_fonds_de_marches_monetaires_europeens78070720120056.asp

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  10. Merci beaucoup pour le lien :)
    J'attends que vous parliez du "Two-pack"! (Oui oui je ne lâche pas...)
    http://contrelacour.over-blog.fr/categorie-12334985.html

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  11. @ Magali

    Je prépare un papier sur le sujet...

    @ JP L

    Des initiatives se préparent. Mais je ne peux pas en dire plus pour l'instant.

    Union nationale ? Je suis sceptique. Le PS, l'UMP, le Modem et les Verts défendent mordicus l'Union Européenne, avec une foi religieuse. Il faut essayer de rassembler les bonnes volontés mais tout en veillant à ne pas teinter ces idées par certaines personnes.

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